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				Petite histoire des 
				revues littéraires chinoises  
				
				II. Après 1949 par Brigitte Duzan, 
				 
				22 décembre 2017 
				   
					
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								Sommaire
 
								
								A/ Années 1950 : 
								Premières créations 
								·        
								
								
								1949, coup d’envoi 
								: Littérature du peuple 
								·        
								
								
								1950-1953 : du 
								Guizhou à Shanghai 
								·        
								
								
								1956-1957 : les 
								Cent Fleurs 
								
								B/ 1978 et début 
								des années 1980 : l’ouverture 
								·        
								
								
								Octobre 
								·         
								La Cité des fleurs 
								·        
								
								
								Dangdai 
								·        
								
								
								Zhongshan 
								·        
								
								
								Tianya 
								·        
								
								
								En marge : Jintian 
								·        
								
								
								Un conflit 
								littéraire significatif : le cas de Zhongguo 
								
								C/ Années 2000-2010 | 
								
								  |  
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				Depuis 1949, les revues littéraires chinoises se sont 
				multipliées et diversifiées, tout en dépendant, pour la plupart, 
				d’organismes officiels, essentiellement l’Association des 
				écrivains et ses branches locales. La majorité sont publiées par 
				les grandes maisons d’édition chinoises.  
				
				  
				
				On peut distinguer les publications mensuelles, d’environ 
				100 000 caractères par numéro, qui publient surtout des textes 
				courts (nouvelles, poèmes, essais et critiques), et les 
				bimensuelles (environ 250 000 caractères) qui publient aussi des 
				textes plus longs, et maintenant jusqu’à des romans.  
				
				    
						
							| 
							
							Toutes ces revues reflètent la vitalité de la 
							littérature et y participent. Elles ont été lancées 
							en plusieurs vagues, qui correspondent à des 
							périodes d’intense créativité : 1949-1953 pour les 
							premières, puis 1956-57, et surtout, après la 
							Révolution culturelle, pendant la période 1979-1983, 
							avec un pic en 1979-1980.   
							
							A partir du début des années 1990, cependant, la 
							plupart ont connu des difficultés financières car 
							les financements gouvernementaux se sont peu à peu 
							taris. Le marché s’est donc fortement contracté, 
							avec des tirages mensuels moyens de quelque 5 000 
							exemplaires, quand ils allaient jusqu’à 100 000 dans 
							les années 1980, mais certaines revues se 
							maintiennent grâce à des politiques éditoriales de 
							qualité, et même, parfois, à des sponsors privés.
							 
							
							  
							
							
							A/ Années 1950 : Premières créations   
							
							Le président Mao a défini dès 1942 les principes et 
							contours d’une littérature nouvelle pour une Chine 
							nouvelle. Dès 1949, ses structures se mettent en 
							place. Les revues littéraires sortent de terre. |  | 
							
							 
							Le mot de Mao Zedong écrit pour
							 
							le lancement de Littérature du 
							 
							peuple, 23 septembre 1949) ;希望有更多好作品出世
 
							j’espère qu’y seront publiés 
							 
							encore plus de très bons textes
							 |    
				
				·        
				
				
				1949, coup d’envoi : Littérature du peuple 
				
				  
						
							| 
							
							 
							Littérature du peuple, 1958 n° 11 |  | 
							
							Lancée le 25 octobre 1949, 
							Renmin wenxue ou Littérature du peuple 
							(《人民文学》) 
							est la plus ancienne revue littéraire de la Chine 
							nouvelle. Organe officiel et pendant littéraire du 
							Quotidien du peuple (《人民日报》), 
							elle est publiée par la maison d’édition du même nom 
							(人民文学出版社).   
							
							C’est dès le départ une revue prestigieuse, 
							réunissant les grands noms de la littérature de 
							l’époque. Son premier rédacteur en chef est
							
							
							Mao Dun (茅盾), 
							son rédacteur en chef adjoint le poète Ai Qing (艾青) 
							jusqu’en février 1952, puis
							
							
							Ding Ling (丁玲) 
							jusqu’en juin 1951. Le titre a été proposé par Guo 
							Moruo (郭沫若) 
							et sa calligraphie est de la main de Mao Zedong 
							lui-même. 
							
							  |  
					
					  
						
							| 
							
							La création de la revue faisait suite au Premier 
							Congrès des représentants des travailleurs de la 
							littérature et des arts (第一次文学艺术工作者代表会), 
							en juillet 1949. Elle s’inscrivait dans la ligne 
							idéologique de la Fédération chinoise des cercles 
							littéraires et artistiques (中华全国文学艺术节联合会) 
							créée pendant la guerre, qui regroupait diverses 
							associations sous la présidence de Guo Moruo, dont 
							l’Association des travailleurs littéraires (全国文学工作者协会) 
							présidée par Mao Dun avec Ding Ling pour 
							vice-présidente. La Fédération éditait une Gazette 
							littéraire (Wenyi bao 
							文艺报) 
							dont Ding Ling était la rédactrice en chef, mais ce 
							journal ne publiait que des notes de réunions, des 
							critiques littéraires et des explications des 
							nouvelles décisions politiques, avec de rares 
							nouvelles.     
							
							
							Renmin wenxue 
							
							visait à « éclairer le peuple », et devait |  | 
							
							 
							Littérature du peuple, 1962 n° 7 |  
						
							| 
							
							 
							Littérature du peuple, 2017 n° 7 
							(juillet) |  | 
							
							produire « la littérature qu’aime le peuple » (人民大众所喜闻乐见的文学), 
							comme l’a déclaré Mao Dun en exergue du premier 
							numéro de la revue, déclaration d’intention qui a 
							souvent été citée ensuite : c’est une référence.
							   
							
							La revue a été doublée en janvier 1957 d’un 
							supplément de poésie, Shikan (《诗刊》), 
							publié par la même maison d’édition.   
							
							Elle a légèrement évolué avec le temps, tout en 
							continuant à offrir la face officielle de la 
							littérature chinoise. Pour se donner plus de 
							visibilité au sein de la profession et émuler ses 
							concurrentes, elle a créé en 2003 un prix littéraire 
							décerné chaque année dans un grand nombre de 
							catégories : romans, nouvelles (courtes et 
							moyennes), essais, prose, poésie, traductions. 
							Chaque lauréat reçoit dix mille RMB. |  
					
					  
				
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				1950-1953 : du Guizhou à Shanghai 
				
				
				  
				
				1. Etonnamment, c’est à Guiyang, dans la province méridionale du 
				Guizhou, qu’a été créée la seconde revue de la Chine nouvelle 
				dans l’ordre chronologique : Shanhua (《山花》) 
				ou Mountain Flowers, lancée dès 1950, en se voulant promouvoir 
				« la pure littérature et les arts visuels ». C’est l’une des 
				plus anciennes revues chinoises aujourd’hui : le numéro 9 de 
				l’année 2017 était le 574ème numéro ! Mais elle a 
				évidemment connu bien des hauts et des bas, et dès 1958, le 
				Grand Bond en avant l’obligeant, comme bien d’autres, à cesser 
				sa publication, faute de papier. 
				
				  
				
				2. D’autres revues sont nées dans diverses villes, mais en 
				gardant une diffusion locale. En revanche, à Shanghai en 
				janvier 1953 a été lancée une revue de portée nationale : 
				Shanghai wenxue ou Littérature de Shanghai (《上海文学》), 
				avec 
				Ba Jin 
				(巴金) 
				comme rédacteur en chef 
				
				
				. 
				
				  
				
				Moderniste, la revue a été définie par
				
				Wang 
				Meng (王蒙) 
				comme « publication fondée sur la 
				
				
				littérature du haipai »
				(“海派文学的主办基地”). 
				Mais elle a exercé une grande influence, en particulier dans les 
				années 1980, en publiant non seulement des textes novateurs 
				d’écrivains shanghaïens, comme les nouvelles de
				
				Wang 
				Anyi (王安忆), 
				mais aussi bien « Le roi des échecs » (《棋王》) 
				de 
				A 
				Cheng (阿城), 
				en 1984, ou « Retour » (《归去来》) 
				de 
				
				Han Shaogong (韩少功), 
				en 1985.   
						
							| 
							
							 
							Chinese Literature, janvier 1964
							 |  | 
							
							La revue est toujours à la recherche de textes 
							sortant de l’ordinaire, témoin, par exemple, sa 
							publication en 2002, de la première nouvelle, « La 
							femme de Shanghai » (《上海女人》), 
							du recueil de 
							
							Yang Xianhui (杨显惠) 
							sur le camp de Jiabiang ou (《告别加边沟》), 
							ou encore, en novembre 2015, la publication de la 
							nouvelle moyenne « IT84 » de
							
							
							Zhang Xinxin (张辛欣). 
							Mais, organe de l’Association des écrivains de 
							Shanghai, elle a du mal à s’affirmer face à 
							Shouhuo (voir ci-dessous).  
							
							  
							
							3. Par ailleurs, le début des années 1950 a été 
							marqué aussi par une initiative visant à faire 
							connaître et diffuser la littérature chinoise 
							moderne à l’étranger, avec d’abord une revue en 
							anglais : la revue Chinese Literature a été 
							lancée en octobre 1951, dirigée par
							
							
							Mao Dun 
							jusqu’en 1966, puis, après la Révolution culturelle, 
							éditée par les grands traducteurs
							
							
							Yang Xianyi (杨宪益) 
							et son épouse Gladys Yang. Imprimée par les Editions 
							des langues étrangères de Pékin  |  
					
					(北京国际书店), 
					elle a initialement été trimestrielle, puis est devenue 
					mensuelle en 1961. Elle a continué à paraître jusqu’au 
					tournant du siècle.     
				
				Les versions numérisées de la plupart des numéros sont en ligne, 
				de 1953 à 1981 (manquent les années 1959-1962 et 1965) : www.bannedthought.net/China/Magazines/ChineseLiterature/index.htm   
						
							| 
							
							C’est seulement en 1964 que la revue a eu sa version 
							en français : Littérature française, devenue 
							également mensuelle peu après sa création. Après une 
							brève interruption, comme Chinese Literature, la 
							revue a continué à paraître pendant les années 1970 
							de la Révolution culturelle, et elle s’est 
							renouvelée dans les années 1980, tandis que Yang 
							Xianyi publiait un grand nombre des textes de 
							référence parus dans les deux revues dans sa 
							collection Panda, créée en 1981. 
							
							  
							
							·        
							
							
							1956-1957 : les Cent Fleurs 
							
							  
							
							La période des Cent fleurs, en 1956-1957, a vu 
							naître de nouvelles revues littéraires pour suivre 
							la création littéraire de la période. Beaucoup n’ont 
							pas survécu au mouvement antidroitier qui a suivi, 
							mais deux d’entre elles ont connu une singulière 
							longévité. |  | 
							
							 
							Littérature chinoise (la revue), 1964 
							(n° 2) |  
					
					   
						
							| 
							
							 
							Mengya, 1930, n° 1 |  | 
							
							La plus célèbre est certainement Shouhuo, 
							ou Harvest (《收获》), 
							qui vient de fêter 
							
							son 60ème anniversaire 
							à Shanghai, après avoir été lancée en décembre 1957, 
							par 
							
							Ba Jin (巴金). 
							De toutes les revues littéraires chinoises de la 
							seconde moitié du 20e siècle, on 
							retiendra son action en faveur de la diffusion de la
							
							
							littérature d’avant-garde
							des années 1980,mais pas seulement : la 
							chaleur des témoignages des grands écrivains qui ont 
							afflué pour célébrer son anniversaire montre bien 
							l’importance que la revue a eue pour eux, et qu’elle 
							continue d’avoir pour les plus jeunes.   
							
							L’autre grande revue lancée au moment des Cent 
							fleurs est Mengya (《萌芽》) 
							- "Sprouts"ou "Buds" en anglais. A sa création, en 
							1956, Elle se présentait comme une revue pour  |  
						
							| 
							
							jeunes adultes, destinée à « donner aux jeunes un 
							jardin à eux ». En même temps, elle se posait en 
							successeur du prestigieux mensuel éponyme créé par 
							Lu Xun dans les années 1930, en reprenant le même 
							titre, avec la calligraphie originale de Lu Xun, 
							mais avec une couverture beaucoup plus stylisée.
							   
							
							La revue a rencontré un succès immédiat, mais a été 
							suspendue en 1960, à cause de la pénurie de papier 
							causée par le Grand Bond en avant. La publication a 
							repris en 1963, pour être suspendue à nouveau trois 
							ans plus tard, et interrompue pendant toute la 
							Révolution culturelle. La maquette actuelle a été 
							lancée en janvier 1981, avec une couverture 
							reprenant la gravure sur bois de Huang Yongyu (黃永玉) 
							qui illustrait la couverture du 1er numéro, en 1956
							
							
							
							.
							 |  | 
							
							 
							Mengya, juillet 1956 |  
					
					  
						
							| 
							
							 
							Mengya, décembre 2017 (les 
							illustrations des couvertures sont fonction de la 
							saison) |  | 
							
							En 1995, Mengya n’avait cependant plus qu’une 
							diffusion réduite à quelque dix mille exemplaires. 
							C’est alors que la revue s’est choisi pour cible la 
							tranche d’âge des étudiants. En 1998, elle a lancé 
							le concours Ecriture Nouveau Concept (新概念作文大赛) 
							pour aider les jeunes aspirants à l’écriture 
							(étudiants et jeunes auteurs), avec des catégories 
							par tranche d’âge. Le concours a lancé la carrière 
							de 
							
							Han Han (韩寒), 
							de 
							
							Guo Jingming 
							
							
							
							(郭敬明) 
							et de 
							
							Zhang Yueran (张悦然) 
							qui ont gagné le premier prix du concours lors des 
							trois premières éditions.  C’est le début de la 
							génération dite des "post’80".  
							
							  
							
							La revue tire aujourd’hui à 400 000 exemplaires. |  
					
					    
				
				
				B/ 1978 et début des années 1980 : l’ouverture 
				
				  
				
				A partir de 1978, de grandes revues apparaissent dans le 
				mouvement d’intense créativité littéraire qui marque la période 
				d’ouverture après la chute de la Bande des Quatre. 
				
				  
				
				·        
				
				
				Octobre 
				
				  
						
							| 
							
							Lancée à Pékin en août 1978, Shi Yue
							ou Octobre (《十月》) 
							est la première grande revue littéraire créée après 
							la Révolution culturelle ; à l’origine 
							trimestrielle, elle devient bimensuelle à partir de 
							1980. 
							
							
							  
							
							Le fondateur, Wang Shimin (王世敏), 
							était directeur du département littérature et arts 
							des Editions de Pékin (Beijing chubanshe 
							
							
							北京出版社). 
							Le premier numéro est paru avec une préface de
							
							
							Mao Dun (茅盾), 
							et la revue apparaît, dès les années 1980, comme 
							l’une des grandes revues littéraires chinoises du 
							moment.  
							
							  
							
							Son premier trait original est d’avoir lancé une 
							rubrique de nouvelles "moyennes" à un moment où les 
							autres revues publiaient des nouvelles courtes. Mais 
							elle a aussi su donner une place importante aux 
							essais, critiques littéraires, livrets de théâtre et 
							poésies, ainsi qu’aux pages sur l’art. En outre,
							 |  | 
							
							 
							Octobre Shi Yue, 1er numéro, 
							octobre 1978 |  
					
					en 1981, Shi Yue a créé un "Prix littéraire Octobre" 
					(十月文学奖), 
					décerné pour romans, nouvelles et essais publiés dans ses 
					pages, qui n’a pas tardé à être imité par les autres revues. 
				
				  
						
							| 
							
							 
							Octobre, 2017 n° 4 |  | 
							
							
							Shi Yue 
							a publié des œuvres importantes, comme, dès 1982, 
							les premières pièces de théâtre de
							
							
							Gao Xingjian (高行健), 
							« Signal d’alarme » (《绝对信号》) 
							puis « L’arrêt d’autobus » (《车站》), 
							ou les premiers romans de
							
							
							Mo Yan (莫言). 
							
							  
							
							En raison de la politique audacieuse de ses 
							rédacteurs, la revue a parfois essuyé les 
							conséquences de scandales provoqués par ses 
							publications. Ce fut le cas, par exemple, pour le 
							roman
							
							« La 
							capitale déchue » (《废都》) 
							de 
							
							Jia Pingwa (贾平凹), 
							paru dans le numéro 4 de l’année 1993, qui a 
							déclenché un scandale après sa publication par les 
							Editions de Pékin en 1995 : le rédacteur adjoint de 
							la revue responsable de la publication du roman a 
							été forcé de prendre sa retraite anticipée, et le 
							rédacteur en chef, Xie Dajun, rayé des cadres. La 
							revue a dû aussi payer une lourde  |  
					
					amende. L’affaire, cependant, a eu des conséquences 
					favorables sur son aura auprès du public : les ventes se 
					sont envolées. 
				
				  
				
				Jusqu’en février 2016, elle a tenu un blog où l’on peut suivre 
				ses principales publications : 
				
				
				http://blog.sina.com.cn/shiyuezazhi 
				
				  
				
				·        
				
				
				La Cité des fleurs 
				
				
				  
						
							| 
							
							
							Huacheng 
							ou La cité des fleurs (《花城》) 
							est une revue publiée à Canton, par la maison 
							d’édition du même nom (花城出版社). 
							Elle a été créée en 1979, avec trois sections 
							consacrées à la nouvelle moyenne, la poésie et 
							l’essai, dont une dizaine de pages de poésies par 
							numéro. Elle décerne un prix littéraire (“花城文学奖”). 
							
							  
							
							C’est elle qui a fait connaître
							
							
							Lu Yao (路遥) 
							en publiant lapremière partie de son roman « Un 
							monde ordinaire » (《平凡的世界(第一部)》) ; 
							c’est elle aussi qui a publié la première nouvelle 
							de 
							
							Bi Feiyu (毕飞宇), 
							le roman de Gu Cheng (顾城) 
							« Ying’Er » (《英儿》), 
							des poèmes de Hai Zi (海子), 
							etc… Mais c’est aussi une revue qui prend des 
							risques, navigant entre les écueils de la censure 
							pour renforcer son image et attirer les lecteurs. |  | 
							
							 
							Huacheng, 2017 n° 3 |    
				
				
				Huacheng 
				a ainsi été parmi les revues sévèrement critiquées pendant la 
				campagne « contre la pollution spirituelle ».  Elle a 
				presque été obligée de fermer après la publication du second 
				roman autobiographique de l’écrivaine Yu Luojin (遇罗锦) 
				« Conte de printemps » (《春天的童话》) 
				publié dans le premier numéro de 1982. Le roman ayant fait 
				scandale à sa parution, Yu Luojin a elle-même été attaquée pour 
				« pollution spirituelle » et « recherche de liberté 
				bourgeoise ». Le roman a été interdit, et le directeur adjoint 
				du département de propagande du Parti, He Jingzhi (贺敬之), 
				a ordonné à Huacheng de cesser de le vendre.  
				
				  
				
				C’est aussi Huacheng qui a initialement publié « Servir 
				le peuple » (《为人民服务》) 
				de 
				Yan 
				Lianke (阎连科), 
				roman satirique qui a de nouveau provoqué l’ire du département 
				de la propagande du Parti. La totalité des numéros de la revue 
				ont été confisqués, il lui a été interdit de les vendre et même 
				d’en publier des extraits ou des commentaires. Le roman a 
				ensuite été un succès sur internet. 
				
				  
				
				Pour 2018 la revue annonce une nouvelle œuvre de
				
				Mo Yan. 
				
				
				
				http://blog.sina.com.cn/s/blog_4f4d36e90102xb2q.html 
				
				
				  
				
				·        
				
				
				Dangdai 
				
				  
						
							| 
							
							 
							Dangdai roman, juin 2004 |  | 
							
							Autre revue de littérature contemporaine chinoise, 
							comme son nom l’indique, Dangdai (《当代》) 
							aussi été créée en 1979 
							
							
							. 
							En 2004, elle a lancé un supplément consacré au 
							roman (《长篇小说选刊》).
							 
							
							  
							
							Elle fait 
							régulièrement parler d’elle au moment où, chaque 
							année, est décerné son prix littéraire, mais elle a 
							une image légèrement différente des précédentes, 
							plus commerciale : elle ne fait pas découvrir de 
							nouvelles plumes, mais adoube plutôt des auteurs 
							déjà reconnus et en fait parler, y compris à 
							l’étranger 
							
							
							.
							 
							
							
							  
							
							
							Dangdai 
							établit une liste des bestsellers (romans) de 
							l’année, en fonction des chiffres de vente et des 
							critiques, liste qui est publiée dans un numéro 
							spécial en décembre. |  
					
					  
				
				·        
				
				
				Zhongshan 
				
				  
						
							| 
							
							Bien que moins connue, Zhongshan (《钟山》) 
							fait partie des grandes revues littéraires 
							chinoises. Lancée à Nankin en janvier 1979 
							
							
							
							, 
							elle a débuté comme publication trimestrielle, avant 
							de devenir mensuelle en janvier 1982. Créée sous 
							l’égide des Editions du peuple du Jiangsu, elle a 
							été reprise, en janvier 1982, par l’Association des 
							écrivains de la province. Cependant, comme les aides 
							gouvernementales se réduisaient régulièrement à 
							partir du début des années 1990, elle a recherché 
							des aides privées et bénéficie du soutien financier 
							d’une fabrique locale de cigarettes. 
							
							  
							
							Depuis le début des années 1980, elle a publié les 
							œuvres de grands écrivains de la province, en 
							particulier de Nankin et Suzhou, comme
							
							
							Ye Zhaoyan (叶兆言), 
							Gao Xiaosheng (高晓声), 
							Zhu Sujin (朱苏进),
							
							
							Lu Wenfu (陆文夫), 
							et bien sûr 
							
							Su Tong (苏童) 
							qui en a été rédacteur en chef à partir de 1985. |  | 
							
							 
							Zhongshan, numéro du 30ème
							 
							anniversaire (2009,1) |    
				
				En 1984, pour son 5ème anniversaire, elle a créé le 
				Prix littéraire Zhongshan » (《钟山》文学奖). 
				Et, en 1985, elle a publié un numéro spécial avec un recueil de 
				textes de 17 écrivains de toute la Chine, dont
				
				Wang 
				Anyi, 
				Liu Xinwu,
				
				Feng Jicai, 
				Jia Pingwa, etc… 
				 
				
				   
						
							| 
							
							 
							Shanhua, automne 2017 |  | 
							
							Comme Shouhuo (mais à un moindre degré), elle 
							a soutenu la 
							
							littérature d’avant-garde 
							des années 1980. En octobre 1988, elle a organisé un 
							grand colloque sur les courants littéraires du 
							moment, avant-garde et néo-réalisme (“现实主义与先锋派文学”), 
							puis, pour dresser un tableau des grands changements 
							de la période 1989-1990, elle a créé une rubrique 
							spéciale publiée de mars 1989 à mars 1990, et 
							intitulée « Panorama de la nouvelle littérature 
							réaliste » ("新写实小说的大联展"). 
							
							Pendant les années 1990 ensuite, elle a participé 
							aux études réalisées sur le néo-réalisme et la 
							nouvelle littérature urbaine, et à diverses 
							initiatives et colloques. De juin 1996 à juin 2001, 
							en particulier, Zhongshan a participé à un 
							programme commun avec principalement trois autres 
							revues littéraires provinciales : Dajia 
							(《大家》), 
							revue bimensuelle  |  
					
					de Kunming, Zuojia (《作家》), 
					lancée à Changchun en juillet 1983, et Shanhua 
					(《山花》), 
					la revue de Guiyang. Toutes quatre ont établi des programmes 
					en commun, publiant des œuvres différentes, mais des mêmes 
					auteurs 
					(“联网四重奏”). 
					En même temps, le journal Zuojiabao (《作家报》) 
					publiait des critiques de ces œuvres. 
				
				  
				
				·        
				
				
				Tianya 
				
				  
						
							| 
							
							Créee en juin 1980 à Haikou (capitale de la province 
							de Hainan), par la branche locale de l’Association 
							des écrivains, Tianya (《天涯》) 
							était au départ une revue bimensuelle dont la 
							notoriété ne dépassait guère la province. Mais, en 
							1995, l’écrivain 
							
							Han Shaogong (韩少功) 
							en est devenu le rédacteur en chef, et le comité de 
							rédaction a été totalement transformé. La revue est 
							alors devenue l’une des plus importantes revues 
							littéraires du sud de la Chine. 
							
							  
							
							Elle a pris une orientation "grande littérature" (“大文学”) 
							sans oublier les aspects culturels (“泛文化”), 
							tout en conservant un "langage populaire" (“民间语文”) ; 
							en d’autres termes, l’accent était mis sur un style 
							recherché mais à la portée de tout le monde. Le 
							style des illustrations des couvertures, souvent des 
							aquarelles à l’encre très épurées, illustre 
							parfaitement le genre de littérature défendu par la 
							revue. |  | 
							
							 
							Tianya, 2015.4 |  
					
					  
				
				·        
				
				
				En marge : Jintian 
				
				  
				
				
				Jintian 
				(《今天》) 
				est une revue résolument non officielle, créée par
				
				Bei 
				Dao (北岛) 
				en 1978. Censurée en 1980 après neuf numéros, elle a été 
				relancée en Suède en 1990 comme forum pour les écrivains chinois 
				exilés. Bei Dao en est le rédacteur en chef. 
				
				  
				
				·        
				
				Un conflit littéraire 
				significatif : le cas de Zhongguo 
				
				
				 
				
				
				  
						
							| 
							
							 
							Ding Ling faisant la promotion de
							 
							sa revue Zhongguo à Yan’an en 
							1985 |  | 
							
							En 1986, un conflit a éclaté entre l’Association des 
							écrivains et la revue Zhongguo (《中国》杂志), 
							qui avait été créée par 
							
							Ding Ling en 
							1985.  
							
							  
							
							L’objectif de Zhongguo était de publier des 
							traductions d’œuvres étrangères, des nouvelles, des 
							poèmes, et des essais de critique littéraire. La 
							revue voulait offrir une tribune aux jeunes 
							écrivains prometteurs.   
							
							Le numéro de février 1986 mettait l’accent sur 
							l’avenir : l’avenir de la littérature, du pays, de 
							la nation, de l’humanité… et accordait une place à
							 |  
					
					peu près égale à la nouvelle et à la poésie, soulignant 
					ainsi les affinités entre les deux. Le différend avec 
					l’Association des écrivains est parti, justement, du choix 
					des genres à privilégier, l’Association voulant donner la 
					priorité au roman plutôt qu’à la poésie et aux 
					nouvelles.
					 
				
				  
				
				Après la mort de Ding Ling, le 4 mars 1986, l’Association des 
				écrivains ne lui a pas nomméde successeur, et acessé de financer 
				l’impression, la publication et la distribution de la revue. Le 
				comité de rédaction reçut des instructions leur interdisant de 
				renouveler leur contrat avec la Poste pour la distribution du 
				journal, puis l’Association leur demanda d’abandonner leurs 
				droits de publication. 
				
				  
				
				Elle publia alors une brève déclaration annonçant que 
				Zhongguo était en voie de restructuration (tiaozheng) et 
				que,à partir de janvier 1987, un trimestriel consacré à la 
				fiction longue – y comprisles biographies (zhuanji 
				wenxue) - allait être publié par la maison d’édition de 
				l’Association (zuojia chubanshe). En outre, la déclaration 
				précisait que Zhongguo était de trop car l’Association 
				publiait déjà Littérature du peuple – et Zhongguo était 
				imprimé par la maison d’édition de Littérature du peuple. 
				
				  
				
				« Nous étions engagés dans une mission que nous considérions 
				comme sacrée », disent les rédacteurs dans un mémorandum publié 
				en décembre 1986, à titre de témoignage posthume. Fini 
				l’idéalisme : la "restructuration" opérée par l’Association des 
				écrivains annonçait la fin d’une époque, et l’entrée de la 
				littérature dans l’ère de l’économie de marché qui allait se 
				concrétiser à partir du début de la décennie suivante. 
				
				  
				
				  
				
				
				C/ Années 2000-2010 
				
				  
				
				1. Les années 2000 n’ont gère vu de nouvelles créations, hormis 
				des revues spécialisées dans des genres particuliers, et plutôt 
				commerciaux. 
				
				  
				
				C’est le cas, par exemple, de la revue Légendes de wuxia 
				d’hier et d’aujourd’hui (《今古传奇·武侠版》), 
				lancée en 2001 par le groupe Légendes d’hier et d’aujourd’hui 
				(今古传奇报刊集团), 
				créé dans les années 1990. La revue a redonné vie à un genrequi 
				avait connu un regain de faveur dans les années 1980 et qui a 
				connu une nouvelle vogue dans les années 2000, comme toute la 
				littérature de fantasy, grâce à internet. C’est aussi le 
				cas des nombreuses revues de science-fiction dont le 
				développement s’est amorcé dès les années 1990 
				
				
				. 
				
				  
				
				2. Au début des années 2000, la revue Littérature du peuple a 
				lancé une initiative originale pour diffuser à l’étranger, en 
				traductions, des textes de littérature chinoise publiés dans ses 
				pages, essentiellement des nouvelles. 
				
				  
						
							| 
							
							La 
							première revue, en anglais, a été Pathlight, 
							lancée en novembre 2011 en partenariat avec le 
							groupe de traducteurs anglo-saxons Paper Republic
							
							
							
							. 
							
							  
							
							Sur le 
							même modèle, mensuel, ont depuis lors été lancées 
							une dizaine de revues similaires, dans une dizaine 
							de langues, dont le japonais, le russe et l’arabe 
							(cette dernière revue, lancée à la Foire de Pékin en 
							2016, étant, dans un premier temps, trimestrielle et 
							éditée  |  | 
							
							 
							Pathlight en anglais, en allemand et 
							en russe |  
					
					en partenariat 
					avec le journal égyptien Al Kahera). Après un premier numéro 
					d’essai en 2015, la version en français – qui devait être 
					annuelle - a été suspendue. 
				
				  
				
				Aujourd’hui, la Chine compte près de 900 revues littéraires, 
				soit 10% de l’ensemble des périodiques. On leur reproche de mal 
				savoir s’adapter à un marché en pleine évolution. Mais le gros 
				problème, pour les 9/10èmes d’entre elles, est une 
				question de financement. Même la province du Jiangsu, pourtant 
				l’une des plus prospères du pays, a coupé les subsides qu’elle 
				versait aux revues éditées dans la province, dont Zhongshan.
				A défaut d’alternatives privées, le danger est de voir les 
				revues se tourner vers le grand public en lorgnant vers le 
				marché des bestsellers, ce qui leur enlèverait une grande partie 
				de ce qui a motivé leur création et a fait leur intérêt 
				jusqu’ici. 
				
				  
				
				Les principales, citées ci-dessus, continuent d’apporter une 
				contribution essentielle au développement de la littérature dans 
				ses aspects les plus novateurs. Elles sont, entre autres, le 
				support idéal de la nouvelle qui est plus que jamais un genre en 
				pointe en Chine, et trop méconnu ailleurs, en France en 
				particulier. 
				
				  
				
				  
				
				
				Nota  
				
				Beaucoup de ces revues publient en fin d’année des recueils des 
				meilleures nouvelles qu’elles ont publiées dans leur pages 
				(nouvelles courtes et moyennes, et même très courtes 
				maintenant). 
				
				  
				
				  
				
				
				A lire en complément 
				
				  
				
				- The Function of 
				Literary Journals in China, de Ruiqi Ma, in 
				
				The systemic and 
				empirical approach to literature and culture as theory and 
				application, 
				Steven Tötösy de Zepetnek et Irene Sywenky, Research Institute 
				for Comparative Literature and Cross-Cultural Studies, 
				University of Alberta, 1997, pp. 299-307. 
				
				A lire en ligne : 
				
				
				https://books.google.fr/books?id=nfyuZmKXjgQC&pg=PA299&lpg=PA299&dq=Winds 
				
				
				
				+of+Change+:+Literary+Magazines+of+China&source=bl&ots=QmLfZ2qn0r&sig=nfP1nDB00HXDSWMI 
				
				
				
				-QJQc2ES3Rs&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiCt4LrtZ3YAhUJJ8AKHf1VCJUQ6AEIKDAA#v=onepage&q 
				
				
				
				=Winds%20of%20Change%20%3A%20Literary%20Magazines%20of%20China&f=false 
					
   
 
						
						
						 
						En revanche, Beijing wenxue ou Littérature de 
						Pékin (《北京文学》) 
						n’a vu le jour qu’en 1980.  
						
						
						 
						Ce qui a en même temps valeur de référence : Huang 
						Yongyu était le neveu de 
						
						Shen Congwen (沈从文). 
						 
						 
						
						
						 
						 
						 
						 
				        
				  
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