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Wang Anyi 王安忆  

I. Présentation générale

par Brigitte Duzan, 5 septembre 2010, actualisé 31 août 2023

 

Wang Anyi (王安忆) est née en 1954 à Nankin, mais la famille déménagea l’année suivante à Shanghai, ville natale de sa mère : c’est là qu’elle a grandi, et c’est là qu’elle vit toujours. Auteur prolifique, capable de se renouveler constamment, c’est cependant Shanghai dont elle a fait son thème de prédilection, et dont elle est devenue l’écrivain emblématique. Célébrée, à son corps défendant, comme héritière de Zhang Ailing, et symbole vivant du nouveau haipai, elle participe de l’engouement actuel pour la ville.

 

Riche d’une centaine de nouvelles courtes, une trentaine de nouvelles « moyennes », une douzaine de romans, onze volumes d’essais et autres recueils, son œuvre, cependant, mérite d’être approfondie au-delà de ce label réducteur, et au-delà des quelques titres qui ont été traduits.

 

Wang Anyi (王安忆)

 

Etudes interrompues par la Révolution culturelle

 

Wang Anyi est née dans une famille qui la prédisposait à une carrière littéraire. Sa mère, Ru Zhijuan (茹志鹃), était elle-même un écrivain célèbre, et son père, Wang Xiaoping (王啸平), dramaturge et cinéaste [1].

 

Poème de Baijuyi

 

Dès l’âge de quatre ans, elle révèle des talents précoces : elle est capable de réciter des poèmes classiques, dont « Le Chant des regrets éternels », long poème narratif du poète de la dynastie des Tang Bai Juyi (白居易), dont elle se souviendra, bien des années plus tard, en écrivant son roman le plus célèbre qui en porte le titre. La maison étant pleine de livres, elle prend très tôt l’habitude de s’endormir en lisant.

 

En 1957, cependant, l’histoire, et la politique, font une première incursion dans sa vie : son père est accusé d’être ‘droitiste’ et expulsé du Parti. La Révolution culturelle, ensuite, interrompt brutalement ses études en 1969, alors que, à

quinze ans, elle vient juste de terminer le collège. Elle en a tiré le sujet de son premier roman, « Au collège en 1969 » (《六九屆初中生》), dont la première partie est essentiellement autobiographique. Elle a d’ailleurs fait du nombre 69 le symbole des bouleversements de l’époque, avec ses deux chiffres dont l’un est l’image renversée de l’autre.

 

Elle-même considère cependant que ce fut peut-être là un coup du sort : vu le peu d’estime où étaient tenues à l’époque les études littéraires et artistiques, et les problèmes liés à ce genre de professions dont ses parents avaient eux-mêmes fait l’amère expérience (son père d’abord, puis sa mère, critiquée dès 1966 pour des écrits considérés comme trop sentimentaux), ils l’avaient orientée vers un cursus scientifique ; sans la Révolution culturelle, Wang Anyi ne serait peut-être jamais devenue écrivain.

 

Portée par l’enthousiasme caractéristique du moment, elle se porte volontaire pour aller « à la campagne », et part travailler la terre dans une commune populaire du district de Wuhe (五河县), au nord-est de l’Anhui, district pauvre, mais qui avait l’avantage d’être à proximité d’une voie ferrée reliant la bourgade à Shanghai. Une fois sur place, la réalité fait vite retomber l’exaltation initiale, mais l’épreuve est pour elle de plus courte durée que pour la plupart de ses condisciples de la même génération.

 

Comme elle savait jouer de l’harmonica, elle réussit en 1972 à entrer dans la troupe culturelle de Xuzhou (徐州地区文工团), au nord-ouest du Jiangsu. Elle y apprend le violoncelle et y fait la connaissance de son futur époux, le directeur de la troupe, Li Zhang (李章). Elle commence à écrire pour tromper le temps et vaincre le sentiment d’ennui claustrophobe qu’elle ressent dans ce petit monde clos. Elle en tire le sujet d’une nouvelle, « Vie dans une petite cour », qui raconte les détails triviaux de l’existence quotidienne des artistes d’une troupe, avec commérages et disputes conjugales. La nouvelle sera adaptée au cinéma en 1981 sous le titre « Notre petite cour » (《我们的小院》), comme travail de fin d’études, par un groupe d’élèves de l’Académie du cinéma de Pékin sous la direction de Tian Zhuangzhuang (田壮壮) ; il dira de la nouvelle : « Elle donne l’impression de chercher dans les coins obscurs à la lumière d’une bougie, et laisse un arrière-goût comme du thé épicé. » [2]

 

En 1976, elle publie aussi, dans la revue « Les arts et les lettres du Jiangsu » (《江苏文艺》), son premier recueil d’essais intitulé « En avant » (《向前进》). Mais après la mort de Mao, puis la chute de la Bande des Quatre, en 1978, elle peut enfin rentrer à Shanghai où elle obtient un poste dans un journal pour enfants : « Enfance » (《儿童时代》). Li Zhang obtient également son transfert et devient éditeur d’une revue musicale.

 

En 1980, elle bénéficie d’une formation dispensée par l’Association nationale des écrivains chinois et, en 1981, publie une nouvelle, « La pluie, cha cha cha » (《雨,沙沙沙》), qui raconte l’histoire d’une jeune fille qui part sous la pluie en espérant revoir le garçon qu’elle a rencontré ; c’est une nouvelle empreinte d’un doux romantisme qui préfigure une longue série sur la quête féminine de l’amour et du bonheur, mais le romantisme en moins. Personne encore n’avait osé prendre pour thème les émois intérieurs d’une adolescente : c’est un succès, la carrière de Wang Anyi est lancée.

 

Ecrivain d’avant-garde, chantre des sentiments intérieurs et du désir féminin

 

Peintre réaliste de la vie de tous les jours

 

Ses premiers écrits relèvent cependant du mouvement « de recherche des racines » (‘寻根文学’) succédant, dans les années 1980, à la ‘littérature des cicatrices’ (‘伤痕文学’). Comme les écrivains de sa génération, elle apporte son témoignage des souffrances et désillusions subies pendant dix ans, et du terrible retour à la réalité ensuite, comme si ces dix ans, justement, n’avaient servi à rien : simplement à former une génération inapte à une quelconque réinsertion dans une vie normale. C’est ce qu’elle décrira dans sa nouvelle « Destination finale » (本次列车终点》).

 

Elle y dépeint par petites touches la dure réalité qui accueille un jeune qui revient enfin chez lui, à Shanghai, après dix ans à la campagne, une réalité qui n’a rien à voir avec le rêve doré qui l’avait aidé à tout supporter pendant tout ce temps-là. L’appartement de sa mère est exigu, reflétant la surpopulation de la ville, les jeunes qui reviennent n’ont pas de travail, lui n’a que celui que lui a laissé sa mère en partant à la retraite, et il lui faut une heure et demi de trajet dans des bus bondés pour y aller. La difficulté des conditions de vie crée des conflits : la vie à Shanghai n’est pas facile, se dit-il, en se rappelant avec nostalgie l’école où il enseignait, les élèves qu’il a quittés sans même leur dire au revoir, et la jeune fille qu’il a aimée… Le rêve du retour à Shanghai est remplacé par le rêve du passé, comme si le rêve était la seule chose qui pouvait aider à vivre. Mais surtout se profile la question amère et lancinante : est-ce que tous les sacrifices réalisés au long de ces dix années valaient vraiment la peine.

 

En 1982, la nouvelle ‘de taille moyenne’ « La fuite du temps » (《流逝》), primée en 1982, est une œuvre concise, structurée sur le principe du parallélisme, qui décrit la vie d’une femme, Ouyang Duanli (欧阳端丽), de son mari et de ses trois enfants, pendant la Révolution culturelle et après. Tous leurs biens leur sont enlevés, elle doit travailler en usine, mais quand elle pourrait « s’enrichir », et améliorer son existence, elle continue le travail auquel elle s’est habituée. Finalement, sa vie se réduit à attendre que passe le temps (流逝), une heure, puis un mois, puis une année, puis une existence entière, sans plaisir et sans joie, comme quelqu’un qui se contente d’avaler un bol de gruau froid, rapidement, simplement pour ne pas avoir faim.

 

Elle participera ensuite, avec plusieurs autres romans et nouvelles, dont  « Le petit bourg des Bao » (《小鲍庄》), en 1985, au mouvement général d’évocation du passé et des traditions gommées par la Révolution culturelle. Dans un passé incertain préservé dans la mémoire collective, le petit bourg des Bao a été détruit par une inondation catastrophique, entraînée par la négligence de certains qui avaient mal entretenu les digues. Le village, semble-t-il, continue à souffrir de cette ancienne faute, les habitants ne connaissant pas de répit dans leurs malheurs, jusqu’à ce que, lors d’un autre déluge, le sacrifice d’un jeune garçon tentant de sauver son grand-père vienne racheter la faute initiale. La nouvelle est donc un éloge des valeurs traditionnelles de solidarité et de responsabilité collective, discours qui commençait à se généraliser dans le contexte de la course à l’enrichissement lancée par Deng Xiaoping. Mais la satire affleure lorsque le jeune garçon est institutionnalisé en héros national par l’appareil de propagande du Parti…

 

« Le petit bourg des Bao » (《小鲍庄》)

 

Elle aurait pu continuer dans cette veine, sans se démarquer beaucoup de la tendance générale, lorsque, en 1983, elle eut la chance de partir aux Etats-Unis, avec sa mère, participer au programme international de recherche sur l’écriture de l’université de l’Iowa. Elle y découvre d’autres possibilités d’expression, et abandonne alors la peinture et la critique sociale pour se tourner vers la psychologie des personnages et, avec chacune de ses nouvelles, créer un monde intérieur, individuel et personnel. Elle revient en fait vers sa veine initiale, celle de la « Pluie cha cha cha », mais en l’approfondissant et en lui donnant une touche personnelle qui va contribuer à sa célébrité.

 

Pionnière de la peinture de la subjectivité féminine

 

Le tournant décisif dans la carrière de Wang Anyi est ainsi, en 1987/88, la publication de ce qu’on a appelé sa « trilogie de l’amour » (三恋: « Amour sur une colline dénudée » (荒山之恋), « Amour dans une petite ville » (小城之恋) et « Amour dans une vallée enchantée » (锦绣谷之恋), trois nouvelles ‘de taille moyenne’ qui font l’effet d’une bombe dans les milieux littéraires chinois, et sont unanimement saluées par la critique.  

 

« Amour sur une colline dénudée »

 (荒山之恋)

 

Les trois nouvelles ont été le plus souvent traduites dans le désordre, il y a pourtant une progression dans les thèmes et l’écriture qu’il est important de préserver.

 

La première, « Amour sur une colline dénudée », est l’histoire, d’abord décrite en parallèle, d’un jeune violoncelliste que la vie a rendu veule et qui végète dans un bureau, et d’une jeune fille dont le seul plaisir dans la vie semble être d’aguicher les hommes autour d’elle ; les deux destins finissent par se rejoindre, avec des conséquences évidemment dramatiques : entraînés dans un amour sans issue, ils se suicident en haut de la montagne qui surplombe leur ville, lieu mythique où aurait été écrit « Le voyage vers l’Ouest »… ce qui fait confluer leur histoire d’amour avec le mythe.

 

La seconde, « Amour dans une petite ville », est une histoire d’amour fou entre deux membres d’une troupe de danse au temps de la Révolution culturelle, écrite avec la même sorte de frénésie que celle qui habite les corps des deux jeunes qu’elle décrit. Il y a une grande violence dans ces pages, une violence brute, sans aucune nuance de morale, l’amour et le désir y apparaissant comme les forces mêmes de la vie. Ici, la conclusion est plus positive, mais reste ambiguë : la jeune femme tombe enceinte, et trouve dans son enfant le sens de son existence ; comme c’est une expérience qu’elle ne peut partager, son histoire d’amour s’achève là. La nouvelle semble donc prolonger la précédente en posant l’amour comme une passion libératrice, mais une effervescence sans lendemain, sens sur lequel la nouvelle suivante, et donc l’ensemble de la trilogie, semblent se conclure.

 

« Amour dans une petite ville »

(小城之恋)

 

« Amour dans une vallée enchantée »

(锦绣谷之恋)

 

La troisième, « Amour dans une vallée enchantée », est en effet comme la maturation des deux précédentes : une femme qui s’ennuie chez elle rencontre, lors d’un congrès, un écrivain taciturne qui la fascine et l’attire [3], et, dans un paysage de montagnes et de brumes, cette passion soudaine et secrète illumine le monde autour d’elle, pratiquement sans échange verbal ou contact physique. La traductrice française de la nouvelle, Yvonne André, en a donné un superbe commentaire : « Le roman de Wang Anyi a la beauté de ces peintures chinoises où le trait à l’encre noire s’appuie sur le vide pour suggérer l’élan de la vie et des sentiments ; elle y dépeint ce moment suspendu où le cœur s’accorde parfaitement au paysage et y puise dans le silence la confirmation de son idéal. »  La passion est ici plus éthérée que dans les deux autres nouvelles, mais elle apporte la même vitalité, le même sentiment de libération,

même s’il est ici comme né du paysage, et destiné à mourir une fois épuisé le charme qu’il exerçait.

 

Wang Anyi fait ainsi figure de pionnière dans un style moderne qui se rattache indirectement aux grands romans de la dynastie des Ming, dont, bien sûr, le « Rêve dans le pavillon rouge » (红楼梦), avec des références occidentales, et en particulier, selon les dires mêmes de Wang Anyi, « Madame Bovary » pour « Amour dans une vallée enchantée ».

 

Pionnière, mais non isolée, car elle fait partie d’un groupe de femmes écrivains plus âgées qu’elle mais partageant les mêmes préoccupations, comme Zhang Jie (张洁), autre prix Mao Dun, qui fut l’une des premières à dépeindre les ravages émotionnels causés chez les femmes par les préceptes de la ‘nouvelle société’. Wang Anyi est donc à replacer dans un mouvement qui commença à aborder des sujets jusqu’ici interdits : les pathologies émotionnelles nées de la répression sexuelle et du manque de vie personnelle, les souffrances nées de désirs réprimés, et du mariage ressenti comme un devoir pour se conformer aux us et conventions sociales. Les problèmes valaient tout autant pour leurs homologues masculins, mais ce sont ces femmes qui ont lancé la discussion sur les rapports entre politique et vie personnelle, avant que n’éclate le mouvement de réflexion sur la culture à la fin des années 1980. Etait ainsi soulevé le problème de la subjectivité et de ses mécanismes en dehors du théâtre politique, essentiellement masculin : une subjectivité posée en termes féminins.

 

La trilogie de Wang Anyi est devenue un classique du genre, prolongé par une série de nouvelles et romans sur des thèmes proches : romans explorant des destinées individuelles, comme  « Minnie » (《米尼》), née d’une expérience originale de séjour en prison avec des détenues qui lui racontèrent cette histoire, ou réfléchissant sur la vie familiale, avec des personnages féminins à la recherche d’amour mais y perdant souvent leur carrière, leur dignité, ou davantage encore.

 

Cette période atteint son apogée avec le chef d’œuvre incontesté à ce jour, qu’est « Le chant des regrets éternels » (长恨歌》).

 

« Le chant des regrets éternels »

 

Publié en 1995 - incidemment peu avant la mort de Zhang Ailing – et inspiré d’un fait divers assez sordide que Wang Anyi avait lu dans un journal et dont elle a fait la fin de son récit, ce roman est l’histoire en trois parties, ou trois mouvements, de la vie d’une femme, Wang Qiyao (王琦瑶), présentée comme « l’archétype des jeunes filles des ruelles de Shanghai » :

王琦瑶是典型的上海弄堂的女儿。

 

C’est à travers les péripéties de son existence, dans une sorte de huis clos, que nous est dépeinte l’histoire de Shanghai, entrevue à travers des bribes distillées dans le corps du récit, une histoire qui semble parvenir comme un écho lointain des fureurs du monde jusqu’au sein des ruelles de la ville où les gens peuvent trouver refuge et savourer une tranquillité relative, à l’écart des tumultes extérieurs. Si tragédies il y a, elles restent muettes et cachées.

 

C’est un roman empreint de nostalgie, de regrets effectivement, mais quels regrets ? Regrets des mille

 

« Minnie » (《米尼》)

 

« Le chant des regrets éternels »

 (《长恨歌》)

occasions manquées du destin douloureux et d’une femme et d’une ville, mais regrets aussi, certainement, de voir celle-ci perdre ce qui faisait son charme et sa force : la vie paisible et secrète qui se déroulait au fond de ses ruelles. Une folie de modernité sème partout un vent de frivolité ; quand Qiyao, à la fin, invite sa fille et son futur gendre au célèbre restaurant ‘La Maison rouge’, l’image du passé est réduite à un cliché factice devant lequel elle n’est plus que spectatrice nostalgique : le temps est bel et bien perdu. On sent le regard de l’auteur, à ce moment-là, se fondre dans celui de son personnage.   

 

Le roman a valu à Wang Anyi d’être proclamée en 1998 « Meilleur auteur féminin de la Chine moderne » ; il a par ailleurs été couronné du prix Mao Dun en l’an 2000, et Wang Anyi a été l’année suivante élue présidente de l’Association des Ecrivains de Shanghai. Le succès du livre, cependant, a eu pour conséquence de figer son auteur dans une image un peu factice : celle de symbole du nouveau haipai, ce ‘style de Shanghai’ indéfinissable, qui n’existe en fait que dans les esprits, mais qui est à la mode. Déjà adapté au cinéma par Stanley Kwan, le roman a également fait l’objet en 2003 d’une adaptation théâtrale, au Shanghai Dramatic Art Centre, qui n’a fait que médiatiser encore cet aspect de son œuvre qui la pose en outre en héritière de Zhang Ailing : un mythe, largement fabriqué à Taiwan, qu’elle n’a cessé de réfuter en arguant qu’elle avait écrit dans des styles bien plus divers qu’elle, et que son Shanghai n’a rien à voir avec le sien.

 

Elle a d’ailleurs depuis lors encore élargi ses thèmes en consacrant plusieurs livres non seulement à Shanghai, mais aussi à sa famille, et en préparant un livre qui n’aura encore rien à voir avec ce qu’elle a écrit jusqu’ici.

 

Maturité : retour sur le passé et nouvelles recherches stylistiques

 

Années 2000 : le passé revisité

 

 La maturité est toujours l’âge des retours sur soi-même et son passé. Ce passé, chez Wang Anyi, passe par les souvenirs de Shanghai. Au cours des dix dernières années, elle a écrit un certain nombre de livres qui ont Shanghai pour centre, soit sous l’aspect fictionnel, soit sous la forme d’essais.

 

En 2004, elle a ainsi publié ce qui a été traduit par « La Coquette de Shanghai » (《桃之夭夭》) qui se passe dans la Shanghai du milieu du vingtième siècle et dont le titre est une référence à un vers du « Livre des odes » qui évoque une jeune fille qui va se marier ; c’est donc un retour sur le mariage comme valeur centrale de la vie d’une femme. Mais l’histoire est aussi celle, au quotidien, d’une femme qui a des relations difficiles avec celles qui l’entourent, une de ces anti-héroïnes des fonds de ruelles qu’affectionne particulièrement Wang Anyi.

 

Elle a aussi écrit des livres dans le style de ceux de Chen Danyan, livres d’histoire de la ville abondamment illustrés : par exemple, en 2001, « A la recherche de Shanghai » (《寻找上海》).

 

Mais revisiter l’histoire de Shanghai passe aussi par des incursions dans sa propre histoire familiale. Dans « Vérités et mensonges » (《纪实与虚构》), elle se plonge dans l’histoire de la famille de sa mère, l’écrivain Ru Zhijuan (茹志鹃). Elle a trié les papiers retrouvés à sa mort, dont un manuscrit inachevé de la deuxième partie de son autobiographie, qu’elle a publié. Elle est en train de faire la même chose pour son père, décédé en 2003.

 

Le retour sur le passé est aussi un retour sur son adolescence, donc sur la période de la Révolution culturelle, mais vue sous un aspect très personnel : intitulé « Un âge des lumières » (ou « An Era of Enlightenment »《启蒙时代》), le roman – autobiographique - brosse l’histoire d’un groupe de jeunes qui grandissent à Shanghai dans la seconde partie des années 1960, quand la Révolution culturelle vient bouleverser leurs existences ; Wang Anyi les montre poursuivant leurs idéaux et leurs rêves de liberté – d’abord enthousiasmés – abstraitement - par le marxisme et toutes sortes de théories révolutionnaires, puis, au fur et à mesure de leur mûrissement intellectuel et affectif, prenant peu à peu conscience de la vie réelle. C’est un témoignage empreint d’une certaine nostalgie sur une génération marquée du sceau indélébile de l’Histoire.

 

Initialement publié en février 2007 dans le magazine Shouhuo (《收获》), le roman a valu à la romancière le prix de l’écrivain le plus remarquable décerné en 2008 au terme d’un concours sponsorisé par le quotidien cantonais Southern Metropolis (南方都市报) ; le roman a également été finaliste en 2010 du Man Booker Prize.

 

Avec ce récit, Wang Anyi semble avoir tourné une page : il sonne comme un adieu à un âge révolu. Elle a, depuis lors, encore une fois montré sa capacité à se renouveler constamment. Le ‘China Daily’ titrait en juillet 2010 un article la concernant : « An evergreen writer » [4]. Ecrivain toujours vert, et résolument hors des courants et des modes.

 

Années 2010 : nouvelles recherches, nouveau style

 

« La Coquette de Shanghai »

(《桃之夭夭》)

 

« A la recherche de Shanghai »

(《寻找上海》)

 

Un âge des Lumières Qimeng Shidai

 

Wang Anyi n’a jamais été aussi prolifique qu’au début de la décennie 2010. Elle a publié de nouveaux textes de fiction, mais aussi des essais ; la différence entre les uns et les autres devient cependant de plus en plus floue : son style a évolué, débouchant sur des nouvelles subtiles, de forme très novatrice.

 

1. Sorti en mai 2011, Tianxiang ou « Senteurs célestes »  (《天香》) est une saga familiale originale pendant les deux derniers siècles de la dynastie des Ming, soit les 16ème et 17ème siècles : le roman brosse l’histoire de quatre générations de femmes de la famille Shen (申家) que les malheurs des temps contraignent à faire de leurs broderies non plus un passe-temps mais une activité économique, et qui y réussissent tellement bien qu’elles finissent par créer un style propre. Leurs broderies connaissent la célébrité sous le nom de la propriété familiale : « les broderies du Jardin des senteurs célestes » (“天香园绣”).

 

Le roman n’est pas une simple saga familiale sur fond de bouleversements sociaux et historiques ; c’est un témoignage sur une culture spécifique, la culture du sud du delta du Yangzi. La famille Shen du récit est un calque d’une vraie famille, la famille Gu, liée à un style de broderie,

 

Senteurs célestes Tianxiang

le style Gu (“顾绣”), nourri de la grande tradition des lettrés : inspiré de peinture et de calligraphie. 

 

Le roman, cependant, n’est pas un simple compendium de culture locale. Il dresse un tableau vivant de la famille, hommes faibles et femmes de caractère, plaçant celles-ci au centre du récit pour en dépeindre les idéaux et les désirs, désirs de fidélité, d’amour et de stabilité, comme toujours chez les femmes sous la plume de Wang Anyi. En ce sens, Tianxiang est un roman dans la veine du « Chant des regrets éternels » (《长恨歌》), avec des caractères féminins plus subtils et plus complexes que celui de Wang Qiyao, mais dans le même souci de dépeindre une époque par les « rumeurs » des ruelles et des arrières cours, plutôt que par les événements des manuels d’histoire.

 

Les romans de Wang Anyi dressent ainsi une histoire des mentalités qui sous-tend la trame de la culture et celle, in fine, de l’histoire. C’est aussi une histoire des désirs, et surtout des désirs féminins, constants et intemporels. 

 

2. Les années 2013-2013 voient la publication de quatre recueils d’essais originaux, définis comme des « recueils de textes non fictionnels » (“非虚构文丛”), où elle poursuit sa réflexion sur le temps et les femmes :

Avril 2012  L’espace au fil du temps

《空间在时间里流淌》

Août 2012  Hommes et femmes, femmes et villes

《男人和女人,女人和城市》

Mai 2013  Le bord de mer à Steinhagen

《波特哈根海岸》

            Novembre 2013 : Ce soir les étoiles brillent

            《今夜星光灿烂》

 

« Le bord de mer à Steinhagen » est conçu comme un faux journal de voyage : c’est en fait un voyage de l’esprit. Quant au dernier recueil, il est constitué de 58 essais sur les personnalités les plus diverses qui, toutes, ont laissé une trace dans la mémoire, des écrivains, de Ba Jin à d’autres

 

Ce soir les étoiles brillent

beaucoup moins connus, des cinéastes comme Chen Kaige, des relations épistolaires ou même des artisans et des gens de la rue [5].

 

3. Cette année 2013 est marquée, par ailleurs, par la publication, en janvier, d’un recueil de nouvelles d’un style très novateur. Il s’agit d’une nouvelle de taille moyenne (中篇小说) et de six nouvelles courtes, récentes et inédites, le recueil étant publié sous le titre de la première : « Cacophonie ambiante » (zhòngshēng xuānhuá 《众声喧哗》).

 

Cette première nouvelle retrace l’histoire de trois personnages apparemment sans relief, mais pourtant peu ordinaires : Ou Bobo (欧伯伯), Nannan (囡囡) et Liuye (六叶). Le premier est un homme déjà assez âgé, ancien réparateur de voitures dont le collègue est mort et qui a ouvert un magasin de boutons ; sa vie est d’un ennui mortel, mais animée par l’arrivée des deux autres. L’un est un jeune garçon dans les trente ans, gardien du quartier, timide et renfermé, affecté d’une infection de la bouche qui le rapproche du vieil homme qui est en train de perdre l’usage de la parole à la suite d’une grave maladie. Quant à l’autre,

 

Cacophonie ambiante Zhongsheng xuanhua

c’est une jeune sans toit ni loi qui vient louer une partie de la boutique de boutons pour vendre des vêtements.

 

Les boutons sont évidemment emblématiques : les trois personnages de l’histoire sont comme des boutons dépareillés et bizarres, qui n’ont de place à eux nulle part….

 

Cette nouvelle annonce le ton, très libre, des nouvelles courtes qui suivent, dont l’originalité tient autant au sujet qu’à la forme. La première date de 2008, et a été écrite pour répondre à une commande sur le sujet suivant : une histoire où l’amour sera défini en termes matériels. D’où l’idée exprimée dans le titre : « Je t’aime comme une poupée russe » (《爱套娃一样爱你). Wang Anyi a ensuite écrit les cinq autres sur un thème similaire ; elles datent de 2012, la dernière de novembre.

 

Wang Anyi s’affirme de plus en plus comme l’une des romancières chinoises les plus novatrices aujourd’hui, bien au-delà du réalisme de ses débuts. Son roman « Incognito » (《匿名》), paru fin 2015 dans la revue Shouhuo, avant d’être publié début 2016 aux éditions Littérature du peuple, est un parfait exemple de sa capacité à se réinventer constamment, en changeant à la fois de style, de construction narrative et de tonalité générale, cette fois en poussant l’écriture vers l’abstraction.

 

Prix Newman 2017

 

Le 21 septembre 2016, Wang Anyi a été la lauréate - au titre de l’année 2017 -  du Newman Prize for Chinese Literature, prix littéraire décerné tous les deux ans par l’Institute for US-China Issues de l’université de l’Oklahoma.

 

Elle est ainsi la cinquième lauréate de ce prix, après Han Shaogong (韩少功) en 2009 et Mo Yan (莫言) en 2012 pour la Chine continentale, le poète Yang Mu (楊牧) et la romancière et scénariste Chu Tien-wen (朱天文) pour Taiwan, respectivement en 2013 et 2015.

 

La théoricienne, critique et professeur de littérature comparée à l’université de Pékin Dai Jinhua (戴锦华) a expliqué ainsi le choix de Wang Anyi :

« Au cours des trente dernières années et plus, Wang Anyi a constamment modifié son écriture et transformé ses orientations littéraires pour produire un spectaculaire corpus d’œuvres qui a créé une réalité de la littérature de langue chinoise s’apparentant à une cité littéraire, voire même une nation. »

 

Publications depuis 2017

 

1. En juin 2017, Wang Anyi publie un recueil de trois nouvelles zhongpian ou novellas sous le titre de la première, « Haricot rouge né dans le Sud » (Hongdou sheng Nanguo《红豆生南国》), les deux autres étant « Vers l’ouest, vers l’ouest, vers le sud » (Xiang xi, xiang xi, xiang nan《向西,向西,向南》), et « Partout dans la région » (Xiangguan chuchu《乡关处处》). La deuxième a été couronnée du prix littéraire Zhongshan dans la catégorie nouvelles courtes et moyennes.

 

Le recueil a été fini d’écrire en octobre 2016, après le séjour de six mois que Wang Anyi a fait à New York. Il porte la marque de ce séjour.

- Le premier zhongpian, Hongdou sheng Nanguo (《红豆生南国》), est l’histoire de l’enfant d’une famille pauvre du Fujian que ses parents ont « échangé » contre « trois cent catties de râpures de patates douces » (“三百斤番薯丝”). Il se retrouve à six ans dans l’île de Hong Kong avec sa mère adoptive qui, malgré les difficultés, l’entoure d’amour

 

Haricot rouge né dans le sud

et l’envoie à l’école. Mais toute sa vie est marquée par le sens d’insécurité né des troubles sociaux des années 1950 et 1960 jusqu’à la fin du 20e siècle, et de l’absence de liens ancestraux. Finalement, après l’échec de son mariage, il choisit de revenir dans le sud du Fujian, à la recherche de sa mère biologique.

 

- « Vers l’ouest, vers l’ouest, vers le sud » décrit la vie de deux femmes qui se rencontrent par hasard sur les chemins de l’émigration, de Berlin à New York et jusqu’en Californie, au sud de San Diego, où elles ont finalement créé un restaurant qui marche bien.

- Dans la dernière nouvelle, Yue’e (月娥) est une travailleuse migrante au prénom symbolique [6] originaire de Shaoxing partie travailler à Shanghai où, coupée de son mari et de ses enfants, elle se sent seule et angoissée. Seul le grand-père de la famille où elle travaille lui apporte quelque réconfort et chaleur humaine.

 

2. En septembre 2018 est publié le roman Kao Gong ji (《考工记》) dont le titre est emprunté à un traité technique datant des Royaumes combattants, une véritable encyclopédie sans doute écrite pour l’empereur. On comprend le choix du titre en lisant l’histoire.

 

À cause de la guerre, dans les années 1940, le descendant d’une riche famille se retrouve seul dans la vieille demeure familiale désertée et dilapidée. Comme il n’a pas les moyens de l’entretenir comme il faut, il tente de la rendre à l’Etat pour que celui-ci la prenne en charge comme précieux vestige du riche passé de Shanghai et entreprenne les travaux nécessaires….

 

3. En octobre 2020, le roman « Un couteau, mille caractères » (《一把刀,千个字》) est publié dans le 5e numéro de la revue Shouhuo (《收获》2020年第5期) : il arrive en tête de la liste annuelle des romans établie par la revue.

 

Le roman relate la vie du chef cuisinier Chen Cheng (陈诚), en commençant par ses années de maturité à New York et en déroulant un récit couvrant toute l’histoire familiale sur un demi-siècle et trois générations, entre Chine et Occident. Le couteau est un couteau de cuisine, il symbolise le travail du cuisinier et les mille caractères le travail du pinceau. L’inspiration initiale vient de l’expérience de l’auteure dans un camp d’été pour enfants à la fin des années 1970, mais c’est quand elle a passé six mois aux États-Unis en 2016 qu’elle a trouvé l’environnement idoine pour pouvoir développer ses personnages, à Flushing, un quartier résidentiel de New York dans le Queens (où la population asiatique représente près de 70 % du total).

 

Un couteau, mille caractères. 2020

 

Le véritable personnage au cœur du récit est cependant celui de la mère, tôt disparue, mais qui plane sur tout le récit. Wang Anyi ne lui a pas donné de nom, et le personnage est d’autant plus symbolique qu’elle a expliqué qu’il est inspiré de Zhang Zhixin (张志新), violemment persécutée pendant la Révolution culturelle pour s’être opposée à la Bande des Quatre : arrêtée et emprisonnée en septembre 1969, elle a été brutalement exécutée le 4 avril 1975 dans le Nord-Est ; elle avait 45 ans.

 

 

4. En juillet 2022, la novella « Cinq lacs, quatre mers » (《五湖四海》) [7] est publiée dans le numéro 4 de la revue Shouhuo, puis éditée en livre en août.  En janvier 2023, elle arrive en tête de la liste des novellas de l’année établie par la revue.

 

C’est un zhongpian de 90 000 caractères qui raconte de manière relativement concise et toujours très réaliste l’histoire de deux personnages, Zhang Jianshe (张建设) et son épouse Xiu Guomei (修国妹), sur près de 40 ans, de la fin des années 1970 jusqu’à la période actuelle : l’histoire d’un couple qui sort de la pauvreté et s’enrichit peu à peu pendant les années de réforme et de croissance.

 

Le roman a été terminé pendant le confinement de Shanghai en avril 2022, et il est possible que le dénouement  pour le moins sombre ait été inspiré de l’atmosphère délétère qui régnait à Shanghai à ce moment-là…

 

Cinq lacs, quatre mers, 2022

 


 

Principale œuvres

(les traductions des titres sont données à titre indicatif) : 

 

1981  雨,沙沙沙》      Le chuchotis de la pluie

1982  黑黑白白》          Noir et blanc - Nouvelle pour enfants (儿童文学作品集)

1983  流逝》                  La fuite du temps

《尾声》                Epilogue

1985  《小鲍庄》              Le petit bourg des Bao 

《母女漫游美利坚》  Le voyage en Amérique d’une mère et sa fille(散文集, 与茹志鹃合著)

1986  六九屆初中生》   Au collège en 1969

《黄河故道人》     L’homme de l’ancien cours du fleuve Jaune

1987/88荒山之        Amour sur une colline dénudée                     

《小城之         Amour dans une petite ville  

      锦绣谷之恋           Amour dans une vallée enchantée

1988  《逐鹿中街》           Chasser le cerf au milieu de la rue

《蒲公英》         (散文集)

1989  《岗上的世纪》        Le siècle sur la crête

《海上繁华梦》      Rêve agité de Shanghai

1990  米尼》                  Minnie                          

《旅德的故事》    长篇游记  Notes de voyages                                         

1991  《神圣祭坛》            L’autel sacré

1995  长恨歌》                Le chant des regrets éternels

2001  《富萍》                    Fuping                                 

《妹头》                  Meitou

2001  《弟兄们》                Frères

《剃度》                  La tonsure

《寻找上海》           A la recherche de Shanghai

2003  《阁楼》                    La mansarde

2004  《桃之夭夭》             La Coquette de Shanghai 

2005  《遍地枭雄》             Partout de féroces ambitieux

2008  《启蒙时代》             L’âge des Lumières

2011      天香》                Senteurs célestes

2012/2013  Quatre recueils de textes « non fictionnels » :

                《空间在时间里流淌》 L’espace au fil du temps

                《男人和女人,女人和城市》 Hommes et femmes, femmes et villes

                《波特哈根海岸》   Le bord de mer à Steinhagen

                《今夜星光灿烂》   Ce soir les étoiles brillent

2013      《众声喧哗》             Cacophonie ambiante (recueil de nouvelles)

2015       《匿名》                    Incognito

2017       《红豆生南国》         Haricot rouge né dans le sud

2018      《考工记》                  Kao Gong ji

2020      《一把刀,千个字》 Un couteau, mille caractères 

2022       《五湖四海》             Cinq lacs, quatre mers 

 


 

Traduction en anglais

 

Fu Ping 富萍tr. Howard Goldblatt [8], Columbia University Press, 2019, 296 p.

 


 

Traductions en français :

 

Aux éditions Bleu de Chine :

Amère jeunesse, traduit par Eric Jacquemin, janvier 2004. 

 

Aux éditions Philippe Picquier    

        

Les lumières de Hong Kong, traduit par Denis Bénéjam, 2001.

Le chant des regrets éternels 《长恨歌》, traduit par Yvonne André et Stéphane Lévêque, février 2006.

Amour dans une petite ville 小城之恋, traduit par Yvonne André, août 2007.

Amour dans une vallée enchantée 锦绣谷之恋, traduit par Yvonne André, octobre 2008

Amour sur une montagne dénudée 荒山之恋, traduit par Stéphane Lévêque, mai 2008

A la recherche de Shanghai 《寻找上海》, traduit par Yvonne André, février 2011

Le plus clair de la lune 《月色撩人》, traduit par Yvonne André, janvier 2013

La Coquette de Shanghai 《桃之夭夭》 traduit par Brigitte Guibaud, mai 2017.

Histoire de mon oncle (《叔叔的故事》), traduit par Yvonne André, novembre 2020.

 


  

Œuvres adaptées au cinéma :

 

1981 « Notre petite cour » (《我们的小院》) de Tian Zhuangzhuang (court métrage en noir et blanc) adapté de la nouvelle « Life in a small courtyard »

Cf Memoirs from the Beijing Film Academy, p. 126-131

2005 « Everlasting regret » (长恨歌) de Stanley Kwan (关锦鹏)

Première mondiale le 8 septembre 2005 à la Mostra de Venise (Prix Open).

Sur ce film voir : http://www.chinesemovies.com.fr/films_

Guan_St_Kwan_Everlasting_Regret.htm

2005 « Minnie » (《米尼》) de Chen Miao (陈苗) 

 


 

Scénario

 

En 2019 elle signe le scénario du film d’Ann Hui (许鞍华) « Love after Love » (《第一炉香》), scénario adapté de la première des deux nouvelles de Zhang Ailing publiées sous le titre « Deux brûle-parfums » (《沉香屑》).

 


 

A lire :

 

« Histoire(s) de mon oncle » (《叔叔的故事》)- extrait.

 


 

A écouter en complément

 

Conférence donnée à l’Université libre de Bruxelles le 22 septembre 2017 par Stéphane Lévêque :

Wang Anyi, la dame de Shanghai

http://institutconfucius.ulb.be/fr/les-activites/activites-passees/midi-litteraire-wang-anyi-la-dame-de-shanghai.html

 

Affiche du film « Everlasting regret »

 

Le scénario adapté de la nouvelle "Le premier brûle-parfum" de Zhang Ailing

 

 

Sur les nouvelles, voir la page complémentaire :

Wang Anyi, II. Les nouvelles
 


[1] Wang Xiaoping (王啸平) est né en 1919 à Singapour, dans une famille modeste. Il commence là une carrière littéraire tout en participant à la résistance antijaponaise. Rentré en Chine en 1940, il s’enrôle dans une troupe de propagande de l’armée de libération. Après la fondation de la République populaire, membre du Parti communiste, il s’établit à Nankin où il continue ses activités de dramaturge, puis entre aux studios du Jiangsu comme réalisateur. Il prend sa retraite en 1982 et meurt en mars 2003.

[2] Cité par Ni Zhen dans son livre « Memoirs from the Beijing Film Academy ». Le film était un court métrage en noir et blanc qui marquait les débuts de la « cinquième génération » de réalisateurs chinois, avec Zhang Yimou comme directeur de la photo.

[3] Le personnage aurait été inspiré par l’écrivain Zhang Xianliang (张贤亮), auteur de « La moitié de l’homme est une femme » (男人的一半是女人), qui fit scandale lors de sa publication, en 1985, pour sa critique de la répression sexuelle pendant les années 70, mais vue du côté masculin.

[5] Le titre, “Ce soir les étoiles brillent” (《今夜星光灿烂》), est emprunté à un film de Xie Tieli (谢铁骊) de 1980.

[6] Yue’é comme Cháng’é 嫦娥, personnage légendaire, épouse de l’archer Houyi, qui s’est enfuie dans la lune après avoir bu l’élixir d’immortalité volé à son mari.

[7] Ici aussi il s’agit d’une expression idiomatique qui signifie « un vaste domaine », qui peut s’étendre à tout le pays, voire au monde entier.

[8] Compte rendu de lecture par Elena Martin Enebral : http://u.osu.edu/mclc/book-reviews/martin-enebral/

 

     

 

 

 

 

     

 

 

 

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