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Wang Anyi 王安忆
I. Présentation générale
par Brigitte Duzan, 5 septembre
2010, actualisé 31
août 2023
Wang
Anyi (王安忆)
est née en 1954 à Nankin, mais la famille déménagea
l’année suivante à Shanghai, ville natale de sa mère :
c’est là qu’elle a grandi, et c’est là qu’elle vit
toujours. Auteur prolifique, capable de se renouveler
constamment, c’est cependant Shanghai dont elle a fait
son thème de prédilection, et dont elle est devenue
l’écrivain emblématique. Célébrée, à son corps
défendant, comme héritière de
Zhang Ailing, et
symbole vivant du nouveau
haipai,
elle participe de l’engouement actuel pour la
ville.
Riche
d’une centaine de nouvelles courtes, une trentaine de
nouvelles « moyennes », une douzaine de romans, onze
volumes d’essais et autres recueils, son œuvre,
cependant, mérite d’être approfondie au-delà de ce label
réducteur, et au-delà des quelques titres qui ont été
traduits. |
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Wang Anyi
(王安忆) |
Etudes
interrompues par la Révolution culturelle
Wang Anyi est
née dans une famille qui la prédisposait à une carrière
littéraire. Sa mère,
Ru Zhijuan
(茹志鹃),
était elle-même un écrivain célèbre, et son père, Wang Xiaoping
(王啸平),
dramaturge et cinéaste.
Poème de Baijuyi |
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Dès
l’âge de quatre ans, elle révèle des talents précoces :
elle est capable de réciter des poèmes classiques, dont
« Le Chant des regrets éternels », long poème narratif
du poète de la dynastie des Tang Bai Juyi (白居易),
dont elle se souviendra, bien des années plus tard, en
écrivant son roman le plus célèbre qui en porte le
titre. La maison étant pleine de livres, elle prend très
tôt l’habitude de s’endormir en lisant.
En
1957, cependant, l’histoire, et la politique, font une
première incursion dans sa vie : son père est accusé
d’être ‘droitiste’ et expulsé du Parti. La Révolution
culturelle, ensuite, interrompt brutalement ses études
en 1969, alors que, à
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quinze
ans, elle vient juste de terminer le
collège. Elle en a tiré le sujet de son premier roman, « Au
collège en 1969 » (《六九屆初中生》),
dont la première partie est essentiellement autobiographique.
Elle a d’ailleurs fait du nombre 69 le symbole des
bouleversements de l’époque, avec ses deux chiffres dont l’un
est l’image renversée de l’autre.
Elle-même
considère cependant que ce fut peut-être là un coup du sort : vu
le peu d’estime où étaient tenues à l’époque les études
littéraires et artistiques, et les problèmes liés à ce genre de
professions dont ses parents avaient eux-mêmes fait l’amère
expérience (son père d’abord, puis sa mère, critiquée dès 1966
pour des écrits considérés comme trop sentimentaux), ils
l’avaient orientée vers un cursus scientifique ; sans la
Révolution culturelle, Wang Anyi ne serait peut-être jamais
devenue écrivain.
Portée par
l’enthousiasme caractéristique du moment, elle se porte
volontaire pour aller « à la campagne », et part travailler la
terre dans une commune populaire du district de Wuhe (五河县),
au nord-est de l’Anhui, district
pauvre, mais qui avait l’avantage d’être à proximité d’une voie
ferrée reliant la bourgade à Shanghai. Une fois sur place, la
réalité fait vite retomber l’exaltation initiale, mais l’épreuve
est pour elle de plus courte durée que pour la plupart de ses
condisciples de la même génération.
Comme elle
savait jouer de l’harmonica, elle réussit en 1972 à entrer dans
la troupe culturelle de Xuzhou (徐州地区文工团),
au nord-ouest du Jiangsu. Elle y apprend le violoncelle et y
fait la connaissance de son futur époux, le directeur de la
troupe, Li Zhang (李章).
Elle commence à écrire pour tromper le temps et vaincre le
sentiment d’ennui claustrophobe qu’elle ressent dans ce petit
monde clos. Elle en tire le sujet d’une nouvelle, « Vie dans une
petite cour », qui raconte les détails triviaux de l’existence
quotidienne des artistes d’une troupe, avec commérages et
disputes conjugales. La nouvelle sera adaptée au cinéma en 1981
sous le titre « Notre petite cour » (《我们的小院》),
comme travail de fin d’études, par un groupe d’élèves de
l’Académie du cinéma de Pékin sous la direction de Tian
Zhuangzhuang (田壮壮) ;
il dira de la nouvelle : « Elle donne l’impression de chercher
dans les coins obscurs à la lumière d’une bougie, et laisse un
arrière-goût comme du thé épicé. »
En 1976, elle
publie aussi, dans la revue « Les arts et les lettres du
Jiangsu » (《江苏文艺》),
son premier recueil d’essais intitulé « En avant » (《向前进》).
Mais après
la mort de Mao, puis la chute de la Bande des Quatre, en 1978,
elle peut enfin rentrer à
Shanghai où elle obtient un poste dans un journal pour enfants :
« Enfance » (《儿童时代》).
Li Zhang obtient également son transfert et devient éditeur
d’une revue musicale.
En 1980,
elle bénéficie d’une formation dispensée par l’Association
nationale des écrivains chinois et, en 1981, publie une
nouvelle, « La pluie, cha cha cha » (《雨,沙沙沙》),
qui
raconte
l’histoire d’une jeune fille qui part sous la pluie en espérant
revoir le garçon qu’elle a rencontré ; c’est une nouvelle
empreinte d’un doux romantisme qui préfigure une longue série
sur la quête féminine de l’amour et du bonheur, mais le
romantisme en moins. Personne encore n’avait osé prendre pour
thème les émois intérieurs d’une adolescente : c’est un succès,
la carrière de Wang Anyi est lancée.
Ecrivain
d’avant-garde, chantre des sentiments intérieurs et du désir
féminin
Peintre
réaliste de la vie de tous les jours
Ses premiers
écrits relèvent cependant du mouvement « de recherche des
racines » (‘寻根文学’)
succédant, dans les années
1980, à la ‘littérature des cicatrices’ (‘伤痕文学’).
Comme les écrivains de sa génération, elle apporte son
témoignage des souffrances et désillusions subies pendant dix
ans, et du terrible retour à la réalité ensuite, comme si ces
dix ans, justement, n’avaient servi à rien : simplement à former
une génération inapte à une quelconque réinsertion dans une vie
normale. C’est ce qu’elle décrira dans sa nouvelle « Destination
finale » (《本次列车终点》).
Elle y dépeint
par petites touches la dure réalité qui accueille un jeune qui
revient enfin chez lui, à Shanghai, après dix ans à la campagne,
une réalité qui n’a rien à voir avec le rêve doré qui l’avait
aidé à tout supporter pendant tout ce temps-là. L’appartement de
sa mère est exigu, reflétant la surpopulation de la ville, les
jeunes qui reviennent n’ont pas de travail, lui n’a que celui
que lui a laissé sa mère en partant à la retraite, et il lui
faut une heure et demi de trajet dans des bus bondés pour y
aller. La difficulté des conditions de vie crée des conflits :
la vie à Shanghai n’est pas facile, se dit-il, en se rappelant
avec nostalgie l’école où il enseignait, les élèves qu’il a
quittés sans même leur dire au revoir, et la jeune fille qu’il a
aimée… Le rêve du retour à Shanghai est remplacé par le rêve du
passé, comme si le rêve était la seule chose qui pouvait aider à
vivre. Mais surtout se profile la question amère et lancinante :
est-ce que tous les sacrifices réalisés au long de ces dix
années valaient vraiment la peine.
En 1982, la
nouvelle ‘de taille moyenne’ « La fuite du temps » (《流逝》),
primée en 1982, est une œuvre concise, structurée sur le
principe du parallélisme, qui
décrit
la vie d’une femme, Ouyang Duanli (欧阳端丽),
de son mari et de ses trois enfants, pendant la Révolution
culturelle et après. Tous leurs biens leur sont enlevés, elle
doit travailler en usine, mais quand elle pourrait
« s’enrichir », et améliorer son existence, elle continue le
travail auquel elle s’est habituée. Finalement, sa vie se réduit
à attendre que passe le temps (流逝),
une heure, puis un mois, puis une année, puis une existence
entière, sans plaisir et sans joie, comme quelqu’un qui se
contente d’avaler un bol de gruau froid, rapidement, simplement
pour ne pas avoir faim.
Elle
participera ensuite, avec plusieurs autres romans et
nouvelles, dont « Le petit bourg des Bao » (《小鲍庄》),
en 1985, au mouvement général d’évocation du passé et
des traditions gommées par la Révolution culturelle.
Dans un passé incertain préservé dans la mémoire
collective, le petit bourg des Bao a été détruit par une
inondation catastrophique, entraînée par la négligence
de certains qui avaient mal entretenu les digues. Le
village, semble-t-il, continue à souffrir de cette
ancienne faute, les habitants ne connaissant pas de
répit dans leurs malheurs, jusqu’à ce que, lors d’un
autre déluge, le sacrifice d’un jeune garçon tentant de
sauver son grand-père vienne racheter la faute initiale.
La nouvelle est donc un éloge des valeurs
traditionnelles de solidarité et de responsabilité
collective, discours qui commençait à se généraliser
dans le contexte de la course à l’enrichissement lancée
par Deng Xiaoping. Mais la satire affleure lorsque le
jeune garçon est institutionnalisé en héros national par
l’appareil de propagande du Parti… |
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« Le petit bourg des
Bao » (《小鲍庄》) |
Elle aurait pu
continuer dans cette veine, sans se démarquer beaucoup de la
tendance générale, lorsque, en 1983, elle eut la chance de
partir aux Etats-Unis, avec sa mère, participer au programme
international de recherche sur l’écriture de l’université de
l’Iowa. Elle y découvre d’autres possibilités d’expression, et
abandonne alors la peinture et la critique sociale pour se
tourner vers la psychologie des personnages et, avec chacune de
ses nouvelles, créer un monde intérieur, individuel et
personnel. Elle revient en fait vers sa veine initiale, celle de
la « Pluie cha cha cha », mais en l’approfondissant et en lui
donnant une touche personnelle qui va contribuer à sa célébrité.
Pionnière de
la peinture de la subjectivité féminine
Le tournant
décisif dans la carrière de Wang Anyi est ainsi, en 1987/88, la
publication de ce qu’on a appelé sa « trilogie de l’amour »
(三恋) :
« Amour sur une colline dénudée » (《荒山之恋》),
« Amour dans une petite ville » (《小城之恋》)
et
« Amour dans une vallée enchantée » (《锦绣谷之恋》),
trois nouvelles ‘de taille moyenne’ qui font l’effet d’une bombe
dans les milieux littéraires chinois, et sont unanimement
saluées par la critique.
« Amour sur une colline
dénudée »
(《荒山之恋》) |
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Les trois
nouvelles ont été le plus souvent traduites dans le
désordre, il y a pourtant une progression dans les
thèmes et l’écriture qu’il est important de préserver.
La
première, « Amour sur une colline dénudée », est
l’histoire, d’abord décrite en parallèle, d’un jeune
violoncelliste que la vie a rendu veule et qui végète
dans un bureau, et d’une jeune fille dont le seul
plaisir dans la vie semble être d’aguicher les hommes
autour d’elle ; les deux destins finissent par se
rejoindre, avec des conséquences évidemment
dramatiques : entraînés dans un amour sans issue, ils se
suicident en haut de la montagne qui surplombe leur
ville, lieu mythique où aurait été écrit « Le voyage
vers l’Ouest »… ce qui fait confluer leur histoire
d’amour avec le mythe. |
La
seconde, « Amour dans une petite ville », est une
histoire d’amour fou entre deux membres d’une troupe de
danse au temps de la Révolution culturelle, écrite avec
la même sorte de frénésie que celle qui habite les corps
des deux jeunes qu’elle décrit. Il y a une grande
violence dans ces pages, une violence brute, sans aucune
nuance de morale, l’amour et le désir y apparaissant
comme les forces mêmes de la vie. Ici, la conclusion est
plus positive, mais reste ambiguë : la jeune femme tombe
enceinte, et trouve dans son enfant le sens de son
existence ; comme c’est une expérience qu’elle ne peut
partager, son histoire d’amour s’achève là. La nouvelle
semble donc prolonger la précédente en posant l’amour
comme une passion libératrice, mais une effervescence
sans lendemain, sens sur lequel la nouvelle suivante, et
donc l’ensemble de la trilogie, semblent se conclure. |
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« Amour dans une petite
ville »
(《小城之恋》) |
« Amour dans une vallée
enchantée »
(《锦绣谷之恋》) |
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La
troisième, « Amour dans une vallée enchantée »,
est en effet comme la maturation des deux précédentes :
une femme qui s’ennuie chez elle rencontre, lors d’un
congrès, un écrivain taciturne qui la fascine et
l’attire ,
et, dans un paysage de montagnes et de brumes, cette
passion soudaine et secrète illumine le monde autour
d’elle, pratiquement sans échange verbal ou contact
physique. La traductrice française de la nouvelle,
Yvonne André, en a donné un superbe commentaire : « Le
roman de Wang Anyi a la beauté de ces peintures
chinoises où le trait à l’encre noire s’appuie sur le
vide pour suggérer l’élan de la vie et des sentiments ;
elle y dépeint ce moment suspendu où le cœur s’accorde
parfaitement au paysage et y puise dans le silence la
confirmation de son idéal. »
La passion est ici plus éthérée que dans les deux autres
nouvelles, mais elle apporte la même vitalité, le même
sentiment de libération,
|
même s’il est ici comme né du
paysage, et destiné à mourir une fois épuisé le charme qu’il
exerçait.
Wang Anyi fait
ainsi figure de pionnière dans un style moderne qui se rattache
indirectement aux grands romans de la dynastie des Ming, dont,
bien sûr, le « Rêve dans le pavillon rouge » (《红楼梦》),
avec des références occidentales, et en particulier, selon les
dires mêmes de Wang Anyi, « Madame Bovary » pour « Amour dans
une vallée enchantée ».
Pionnière, mais
non isolée, car elle fait partie d’un groupe de femmes écrivains
plus âgées qu’elle mais partageant les mêmes préoccupations,
comme Zhang Jie (张洁),
autre prix Mao Dun, qui fut l’une des premières à dépeindre les
ravages émotionnels causés chez les femmes par les préceptes de
la ‘nouvelle société’. Wang Anyi est donc à replacer dans un
mouvement qui commença à aborder des sujets jusqu’ici
interdits : les pathologies émotionnelles nées de la répression
sexuelle et du manque de vie personnelle, les souffrances nées
de désirs réprimés, et du mariage ressenti comme un devoir pour
se conformer aux us et conventions sociales. Les problèmes
valaient tout autant pour leurs homologues masculins, mais ce
sont ces femmes qui ont lancé la discussion sur les rapports
entre politique et vie personnelle, avant que n’éclate le
mouvement de réflexion sur la culture à la fin des années 1980.
Etait ainsi soulevé le problème de la subjectivité et de ses
mécanismes en dehors du théâtre politique, essentiellement
masculin : une subjectivité posée en termes féminins.
La
trilogie de Wang Anyi est devenue un classique du genre,
prolongé par une série de nouvelles et romans sur des
thèmes proches : romans explorant des destinées
individuelles, comme « Minnie » (《米尼》),
née d’une expérience originale de séjour en prison avec
des détenues qui lui racontèrent cette histoire, ou
réfléchissant sur la vie familiale, avec des personnages
féminins à la recherche d’amour mais y
perdant
souvent leur carrière, leur dignité, ou davantage
encore.
Cette
période atteint son apogée avec le chef d’œuvre
incontesté à ce jour, qu’est « Le chant des regrets
éternels » (《长恨歌》).
« Le
chant des regrets éternels »
Publié
en 1995 - incidemment peu avant la mort de Zhang Ailing
– et inspiré d’un fait divers assez sordide que Wang
Anyi avait lu dans un journal et dont elle a fait la fin
de son récit, ce roman est l’histoire en trois parties,
ou trois mouvements, de la vie d’une femme,
Wang Qiyao (王琦瑶),
présentée comme « l’archétype des jeunes filles des
ruelles de Shanghai » :
王琦瑶是典型的上海弄堂的女儿。
C’est à
travers les péripéties de son existence, dans une sorte
de huis clos, que nous est dépeinte l’histoire de
Shanghai, entrevue à travers des bribes distillées dans
le corps du récit, une histoire qui semble parvenir
comme un écho lointain des fureurs du monde jusqu’au
sein des ruelles de la ville où les gens peuvent trouver
refuge et savourer une tranquillité relative, à l’écart
des tumultes extérieurs. Si tragédies il y a, elles
restent muettes et cachées.
C’est
un roman empreint de nostalgie, de regrets
effectivement, mais quels regrets ? Regrets des mille
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« Minnie »
(《米尼》)
« Le chant des regrets
éternels »
(《长恨歌》) |
occasions manquées du destin douloureux et d’une femme et d’une
ville, mais regrets aussi, certainement, de voir celle-ci perdre ce qui
faisait son charme et sa force : la vie paisible et secrète qui
se déroulait au fond de ses ruelles. Une folie de modernité sème
partout un vent de frivolité ; quand Qiyao, à la fin, invite sa
fille et son futur gendre au célèbre restaurant ‘La Maison
rouge’, l’image du passé est réduite à un cliché factice devant
lequel elle n’est plus que spectatrice nostalgique : le temps
est bel et bien perdu. On sent le regard de l’auteur, à ce
moment-là, se fondre dans celui de son personnage.
Le roman a valu
à Wang Anyi d’être proclamée en 1998 « Meilleur auteur féminin
de la Chine moderne » ; il a par ailleurs été couronné du prix
Mao Dun en l’an 2000, et Wang Anyi a été l’année suivante élue
présidente de l’Association des Ecrivains de Shanghai. Le succès
du livre, cependant, a eu pour conséquence de figer son auteur
dans une image un peu factice : celle de symbole du nouveau
haipai, ce ‘style de Shanghai’
indéfinissable, qui n’existe en fait que dans les esprits, mais
qui est à la mode. Déjà adapté au cinéma par Stanley Kwan, le
roman a également fait l’objet en 2003 d’une adaptation
théâtrale, au Shanghai Dramatic Art Centre, qui n’a fait que
médiatiser encore cet aspect de son œuvre qui la pose en outre
en héritière de
Zhang Ailing :
un mythe, largement fabriqué à Taiwan, qu’elle n’a cessé de
réfuter en arguant qu’elle avait écrit dans des styles bien plus
divers qu’elle, et que son Shanghai n’a rien à voir avec le
sien.
Elle a
d’ailleurs depuis lors encore élargi ses thèmes en consacrant
plusieurs livres non seulement à Shanghai, mais aussi à sa
famille, et en préparant un livre qui n’aura encore rien à voir
avec ce qu’elle a écrit jusqu’ici.
Maturité : retour sur le passé et nouvelles recherches
stylistiques
Années
2000 : le passé revisité
La
maturité est toujours l’âge des retours sur soi-même et son
passé. Ce passé, chez Wang Anyi, passe par les souvenirs de
Shanghai. Au cours des dix dernières années, elle a écrit un
certain nombre de livres qui ont Shanghai pour centre, soit sous
l’aspect fictionnel, soit sous la forme d’essais.
En
2004, elle a ainsi publié ce qui a été traduit par « La
Coquette de Shanghai » (《桃之夭夭》)
qui se passe dans la Shanghai du milieu du vingtième
siècle et dont le titre est une référence à un vers du
« Livre des odes » qui évoque une jeune fille qui va se
marier ; c’est donc un retour sur le mariage comme
valeur centrale de la vie d’une femme. Mais l’histoire
est aussi celle, au quotidien, d’une femme qui a des
relations difficiles avec celles qui l’entourent, une de
ces anti-héroïnes des fonds de ruelles qu’affectionne
particulièrement Wang Anyi.
Elle a
aussi écrit des livres dans le style de ceux de
Chen Danyan, livres
d’histoire de la ville abondamment illustrés : par
exemple, en 2001, « A la recherche de Shanghai »
(《寻找上海》).
Mais
revisiter l’histoire de Shanghai passe aussi par des
incursions dans sa propre histoire familiale. Dans « Vérités
et mensonges » (《纪实与虚构》),
elle se plonge dans l’histoire de la famille de sa mère,
l’écrivain
Ru Zhijuan (茹志鹃).
Elle a trié les papiers retrouvés à sa mort, dont un
manuscrit inachevé de la deuxième partie de son
autobiographie, qu’elle a publié. Elle est en train de
faire la même chose pour son père, décédé en 2003.
Le
retour sur le passé est aussi un retour sur son
adolescence, donc sur la période de la Révolution
culturelle, mais vue sous un aspect très personnel :
intitulé « Un âge des lumières » (ou « An Era of
Enlightenment »《启蒙时代》),
le roman – autobiographique - brosse l’histoire d’un
groupe de jeunes qui grandissent à Shanghai dans la
seconde partie des années 1960, quand la Révolution
culturelle vient bouleverser leurs existences ; Wang
Anyi les montre poursuivant leurs idéaux et leurs rêves
de liberté – d’abord enthousiasmés – abstraitement - par
le marxisme et toutes sortes de théories
révolutionnaires, puis, au fur et à mesure de leur
mûrissement intellectuel et affectif, prenant peu à peu
conscience de la vie réelle. C’est un témoignage
empreint d’une certaine nostalgie sur une génération
marquée du sceau indélébile de l’Histoire.
Initialement publié en février 2007 dans le magazine
Shouhuo (《收获》),
le roman a valu à la romancière le prix de l’écrivain le
plus remarquable décerné en 2008 au terme d’un concours
sponsorisé par le quotidien cantonais Southern
Metropolis (南方都市报) ;
le roman
a également été
finaliste en 2010 du Man Booker Prize.
Avec
ce récit, Wang Anyi semble avoir tourné une page : il
sonne comme un adieu à un âge révolu. Elle a, depuis
lors, encore une fois montré
sa capacité à se
renouveler constamment. Le ‘China Daily’ titrait en
juillet 2010 un article la concernant : « An evergreen
writer »
.
Ecrivain toujours vert, et résolument hors des courants
et des modes.
Années 2010 : nouvelles recherches, nouveau style |
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« La Coquette de Shanghai
»
(《桃之夭夭》)
« A la recherche de
Shanghai »
(《寻找上海》)
Un âge des Lumières Qimeng Shidai |
Wang Anyi n’a
jamais été aussi prolifique
qu’au début de la décennie 2010.
Elle a publié de nouveaux textes de fiction, mais aussi des
essais ; la différence entre les uns et les autres devient
cependant de plus en plus floue : son style a évolué, débouchant
sur des nouvelles subtiles, de forme très novatrice.
1.
Sorti en mai
2011, Tianxiang
ou «
Senteurs célestes »
(《天香》)
est une saga familiale originale pendant les deux
derniers siècles de la dynastie des Ming, soit les 16ème
et 17ème siècles : le roman brosse l’histoire
de quatre générations de femmes de la famille Shen (申家)
que les malheurs des temps contraignent à faire de leurs
broderies non plus un passe-temps mais une activité
économique, et qui y réussissent tellement bien qu’elles
finissent par créer un style propre. Leurs broderies
connaissent la célébrité sous le nom de la propriété
familiale : « les broderies du Jardin des senteurs
célestes » (“天香园绣”).
Le roman n’est pas une simple saga familiale sur fond de
bouleversements sociaux et historiques ; c’est un
témoignage sur une culture spécifique, la culture du sud
du delta du Yangzi. La famille Shen du récit est un
calque d’une vraie famille, la famille Gu, liée à un
style de broderie, |
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Senteurs célestes Tianxiang |
le style
Gu (“顾绣”),
nourri de la grande tradition des lettrés : inspiré de peinture
et de calligraphie.
Le roman, cependant, n’est pas un simple compendium de culture
locale. Il dresse un tableau vivant de la famille, hommes
faibles et femmes de caractère, plaçant celles-ci au centre du
récit pour en dépeindre les idéaux et les désirs, désirs de
fidélité, d’amour et de stabilité, comme toujours chez les
femmes sous la plume de Wang Anyi. En ce sens,
Tianxiang
est un roman dans la veine du « Chant des regrets éternels » (《长恨歌》),
avec des caractères féminins plus subtils et plus complexes que
celui de Wang Qiyao, mais dans le même souci de dépeindre une
époque par les « rumeurs » des ruelles et des arrières cours,
plutôt que par les événements des manuels d’histoire.
Les romans de
Wang Anyi dressent ainsi une histoire des mentalités qui
sous-tend la trame de la culture et celle, in fine, de
l’histoire. C’est aussi une histoire des désirs, et surtout des
désirs féminins, constants et intemporels.
2. Les
années 2013-2013 voient la publication de quatre
recueils d’essais originaux, définis comme des «
recueils de textes non fictionnels » (“非虚构文丛”),
où elle poursuit sa réflexion sur le temps et les femmes
:
Avril
2012 L’espace au fil du temps
《空间在时间里流淌》
Août
2012 Hommes et femmes, femmes et villes
《男人和女人,女人和城市》
Mai
2013 Le bord de mer à Steinhagen
《波特哈根海岸》
Novembre 2013 : Ce soir les étoiles brillent
《今夜星光灿烂》
« Le
bord de mer à Steinhagen » est conçu comme un faux
journal de voyage : c’est en fait un voyage de l’esprit.
Quant au dernier recueil, il est constitué de
58
essais sur les personnalités les plus diverses qui,
toutes, ont laissé une trace dans la mémoire, des
écrivains, de Ba Jin à d’autres
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Ce soir les étoiles brillent |
beaucoup moins connus,
des cinéastes comme Chen Kaige, des relations épistolaires ou
même des artisans et des gens de la rue.
3. Cette année 2013 est marquée, par ailleurs, par la
publication, en janvier, d’un recueil de nouvelles d’un
style très novateur. Il s’agit d’une nouvelle de taille
moyenne (中篇小说)
et de six nouvelles courtes, récentes et inédites, le
recueil étant publié sous le titre de la première :
« Cacophonie ambiante » (zhòngshēng
xuānhuá
《众声喧哗》).
Cette première nouvelle retrace l’histoire de trois
personnages apparemment sans relief, mais pourtant peu
ordinaires : Ou Bobo (欧伯伯),
Nannan (囡囡)
et Liuye (六叶).
Le premier est un homme déjà assez âgé, ancien
réparateur de voitures dont le collègue est mort et qui
a ouvert un magasin de boutons ; sa vie est d’un ennui
mortel, mais animée par l’arrivée des deux autres. L’un
est un jeune garçon dans les trente ans, gardien du
quartier, timide et renfermé, affecté d’une infection de
la bouche qui le rapproche du vieil homme qui est en
train de perdre l’usage de la parole à la suite d’une
grave maladie. Quant à l’autre, |
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Cacophonie ambiante Zhongsheng xuanhua |
c’est une jeune sans toit ni loi qui vient louer une partie de
la boutique de boutons pour vendre des vêtements.
Les boutons sont évidemment emblématiques : les trois
personnages de l’histoire sont comme des boutons dépareillés et
bizarres, qui n’ont de place à eux nulle part….
Cette nouvelle annonce le ton, très libre, des nouvelles courtes
qui suivent, dont l’originalité tient autant au sujet qu’à la
forme. La première date de 2008, et a été écrite pour répondre à
une commande sur le sujet suivant : une histoire où l’amour sera
défini en termes matériels. D’où l’idée exprimée dans le titre :
« Je t’aime comme une
poupée russe » (《爱套娃一样爱你》).
Wang Anyi a ensuite écrit les cinq autres sur un thème
similaire ; elles datent de 2012, la dernière de novembre.
Wang Anyi
s’affirme de plus en plus comme l’une des romancières chinoises
les plus novatrices aujourd’hui, bien au-delà du réalisme de ses
débuts. Son
roman « Incognito » (《匿名》),
paru fin 2015 dans la revue Shouhuo, avant d’être publié
début 2016 aux éditions Littérature du peuple, est un parfait
exemple de sa capacité à se réinventer constamment, en changeant
à la fois de style, de construction narrative et de tonalité
générale, cette fois en poussant l’écriture vers l’abstraction.
Prix Newman
2017
Le 21 septembre
2016, Wang Anyi a été la lauréate - au titre de l’année 2017 -
du Newman Prize for Chinese Literature, prix littéraire décerné
tous les deux ans par l’Institute for US-China Issues de
l’université de l’Oklahoma.
Elle est ainsi
la cinquième lauréate de ce prix, après
Han Shaogong (韩少功)
en 2009 et
Mo Yan (莫言)
en 2012 pour la Chine continentale, le poète
Yang Mu (楊牧)
et la romancière et scénariste
Chu Tien-wen (朱天文)
pour Taiwan, respectivement en 2013 et 2015.
La
théoricienne, critique et professeur de littérature comparée à
l’université de Pékin Dai Jinhua (戴锦华)
a expliqué ainsi le choix de Wang Anyi :
« Au cours
des trente dernières années et plus, Wang Anyi a constamment
modifié son écriture et transformé ses orientations littéraires
pour produire un spectaculaire corpus d’œuvres qui a créé une
réalité de la littérature de langue chinoise s’apparentant à une
cité littéraire, voire même une nation. »
Publications depuis 2017
1. En
juin 2017, Wang Anyi publie un recueil de trois
nouvelles zhongpian ou novellas sous le titre de
la première, « Haricot rouge né dans le Sud » (Hongdou
sheng Nanguo《红豆生南国》),
les deux autres étant « Vers l’ouest, vers l’ouest, vers
le sud » (Xiang xi, xiang xi, xiang nan《向西,向西,向南》),
et « Partout dans la région » (Xiangguan chuchu《乡关处处》).
La deuxième a été couronnée du prix littéraire Zhongshan
dans la catégorie nouvelles courtes et moyennes.
Le
recueil a été fini d’écrire en octobre 2016, après le
séjour de six mois que Wang Anyi a fait à New York. Il
porte la marque de ce séjour.
- Le
premier zhongpian, Hongdou sheng Nanguo (《红豆生南国》), est
l’histoire de l’enfant d’une famille pauvre du Fujian
que ses parents ont « échangé » contre « trois cent
catties de râpures de patates douces » (“三百斤番薯丝”).
Il se retrouve à six ans dans l’île de Hong Kong avec sa
mère adoptive qui, malgré les difficultés, l’entoure
d’amour |
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Haricot rouge né dans le sud |
et l’envoie à
l’école. Mais toute sa
vie est marquée par le sens d’insécurité né des troubles sociaux
des années 1950 et 1960 jusqu’à la fin du 20e siècle,
et de l’absence de liens ancestraux. Finalement, après l’échec
de son mariage, il choisit de revenir dans le sud du Fujian, à
la recherche de sa mère biologique.
- « Vers
l’ouest, vers l’ouest, vers le sud » décrit la vie de deux
femmes qui se rencontrent par hasard sur les chemins de
l’émigration, de Berlin à New York et jusqu’en Californie, au
sud de San Diego, où elles ont finalement créé un restaurant qui
marche bien.
- Dans la
dernière nouvelle, Yue’e (月娥)
est une travailleuse migrante au prénom symbolique
originaire de Shaoxing partie travailler à Shanghai où, coupée
de son mari et de ses enfants, elle se sent seule et angoissée.
Seul le grand-père de la famille où elle travaille lui apporte
quelque réconfort et chaleur humaine.
2. En septembre
2018 est publié le roman Kao Gong ji (《考工记》)
dont le titre est emprunté à un traité technique datant des
Royaumes combattants, une véritable encyclopédie sans doute
écrite pour l’empereur. On comprend le choix du titre en lisant
l’histoire.
À cause de la
guerre, dans les années 1940, le descendant d’une riche famille
se retrouve seul dans la vieille demeure familiale désertée et
dilapidée. Comme il n’a pas les moyens de l’entretenir comme il
faut, il tente de la rendre à l’Etat pour que celui-ci la prenne
en charge comme précieux vestige du riche passé de Shanghai et
entreprenne les travaux nécessaires….
3. En
octobre 2020, le roman « Un couteau, mille
caractères » (《一把刀,千个字》)
est publié dans le 5e numéro de la revue
Shouhuo (《收获》2020年第5期) :
il arrive en tête de la liste annuelle des romans
établie par la revue.
Le
roman relate la vie du chef cuisinier Chen Cheng (陈诚),
en commençant par ses années de maturité à New York et
en déroulant un récit couvrant toute l’histoire
familiale sur un demi-siècle et trois générations, entre
Chine et Occident. Le couteau est un couteau de cuisine,
il symbolise le travail du cuisinier et les mille
caractères le travail du pinceau. L’inspiration initiale
vient de l’expérience de l’auteure dans un camp d’été
pour enfants à la fin des années 1970, mais c’est quand
elle a passé six mois aux États-Unis en 2016 qu’elle a
trouvé l’environnement idoine pour pouvoir développer
ses personnages, à Flushing, un quartier résidentiel de
New York dans le Queens (où la population asiatique
représente près de 70 % du total). |
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Un couteau, mille caractères. 2020 |
Le véritable
personnage au cœur du récit est cependant celui de la mère, tôt
disparue, mais qui plane sur tout le récit. Wang Anyi ne lui a
pas donné de nom, et le personnage est d’autant plus symbolique
qu’elle a expliqué qu’il est inspiré de Zhang Zhixin (张志新),
violemment persécutée pendant la Révolution culturelle pour
s’être opposée à la Bande des Quatre : arrêtée et emprisonnée en
septembre 1969, elle a été brutalement exécutée le 4 avril 1975
dans le Nord-Est ; elle avait 45 ans.
4. En
juillet 2022, la novella « Cinq lacs, quatre mers » (《五湖四海》)
est publiée dans le numéro 4 de la revue Shouhuo,
puis éditée en livre en août. En janvier 2023, elle
arrive en tête de la liste des novellas de l’année
établie par la revue.
C’est
un zhongpian de 90 000 caractères qui raconte de
manière relativement concise et toujours très réaliste
l’histoire de deux personnages, Zhang Jianshe (张建设)
et son épouse Xiu Guomei (修国妹),
sur près de 40 ans, de la fin des années 1970 jusqu’à la
période actuelle : l’histoire d’un couple qui sort de la
pauvreté et s’enrichit peu à peu pendant les années de
réforme et de croissance.
Le
roman a été terminé pendant le confinement de Shanghai
en avril 2022, et il est possible que le dénouement
pour le moins sombre ait été inspiré de l’atmosphère
délétère qui régnait à Shanghai à ce moment-là…
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Cinq lacs, quatre mers, 2022 |
Principale
œuvres
(les
traductions des titres sont données à titre indicatif) :
1981
《雨,沙沙沙》
Le
chuchotis de la pluie
1982
《黑黑白白》
Noir et blanc - Nouvelle pour enfants (儿童文学作品集)
1983
《流逝》
La fuite du
temps
《尾声》
Epilogue
1985
《小鲍庄》
Le petit
bourg des Bao
《母女漫游美利坚》
Le voyage en Amérique d’une mère
et sa fille(散文集,
与茹志鹃合著)
1986
《六九屆初中生》
Au
collège en 1969
《黄河故道人》
L’homme de
l’ancien cours du fleuve Jaune
1987/88《荒山之恋》
Amour sur une colline dénudée
《小城之恋》
Amour dans une petite ville
《锦绣谷之恋》
Amour dans une vallée enchantée
1988
《逐鹿中街》 Chasser
le cerf au milieu de la rue
《蒲公英》
(散文集)
1989
《岗上的世纪》
Le siècle sur la crête
《海上繁华梦》 Rêve
agité de Shanghai
1990
《米尼》
Minnie
《旅德的故事》
长篇游记
Notes de
voyages
1991
《神圣祭坛》 L’autel
sacré
1995
《长恨歌》
Le chant des regrets éternels
2001
《富萍》
Fuping
《妹头》
Meitou
2001
《弟兄们》
Frères
《剃度》
La tonsure
《寻找上海》
A la recherche de Shanghai
2003
《阁楼》
La
mansarde
2004
《桃之夭夭》
La Coquette de Shanghai
2005
《遍地枭雄》
Partout
de féroces ambitieux
2008
《启蒙时代》
L’âge des Lumières
2011
《天香》
Senteurs célestes
2012/2013
Quatre recueils de textes « non fictionnels » :
《空间在时间里流淌》
L’espace au fil du temps
《男人和女人,女人和城市》
Hommes et femmes, femmes et villes
《波特哈根海岸》
Le bord de mer à Steinhagen
《今夜星光灿烂》
Ce soir les étoiles brillent
2013
《众声喧哗》
Cacophonie ambiante (recueil de nouvelles)
2015
《匿名》
Incognito
2017
《红豆生南国》
Haricot rouge né dans le sud
2018
《考工记》
Kao Gong ji
2020
《一把刀,千个字》
Un couteau, mille caractères
2022
《五湖四海》
Cinq lacs, quatre mers
Traduction
en anglais
Fu
Ping
《富萍》tr.
Howard
Goldblatt,
Columbia University Press, 2019, 296 p.
Traductions
en français :
Aux éditions
Bleu de Chine :
Amère jeunesse,
traduit par Eric Jacquemin, janvier 2004.
Aux éditions
Philippe Picquier
Les lumières de
Hong Kong, traduit par Denis Bénéjam, 2001.
Le chant des
regrets éternels
《长恨歌》,
traduit par Yvonne André et Stéphane Lévêque, février 2006.
Amour dans une
petite ville
《小城之恋》,
traduit par Yvonne André, août 2007.
Amour dans une
vallée enchantée
《锦绣谷之恋》,
traduit par Yvonne André, octobre 2008
Amour sur une
montagne dénudée
《荒山之恋》,
traduit par Stéphane Lévêque, mai 2008
A la recherche
de Shanghai
《寻找上海》,
traduit par Yvonne André, février 2011
Le plus clair
de la lune
《月色撩人》,
traduit par Yvonne André, janvier 2013
La Coquette de Shanghai
《桃之夭夭》
traduit par Brigitte Guibaud, mai 2017.
Histoire de mon
oncle (《叔叔的故事》),
traduit par Yvonne André, novembre 2020.
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