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Zhang Xinxin 张辛欣

Présentation

par Brigitte Duzan, 15 octobre 2011, actualisé 25 juillet 2018

 

Zhang Xinxin (张辛欣) est un écrivain majeur des années 1980 en Chine, mais son parcours ne s’achève pas à l’automne 1988, date de son départ pour les Etats-Unis, où s’arrêtent nombre de ses biographies.

 

Elle a au contraire retrouvé un nouveau souffle après s’être installée là, sans être absorbée par la culture américaine au point de finir par écrire en anglais comme beaucoup d’écrivains chinois de la diaspora. Elle mène une existence de pérégrination entre son pays d’adoption et son pays natal, et une réflexion à cheval sur deux cultures, continuant cependant à écrire en chinois et à publier à Pékin.

 

Zhang Xinxin est un écrivain à redécouvrir, au-delà de ses nouvelles des années 1980 et même, au-delà de l’écrivain,

 

Zhang Xinxin (张辛欣) en 2015

il reste à découvrir une artiste aux multiples autres facettes : scénariste, réalisatrice, photographe et graphiste.

 

Adolescence par monts et par vaux

 

Zhang Xinxin est née à Nankin en 1953, l’année de la mort de Staline, dans une famille de militaires originaire du Shandong. Mais son père était écrivain.

 

Ses parents déménagent à Pékin quand elle est encore toute petite. C’est donc là qu’elle va à l’école, qu’elle déteste au point de vouloir se suicider pour y échapper. Elle termine cahin caha le lycée en 1969, on est en pleine Révolution culturelle : elle a dix-sept ans, devient Garde rouge, sans bien comprendre la portée des exactions auxquelles elle participe [1].

 

Elle part ensuite avec d’autres ‘jeunes instruits’ dans le Heilongjiang, comme travailleur agricole dans une ferme de l’armée, ce qu’on appelait les « troupes de production et de construction » (生产建设兵团), et plus précisément dans son cas les ‘troupes des grandes friches du Nord’ (北大荒兵团).

 

Peu de temps plus tard, elle entre dans l’armée grâce à son père, et est envoyée en poste dans le Hunan. Atteinte d’une grave maladie rénale, elle est hospitalisée, et, par les hasards d’une bureaucratie hospitalière aussi chaotique que le reste de la Chine, se retrouve infirmière, affectée à une équipe médicale envoyée dans les forêts tropicales du Xishuangbanna, préfecture autonome dai à l’extrême sud du Yunnan (西双版纳傣族自治州), aux confins de ce qui était encore la Birmanie.

 

Elle participe ainsi aux activités des "médecins aux pieds nus" en tant qu’infirmière sans plus de formation. C’est là qu’elle rencontre le peintre qui deviendra son mari, et la rejoindra à Pékin à la fin de la Révolution culturelle. Elle, cependant, quitte l’armée dès 1971 pour devenir infirmière dans un hôpital de Pékin où elle reste pendant cinq ans. Elle obtient un poste à plein temps à la Ligue de la Jeunesse communiste qu’elle ne quitte qu’à la fin de la Révolution culturelle, quand le pays commence à sortir du chaos après la chute de la Bande des Quatre.

 

1979-1985 : Etudes de mise en scène et premières nouvelles

 

En 1979, quand les universités sont réouvertes, elle reprend ses études et entre à l’Institut central d’Art dramatique pour étudier la mise en scène. Elle en sort en 1984.

 

Ce début des années 1980 est marqué, au théâtre, par des mises en scène de pièces occidentales, marquant une recherche de renouveau stylistique après la Révolution culturelle et, avant elle, l’influence prédominante de Stanislavski. L’une des pièces les plus marquantes de la période est le « Peer Gynt » d’Ibsen mis en scène par Xu Xiaozhong (徐晓钟) à l’Institut central d’Art dramatique, avec Zhang Xinxin dans le rôle de la Dame en vert [2].

 

Ces années sont aussi pour elle une période de crise dans sa vie familiale, qui se termine par un divorce. Toutes ses expériences accumulées, dans le domaine personnel comme sur le plan de l’observation sociale, sont autant de sources d’inspiration et de thèmes que l’on retrouve dans son œuvre, dès sa première nouvelle.

 

Premières nouvelles

 

C’est pendant sa deuxième année à l’Institut d’Art dramatique, en 1981, qu’elle commence à écrire ; la nouvelle, intitulée « Sur la même ligne d’horizon » (《在同一地平线上》), est publiée à Shanghai, dans la revue littéraire Shouhuo (moisson) (收获).

 

C’est une histoire simple qui dépeint son environnement, et reflète un pan de sa vie personnelle : une jeune femme, juste mariée, suit des cours à l’Institut du cinéma car elle veut devenir cinéaste ; son mari est peintre, et aspire à être reconnu. Leurs ambitions réciproques alimentent des dissensions constantes qui les amènent à divorcer, ce qui ne les empêche pas de continuer à se faire des reproches tout en regrettant de s’être séparés. Le ton est touchant par sa candeur réaliste.

 

Sur la même ligne d’horizon

 

L’année suivante, en 1982, Zhang Xinxin publie une seconde nouvelle, toujours dans Shouhuo : « Les rêves de notre génération » (《我们这个年纪的梦》), où les souvenirs, évoqués par une jeune correctrice, de son adolescence à la campagne pendant la Révolution culturelle, forment un contraste critique, lyrique et émotionnel, avec la réalité urbaine à laquelle elle est maintenant confrontée.

 

The Collected Short Stories of Zhang Xinxin (édition 1985)

 

En 1983, c’est toujours à Shanghai, mais dans le mensuel Wenhui (文汇月刊), que paraît sa troisième nouvelle : « Une folie d’orchidée » (《疯狂的君子兰》), un court roman très original qui marque un tournant iconoclaste dans son inspiration et son style.

 

Il commence comme un roman policier par le meurtre d’un vieil homme qui possédait une orchidée rare que deux voleurs ont tenté de s’approprier. Mais l’enquête que l’on attendait tourne court, car, au bout de cinq pages, un troisième larron les dénonce. Le roman devient alors un pamphlet sarcastique plein d’humour, de poésie, de rêve, qui montre les turpitudes et les contradictions du capitalisme chinois à travers les passions que peut susciter une orchidée rare chez des villageois qui rêvent de s’enrichir en spéculant sur ses feuilles. La nouvelle est basée sur des faits réels, une véritable « fièvre de l’orchidée » au début des années 1980.

 

Mais la nouvelle suscite une vive controverse dans le contexte politique de l’époque. Ces années 1980 furent en effet une période plus difficile qu’il n’y paraît généralement pour les écrivains et artistes chinois, marquée par une succession de phases de ‘réchauffement’ et de ‘refroidissement’. Comme beaucoup d’autres, Zhang Xinxin a tenté de tirer profit au maximum de la relaxation des contrôles au début de la période, pour pousser aussi loin que possible ses expériences formelles et sa liberté de ton. Mais l’ouverture initiale fut de courte durée.

 

Pendant la campagne "contre la pollution spirituelle" en 1983, Zhang Xinxin est la cible d’attaques répétées contre le caractère avant-gardiste, non-conformiste et "négatif" de ses écrits. Le tenant de la ligne officielle la plus conservatrice et principal opposant aux réformes, Hu Qiaomu (胡喬木), l’invite même alors à une "discussion" [3]

 

Hu Qiaomu (胡喬木)

 

Les attaques dont elle est l’objet l’obligent à adopter une forme d’écriture moins provocante.

 

Histoire orale

 

En 1984, en collaboration avec un journaliste, Sang Ye (桑晔), elle part à la recherche des témoignages de gens de tous horizons et toutes professions afin d’en dresser des portraits qui, mis bout à bout, puissent former une image, ou plutôt une « histoire orale » (口述历史) de la Chine de l’époque.  

 

Working

 

L’idée initiale est inspirée de « Working », livre de l’Américain Studs Terkel qui consiste en une série d’interviews, concernant leur travail, réalisés auprès d’Américains de toutes conditions sociales. Sous-titré « People Talk About What They Do All Day and How They Feel About What They Do », le livre a été publié en 1974, traduit en chinois et largement diffusé en Chine. De la même manière, Zhang Xinxin et Sang Ye ont procédé à une centaine d’interviews portant sur des sujets aussi divers que le travail, la famille, les enfants, les problèmes financiers, les rêves de chacun. Studs Terkel a préfacé la traduction des deux tiers du livre, parue aux Etats-Unis en 1987.

 

De « Working », le Boston Globe a dit : « To read it is to hear America talking. » C’est la même chose pour le livre de Zhang Xinxin et Sang Ye. On est étonné de voir à quel point ils sont arrivés à glaner des confessions sur des

sujets intimes que les Chinois n’abordent pas facilement, et encore plus étonné de constater que ce sont les problèmes d’argent, le confort matériel, le statut et le prestige dans la société qui constituent le souci majeur de la plupart des gens interrogés. On entend la Chine s’exprimer dans ce livre, comme jamais. 

 

Ces portraits, de la plume de Zhang Xinxin, commencent à être publiés au début de 1985 dans cinq revues différentes. Les cent textes sont ensuite publiés ensemble sous le titre ‘les Pékinois, cent autoportraits de Chinois’ (《北京人---一百个中国人的自述), traduit en français « L’homme de Pékin ». C’est un tel succès que le livre déchaîne une "fièvre de littérature de reportage" (纪实文学热). Dans le climat de tension politique et de contrôle accru sur les écrivains, c’était un genre prisé car il ne risquait pas de poser trop de problèmes à ses auteurs.

 

1985-1988 : Scénariste, metteur en scène et écrivain en vue

 

Cette même année 1985, Zhang Xinxin devient le metteur en scène attitré du Théâtre des Arts populaires de Pékin (北京人民艺术剧院). Elle monte une pièce dont elle a

 

L’homme de Pékin

elle-même écrit le texte : « Nous, Vous » (《我们、你们》), sous-titré « L’écrivain et son temps » (作家与时代).   

 

Mais cela ne l’empêche pas de continuer à écrire nouvelles et essais. En 1986, elle publie ce qu’elle appelle un « non roman » (非小说) qui tient aussi de la littérature de reportage désormais à la mode : ‘Sur la route’ (《在路上》), traduit en français « Le long du Grand Canal » car il décrit en effet le périple à vélo d’une jeune femme qui en suit le parcours, en diverses étapes qui lui font parcourir en même temps l’histoire de la Chine.

 

Le courrier des bandits

 

En 1986 encore paraît, à Pékin cette fois (et à Hong Kong l’année suivante), une autre de ses nouvelles, toujours dans le genre fiction subversive, ou subversion de la fiction : Feng, Pian, Lian ou « Le courrier des bandits » (《封、片、连》). Les timbres ont remplacé ici les orchidées comme valeur spéculative, et une frénésie philatéliste s’est emparée de Pékin… On est loin de l’amour des timbres comme vecteurs de culture du célèbre film de Sang Hu (桑弧) « Les timbres messagers de l’amour » (《邮缘》) qui date pourtant de la même époque (1984) [4]. On peut saluer le ton incisif et très personnel de Zhang Xinxin.

 

Elle l’a par la suite elle-même adaptée, sous le titre « L’affaire mystérieuse du timbre rare » (《珍邮迷案》), en une série télévisée en vingt épisodes, série qu’elle a elle-même mise en scène et tournée, en l’espace de deux mois [5].

 

Au début de l’automne 1988, elle publie encore une nouvelle, « Le partage des rôles » (《这次你演哪一半》), dans laquelle elle revient sur les problèmes de la place de la femme dans la société moderne, et sur ses propres questionnements à travers trois personnages féminins : la narratrice, qui est aussi écrivain, une jeune maman et sa fille, recréent ensemble une fragile cellule familiale pour compenser le foyer qu’elles n’ont pas. Au-delà des problèmes de la création littéraire, ce sont les incertitudes et contradictions propres aux femmes de sa génération qu’elle évoque ici.

 

Mais l’atmosphère, qui s’était quelque peu détendue après 1984, s’était à nouveau peu à peu tendue après la chute de Hu Yaobang en janvier 1987. Avant même la confrontation dramatique de 1989, Zhang Xinxin préféra finalement partir aux Etats-Unis.

 

Nouveau départ aux Etats-Unis

 

En octobre 1988, elle s’envole pour New York et l’université Cornell, avec un séjour complémentaire à l’université de Géorgie. Commence alors une nouvelle existence un peu nomade, faite d’allers retours entre les Etats-Unis, Pékin, Hong Kong et Taipei.

 

Un jour de Thanksgiving, elle rencontre par hasard un avocat américain qui partage sa passion du cinéma. Elle l’épouse, et s’installe avec lui à Atlanta. Ils courent les cinémas le week-end et il devient son principal interlocuteur en matière littéraire, une sorte d’alter ego qui lui renvoie une image diffractée d’elle-même, de sa pensée et de ses souvenirs.

 

Diversification et découverte d’internet

 

Son existence est toujours consacrée à l’écriture, mais dans des genres beaucoup plus diversifiés : en l’espace d’une dizaine d’années, Zhang Xinxin élargit peu à peu ses sphères d’intérêt, devient journaliste, critique littéraire, et même économique, pour la presse et la télévision [6], mais elle revient régulièrement à ses nouvelles, pour adapter certaines d’entre elles pour la télévision chinoise.

 

Avec le nouveau millénaire, elle franchit un nouveau pas, avec toujours la même ouverture d’esprit. De retour à Pékin, elle s’engage dans l’aventure du net, en acceptant la charge de la supervision littéraire et artistique de la librairie en ligne Bookuu.com (博库网). En même temps, elle trouve sur le web l’espace de liberté dont elle avait besoin pour s’exprimer.

 

Elle lance sur le site une rubrique qu’elle intitule Dubu dongxi, soit « Promeneur solitaire entre Orient et Occident » (《独步东西》), où j’aime voir comme une référence à Rousseau. Mais c’est un promeneur relié au monde par le net.  En mai 2005, elle publie ensuite ces conversations et réflexions sous le même titre, mais en deux volumes : l’un sous-titré « internet comme scène pour une Chinoise metteur en scène » (《独步东西——一个中国导演的网上舞台》), l’autre « écrits sur internet d’une écrivaine résidant aux Etats-Unis » (《独步东西——一个旅美作家的网上写作》).

 

Promeneur solitaire entre Orient et Occident

 

La Voix de l’Amérique et moi

 

Elle voit en effet internet comme une immense scène virtuelle où pouvoir développer son imaginaire. Internet apporterait la possibilité d’une véritable Renaissance littéraire, après un choc culturel. Personne, selon elle, ne peut plus faire l’impasse sur ce moyen d’expression. C’est d’ailleurs pour elle une période d’intense activité.

 

Au début des années 2000, elle publie quelques autres recueils d’essais, dont « La Voix de l’Amérique et moi » (《我知道的美国之音》) en 2000 et des réflexions sur Hollywood en 2003 : « Leçons de Hollywood »  (《我的好莱坞大学》). Ses publications s’espacent ensuite, non qu’elle ait levé le pied, mais parce qu’elle était en train de préparer ce qui est à la fois la somme de vingt années de réflexion et un chef d’œuvre : son autobiographie.

 

Autobiographie originale             

 

Le livre est paru en deux gros volumes, en décembre 2010 et janvier 2011, aux éditions Shiyue wenyi, à Pékin (北京十月文艺出版社). Il est intitulé tout simplement « Moi » (《我》), et sous-titré « Me », en anglais. Mais, sous la simplicité narcissiste et la provocation apparentes, se cache une signification plus profonde : il reflète l’émergence de l’individu de la gangue collective dans la Chine de l’après Mao.

 

C’est une autobiographie qui n’est cependant pas une voix unique, mais plutôt un dialogue, un échange avec ce Steve devenu son mari et interlocuteur, une lecture en miroir des années écoulées. Les dialogues avec son mari sont insérés dans le cours du livre, et viennent apporter, avec une comparaison entre deux parcours totalement différents, une mise en abyme de sa propre existence, suscitant réflexion et questionnements.

 

Moi (Book 1)

 

Le livre débute par une discussion sur la vie et la mort alors qu’elle se réveille sur un lit d’hôpital, après un grave accident de la route ayant nécessité une opération : le ton est donné tout de suite, les souvenirs émergeant par la suite comme des flashes back au cinéma. La couverture évoque une mémoire en miettes, un patchwork de souvenirs qu’il faut rassembler et auxquels il s’agit de donner sens. On dit que c’est le dernier livre qu’aurait lu Shi Tiesheng (史铁生) avant de mourir : il était certainement le mieux à même d’en apprécier la réflexion ; Zhang Xinxin a dit qu’elle sentait son esprit planer sur le livre.

 

Moi (Book 2)

 

C’est une œuvre originale que la construction rapproche du roman plus que du simple récit autobiographique. Il est d’ailleurs annoncé comme « roman autobiographique » (自传体小说”), une autobiographie qui utilise un mode narratif propre au roman, ce qui pose évidemment l’intéressant problème de la relation de la réalité à la fiction.

 

Certains critiques chinois y ont vu un phénomène précurseur d’un nouveau genre littéraire en Chine. Comme le remarquait Perry Link dans l’ouvrage déjà cité (3), on n’a en effet toujours pas eu en Chine l’équivalent de la littérature apparue dix à vingt ans après la fin de la guerre en Allemagne et au Japon, une littérature qui posait la réflexion sur la guerre en termes philosophiques et humanistes, et non seulement sociopolitiques, et sans éviter les questions de responsabilités.

 

Au contact de l’Amérique, Zhang Xinxin a peut-être ouvert dans la littérature chinoise une voie encore inédite de dialogue entre le présent et le passé, mais aussi de dialogue avec elle-même.

 

Roman Graphique

 

Elle s’est ensuite orientée vers le graphisme, un autre de ses talents et, en novembre 2013, a publié, en anglais et en chinois, un roman graphique qui s’inscrit dans la tradition du manhua (漫画) : « Pai Huazi and the Clever Girl » (《拍花子和俏女孩》).

 

Pai Huazi (拍花子) est un méchant fantôme qui enlève les enfants et les emmène très loin. Alors qu’elle l’a cherché pendant toute son enfance, en espérant qu’il lui fera rater l’école, elle finit par le trouver quand elle a seize ans, et il l’entraîne dans une campagne éloignée (c’est le début de la Révolution culturelle…).

 

Pai Hua Zi and the Clever Girl

 

Présentation vidéo par l’auteur

 

Une nouvelle

 

En décembre 2015, elle a publié une nouvelle ‘moyenne’ dans la revue Littérature de Shanghai : « IT84 », conçue en référence au roman de George Orwell « 1984 ».

http://swwx.qikan.com/MagInfo.aspx?issn=1001-8026&year=2015&periodNum=12

 

Réflexions sur l’écriture et la traduction

 

Zhang Xinxin à Paris, le 18 juillet, avec Brigitte Duzan

et Emmanuelle Péchenart (photo Helen Wang)

 

En décembre 2017, Zhang Xinxin a perdu son mari, brutalement décédé d’une crise cardiaque. Restée seule dans un environnement anglophone où elle continue à écrire en chinois, elle se sentit soudain « réfugiée linguistique » (语言的难民).

 

Invitée avec sa traductrice Helen Wang pour le lancement du tout nouveau Leeds Centre of New Chinese Writing [7], en juillet 2018, elle a développé à cette occasion une réflexion personnelle sur l’écriture et la traduction dont elle a fait le thème de l’allocution, écrite en

chinois et traduite en anglais par Helen Wang, qu’elle a prononcée, en anglais, lors de la séance inaugurale du centre, le 16 juillet [8]

 

De passage à Paris ensuite, nous avons poursuivi la discussion sur ces thèmes, à laquelle s’est jointe sa traductrice française Emmanuelle Péchenart, traductrice entre autres, depuis une dizaine d’années, du roman graphique Paihuazi qui n’a toujours pas été publié.

 

La veille de son départ, la visite de l’exposition du musée Guimet « Le monde vu d’Asie – au fil des cartes » a été une nouvelle occasion, entre autres, de revisiter le passé : une ancienne carte de Pékin lui permettant de revoir les coins et recoins du Pékin de son enfance, et celle sur le Grand Canal les mille et une péripéties de son périple à vélo le long de ce canal, qu’elle raconte dans « Le long du Grand Canal » (《在路上》).

 

Le dialogue continue…

 

Zhang Xinxin à Paris, le 18 juillet, avec Brigitte Duzan (photo Helen Wang)

 


 

Traductions en français :

 

- L’homme de Beijing (《北京人》), Panda 1987

 

Chez Actes Sud :

- Le partage des rôles (《这次你演哪一半》) – traduit par Emmanuelle Péchenart, 1994

- Une folie d’orchidée (《疯狂的君子兰》)-  traduit par Cheng Yingxiang, 1993, réédité en poche 2004

- Au long du Grand Canal (《在路上》) – traduit par Anne Rodon, 1992, réédité en coll. 10/18 1995
- L'homme de Pékin (
《北京人》) - traduit par un groupe de traducteurs sous la direction de Bernadette Rouis, 1992
- Le courrier des bandits (
《封//连》) - traduit par Emmanuelle Péchenart et Robin Setton, 1989

- Sur la même ligne d'horizon (《在同一地平线上》) – traduit par Emmanuelle Péchenart, 1987

 


 

Scénariste pour le cinéma :

 

Outre son travail de scénariste pour la télévision, Zhang Xinxin a été coscénariste pour le cinéma, pour le réalisateur Teng Wenji (滕文骥).

 

Il s’agit du scénario de son film de 1988 « Le roi des échecs » (《棋王》), adapté de la nouvelle éponyme d’A Cheng (阿城), première de la trilogie des ‘rois’ qui, publiée en 1984, marqua le début du mouvement de « recherche des racines ». A Cheng participa aussi à la rédaction du scénario,

 

Le roi des échecs

mais le film, contrairement au livre, n’eut pas beaucoup de succès.

 

Voir l’analyse comparée du film et de la nouvelle.

 


 

A lire en complément

 

Sa page weibo : http://m.weibo.cn/u/1961813155

 

Son « autoportrait » 《自画像》, écrit en introduction à son autobiographie « Moi » 《我》, traduit en anglais par Helen Wang (Read Paper Republic n° 45) :

Self-Portrait : https://paper-republic.org/pubs/read/self-portrait/

 

La nouvelle « Recettes pour Dragons » 龙的食谱

Traduction anglaise par Helen Wang : « Dragonworld », à lire dans Read Paper Republic :

https://paper-republic.org/pubs/read/dragonworld/

C’est une nouvelle initialement publiée en 2011 dans la revue Littérature de Shanghai, également intitulée « Chronique de dragons » (《龙纪》).

 

« IT84 » : Zhang Xinxin et la science-fiction comme autobiographie

 


 

A écouter en complément

 

« Recettes pour Dragons » 龙的食谱 : texte original chinois dit par l’auteur :

 

 

 

 


[1] Selon son autobiographie. Merci à Emmanuelle Péchenart pour ces détails.

[2] Ibsen a été un dramaturge très prisé en Chine tout au long du 20ème siècle, mais c’est la seule mise en scène de Peer Gynt répertoriée. Voir : http://www.ibseninchina.com.cn/ChinesePerformance.htm

Sur le succès de la pièce, voir ‘The Literature of China in the 20th century’, de Bonnie S. McDougall/Kam Louie, Columbia University Press, 1997, p. 352.

[3] Voir « The Uses of Literature, Life in the Socialist Chinese Literary System », de Perry Link, Princeton University Press 2000, p. 75.

[4] « Les timbres messagers de l’amour » est un film plein d’humour qui se passe dans le Pékin du début des années 1980. Le personnage principal est un jeune garçon qui, n’étant pas beaucoup allé à l’école, Révolution culturelle oblige, est devenu un cancre fini. La rencontre d’une jeune postière, philatéliste dans l’âme, lui fait découvrir la culture chinoise à travers les timbres. Quant à sa sœur, dont le fiancé est resté dans une ferme éloignée où il avait été envoyé pendant la Révolution culturelle, elle transforme les timbres un langage codé, avec des conséquences imprévues… L’atmosphère est aux antipodes de celle de la nouvelle de Zhang Xinxin.

Sur Sang Hu, voir http://www.chinesemovies.com.fr/cineastes_Sang_Hu.htm

[5] Premier épisode (en chinois) : http://tv.sohu.com/20090220/n262367459.shtml

(épisodes suivants en dessous, sur la même page)

[6] Voir son interview de février 2003, publiée sur sina :

http://ent.sina.com.cn/s/m/2003-02-26/1238134479.html

[7] Présentation du nouveau Centre : https://writingchinese.leeds.ac.uk/

Zhang Xinxin était l’auteur du mois (juillet 2018) : https://writingchinese.leeds.ac.uk/book-club/

july-2018-zhang-xinxin-%E5%BC%A0%E8%BE%9B%E6%AC%A3/

 

 

     

 

 

   

 

 

 

     

 

 

 

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