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				Chinese Arts & Letters : excellente revue de littérature 
				chinoise éditée à Nankin en anglais  
				par 
				Brigitte Duzan, 9 août 2016   
					
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						Chinese Arts & Letters (CAL), en est à sa troisième 
						année - et à son cinquième numéro - et s’affirme comme 
						une revue décidément impeccable pour quiconque 
						s’intéresse de près ou de loin à la littérature 
						chinoise. 
						
						  
						
						
						Philosophie et pratique 
						
						  
						
						
						Editée par l’Ecole des langues et cultures étrangères de 
						l’Université normale de Nankin, elle a vu le jour sous 
						les auspices conjugués des principaux acteurs en matière 
						littéraire et artistique de la province du Jiangsu
						
						
						
						, 
						avec pour objectif de promouvoir la littérature et des 
						arts chinois auprès du lectorat occidental, dans un 
						esprit humaniste d’échange, d’innovation et de 
						recherche.    
						
						La meilleure image de cet esprit d’ouverture sur le 
						monde a été le choix de lancer la revue à la Foire du 
						livre de  |  | 
						
						 
						Chinese Arts & Letters, 1er numéro |  
						
						Londres,
				le 8 avril 2014. Pour l’instant bisannuelle, elle devrait 
				devenir trimestrielle dans un avenir plus ou moins lointain.  
				
				  
					
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						Chinese Arts & Letters, 5ème numéro |  | 
						
						
						Telle qu’elle se présente aujourd’hui, sur la base des 
						cinq numéros déjà publiés, la revue traduit une volonté 
						de faire connaître les meilleures œuvres de la 
						littérature chinoise contemporaine et leurs auteurs
						
						
						
						, 
						en donnant des traductions en anglais de plusieurs de 
						leurs nouvelles, mais aussi des traductions d’interviews 
						et articles critiques par des grands noms de la critique 
						littéraire chinoise. Cette approche permet de dépasser 
						le cercle habituel des critiques et sinologues 
						occidentaux, et d’offrir une vision différente des 
						œuvres présentées, une vision de l’intérieur. 
						
						  
						
						Chaque numéro est dédié à la présentation d’un écrivain, 
						et offre en complément des traductions de textes 
						d’autres auteurs, ainsi que des articles d’analyse et de 
						réflexion sur divers sujets. Par ailleurs, comme le 
						faisait en son temps la revue "Littérature chinoise" de 
						Yang Xianyi, dans le même esprit d’ouverture sur une 
						culture où l’écrit et la peinture  |  
						
						ont
				longtemps procédé du même trait de pinceau, chaque numéro de CAL 
				comporte un volet dédié à la présentation d’une œuvre 
				artistique.Il faut souligner la qualité des articles, mais aussi 
				des traductions.    
				
				
				Année 3, numéro 1 : Su Tong, Chen Cun et alia…   
					
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						Le cinquième numéro de la revue, paru en mai 2016 (Vol. 
						3 n° 1), 
						est consacré à 
						
						Su Tong (苏童), 
						avec d’une part la traduction, 
						par Josh Stenberg, de deux nouvelles initialement 
						publiées en 2004 dans la revue Littérature de Shanghai (上海文学) - 
						« The Private Banquet » (《私宴》) 
						et « Cousins » (《堂兄弟》) 
						- et d’autre part une analyse et un entretien, par Zhang 
						Xuexin (张学昕).   
						
						Particulièrement intéressant est l’entretien : un 
						dialogue sur les nouvelles de Su Tong, qui méritent 
						aujourd’hui d’être mises en valeur car toute l’attention 
						est généralement portée sur ses romans ; or Zhang 
						Xuexin est un spécialiste de la nouvelle courte, dont il 
						prépare une histoire qui devait commencer au début des 
						années 1950, et son regard est d’autant plus perçant. 
						
						  
						
						Ces traductions et articles font suite à ceux du premier 
						numéro de la revue, dont l’auteur présenté était 
						 |  | 
						
						 
						Le rédacteur en chef Yang Haocheng |  
				
				Bi 
				Feiyu (毕飞宇), 
				mais avec une large part consacrée à Su Tong ; ce premier numéro 
				comportait la traduction de deux autres de ses nouvelles les 
				plus connues des années 2000, toutes deux publiées dans un 
				recueil en 2011, « The Foundling » (ou « Chronique du bébé 
				trouvé » (《拾婴记》)
				et « Rising Dragon 
				Temple » (《上龙寺》).
				
				
				  
				
				  
					
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						Zhang Xuexin |  | 
						
						Ce cinquième numéro fait aussi la part belle à deux 
						auteurs représentatifs d’une écriture très personnelle, 
						une littérature que l’on peut dire « d’avant-garde », 
						mais plus spécifiquement teintée des couleurs du Sud:
						
						
						Chen Cun (陈村) 
						et 
						
						Jing Ge (荊歌). 
						Ce sont des auteurs dont on a peu l’occasion de lire des 
						traductions, le second surtout ; c’est donc une 
						aubainede découvrir en traduction anglaise la nouvelle 
						« Magpies » (《喜鹊》), 
						qui a été publiée en chinois dans un recueil de décembre 
						2014, « L’encens comme dans le temps » (《香如故》). 
						
						  
						
						Il y a là une parfaite continuité avec l’œuvre autant de 
						Su Tong que de Bi Feiyu ; le choix éditorial est 
						particulièrement judicieux. Mais c’est aussi un choix 
						personnel, que l’on retrouve dans celui du poète de ce 
						numéro : Yu Jian (于坚) 
						(p. 165). Affinité toujours  |  
				
				géoculturelle, Yu Jian est poète du
				Sud, poète en marge, contre l’hégémonie du centre,ou perçue 
				comme telle, mais en plus, ici, affinité générationnelle, 
				pourrait-on dire. Le « File 0 » (《0档案》) 
				dont ce numéro de CAL donne des extraits n’est plus à présenter 
				à des lecteurs français puisqu’il a été traduit dans leur langue
				
				
				
				, 
				mais les extraits sont ici donnés en version bilingue, ce qui 
				devrait être le cas de toute poésie publiée en traduction.
				
				
				  
				
				  
					
						| 
						
						C’est bien aussi le cas des quatre poèmes classiques de
						
						
						Lu Xun (魯迅), 
						donnés ici (p. 102) avec le facsimilé du manuscrit 
						original, de la main de Lu Xun, et dans la traduction du 
						professeur Jon Eugene von Kowallis. 
						On est dans la problématique de la traduction, et c’est 
						ce sujet qui est justement analysé dans l’article qui 
						précède (p. 65) : « Further thoughts on Yan Fu and his 
						Translations », par le professeur "Ted" Huters, 
						professeur du département des langues et cultures d’Asie 
						à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et, 
						depuis juillet 2010, rédacteur en chef de la revue 
						Renditions.  
						
						  
						
						C’est une formidable réflexion sur un aspect peu abordé 
						de la traduction, de l’anglais vers le chinois, et tout 
						particulièrement de l’importance qu’a eue la traduction 
						au début du 20ème siècle en Chine pour créer 
						le vocabulaire  |  | 
						
						 
						Theodore Huters |  
				
				nécessaire à l’importation et l’assimilation éventuelle de 
				notions philosophiques et de concepts scientifiques occidentaux 
				tellement étrangers à la culture chinoise que la langue n’avait 
				pas de termes pour les exprimer. Ce sont les traducteurs qui les 
				ont inventés. 
				
				  
				
				L’article du professeur Huters analyse, en les comparant, les 
				traductions d’un même texte– Evolution and Ethics, de Huxley - 
				publiées la même année 1903 et effectuées par le lettré de la 
				vieille école Yan Fu (严复) 
				et par son jeune collègue Ma Junwu (马君武). 
				L’un cherche dans la langue classique les racines lui permettant 
				de traduire au mieux, dans l’esprit de la langue, l’autre 
				emprunte des termes du japonais en synthétisant la pensée de 
				Huxley. 
				
				  
				
				On est là dans une problématique de traduction que l’on retrouve 
				sous des formes variées dans toute traduction de texte 
				littéraire. Et il est intéressant que CAL, en tant que « passeur 
				de textes », aborde la question, une question qui se pose de 
				manière particulièrement aiguë pour des auteurs, comme ceux 
				présentés par la revue, dont le style est un élément déterminant 
				de l’œuvre. C’est ce que remarquait Li Jingze (李敬泽) 
				dans le premier numéro de la revue 
				
				
				, 
				en parlant de Bi Feiyu, et en déplorant que toute traduction ne 
				parvienne à transmettre qu’une petite moitié de ce qu’il a 
				écrit…  
				
				  
					
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						Un album de Chen Danqing |  | 
						
						L’article conclusif de ce numéro, celui sur les albums 
						de peinture de Chen Danqing (陈丹青), 
						semble totalement déconnecté du reste. Pas tout à fait, 
						puisqu’il est question d’appropriation d’œuvres 
						étrangères, dans un « déplacement du temps et de 
						l’espace », ce qui est, après tout, une définition parmi 
						d’autres de la traduction…  |  
				
				  
				
				Ce numéro est d’une telle richesse qu’il faut bien les six mois 
				à venir jusqu’au prochain numéro pour en venir à bout… 
				 
				
				  
				
				  
				
				Le site de la revue : 
				
				
				http://english.jschina.com.cn/chineseartsletters/ 
				
				  
				
				Les trois premiers numéros sont numérisés, à feuilleter et 
				lire en ligne : 
				
				  
				
				Chinese Arts & Letters, 1er numéro (2014.1) – auteur 
				présenté : 
				Bi 
				Feiyu (毕飞宇)
				
				
				
				http://english.jschina.com.cn/chineseartsletters/vol1_2014/index.html 
				
				  
				
				Chinese Arts & Letters, 2ème numéro (2014.2) – auteur 
				présenté : 
				
				Huang Beijia (黄蓓佳) 
				
				
				
				http://english.jschina.com.cn/chineseartsletters/vol2_2014/index.html 
				
				  
				
				Chinese Arts & Letters, 3ème numéro (2015.1) - auteur 
				présenté : 
				Ye 
				Zhaoyan (叶兆言)
				
				
				
				http://english.jschina.com.cn/chineseartsletters/vol1_2015/index.html 
				
				  
				
				4ème numéro – 2015.2 – numérisation en cours - auteur 
				présenté :
				
				Fan Xiaoqing (范小青) 
				
				  
				
				  
					
 
						 
						 
						 
						 
						 Bi Feiyu’s Voice, by Li Jingze (李敬泽), trad. Jesse Field, pp. 49-53                 | 
                  
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