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Jia Pingwa
贾平凹
Présentation
par Brigitte Duzan, 20 juin 2013,
actualisé
16 janvier 2019
Ecrivain
prolixe, Jia Pingwa est cependant relativement peu
traduit, et les quelques traductions de ses œuvres – en
anglais comme en français – datent des années 1990.
Cette rareté
tient évidemment aux difficultés de traduction d’un
auteur ancré dans la ruralité de son Shaanxi natal, dont
il utilise volontiers les tournures et expressions
dialectales ; c’est sans doute aussi parce que Jia
Pingwa a été délaissé pour d’autres auteurs, plus
jeunes, et apparemment plus « modernes ». |
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Jia Pingwa (photo 李怀宇) |
Il est temps, pourtant,
de le redécouvrir, car il est l’un des meilleurs observateurs –
dans son style très personnel - de l’un des problèmes majeurs
auquel la Chine doit aujourd’hui faire face : l’urbanisation
accélérée, au détriment d’un tissu rural qui est la base de la
culture chinoise.
I. L’homme : un
paysan du Shaanxi
Le district de Danfeng, avec Dihua et
Shangzhou,
le long de la rivière Dan |
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Jia Pingwa (贾平凹)
est né en février 1952 dans le Shaanxi, dans la petite
agglomération de Dihua (棣花),
à l’est du district de Danfeng de la ville-préfecture de
Shangluo, (陕西省商洛市丹凤县),
au sud-est de Xi’an. Un peu plus loin à l’est, en
remontant la rivière Dan (丹江),
est Shangzhou (商洲) :
c’est dans ce périmètre qu’est située une bonne partie
de son œuvre.
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Au village pendant
la Révolution culturelle
C’est là qu’il
a passé toute son enfance, ne quittant sa campagne un
bref moment que pour aller visiter, non loin de là, avec
une bande de jeunes de son âge, la capitale provinciale,
Xi’an, en une sorte de voyage de découverte
émerveillée. C’était au début de la Révolution
culturelle. Il avait quatorze ans, était collégien, et
n’avait pas encore une conscience très nette de ce que
signifiait cette Révolution. Mais la réalité s’imposa
très vite. Les années chaotiques de la fin des années
1960 sont très bien documentées et racontées au début de
la biographie écrite par
Sun Jianxi (孙见喜)
(1).
Pendant l’été
1966, le père de Jia Pingwa, qui était enseignant,
commença à subir des sessions de critiques au Bureau de
l’éducation et, en 1967, Jia Pingwa fut forcé
d’interrompre
ses études pour commencer à travailler. Il était supposé
travailler dans les champs, mais il était tout
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Biographie par Sun Jianxi |
petit et frêle ; il
fut donc d’abord affecté à une équipe de femmes, puis à un poste
de coursier. Mais il était bien plus habile à manier la plume et
se gagnait quelques repas de temps à autres en écrivant des
lettres pour le compte des villageois ou en tenant leurs
comptes. Le soir, il lisait les livres qu’il arrivait à trouver,
faisait un peu de calligraphie et mémorisait des poèmes
classiques.
Scribe sur le
chantier de construction d’un barrage
Pendant l’été 1970, il
tenta de s’enrôler dans l’armée pour échapper à la campagne,
comme l’on fait tant d’autres de ses collègues à la même époque.
Mais il ne fut pas accepté, non pour des raisons politiques,
mais parce qu’il avait les pieds plats. Il s’engagea alors sur
le chantier de construction d’un immense réservoir qui démarra
cette année-là à côté du village ; il fut renvoyé chez lui,
épuisé, au bout de trois jours, mais réussit par la suite à
obtenir un poste de coursier qui allait lui changer la vie.
En effet, alors qu’il
avait un jour à porter un message à l’un des responsables
locaux, il arriva juste avant le début d’une réunion ; or le
calligraphe était malade et n’avait pas pu peindre les
inscriptions sur les bannières devant décorer la salle. Il prit
le pinceau et le fit lui-même. Les responsables du chantier
furent impressionnés par son talent : Jia Pingwa fut promu
rédacteur des affiches et tracts officiels, mais put également
lancer des émissions à la radio et une lettre d’information : il
l’intitula « Journal du front : nouvelles du chantier » (《工地战报》),
et en assuma toutes les fonctions, de rédacteur et reporter à
directeur artistique et responsable de la mise en page,
terminant même par la livraison.
Il écrivait des poèmes
qu’il signait Ping Wa et publiait dans sa feuille de
chou. Mais il regardait aussi avec envie les jeunes qui
réussissaient à partir du village. La vie de la famille n’était
pas facile : en 1970, son père fut jugé « contre-révolutionnaire
d’avant la Libération » et démis de ses fonctions, donc privé de
solde. Il tomba malade et ils durent emprunter pour payer les
médicaments.
1972 : vingt ans et
étudiant !
Je suis un paysan (autobiographie) |
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Finalement,
cependant, son travail sur le chantier lui
valut d’être
sélectionné pour entrer à l’université. En 1972, Jia
Pingwa partit en bus à Xi’an
étudier la
littérature chinoise à l’université du Nord-Ouest (西北大学).
Il en sortit diplômé en 1975 et entra alors à la
rédaction des Editions du peuple du Shaanxi (陕西人民出版社)
ainsi qu’à celle du mensuel littéraire Chang’an (《长安》).
Il était sorti d’affaire.
Mais ces vingt
premières années ont profondément marqué son orientation
littéraire, sa thématique et son style : comme celle de
son ami
Chen Zhongshi (陈忠实),
son œuvre est profondément ancrée dans la réalité de son
coin de terre du Shaanxi, comme leur aîné
Shen Congwen (沈从文) dans celle de son Hunan natal – la référence est constante, et la
lignée revendiquée. Il a dit lui-même dans son
autobiographie publiée en 1998 : « Je suis un paysan » (《我是农民》).
Il se sera battu toute sa vie pour redonner au terme ses
lettres de noblesse. |
Paysan peut-être, mais
homme de lettres raffiné, calligraphe et collectionneur
d’antiquités, qui continue à écrire à la main, comme les grands
maîtres d’antan dont son style s’inspire.
II. L’œuvre : ancrée
dans la ruralité du Shaanxi
C’est en 1973, alors
qu’il était étudiant à l’université du Nord-Ouest, qu’il publie
sa première nouvelle dans un journal local, « L’art pour les
masses » (《群众艺术》)
: elle s’intitulait « Une paire de chaussettes » (《一双袜子》),
et il l’avait
écrite avec un camarade. D’après son biographe Sun Jianxi, il
aurait écrit une vingtaine de récits pendant ses années
d’université.
A partir de là, ses
récits passent de la forme courte, privilégiée pendant toutes
les années 1980, à des récits de plus en plus longs, à partir
surtout de 1988.
A. Les nouvelles
Premières nouvelles
Son œuvre
prend forme véritablement à sa sortie de l’université,
et ses premières nouvelles intéressantes datent de
1977 : de cette année date un premier recueil « L’enfant
soldat » (《兵娃》)
qui regroupe six histoires pour enfants,
et de 1978 un second, « Chroniques de deux sœurs » (《姐妹本纪》).Le
critique Wang Yiyan a fait remarquer que les personnages
des nouvelles, puis des romans de Jia Pingwa mûrissent
et vieillissent avec lui (2). Il est caractéristique que
ces premiers récits sont des histoires d’enfants. |
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Faisant visiter sa collection
d’antiquités |
1978 marque un premier
succès : sa nouvelle « Pleine lune » (《满月》)
(3) obtient le premier Prix national de la meilleure nouvelle (1978年全国优秀短篇小说奖).
Elle est publiée en 1980 dans la revue « Littérature
de Shanghai » (上海文学).
Jia
Pingwa commence dès cette époque à ajouter des préfaces et
postfaces à ses récits, pour en indiquer la genèse et en
préciser les conditions d’écriture. Ce sont de précieux
documents.
Calligraphe |
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En 1980 et 1981
sont publiés deux recueils de récits écrits au cours des
années antérieures : en 1980 le recueil « Notes des
montagnes » (《山地笔记》)
regroupe trente-sept récits sur les thèmes de la
jeunesse et de l’amour, thèmes assez inhabituels chez
les écrivains chinois en cette période clef de la
littérature des cicatrices ; il est suivi, en 1981, des
« Nouvelles histoires de Jia Pingwa » (《贾平凹小说新作集》)
qui comportent en particulier une nouvelle sur le
tremblement de terre de Tangshan – « Tremblement de
terre : un conte de 1976 » (《地震:
1976年的一个故事》).
Les années
suivantes sont marquées par la publication d’une série
d’autres nouvelles qui sont toutes marquées par le sens
très fort de la terre et de la nature, mais les récits
sont tirés de la vie quotidienne de l’auteur, ils sont
naturels et sans emphase. En même temps, Jia Pingwa
commence à sortir
de l’anonymat.
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Le tournant de 1982
En 1982, l’Association
des écrivains organise un atelier à Xi’an pour les écrivains de
la région. Jia Pingwa y participe, c’est son premier contact
avec l’Association. En même temps, c’est une année extrêmement
prolifique : il publie une dizaine de nouvelles et une trentaine
d’essais.
Il sort indemne de la
campagne « contre la pollution spirituelle » (清除精神污染)
pendant laquelle, en novembre-décembre 1983, certaines de ses
nouvelles sont jugées « problématiques », en particulier « La
ville fantôme » (《鬼城》).
Il peut ensuite se libérer de ses obligations éditoriales : il
devient écrivain professionnel.
De cette
période date une nouvelle inhabituelle chez Jia Pingwa
au niveau de la technique narrative :
« La lune
d’huile » (《油月亮》) apparaît comme une expérience pour tenter d’utiliser la psychanalyse
comme outil narratif. On voit là Jia Pingwa brièvement
influencé par la mode freudienne qui se développe en
Chine dans les années 1980, mais fidèle en cela aussi à
l’intérêt pour le freudisme manifesté par son mentor
Shen Congwen –
intérêt qui restera cependant limité et chez l’un et
chez l’autre.
1983-1986 : écrivain
reconnu, chantre de Shangzhou
Une série de quatorze
récits – mi nouvelles, mi essais - publiés fin 1983 sous le
titre « Notes préliminaires sur Shangzhou » (《商州初录》),
introduit un style spécifique qui marque la période 1984-1986 :
les récits de Shangzhou, qui sont souvent des nouvelles
"moyennes". Jia Pingwa y décrit les coutumes, paysages et
caractéristiques spécifiques de la région et de ses habitants.
Certains de ces récits ont été très bien accueillis par la
critique et ont contribué à étendre la notoriété de leur auteur.
Ainsi, en 1984, après sa publication dans la
revue Octobre (十月), la nouvelle « Les gens du val de Jiwo » (《鸡窝洼人家》) a été couronnée du prix littéraire annuel décerné par
l’association des écrivains de Xi’an. Elle décrit les tensions
causées par les réformes lancées à la fin des années 1970 dans
un petit village perdu des montagnes du Shaanxi, à travers les
tribulations de jeunes paysans amis et leurs problèmes maritaux,
les difficultés économiques se répercutant sur leur vie
familiale – ce qui sera un thème plus ou moins récurrent dans
l’œuvre de Jia Pingwa (4).
L’année
suivante, en 1985, la nouvelle habituellement traduite « Décembre.
Janvier » (《腊月·正月》)
(5), publiée dans le 4ème numéro de 1984 de la revue
Octobre (十月),
connaît
un grand succès
: lui sont
décernés le prix national de la meilleure nouvelle de l’année,
le prix de créativité de la province du Shaanxi et le premier
prix décerné à l’issue d’un concours littéraire organisé par la
municipalité de Pékin dans le cadre des manifestations marquant
le 35ème anniversaire de la fondation de la
République populaire (6).
La période culmine avec
le premier roman de Jia Pingwa, publié fin 1984 et intitulé tout
simplement : « Shangzhou » (《商州》).
Elle est aussi marquée par plusieurs recueils d’essais, dont
beaucoup sur ses jeunes années et ses débuts littéraires qui
seront repris ensuite dans « Je suis un paysan » (《我是农民》).
Publié en 1986, le
recueil « Chien céleste » (《天狗》)
regroupe
des nouvelles de l’année, dont « Le vieux fort », nouvelle
"moyenne" initialement parue dans le 1er numéro de
1986 d’Octobre et adaptée en une série de six épisodes par la
chaîne de télévision de l’Anhui. La nouvelle titre
« Chien céleste »
reprend le thème des « Gens du val Jiwo » en soulignant les
tensions créées par le décalage entre les coutumes
traditionnelles et les nouveaux modes de vie induits par les
réformes. Il y a dans cette nouvelle une atmosphère de
frustration sexuelle qui rappelle certains récits de
Mo Yan.
Les
textes, cependant, sont de plus en plus longs, faisant peu à peu
la transition vers les romans qui vont être prédominants, dans
les publications de Jia Pingwa, à partir de 1988, mais sans que
s’arrêtent pour autant les nombreuses publications de nouvelles
et d’essais.
B. Les romans
1988 est l’année de
publication de « Turbulence » (《浮躁》) :
second roman de Jia Pingwa, et
première de ses œuvres à être traduite.
1988 : Second roman
« Turbulence
» (《浮躁》) raconte l’expérience d’un soldat démobilisé qui rentre chez lui et
devient batelier. Il est amoureux d’une fille qui
travaille aussi sur un bateau, mais il préfère la
laisser pour aller étudier en ville et devenir reporter,
bien que obligé pour cela d’épouser la nièce du chef du
village. Devenu célèbre, il décide de dénoncer la
corruption, divorce, est emprisonné, mais finalement,
après toute une série d’événements (mélo)dramatiques,
est réuni avec son premier amour.
Le roman
souffre d’une intrigue d’une extrême complexité, mais il
a obtenu en 1988 le prix Pegasus (6) qui a permis à
Howard Goldblatt de le traduire ; sa traduction fut
publiée aux Etats-Unis en 1991 sous le titre de
« Turbulence ». Mais le roman est resté limité à
quelques cercles d’initiés, de même que le suivant,
« Grossesse » (《妊娠》),
paru en 1989. Ce ne fut pas le cas du quatrième. |
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Turbulence (éd. 2001) |
1993 : La ville
déchue
Les meilleurs récits de voyage (1992) |
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Pendant
qu’étaient publiées plusieurs recueils de nouvelles et
d’essais, reprenant beaucoup de textes déjà édités, mais
aussi, en 1992, un recueil en six parties de ses
« meilleurs récits de voyage » (《贾平凹游品精选》),
Jia Pingwa travaillait à son quatrième roman, publié en
juin 1993 :
« La ville déchue » (《废都》).
Il a rencontré un succès sans précédent : 500 000
exemplaires ont été vendus dans les six premiers mois
suivant sa parution. Mais il a également suscité
une vive
controverse.
Si le roman a
fait scandale, c’est à cause de ses descriptions
sexuelles explicites, qui lui ont valu d’être interdit
en Chine pendant seize ans, et condamné à circuler sous
le manteau en éditions piratées, d’où une célébrité
sulfureuse ;
c’est
d’ailleurs le piratage qui a permis au roman de
survivre. Ce n’est
pourtant pas l’essentiel, juste un outil narratif.
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Cette saga de
sept cents pages est inspirée dans sa forme des grands romans
classiques chinois, avec une structure narrative basée sur la
répétition (répétition des séquences sexuelles) ; la langue
utilisée, cependant, est un mélange savoureux et complexe du
chinois le plus classique et d’expressions dialectales et
populaires à la limite du scatologique et
de l’obscène, mais que
l’on sent prises sur le vif.
Le fond n’est
pas moins décapant : Jia Pingwa fait le
procès d’une
société corrompue, rongée par l’argent et la dégradation
générale des mœurs, à travers le personnage
d’un écrivain
célèbre dont la décadence est parallèle à ses frasques
amoureuses et son désarroi à la mesure de son
impuissance créatrice. Ce n’est pas le Jin Ping Mei,
c’est plutôt une Comédie humaine dans la Chine des
années 1990.
Jia Pingwa a
ici délaissé la campagne pour s’intéresser à la ville :
le roman se passe dans une ville fictive du nom de
Xijing qui ressemble à s’y méprendre à Xi’an, où Jia
Pingwa a élu résidence. Il annonce un changement
d’optique dans son œuvre, s’éloignant un temps de la
campagne en s’en prenant à la dissolution des mœurs de
la société urbaine.
Le roman a
marqué un tournant dans la carrière de son auteur. Si
Jia Pingwa s’est provisoirement retiré de la vie
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La capitale déchue, éd. originale |
publique, la
controverse a entraîné la publication du roman à Hong Kong et
Taiwan, et attiré l’attention des éditeurs étrangers. Mais il
n’était pas facile à traduire.
Il a été traduit en
français, par Geneviève Imbot-Bichet, et couronné du prix Fémina
étranger en 1997. En revanche, il n’a jamais été traduit en
anglais. Ou plutôt il a été traduit par un jeune doctorant
chinois étudiant aux Etats-Unis, mais dans un anglais trop
incertain pour pouvoir être publié. C’est en fait un texte qui
défie la traduction, non tant à cause des expressions
dialectales locales, mais surtout à cause des passages de poésie
de forme classique, mais déviée vers le scatologique populaire,
un tour de force qui est typique du style extrêmement recherché
créé par Jia Pingwa, entre Rabelais et Shakespeare.
On le voit aussi, dans
ce texte, s’amuser en semblant prévenir l’ire des censeurs : le
texte est parsemé de passages où il a remplacé les caractères
par des petits carrés, avec des notes explicatives :
ici, l’auteur a effacé
XXX caractères… Il est dommage que, dans la nouvelle édition
parue après la levée de l’interdiction, en 2009, les petits
carrés blancs aient été simplement remplacés par des blancs,
sans mention du nombre de caractères litigieux ironiquement
autocensurés…
A partir de 1994, sa
notoriété est telle que ses écrits sont activement recherchés
par les éditeurs chinois. Il le dit dans la postface à un
recueil d’essais publié cette année-là, « Le renard rouge » (《红狐》).
Ce sont
ses essais et notes de voyage, justement, qui sont les plus
recherchés en Chine, mais dans un style hybride qui rend de plus
en plus floue la distinction avec la nouvelle. Les recueils se
multiplient, les éditeurs inventant constamment de nouvelles
formules pour concurrencer leurs rivaux.
1996 : Le village
englouti
Le village englouti (éd. 2004) |
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Après « Nuit
blanche » (《白夜》)
en 1995, dans le roman suivant paru en 1996, « Le
village englouti » (《土门》),
Jia Pingwa poursuit son analyse urbaine, mais en
confrontant la même Xijing dépeinte dans « La capitale
déchue » à un petit village en périphérie, menacé par la
croissance de la ville. Ce sont deux mondes qui
s’affrontent : la ville, dynamique et tentaculaire, qui
envahit peu à peu la campagne alentour et attire les
villageois à elle ; en même temps, la ville n’existe et
ne vit que par ses liens avec le monde rural. Les torts
et les défauts sont partagés : bêtise et ignorance d’un
côté, futilité et cupidité de l’autre.
Le village
tente de se rebeller contre l’emprise de la ville, mais
la révolte échoue, et le constat est plus grave ici que
dans le cas de la défaite de l’intellectuel de
« La capitale
déchue » :
il s’agit ici
d’un enjeu essentiel pour la société chinoise, et le
pays, dont les fondements profonds
sont
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ancrés dans la
culture rurale.
Celle-ci, en disparaissant, fait place à une culture
superficielle, mais surtout pleine de dangers, avec la montée de
la violence, de l’insécurité, de l’individualisme et
de l’égoïsme.
Le roman innove aussi
dans la forme narrative, la narratrice, et porte-parole des
villageois, exprimant ses doutes et hésitations dans des
monologues intérieurs. En revanche, le style est toujours fondé
sur un mélange d’expressions classiques et de termes modernes et
locaux, mais sans la
richesse
d’expressions
obscènes ou scatologiques du roman précédent. On a l’impression
d’une maturation dans l’écriture.
Fin 1997, Jia
Pingwa publie deux essais originaux, parmi les très
nombreux publiés, qui reflètent sa réflexion sur la
littérature classique : l’un qui est une relecture du
roman « L’histoire du Pavillon de l’Ouest » (读《西厢记》)
et l’autre une
réécriture d’un chuanqi datant des Tang, « Une
femme de la famille Ren » (《任氏》).
1998-2007:
confrontation ville/campagne
1. En 1998,
puis en 2000, Jia Pingwa revient vers l’analyse de la
confrontation ville/campagne avec ses deux romans « Le
vieux village des Gao » (《高老庄》),
puis « Souvenir des loups » (《怀念狼》).
Dans le premier, des citadins
viennent
s’extasier devant les restes de la campagne d’antan, et
dans le second (« encore un livre sur Shangzhou », dit
l’auteur en préambule), un intellectuel né à la campagne
peine à vivre à la ville. La tension entre le monde
rural et le monde urbain est constante.
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Souvenir des loups, édition 2006 |
2. En mars
2005, son roman
« Qin Qiang » (《秦腔》),
dont le titre ambigu peut être traduit par « Opéra
Qin », qui est le nom de l’opéra traditionnel du
Shaanxi, ou « Accent du Shaanxi », marque un retour vers
le village comme centre du récit – mais c’est un village
en crise. Ici ce sont les politiques et les autorités
locales qui s’opposent aux traditions et créent les
tensions, voir le chaos, dans le contexte de la mise en
place de l’économie de marché, au cours des décennies
1980 et 1990.
C’est écrit
avec beaucoup d’humour ;
toute la
première partie, en particulier, est une suite de
digressions savoureuses sur les rats, les amours et la
politique locale. Mais il y a aussi des passages d’un
(faux) réalisme glacial, avec toujours une pointe
humoristique, sur l’application sans partage des
directives du Parti ; les pages sur la mise en œuvre de
la politique de l’enfant unique – avec avortement
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Qin Qiang |
obligé - valent bien,
dans leur narration factuelle dérivant vers le magique, les
envolées de
Mo Yan
dans « Grenouille » (《蛙》).
(8)
Le
roman a été défini très sérieusement par les critiques chinois
comme un « poème épique du monde rural contemporain chinois » (“一卷中国当代乡村的史诗”).
D’une manière ou d’une autre,
c’est
certainement l’un des
romans chinois le plus marquants des dix dernières années. Il a
été couronné du prix Mao Dun en 2008.
3. Enfin, en
décembre 2007, avec « Gaoxing » (《高兴》),
Jia Pingwa aborde le heurt ville/campagne sous un angle
nouveau : celui du paysan qui va travailler en ville,
c’est-à-dire le problème des migrations rurales. Gaoxing
(高兴),
c’est-à-dire « Heureux », est
le nom d’un campagnard qui part à la ville avec un ami
qui, lui, s’appelle Wufu (五福),
c’est-à-dire « cinq richesses ». Ils sont embauchés
comme collecteurs de déchets, dans une chaîne de vente
et revente qui finit à la décharge municipale.
Jia Pingwa a
accentué le caractère satirique ; le ton a souvent une
pointe d’ironie enjouée. Il y a
cependant
l’inévitable histoire d’amour qui sert de moteur à la
narration. Le coup de foudre intervient entre Gaoxing et
une jeune employée d’un salon de beauté qui est aussi
prostituée : elle doit gagner suffisamment d’argent pour
pouvoir payer à la police l’argent nécessaire pour faire
un |
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Gaoxing |
long voyage afin d’aller
arrêter son ancien
petit ami qui a assassiné son frère et s’est enfui… Le tout se
complique lorsque Gaoxing apprend qu’un homme d’affaires à qui
il a donné un rein et de qui il attendait beaucoup est en fait
le souteneur de la jeune fille…
Quand elle est arrêtée, Gaoxing et Wufu s’engagent sur un
chantier de construction pour tenter de gagner l’argent
nécessaire pour la faire sortir de prison. Mais les conditions
de travail sont très dures, et Wufu meurt d’une attaque. Il ne
reste plus à Gaoxing qu’à exhaucer le dernier souhait de son
copain : ramener son cadavre chez lui pour l’y enterrer… Il est
arrêté avec le corps à la gare. C’est ainsi que commence le
roman….
La
vie est sordide pour ces marginaux impossibles à caser en ville,
mais Jia Pingwa montre les trésors de vitalité et de chaleur
humaine que recèle chacun de ses personnages, et qui rendent
justement leur existence vivable.
On sent
la fiction très proche de la réalité (9).
2011-2016 : le
tournant de la soixantaine
Depuis le début des années 2010, Jia
Pingwa a accéléré le rythme de ses publications tout en
conservant la même thématique et en continuant ses
recherches stylistiques.
1. En janvier
2011,
« Le vieux four » (《古炉》)
est apparu comme une nouvelle variation sur le thème
rural, conté
sous l’angle de
l’histoire. Jia Pingwa a lui-même expliqué
que c’était un
reflet de sa maturation et, au seuil de la soixantaine,
du besoin de revenir sur ses souvenirs de jeunesse. Ces
souvenirs sont aussi ceux de la Révolution culturelle,
mais évidemment, chez lui, ils n’ont rien à voir avec ce
que l’on a l’habitude de lire sur la période – surtout à
travers les traductions.
Selon une
habitude maintenant régulière chez lui, il explique dans
la préface au roman comment les souvenirs de cette
période on commencé à venir constamment le hanter à
partir |
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Le vieux four |
de ses
cinquante ans, car les marques du passé sont partout :
Quand je reviens
dans mon village natal, je ne peux pas éviter de remarquer, sur
les murs délabrés, les traces à moitié effacées des slogans
révolutionnaires que l’on y avait peints. Quand je passe devant
ma vieille école, je me rappelle les sessions de lutte qui y ont
eu lieu. Lors des séances de dénonciations publiques, j’étais
recruté pour servir de secrétaire, et devais prendre des notes.
Un jour, alors que
je visitais un village proche, l’homme qui m’accompagnait me dit
en me montrant un groupe de maisons sommairement bâties :
regarde, les gens qui ont suspendu ton père pour le battre
vivaient ici, à l’époque.
Comme je lui
demandais s’ils vivaient toujours là, il me répondit qu’ils
étaient tous mort. … Dans le village, ceux qui avaient vécu la
Révolution culturelle étaient morts, pour la plupart. Les
survivants étaient âgés ; je les apercevais, le visage buriné,
marcher dans les rues à pas incertains, appuyés sur des cannes
tordues…
[certains
étaient d’anciens ennemis qui avaient depuis longtemps oublié
leurs rancunes]
Un jour, j’ai
rencontré un des vieux chefs de factions. Il était seul, assis
dans la cour de sa maison… Lorsque je suis passé, il m’a appelé,
par le sobriquet qu’on utilisait pour m’appeler quand j’étais
petit : eh, tu es de retour ? cela fait longtemps ? viens
prendre un verre… Le soleil était chaud, la cour déserte… à
l’époque, des actes d’une violence terrible avaient été
perpétrés là, mais maintenant, rien. Il n’y avait ni taches de
sang, ni corps en décomposition, ni lambeaux d’affiches
révolutionnaires, ni bâtons ni briques. Tout avait disparu sans
laisser de trace. Le passé s’était envolé comme une bourrasque
de vent…
Un jour, j’ai
demandé à l’un des petits-fils de mon frère : tu as entendu
parler de la Révolution culturelle ? Il m’a répondu non. …….
Alors il a
décidé d’écrire, pour que la mémoire ne s’en perde pas,
mais aussi parce qu’il n’aimait pas les histoires qu’on
en avait racontées. Il se sentait une mission, une
obligation de témoignage, passé au tamis de la
littérature : non point écrire pour régler des comptes,
mais écrire pour raconter, en témoin alors trop jeune
pour pouvoir prendre part aux dissensions et aux luttes,
en victime indirecte des événements. Ce sont les
mémoires d’un individu, et d’un village (fictif dans le
roman, et d’autant plus emblématique), où il montre
comment la pauvreté conduit à la soumission, même à
l’absurde. Des mémoires parmi d’autres, dont la somme
constitue la mémoire nationale. Une vision ambiguë, sans
polémique ni dogmatisme.
2. Puis Jia
Pingwa est revenu au présent, et à la réalité rurale,
avec un nouveau roman sorti en janvier 2013 : « Daideng »
(《带灯》).
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Daideng |
Daideng est le
nom d’une femme, responsable au niveau local de l’application
des directives et décisions politiques et du maintien de la paix
sociale, de « l’harmonie ». C’est le premier personnage
principal d’un roman de Jia Pingwa à être féminin, et cette
caractéristique prend un sens particulier dans le contexte du
roman.
Le restaurant de raviolis (réédition
2010) |
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C’est un personnage
fictif, mais calqué sur un personnage réel, avec laquelle Jia
Pingwa a entretenu – et entretient - une correspondance suivie.
Le roman comporte d’ailleurs des documents qu’elle lui a
envoyés. On suit à travers son histoire les difficultés
rencontrées sur le terrain, les tensions et conflits, dans un
état de crise larvée permanente, où la moindre lutte, pour un
arbre ou contre un tunnel, peut dégénérer en émeute.
Ce qui donne toute sa
profondeur à l’histoire, cependant, et en fait un roman subtil
et non un documentaire, c’est la double personnalité de
Daideng : sous les apparences d’une femme autoritaire et sans
guère de nuances, elle cache en fait une nature douce, un goût
profond pour la littérature et la poésie, et le désir éthéré
d’une vie idyllique et paisible. L’ambiguïté tient jusque dans
ses deux prénoms : le vrai, Yíng (萤),
ou ver luisant, humble point lumineux dans la nuit, et celui
qu’elle s’est choisi, ce Dàidēng (带灯)
qui est
porte-flambeau, destiné à éclairer les masses…
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Elle se tire de ses
contradictions, et du risque de schizophrénie, en appliquant un
principe qui ressemble à s’y méprendre au second de la morale
provisoire de Descartes : accepter ce que l’on ne peut changer…
Mais, à la fin, c’est le symbole du ver luisant qui semble le
plus prometteur.
Dans un style narratif
que Jia Pingwa dit avoir voulu plus direct, « Daideng »
est une œuvre
profonde qui relativise les accusations portées contre les
autorités locales chinoises et leurs responsabilités dans les
abus commis à la campagne, en montrant un aspect humain auquel
on ne pense pas forcément. Jia Pingwa a mis trois ans à l’écrire
et l’a terminée pour son soixantième anniversaire…
Selon le Quotidien du Peuple du 19 juin, en cinq mois, il s'est
vendu un million d'exemplaires de "Daideng" en version papier et
500 000 en version ebook. Jia Pingwa est ainsi redevenu l'un des
écrivains chinois les plus populaires dans son pays.
3. En septembre 2014,
c’est un roman très original qu’il publie, original autant pour
le fond que pour la forme : « Lao
Sheng » (《老生》).
Le roman
couvre cent ans d’histoire des villages de montagne du
sud du Shaanxi, dans la région des monts Qingling (秦岭),
des années 1920 à aujourd’hui. Lao Sheng est un
chanteur, décédé, qui se produisait dans les cérémonies
funéraires. C’est lui l’âme du roman, le fil narratif
principal du récit, divisé en quatre grandes périodes,
et éclaté en divers endroits liés entre eux par les
souvenirs du vieux chanteur : ce sont tous les villages
où il est allé animer des funérailles.
La grande
originalité est que chaque partie du roman est
introduite par une citation du Shanhaijing (《山海经》),
le Livre des monts et des mers qui est un recueil –
datant des Royaumes combattants - de données
géographiques plus ou
moins
mythiques et de légendes de l’antiquité chinoise. Jia
Pingwa reprend la structure de ce classique, avec des
descriptions montagne par montagne, village par village,
période par période.
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Lao Sheng |
Quant au récit
lui-même, il est aussi foisonnant que tout roman de Jia Pingwa,
avec une centaine de personnages aux histoires alambiquées que
fait revivre le vieux chantre, avec équanimité. Le livre a tout
de suite été un bestseller : en janvier 2015, il a figuré en
tête de la liste de dix meilleurs livres de l’année 2014 établie
par sina online (新浪年度十大好书).
4. Début 2016,
un seizième roman est paru dans le premier numéro de
l’année de la revue Littérature du peuple : « Jihua »
(《极花》),
du nom d’une fleur imaginaire.
Cette fois, le
sujet lui a été inspiré par une histoire vraie, arrivée
à un villageois de chez lui dont la fille avait été
enlevée, et qui avait été sauvée par la police ; mais,
revenue chez elle, la pression sociale a été telle
qu’elle est finalement revenue vivre avec l’homme qui
l’avait enlevée et dont elle avait eu un fils.
Cette histoire
a hanté Jia Pingwa pendant dix ans, mais sans qu’il
parvienne à trouver la manière de la conter pour éviter
le mélodrame larmoyant. La solution lui est venue des
diverses visites qu’il a faites dans divers villages de
son Shaanxi natal, pendant cette période, pour faire des
recherches sur des chants populaires locaux : des
villages
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Jihua |
désertés, appauvris.
La vitesse du changement l’a profondément attristé, et c’est
pour exprimer sa peine qu’il a écrit « Jihua ».
Jia Pingwa présentant Jihua (avril
2016) |
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Il a donc conté
son histoire dramatique sur fond de non moins dramatique
dépeuplement rural. En même temps, il a, comme toujours,
accordé une attention particulière à la forme. D’abord
c’est son roman le plus court : 200 pages, tout juste
150 000 caractères alors qu’il ne pensait pas pouvoir
l’écrire à moins du double. Il est d’ailleurs
intéressant de voir la longueur de ses romans se réduire
progressivement : de 670 000 caractères pour « Le vieux
four » à 220 000 pour « Lao Sheng ». C’est la tendance
actuelle. Mais, chez Jia Pingwa, c’est une tendance
motivée par forme même.
Pour parvenir à
réduire ainsi « Jihua », il a adopté un style
totalement différent de celui de ses romans précédents
dont les récits s’enrichissent d’un foisonnement de
digressions constantes et de descriptions détaillées. |
Ici, la forme est
calquée sur le lavis à l’encre de Chine dont Jia Pingwa est par
ailleurs un maître (10).
Or, l’essence du
lavis, c’est de capter l’âme du sujet, d’en saisir la
signification profonde, ce qu’on appelle ‘écrire le sens’ :
xiěyì
(写意).
De même dans ses romans, Jia Pingwa dit vouloir rendre
le sens au-delà de la forme. Il a voulu rendre son récit
aussi réaliste que possible, mais, en même temps,
l’histoire est construite sur différents niveaux
symboliques, où le vide apporte un sens supplémentaire.
Il a
dit s’être efforcé de s’évader de ses habitudes
narratives, de ne pas tout dévoiler précisément, de
garder certains détails cachés, d’y faire seulement
allusion. |
|
Une page du manuscrit de Jihua |
Il y dévoile plus que
jamais son empathie pour le monde rural. Il est l’un des rares
écrivains chinois à continuer à écrire pour le dépeindre et
l’analyser, avec une constance qui est aussi un mode de vie.
Car, dit-il, impossible de ne pas en témoigner (不吐不快).
Notes
(1) Ecrivain
originaire de
Shangzhou, critique littéraire et ami de
Jia Pingwa,
Sun Jianxi (孙见喜)
est
l’auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages sur Jia
Pingwa, dont une
biographie (《贾平凹传》)
publiée
aux
Editions du peuple de Shanghai
(上海人民出版社)
en
janvier 2008, qui comporte une bibliographie extensive des
œuvres de 1977 à 2005.
(2) Dans « Narrating
China : Jia
Pingwa And His Fictional World, Yiyan Wang, Routledge 2006 ;
l’ouvrage analyse surtout les grands romans, de 1993 à 2000,
mais comporte en appendice une chronologie extensive et
commentée des œuvres publiées jusqu’en 2005 (p 241 sq).
(3) ou 《满月儿》
(4) La nouvelle a été adaptée au cinéma : réalisé
par Yan Xueshu (颜学恕), le film, « Dans les montagnes sauvages »
(《野山》), a été tourné au studio de Xi’an en 1985 ; lauréat du
prix du Coq d’or, il a aussi été primé au festival des Trois
Continents à Nantes en 1986 et présenté au festival de Berlin en
février 1987. C’est un film superbe qui mériterait d’être
re-découvert.
Voir : Adaptations cinématographiques ci-dessous
(5) 腊月 làyuè désigne le 12ème mois
|
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Dans les montagnes sauvages |
de l’année et 正月 zhēngyuè le
premier mois selon le calendrier lunaire – ce qui correspond donc plutôt à la période
janvier-février.
(6) La nouvelle a également été adaptée au cinéma, sous le titre
« Villageois » (《乡民》). Réalisé par Hu Bingliu (胡炳榴), le film est
sorti en 1986. C’est le dernier volet d’une trilogie de « films
du terroir » (“乡土电影三部曲”) qui s’inscrit, avec un certain
décalage, dans le mouvement de « recherche des racines ».
(7) Prix littéraire créé en 1977 par la compagnie pétrolière
Mobil (Exxon Mobil aujourd’hui) pour promouvoir la traduction en
anglais d’œuvres peu connues de la littérature mondiale. Les
traductions étaient ensuite publiées par les éditions de
l’université de la Louisiane.
(8) On voit bien
ici l’influence de la traduction sur l’attribution du Nobel de
littérature. Jia Pingwa aurait été un candidat tout aussi
valable que Mo Yan, mais les difficultés de traduction l’ont mis
hors de portée du jury du Nobel.
(9)
Gaoxing rappelle le personnage, tout aussi optimiste face aux
pires revers, du film de Zhang Meng (张猛)
« Lucky Dog » (《耳朵大,有福》).
Sur ce film, voir : http://www.chinesemovies.com.fr/films_Zhang_Meng_lucky_dog.htm
« Gaoxing » a été
adapté au cinéma, par le réalisateur Ah Gan (阿甘) ;
son film, une comédie, est sorti en février 2009.
(10) Voir la note
ci-dessous sur son œuvre picturale
Quelques nouvelles
et recueils
(chaque recueil reprend
des nouvelles éditées précédemment, avec quelques nouveautés)
1978
《满月》
“Pleine lune” Meilleure nouvelle de l’année.
Rééditée dans
le recueil « Le restaurant de raviolis »
1985《腊月·正月》"December.
January",
recueil de trois nouvelles
1986《天狗》Le
chien céleste, recueil de sept nouvelles
1993
《油月亮》贾平凹精选 :
« La lune
d’huile », 30 nouvelles sélectionnées par l’auteur
1994
《太白》Taibai
et autres histoires, recueil de quinze nouvelles écrites entre
1985 et 1989
2002
《听来的故事》
Histoires entendues, quatorze nouvelles écrites pour la plupart
à partir de la fin des
années 1990.
2007《饺子馆》Le
restaurant de raviolis, nouvelles écrites pour la plupart après
2000.
Romans
1987 《商州》
Shangzhou
1988
《浮躁》
Turbulence, Pegasus Prize 1988.
1989
《妊娠》
Grossesse
1993
《废都》 La
Capitale Déchue. Prix Fémina 1997.
1995 《白夜》 Nuit
blanche
1996 《土门》
Le village
englouti
1998 《高老庄》 Le
vieux village des Gao
2000 《怀念狼》
Souvenir des loups
2002 《病相报告》 Rapport
de santé
2005
《秦腔》
Qinqiang/Opéra Qin. Prix Mao Dun 2008
2007 《高兴》 Gaoxing/Heureux
2011 《古炉》 Le
vieux four
2013
《带灯》 Dai Deng
2014 《老生》 Lao Sheng
2016 《极花》 Jihua
Traductions en
français
Nouvelles
·
La
montagne sauvage, éditions des Lettres étrangères (coll.
Phénix), 1990
Recueil de deux
nouvelles "moyennes" :
« La montagne
sauvage » (《野山》)
1984 et « Les forteresses antiques » (《故里》)
1987.
La première a été
adaptée au cinéma en 1986 par Yan Xueshu (颜学恕)
·
Le
Porteur de jeunes mariées,
Stock décembre 1995
Recueil de trois
nouvelles de 1990 qui constituent une sorte de trilogie, avec
des détails qui se retrouvent de l’une à l’autre :
-
Avril 1990
Meixuedi
《美穴地》tr.
Le géomancien amoureux
Texte en 11 chapitres :
http://jiapingwa.zuopinj.com/2494/
- Mai 1990 Bai Lang
《白朗》Le
héros brigand / Le bonze brigand
Texte en 4 chapitres :
http://jiapingwa.zuopinj.com/2491/
-
Nov. 1990
Wukui《五魁》tr.
Le porteur de jeunes mariées
Adaptée au cinéma en
1994 par Huang Jianxin (黄建新)
Le
texte en 10 chapitres :
http://www.hxqw.com/wxxsgl/xdwx/200901/44712.html
Romans
- La Capitale déchue
《废都》,
trad. Geneviève Imbot-Bichet, Stock 1997, — Prix Fémina étranger
- Le Village englouti
《土门》,
trad. Geneviève Imbot-Bichet, Stock 1999.
- L’art perdu des fours anciens 《古炉》, trad.
Bernard et Li Bourrit, Gallimard coll. Du monde entier, novembre
2017.
- Portée-la-lumière
《带灯》, trad. Geneviève Imbot-Bichet, Stock 2018
Traductions en
anglais
Nouvelles
-
The Heavenly Hound
《天狗》,
Chinese
Literature Press 1991
-
Heavenly Rain
《天雨》,
Beijing Panda Books 1996 – sélection de quatre
nouvelles moyennes :
Heavenly Rain, The
Good Fortune Grave, The Regrets of the Bride Carrier, The Monk
King of Tiger Mountain
-
Selected Stories by
Jia Pingwa, sous la direction de Du Xia, Foreign
Languages Teaching and Research Press, bilingue anglais/chinois,
janvier 1999
- The Hunter
《猎人》,
Pathlight 2012/2.
Texte chinois :
http://www.kanunu8.com/files/chinese/201104/2613/62768.html
- The Country Wife,
in: Old Land, New Tales, 20 short stories by writers of the
Shaanxi region, ed. by Lei Tao & Jia Pingwa, China
Intercontinental Press 2011, reed. Amazon Crossing 2014, pp.
41-94.
- Trois nouvelles dans
la revue
Chinese Arts
and Letters, n° 2018.2 :
Autumn (《秋天》)
/ The Brick Bed (《土炕》)
/ Trees can’t talk !
(《制造声音》)
Autres traductions :
http://u.osu.edu/mclc/bibliographies/lit/translations-aut/d-j/#J
Romans
-
Turbulence
《浮躁》,
tr.
Howard Goldblatt,
Louisiana University Press 1991,
réed. Grove Press,
janvier 2003.
Lire le début :
http://www.amazon.fr/Turbulence-Novel-Pingwa-Jia/dp/0802139728/ref=sr_1_3?s=english-books&ie=UTF8&qid=1371290509&sr=1-3&keywords=jia+pingwa#reader_0802139728
- Ruined City
《废都》,
tr. Howard
Goldblatt,
University of Oklahoma Press, 2016.
- Happy Dreams 《高兴》, tr. Nicky
Harman, Amazon Crossing 2017
- The Lantern-Bearer 《带灯》, tr. Carlos Rojas, CN Times Book,
2017.
Adaptations au
cinéma
1986 Dans les montagnes
sauvages (《野山》)
réalisé par Yan Xueshu (颜学恕)
Voir :
http://www.chinesemovies.com.fr/films_Yan_Xueshu_Ye_Shan.htm
1994 The Wooden
Man’s Bride 《五魁》
réalisé par
Huang Jianxin (黄建新)
Voir :
chinese movies…. (à venir)
A lire en complément
- « La rivière
Contrecourant »
《倒流河》
Nouvelle initialement
publiée dans Littérature du peuple (《人民文学》)
en février 2013 et lauréate du prix de la meilleure nouvelle
2013 décernée par la revue.
Elle est construite en
aller-retours entre les rives nord et sud de la rivière, selon
un double fil narratif, l’un autour du couple Liben-Shunshun (立本、顺顺),
et l’autre autour d’un vieux passeur et de son fils, Lao Ben et
Song Yu (老笨、宋鱼).
Le couple trime dur mais achète une mine et s’enrichit, jusqu’à
ce que les cours du charbon s’effondre à cause de la crise ; le
fils du vieux passeur est un fruit sec qui profite du boom
économique, son père continue inlassablement à transporter les
gens d’un bord à l’autre de la rivière, sans oser acheter un
nouveau bateau car il est question de construire un pont…. C’est
un bout d’histoire récente du Shaanxi vue au ras du sol et un
tableau saisissant de la société locale…
Texte chinois :
http://www.vipreading.com/novel-read-1376-0.html
Traduction en anglais
par Nicky Harman : « Backflow River »,
à lire dans Read Paper
Republic :
https://paper-republic.org/pubs/read/backflow-river/
-
« La
capitale déchue », extrait du chapitre 66.
- Présentation de
l’œuvre de Jia Pingwa par Nick Stember :
https://glli-us.org/2017/02/20/jia-pingwa-as-global-literature-by-nick-stember/
-
Le site Ugly
Stone,
site dédié à son œuvre et ses traductions en anglais, avec une
note biographique sur l’auteur et des fiches sur ses huit
romans, à partir de « Ruined City » (La Capitale déchue), ainsi
que des extraits de traductions :
http://www.ugly-stone.com/
- Une courte réflexion
de l’auteur sur un souvenir lié à son père, traduite en anglais
par Dylan Levi King, et illustrée par Jia Pingwa lui-même :
https://ricepapermagazine.ca/2017/04/drinking-by-jia-pingwa-translated-by-dylan-levi-king/
- Une nouvelle courte :
《武松杀嫂》 « Wu Song
tue sa belle-sœur »
-
« L’art perdu des
fours anciens » (《古炉》)
Note sur les peintures de Jia Pingwa
Jia Pingwa est aussi célèbre pour
son travail de calligraphe et de peintre. Il a développé un
style particulier qui apparaît clairement dans les quelques
œuvres ci-dessous :
Hommage à Laozi (拜老子图)
Au bord du fleuve
(大河流过我的船)
Canards (鸭子)
Le retour de Cailian
(采莲归来)
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