Auteurs de a à z

 
 
 
                 

 

 

Jia Pingwa 贾平凹

Présentation
par Brigitte Duzan, 20 juin 2013, actualisé
16 janvier 2019

            

Ecrivain prolixe, Jia Pingwa est cependant relativement peu traduit, et les quelques traductions de ses œuvres – en anglais comme en français – datent des années 1990.

       

Cette rareté tient évidemment aux difficultés de traduction d’un auteur ancré dans la ruralité de son Shaanxi natal, dont il utilise volontiers les tournures et expressions dialectales ; c’est sans doute aussi parce que Jia Pingwa a été délaissé pour d’autres auteurs, plus jeunes, et apparemment plus « modernes ».

 

Jia Pingwa (photo 李怀宇)

                 

Il est temps, pourtant, de le redécouvrir, car il est l’un des meilleurs observateurs – dans son style très personnel - de l’un des problèmes majeurs auquel la Chine doit aujourd’hui faire face : l’urbanisation accélérée, au détriment d’un tissu rural qui est la base de la culture chinoise.

       

I. L’homme : un paysan du Shaanxi

       

Le district de Danfeng, avec Dihua et Shangzhou,

le long de la rivière Dan

 

Jia Pingwa (贾平凹) est né en février 1952 dans le Shaanxi, dans la petite agglomération de Dihua (棣花), à l’est du district de Danfeng de la ville-préfecture de Shangluo, (陕西省商洛市丹凤县), au sud-est de Xi’an. Un peu plus loin à l’est, en remontant la rivière Dan (丹江), est Shangzhou (商洲) : c’est dans ce périmètre qu’est située une bonne partie de son œuvre.

 

       

Au village pendant la Révolution culturelle

       

C’est là qu’il a passé toute son enfance, ne quittant sa campagne un bref moment que pour aller visiter, non loin de là, avec une bande de jeunes de son âge, la capitale provinciale, Xi’an, en une sorte de voyage de découverte émerveillée. C’était au début de la Révolution culturelle. Il avait quatorze ans, était collégien, et n’avait pas encore une conscience très nette de ce que signifiait cette Révolution. Mais la réalité s’imposa très vite. Les années chaotiques de la fin des années 1960 sont très bien documentées et racontées au début de la biographie écrite par Sun Jianxi (孙见喜) (1).

       

Pendant l’été 1966,  le père de Jia Pingwa, qui était enseignant, commença à subir des sessions de critiques au Bureau de l’éducation et, en 1967, Jia Pingwa fut forcé

d’interrompre ses études pour commencer à travailler. Il était supposé travailler dans les champs, mais il était tout

 

Biographie par Sun Jianxi

petit et frêle ; il fut donc d’abord affecté à une équipe de femmes, puis à un poste de coursier. Mais il était bien plus habile à manier la plume et se gagnait quelques repas de temps à autres en écrivant des lettres pour le compte des villageois ou en tenant leurs comptes. Le soir, il lisait les livres qu’il arrivait à trouver, faisait un peu de calligraphie et mémorisait des poèmes classiques.

                 

Scribe sur le chantier de construction d’un barrage

               

Pendant l’été 1970, il tenta de s’enrôler dans l’armée pour échapper à la campagne, comme l’on fait tant d’autres de ses collègues à la même époque. Mais il ne fut pas accepté, non pour des raisons politiques, mais parce qu’il avait les pieds plats. Il s’engagea alors sur le chantier de construction d’un immense réservoir qui démarra cette année-là à côté du village ; il fut renvoyé chez lui, épuisé, au bout de trois jours, mais réussit par la suite à obtenir un poste de coursier qui allait lui changer la vie.

         

En effet, alors qu’il avait un jour à porter un message à l’un des responsables locaux, il arriva juste avant le début d’une réunion ; or le calligraphe était malade et n’avait pas pu peindre les inscriptions sur les bannières devant décorer la salle. Il prit le pinceau et le fit lui-même. Les responsables du chantier furent impressionnés par son talent : Jia Pingwa fut promu rédacteur des affiches et tracts officiels, mais put également lancer des émissions à la radio et une lettre d’information : il l’intitula « Journal du front : nouvelles du chantier » (工地战报), et en assuma toutes les fonctions, de rédacteur et reporter à directeur artistique et responsable de la mise en page, terminant même par la livraison. 

      

Il écrivait des poèmes qu’il signait Ping Wa et publiait dans sa feuille de chou. Mais il regardait aussi avec envie les jeunes qui réussissaient à partir du village. La vie de la famille n’était pas facile : en 1970, son père fut jugé « contre-révolutionnaire d’avant la Libération » et démis de ses fonctions, donc privé de solde. Il tomba malade et ils durent emprunter pour payer les médicaments.

       

1972 : vingt ans et étudiant !

       

Je suis un paysan (autobiographie)

 

Finalement, cependant, son travail sur le chantier lui

valut d’être sélectionné pour entrer à l’université. En 1972, Jia Pingwa partit en bus à Xi’an  étudier la littérature chinoise à l’université du Nord-Ouest (西北大学). Il en sortit diplômé en 1975 et entra alors à la rédaction des Editions du peuple du Shaanxi (陕西人民出版社) ainsi qu’à celle du mensuel littéraire Chang’an (《长安》). Il était sorti d’affaire.

               

Mais ces vingt premières années ont profondément marqué son orientation littéraire, sa thématique et son style : comme celle de son ami Chen Zhongshi (陈忠实), son œuvre est profondément ancrée dans la réalité de son coin de terre du Shaanxi, comme leur aîné Shen Congwen (沈从文) dans celle de son Hunan natal – la référence est constante, et la lignée revendiquée. Il a dit lui-même dans son autobiographie publiée en 1998 : « Je suis un paysan » (《我是农民》). Il se sera battu toute sa vie pour redonner au terme ses lettres de noblesse.

       

Paysan peut-être, mais homme de lettres raffiné, calligraphe et collectionneur d’antiquités, qui continue à écrire à la main, comme les grands maîtres d’antan dont son style s’inspire.

       

II. L’œuvre : ancrée dans la ruralité du  Shaanxi

       

C’est en 1973, alors qu’il était étudiant à l’université du Nord-Ouest, qu’il publie sa première nouvelle dans un journal local, « L’art pour les masses » (《群众艺术》) : elle s’intitulait « Une paire de chaussettes » (一双袜子), et il l’avait écrite avec un camarade. D’après son biographe Sun Jianxi, il aurait écrit une vingtaine de récits pendant ses années d’université.

       

A partir de là, ses récits passent de la forme courte, privilégiée pendant toutes les années 1980, à des récits de plus en plus longs, à partir surtout de 1988.

       

A. Les nouvelles

       

Premières nouvelles

      

Son œuvre prend forme véritablement à sa sortie de l’université, et ses premières nouvelles intéressantes datent de 1977 : de cette année date un premier recueil « L’enfant soldat » (《兵娃》) qui regroupe six histoires pour enfants,  et de 1978 un second, « Chroniques de deux sœurs » (《姐妹本纪》).Le critique Wang Yiyan a fait remarquer que les personnages des nouvelles, puis des romans de Jia Pingwa mûrissent et vieillissent avec lui (2). Il est caractéristique que ces premiers récits sont des histoires d’enfants.

 

Faisant visiter sa collection d’antiquités

       

1978 marque un premier succès : sa nouvelle « Pleine lune » (《满月》) (3) obtient le premier Prix national de la meilleure nouvelle (1978年全国优秀短篇小说奖).  Elle est publiée en 1980 dans la revue « Littérature de Shanghai » (上海文学). Jia Pingwa commence dès cette époque à ajouter des préfaces et postfaces à ses récits, pour en indiquer la genèse et en préciser les conditions d’écriture. Ce sont de précieux documents.

        

Calligraphe

 

En 1980 et 1981 sont publiés deux recueils de récits écrits au cours des années antérieures : en 1980 le recueil « Notes des montagnes » (《山地笔记》) regroupe trente-sept récits sur les thèmes de la jeunesse et de l’amour, thèmes assez inhabituels chez les écrivains chinois en cette période clef de la littérature des cicatrices ; il est suivi, en 1981, des « Nouvelles histoires de Jia Pingwa » (《贾平凹小说新作集》) qui comportent en particulier une nouvelle sur le tremblement de terre de Tangshan – « Tremblement de terre : un conte de 1976 » (《地震: 1976年的一个故事).

       

Les années suivantes sont marquées par la publication d’une série d’autres nouvelles qui sont toutes marquées par le sens très fort de la terre et de la nature, mais les récits sont tirés de la vie quotidienne de l’auteur, ils sont naturels et sans emphase. En même temps, Jia Pingwa commence à sortir

de l’anonymat.

       

Le tournant de 1982 

       

En 1982, l’Association des écrivains organise un atelier à Xi’an pour les écrivains de la région. Jia Pingwa y participe, c’est son premier contact avec l’Association. En même temps, c’est une année extrêmement prolifique : il publie une dizaine de nouvelles et une trentaine d’essais.

       

Il sort indemne de la campagne « contre la pollution spirituelle » (清除精神污染) pendant laquelle, en novembre-décembre 1983, certaines de ses nouvelles sont jugées « problématiques », en particulier « La ville fantôme » (《鬼城》). Il peut ensuite se libérer de ses obligations éditoriales : il devient écrivain professionnel.  

      

De cette période date une nouvelle inhabituelle chez Jia Pingwa au niveau de la technique narrative :

« La lune d’huile » (《油月亮》) apparaît comme une expérience pour tenter d’utiliser la psychanalyse comme outil narratif. On voit là Jia Pingwa brièvement influencé par la mode freudienne qui se développe en Chine dans les années 1980, mais fidèle en cela aussi à l’intérêt pour le freudisme manifesté par son mentor Shen Congwen – intérêt qui restera cependant limité et chez l’un et chez l’autre.

                    

1983-1986 : écrivain reconnu, chantre de Shangzhou

       

Une série de quatorze récits – mi nouvelles, mi essais - publiés fin 1983 sous le titre « Notes préliminaires sur Shangzhou » (《商州初录》),  introduit un style spécifique qui marque la période 1984-1986 : les récits de Shangzhou, qui sont souvent des nouvelles "moyennes". Jia Pingwa y décrit les coutumes, paysages et caractéristiques spécifiques de la région et de ses habitants. Certains de ces récits ont été très bien accueillis par la critique et ont contribué à étendre la notoriété de leur auteur.

       

Ainsi, en 1984, après sa publication dans la revue Octobre (十月), la nouvelle « Les gens du val de Jiwo » (《鸡窝洼人家》) a été couronnée du prix littéraire annuel décerné par l’association des écrivains de Xi’an. Elle décrit les tensions causées par les réformes lancées à la fin des années 1970 dans un petit village perdu des montagnes du Shaanxi, à travers les tribulations de jeunes paysans amis et leurs problèmes maritaux, les difficultés économiques se répercutant sur leur vie familiale – ce qui sera un thème plus ou moins récurrent dans l’œuvre de Jia Pingwa (4).
 
      
L’année suivante, en 1985, la nouvelle habituellement traduite « Décembre. Janvier » (《腊月·正月》) (5), publiée dans le 4ème numéro de 1984 de la revue Octobre (十月), connaît un grand succès : lui sont décernés le prix national de la meilleure nouvelle de l’année, le prix de créativité de la province du Shaanxi et le premier prix décerné à l’issue d’un concours littéraire organisé par la municipalité de Pékin dans le cadre des manifestations marquant le 35ème anniversaire de la fondation de la République populaire (6).

       

La période culmine avec le premier roman de Jia Pingwa, publié fin 1984 et intitulé tout simplement : « Shangzhou » (《商州》).  Elle est aussi marquée par plusieurs recueils d’essais, dont beaucoup sur ses jeunes années et ses débuts littéraires qui seront repris ensuite dans « Je suis un paysan » (《我是农民》).

       

Publié en 1986, le recueil « Chien céleste » (《天狗》) regroupe des nouvelles de l’année, dont « Le vieux fort », nouvelle "moyenne" initialement parue dans le 1er numéro de 1986 d’Octobre et adaptée en une série de six épisodes par la chaîne de télévision de l’Anhui. La nouvelle titre « Chien céleste » reprend le thème des « Gens du val Jiwo » en soulignant les tensions créées par le décalage entre les coutumes traditionnelles et les nouveaux modes de vie induits par les réformes. Il y a dans cette nouvelle une atmosphère de frustration sexuelle qui rappelle certains récits de Mo Yan.

       

Les textes, cependant, sont de plus en plus longs, faisant peu à peu la transition vers les romans qui vont être prédominants, dans les publications de Jia Pingwa, à partir de 1988, mais sans que s’arrêtent pour autant les nombreuses publications de nouvelles et d’essais.

       

B. Les romans

       

1988 est l’année de publication de « Turbulence » (《浮躁》) : second roman de Jia Pingwa, et première de ses œuvres à être traduite.

       

1988 : Second roman

       

« Turbulence »  (《浮躁》)  raconte l’expérience d’un soldat démobilisé qui rentre chez lui et devient batelier. Il est amoureux d’une fille qui travaille aussi sur un bateau, mais il préfère la laisser pour aller étudier en ville et devenir reporter, bien que obligé pour cela d’épouser la nièce du chef du village. Devenu célèbre, il décide de dénoncer la corruption, divorce, est emprisonné, mais finalement, après toute une série d’événements (mélo)dramatiques, est réuni avec son premier amour.

       

Le roman souffre d’une intrigue d’une extrême complexité, mais il a obtenu en 1988 le prix Pegasus (6) qui a permis à Howard Goldblatt de le traduire ; sa traduction fut publiée aux Etats-Unis en 1991 sous le titre de « Turbulence ». Mais le roman est resté limité à quelques cercles d’initiés, de même que le suivant, « Grossesse » (《妊娠》), paru en 1989. Ce ne fut pas le cas du quatrième.

 

Turbulence (éd. 2001)

       

1993 : La ville déchue

       

Les meilleurs récits de voyage (1992)

 

Pendant qu’étaient publiées plusieurs recueils de nouvelles et d’essais, reprenant beaucoup de textes déjà édités, mais aussi, en 1992, un recueil en six parties de ses « meilleurs récits de voyage » (贾平凹游品精选), Jia Pingwa travaillait à son quatrième roman, publié en juin 1993 : « La ville déchue » (《废都》). Il a rencontré un succès sans précédent : 500 000 exemplaires ont été vendus dans les six premiers mois suivant sa parution. Mais il a également suscité une vive controverse.      

       

Si le roman a fait scandale, c’est à cause de ses descriptions sexuelles explicites, qui lui ont valu d’être interdit en Chine pendant seize ans, et condamné à circuler sous le manteau en éditions piratées, d’où une célébrité sulfureuse ;

c’est d’ailleurs le piratage qui a permis au roman de survivre. Ce n’est pourtant pas l’essentiel, juste un outil narratif.

 

Cette saga de sept cents pages est inspirée dans sa forme des grands romans classiques chinois, avec une structure narrative basée sur la répétition (répétition des séquences sexuelles) ; la langue utilisée, cependant, est un mélange savoureux et complexe du chinois le plus classique et d’expressions dialectales et populaires à la limite du scatologique et

de l’obscène, mais que l’on sent prises sur le vif.

               

Le fond n’est pas moins décapant : Jia Pingwa fait le

procès d’une société corrompue, rongée par l’argent et la dégradation générale des mœurs, à travers le personnage

d’un écrivain célèbre dont la décadence est parallèle à ses frasques amoureuses et son désarroi à la mesure de son impuissance créatrice. Ce n’est pas le Jin Ping Mei, c’est plutôt une Comédie humaine dans la Chine des années 1990.

       

Jia Pingwa a ici délaissé la campagne pour s’intéresser à la ville : le roman se passe dans une ville fictive du nom de Xijing qui ressemble à s’y méprendre à Xi’an, où Jia Pingwa a élu résidence. Il annonce un changement d’optique dans son œuvre, s’éloignant un temps de la campagne en s’en prenant à la dissolution des mœurs de la société urbaine.

       

Le roman a marqué un tournant dans la carrière de son auteur. Si Jia Pingwa s’est provisoirement retiré de la vie

 

La capitale déchue, éd. originale

publique, la controverse a entraîné la publication du roman à Hong Kong et Taiwan, et attiré l’attention des éditeurs étrangers. Mais il n’était pas facile à traduire.

       

Il a été traduit en français, par Geneviève Imbot-Bichet, et couronné du prix Fémina étranger en 1997.  En revanche, il n’a jamais été traduit en anglais. Ou plutôt il a été traduit par un jeune doctorant chinois étudiant aux Etats-Unis, mais dans un anglais trop incertain pour pouvoir être publié. C’est en fait un texte qui défie la traduction, non tant à cause des expressions dialectales locales, mais surtout à cause des passages de poésie de forme classique, mais déviée vers le scatologique populaire, un tour de force qui est typique du style extrêmement recherché créé par Jia Pingwa, entre Rabelais et Shakespeare.

       

On le voit aussi, dans ce texte, s’amuser en semblant prévenir l’ire des censeurs : le texte est parsemé de passages où il a remplacé les caractères par des petits carrés, avec des notes explicatives :

ici, l’auteur a effacé XXX caractères… Il est dommage que, dans la nouvelle édition parue après la levée de l’interdiction, en 2009, les petits carrés blancs aient été simplement remplacés par des blancs, sans mention du nombre de caractères litigieux ironiquement autocensurés…

       

A partir de 1994, sa notoriété est telle que ses écrits sont activement recherchés par les éditeurs chinois. Il le dit dans la postface à un recueil d’essais publié cette année-là, « Le renard rouge » (红狐).  Ce sont ses essais et notes de voyage, justement, qui sont les plus recherchés en Chine, mais dans un style hybride qui rend de plus en plus floue la distinction avec la nouvelle. Les recueils se multiplient, les éditeurs inventant constamment de nouvelles formules pour concurrencer leurs rivaux.

        

1996 : Le village englouti

       

Le village englouti (éd. 2004)

 

Après « Nuit blanche » (《白夜》) en 1995, dans le roman suivant paru en 1996, « Le village englouti » (《土门》), Jia Pingwa poursuit son analyse urbaine, mais en confrontant la même Xijing dépeinte dans « La capitale déchue » à un petit village en périphérie, menacé par la croissance de la ville. Ce sont deux mondes qui s’affrontent : la ville, dynamique et tentaculaire, qui envahit peu à peu la campagne alentour et attire les villageois à elle ; en même temps, la ville n’existe et ne vit que par ses liens avec le monde rural. Les torts et les défauts sont partagés : bêtise et ignorance d’un côté, futilité et cupidité de l’autre.

       

Le village tente de se rebeller contre l’emprise de la ville, mais la révolte échoue, et le constat est plus grave ici que dans le cas de la défaite de l’intellectuel de « La capitale déchue » : il s’agit ici d’un enjeu essentiel pour la société chinoise, et le pays, dont les fondements profonds sont

ancrés dans la culture rurale. Celle-ci, en disparaissant, fait place à une culture superficielle, mais surtout pleine de dangers, avec la montée de la violence, de l’insécurité, de l’individualisme et

de l’égoïsme.

       

Le roman innove aussi dans la forme narrative, la narratrice, et porte-parole des villageois, exprimant ses doutes et hésitations dans des monologues intérieurs. En revanche, le style est toujours fondé sur un mélange d’expressions classiques et de termes modernes et locaux, mais sans la

richesse d’expressions obscènes ou scatologiques du roman précédent. On a l’impression d’une maturation dans l’écriture.

                

Fin 1997, Jia Pingwa publie deux essais originaux, parmi les très nombreux publiés, qui reflètent sa réflexion sur la littérature classique : l’un qui est une  relecture du roman « L’histoire du Pavillon de l’Ouest » (西厢记) et l’autre une réécriture d’un chuanqi datant des Tang, « Une femme de la famille Ren » (任氏).

              

1998-2007: confrontation  ville/campagne

                

1. En 1998, puis en 2000, Jia Pingwa revient vers l’analyse de la confrontation ville/campagne avec ses deux romans « Le vieux village des Gao » (《高老庄》), puis « Souvenir des loups » (《怀念狼》). Dans le premier, des citadins

viennent s’extasier devant les restes de la campagne d’antan, et dans le second (« encore un livre sur Shangzhou », dit l’auteur en préambule), un intellectuel né à la campagne peine à vivre à la ville. La tension entre le monde rural et le monde urbain est constante.

 

Souvenir des loups, édition 2006

              

2. En mars 2005, son roman « Qin Qiang » (《秦腔》), dont le titre ambigu peut être traduit par « Opéra Qin », qui est le nom de l’opéra traditionnel du Shaanxi, ou « Accent du Shaanxi », marque un retour vers le village comme centre du récit – mais c’est un village en crise. Ici ce sont les politiques et les autorités locales qui s’opposent aux traditions et créent les tensions, voir le chaos, dans le contexte de la mise en place de l’économie de marché, au cours des décennies 1980 et 1990.

       

C’est écrit avec beaucoup d’humour ; toute la première partie, en particulier, est une suite de digressions savoureuses sur les rats, les amours et la politique locale. Mais il y a aussi des passages d’un (faux) réalisme glacial, avec toujours une pointe humoristique, sur l’application sans partage des directives du Parti ; les pages sur la mise en œuvre de la politique de l’enfant unique – avec avortement

 

Qin Qiang

obligé - valent bien, dans leur narration factuelle dérivant vers le magique, les envolées de Mo Yan dans « Grenouille » (). (8)

           

Le roman a été défini très sérieusement par les critiques chinois comme un « poème épique du  monde rural contemporain chinois » (“一卷中国当代乡村的史诗”). D’une manière ou d’une autre, c’est

certainement l’un des romans chinois le plus marquants des dix dernières années. Il a été couronné du prix Mao Dun en 2008.

                

3. Enfin, en décembre 2007, avec « Gaoxing » (《高兴》), Jia Pingwa aborde le heurt ville/campagne sous un angle nouveau : celui du paysan qui va travailler en ville, c’est-à-dire le problème des migrations rurales. Gaoxing (高兴), c’est-à-dire « Heureux », est le nom d’un campagnard qui part à la ville avec un ami qui, lui, s’appelle Wufu (), c’est-à-dire « cinq richesses ». Ils sont embauchés comme collecteurs de déchets, dans une chaîne de vente et revente qui finit à la décharge municipale.

                  

Jia Pingwa a accentué le caractère satirique ; le ton a souvent une pointe d’ironie enjouée. Il y a

cependant l’inévitable histoire d’amour qui sert de moteur à la narration. Le coup de foudre intervient entre Gaoxing et une jeune employée d’un salon de beauté qui est aussi prostituée : elle doit gagner suffisamment d’argent pour pouvoir payer à la police l’argent nécessaire pour faire un

 

Gaoxing

long voyage afin d’aller arrêter son ancien petit ami qui a assassiné son frère et s’est enfui… Le tout se complique lorsque Gaoxing apprend qu’un homme d’affaires à qui il a donné un rein et de qui il attendait beaucoup est en fait le souteneur de la jeune fille…

          

Quand elle est arrêtée, Gaoxing et Wufu  s’engagent sur un chantier de construction pour tenter de gagner l’argent nécessaire pour la faire sortir de prison. Mais les conditions de travail sont très dures, et Wufu meurt d’une attaque. Il ne reste plus à Gaoxing qu’à exhaucer le dernier souhait de son copain : ramener son cadavre chez lui pour l’y enterrer… Il est arrêté avec le corps à la gare. C’est ainsi que commence le roman….

       

La vie est sordide pour ces marginaux impossibles à caser en ville, mais Jia Pingwa montre les trésors de vitalité et de chaleur humaine que recèle chacun de ses personnages, et qui rendent justement leur existence vivable. On sent la fiction très proche de la réalité (9).

       

2011-2016 : le tournant de la soixantaine

       

Depuis le début des années 2010, Jia Pingwa a accéléré le rythme de ses publications tout en conservant la même thématique et en continuant ses recherches stylistiques.

      

1. En janvier 2011, « Le vieux four » (《古炉》) est apparu comme une nouvelle variation sur le thème rural, conté

sous l’angle de l’histoire. Jia Pingwa a lui-même expliqué

que c’était un reflet de sa maturation et, au seuil de la soixantaine, du besoin de revenir sur ses souvenirs de jeunesse. Ces souvenirs sont aussi ceux de la Révolution culturelle, mais évidemment, chez lui, ils n’ont rien à voir avec ce que l’on a l’habitude de lire sur la période – surtout à travers les traductions.

       

Selon une habitude maintenant régulière chez lui, il explique dans la préface au roman comment les souvenirs de cette période on commencé à venir constamment le hanter à partir

 

Le vieux four

de ses cinquante ans, car les marques du passé sont partout :

       

Quand je reviens dans mon village natal, je ne peux pas éviter de remarquer, sur les murs délabrés, les traces à moitié effacées des slogans révolutionnaires que l’on y avait peints. Quand je passe devant ma vieille école, je me rappelle les sessions de lutte qui y ont eu lieu. Lors des séances de dénonciations publiques, j’étais recruté pour servir de secrétaire, et devais prendre des notes.

Un jour, alors que je visitais un village proche, l’homme qui m’accompagnait me dit en me montrant un groupe de maisons sommairement bâties : regarde, les gens qui ont suspendu ton père pour le battre vivaient ici, à l’époque.

Comme je lui demandais s’ils vivaient toujours là, il me répondit qu’ils étaient tous mort. … Dans le village, ceux qui avaient vécu la Révolution culturelle étaient morts, pour la plupart. Les survivants étaient âgés ; je les apercevais, le visage buriné, marcher dans les rues à pas incertains, appuyés sur des cannes tordues…

         [certains étaient d’anciens ennemis qui avaient depuis longtemps oublié leurs rancunes]

Un jour, j’ai rencontré un des vieux chefs de factions. Il était seul, assis dans la cour de sa maison… Lorsque je suis passé, il m’a appelé, par le sobriquet qu’on utilisait pour m’appeler quand j’étais petit : eh, tu es de retour ? cela fait longtemps ? viens prendre un verre… Le soleil était chaud, la cour déserte… à l’époque, des actes d’une violence terrible avaient été perpétrés là, mais maintenant, rien. Il n’y avait ni taches de sang, ni corps en décomposition, ni lambeaux d’affiches révolutionnaires, ni bâtons ni briques. Tout avait disparu sans laisser de trace. Le passé s’était envolé comme une bourrasque de vent…

Un jour, j’ai demandé à l’un des petits-fils de mon frère : tu as entendu parler de la Révolution culturelle ? Il m’a répondu non. …….

       

Alors il a décidé d’écrire, pour que la mémoire ne s’en perde pas, mais aussi parce qu’il n’aimait pas les histoires qu’on en avait racontées. Il se sentait une mission, une obligation de témoignage, passé au tamis de la littérature : non point écrire pour régler des comptes, mais écrire pour raconter, en témoin alors trop jeune pour pouvoir prendre part aux dissensions et aux luttes, en victime indirecte des événements. Ce sont les mémoires d’un individu, et d’un village (fictif dans le roman, et d’autant plus emblématique), où il montre comment la pauvreté conduit à la soumission, même à l’absurde. Des mémoires parmi d’autres, dont la somme constitue la mémoire nationale. Une vision ambiguë, sans polémique ni dogmatisme.

           

2. Puis Jia Pingwa est revenu au présent, et à la réalité rurale, avec un nouveau roman sorti en janvier 2013 : « Daideng » (《带灯》).

 

Daideng

 

Daideng est le nom d’une femme, responsable au niveau local de l’application des directives et décisions politiques et du maintien de la paix sociale, de « l’harmonie ». C’est le premier personnage principal d’un roman de Jia Pingwa à être féminin, et cette caractéristique prend un sens particulier dans le contexte du roman.

           

Le restaurant de raviolis (réédition 2010)

 

C’est un personnage fictif, mais calqué sur un personnage réel, avec laquelle Jia Pingwa a entretenu – et entretient - une correspondance suivie. Le roman comporte d’ailleurs des documents qu’elle lui a envoyés. On suit à travers son histoire les difficultés rencontrées sur le terrain, les tensions et conflits, dans un état de crise larvée permanente, où la moindre lutte, pour un arbre ou contre un tunnel, peut dégénérer en émeute.

       

Ce qui donne toute sa profondeur à l’histoire, cependant, et en fait un roman subtil et non un documentaire, c’est la double personnalité de Daideng : sous les apparences d’une femme autoritaire et sans guère de nuances, elle cache en fait une nature douce, un goût profond pour la littérature et la poésie, et le désir éthéré d’une vie idyllique et paisible. L’ambiguïté tient jusque dans ses deux prénoms : le vrai, Yíng (), ou ver luisant, humble point lumineux dans la nuit, et celui qu’elle s’est choisi, ce Dàidēng (带灯) qui est porte-flambeau, destiné à éclairer les masses…

                  

Elle se tire de ses contradictions, et du risque de schizophrénie, en appliquant un principe qui ressemble à s’y méprendre au second de la morale provisoire de Descartes : accepter ce que l’on ne peut changer… Mais, à la fin, c’est le symbole du ver luisant qui semble le plus prometteur.

       

Dans un style narratif que Jia Pingwa dit avoir voulu plus direct, « Daideng » est une œuvre profonde qui relativise les accusations portées contre les autorités locales chinoises et leurs responsabilités dans les abus commis à la campagne, en montrant un aspect humain auquel on ne pense pas forcément. Jia Pingwa a mis trois ans à l’écrire et l’a terminée pour son soixantième anniversaire…

       
Selon le Quotidien du Peuple du 19 juin, en cinq mois, il s'est vendu un million d'exemplaires de "Daideng" en version papier et 500 000 en version ebook. Jia Pingwa est ainsi redevenu l'un des écrivains chinois les plus populaires dans son pays.

 

3. En septembre 2014, c’est un roman très original qu’il publie, original autant pour le fond que pour la forme : « Lao Sheng » (《老生》).

 

Le roman couvre cent ans d’histoire des villages de montagne du sud du Shaanxi, dans la région des monts Qingling (秦岭), des années 1920 à aujourd’hui. Lao Sheng est un chanteur, décédé, qui se produisait dans les cérémonies funéraires. C’est lui l’âme du roman, le fil narratif principal du récit, divisé en quatre grandes périodes, et éclaté en divers endroits liés entre eux par les souvenirs du vieux chanteur : ce sont tous les villages où il est allé animer des funérailles.

 

La grande originalité est que chaque partie du roman est introduite par une citation du Shanhaijing (《山海经》), le Livre des monts et des mers qui est un recueil – datant des Royaumes combattants - de données géographiques plus ou moins mythiques et de légendes de l’antiquité chinoise. Jia Pingwa reprend la structure de ce classique, avec des descriptions montagne par montagne, village par village, période par période.

 

Lao Sheng

 

Quant au récit lui-même, il est aussi foisonnant que tout roman de Jia Pingwa, avec une centaine de personnages aux histoires alambiquées que fait revivre le vieux chantre, avec équanimité. Le livre a tout de suite été un bestseller : en janvier 2015, il a figuré en tête de la liste de dix meilleurs livres de l’année 2014 établie par sina online (新浪年度十大好书).

 

4. Début 2016, un seizième roman est paru dans le premier numéro de l’année de la revue Littérature du peuple : « Jihua » (《极花》), du nom d’une fleur imaginaire.

 

Cette fois, le sujet lui a été inspiré par une histoire vraie, arrivée à un villageois de chez lui dont la fille avait été enlevée, et qui avait été sauvée par la police ; mais, revenue chez elle, la pression sociale a été telle qu’elle est finalement revenue vivre avec l’homme qui l’avait enlevée et dont elle avait eu un fils.

 

Cette histoire a hanté Jia Pingwa pendant dix ans, mais sans qu’il parvienne à trouver la manière de la conter pour éviter le mélodrame larmoyant. La solution lui est venue des diverses visites qu’il a faites dans divers villages de son Shaanxi natal, pendant cette période, pour faire des recherches sur des chants populaires locaux : des villages

 

Jihua

désertés, appauvris. La vitesse du changement l’a profondément attristé, et c’est pour exprimer sa peine qu’il a écrit « Jihua ».

 

Jia Pingwa présentant Jihua (avril 2016)

 

Il a donc conté son histoire dramatique sur fond de non moins dramatique dépeuplement rural. En même temps, il a, comme toujours, accordé une attention particulière à la forme. D’abord c’est son roman le plus court : 200 pages, tout juste 150 000 caractères alors qu’il ne pensait pas pouvoir l’écrire à moins du double. Il est d’ailleurs intéressant de voir la longueur de ses romans se réduire progressivement : de 670 000 caractères pour « Le vieux four » à 220 000 pour « Lao Sheng ». C’est la tendance actuelle. Mais, chez Jia Pingwa, c’est une tendance motivée par forme même.

 

Pour parvenir à réduire ainsi « Jihua », il a adopté un style totalement différent de celui de ses romans précédents dont les récits s’enrichissent d’un foisonnement de digressions constantes et de descriptions détaillées.

 

Ici, la forme est calquée sur le lavis à l’encre de Chine dont Jia Pingwa est par ailleurs un maître (10). Or, l’essence du lavis, c’est de capter l’âme du sujet, d’en saisir la signification profonde, ce qu’on appelle ‘écrire le sens’ : xiěyì (写意).

 

De même dans ses romans, Jia Pingwa dit vouloir rendre le sens au-delà de la forme. Il a voulu rendre son récit aussi réaliste que possible, mais, en même temps, l’histoire est construite sur différents niveaux symboliques, où le vide apporte un sens supplémentaire. Il a dit s’être efforcé de s’évader de ses habitudes narratives, de ne pas tout dévoiler précisément, de garder certains détails cachés, d’y faire seulement allusion. 

 

Une page du manuscrit de Jihua

 

Il y dévoile plus que jamais son empathie pour le monde rural. Il est l’un des rares écrivains chinois à continuer à écrire pour le dépeindre et l’analyser, avec une constance qui est aussi un mode de vie. Car, dit-il, impossible de ne pas en témoigner (不吐不快).

       

       

Notes

(1) Ecrivain originaire de Shangzhou, critique littéraire et ami de Jia Pingwa, Sun Jianxi (孙见喜) est l’auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages sur Jia Pingwa, dont une biographie (贾平凹传) publiée aux Editions du peuple de Shanghai (上海人民出版社) en janvier 2008, qui comporte une bibliographie extensive des œuvres de 1977 à 2005.

(2) Dans « Narrating China : Jia Pingwa And His Fictional World, Yiyan Wang, Routledge 2006 ; l’ouvrage analyse surtout les grands romans, de 1993 à 2000, mais comporte en appendice une chronologie extensive et commentée des œuvres publiées jusqu’en 2005 (p 241 sq).

(3) ou 《满月        

(4) La nouvelle a été adaptée au cinéma : réalisé par Yan Xueshu (颜学恕), le film, « Dans les montagnes sauvages » (《野山》), a été tourné au studio de Xi’an en 1985 ; lauréat du prix du Coq d’or, il a aussi été primé au festival des Trois Continents à Nantes en 1986 et présenté au festival de Berlin en février 1987.  C’est un film superbe qui mériterait d’être re-découvert.

Voir : Adaptations cinématographiques ci-dessous
(5) 腊月 làyuè désigne le 12ème mois

 

Dans les montagnes sauvages

de l’année et 正月 zhēngyuè le premier mois selon le calendrier lunaire – ce qui correspond donc plutôt à la période janvier-février.

(6) La nouvelle a également été adaptée au cinéma, sous le titre « Villageois » (《乡民》). Réalisé par Hu Bingliu (胡炳榴), le film est sorti en 1986. C’est le dernier volet d’une trilogie de « films du terroir » (“乡土电影三部曲”) qui s’inscrit, avec un certain décalage, dans le mouvement de « recherche des racines ».
(7) Prix littéraire créé en 1977 par la compagnie pétrolière Mobil (Exxon Mobil aujourd’hui) pour promouvoir la traduction en anglais d’œuvres peu connues de la littérature mondiale. Les traductions étaient ensuite publiées par les éditions de l’université de la Louisiane.
(8) On voit bien ici l’influence de la traduction sur l’attribution du Nobel de littérature. Jia Pingwa aurait été un candidat tout aussi valable que Mo Yan, mais les difficultés de traduction l’ont mis hors de portée du jury du Nobel.

(9) Gaoxing rappelle le personnage, tout aussi optimiste face aux pires revers, du film de Zhang Meng (张猛) « Lucky Dog » (耳朵大,有福). Sur ce film, voir : http://www.chinesemovies.com.fr/films_Zhang_Meng_lucky_dog.htm

« Gaoxing » a été adapté au cinéma, par le réalisateur Ah Gan (阿甘) ; son film, une comédie, est sorti en février 2009.

(10) Voir la note ci-dessous sur son œuvre picturale

      


       

Quelques nouvelles et recueils

(chaque recueil reprend des nouvelles éditées précédemment, avec quelques nouveautés)

       

1978 《满月》 “Pleine lune” Meilleure nouvelle de l’année.

         Rééditée dans le recueil « Le restaurant de raviolis »

1985《腊月·正月》"December. January",  recueil de trois nouvelles

1986《天狗》Le chien céleste, recueil de sept nouvelles

1993 《油月亮》贾平凹精选 : « La lune d’huile », 30 nouvelles sélectionnées par l’auteur

1994 太白Taibai et autres histoires, recueil de quinze nouvelles écrites entre 1985 et 1989

2002 《听来的故事》 Histoires entendues, quatorze nouvelles écrites pour la plupart à partir de la fin des

                                         années 1990.        

2007《饺子馆》Le restaurant de raviolis, nouvelles écrites pour la plupart après 2000.

       


      

Romans

       

1987 《商州》 Shangzhou

1988 《浮躁》 Turbulence, Pegasus Prize 1988.

1989 《妊娠》 Grossesse

1993 《废都》 La Capitale Déchue. Prix Fémina 1997.

1995 《白夜》 Nuit blanche

1996 《土门》  Le village englouti

1998 《高老庄》 Le vieux village des Gao

2000 《怀念狼》 Souvenir des loups

2002 《病相报告》 Rapport de santé

2005 《秦腔》 Qinqiang/Opéra Qin. Prix Mao Dun 2008

2007 《高兴》 Gaoxing/Heureux

2011 《古炉》 Le vieux four

2013 《带灯》 Dai Deng

2014 《老生》 Lao Sheng
2016 《极花》 Jihua

       


    

Traductions en français

 

Nouvelles

·         La montagne sauvage, éditions des Lettres étrangères (coll. Phénix), 1990

Recueil de deux nouvelles "moyennes" :

« La montagne sauvage » (《野山》) 1984 et « Les forteresses antiques » (《故里》) 1987.

La première a été adaptée au cinéma en 1986 par Yan Xueshu (颜学恕)

·         Le Porteur de jeunes mariées, Stock décembre 1995 

Recueil de trois nouvelles de 1990 qui constituent une sorte de trilogie, avec des détails qui se retrouvent de l’une à l’autre :

- Avril 1990 Meixuedi 《美穴地》tr. Le géomancien amoureux

Texte en 11 chapitres : http://jiapingwa.zuopinj.com/2494/

- Mai 1990 Bai Lang 《白朗》Le héros brigand / Le bonze brigand 

Texte en 4 chapitres : http://jiapingwa.zuopinj.com/2491/

- Nov. 1990 Wukui《五魁》tr. Le porteur de jeunes mariées

Adaptée au cinéma en 1994 par Huang Jianxin (黄建新

Le texte en 10 chapitres : http://www.hxqw.com/wxxsgl/xdwx/200901/44712.html

 

Romans

- La Capitale déchue 《废都》, trad. Geneviève Imbot-Bichet, Stock 1997, — Prix Fémina étranger

- Le Village englouti 《土门》, trad. Geneviève Imbot-Bichet, Stock 1999.

- L’art perdu des fours anciens 《古炉》, trad. Bernard et Li Bourrit, Gallimard coll. Du monde entier, novembre 2017.

- Portée-la-lumière 《带灯》, trad. Geneviève Imbot-Bichet, Stock 2018

 


      

Traductions en anglais

 

Nouvelles

- The Heavenly Hound 《天狗》, Chinese Literature Press 1991

- Heavenly Rain 《天雨》, Beijing Panda Books 1996 – sélection de quatre nouvelles moyennes :

Heavenly Rain, The Good Fortune Grave, The Regrets of the Bride Carrier, The Monk King of Tiger Mountain

- Selected Stories by Jia Pingwa, sous la direction de Du Xia, Foreign Languages Teaching and Research Press, bilingue anglais/chinois, janvier 1999

- The Hunter 《猎人》, Pathlight 2012/2.

Texte chinois : http://www.kanunu8.com/files/chinese/201104/2613/62768.html

- The Country Wife, in: Old Land, New Tales, 20 short stories by writers of the Shaanxi region, ed. by Lei Tao & Jia Pingwa, China Intercontinental Press 2011, reed. Amazon Crossing 2014, pp. 41-94.

 

- Trois nouvelles dans la revue Chinese Arts and Letters, n° 2018.2 :

Autumn (《秋天》) / The Brick Bed (《土炕》) / Trees can’t talk ! (《制造声音》)

 

Autres traductions : http://u.osu.edu/mclc/bibliographies/lit/translations-aut/d-j/#J

 

Romans

- Turbulence 《浮躁》, tr. Howard Goldblatt, Louisiana University Press 1991,

                                          réed. Grove Press, janvier 2003.

Lire le début : http://www.amazon.fr/Turbulence-Novel-Pingwa-Jia/dp/0802139728/ref=sr_1_3?s=english-books&ie=UTF8&qid=1371290509&sr=1-3&keywords=jia+pingwa#reader_0802139728

- Ruined City 《废都》, tr. Howard Goldblatt, University of Oklahoma Press, 2016.

- Happy Dreams 《高兴》, tr. Nicky Harman, Amazon Crossing 2017
- The Lantern-Bearer 《带灯》, tr. Carlos Rojas, CN Times Book, 2017.

 


 

Adaptations au cinéma

 

1986 Dans les montagnes sauvages (《野山》) réalisé par Yan Xueshu (颜学恕)

Voir : http://www.chinesemovies.com.fr/films_Yan_Xueshu_Ye_Shan.htm

 

1994 The Wooden Man’s Bride 《五魁》 réalisé par Huang Jianxin (黄建新

Voir : chinese movies…. (à venir)

 


        

A lire en complément

 

- « La rivière Contrecourant » 倒流河

Nouvelle initialement publiée dans Littérature du peuple (《人民文学》) en février 2013 et lauréate du prix de la meilleure nouvelle 2013 décernée par la revue.

 

Elle est construite en aller-retours entre les rives nord et sud de la rivière, selon un double fil narratif, l’un autour du couple Liben-Shunshun (立本、顺顺), et l’autre autour d’un vieux passeur et de son fils, Lao Ben et Song Yu (老笨、宋鱼). Le couple trime dur mais achète une mine et s’enrichit, jusqu’à ce que les cours du charbon s’effondre à cause de la crise ; le fils du vieux passeur est un fruit sec qui profite du boom économique, son père continue inlassablement à transporter les gens d’un bord à l’autre de la rivière, sans oser acheter un nouveau bateau car il est question de construire un pont…. C’est un bout d’histoire récente du Shaanxi vue au ras du sol et un tableau saisissant de la société locale…

Texte chinois : http://www.vipreading.com/novel-read-1376-0.html

Traduction en anglais par Nicky Harman : « Backflow River »,

à lire dans Read Paper Republic : https://paper-republic.org/pubs/read/backflow-river/

 

- « La capitale déchue », extrait du chapitre 66.

 

- Présentation de l’œuvre de Jia Pingwa par Nick Stember :

https://glli-us.org/2017/02/20/jia-pingwa-as-global-literature-by-nick-stember/

 

- Le site Ugly Stone, site dédié à son œuvre et ses traductions en anglais, avec une note biographique sur l’auteur et des fiches sur ses huit romans, à partir de « Ruined City » (La Capitale déchue), ainsi que des extraits de traductions : http://www.ugly-stone.com/

 

- Une courte réflexion de l’auteur sur un souvenir lié à son père, traduite en anglais par Dylan Levi King, et illustrée par Jia Pingwa lui-même :

https://ricepapermagazine.ca/2017/04/drinking-by-jia-pingwa-translated-by-dylan-levi-king/

 

- Une nouvelle courte : 《武松杀嫂》 « Wu Song tue sa belle-sœur »

 

- « L’art perdu des fours anciens » (《古炉》)

 


      

Note sur les peintures de Jia Pingwa

 

Jia Pingwa est aussi célèbre pour son travail de calligraphe et de peintre. Il a développé un style particulier qui apparaît clairement dans les quelques œuvres ci-dessous :

 

Hommage à Laozi (拜老子图)

 


Au bord du fleuve (大河流过我的船)

 


Canards (鸭子)

 


Le retour de Cailian (采莲归来)

 

   

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

© chinese-shortstories.com. Tous droits réservés.