par Brigitte Duzan, 05 février
2013, actualisé 24
novembre 2017
Romancier,
essayiste, traducteur, éditeur et éditorialiste, Ba Jin
a vécu pour l’écriture, la littérature étant pour lui
une arme de combat.
Il a cependant
été courtisé par le régime maoïste aux lendemains de la
fondation du nouveau régime, et s’est laissé aller à
critiquer d’autres écrivains pendant le mouvement de
lutte contre les droitiers, en 1957. Cependant, il a été
à son tour sérieusement attaqué dès les débuts de la
Révolution culturelle, et a passé de longues années sous
haute surveillance, astreint à des tâches dures et
avilissantes.
Libéré par la
chute de la Bande des Quatre, il a été réinstauré dans
des fonctions officielles, jusqu’à devenir le président
de l’Association des écrivains chinois en 1985, jusqu’à
sa mort en 2005, à plus de cent ans. Son œuvre
Ba Jin en 1930
littéraire,
cependant, reste inégale, ses romans les plus connus n’étant pas
forcément les plus remarquables.
1904-1929 De l’anarchisme à la
littérature
Ba Jin est l’un des
nombreux noms de plume de Li Yaotang (李尧棠),
alias Feigan (芾甘), né le 25 novembre 1904 à Chengdu, au Sichuan (四川成都), dans une famille de mandarins et propriétaires fonciers.
Ce nom de plume a
longtemps été considéré comme un hommage aux anarchistes russes
Bakounine et Kropotkine. Mais, dans un article de mars 1958
concernant son roman « Destruction » pour lequel il l’a inventé,
Ba Jin a lui-même expliqué, que ce n’est pas exact : le premier
caractère est un hommage à l’un de ses camarades de Chengdu, Ba
Enbo (巴恩波),
qui s’était suicidé peu de temps auparavant ; le second est bien
le dernier caractère de la transcription en chinois du nom de
Kropotkine (克鲁泡特金).
Il est vrai qu’il fut l’un des premiers maîtres à penser de Ba
Jin, mais le choix fut en fait l’œuvre du hasard : c’est parce
que l’un de ses amis vit ouvert devant lui « L’éthique » que Ba
Jin était en train de traduire, qu’il proposa le dernier
caractère du nom de l’auteur qu’il trouva parfait.
Orphelin et rebelle
Ba Jin eut une enfance
assez typique de l’époque, dans une famille traditionnelle. Sa
mère mourut en 1914, alors qu’il n’avait pas encore dix ans. Or
elle était cultivée, et inculqua à ses enfants l’amour de la
lecture en leur faisant apprendre des poèmes des Tang qu’elle
copiait elle-même. Ba Jin a souvent rendu hommage à sa douceur,
à son sens de la compassion et de l’humilité.
Quant au père, il
exerça pendant deux ans, de 1909 à 1911, les fonctions de
sous-préfet dans une petite ville du nord de la province, après
quoi il revint à Chengdu, s’acheta des terres et devint un
patriarche à l’ancienne, entretenant une vaste parentèle.
Il épousa une jeune
femme en secondes noces, mais mourut peu après, au printemps
1917, alors que le jeune Yaotang n’avait encore que douze ans.
Selon la tradition, c’est son frère aîné qui devint le chef de
famille. C’était un être bon, mais faible, incapable de résister
aux manigances de leurs oncles. Il s’est empoisonné quinze ans
plus tard, alors que sortait en feuilleton, dans un journal de
Shanghai, le roman « Famille » (《家》)
inspiré de l’atmosphère familiale …
Etudiant de langues
et anarchiste
Ba Jin suit d’abord une
formation secondaire dans une école rattachée à l’Université du
Sud-Ouest de Chengdu, puis poursuit des études de langues à
l’Ecole des Langues étrangères de Chengdu (成都外国语专门学校)
où il
étudie le français et le russe.
A quinze ans, il lit
« L’appel à la jeunesse » de Kropotkine qui l’enthousiasme :
« Je ne m’imaginais pas qu’il existât un tel livre au monde ! »
dira-t-il, « C’était ma propre pensée, mais exprimée avec une
netteté, une précision dont j’étais incapable. » (1)
Ses lectures
s’orientent alors vers des livres à thèmes sociaux : le militant
socialiste Leopold Kampf, et l’anarchiste américaine Emma
Goldmann. En 1919, il devient membre de la « Société de
l’Équité », noue des liens avec l’anarchiste chinois Zheng
Peigang, et participe à la revue anarchiste « La voix du
peuple » (《民声》).
Il publie son premier article anarchiste en mars 1921, dans le
numéro 17 de « La Quinzaine » (《半月》) de Chengdu ; il est intitulé : « Comment fonder une société
véritablement libre et égalitaire. » Puis il écrit dans la revue
« Les masses en alerte » (《警群》)
qui succède à « La Quinzaine » quand ce journal est interdit.
En mai 1923, le jeune
Yaotang quitte Chengdu pour entrer à l'École des langues
étrangères de Nankin (南京外国语专门学校). Il ne reverra sa ville natale qu’en 1942. Très doué pour les langues,
il s'engage aussi dans le mouvement espérantiste. Il devient
l’ami de l’activiste étudiant Hu Feng (胡风)
et prend part au mouvement étudiant de Nankin. Atteint de
tuberculose, il va se faire soigner à Shanghai où il se plonge
dans l’histoire de décembristes et des populistes russes,
traduit des articles engagés et participe à l’activité
syndicale ; il y découvre le journal « La Cloche du peuple » (《民钟》) publié à Canton et y publie des traductions.
Etudiant à Paris et
premier roman
Au début de 1927,
désireux de poursuivre des études de français et d’économie, il
part en France dans le cadre du programme travail-études (2).
Il s’embarque sur un paquebot qui l’emmène à Marseille d’où il
gagne la gare de Lyon, à Paris. Il mène alors une vie partagée
entre les difficultés financières et sa nostalgie pour le pays
natal. Il correspond avec Emma Goldmann qu’il considère comme sa
mère spirituelle, commence la traduction de « L’éthique » de
Kropotkine, mais, le 23 août, apprend l’exécution de Sacco et
Vanzetti à Boston alors qu’il vient d’échanger toute une
correspondance avec celui-ci.
Destruction
La solitude lui
pèse et le pousse à écrire sa première œuvre littéraire,
la première signée Ba Jin : c’est « Destruction »
(《灭亡》),
une nouvelle ‘de taille moyenne’, ou court roman, où il
exprime ses sentiments et états d’âme tout en relatant
des épisodes basés sur des souvenirs personnels.
L’histoire se
passe en 1926, avant l’Expédition du Nord (北伐战争).
Du Daxin (杜大心)
est un jeune garçon dont la cousine, qu’il aimait, a été
contrainte à un mariage arrangé avec un militaire ; il
a, en outre, perdu sa mère. Désespéré, il abandonne ses
études et se lance dans l’action révolutionnaire. Il
rencontre une autre jeune femme qu’il aime, Li Jingshu (李静淑),
mais se sent alors pris dans un dilemme cornélien entre
cet amour et son devoir révolutionnaire. Du Daxin se
décrit lui-même comme un être dont l’existence est
tissée de contradictions (“矛盾,矛盾,矛盾构成了我的全部生活。”).
Pour tenter d’oublier
Li Jingshu, il redouble d’activité en créant une section
révolutionnaire au sein d’un syndicat dont la majorité penche
plutôt pour l’action réformiste promue par Sun Yatsen. L’un des
ouvriers de sa section est arrêté avec des tracts et décapité,
la scène de l’exécution étant l’un des temps forts de la
nouvelle. Du Daxin entreprend alors de le venger en une dernière
action d’éclat dont il espère la tranquillité que seule la mort
peut lui apporter : il va tirer sur le responsable de
l’application de la loi martiale au cours d’un banquet. L’homme
survit et Du
Daxin se
suicide.
Mais Ba Jin a ajouté
un épilogue porteur d’espoir : quelques années plus tard, une
grève générale éclate dans les usines textiles à Shanghai et les
ouvriers réussissent à faire plier les patrons. A la tête des
grévistes serait une femme du nom de Li Jingshu… la lutte
continue.
Terminée en 1928, cette
première œuvre est publiée d’abord, à Shanghai, dans le Mensuel
de la nouvelle (《小说月报》),
puis, en 1929, aux éditions Kaiming (开明书店).
Elle connaît un succès phénoménal, surtout auprès de la jeunesse
chinoise qui, aussi désespérée qu’eux devant le destin tragique
de leur pays, s’identifie aux principaux protagonistes. C’est le
début d’une longue carrière d’écrivain.
1929-1949
Romancier prolixe
La trilogie de
l’amour
Ba Jin revient en Chine
en 1929 et devient l’un des intellectuels en vue du mouvement
anarchiste, en publiant divers romans où s’affrontent féodaux et
révolutionnaires, tenants du conservatisme et de l’avant-garde,
dans une Chine des années 1930 qui voit l’invasion japonaise et
l’alliance provisoire entre communistes et nationalistes pour
faire front contre l’ennemi, une Chine, aussi, en proie au doute
et à la désillusion après la grande espérance qu’avaient fait
naître la révolution de 1911 et le
mouvement du 4 mai.
Après une série de
nouvelles, Ba Jin écrit la première partie d’une trilogie, la
« trilogie de l’amour » (“爱情三部曲”),
intitulée « Brouillard » (《雾》),
publiée en 1931 aux éditions de la nouvelle Chine (新中国书局),
nouvelle « moyenne » complétée, en 1933 et 1935, par « Pluie »
(《雨》)
et « Foudre » (《电》).
Cette trilogie décrit
les activités révolutionnaires et les amours d’un groupe d’amis
confrontés à des choix dramatiques entre leurs idéaux et leur
bonheur personnel, comme déjà, dans « Destruction ». Ce sont des
œuvres qui suscitent aujourd’hui quelque réserve sur leurs
qualités purement littéraires, mais qui ont marqué les esprits à
l’époque de leur parution et ont exercé une immense influence
sur la génération de Ba Jin, une génération de jeunes portés par
les mêmes idéaux et soumis aux mêmes déchirements dans leur vie
personnelle.
La trilogie du
torrent
1. L’année 1933
est, pour Ba Jin, l’année la plus prolifique de la
première moitié de la décennie. Non seulement paraissent
deux recueils de nouvelles courtes et trois autres
nouvelles « moyennes », c’est aussi l’année de parution
de son roman en grande partie autobiographique, « Famille »
(《家》),
peinture violemment satirique du système familial
traditionnel auquel il a lui-même été soumis et premier
volet d’une autre trilogie, la « trilogie du torrent » (“激流三部曲”).
Comme « Le rêve
dans le pavillon rouge », « Famille » décrit le déclin
d’une famille aisée, la famille Gao (高),
et la dispersion de la plus jeune génération. Les
épreuves et déboires familiaux reflètent en même temps
les changements sociaux dans la Chine du début du
vingtième siècle.
Le plus jeune
des trois frères Gao, Juehui (觉慧),
le héros de l’histoire, est l’alter ego de Ba Jin : un
jeune garçon rebelle
Famille (1981)
qui quitte le foyer
familial pour échapper à l’oppression qui s’exerce sur lui et se
forger son propre destin. Patriarche d’un âge avancé, le
grand-père de Juehui continue de régenter la maison d’une main
de fer en exigeant de ses petits-enfants le respect des règles
d’antan, rituels confucéens de piété filiale en particulier,
dont Ba Jin souligne l’hypocrisie : tout le monde s’y soumet
tout en les détestant. A la fin, le vieil homme meurt
misérablement seul, déserté par les siens qui se disputent son
héritage.
Si le grand-père
représente les derniers vestiges de l’autorité féodale, les
oncles et tantes de Juehui sont, eux, le reflet de la perte de
valeurs d’une société minée par un changement trop rapide qui
n’a pas su trouver de nouveaux idéaux pour les remplacer. Les
hommes de cette génération de transition sont la proie de tous
les vices, luxure, jeu et opium, tandis que les femmes passent
leur temps à tenter d’éliminer leurs rivales.
S’il y a quelque
espoir, il ne peut venir que de la jeune génération. Mais, alors
que la foi dans le potentiel révolutionnaire de la jeunesse,
surtout les étudiants et intellectuels, était une
caractéristique très répandue dans les premières décennies du
vingtième siècle, dans « Famille », ces jeunes ont aussi leurs
faiblesses.
Printemps
Ainsi Juehui
professe son enthousiasme pour les idéaux du 4 mai, mais
accepte le mariage arrangé par ses aînés, et sa cousine,
qu’il aimait et avait espéré pouvoir épouser, meurt à la
suite de sa trahison ; il est aussi dépeint sous un jour
peu reluisant dans ses rapports avec la servante
Mingfeng (鸣凤)
qu’il ne protège pas du mariage arrangé par la famille
avec un vieux barbon, si bien qu’elle n’a d’autre
recours que la noyade pour y échapper. Quant à la femme
de l’autre frère, Juexin (觉新),
elle meurt en couche quand son mari, acceptant de se
plier aux croyances superstitieuses de la famille, lui
refuse les soins médicaux dont elle aurait eu besoin.
« Famille »
n’est pas un chef d’œuvre littéraire, c’est un roman de
jeunesse bien mené où Ba Jin mêle divers éléments
mélodramatiques qui soutiennent l’intérêt du lecteur
tout en suscitant l’émotion. C’est aussi un
témoignage direct des
frustrations de toute une génération, qui recoupe celles qui
apparaissent dans les recueils de nouvelles de
Lu Xun de la même
époque.
2. « Famille »
est complété ensuite par deux autres romans formant les
autres volets de la « trilogie du torrent » : « Printemps »
(《春》),
publié en 1938, et « Automne » (《秋》) en 1940, qui poursuivent l’histoire de la famille Gao.
Dans le
premier, deux jeunes femmes ont été éduquées selon les
valeurs traditionnelles, pour devenir des femmes
soumises et obéissantes ; mais, sous l’influence des
deux frères de la famille Gao, la seconde se rebelle.
Quant à « Automne », il décrit la chute finale de la
famille, au bout d’une longue chaîne de servantes
maltraitées, suicides, mariages ratés et familles
brisées. Les deux romans apparaissent répétitifs et peu
novateurs.
On peut
préférer à ces romans les nouvelles courtes que Ba Jin
publie parallèlement, plus incisives et plus
intéressantes dans leur style, comme « Le
chien » (《狗》),
écrit en même temps que « Famille ».
Automne
Echos de la guerre
Tous ces écrits sont de
plus en plus marqués par l’atmosphère de résistance nationale
suscitée par l’invasion japonaise à partir de septembre 1931,
puis la guerre, effective à partir de l’incident du pont Marco
Polo, le 7 juillet 1937. L’intelligentsia de gauche s’aligne sur
le Parti communiste, fer de lance de la résistance, et Ba Jin,
malgré ses réticences, ne fait pas exception : il adhère à la
Ligue des écrivains de gauche (中国左翼作家联盟)
car l’heure est à l’union nationale, mais en gardant ses
distances.
Ba Jin pendant la guerre (années 1940)
Ses
enthousiasmes vont ailleurs, à la Révolution espagnole,
par exemple, qui lui semble bien plus porter ses propres
espoirs d’une société libre et égalitaire. Mais ses
écrits de la fin des années 1930 ont pour toile de fond
la guerre en Chine et la résistance à l’envahisseur,
comme la série de nouvelles de 1937, et le roman « Feu »
(《火》) par
exemple, ce dernier publié en trois parties entre 1940
et 1944.
Ba Jin voyage
beaucoup pendant les années de guerre ; il va de Guilin
et Kunming à
Chongqing et Shanghai,
mais garde toujours ses distances vis-à-vis de Yan’an. Il
continue cependant à publier sans discontinuer. Après les deux
derniers volets de la « trilogie du torrent », la première
moitié des années 1940 est marquée par la publication de
nouvelles ‘de taille moyenne’ qui sont parmi ses meilleures,
comme « Le jardin du repos » (《憩园》)
publiée en 1944, ou « La salle n° 4 » (《第四病室》)
publiée en 1946.
- « Le jardin du
repos » était, parmi ses nouvelles, l’une de celle que préférait
Ba Jin (3).
Le jardin en question était celui de sa maison natale, et l’un
des personnages inspiré par l’un de ses oncles. Le narrateur,
nommé Li comme le patronyme de Ba Jin, est un homme plein de
bonté qui, revenant dans sa ville natale après une absence de
seize ans, est hébergé au « Jardin du repos », résidence d’un
vieil ami. La nouvelle raconte le déclin de cette famille, dont
le fils meurt noyé pendant une tempête, et de celle du précédent
propriétaire de la maison, dont le fils a dilapidé la fortune et
meurt en prison. « Le jardin du repos » dépeint un monde à la
dérive où personne ne semble pouvoir éviter un destin funeste.
- Quant à « La
salle n° 4 », la nouvelle est basée sur l’expérience
personnelle de Ba Jin, qui fut hospitalisé à Guiyang (贵阳) en 1944, juste après avoir célébré son mariage avec Xiao Shan (萧珊), en août. Elle dépeint l’inhumanité et la dureté avec lesquelles il a
vu les pauvres traités dans l’hôpital de Guiyang, où
personne ne semblait se soucier de leurs souffrances et
où leur mort passait quasiment inaperçue. La nouvelle a
évidemment une portée emblématique, et on ne peut
s’empêcher de penser à « La salle n° 6 » de Chekhov
(4).
Ba Jin et Xiao Shan
Nuit glacée
Par ailleurs,
c’est au début de l’hiver 1944 que Ba Jin commence à
écrire « Nuit glacée »
(《寒夜》),
mais pour arrêter très vite car, en décembre, il doit
participer à Chongqing à un grand colloque littéraire et
artistique auquel assiste Zhou Enlai. Il est toujours là
quand est annoncée la capitulation du Japon, le 15 août
1945. Mao Zedong arrive le 28 et les manifestations pour
fêter la victoire se succèdent. Ba Jin ne peut reprendre
la rédaction de « Nuit glacée » qu’au début de l’hiver
1945, mais doit encore s’interrompre pour partir à
Shanghai. Xiaoshan, enceinte, reste à Chongqing.
En décembre, il
apprend la mort de son troisième frère Yaolin (尧林) et revient à Chongqing pour ses funérailles. Le 16 naît sa fille,
appelée Xiaolin (小林)
en hommage à son frère. Il publie ce qui sera son
dernier recueil de nouvelles courtes avant la
Libération : « Gens et faits sans importance » (《小人小事》).
En 1946, après
avoir publié un recueil de « Notes de voyage » (《旅途杂记》), il revient à Shanghai avec sa femme et sa petite fille. C’est donc là,
fin décembre, qu’il achève la rédaction de « Nuit
glacée », qu’il commence à publier en feuilleton dès
novembre dans la revue « Renaissance des lettres et des
arts » (《文艺复兴》).
Le roman paraît ensuite en mars 1947 aux éditions
shanghaiennes de l’Aurore (上海晨光出版公司). Ce sera le dernier roman de Ba Jin publié avant 1949.
Sa vision du
déclin de la société a évolué : dans la « trilogie du
torrent », elle était due à la déchéance morale des
individus, dans « Le jardin du repos » elle était plutôt
la conséquence d’une inaptitude à survivre dans une
époque de grand changements ; dans « Nuit glacée », ce
sont les épreuves imposées par la guerre qui sont le
facteur essentiel d’anéantissement des espoirs et des
rêves
Avec Xiao Shan et leur petite fille
à Shanghai en 1947
d’avenir. Cependant,
interviennent aussi des éléments humains conditionnés par des
structures mentales liées à la tradition, mais également par la
maladie.
Au total, le
roman dégage une atmosphère extrêmement pesante, où
l’émancipation obtenue de haute lutte n’est que
superficielle, et se révèle finalement source de
problèmes plutôt que solution. Ba Jin semble conclure
sur un constat de blocage social sans issue.
Intense
activités de traduction
Pendant toutes
ces années, Ba Jin est aussi plongé dans un immense
travail de traduction, surtout de littérature russe et
d’écrits anarchistes et libertaires : la nouvelle « Punin
et Baburin » de Tourgueniev, son auteur préféré, les Mémoires
de l’activiste politique russe Vera Figner (5),
des essais de critique littéraire de l’anarchiste
Rudolf Rocker, mais aussi
« The Happy Prince and Other Tales »
d’Oscar Wilde…
Il va continuer
cette activité après 1949 avec des traductions d’écrits
de Gorky, Garshin, Blok, Herzen…
Traduction de The Happy Prince
(réédition 2010)
1949-1977
Ecrivain officiel, puis vilipendé
Ecrivain officiel
Œuvres complètes, vol 7 : les nouvelles
A partir de
1949 et de la fondation du nouveau régime, Ba Jin se
retrouve écrivain officiel, à qui sont confiés des
postes importants et des fonctions de premier plan dans
les nouveaux organes du régime, en particulier au sein
de la Commission politique consultative du Peuple.
Ces fonctions
l’obligent à assister à réunion sur réunion, et à
beaucoup voyager : Moscou, Varsovie… En mars 1952, il
est en Corée du Nord, où il va revenir plusieurs fois
pendant la guerre ; il publie en février 1953 un livre
d’essais intitulé « Vie parmi les héros » (《生活在英雄们中间》), puis, en septembre, un recueil de nouvelles appelé « Histoires de
héros » (《英雄的故事》)
qui n’est pas ce qu’il a écrit de mieux.
Il publie
encore beaucoup en 1953. Entre mars et juillet sortent
plusieurs recueils de nouvelles et essais antérieurs
révisés, de même en septembre 1954. Mais, à partir de
là, il
écrit peu, et surtout
des essais. Il semble être totalement absorbé par ses fonctions
officielles, puis par l’édition de ses œuvres antérieures.
En juillet
1956, il devient rédacteur en chef de la revue
littéraire Shouhuo (《收获》)
avec son ami Jin Yi (靳以). Mais il cherche à se protéger en critiquant et dénonçant les
intellectuels qui sont attaqués. Il dénonce ainsi Hu
Feng (胡风)
qui avait pourtant été l’un de ses premiers amis à
Chengdu et qui est critiqué dès 1955 pour sa lettre de
juillet 1954 envoyée au Comité central pour s’opposer à
la mise au pas de la vie culturelle chinoise par le
Parti ; il sera condamné, et emprisonné jusqu’en 1979,
avec des milliers d’autres à sa suite (6).
En 1957 avec les acteurs et le
réalisateur
du film adapté de son roman « Famille »
En 1957, Ba Jin
participe au mouvement de lutte contre les « droitiers » ; il
est ainsi de ceux qui, lors d’une réunion en septembre,
dénoncent Feng Xuefeng (冯雪峰),
Ding
Ling (丁玲) et Ai Qing (艾青).
Il se sauve ainsi du sort réservé à tant d’autres.
Edition ancienne de Printemps et Automne,
avec Eclipse et Minuit de Mao Dun
En 1958, il
peut commencer la publication de ses œuvres complètes :
les deux premiers volumes sont publiés en mars, trois
autres volumes sont publiés en avril, mai et août, et le
6ème volume paraît en novembre. En 1959, il
publie encore deux recueils d’essais ainsi que les 7ème
et 8ème volumes de ses œuvres
complètes, le dixième paraissant en novembre, après un
recueil de traductions de nouvelles de Tourgueniev
traduites avec sa femme, Xiaoshan.
En juillet
1961, il publie le premier recueil de nouvelles depuis
la Libération (si l’on excepte celles sur le guerre de
Corée) : « Retrouvailles » (《团圆》).
Il est suivi d’un second en août : « Li Dahai » (《李大海》). En décembre paraît le 13ème volume de ses œuvres complètes,
le 14ème étant publié en août 1962.
En juillet
1966, il participe avec
Lao She
(老舍)
à une réunion politique contre l’intervention américaine
au
Vietnam, c’est la dernière fois que les deux écrivains
se rencontrent.
Ecrivain attaqué
pendant la Révolution culturelle
Les attaques
contre Ba Jin commencent en août 1966. Il est dénoncé
comme contre-révolutionnaire et dangereux anarchiste,
déchu de ses droits politiques et privé de celui
d’écrire, et finalement emprisonné dans « l’étable » (“牛棚
”)
de la salle des archives de la Fédération des écrivains
de Shanghai (上海文联资料室).
Xiaoshan est elle aussi attaquée.
En janvier
1967, les attaques s’intensifient. Ba Jin est transféré
dans une petite cellule dans le même bâtiment, une
réserve à charbon en temps normal qui est surnommée la
« petite étable » (“小牛棚
”).
Il doit balayer, travailler à la cantine, déboucher les
toilettes et les nettoyer. Le 10 mai paraît dans le
Quotidien du peuple un article l’attaquant nommément.
C’est le premier d’une série.
En 1968,
cependant, il participe aux travaux des champs d’une
commune populaire des environs de Shanghai et ses
conditions de détention sont améliorées : il est
transféré dans une plus grande « étable ». Mais les
attaques continuent. En août 1969 paraît dans le
Wenhuibao (《文汇报》) une série d’articles explicites : « Critiquer ce puant de Ba Jin,
critiquer l’anarchisme puant » (《批臭巴金,批臭无政府主义》), « Dénoncer les herbes venimeuses que sont " Famille", " Printemps",
" Automne" » (《彻底批判大毒草〈家〉〈春〉〈秋〉》),
etc…
En 1970, il est
envoyé dans une école de cadres « du 7 mai » (“五七”干校)
dans le district de Fengxian, au sud-ouest de Shanghai,
où il est astreint aux tâches les plus dures et
avilissantes. En juin 1972, il est autorisé à rentrer
chez lui passer quelques jours ; il trouve Xiaoshan
gravement malade, d’un cancer, et sans soins. Mais il
est obligé de revenir à Fengxian. Xiaoshan est
finalement hospitalisée, mais meurt en août. Ba Jin est
autorisé à rester à Shanghai. Il se replonge dans les
traductions, des « Terres vierges » de Tourgueniev et
des Mémoires de Herzen.
Au fil de la plume
Au fil de la pensée, vol 5
1977-2005 Le
retour de l’écrivain officiel
Ba Jin dans les années 1990
La chute de la
Bande des quatre est une délivrance pour Ba Jin comme
pour tant d’autres. Il repart dans de nouveaux projets
d’écriture. Il est alors l’un des écrivains les plus
respectés de la « vieille garde ».
Dès 1978, le
Dagongbao de Hong Kong (《大公报》) commence à publier ses mémoires sous forme de feuilleton : « Chroniques
au fil de mes pensées » (《随想录》). Elles seront publiées en entier en 1985.
Il y revient sur ses
écrits, en soulignant qu’il était autodidacte quand il a
commencé à écrire, et qu’il s’est formé en écrivant. Il revient
aussi sur les positions qu’il a prises après 1949, les honneurs
officiels qui lui ont été rendus, et les malentendus qui en sont
résultés :
« On voulait que je
sois un héros au noble idéal et à la volonté inébranlable…
Après la Libération, j’ai voulu chanter les temps nouveaux,
écrire sur l’homme nouveau, j’ai fait des efforts pour mieux
connaître la vie nouvelle. Les résultats furent maigres. Je
restais le plus souvent à la surface des choses, que je ne
comprenais pas vraiment de l’intérieur. »(7)
Il dit aussi que,
pendant les années de la Révolution culturelle, il a tenté de se
fondre dans le collectif, et qu’il fut même un temps où il crut
sérieusement que les « opéras modèles » étaient les seules
œuvres artistiques valables, en allant jusqu’à se renier
lui-même, et en tentant de repartir de zéro….
On sent la peur
affleurer au détour des confessions – on peut dire ainsi, le
seul maître qu’il se reconnaissait en littérature était
Rousseau :
« En 1966,
je reçus une lettre d’un lecteur me disant que mon
lamentable nom de plume était à ranger parmi les quatre
vieilleries, qu’il manifestait une admiration éhontée
pour l’étranger, qu’il était bon à jeter aux ordures.
Terrorisé, je répondis par retour de courrier que
j’étais tout à fait du même avis, et que je ne
l’utiliserais plus jamais. »
(7)
En 1985 avec Shen Congwen
Ses Mémoires au fil
de la plume sont une entreprise de catharsis, de même
beaucoup de ses écrits des années 1980. Ainsi « A la mémoire de
Congwen », en hommage à son ami
Shen Congwen, décédé en 1988 :
« Il s’est
muré dans un long silence et une brillante réussite l’en
a récompensé. Moi j’ai couru à droite et à gauche… Je
voulais prendre une autre destinée pour célébrer la
société nouvelle. J’avais célébré ce projet de pénétrer
au cœur de la vie, mais je m’escrimais en vain… je
restais toujours à la surface… Je me rendais compte que
je courais en tous sens sans pouvoir rien saisir.
J’éprouvais un vide intérieur. »
(8)
En 1988 avec le dramaturge Cao Yu
A la fin de sa vie, avec Bing Xin et Xia
Yan
Il est élu
président de l’Association des écrivains chinois à la
mort de
Mao Dun, en
1981. Ce qu’il regrette le plus, comme tant d’autres, ce
sont les années perdues. Il projette de créer un « musée
de la Révolution culturelle » pour décrire les
souffrances subies et en garder trace afin que cela ne
puisse plus se reproduire, mais il mourra avant d’avoir
pu réaliser ce rêve.
Il passe ses
dernières années cloué sur un lit d’hôpital et maintenu
artificiellement en vie. Glorifié par le régime comme
« le géant des lettres » (文学巨匠) de la Chine moderne, Ba Jin s’éteint le 17 octobre 2005, à l’âge de 101
ans.
Notes
(1) Cité par
Marie-José Lalitte dans son introduction à « Famille »,
édition Flammarion 1979.
(2) Le
mouvement Travail-Études a été créé en 1912 par le
Chinois Li Shizeng, philanthrope ami de Sun Yat-sen et
admirateur de la culture française qui avait étudié
lui-même à Montargis. Il aida quatre mille jeunes
chinois à venir étudier en France, entre 1912 et 1927,
et parmi eux nombre de futurs révolutionnaires et cadres
du Parti communiste chinois, dont Deng Xiaoping et Zhou
Enlai, qui y découvrent le marxisme
(3) Selon
Etiemble, c’était l’une de celles que, au lendemain de
la Révolution culturelle, Ba Jin avait déclaré préférer
voir traduites. Propos rapportés dans la préface à la
traduction de « Nuit glacée ».
(4) Parmi ses
nombreuses traductions d’œuvres de la littérature russe,
Ba Jin a traduit le recueil de Garshin « La fleur
rouge » qui représente un autre exemple de ces
« La fleur rouge » de Garshin, édition
1885
« récits d’asile de fous » qui
se multiplient à la fin des années 1890 dans la littérature
russe, dont « Le journal d’un fou », de Gogol (1835) est le
précurseur et « La salle n° 6 » de Chekhov (1892) l’exemple sans
doute le plus représentatif, inspiré à Tchekhov de ses années
d’étudiant en médecine.
(5) Morte à Moscou le 15 juin 1942, membre du groupe Narodnaia
Volia, Vera Figner participa à la préparation de l’assassinat de
l’empereur Alexandre II le 13 mars 1881 à Saint-Petersbourg.
Arrêtée en 1883, elle fut condamnée à mort, mais sa peine fut
commuée en exil en Sibérie ; en 1906, elle fut autorisée à
quitter le pays. Après la révolution d’octobre 1917, qu’elle
réprouva, elle a publié les « Mémoires d’une révolutionnaire ».
(6) Cette dénonciation de Hu Feng est la principale accusation
que porte contre Ba Jin le dissident Liu Xiaobo, dans son
article sur l’écrivain daté d’octobre 2005 figurant dans le
volume « Vivre dans la vérité » publié chez Gallimard/bleu de
Chine en 2012 : Pa Kin est un drapeau blanc en berne, pp 83-104.
Il va cependant trop loin ensuite en dénonçant la récupération
de l’écrivain par le régime, à un moment où Ba Jin était
inconscient dans sa chambre d’hôpital, comme s’il pouvait en
être tenu responsable…
(7) Cité par Jean-Jacques Gandini, « La difficulté d’être
sincère », Perspectives chinoises, 1993 n° 19, pp 28-29
(8) A la mémoire de Congwen, traduction d’Angel Pino, Temps
modernes, n° 572, mars 1994.
Principales
traductions en français
(les traductions ont
commencé dès les lendemains de la Révolution culturelle, mais de
façon un peu désordonnée, chez divers éditeurs)
- Le Dragon, les
tigres, le chien, suivi de Hors du jardin dévasté,
textes en prose, traduits par Philippe Denizet, You Feng, 2001.
- Pour un musée de
la « Révolution culturelle» (Au fil de la plume), textes en
prose, traduits par Angel Pino, Bleu de Chine, 1996.
- À la mémoire d'un
ami, traduit par Angel Pino et
Isabelle Rabut, Mille et une
nuit, 1995.
- Destruction,
roman traduit par Angel Pino et
Isabelle Rabut, Bleu de Chine,
1995.
- Au gré de ma
plume, traduit par Pan Ailian, littérature chinoise, « Panda
», Pékin, 1992.
- Automne,
roman traduit par Edith Simar-Dauverd, Flammarion, « Aspects de
l'Asie», 1989.
- Le Brouillard,
court roman traduit par Ng Yok-Soon, Les Cent fleurs, 1987.
- Le Rêve en mer :
conte pour enfants à une jeune fille, court roman traduit
par Ng Yok-Soon, l'Harmattan, « Lettres asiatiques », 1986.
- La Pagode de la longévité,
quatre nouvelles traduites par Ng Yok-Soon, Messidor, 1984
(rééd. Folio, 1992). Avec une courte préface de l'auteur et une
postface sur La Pagode de la longévité.
- L'Automne dans le printemps, six nouvelles traduites
par divers traducteurs, Littérature chinoise, collection Panda,
Pékin, 1982. Avec une courte préface de l'auteur, une
introduction de Hansheng et une postface sur Ba Jin par Yang Yi.
- Printemps,
roman, traduit par Edith Simar-Dauverd, Flammarion, « Aspects de
l'Asie », 1982.
- Le Secret de
Robespierre, et autres nouvelles, nouvelles, divers
traducteurs, Mazarine, « Roman », 1980 (rééd. Stock, « La
bibliothèque cosmopolite », 1997).
- Vengeance,
nouvelles traduites par Pénélope Bourgeois et Bernard Lelarge,
Seghers, «Autour du monde», 1980.
- Le Jardin du
repos, roman traduit par Nicolas Chapuis et Roger Darrobers,
Robert Laffont, « Pavillon/Langues 0 », 1979 (rééd. Bibliothèque
Pavillons, 2004). Autre version, traduite par Marie-José
Lalitte, Gallimard, Folio, 1981 (rééd. 1985).
- Famille,
roman traduit par Li Tche-Houa et Jacqueline Alézaïs,
Flarnmarion-Eibel, « Lettres étrangères », 1979 (rééd. « Le
livre de poche », 1994).
- Nuit glacée,
roman traduit par Marie-José Lalitte, Gallimard, « Du monde
entier », 1978 (rééd. Folio, 1983).
Liste exhaustive
établie par
Angel Pino (dernière révision 2009) :
“Le Camarade Zhao Dan”.
Traduction par Marie-Claire Quiquemelle, Libération,
Paris, 29 juillet 1981, p. 27.
Note sur le Musée de
la Révolution culturelle
Dans ses
« Chroniques au fil de mes pensées » (《随想录》), publiées en recueil en 1985, Ba Jin appelait de ses vœux la fondation
d’un musée de la Révolution culturelle (文革博物馆), et il a souvent réitéré ce vœu, dans ses Mémoires, en particulier, en
soulignant que c’était la responsabilité de chacun, en
Chine, d’y participer.
Ce musée a vu
le jour en 2005 ; réplique du Temple du Ciel de Pékin,
il fait partie des attractions culturelles de la ville
de
L'entrée du musée
Shantou (汕头),
dans le Guangdong, et il a été toléré par les autorités jusqu’à
maintenant. C’est le seul.
L'hommage à Ba Jin
Le fondateur, Peng Qi'an
(彭启安), est l’ancien maire adjoint de Shantou. N’ayant pu faire que très peu
d’études, il s’y est remis à sa retraite, et c’est alors
qu’il a lu le livre de Ba Jin, se passionnant pour
l’idée du musée qui a été inauguré vingt ans après la
publication du livre de Ba Jin. Il y est rendu hommage à
l’écrivain, qui y fait figure de père fondateur.
A peine dix ans
plus tard, malheureusement, alors que le musée sort peu
à peu de l’obscurité, il est soumis à des pressions
croissantes ; au mois d’août 2014, les manifestations du
souvenir organisées chaque année ont été interdites au
dernier moment….
Adaptations, au
cinéma, à la télévision, au théâtre, à l’opéra et en bande
dessinée.
1. Au cinéma
Plusieurs œuvres de Ba
Jin ont été adaptées au cinéma, et de nombreuses fois, sans
qu’il ait cependant jamais participé directement à ces
adaptations. Son roman qui a fait l’objet des adaptations les
plus nombreuses est sans nul doute « Famille ».
A. « Famille »《家》a
été trois fois porté à l’écran, adaptations souventsuivies de celles des deux autres volets de la trilogie,
« Printemps » (《春》)
et « Automne » (《秋》) :
- En 1941,
première adaptation de « Famille », réalisée par Bu Wancang (卜万苍)
et produite par la Guolian (国联影业公司),
avec les quatre actrices que l’on a appelées « les 4 grandes
dan du monde du cinéma » (影坛四大名旦) : Chen Yunchang (陈云裳)
dans le rôle de la cousine Qin (琴表妹),
Yuan Meiyun (袁美云)
dans celui de la cousine Mei (梅表姐),
Gu Lanjun (顾兰君)
dans le rôle de Ruijue (瑞珏),
et Chen Yanyan (陈燕燕)
dans celui de Minfeng (鸣凤).
Le film est sorti le 2 octobre au grand théâtre Xinguang, à
Shanghai, et il a été à l’affiche pendant plus d’un mois, avec
des séances à guichet fermé.
- En 1942, deux
films adaptés de « Printemps » et « Automne » réalisées par Yang
Xiaozhong (杨小仲).
- En 1953,
deuxième adaptation de « Famille » réalisée à Hong Kong, et en
cantonais, par Ng Wui (吳回),
suivie des adaptations de « Printemps » et « Automne ».
Surprenante adaptation, dans le style des mélodrames cantonais
de l’époque, remarquable de naturel et de vivacité dans la
peinture des caractères.
Famille, adaptation de
1953, en cantonais (20 premières minutes)
- En 1956,
troisième adaptation de « Famille », coréalisée au studio de
Shanghai par Chen Xihe (陈西禾)
et Ye Ming (叶明),
et réunissant une quarantaine de vedettes de l’époque
[1].
B. Autres œuvres
Années 1960
- 1964 :
« Heroic Sons and Daughters » (《英雄儿女》),
un film en noir et blanc adapté de la nouvelle de 1961
« Retrouvailles » (《团圆》),
réalisé par Wu Zhaodi (武兆堤)
au studio de Changchun et connu surtout pour son célèbre
« hymne des héros » (“英雄赞歌”).
Années 1950-1960, trois
films réalisés à Hong Kong :
- 1955 : «
Han Ye » (《寒夜》),
film en noir et blanc adapté du roman éponyme, et réalisé par Li
Chenfeng (李晨风) ;
- 1956 :
« Fire » (《火》)
de Zuo Ji (左几) ;
- 1964 :
« Garden of Repose » (《故园春梦》),
adapté du roman « Le Jardin du repos » (《憩园》)
et réalisé par Zhu Shilin (朱石麟),
sur un scénario de Xia Yan (夏衍).
Années 1980
- 1984 : « Nuit
glacée » (《寒夜》),
film réalisé par Que Wen (阙文)
au studio de Pékin
[2].
2. A la
télévision
Parmi les
nombreuses adaptations télévisées, citons :
1988 :
« Famille, Printemps, Automne » (《家春秋》),
série télévisée réalisée
par Li Li (李莉)
2007 : « Nuit glacée » (《寒夜》),
série télévisée en 36 épisodes
(version
feuilletonesque du roman, avec Winston Chao dans le rôle de Wang
Wenxuan)
2008 :
« Famille » (《家》),
série télévisée en 21 épisodes.
3. Au
théâtre
Adaptations de
« Famille » en pièce de théâtre huaju, dont deux
classiques : par Cao Yu (曹禺),
en 1943 à Chongqing, et Zhao Dan (赵丹),
en 1956 à Shanghai. [3]
4. En
opéra
2015 :Luo Meiyin 《落梅吟》 adaptation
en opéra de Pékin (京剧)
de « Famille », mais sur un livret prenant le personnage
de Mei (梅表姐)
comme personnage principal. Représentations en juillet à
Chengdu.
5. En
lianhuanhua
« Famille » (《家》)
a donné lieu à plusieurs adaptations en
Luo Meiyin
lianhuanhua– ou xiaorenshu
小人书 – dans les
années 1980, parallèlement
aux grands classiques de la littérature populaire et aux
histoires de wuxia.
Exemples :
1982 :
Première adaptation
de la trilogie 《家、春、秋》
en six tomes.
Plusieurs articles sur
Ba Jin sur le site du musée Jean de la Fontaine de
Château-Thierry, ville où l’écrivain a vécu en 1927 et 1928, et
où il est revenu en 1979, avec des détails sur sa vie à
Château-Thierry et sur l’écriture de « Destruction » :