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Su Tong 苏童
Présentation 介绍
par Brigitte Duzan, 9 septembre 2009, actualisé
12 octobre 2017
Que Su Tong soit l’un des écrivains chinois les plus
importants de la période contemporaine, c’est un
fait reconnu.
Mais il l’est à plusieurs titres qui sont peut-être
moins connus : d’une part, il a participé au
mouvement d’avant-garde
de la fin des années 1980, bien
que son nom ne soit pas toujours cité dans ce
contexte ; d’autre part, il a continué à écrire de
façon continue et prolixe depuis le début des années
1980, en renouvelant constamment son style et sa
thématique.
Il faut surtout souligner que, s’il est connu avant
tout pour ses romans (ou nouvelles moyennes qui leur
sont assimilées dans son cas), il est d’abord un
maître de la nouvelle courte. C’est ce qui revient
très souvent dans les commentaires et éloges
d’autres auteurs le concernant.
Ge Fei (格非),
par exemple :
“毫无疑问苏童是中国当代短篇小说的大师、巨匠,代表了短篇小说最高的程度”。
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Su Tong |
« Su Tong est
sans conteste le grand maître de la nouvelle courte en Chine
aujourd’hui ; il en est l’artisan émérite, et en représente
le plus haut degré d’accomplissement. »
Quant à lui, après une
longue carrière où le roman aura été décisif pour sa notoriété,
il revient tout particulièrement vers la nouvelle courte depuis
le début des années 2010. Interrogé au début de l’année 2016 par
le critique littéraire Zhang Xuexin (张学昕),
il a exprimé ainsi l’importance primordiale qu’a pour lui la
forme courte : « Quand j’écris des nouvelles, j’écris pour moi ;
quand j’écris des romans, j’écris pour Su Tong ».
Et comme il déclare en
outre, dans la même interview, préférer ses nouvelles récentes
aux anciennes, il y a tout un travail à faire pour approfondir
cet aspect de son œuvre alors que se multiplient les recueils,
mais que l’on continue à traduire essentiellement ses romans.
Enfance
et adolescence pendant la Révolution culturelle
De son vrai nom Tong
Zhonggui (童忠贵),
Su Tong est né en 1963 à Suzhou. Son nom de plume est un
diminutif de « Tong Zhongkui, natif de Suzhou ». On dit qu’il
l’a choisi pour des raisons superstitieuses, parce qu’il
n’arrivait pas à faire publier ses premières nouvelles, persuadé
de la véracité de l’adage :
le sort est lié au nom
(“命与名随”).
Il faut croire qu’il avait raison d’y croire, car la chance lui
a souri par la suite.
Il est né dans une famille de
quatre enfants ; son père était cadre, sa mère ouvrière. Sa
famille, lit-on souvent, n’a eu aucune influence sur son
orientation littéraire. Ce n’est pas tout à fait exact. En fait,
il a raconté dans une interview
qu’il doit sa toute première vocation d’écrivain à une grave et
longue maladie qu’il a eue pendant son enfance, et aux livres
que sa sœur lui a apportés pendant toute cette période.
A neuf ans, en effet, il a eu une
néphrite (une inflammation des reins), qui a provoqué, comme
c’est souvent le cas, une infection du sang. Il a été soigné par
deux spécialistes de médecine traditionnelle chinoise, dont il
garde encore aujourd’hui un souvenir très net : l’un s’appelait
Liù (陆) et était très beau, l’autre se nommait Bì (畀), et était
tout maigre, de quoi nourrir l’imagination d’un enfant et garder
un amour profond de la médecine chinoise.
Pendant toute une année, Su Tong
dut rester chez lui sans pouvoir aller à l’école. De toute
façon, c’était en 1972, en pleine Révolution culturelle, il n’y
aurait pas appris grand chose. Plus intéressants étaient les
murs du couloir de la maison : comme souvent à l’époque, ils
étaient tapissés de pages de journaux en guise de papier peint,
et Su Tong allait les lire tous les matins, après avoir
ingurgité ses potions, en en décollant des morceaux pour pouvoir
mieux les déchiffrer. Cela rappelle
Yu Hua (余华),
à peu près au même moment, lisant les affiches collées sur les
murs en revenant de l’école.
Surtout, Su Tong attendait avec
impatience sa grande sœur, alors au lycée, qui lui rapportait
des livres interdits qui avaient été confisqués par les Gardes
rouges : « Le rouge et le noir », « Résurrection » … Ce fut le
meilleur médicament contre la solitude, et ce seront aussi ses
premières influences. Il les complètera plus tard par Faulkner
et Hemingway, García Márquez et Borges, et même J.D. Salinger,
ses auteurs préférés, dont on retrouve les marques dans ses
nouvelles.
Premières publications
En 1980, il est admis à
l'Université Normale de Pékin, dans le département de
littérature chinoise (北师大中文系). A l’époque,
il se voit plutôt poète et s’astreint à des règles strictes :
tous les matins, il écrit un poème qu’il se lit à voix haute
avant d’aller en cours. Mais un jour, tombant sur un poème de
trois lignes d’un de ses camarades, il le trouve tellement
supérieur à ce qu’il écrit qu’il décide qu’il n’est pas fait
pour la poésie et se tourne vers la nouvelle.
Un jeune arbre tordu
En 1983, la revue ‘La jeunesse’ (《青春》)
en publie une première : « La huitième est une
statue de bronze » (《第八个是铜像》). La nouvelle est primée, ce qui
est un grand encouragement pour Su Tong. Il dira cependant plus
tard, en se moquant de lui-même, que, à cette époque, il était
comme « un arbre tordu » (像一棵歪歪斜斜的树)
– ce sera plus tard le titre d’une de ses nouvelles, publiée en
janvier 2000.
En 1985, il obtient un poste dans
un lycée de Nankin. Son rôle est d’aider les étudiants (dont
certains sont plus âgés que lui) à décrocher des bourses
d’études. Son travail ne le passionne pas, et il n’a guère de
contact avec les autres enseignants. Il passe une partie de ses
nuits à écrire, arrive en retard le matin avec une tête de
déterré : il n’est pas beaucoup apprécié. Mais il se fait des
amis, en revanche, dans les cercles littéraires de Nankin.
Emergence d’un style à part
Il est alors embauché par la revue littéraire
Zhōngshān
(《钟山》), ce qui lui
permet non seulement de découvrir de nouveaux talents, mais
aussi de faciliter la publication de ses propres œuvres, sans
que ce soit pour autant exclusif. A partir de janvier 1986, il
publie dans Zhōngshān, mais aussi dans ‘Octobre’ (《十月》),
et dans les revues ‘Littérature de Pékin’ (《北京文学》)
et ‘Littérature de Shanghai’ (《上海文学》).
La fuite de 1934, recueil de 1988 |
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En 1987, à quelques
mois d’intervalle, il publie deux nouvelles qui sont
remarquées et posent les premiers jalons d’un
univers de fiction caractérisé tout de suite par un
imaginaire et un style à part : « Souvenirs du
jardin des mûriers »
(《桑园留念》)
paraît en février dans ‘Littérature de
Pékin’ et « La fuite en 1934 » (《一九三四年的逃亡》)
en mai dans Harvest (ou
Shouhuo《收获》).
Dans « La
fuite en 1934 »,
le
narrateur examine l’histoire de sa famille pour en
arriver à une interprétation fictive de leur passé
collectif. Le narrateur évoque bien le passé, mais à
travers les images qu’il en a gardées, images des
gens et du monde autour d’eux. C’est donc un passé
personnel, que le narrateur ne cherche ni à
comprendre ni à expliquer, mais à imaginer, tout en
situant la légende familiale dans le contexte plus
large de l’histoire de l’époque : des
événements
historiques concrets de l’époque de ses
grands-parents, comme l’épidémie de choléra de 1934
et les
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inondations de 1935 ; ces
événements déterminant des événements cruciaux du récit,
leur présence dénote un fatalisme, une soumission au destin,
qui nie la liberté du narrateur de recréer le passé à sa
guise. L’utilisation de métafiction, par ailleurs, contribue
à mettre en doute son récit, qui en devient éminemment flou
et ambigu.
C’est un premier pas dans la
création d’un style qui participe intimement du récit, qui le
façonne et le moule. Le poids du destin est omniprésent dans les
nouvelles qui suivent, dont la nouvelle moyenne parue en juin
1988 dans Shouhuo, « La famille des fleurs de pavot » (《罂粟之家》),
dont l’histoire se situe entre 1935 et 1950, comme une sorte de
suite à « La fuite en 1934 ». Trois forces impersonnelles
dominent les personnages et contribuent à annihiler leur liberté
: le destin, l’hérédité, et le déclenchement de la révolution.
C’est l’hérédité, cependant, qui
a les conséquences les plus tragiques, bien plus que le sort de
chacun, ou plutôt le conditionnant. Les maladies congénitales
sont endémiques dans la famille, et tous les personnages sont la
proie d’obsessions, d’addictions, l’un doit lutter constamment
contre le sommeil, l’autre est opiomane. Il y a là un monde
profondément vicié, une sorte de désespoir fin-de-siècle. Et, à
la fin du récit, l’avènement de la révolution enlève tout espoir
à la famille, condamnée par l’histoire même.
L’avant-dernière ligne
de la nouvelle souligne l’impossibilité d’échapper à son
destin : « Lu Fang dit qu’il peut toujours sentir l’odeur de
l’opium sur lui ; il a beau se laver, elle ne part pas… » Cette
contamination est aussi nationale que familiale. Dans ces
premières nouvelles de Su Tong, l’impuissance des personnages et
leur soumission au destin sont caractéristiques d’un univers
décadent et corrompu, sans espoir de rémission. La thématique et
la trame du récit annoncent « Riz ».
Mais cet univers est
avant tout défini par le style, qui rapproche Su Tong des
écrivains avant-gardistes de cette fin des année 1980, et
Yu
Hua (余华)
en particulier. Il va évoluer ensuite, dès la nouvelle moyenne
suivante qui ouvre la phase créative des années 1990, sur des
bases stylistiques simplifiées mais avec des trames narratives
qui poursuivent la reconstruction imaginaire du passé en en
faisant un univers métaphorique.
Enfermement,
obsessions et folie : un monde métaphorique
Epouses et concubines
Cette nouvelle, c’est
« Epouses et
concubines » (《妻妾成群》), aujourd’hui célèbre à cause
du film de Zhang Yimou qui en est adapté et décrocha
le Lion d’argent à la Biennale de Venise en 1991.
A sa publication, cependant, elle passe inaperçue -
il faut dire qu’elle est publiée dans Shouhuo
en juin 1989.
Elle marque cependant
un tournant dans l’œuvre de Su Tong, tant par le
style que par la thématique. Il simplifie son style,
et choisit des sujets directement liés à l’histoire,
de la période impériale ou républicaine, voire
maoïste. En l’occurrence, le récit se déroule – en
huit chapitres et quatre saisons – pendant les
années 1920. Cependant, ce ne sont pas les
péripéties d’une époque troublée livrée aux luttes
intestines entre seigneurs de guerre qui intéressent
Su Tong, mais les conséquences sur la vie des femmes
et la psyché féminine de la persistance des
structures et coutumes sociales héritées de la
tradition. |
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Epouses et concubines |
L’histoire est
linéaire, ou presque.
Su Tong poursuit sa
réinvention fictionnelle de l’histoire, ici sous l’angle de la vie des
femmes dans la société patriarcale du début du vingtième siècle.
Tout en
dénonçant
le sort des femmes réduites au statut d’objet dans la famille
chinoise traditionnelle, il élève la famille Chen au rang de
métaphore de la Chine ancienne, oppressive et fermée.
On est dans le même
logique que les nouvelles des deux années précédentes, mais la
métaphore remplace l’avant-gardisme du style : dès le début de
la nouvelle, le symbole du puits pèse de tout son poids sur le
destin des femmes, comme sur toute la société. La folie reste la
seule échappatoire. Et la période historique choisie comme
contexte est évidemment tout aussi métaphorique que le maître de
maison.
« Epouses et
concubines » est la première nouvelle d’une série de portraits
de femmes, dont « Vies de femmes » (《 妇女生活 》),
publiée en mai 1990 dans la revue Huacheng (《花城》),
qui sera adaptée par le réalisateur Hou Yong (侯咏)
sous le titre « Jasmine Women » (《茉莉花开》)
…
Des femmes enfermées
au femmes libérées
Visages fardés, 1992 |
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Dans une
parfaite continuité thématique, sinon stylistique,
avec les nouvelles qui précèdent, Su Tong revient
sur le thème du destin féminin avec le roman
« Visages fardés » (《红粉》),
paru en 2004 aux éditions des lettres et des arts de
Shanghai, mais écrit en fait dès octobre 1992.
Su Tong
simplifie encore son style, qui se fait plus
réaliste ; l’histoire, ou le sort, ne détermine plus
totalement le cours des événements et les destins
des personnages ; Su Tong leur concède une certaine
autodétermination, donne plus de place à
l’initiative individuelle. Le récit n’en est que
plus ambigu et plus complexe.
Il oscille
entre les histoires de deux prostituées arrêtées en
1950, au moment où le nouveau régime ferme les
maisons closes et envoie les prostituées
« libérées » dans des centres de rééducation. Sur le
chemin de l’hôpital où elle doit
d’abord
subir un examen, la plus forte tête des deux,
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Qiuyi (秋仪),
saute du camion et s’enfuit. Elle se réfugie d’abord chez
son ancien amant, Lao Pu (老浦),
puis dans un couvent où elle subit diverses humiliations, et
doit en particulier se couper les cheveux. Mais les nonnes
finissent par la mettre dehors, et sa famille ne veut pas la
garder non plus, par peur des réactions des voisins. Par
désespoir, elle finit par épouser un vieil homme.
Beaucoup
plus fataliste, l’autre, Xiao’e (小萼),
une fois terminée sa période de rééducation après
une tentative de suicide avortée, obtient un travail
honnête, mais l’abandonne pour se marier … avec Lao
Pu. Renversement de la situation qui ne dure
cependant pas : comme elle reproche à Lao Pu d’être
incapable de pourvoir aux besoins du ménage, il va
voler une somme importante à l’entreprise électrique
où il travaille ; pris, il est exécuté. Incapable de
se sortir d’affaire toute seule, Xiao’e décide de
s’enfuir avec un autre homme, en laissant son fils à
Qiuyi, qui l’accepte avec joie car elle ne peut
avoir d’enfant. A ce moment-là, elle en appelle au
destin en disant : « J’avais prévu que cela finirait
comme ça. »
La
dialectique destin/autodétermination court dans tout
le roman, mais le destin des femmes n’est plus aussi
fermé que dans la société féodale, la volonté de
chacune est bien plus déterminante ; c’est la
faiblesse qui semble sceller leur sort. En outre, le
roman n’est pas aussi sombre que « Epouses et
concubines » : l’affection de Qiuyi pour le fils de
Xiao’e suggère une possibilité de rédemption.
Il n’en est
pas question dans le roman écrit à la même époque.
Un
univers de dépravation sans espoir : Riz
Publié en
1996 mais écrit au début de la décennie, « Riz » (《米》)
est en fait le premier roman de Su Tong, et c’est un
tableau tragique et sans concession de la misère
humaine qui reflète indirectement, et
métaphoriquement toujours, la société chinoise aux
lendemains de 1989
.
Su Tong y décrit, pas à pas, la dégradation
progressive, tant physique que mentale, d’un
personnage nommé Wulong (五龙)
qui n’a, lui, aucune issue à sa lente descente aux
enfers. |
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Un ami sur la route, 2002
Pourquoi il arrive aux
serpents de voler, 2002 |
Su Tong semble partir
des mêmes prémices que « Fuite en 1934 ». Wulong est obligé de
fuir son village pour échapper à la famine provoquée par une
inondation, et va s’installer en ville. Il devient désormais
victime d’un désir compulsif et obsessionnel de riz. Sa névrose
devient le principe structurant du récit, dans une rhétorique de
la maladie qui exalte l’anormal comme une ouverture vers
l’inconscient, et l’associe à un désastre imminent. C’est ce que
David Der-wei Wang appelle ‘mimesis de la dépravation’, utilisée
par les écrivains chinois de l’époque pour montrer que le
grotesque et la folie sont devenus normaux, dans une société
menacée de folie collective.
Ma vie d’empereur, 2005
Banquet privé, recueil 2006 |
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L’obsession
du riz est omniprésente à partir de l’arrivée en
ville de Wulong mâchant ses derniers grains de riz
cru et, à chaque période difficile, il revient vers
le riz cru comme par une sorte de fétichisme. Dans
un monde d’où il est constamment exclu, le riz est
son seul mode de définition identitaire. Alors qu’il
est peu à peu acculé à un sentiment d’impuissance,
le riz est finalement la seule chose sur laquelle il
a un certain contrôle, mais en même temps c’est une
obsession qui lui enlève toute liberté. Elle dérive
vers une tendance au fétichisme sexuel et au
sadisme, car ce qui le stimule est la transgression,
et le pouvoir d’imposer sa volonté aux femmes pour
qu’elles participent à ses obsessions. Finalement il
meurt d’une maladie vénérienne.
La
thématique du riz est doublée du thème secondaire de
la transition campagne-ville, et de la corruption
par la ville de la nature humaine. Tous les gens
autour de lui sont affligés aussi d’obsessions
anormales (opium, jeu ou sexe). Tout traduit
l’artificialité de l’existence en ville et la
violence qui lui est liée. Violence que Wulong
reprend à son compte à la fin : il s’est assimilé
dans la ville, mais elle devient, dans son esprit,
associée à la mort ; il la voit en rêve comme un
immense cimetière…
Il règne
dans tout le roman une sensation de fatalité, une
sorte de loi darwinienne de survivance du plus fort,
et de décadence immanente de la nature humaine et de
l’histoire. Le traumatisme de 1989 est passé par là.
Su Tong lui-même a dit que cela avait été pour lui
le texte le plus difficile et le plus douloureux à
écrire.
En même
temps, le roman fait figure de texte cathartique.
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Romans contre
nouvelles, narration historique contre art du récit
L’histoire
semble évacuée. A partir de la fin des années 1990,
on la retrouve surtout dans les six romans qui vont
suivre, tandis que les innombrables nouvelles créent
un univers à la Faulkner, fondé sur l’évocation de
personnages et de situations comme surgissant de
souvenirs recomposés. C’est là que Su Tong déploie
au mieux son imagination créative et son talent de
conteur.
Pourtant il
faut bien dire que ce sont les romans qui continuent
à lui apporter le plus de notoriété, en particulier
les deux derniers, couronnés de prix prestigieux.
Bestsellers et prix prestigieux
Publié en
2006, et écrit à la suite d’une commande
d’un
éditeur britannique,
Binu (《碧奴》),
ou « Le mythe de Meng » selon la traduction
française, est la
relecture
d’une célèbre légende chinoise : « Les larmes de
Meng Jiangnü » |
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Binu et la Grande Muraille, 2006 |
(“孟姜女哭长城”).
C’est avant tout un superbe exercice de style, mais qui
reste isolé dans le reste de l’œuvre.
La Berge (Boat to Redemption) 2010
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Les deux
romans suivants sont bien plus représentatifs du
style de romancier de Su Tong, qui reprend en le
personnalisant le style de la grande narration
historique. Initialement publié en 2009 dans la
revue Shouhuo,
« La berge »
(《河岸》)
ou, comme l’a traduit Howard Goldblatt, « Boat to
Redemption », dépeint un monde où les gens en
viennent à se réfugier sur l’eau pour éviter les
tracas du quotidien sur terre
.
Ku Wenxian
(库文轩)
ayant été l’objet d’une commission d’enquête mettant
en cause sa qualité de fils d’une martyre de la
Révolution, il est déchu de ses responsabilités, et
sa femme demande le divorce ; en signe de
protestation, il se castre, et se réfugie sur une
petite péniche qui transporte des marchandises sur
la rivière locale, et où son fils Ku Dongliang (库东亮),
le narrateur, choisit de le suivre. |
Dans la deuxième
partie, l’arrivée sur le bateau d’une petite orpheline nommée
Huixian (慧仙),
entraîne de nombreuses difficultés mais aussi, après quelques
années, l’éveil de sentiments amoureux chez Dongliang. Mais
Huixian est belle : elle fréquente le gratin, est admise dans la
troupe d’opéra du district, puis dans la troupe de propagande
après avoir cessé ses études. Quand les protections lui
manquent, cependant, sa carrière artistique se termine
abruptement, et elle finit dans une boutique de coiffure.
Le roman a été couronné
du prix littéraire Man Asian en 2009, prix créé en 2007 que Su
Tong a été le second écrivain chinois à recevoir, après
Jiang Rong (姜戎)
pour « Le Totem du loup » (《狼图腾》).
Quant au
roman suivant, publié en août 2013, il s’est vu
décerner le neuvième prix Mao Dun en 2015 (2015年茅盾文学奖) ;
il est sorti en traduction française en septembre
2016 sous le titre
« Le Dit du loriot », tandis que le titre
anglais retenu est
« Tale of the
Siskin » (《黄雀记》).
L’histoire se passe dans les années 1980, dans une
petite ville du sud de la Chine, bien sûr, où vivent
trois adolescents : Baorun (保润),
un lourdaud qui vit avec son grand-père ; Liu Sheng
(保润),
séducteur retors, et Xiao Xian, une petite
orpheline, jolie mais mauvais caractère. Ils se
croisent et se disputent, et les garçons finissent
par violer Xiao Xian. Dix ans plus tard, les
fantômes renaissent, ravivent les blessures, mais
aussi les espoirs…
Quant à
Grand-père, qui a perdu la raison, il cherche son
âme…. Chez Su Tong, l’avenir est toujours aussi
incertain, le sort des femmes toujours aussi dur, et
la jeunesse |
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Huangque ji (Tale of Siskin) |
toujours aussi meurtrie,
mais l’humour semble apporter un rien de légèreté, soudain,
malgré tout… Et c’est le Grand-père le personnage
formidable, dans l’histoire, rappelant par bien des côtés
celui de la nouvelle
« Dites-leur
que je suis parti sur le dos d’une grue blanche » (《告诉他们我乘白鹤去了》).
La folie est un élément
omniprésent dans l’œuvre de Su Tong, c’est souvent ce qui permet
aux personnages de garder un maximum d’humanité. Elle apparaît
surtout dans ses nouvelles, sous des aspects très différents,
mais toujours métaphoriques.
Un univers à la
Faulkner : le monde du Jiangnan
Il est significatif
que, lorsqu’est paru « La berge », les articles sur le roman ont
souvent débuté en se félicitant d’une nouvelle publication de Su
Tong, « alors qu’il était resté silencieux pendant trois ans » (沉寂三年之后...),
ce qui signifiait en fait trois ans… après « Binu »,
comme si seuls comptaient les romans.
Or, c’est dans ses nouvelles,
plus que dans ses romans, que ses talents de conteur et la
qualité de son écriture sont les plus évidents. La politique ou
l’histoire n’y tiennent pratiquement aucune place ; ce qu’elles
dépeignent, à travers le plus souvent un bref épisode de la vie
d’un personnage, ce sont les relations sociales dans un
microcosme, rural ou urbain, les conflits familiaux, les
mentalités, et la difficulté de la vie en général. Le
fantastique en est souvent partie intrinsèque, comme élément
indissociable des mentalités, et conditionnant les
comportements ; s’il peut rappeler Borges, c’est bien plus un
fantastique qui plonge dans les racines de la tradition
chinoise, et à celle des
contes de
Liaozhai en particulier
.
Au long de ses
nouvelles, à commencer par « Le jardin des Mûriers » en 1984, Su
Tong a créé tout un univers sur la base du passé réinventé. Dans
l’introduction à son analyse comparative des nouvelles de Su
Tong et
Yu Hua du début des années 1990,
Li Hua cite Su Tong : « [le cadre de ces nouvelles] est une
métaphore de la Chine du Sud, c’est aussi un symbole de
décadence ». Elle représente plus particulièrement le sentiment
de désespoir de la première moitié des années 1970. Les jeunes
dépeints dans ces nouvelles,
qui ont grandi dans cette rue, démontrent un esprit d’autonomie
et d’individualité au milieu du chaos ambiant ; mais rien dans
leurs expériences et initiatives ne leur permet d’aller de
l’avant, ils sont condamnés même parfois à la destruction.
Saules pleureurs,
nouvelles courtes 2000/2006
Cigu, recueil 2011 |
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C’est
l’univers de l’enfance de Su Tong qui forme le cœur
et la trame de ces récits, c’est ce qu’il a dit dans
un article intitulé « « Utiliser sa vie d’enfant » (《童年生活利用》),
également cité par Li Hua : « Je me rappelle mon
enfance solitaire et isolée avec des sentiments
mitigés d’amour et de haine ; de tout le fardeau que
j’ai eu à porter dans ma vie d’écrivain, mes
souvenirs d’enfance ont sans doute été le plus
lourd. Que ces souvenirs soient sombres ou lumineux,
nous sommes bien obligés de les emporter avec nous
et de les chérir. On n’a pas d’autre alternative…
Nous sommes forcés de les utiliser pour exprimer nos
pensées les plus profondes. »
Derrière
les récits des débuts rôdent les fantômes de la
Révolution culturelle, comme une « sentinelle
silencieuse derrière toute la littérature
nouvelle », mais aussi ceux des lendemains de 1989.
Su Tong s’en dégage peu à peu pour en arriver, à
partir du début des années 2000, à des petits
tableaux subtils où les drames individuels sont
évoqués par allusions qui laissent à peine percer la
tragédie, en arrière-plan : ainsi, dans « La mère
folle sur le pont » (《桥上的疯妈妈》),
on devine que la folie de cette élégante en qipao
est due à des sévices subis pendant la
Révolution culturelle ; mais dans « Saules
pleureurs » (《垂杨柳》),
un lieu-dit qui est une halte pour routiers, plus de
Révolution culturelle : le drame est un accident de
la route qui a laissé des séquelles traumatiques
dans les esprits, et dont on devine à peine, entre
les lignes, qui en est responsable
.
Les récits,
cependant, peuvent n’être que de simples portraits,
représentatifs d’une mentalité spécifique, comme ces
« Cousins » (《堂兄弟》)
qui vivent côte à côte dans deux masures de chaume
et dont l’un emprunte de l’argent pour se faire
construire une maison de briques, avec un toit de
tuiles, semant la consternation dans le foyer de
l’autre…Portraits simples en apparence : leur force
tient en grande |
partie au style, à
l’humour subtil et chaleureux dont Su Tong nimbe sa
narration, et ses descriptions.
C’est un
univers fictif aussi réel que le
Yoknapatawpha de Faulkner, un autre Sud tout aussi
vivant et coloré, un Jiangnan quasi mythique, entre
le jardin des Mûriers (桑园)
et autres jardins, la rue de l’Acajou, le bourg du
Pont du Cheval (Maqiao zhen
马桥镇)
et celui des Erables et peupliers (Fengyangshu
cun 枫杨树村),
autant de marqueurs spatio-temporels qui reviennent
de façon récurrente comme toile de fond des récits.
Le dernier village, en particulier, est celui dont
est chassé Wulong, au début de « Riz », et il
apparaît ensuite comme un paradis perdu.
Les romans font partie de cet
univers, certes, mais ce sont les nouvelles qui le
dessinent, depuis près de trente ans. Il y en a près
de deux cents, on n’en connaît qu’une infime
partie….
Les
principaux textes
originaux sont disponibles en ligne :
http://www.shuku.net/novels/sutong/sutong.html |
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Rice (le film de Huang Jianzhong) |
Principales
publications
Romans
Octobre 1992 / rééd.
2004 Visages fardés 《红粉》
1996 Riz
《米》
2002 Pourquoi il
arrive aux serpents de voler
《蛇为什么会飞》
2004 L’impératrice Wu
Zetian 《武则天》
2005 Ma vie d’empereur
《我的帝王生涯》
2006 Binu ou Le mythe
de Meng 《碧奴》
2010
La Berge
(Boat to Redemption)
《河岸》
2013
Huangque ji (A Tale of Siskin) 《黄雀记》
Nouvelles
(courtes et moyennes)
Liste avec détails de publication en
annexe du recueil de nouvelles moyennes
Qiqie chengqun (jusqu’à 2010)
https://books.google.fr/books?id=SutNBQAAQBAJ&pg=PT123&lpg=PT123&dq=%E3%80%8A
%E5%A0%82%E5%85%84%E5%BC%9F%E3%80%8B&source=bl&ots=46vSrn1jtT&sig=eIfsm
7bHoaY1N3eGVkxF-Qyv0OI&hl=fr&sa=X&redir_esc=y#v=onepage&q=%E3%80%8A%E5%A
0%82%E5%85%84%E5%BC%9F%E3%80%8B&f=false
27 nouvelles publiées dans les années
1980, à partir de 1983, et 80 dans les années 1990.
Principales nouvelles publiées dans les années 2000-2010 :
Janvier 2000 Un arbre tordu 《一棵歪歪斜斜的树》
Cinéma en plein air 《露天电影》
Février 2000 La chaîne de magasins Aux Fleurs
d’osmanthe 《桂花连锁集团》
(Shouhuo)
Juillet 2000 Un soir d’hiver de 1973
《七三年冬天的一个夜晚》
(Tianya)
Janvier 2001 Parapluies
《伞》
Janvier 2002 Un cochon blanc comme neige
《白雪猪头》
Septembre 2002 Les poissons du peuple
《人民的鱼》
(Beijing wenxue)**
Juillet 2004 Banquet privé《私宴》
/ Cousins 《堂兄弟》
(Shanghai wenxue)
Juin 2006 Recueil Banquet privé
《私宴》 (recueil
de dix nouvelles)
Avril 2007 Cigu (Flèche d’eau)
《茨菰》
(Zhongshan)
Juin 2007
Pourquoi n’y a-t-il pas l’électricité chez nous ? 《为什么我们家没有电灯》 (Shouhuo)
Novembre 2007
Chronique d’un bébé trouvé
《拾婴记》
Mars 2010 La
caserne Xiangcao (Vanille)
《香草营》
Juin 2011 Recueil
Cígu 《茨菰》 sélection
de dix nouvelles courtes représentatives de destins féminins
tragiques, prix Lu Xun (“鲁迅文学奖获奖者丛书”) –
outre la nouvelle titre :
La caserne Xiangcao (Vanille)
《香草营》/
Pourquoi n’y
a-t-il pas l’électricité chez nous ? 《为什么我们家没有电灯》
/
Chronique d’un
bébé trouvé 《拾婴记》 /
Le monastère
Shanglong 《上龙寺》/
Banquet privé 《私宴》
/ Cousins《堂兄弟》/
Un jour de
printemps à l’usine de conditionnement de viandes 《肉联厂的春天》
La chaîne de
magasins Aux Fleurs d’osmanthe
《桂花连锁集团》
Une lettre pour
les masses 《群众来信》
Novembre 2014 Six nouvelles courtes de Su Tong
《苏童六短篇》
Son nom
《她的名字》 /
Le monastère Shanglong
《上龙寺》 /
Parapluies 《伞》 /
Le bateau des
pastèques 《西瓜船》 /
Cousins 《堂兄弟》 /
Pourquoi n’y
a-t-il pas l’électricité chez nous ? 《为什么我们家没有电灯》
Janvier 2008
Anthologie des nouvelles courtes en cinq volumes pour la période
1984-2006
aux éditions
Littérature du peuple (人民文学出版社)
- Souvenirs du Jardin
des mûriers 《桑园留念》 :
nouvelles courtes 1984-1989
- Course folle
《狂奔》
: nouvelles courtes 1990-1994
- Dix-huit adieux 《十八相送》 :
nouvelles courtes 1995-1996
- Sable blanc
《白沙》 :
nouvelles courtes 1997-1999
- Saules pleureurs 《垂杨柳》 :
nouvelles courtes 2000-2006
Traductions en
français
- Épouses et
concubines
《妻妾成群》
– traduit
par Annie Au Yeung et Françoise Lemoine, Flammarion, 1992 (rééd.
LGF "Le Livre de Poche", 1997)
- Visages fardés
《红粉》-
traduit par Denis Bénéjam, Philippe Picquier, 1995
- La maison des pavots 《罂粟之家》-
Éditions You Feng, 1996 : édition bilingue français-chinois.
Décrit l'apogée et la décadence
d'une grande famille de propriétaires fonciers du sud de la
Chine dans les années qui précèdent et qui suivent immédiatement
la fondation du régime communiste.
- Riz《米》-
traduit par Noël et Liliane Dutrait, Flammarion, 1998 (rééd.
L'Aube, 2004)
- Fantômes de papiers
- Dix-huit
nouvelles
traduites par Agnès Auger, Desclée de Brouwer, 1999
- Je suis l'empereur
de Chine
《我的帝王生涯》,
traduit par Claude Payen, Philippe Picquier, 2005
Un prince insouciant, héritier du
trône à quatorze ans, finit par le perdre et devenir funambule
dans un cirque, métaphore de la précarité de l’existence, avant
d'achever ses jours dans un monastère perdu dans la montagne…
- Le mythe de Meng
《碧奴》,
traduit par Marie Laureillard, Flammarion, 2009
- A bicyclette, recueil de textes courts traduit par Anne-Laure Fournier, Philippe Picquier, mars 2011
-
La Berge, traduit par
François Sastourné, Gallimard Bleu de Chine, janvier 2012.
-
Le Dit du Loriot
《黄雀记》,
traduit par François Sastourné, Seuil, septembre 2016.
Traductions en anglais
Romans
Rice
《米》
tr.
Howard Goldblatt,
Scribner, Jan. 2000
My Life as Emperor 《我的帝王生涯》
tr.
Howard Goldblatt, Hyperion Feb. 2006
Binu and the Great
Wall 《碧奴》 tr.
Howard Goldblatt, Canongate Feb. 2008
Boat to Redemption
《河岸》
tr.
Howard Goldblatt, Black Swan, April 2010
Novellas
Raise the Red
Lantern 《妻妾成群》
tr.
Michael Duke, Harper Collins, June 2004
Another Life for
Women 《另一种妇女生活》
+ Three-Lamp
Lantern 《三盏灯》
tr. Kyle
Anderson, Simon & Schuster, Dec. 2016
Short stories
- Brothers Shu 《舒家兄弟》
tr. Howard
Goldblatt, in :
Chairman Mao
Would Not Be Amused
- Sweetgrass
Barracks 《香草营》
tr.
Josh Sternberg
- Madwoman on the
Bridge 《桥上的疯妈妈》
recueil de quatorze nouvelles, tr.
Josh Sternberg :
Weeping Willow
垂杨柳
/ On
Saturdays 星期六
/
Thieves 小偷
/
How the Ceremony
Ends 仪式的完成
/ The
Private Banquet 私宴
/
Goddess Peak 神女峰
/ The
Diary for August 八月日记
/
Dance of Heartbreak
伤心的舞蹈
/ The
Water Demon 水鬼
/
Atmospheric
Pressure 大气压力
/
Queen of Hearts 红桃Q
/
Home in May 五月回家
/ The
Giant Baby 巨婴
- Watermelon
Boats 西瓜船
tr.
Eric Abrahamsen Asia
Literary Review, Sept. 2011
- Early One Sunday
Morning 一个礼拜天的早晨
tr.
Josh Sternberg
- Death Without a
Burial Place 《死无葬身之地》 (initialement
publiée mars 1988)
tr. Karen Gernant
and Chen Zeping, in : The Mystified Boad, Postmodern Stories
from China,
ed. Frank
Stewart/ Herbert J. Batt, University of Hawai’i Press 2003.
Adaptations cinématographiques
- « Epouses et concubines » 《大红灯笼高高挂》
Film de Zhang Yimou sorti en 1991, adapté de la nouvelle « Epouses et concubines » (《妻妾成群》).
Voir : http://www.chinesemovies.com.fr/films_Zhang_Yimou_Epouses_et_concubines.htm
- « Blush » 《红粉》
Film de Li Shaohong (李少红) sorti en 1995, adapté du roman « Visages fardés » (《红粉》).
- « Jasmine women » 《茉莉花开》
Film de Hou Yong (侯咏) sorti en
2004, adapté de la nouvelle « La vie des femmes » (《 妇女生活 》).
Voir :
http://www.chinesemovies.com.fr/films_Hou_Yong_Jasmine_women.htm
- « Fly with the Crane »
《告诉他们我乘白鹤去了》
Film de Li Ruijun (李睿珺) sorti en
2012, adapté de la nouvelle
« Dites-leur
que je suis parti sur le dos de la grue blanche » (《告诉他们我乘白鹤去了》).
Voir :
http://www.chinesemovies.com.fr/films_Li_Ruijun_Fly_with_the_Crane.htm
- Film interdit : « Dahong
Rice Shop »
《大鸿米店》
Film de Huang Jianzhong (黄健中),
adapté du roman « Riz » (《米》) ; tourné en 1995, interdit pendant
sept ans, passe la censure en 2002, sort en mars 2003, mais à
nouveau interdit, à cause des affiches.
- Projet abandonné :
Adaptation de la nouvelle « Au temps des tatouages » 《刺青时代》 par Jia Zhangke.
Bibliographie sélective
Deirdre Sabina
Knight, Decadence, Revolution and Self-Determination in Su
Tong’s Fiction, Modern
Chinese Literature,
Vol 10 n° 12 (Spring/Fall 1998), pp. 91-111
Li Hua,
Contemporary Chinese Fiction by Su Tong and Yu Hua: Coming of
Age in Troubled Times,
Brill 2011
Leung, S. M. (2016). Madness in Southern China: Illness as metaphor in Su Tong's “The Tale of the
Siskins”
and "Madwoman on the Bridge". Journal of Modern Literature in Chinese, 13(1-2), 45-62.
Chinese Arts and Letters, Vol. 1 n° 1 (2014.1)
- deux nouvelles traduites en anglais, pp. 100-128 :
The Foundling 《拾婴记》, trad. Florence Woo /
Rising Dragon Temple 《上龙寺》, trad. Kim Gordon
- A Screaming Child, an Enchantment, a Conversation with Su Tong,
interview by Shu Jinyu 舒晋瑜, trad. Denis Mair, pp. 164-184
Chinese Arts and Letters, Vol. 3 n° 1 (2016. 1). Featured Author : Su Tong
- Deux nouvelles traduites en anglais par Josh Stenberg, pp. 7-40 :
The Private Banquet 《私宴》 / Cousins 《堂兄弟》
- Une analyse et un entretien, par Zhang Xuexin (张学昕) :
Constructing the Meaning of the South, trad. Shelly Bryant, pp 40-51
Feel My Own Gaze in the World of Fiction – a Dialogue on Short Stories :
an Interview with Su Tong, trad. Jesse Field, pp. 52-64
A lire en complément
Au Centre culturel de Chine à Paris : première séance du club de lecture le 7 novembre
Lancement d’un club de lecture au Centre culturel de Chine
《小猫》
« Petit Chat »
《告诉他们我乘白鹤去了》 «
Dites-leur que je suis parti sur le dos de la grue blanche »
《水鬼》« Le génie des
eaux »
La Berge
(Boat to Redemption)
《河岸》
Huangque ji (A Tale of Siskin) 《黄雀记》
Analyse comparée sous l’aspect Bildungsroman des
nouvelles de 1984 et du début des années 1990
communément appelées « Série des nouvelles de la rue de
l’Acajou » ou « Toon Street series » (《香椿树街故事》系列),
où la rue est analysée comme marqueur spatio-temporel -
cf Bibliographie ci-dessous.
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