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				Grandes tendances 
				de l’année littéraire 2015 en Chine : le roman toujours en tête des ventes, recul de la nouvelle 
				courte, la nouvelle moyenne en pointe
 
				
				par Brigitte Duzan, 23 décembre 2015, actualisé 12 mars 2022 
				
				  
				
				
				Introduction 
				
				  
				
				Cet article analyse les tendances de fond apparues dans la 
				littérature chinoise pendant l’année 2015 à partir d’entretiens 
				réalisés par des journalistes du Journal de la jeunesse de Pékin 
				avec des responsables de la rédaction de deux des principales 
				revues littéraires chinoises ainsi qu’avec des critiques 
				littéraires influents.  
				
				  
				
				L’analyse est d’autant plus intéressante qu’elle fait état 
				d’opinions personnelles dont les recoupements sont 
				significatifs, et qu’elle est conduite selon les lignes des 
				trois principales formes spécifiques à la littérature chinoise, 
				dont elle donne une appréciation comparative pour 2015 : le 
				roman (changpianxiaoshuo 
				长篇小说), 
				la nouvelle dite moyenne (zhongpianxiaoshuo 
				中篇小说)
				
				
				
				 
				et la nouvelle courte (duanpianxiaoshuo 
				短篇小说).   
   
				
				
				L’année littéraire 2015 : grandes tendances 
				
				
				  
				
				
				I.           
				
				
				L’opinion des revues 
				
				  
					
						| 
						
						Si l’on veut expliquer au mieux la situation de la 
						création littéraire aujourd’hui en Chine, il faut 
						d’abord examiner les publications dans les revues 
						littéraires, étape préliminaire avant la publication 
						chez un éditeur. A cet égard, deux revues sont de 
						première importance : « Dangdai » (《当代》), 
						la revue du groupe « Littérature du peuple » (人民文学) 
						[créée en 1979], et « Shouhuo » ou Harvest (《收获》), 
						revue publiée sous l’égide de l’Association des 
						écrivains de Shanghai [créée en 1957]. On peut dire que 
						ce sont les deux grands bastions littéraires en Chine, 
						l’un au nord et l’autre au sud.  
						
						  
						
						[La première partie du présent article a donc été 
						rédigée sur la base d’entretiens avec la directrice de 
						la rédaction de Dangdai, Kong Lingyan (孔令燕), 
						et la rédactrice en chef adjointe de Shouhuo, 
						Zhong 
						Hongming 
						(钟红明).] |  | 
						
						 
						Kong Lingyan |    
				
				2015 : 
				année médiocre ou grand millésime pour le roman ? 
				
				
				  
				
				
				L’opinion de Kong Lingyan 
				
				
				  
					
						| 
						
						 
						Tao Yao (Zhang Zhe) |  | 
						
						Selon Kong Lingyan, « tout le monde a les yeux rivés sur 
						le roman parce que c’est le domaine de l’édition qui est 
						le plus rentable économiquement. Mais cette année est 
						une année creuse, les bons produits ont été rares. » Les 
						titres que l’on peut citer sont rares, dit-elle : « Au 
						sommet des montagnes » (《群山之巅》) 
						de 
						
						Chi Zijian (迟子建), 
						« Fini la chanson » (《曲终人在》) 
						de 
						
						Zhou Daxin (周大新), 
						« Tao Yao » (《桃夭》) 
						de Zhang Zhe (张者), 
						plus le roman de 
						
						Wang 
						Anyi (王安忆) 
						paru début décembre dans la revue Shouhuo, avant 
						publication prévue pour début 2016 aux éditions 
						Littérature du peuple : 
						« Incognito » (《匿名》). On 
						compte les romans intéressants sur les doigts de la 
						main.   
						
						« Le roman de Chi Zijian est parmi les plus remarquables 
						de l’année, et il a aussi relativement bien marché en 
						termes de ventes. Comme les romans précédents de cette 
						romancière d’un genre traditionnel, celui-ci est à la 
						fois  |  
						
						nouveau,
				profond, et agréable à lire, ce qui n’est pas facile à faire. 
				[…] »   
				
				
				L’opinion de Zhong Hongming   
					
						| 
						
						Pour la rédactrice en chef adjointe de Shouhuo, 
						au contraire, l’année 2015 peut être considérée comme 
						« une grande année de création ». « En 2015, Shouhuo
						a publié six numéros bimensuels, dont deux consacrés 
						à la publication d’un roman. Dans l’édition, quand on 
						parle d’années de vaches maigres ou de grands 
						millésimes, c’est surtout en fonction des romans. »   
						
						Parmi les romans publiés dans Shouhuo en 2015, à 
						côté de ceux de 
						Chi Zijian et
						
						Wang Anyi, Zhong 
						Hongming a particulièrement aimé celui de
						
						
						Lu Nei (路内) 
						« Compassion » (《慈悲》). 
						« Certains disent que les écrivains "post ’70", 
						jusqu’ici, n’ont pas réussi à percer parce qu’ils n’ont 
						publié que des nouvelles, courtes et moyennes, pas de 
						romans. Mais, ces deux dernières années, cela a changé :
						
						
						Xu Zechen (徐则臣) 
						a publié « Jérusalem » (《耶路撒冷》), 
						en 2014, et Tian Er (田耳) 
						 |  | 
						
						 
						Incognito (Wang Anyi) |  
				
				« Corps célestes en suspension » (《天体悬浮》), 
				en 2013. … » 
				  
					
						| 
						
						 
						Zhong Hongming |  | 
						
						Quant à 
						Wang Anyi, son roman a 
						été publié dans le double numéro mai-juin de Shouhuo
						
						
						et Zhong Hongming, qui a été l’une des premières 
						personnes à le lire, le décrit comme une œuvre « d’un 
						caractère fortement expérimental, allant même jusqu’à 
						des extrêmes. »   
						
						  
						
						Wang Anyi est un écrivain que Zhong Hongming admire 
						énormément : « Depuis le début des années 1980, elle a 
						toujours gardé un excellent niveau d’écriture et 
						d’expression esthétique, sans jamais cesser 
						d’expérimenter. … Dans ce dernier roman, on peut dire 
						qu’elle part d’une réflexion sur l’existence 
						individuelle pour aller vers la nature de l’homme et du 
						monde, en ouvrant une brèche dans la civilisation 
						urbaine …  »   
						
						Zhong Hongming a compté le nombre de fois que des 
						 |  
						
						œuvres
				de Wang Anyi ont été publiées dans Shouhuo : 
				trente-quatre fois. Ces dernières années, la revue a publié 
				plusieurs romans d’elle: « Fuping » (《富萍》), 
				« Un âge des lumières » (《启蒙时代》), 
				et « Senteurs célestes » (《天香》). 
				Mais Zhong Hongming a noté un net changement avec 
				« Incognito » : « la construction du roman est différente ; la 
				vie du personnage dans la forêt ne change pas, mais ses idées 
				sont en perpétuel mouvement. L’accent est sur la pensée, c’est 
				une écriture bien plus abstraite qu’auparavant, reflétant une 
				pensée complexe alors que l’intrigue elle-même a peu 
				d’importance. »   
				
				  
					
						| 
						
						
						Peu d’intérêt pour les nouvelles 
						 
						
						  
						
						
						L’opinion de Kong Lingyan   
						
						Kong Lingyan regrette que les nouvelles, courtes ou 
						moyennes, n’attirent pas l’intérêt du public comme elles 
						le mériteraient, le résultat étant qu’elles sont une 
						affaire de spécialistes, surtout lues dans les cercles 
						littéraires. Aujourd’hui aucun auteur ne devient célèbre 
						en écrivant des nouvelles, en  |  | 
						
						 
						Shi Yifeng |  
						
						revanche les
				revues en vivent. En fait, dit-elle, en termes de qualité 
				littéraire, la nouvelle est d’un  
					
						|   
						
						 
						Jing Yongming |  | 
						
						niveau bien
						supérieur au roman…     
						
						Parmi les meilleures nouvelles de l’année 2015, elle en 
						recommande particulièrement deux, deux zhongpian 
						d’un auteur "post ’70" du Henan,
						
						
						Li Qingyuan (李清源) : 
						« La rédemption de Su Rang » et « Contents de se voir » (《苏让的救赎》/《相见欢》). 
						Ce sont des récits très bien écrits, modernes sans être 
						artificiels…      
						
						Deux autres nouvelles, également moyennes, qui lui ont 
						laissé une très bonne impression sont l’une de
						
						
						Shi 
						Yifeng (石一枫), 
						« Les yeux de la terre » (《地球之眼》), 
						et l’autre de 
						Jing Yongming (荆永鸣), 
						« Compétition » (《较量》), 
						parue dans le numéro dix de la revue Littérature du 
						peuple et primée par la revue.  |    
				
				
				L’opinion de Zhong Hongming 
				
				  
					
						| 
						
						Quant à Zhong Hongming, dans le registre de la nouvelle 
						moyenne, elle a bien aimé « Le Moïse de la plaine » (《平原上的摩西》) 
						de 
						
						Shuang 
						Xuetao (双雪涛) 
						parue dans le second numéro de Shouhuo en 2015. 
						Il s’agit d’un auteur post ’80 dont la nouvelle est un 
						condensé de points de vue de divers personnages, sur une 
						période d’un demi-siècle : « A la base, c’est une 
						histoire à suspense de meurtres en chaîne. Mais, en 
						fait, c’est un prétexte à satire sociale acérée. Chaque 
						destin est une lutte entre la vie et la mort, chacun 
						porte au cœur une blessure, mais la recherche d’une 
						rédemption spirituelle est aléatoire. » 
						
						
						  
						
						
						Réflexions générales  
						
						
						  
						
						
						Peu d’avancées stylistiques |  | 
						
						 
						Shuang Xuetao |    
				
				Selon Kong Lingyan, une grande partie des romans ont  pour thème 
				la réalité quotidienne, l’environnement de la vie de chacun, les 
				difficultés des jeunes et les crises de l’âge mur, ainsi que les 
				problèmes de corruption. « Il est frappant de voir, depuis 
				plusieurs années, se développer des sujets sur des thèmes 
				offerts par l’actualité, ce qui peut s’expliquer, car lecteurs 
				et auteurs sont immergés dans un même univers lié au cinéma, qui 
				met la vie en scène ; les écrivains utilisent ces mêmes sujets, 
				d’une autre manière. »  
				
				  
				
				Pour ce qui est du style, de la technique, il y a peu de 
				recherche aujourd’hui. Chez les auteurs post ’80, il y a un 
				désir de faire des expériences sur la forme, et cela entraîne 
				des styles très divers. Il semble qu’il y ait aujourd’hui un 
				intense besoin d’expression, mais pas dans n’importe quel sens. 
				En fait la tendance générale est d’expérimenter essentiellement 
				sur la forme narrative. ».  
				
				  
				
				D’un autre côté, on en revient toujours aux formes classiques, 
				c’est une constante. Il est possible que ce phénomène soit lié 
				aux attentes des lecteurs : « Les lecteurs veulent lire des 
				histoires, mais la forme utilisée pour les raconter ne les 
				intéresse pas. La recherche sur la forme, finalement, est 
				forcément limitée aux cercles littéraires, aux initiés. » 
				
				  
				
				
				Rares œuvres de qualité, mais nombreux prix 
				
				
				  
				
				
				Si les prix décernés sont de plus en plus nombreux, 
				
				selon Kong Lingyan,
				
				
				
				les œuvres de 
				qualité, en revanche, sont relativement rares. 
				
				Ce qui a donné un sang 
				neuf aux revues littéraires, c’est la libéralisation de 
				l’économie des années 1990, l’ouverture au marché. Mais, depuis 
				2012-2013, la situation n’avait pas changé notablement. Or, 
				cette année, on a senti une certaine reprise. Il est possible, 
				selon elle, que les raisons de cette amélioration soient à 
				rechercher dans une retombée du prix Nobel attribué à
				Mo Yan, 
				ou dans le fait que les lecteurs de littérature pour les jeunes 
				ont vieilli, et qu’il leur faut donc des lectures plus mûres. On 
				n’a pas trouvé de raisons concrètes à cette reprise, c’est 
				simplement une analyse personnelle et le sentiment du marché et 
				de la société. 
				
				
				  
					
						| 
						
						 
						35ème anniversaire de Dangdai, 
						 
						prix décernés par le directeur général (à 
						g.) à : 
						(de g. à dr.) Jia Pingwa, Liu Xinwu, 
						Tie Ning et Wang Meng |  | 
						
						En début d’année, Dangdai a fêté le 35ème 
						anniversaire de sa création ; l’an prochain, en début 
						d’année aussi, aura lieu le « forum annuel du roman de
						Dangdai » (“当代·长篇小说年度论坛”) 
						qui élira « le meilleur roman de l’année 2015 » ainsi 
						que les cinq meilleurs. Depuis plus de dix ans, ce forum 
						attribue des prix avec pour slogan : « zéro récompense 
						financière, totale transparence ». Ce sont des prix qui 
						ont une forte notoriété dans la profession. Il s’agit de 
						distinguer les meilleurs romans de l’année, sans 
						bénéfice ni préjudice, en permettant aux lecteurs comme  |  
				
				aux critiques d’exprimer
				leur opinion, fondée sur leur propre perception des œuvres. 
				Pourtant, l’impact n’est pas très important, sans doute, 
				justement, parce qu’il n’y a pas de dotation financière.  
				
				
				    
				
				Kong Lingyan a d’ailleurs quelques réserves concernant les prix 
				littéraires. « En 2004, quand Dangdai a lancé le sien, il 
				n’y avait pas encore beaucoup de manifestations de ce genre. 
				Aujourd’hui, les forums littéraires, remises de prix et lectures 
				d’œuvres se sont multipliés, en revanche les œuvres elles-mêmes 
				sont relativement peu nombreuses. Or, les médias, les maisons 
				d’édition, tous ont leur prix, chacun cherchant à attirer le 
				lecteur. Parfois, dit Kong Lingyan, la faible qualité des livres 
				sélectionnés m’inquiète un peu. 
				
				   
				
				
				II.         
				
				
				L’opinion des critiques  
				
				
				  
				
				[La seconde partie de l’article rapporte la teneur des 
				entretiens avec deux des plus influents critiques littéraires en 
				Chine aujourd’hui :  
				
				- d’une part 
				
				Li Yunlei 
				(李云雷), 
				critique et chercheur très influent, diplômé de Beida, 
				spécialiste de littérature et culture chinoise contemporaine, 
				rédacteur de la revue Théorie et critique de la littérature et 
				des arts Wenxue 
				lilun yu piping 
				
				(《文艺理论与批评》), 
				fondateur en 2003 du site web zuo’an 
				wenhua wang 
				
				(左岸文化网) 
				ou « site de littérature de la rive gauche » 
				
				
				. 
				
				- d’autre part Meng Fanhua (孟繁华), 
				autre influent critique littéraire, professeur à l’Université 
				normale de Shenyang, vice-président de l’Association de 
				littérature chinoise contemporaine, auteur de nombreux ouvrages 
				sur le sujet et éditeur de recueils de nouvelles, moyennes et 
				courtes.] 
				
				  
				
				
				L’opinion de Li Yunlei 
				
				
				  
					
						| 
						
						Le critique Li Yunlei (李云雷) 
						a exprimé une opinion relativement optimiste sur 
						l’évolution de la littérature chinoise en 2015 : selon 
						lui, les écrivains chinois cherchent actuellement à 
						traduire les diverses facettes de l’époque actuelle, en 
						partant, pour l’explorer, des ressources offertes par la 
						Chine elle-même [hors influence extérieure] ; il voit 
						ainsi se dessiner dans la littérature contemporaine des 
						schémas inédits et une atmosphère nouvelle.   
						
						Parmi les titres les plus marquants de cette année, il 
						relève lui aussi « Les yeux de la terre » (《地球之眼》)  
						de 
						
						Shi Yifeng (石一枫) 
						et « Fini la chanson » (《曲终人在》) 
						de 
						
						Zhou Daxin (周大新). 
						Mais il cite également « Histoire des sons » (《声音史》) 
						de Luo 
						Weizhang (罗伟章)
						
						
						
						, « Destin 
						usurpé » (《篡改的命》) 
						de 
						
						Dong Xi (东西) 
						ou encore « Parmi les vivants » (《活着之上》) 
						de Yan Zhen (阎真).
						 |  | 
						
						 
						Histoire des sons (Luo Weizhang) 
						 
						dans Octobre (2015 n°1) |  
				
				  
					
						| 
						
						 
						Destin usurpé (Dong Xi) |  | 
						
						D’une façon générale, l’impression dominante qu’il en 
						retire est que les auteurs s’efforcent de rendre compte 
						de la complexité de la vie en Chine en en explorant les 
						diverses tendances dans une optique réaliste, offrant 
						ainsi une réflexion et un jugement sur la Chine 
						contemporaine qui permettent en même temps de la 
						dépasser. 
						
						  
						
						Par le biais des tribulations de deux jeunes gens, « Les 
						yeux de la terre » offre une peinture contrastée de 
						la vie de jeunes Chinois d’aujourd’hui appartenant à des 
						couches sociales différentes, et une vision élargie des 
						problèmes existentiels qui se posent à eux dans un 
						contexte mondialisé.     
						
						« Histoire des sons » est une élégie rurale de la 
						Chine contemporaine qui traite des bouleversements 
						sociaux à travers la sensibilité aux « sons » du 
						personnage principal ; un village a disparu, mais les 
						« sons » qui lui étaient propres ne cessent de revenir à 
						la mémoire du personnage ; c’est à la fois une 
						invocation aux esprits  |  
						
						et un dernier adieu, teintés de la nostalgie du passé.   
					
						| 
						
						« Destin usurpé » décrit l’histoire de paysans 
						partis à la ville sur trois générations, narration 
						simple, mais très riche, montrant l’esprit de résilience 
						du peuple chinois, mais avec une complexité accrue dans 
						le contexte contemporain.   
						
						  
						
						« Fini la chanson » relève du genre classique des 
						"romans sur les mandarins" (“官场小说”), 
						mais dépasse ce cadre pour montrer la complexité du 
						monde des hauts fonctionnaires chinois d’aujourd’hui en 
						s’appuyant sur la vie quotidienne du personnage 
						principal et sa carrière.   
						
						 « Parmi les vivants » est un portrait des 
						intellectuels modernes et de leurs problèmes, leurs 
						luttes et leurs doutes, qui sont aussi celles de tout un 
						chacun…    
						
						Pour Li Yunlei, la création littéraire traverse une 
						étape intéressante, marquée par un changement à deux 
						niveaux : d’une part, la littérature chinoise est en 
						train d’abandonner les références à l’Occident, pour se 
						tourner  |  | 
						
						 
						Fini la chanson (Zhou Daxin) |  
					
						| 
						
						 
						Parmi les vivants (Yan Zhen) |  | 
						
						vers des sources nationales, y compris les sources très 
						riches de la tradition et
						de l’histoire ; d’autre part, sur cette base, les 
						auteurs explorent des formes d’expression qui ne peuvent 
						plus être des formes narratives simples, mais doivent 
						être fondées sur la vie et l’expérience propres à la 
						Chine, pour traduire les changements du monde actuel 
						dans ses multiples aspects, en termes relationnels, 
						artistiques et historiques.    
						
						Le but des auteurs actuels est d’expliquer ce que nous 
						sommes en train de vivre, qui est totalement inédit, et, 
						pense Li Yunlei, leurs efforts sont dignes de 
						considération, pour ce qu’ils apportent de nouveau, en 
						termes de style aussi bien que de ton.     |  
				
				  
				
				
				L’opinion de Meng Fanhua 
				
				
				  
					
						| 
						
						Editeur depuis de nombreuses années de sélections de 
						nouvelles, Meng Fanhua résume la situation de la 
						littérature chinoise actuelle en en contrastant les 
						différentes catégories :  
						
						       “长篇不错,中篇优秀,短篇糟糕” 
						
						« Le roman ne s’en sort pas trop mal,  
						
						la nouvelle moyenne est au mieux de  
						
						sa
						forme,  
						
						la nouvelle courte traverse une  
						
						mauvais
						passe. »    
						
						
						Le roman : pas mal |  | 
						
						 
						Meng Fanhua |  
				
				  
					
						| 
						
						 
						Décors de scène (Chen Yan) |  | 
						
						Le roman ne s’en sort pas mal, dit-il. Il cite pour 
						exemple « Décors de scène » (《装台》) 
						de 
						Chen Yan (陈彦), 
						qu’il considère comme l’un des meilleurs romans de 
						l’année. Ecrivain du Shaanxi, dramaturge et librettiste, 
						spécialiste de l’opéra qinqiang (秦腔), 
						opéra populaire du nord-ouest de la Chine 
						
						
						, 
						Chen Yan a écrit beaucoup de livrets qui ont souvent été 
						primés. « Décors de scène » raconte l’étape finale d’une 
						production artistique, en décrivant les différentes 
						personnes concernées, de tous niveaux et professions. A 
						partir de ce groupe de basse extraction sociale, 
						explique Meng Fanhua, l’auteur parvient à donner une 
						impression de vacuité comme celle qui ressort de la 
						lecture du « Rêve dans le Pavillon rouge »…..   
						
						Parmi les romans à retenir, Meng Fanhua retient 
						également ceux déjà cités de 
						
						Dong Xi,
						
						
						Chi Zijian
						
						
						et 
						
						Zhou Daxin, mais 
						aussi, pour sa qualité d’écriture, celui de Cai Xiaohang 
						(蔡晓航), 
						« L’ère de la pollution sonore » (《被声音打扰的时光》). |  
				
				  
				
				
				La nouvelle moyenne mieux que jamais 
				
				  
					
						| 
						
						Cependant, il considère que, au cours des cent dernières 
						années, en Chine, la nouvelle moyenne a été bien 
						supérieure au roman ou à la nouvelle courte. C’est « La 
						véritable histoire d’AQ » qui a lancé le mouvement de la 
						nouvelle littérature, mais c’est bien sûr après la chute 
						de la Bande des quatre que la nouvelle moyenne a connu 
						un développement particulièrement important, avec, dans 
						toutes les provinces, la création d’une foule de revues 
						littéraires essentielles pour leur diffusion. En effet, 
						la nouvelle moyenne est difficile à commercialiser ; 
						mais, que ce soit les auteurs ou les éditeurs de revues, 
						tous sont très exigeants envers ce genre de nouvelles, 
						elles ont donc tendance à être d’une grande qualité.
						   
						
						L’année 2015 en est une preuve : il y a eu d’excellentes 
						nouvelles moyennes. Son premier exemple est d’emblée  « Meizi 
						et Qia 
						Kebai » 
						(《梅子与恰可拜》) 
						de Dong Libo (董立勃), 
						publiée dans le 1er numéro de 2015 du Mensuel 
						de  |  | 
						
						 
						Compétition (Jing Yongming)  
						dans Renmin wenxue |  
				
				fiction (《小说月报》). 
				Comme beaucoup des histoires de cet écrivain, celle-ci se passe 
				au Xinjiang, où il la vit ; elle raconte, sur fond de Révolution 
				culturelle, l’idylle et le mariage d’une jeune intellectuelle
				 
					
						|   
						
						 
						Meng Fanhua remettant le prix 
						Renmin wenxue  
						2015 à Jing Yongming |  | 
						
						et d’un étudiant ; après l’arrestation de l’étudiant, un 
						descendant de tribus tujue nommé Qia Kebai prend 
						soin d’elle. Meng Fanhua trouve que, dans les nouvelles 
						actuelles, les sentiments ne sont pas très bien décrits, 
						mais celle-ci, au contraire, a une saveur d’ancien 
						classique, et l’histoire est émouvante.    
						
						Parmi les nouvelles qu’il trouve bien écrites, il cite 
						lui aussi « Les yeux de la terre » de
						Shi 
						Yifeng,
						
						
						et « Compétition », 
						de Jing Yongming. 
						Mais il ajoute « Deux ou trois choses vers le 
						nord-nord-ouest » 
				(《西北偏北之二三》) 
						de la romancière  |  
				
				Lin Bai (林白), 
				parue en juillet, dans le numéro quatre de Shouhuo.
				   
				
				
				La nouvelle courte en panne 
				
				  
				
				Cette année, en revanche, toujours selon Meng Fanhua, il n’y a 
				pas eu de bonnes nouvelles courtes. Il a intitulé l’introduction 
				qu’il a écrite pour le recueil de sa sélection des meilleures 
				nouvelles de l’année « La crise de sympathie de notre époque » (“我们这个时代的情义危机”), 
				crise de tendresse et de chaleur humaine, liée à une crise du 
				sens de la justice. 
				
				  
				
				La nouvelle courte est entrée dans une telle période, dénuée de 
				sentiment et de chaleur. Les récits expriment des tendances au 
				doute, à la froideur, la désolation, ou la distance née de la 
				méfiance. Meng Fanhua se dit préoccupé. Il est certain qu’il ya 
				une tendance de ce genre dans la vie actuelle, reconnaît-il, 
				mais ce n’est pas général et il n’y a pas que cela. On peut 
				comprendre que quelques écrivains écrivent des nouvelles de la 
				sorte, mais par tous. … Il espère donc que cette situation va 
				changer. 
				
				  
 
				
				   
				
				
				Récapitulatif des œuvres et auteurs cités 
				
				  
				
				
				Romans 
				
				Au sommet des montagnes 《群山之巅》  
				
				                              
				
				Chi Zijian 
				迟子建 
				
				Fini la chanson 
				《曲终人在》                  
				
				                               
				
				Zhou Daxin 
				周大新 
				
				Tao Yao 《桃夭》                           
				
				                                     
				
				 Zhang 
				Zhe 
				张者 
				
				Incognito  
				《匿名》     
				                     
				                                   
				  
				Wang 
				Anyi 
				王安忆 
				
				Compassion 
				《慈悲》                                                            
				
				
				Lu Nei 
				路内   
				 
				
				Jérusalem  
				《耶路撒冷》                                                        
				
				
				Xu 
				Zechen 
				徐则臣 
				
				Corps célestes en suspension  
				《天体悬浮》                             
				
				
				Tian Er 
				田耳 
				
				Destin usurpé 《篡改的命》                                                   
				
				
				Dong 
				Xi 东西 
				
				Parmi les vivants 《活着之上》                                               
				
				
				Yan Zhen 
				阎真 
				
				Décors de scène 《装台》                                                     
				
				
				
				Chen Yan  
				
				陈彦 
				
				L’ère de la pollution sonore 
				《被声音打扰的时光》                     
				Cai Xiaohang 
				蔡晓航 
				
				  
				
				
				Nouvelles moyennes 
				
				La rédemption de Su Rang 
				《苏让的救赎》  
				
				                              
				
				
				
				Li Qingyuan 
				李清源 
				
				Contents de se voir 《相见欢》                                               
				
				
				id. 
				
				Les yeux de la terre 《地球之眼》             
				
				                             
				
				 Shi 
						Yifeng 
				
				石一枫 
				
				Compétition 
				《较量》                                                           
				
				  
				Jing Yongming 
				
				荆永鸣 
				
				Le Moïse de la plaine 《平原上的摩西》                                     
				 
				
				
				Shuang 
						Xuetao 
				
				双雪涛 
				
				Histoire des sons 《声音史》                    
				
				                             
				
				 Luo 
				Weizhang 
				
				罗伟章 
				
				Meizi et QiaKebai 《梅子与恰可拜》                                           
				
				
				Dong Libo 
				董立勃 
				
				Deux ou trois choses vers le nord-nord-ouest 《西北偏北之二三》  
				
				
				Lin Bai 林白 
				
				  
					  
 
						
						
						 
						
						Traduction annotée et commentée d’un article 
						initialement publié dans le Journal de la jeunesse de 
						Pékin (北京青年报) et repris sur le site ifeng, le 18 
						décembre 2015 : 2015 中国文学综述:面对现实 技术止步 短篇糟糕
 Résumé de l’année littéraire 2015 : réalisme avant tout, 
						pause stylistique et recul de la nouvelle courte.
 (texte original :
						
						
						http://culture.ifeng.com/a/20151218/46727909_0.shtml)
 Les intertitres ont été rajoutés pour plus de clarté.
 
						 
						 
						 
						 
						 
						
						
						 
						 
				
				
 
 
				  
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