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Zhou Daxin
周大新
Portrait rapide 简介
par Brigitte Duzan, 6 novembre
2010, actualisé 19 décembre 2015
Zhou Daxin est,
comme
Shen Congwen et
tant d’autres, ce
qu’on peut
appeler un écrivain du terroir, attaché au coin de terre
qui l’a vu naître, dans son cas le sud-ouest du Henan.
Il est né, en
effet, en 1952, dans une famille de paysans de Dengzhou
dans la région de Nanyang (南阳),
au sud-ouest du Henan (河南邓州).
Il y a fait ses
études primaires et secondaires, puis, en décembre 1970,
là encore comme beaucoup d’autres, il s'est engagé dans
l'Armée populaire de Libération. Il gravit peu à peu les
échelons, fut affecté au service de propagande, puis,
grâce à ses dons littéraires, promu reporter militaire.
En 1983, il est
entré à l’institut d’études politiques de
l’Armée de
Libération à Xi’an, puis, après avoir terminé, a suivi
des cours de perfectionnement en littérature |
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Zhou Daxin 周大新 |
à l’Institut Lu Xun à Pékin (北京鲁迅文学院).Il
est aujourd’hui un écrivain professionnel prolifique et couvert
de prix.
« Paysage de lac et de
montagne »
(《湖光山色》) |
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Il a publié cinq romans
entre 1990 et 2008, dont, en 1998, la trilogie « Le vingt
troisième acte » (《第二十幕》), une saga à la García
Márquez qui passe en revue les événements intervenus en
Chine au
vingtième
siècle à
travers l’histoire de la vieille ville de Nanyang (南阳).
Mais, à part les nombreux essais et notes de voyages
publiés, c’est un écrivain surtout prolifique en
nouvelles : il en a publié une trentaine de taille
moyenne, et le double de nouvelles courtes.
Parmi
celles-ci, ‘La femme de la famille han’ (《汉家女》)
et ‘La petite clinique’《小诊所》ont
été couronnées du prix de la meilleure nouvelle courte,
respectivement pour les périodes 1985-86 et 1987-88.
En 2002, il a
obtenu le prix littéraire Feng Mu (冯牧文学奖).
En octobre 2008, il fut l’un des quatre récipiendaires
du
7ème
prix Mao Dun (第七届茅盾文学奖)
pour son cinquième
roman,
« Paysage de lac et de montagne » (《湖光山色》), |
qui se passe dans la
région du réservoir de Danjiangkou (丹江口), au sud de Nanyang, et décrit les problèmes rencontrés par une femme qui revient au pays après être
allée travailler un temps à Pékin.
La plupart des
romans et nouvelles de Zhou Daxin se passent dans son
Henan natal et décrivent les changements dont il a été
témoin depuis la période de réforme et d’ouverture. Il
voue un amour profond aux siens et par dessus tout à sa
mère à laquelle il a souvent rendu hommage, la décrivant
peinant pour nourrir les six bouches de la famille :
c’est grâce à elle qu’il put aller, avec son jeune
frère, jusqu'à l'école supérieure. C’est sans doute son
ombre que l’on voit se profiler derrière les nombreux
personnages féminins qui sont souvent au centre de ses
nouvelles.
Nombre de
celles-ci ont été adaptées au cinéma et à la télévision,
la plus célèbre étant sans doute, à cet égard, «Les
femmes du lac au parfum» (《香魂塘畔的香油坊》),
nouvelle de taille moyenne publiée en 1993 et adaptée au
cinéma par Xie Fei (谢飞) cette
même année : le film, intitulé « Les femmes du lac aux âmes parfumées »
(《香魂女》)
fut
couronné de l’Ours d’or au festival de Berlin 1993. |
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Le film « Les femmes du
lac aux âmes parfumées » |
« Fini la chanson » (《曲终人在》)
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En 2015, il publie un nouveau roman qui est l’un
des titres marquants de l’année : « Fini la chanson »
(《曲终人在》). Il y raconte la vie d’un fonctionnaire provincial
imaginaire dont la mort est accueillie par autant de larmes que
de joie. Zhou Daxin a expliqué que cette histoire lui avait été
inspirée par le procès du général Gu Junshan (谷俊山). Ancien
directeur adjoint du département de logistique de l’Armée de
Libération, il a été poursuivi en mars 2014 pour corruption,
abus de pouvoir et détournement de fonds publics : il aurait
amassé une fortune de plus de 600 millions de yuans. Il habitait
non loin de Zhou Daxin que le procès a particulièrement choqué.
Son livre commence par la nécrologie d’Ouyang Wantong,
gouverneur d’une province fictive, et continue par des
interviews d’une trentaine de personnes de son entourage. Le
roman n’est pas l’histoire d’un personnage corrompu dès le
départ, mais celle d’un homme d’origine modeste qui le |
devient parce que tout son environnement l’est et
qu’il ne peut y échapper.
On peut considérer ce roman comme un nouvel exemple de «
roman anti-corruption ». Mais,
comme l’a souligné Li Jingze, critique littéraire et
vice-président de l’Association des écrivains, il est
intéressant car il s’éloigne des schémas stéréotypés en offrant
une vision plus réaliste de la manière dont on se fait corrompre
par son environnement, en cédant aux pressions.
Traductions en
français :
« Les marches du
mandarinat », trad. Geneviève Imbot-Bichet, Stock, nouveau
cabinet cosmopolite, 1998
[« Sur cette terre,
rien n'égale le titre de fonctionnaire ! Un homme véritable doit
aspirer à devenir fonctionnaire ! Une telle position permet de
jouir de tout... »
Grâce à ce conseil que son grand-père lui répétait constamment,
Liao Huaibao, enfant brillant d'une pauvre famille de lettrés,
connaîtra un avenir radieux. Il passera sa vie entière à
franchir marche après marche les différentes étapes lui
permettant finalement d’accéder aux plus hautes fonctions chez
les mandarins d'aujourd'hui. La nouvelle est une description
pleine d'humour de l'arrivée au pouvoir des communistes chinois
et une satire grinçante de leurs mœurs et coutumes.]
« Une vie moderne »
(《现代生活》),
dans le recueil de nouvelles « Le vendeur de nids
d’hirondelles », trad.
Françoise Naour, éditions Bleu de Chine,
2007.
[Une jeune
paysanne, tout juste mère, part à la ville avec son mari pour
gagner de l’argent afin de se construire une maison au village.
Elle vend son propre lait, seule chose qu’elle a à vendre, à une
jeune citadine qui vient aussi d’avoir un bébé, mais ne veut pas
allaiter de peur de s’abîmer la poitrine et perdre les faveurs
de l’homme, riche et marié, qui l’entretient. La nouvelle est
une peinture amère de la solitude et des hypocrisies de la vie
urbaine, insupportables pour la jeune paysanne.]
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