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Wuhan, ville
close : comment le Journal de Fang Fang passe à la postérité
par
Brigitte Duzan, 13 septembre 2020
Le 9 septembre paraît en France la traduction en
français du journal tenu par
Fang Fang (方方)
pendant toute la période de confinement de Wuhan,
après les traductions en anglais et en allemand
.
Il est ainsi devenu un phénomène d’édition en
Occident, après avoir été lecture quotidienne des
Chinois cloîtrés chez eux par les mesures de
quarantaine prises pour lutter contre l’épidémie de
covid19.
Le regard n’est pas le même dans les deux cas, et il
est intéressant de constater l’enthousiasme avec
lequel il est reçu par les lecteurs occidentaux, à
la suite de celui des lecteurs chinois. Mais
ceux-ci, en retour, se sont sentis dépossédés d’un
journal écrit pour eux au quotidien dont Fang Fang
avait bien dit qu’elle n’envisageait pas d’en faire
un livre. Son journal prend ainsi une double
signification dont il est intéressant d’analyser les
différents aspects.
Journal au quotidien |
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Wuhan, ville close |
Rappel des faits
Le déroulé des événements intervenus à Wuhan n’est pas encore
totalement établi, il reste bien des zones d’ombre.
Les premiers cas d’une « pneumonie » mystérieuse à l’hôpital
central de Wuhan ont fait l’objet d’une notification officielle
au Centre local de prévention et de contrôle des épidémies le 27
décembre. Quatre jours plus tard, le 31 décembre, la nouvelle
d’un foyer infectieux est divulguée officiellement à la presse,
et lié au marché de fruits de mer de Huanan (武汉华南海鲜批发市场),
dans le district central de Jianghan (江汉区).
Mais, pendant vingt jours, l’information ne filtre pas auprès du
public ; il faudra attendre le 20 janvier pour que soit émis
l’ordre de quarantaine. La ville est bouclée le 23 janvier ;
Fang Fang commence son journal deux jours plus tard, le 25
janvier, jour du Nouvel An selon le calendrier lunaire : la fête
du Printemps – et l’année du rat – commencent sous de bien
tristes augures.
Ce qui a suscité un inhabituel
concert de critiques, et pas seulement de la part de Fang
Fang, c’est le hiatus de vingt jours entre le moment où le virus
a été officiellement reconnu et la décision de quarantaine. Le
journal Caixin (《财新》)
a courageusement mené une enquête sur la gestion de la crise à
ses débuts, alors que les autorités de Wuhan avaient menacé de
sept ans de prison ceux qui « propageraient des rumeurs » -
terme consacré qui visait à condamner tout le monde au silence,
y compris les médecins ; certains en subiront les conséquences,
les fameux
« lanceurs
d’alerte » (吹哨人),
dont le docteur Li Wenliang (李文亮)
qui en mourra le 7 février.
Par ailleurs, alors que toute la Chine est à l’arrêt, l’épidémie
se répand en Europe. Cinq premiers cas sont recensés en
France le 24 janvier. Au début, l’épidémie est considérée comme
une grippe saisonnière, les graves épidémies de 1957-1958 et
1968-1969 faisant figure de précédents. Mais la situation
s’aggrave vite, avec un important foyer de contagion dans le
Haut Rhin (à la suite d’un rassemblement évangélique pendant
cinq jours, du 17 au 21 février), mais aussi dans l’Oise et le
Morbihan. Finalement, la décision de confinement est annoncée
par le président Macron le 12 mars ; elle entre en vigueur le 17
mars.
Un journal attendu chaque jour
Dans ce contexte, les billets quotidiens publiés par Fang Fang,
d’abord sur weibo
,
puis à partir du 7 mars sur le site de Caixin, sont attendus et
lus avec un intérêt qui ne faiblit pas, en Chine bien sûr, mais
pas seulement. Les textes circulent, et en particulier ceux qui
disparaissent régulièrement de weibo. Tout un réseau
transmet quotidiennement les billets qui finissent par être
archivés sur divers sites internet
.
Ces billets journaliers sont d’autant plus appréciés que toute
autre critique est interdite et étouffée
.
Fang Fang poursuit son journal jusqu’au 60ème billet,
le dernier étant posté le 25 mars alors qu’est annoncée la
réouverture progressive de la ville, la levée finale de la
quarantaine étant prévue pour le 8 avril. Elle déclare avoir
fini son combat, et conclut sur un satisfecit tiré de la Bible –
très exactement de la deuxième épitre de Saint Paul à Timothée
,
ce qui est assez caractéristique du style de son journal : une
narration du temps qui passe émaillée de citations de poèmes.
Du journal au livre
Elle a dit ne pas avoir eu l’intention, au départ, d’écrire un
journal : elle voulait juste prendre des notes pour rédiger un
article qu’on lui avait demandé, explique-t-elle dans l’un de
ses derniers billets (le 23 mars), mais elle a été entraînée par
l’intérêt croissant que ses billets suscitaient, dans un
contexte où l’information sur l’épidémie était strictement
interdite. Cependant, interviewée en ligne par un site
littéraire dont elle retranscrit les questions dans
son billet du 10 mars, ainsi
que ses réponses, elle affirme bien qu’il ne s’agit que d’un
journal, et qu’il n’a pas vocation à être révisé pour en faire
une publication.
On peut le regretter, car il y a, dans les versions publiées,
beaucoup de répétitions, de détails du quotidien un peu longs
(quatre pages sur l’organisation des groupements d’achats pour
résoudre le problème du ravitaillement au quotidien, problème
sur lequel elle revient constamment, avec des détails personnels
sur son frère, les amis, etc.). Mais elle a voulu garder la
forme du document brut, publié au jour le jour, un témoignage
personnel qui tient de la littérature de reportage (bàogào
wénxué
报告文学)
telle que définie par
Mao
Dun (茅盾) ;
en ce sens, c’est un peu un « Journal de guerre » (《从军日记》)
comme celui écrit du front par
Xie Bingying (谢冰莹)
à la fin des années 1920
.
On peut aussi considérer le journal en le replaçant dans la
continuité de l’œuvre de
Fang
Fang, et du
néo-réalisme qui la caractérise (mais avec une note de
compassion). On ne le lit cependant pas comme un roman, et
surtout on ne le lit pas a posteriori comme on le lisait, au
jour le jour, quand on attendait chaque billet pour savoir ce
qui se passait à Wuhan. À cet égard, l’édition américaine est
légèrement différente de l’édition française. Le traducteur
américain Michael Berry a traduit les billets au fur et à
mesure, ce qui a permis à la traduction anglaise de sortir en
version numérique dès le mois de mai (et avec des préventes en
ligne dès le 8 avril).
En France, l’éditrice
Mélie Chen
a choisi une approche plus littéraire, justement : le
texte a été légèrement révisé (avec l’autorisation de l’auteure)
.
Si les suppressions sont contestables, en revanche il faut
applaudir le choix d’ajouter des notes en bas de page donnant
les références de chacun des poèmes cités par Fang Fang : ils
sont nombreux, en particulier pour donner couleur littéraire aux
descriptions du temps et de la nature qui introduisent chaque
billet, selon la tradition que chaque enfant apprend dès l’école
primaire
.
Le texte abonde en fait de références et d’allusions qui ne
peuvent être perçues à leur juste valeur sans explications. Mais
il faut bien dire que ce qui intéresse la majorité des lecteurs,
c’est ce qu’elle raconte.
Un journal inscrit dans l’histoire
Or, ce qu’elle raconte est intéressant à plus d’un titre, et,
contrairement à ce que l’on aurait pu penser, d’autant plus
intéressant avec un peu de recul.
Colère initiale
Son journal, c’est d’abord l’histoire de la ville victime des
atermoiements initiaux dans la gestion de la crise. Ses premiers
billets sont pour demander que soient établies les
responsabilités dans la censure de l’information qui a laissé le
virus se propager sans que soient prises les mesures
appropriées, en empêchant en même temps le public d’être
conscient de la gravité de la situation. Dans son billet du 1er
février, elle accuse le docteur Wang Guangfa (王广发),
expert des maladies respiratoires qui faisait partie d’un groupe
d’experts envoyé à Wuhan par la Commission nationale de la santé
publique, qui a déclaré le 10 janvier que « le virus ne se
transmet pas d’homme à homme, nous maîtrisons la situation. »
Or, l’épidémie avait fait l’objet d’une communication officielle
– interne - dès la fin du mois de décembre.
Il faudra attendre le 19 janvier pour que le professeur Zhong
Nanshan (钟南山),
le pneumologue qui a découvert le coronavirus du SRAS en 2003,
vienne à Wuhan et révèle la vérité, dévoilant la gravité de
l’épidémie. Entre-temps (le 16 janvier), le docteur Wang Guangfa
avait été contaminé, de même que le docteur Li Wenliang (李文亮),
le
fameux « lanceur d’alerte » (吹哨人)
mort le 7 février, qui avait été convoqué par la police le 3
janvier et sommé de faire son mea culpa pour avoir voulu alerter
ses collègues.
Fang Fang relaie la colère populaire. Elle demande
inlassablement tout au long de ses billets que soit faite la
lumière sur les responsabilités en cause ; elle s’insurge à
plusieurs reprises contre le silence imposé, allant jusqu’à
proposer que l’on change la date de deux réunions des instances
du Parti qui ont lieu tous les ans en fin d’année (lunaire) :
parce que c’est la saison des épidémies, et que l’on ne peut pas
transmettre de mauvaises nouvelles avant de telles réunions…
Elle ne dénonce pas ; elle s’insurge contre le mur du silence –
et, pire que tout : le silence collectif. Elle défend sa
position comme étant celle d’un écrivain professionnel (elle le
souligne à plusieurs reprises), un écrivain proche des masses
dont elle fait partie. Elle dira plus loin, en défendant Vargas
Llosa : un écrivain n’est pas un politicien.
Wuhan en quarantaine
A travers son journal, on voit la quarantaine se mettre en place
au fil des jours ; c’est d’abord le chaos, les hôpitaux sont
débordés, les gens errent dans les rues à la recherche d’un
hôpital où ils puissent être admis, les malades sont renvoyés
chez eux faute de place, des familles entières sont contaminées.
L’épidémie ne faiblit pas, la quarantaine à Wuhan sera renforcée
trois fois ; au total, elle aura duré 76 jours.
On voit cependant la colère initiale retomber peu à peu, se muer
progressivement en inquiétude, et en lassitude, la question
récurrente étant de savoir quand tout cela finira. Elle rapporte
le sort des personnes fragiles et marginalisées : les personnes
âgées, les prisonniers, les enfants, les travailleurs migrants
coincés loin de chez eux, et puis les autres malades, ceux qui
n’ont pas accès aux hôpitaux car ils sont surchargés, et qui
pourtant ont besoin de soins, les cancéreux, par exemple, ou les
diabétiques, comme elle. Elle dépeint l’épuisement des médecins,
et redoute l’approche de la Qingming, la fête des morts.
Ce sont des bribes d’information au jour le jour, qui lui sont
rapportées, qu’elle glane de tous côtés à l’intention des autres
victimes des mesures de quarantaine, celles de Wuhan, puis du
Hubei, puis bientôt de la Chine entière. Mais ses billets
parviennent aussi à l’étranger, et y sont lus tout aussi
avidement. Le virus a fait les mêmes dégâts partout, ce qui se
passait en février et en mars à Wuhan s’est trouvé bientôt
répliqué dans le monde entier.
Contre la tentation de l’oubli
Le journal est irrégulier, comme le temps, comme la censure qui
est elle-même aussi imprévisible que le temps, dit-elle avec
humour. Il y a de longs passages sur la vie matérielle, les
problèmes pratiques, qui sont aussi ennuyeux à lire qu’à vivre.
Mais il y a de belles pages aussi. Ainsi cette longue envolée
sur la catastrophe qui est presque comme un poème en prose :
« Wuhan vit aujourd’hui une catastrophe. Qu’est-ce qu’une
catastrophe ? » (武汉现在是在灾难之中。灾难是什么?)
.
La catastrophe, ce sont les registres de décès… La catastrophe,
ce sont des cadavres fourrés dans des sacs mortuaires…. La
catastrophe, ce n’est pas d’avoir un mort chez soi, c’est
d’avoir sa famille entière anéantie en quelques jours… etc.
Elle écrit, dit-elle, d’un point de vue individuel, pour relater
ce que se passe dans sa vie, et dans celle de ses proches : des
choses banales, sans importance, mais en y ajoutant ses
impressions, ses commentaires, ses réactions. Mais finalement,
dit-elle, ce n’est pas tellement différent de ses romans : ils
traitent des laissés-pour-compte, des solitaires et des
marginaux ; ils se font l’écho des émotions en manifestant sa
sollicitude envers eux. Ainsi, dit-elle, dans son journal, elle
ne fait que poursuivre dans la même voie
.
Finalement, son journal est presque une réponse à la dernière
question posée dans
« Funérailles
molles » (《软埋》) :
la question de la nécessité de préserver la mémoire contre la
tentation de l’oubli. C’est le titre de son billet du 2 mars :
pour que nos descendants sachent ce que nous avons vécu à Wuhan
(让后人知道,
武汉人经历过什么).
Pour cela, elle relaie une proposition d’élever une stèle en
mémoire des disparus. Elle propose bien plus de faire du fameux
marché Huanan d’où est parti l’épidémie un musée où serait
consignée la mémoire de la catastrophe (billet du 2 mars).
Contre l’ultra-nationalisme, pour l’ouverture
Son journal lui a valu d’être attaquée sur internet, et les
attaques se sont faites de plus en plus virulentes. Elle s’en
plaint sans cesse et répond sur le même ton en traitant ses
détracteurs de voyous. L’annonce de la vente des droits à un
agent américain a fait l’effet d’une bombe et provoqué un tollé.
Toute l’aura dont bénéficiait Fang Fang auprès de ses lecteurs
chinois s’est effondrée d’un coup : ils veillaient tous les
soirs pour attendre le billet de la journée et le lire tout de
suite ; ils se sont sentis dépossédés, voire trahis. Surtout, ce
que beaucoup ont regretté, c’est qu’elle avait donné l’illusion,
un temps, qu’il était possible qu’il y ait en Chine une voix
distincte du discours formaté officiel et cette voix s’adressait
à eux. Tout cela a été emporté dans la bourrasque qui s’est
déchaînée.
Les attaques ont atteint des excès dignes de la Révolution
culturelle
.
Elle-même dit avec humour dans son dernier billet
qu’elle avait été invitée à se rapprocher de l’association des
citoyens de la ville de Wuhan afin de prouver qu’elle n’était
pas un laquais au service de l’Amérique.
Son message peut-être le plus important dans le contexte actuel
est celui glissé dans sa réponse
à la fameuse
« lettre
d’un lycéen à sa "tante" Fang Fang
» publiée le 18 mars ; ce lycéen ou prétendu tel lui
énonçait sur un ton faussement naïf les devoirs du bon citoyen
chinois qu’il avait appris à l’école, et d’abord celui de garder
le silence sur les problèmes du pays pour ne pas décourager la
population, mais aussi ne pas apporter du grain à moudre aux
critiques occidentaux. Dans
sa réponse, publiée dans
le billet du même jour, Fang Fang revient sur son passé, au même
âge (seize ans), c’était alors en 1971, en pleine Révolution
culturelle, et elle était persuadée que c’était très bien car
cela faisait cinq ans qu’on lui bourrait le crâne. Elle n’avait
jamais entendu parler de pensée indépendante. Puis est arrivée
la période de Réforme et d’ouverture, et elle a passé dix ans à
se vider la tête de tout ce qu’on y avait amassé.
Elle fait de la fin de son billet une apologie de la Réforme :
« sans cette période de Réforme et d’ouverture, nous n’en
serions pas là aujourd’hui. » Il convient donc de ne pas en
gâcher les fruits, qui sont aussi dans l’ouverture des esprits.
Il reste une dernière question
On peut se demander comment et pourquoi ce journal n’a pas été
totalement censuré, comme tout ce qui touchait à l’épidémie en
dehors des informations officielles, y compris les poèmes de
l’infirmière Wei Shuiyin (弱水吟),
membre de l’association des écrivains du Gansu, qui ont été
systématiquement effacés de WeChat.
En fait, le journal de Fang Fang a surpris tout le monde en
devenant très vite littéralement viral. Une hypothèse est très
séduisante, c’est celle d’un analyste indépendant, ancien
professeur à Qinghua, Wu Qiang. Selon lui, le fait que Fang Fang
n’ait pas été réduite au silence fait partie de l’art de la
censure : il vaut mieux autoriser une voix relativement modérée
pour éviter l’embarras d’un canevas totalement blanc. » Quitte à
orchestrer des attaques en règle.
Wuhan, ville close. Journal,
trad. Frédéric Dalléas et Geneviève Imbot-Bichet,
Stock La Cosmopolite, septembre 2020,
399 p.
À écouter en
complément
L’émission de France culture Signes des temps de Marc Weitzmann
du dimanche 13 septembre 2020, 12h45, qui était consacrée aux
diverses facettes du Journal de Fang Fang et aux analyses que
l’on peut en faire. Avec Valérie Niquet, Sebastian Veg, Zhang
Yinde et Brigitte Duzan :
https://www.franceculture.fr/emissions/signes-des-temps/chine-la-dissidence-a-lage-des-virus
A lire en complément
L’analyse très fouillée des réactions au Journal de Fang
Fang signée Wang Wenting et publiée dans Politika :
l'article met en relief les différentes forces politiques
que révèlent ces réactions, dans un paysage politique
chinois plus complexe qu'il ne semble. On peut cependant
rester dubitatif sur la conclusion finale.
(Wang Wenting est rattachée au pôle sociologie de l'EHESS,
avec pour axes de recherche : internet, nouveaux médias,
affaires et controverses, etc.)
https://www.politika.io/fr/notice/controverse-autour-du-journal-fang-fang?fbclid=IwAR1guz5Qq
jEvj1-Li3VEY6zDlb4Jqy1PyyaV1rB9EY1GLBNfFIc950NoOhY
L’entretien
entre Mélie Chen et Brigitte Duzan du 16
septembre 2020 sur l’édition de « Wuhan, ville
close »
Et, tant qu’à faire, il aurait été bien d’ajouter
quelques notes pour expliquer des faits connus du public
chinois, mais non des lecteurs français, que Fang Fang
mentionne en passant. Par exemple, le retrait des livres
de l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa dont parle
Fang Fang dans son billet du 16 mars en disant que cela
l’a d’abord mise en colère, puis déprimée (traduction
pp. 320-321).
Le 15 mars, Vargas Llosa avait écrit un bel article dans
le journal espagnol El País intitulé « Retour au
Moyen-Age ? »
https://elpais.com/elpais/2020/03/13/opinion/1584090161_414543.html
Il y parlait de la peur causée par ce virus « en
provenance de Chine », peur semblable à celle de la
peste au Moyen Age ; il disait que la Chine avait
censuré au moins l’un des médecins qui l’avait à
l’origine détecté.au lieu de prendre les mesures
appropriées et que l’épidémie n’avait été reconnue
qu’une fois que le virus s’était déjà bien répandu. Il
en concluait que rien de tout cela ne serait arrivé si
la Chine populaire avait été un pays libre et
démocratique. L’ambassade de Chine au Pérou a ensuite
publié une déclaration accusant l’auteur « de critiques
absurdes et infondées » et d’« affirmations
diffamatoires et discriminatoires » pour avoir affirmé
que le virus provenait de Chine – ce que le gouvernement
chinois niait fermement à l’époque.
C’est à la suite de cette évocation de la censure de
Varga Llosa que Fang Fang reprend les termes du billet
de sa consœur
Yan Geling (严歌苓)
dont elle a fait l’éloge auparavant :
« En
empruntant trois mots à Tang Wan : Dissimuler,
dissimuler, dissimuler » (《借唐婉三字:瞒,瞒,瞒》),
autre texte inscrit dans l’histoire, se référant à
deux poèmes célèbres.
La seule note en bas de page, dans ce cas, peine
à rendre tout ce que suggère Fang Fang.
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