La génération
« post’70 » ou « génération intermédiaire »
Présentation
par Brigitte
Duzan, 14 mars 2013, actualisé
24 août 2018
Ce qu’on
appelle la « génération intermédiaire » des écrivains
chinois (“作家的中间代”)
est celle des écrivains nés dans les années 1970, et
plus précisément entre 1968 et 1978 ; c’est celle,
aussi, que l’on appelle généralement la génération des
écrivains « post-70 » (“70后作家”).
Définition
Pourquoi
« génération intermédiaire » ?
Parce qu’elle
se trouve entre la génération des « post-60 » et celle
des « post-80 », c’est-à-dire entre, d’une part, la
génération des écrivains qui ont été à la base du
renouveau de la littérature chinoise au début de la
période d’ouverture, les auteurs de la littérature des
cicatrices et surtout de recherche des racines, et
d’autre part la génération des jeunes nés dans les
années 1980, qui sont arrivés sur le devant de la scène
littéraire depuis une dizaine d’années.
Parmi les
premiers, on trouve une bonne partie des grands noms de
la littérature chinoise contemporaine, condamnés au
silence pendant la Révolution culturelle, mais célébrés
ensuite ; les seconds se sont affirmés au début du
nouveau millénaire, sur les traces de
Han Han (韩寒)
et dans un style semblable, plus provocateur que
profond.
Cette position
intermédiaire entre deux générations dont l’une avait
acquis ses lettres de noblesse et l’autre multipliait
les best-sellers a longtemps été inconfortable et a valu
une véritable mise à l’écart à des écrivains qui
n’avaient ni la notoriété établie des uns ni le brillant
médiatique des autres. Ils n’étaient pas à la mode et
les éditeurs se méfiaient d’œuvres au style très
personnel qu’ils considéraient comme des sources
potentielles de pertes (图书市场的赔钱货).
Ces écrivains
ont longtemps accepté la situation qui faisait d’eux les
petits frères de leurs prédécesseurs nés dans les années
1960 (与60后基本保持着兄弟关系).
En même temps, ils ont été victimes de la
commercialisation croissante du secteur de l’édition qui
a privilégié les ventes faciles des romans à la mode des
jeunes auteurs médiatiques, pour beaucoup promus par le
biais d’internet.
Ce n’est que
peu à peu que les écrivains de la
« génération
intermédiaire » ont
réussi à se défaire de ce que l’un d’entre eux,
Cao Kou (曹寇),
a décrit comme une mentalité d’assiégé (“突围”).
Mais il aura fallu que se tarisse quelque peu
l’inspiration des uns et menace de passer la vogue des
autres pour que les éditeurs soient incités à chercher
de nouveaux poulains, plus solides, en revenant à la
génération oubliée entre les deux, et à une littérature
« pure », née, comme Sun Wukong, d’une faille dans le
roc
.
Emergence
et caractéristiques
Première
émergence à la fin des années 1990
Les écrivains
nés dans les années 1970 ont pourtant commencé à attirer
l’attention des critiques au milieu des années 1990. Un
certain nombre de revues ont créé des rubriques ou édité
des numéros spéciaux consacrés à ces auteurs :
- en 1996, la
revue de Shanghai "Le monde de la fiction" (小说节)
lance une rubrique intitulée « Après les années 1970 »
consacrée aux auteurs post’70.
- en juillet
1998, la revue pékinoise "Ecrivains" (作家)
publie un numéro spécial dédié aux écrivains femmes nées
dans les années 1970.
- la même
année, la revue Lotus (Furong
芙蓉),
basée dans le Hunan, crée une colonne du même genre.
Mais les
auteurs qui émergent alors et deviennent à la mode sont
surtout les romancières tapageuses comme Mian Mian (棉棉) et Zhou Weihui (周卫慧) ;
c’est une vogue passagère, suivie de celle des jeunes
post-80.
Emergence
comme entité définie en 2012
L’émergence de
la
« génération intermédiaire » en tant qu’entité formelle
a résulté en fait de la publication de deux recueils de
nouvelles, par la maison d’édition pékinoise
X.Iron (北京磨铁图书),
dans sa collection
Tiehulu
(铁葫芦).
Ces deux recueils, publiés respectivement en juin et
juillet 2012, distinguent dans cette génération dix
écrivains hommes (《中间代》)
et dix femmes (《新女性》),
en publiant dans chaque cas dix « œuvres
représentatives » (代表作).
Il n’est pas question de les enfermer dans une nouvelle
classification qui serait un nouveau ghetto ; mais c’est
une manière d’attirer l’attention du public sur ces
auteurs qui ont tous une personnalité très distincte et
qu’il s’agit maintenant de découvrir individuellement.
Ces auteurs ne rentrent a priori dans aucune case, ne
correspondent à aucun genre préétabli ; ils sont souvent
au-delà du réalisme ou du néo-réalisme qui a été le
courant dominant ces dernières années, en s’attachant au
quotidien dans ses aspects les plus banals, mais en
faisant de cette banalité le sujet de narrations qui ne
le sont pas. Comme ils ont mis une bonne dizaine
d’années, pour la plupart, à se faire connaître, ils ont
eu le temps de se créer un style |
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Œuvres représentatives
de la génération intermédiaire |
original ; dans l’ensemble, ils n’ont pas loin de la
quarantaine maintenant, ce ne sont pas des débutants.
On parle maintenant généralement de génération, ou
d’écrivains post’70.
Les
écrivains post’70
Ah Ding
阿丁
Ah Yi
阿乙
Cao Kou
曹寇
Chai Chunya
柴春芽
Feng Tang
冯唐
Li Shijiang
李师江
Lu Nei
路内
Miao Wei
苗炜
Shi Yifeng
石一枫
Xue Yiwei
薛忆沩
Wa Dang
瓦当
Les
écrivaines post’70
Lu Min
魯敏
Lü Yao
绿妖
Ren Xiaowen
任晓雯
Sheng Keyi
盛可以
Wu Ang
巫昂
Xi Menmei 西门媚
Yan Ge
颜歌
Ye San
叶三
Ye Yang
叶扬
Zhang Huiwen
张惠雯
Zou Zou
走走
Ce sont
certainement là quelques-uns des auteurs les plus
intéressants de la littérature chinoise contemporaine,
sans que la liste soit exhaustive. |
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Œuvres représentatives
de la nouvelle littérature féminine |
Note