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				Lao She 
				老舍 
				1899-1966 
				
				Présentation 
				par Brigitte Duzan, 17 mai 2010, 
				actualisé 21 janvier 2025         
					
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						Lao She (老舍), 
						de son vrai nom Shu Qingchun (舒庆春), 
						est né à Pékin en 1899 dans une famille d’origine 
						mandchoue, appartenant à la ‘bannière rouge’ (正紅旗
						zhènghóngqí), 
						l’une des huit ‘bannières’ (滿州八旗)
						créées 
						par Nurhachi, au 
						 
						
						début du 17ème siècle, 
						pour 
						structurer la société Jürchen selon un système militaire 
						à même de transcender les frontières de clans. 
						 
						         
						Cette origine 
						mandchoue eut de telles conséquences sur la formation de 
						sa personnalité et, partant, de son œuvre, qu’on ne peut 
						vraiment les comprendre sans en saisir les implications 
						profondes.  
						         
				1899-1918 : Mandchou dans un  
				monde qui cesse de l’être |  | 
						 
						Lao She
						(老舍) |  
				         
						Lao She est né 
						un an après la dernière tentative de réforme du système 
						impérial : la réforme dite « des Cent Jours » (百日维新)
						(1) 
						initiée par le théoricien réformateur Kang Youwei (康有为), 
						avec le soutien de l’empereur Guangxu, mais écrasée en 
						septembre 1898. L’empereur fut 
						écarté du trône ; six des principaux réformateurs furent 
						exécutés.  
				          
					
						| 
						 
						bannière rouge 
						(正紅旗
						zhènghóngqí) |  | 
						Les partisans 
						du modernisme furent désormais convaincus que le système 
						impérial ne pouvait être sauvé. Les idées de réforme se 
						transformèrent alors en idéal révolutionnaire sur fond 
						de haine des Mandchous au pouvoir, 
						avivée par la 
				répression des soulèvements qui se multiplièrent. Celui de 
				Wuchang (武昌起义), 
				le 10 octobre 1911, fut le prélude à la révolution dite Xinhai (辛亥革命) 
				qui mit fin à l’Empire. 
				                
				De manière 
				significative, elle avait pour objectif de mettre fin à un 
				régime qui avait mis les Han au ban de la société. Au terme 
				 |  
				d’une véritable chasse 
				à l’homme, quelque vingt à trente mille Mandchous furent tués 
				en une semaine. Dans la capitale, les 
				membres survivants des bannières se préparaient à la revanche ; 
				Yuan Shikai sut éviter une autre tuerie.  
				 
				         
				Lao She avait douze 
				ans ; il survécut, sa mère aussi, mais il n’oublia ni ne 
				pardonna jamais. Son existence en fut bouleversée : la famille 
				n’était déjà pas riche car son père, un soldat de la garde 
				impériale, était mort en 1901 au cours d’une bataille de rue, 
				lors de l’entrée des troupes étrangères dans la capitale après 
				la rébellion des Boxers. Ils tuèrent le chien avant de mettre la 
				maison à sac. Lao She dira plus tard qu’il n’avait jamais 
				entendu sa mère, dans son enfance, lui conter des histoires 
				d’ogres et de monstres ; les « diables étrangers » dont elle 
				parlait étaient bien plus effrayants car ils étaient réels, et 
				avaient affecté toute la famille.         
				
				 
				Abdication de l’empereur Puyi, 12 février 1912
				         
				Il fut élevé par sa 
				mère, au prix de grands sacrifices. Les conditions matérielles 
				étaient difficiles, mais, bien pire, ils étaient victimes de 
				l’ostracisme et de l’arrogance des Han redevenus maîtres du 
				pays. Cette situation de paria a profondément marqué Lao She : 
				il eut peu d’amis pendant ses études, et, par la suite, 
				considéra toujours avec méfiance et réticence toute implication 
				dans un mouvement de nature politique.  
				         
				1918-1924 : Enseignant par nécessité 
				         
				A l’issue de l’école 
				primaire, il aurait dû apprendre un métier, les parents et amis 
				étaient prêts à aider sa mère dans ce but ; il aurait ainsi pu 
				contribuer à alléger les soucis maternels : 
				
				« 当我在小学毕了业的时候,亲友一致的愿意我去学手艺,好帮助母亲。我晓得我应当去找饭吃,以减轻母亲的勤劳困苦。 »
				
				(2) 
				         
				Mais Lao She voulait 
				continuer ses études : il passa en secret l’examen d’entrée à 
				l’école normale de Pékin où il serait nourri, logé, habillé et 
				où les livres lui seraient fournis. Mais il fallait quand même 
				 
				verser dix yuans de droits d’entrée. C’était une somme énorme 
				pour eux, et sa mère travailla deux semaines d’arrache pied pour les 
				gagner.  
				         
				En 1918, à sa sortie de 
				l’école, il fut nommé inspecteur au Bureau de l’Education et 
				chargé d’une  
				mission d’inspection dans les 
				provinces du Jiangsu et du Zhejiang, après quoi il fut promu, 
				l’année suivante, contrôleur des affaires éducatives de la 
				Section Nord. Mais il était jeune, et renâclait à dépendre de 
				supérieurs corrompus pour son avancement. Il démissionna en 1921 
				pour devenir  
				secrétaire d’une école privée, à Pékin ; en plus du 
				travail de secrétariat, il donnait deux heures de cours de 
				chinois par jour, et il gagnait le tiers du salaire de son 
				précédent poste. C’était assez dur étant donné qu’il avait sa 
				mère à sa charge : cet hiver-là, il vendit son manteau de 
				fourrure pour lui acheter des vêtements chauds. 
				         
				Il n’avait pas 
				participé au mouvement du 4 mai 1919 (3) : pour lui, il 
				s’agissait de luttes entre factions Han, lui, Mandchou, n’y 
				avait pas sa place. Par la suite, il écrivit nombre de nouvelles 
				dépeignant des étudiants superficiellement occidentalisés, 
				provoquant grèves et manifestations de manière irresponsable, et 
				finalement manquant de caractère et de compréhension véritable 
				des grands problèmes que le pays avait à affronter. 
				         
					
						| 
						Cependant, il a 
						déclaré avoir été énormément influencé par les idées 
						novatrices nées à 
						l’époque : 
						« [Le mouvement du 4 mai] m’a insufflé un esprit nouveau 
						et m’a offert un nouveau langage littéraire. Je lui suis 
						reconnaissant de m’avoir permis de devenir un 
						écrivain. » En attendant, il était enseignant, et 
						n’avait guère de temps pour autre chose.         
						Pourtant, il 
						commence alors  |  | 
						 
						collège Nankai 
						(南开中学) |  
						à écrire, et 
				publie en mai 1921 un 
				premier très court 
				récit, en baihua, mais un baihua encore 
				expérimental ; en même temps, c’est une mini-nouvelle reflétant 
				les idées de l’époque en faveur de l’émancipation des femmes et 
				comportant une recherche formelle :
				
				« L’échec 
				d’une femme » (《她的失败》).
				 
				  
				A l’automne 1922, il 
				obtint un poste de professeur de chinois à Tianjin, au collège 
				Nankai (南开中学).
				Il 
				écrivit là sa première véritable nouvelle, 
				« La petite cloche » (《小铃儿》), 
				qui parut dans le journal du collège, mais il a dit par la suite 
				qu’elle n’avait aucune valeur, que c’était juste pour remplir 
				quelques colonnes… 
				        
				 
				Au 
				bout de six mois, il revint à Pékin. Il semble avoir été 
				déprimé, à cette époque, et se serait alors converti au 
				christianisme, pour la lueur d’espoir qu’il offrait. C’est du 
				moins ce que l’on peut déduire par analogie avec l’un des 
				personnages de son premier roman, « La philosophie de Lao 
				Zhang » (《老张的哲学》) : « Il était foncièrement honnête et candide, mais avait connu des jours accablants si bien qu’il avait perdu de sa 
				confiance en lui-même ; il n’avait plus aucune foi dans la 
				société, c’est pour cela que la religion l’avait attiré. »         
				Devenu membre d’une 
				association chrétienne, Lao She commença à apprendre l’anglais. 
				Il obtint alors un poste d’enseignant de chinois dans ce qui 
				n’était encore que l’école des Etudes orientales, à 
				l’université de 
				Londres. L’enseignement était plus que jamais sa planche de 
				salut autant que son gagne-pain.  
				         
				
				1924-1929 : Séjour en Angleterre et premiers romans 
				         
					
						| 
						
						Il part pour Londres en 1924, à un moment où les 
						sociétés littéraires s’étaient multipliées, publiant une 
						centaine de journaux diffusant idées et traductions. Il 
						trouve à Londres une atmosphère plus calme, plus 
						policée, et une littérature nouvelle pour lui ; il 
						découvre Dickens qui influence les romans qu’il écrit 
						alors, et qui sont parmi ses œuvres les plus 
						populaires en Chine, constamment rééditées depuis 1949 : 
						« La philosophie de Lao Zhang » (《老张的哲学》), 
						« Zhao Ziyue » (《赵子曰》) 
						et « les deux Ma » (《二马》). 
						Si le premier roman est écrit à moitié en langue 
						classique à moitié en chinois ‘vernaculaire’ baihua,
						la part de baihua augmente d’œuvre en œuvre. 
						On peut les considérer, du point de vue formel tout au 
						moins, comme des œuvres encore expérimentales.         
						
						1. « La philosophie de Lao Zhang » 
						est directement 
						inspiré de la lecture  de  « The Pickwick 
						Papers » et « Nicholas Nickleby » (4), respectivement 
						premier et troisième romans  |  | 
						 
						« Nicholas Nickleby » |  
						de Dickens  : 
				le premier fut rédigé sous forme 
				de chapitres plus ou moins bien reliés entre eux, de façon à 
				être publié sous forme de feuilleton ; par ailleurs, les 
				personnages sont dépeints de façon humoristique, donnant au 
				livre un ton de satire sociale pleine d’humour ; ces 
				caractéristiques, qui contribuèrent à l’immense succès de 
				l’œuvre, furent ensuite reprises dans « Nicholas Nickleby », qui 
				relate les aventures d’un jeune garçon qui doit subvenir aux 
				besoins de sa mère et de sa sœur après la mort de son père, 
				situation très « chinoise » s’il en est, mais également dépeinte 
				sur un ton humoristique. 
				         
					
						| 
						 
						
						«La 
						philosophie de Lao Zhang»
						
						《老张的哲学》 |  | 
						Lao She a 
						repris le même ton et la même structure : trente neuf 
						chapitres comme autant de tableaux. Quant au ton, 
						détaché et ironique, s’il est dû en partie à l’influence 
						de Dickens, c’est aussi une marque de la distanciation 
						de Lao She, sa situation d’outsider jetant un regard 
						satirique sur son pays. Il n’est en Angleterre que 
						depuis quelques mois quand il écrit
						« La philosophie de Lao Zhang », mais il y apprécie l’ordre, les valeurs 
						morales et la conscience sociale qui lui paraissent 
						faire d’autant plus défaut chez lui.  
						
						         
						
						Lao Zhang (老张) 
						est un maître d’école et boutiquier avare et sans 
						scrupule dont la « philosophie » de l’existence est 
						trinitaire en tout sauf pour l’argent (“钱本位而三位一体”): 
						il a même transformé l’invitation rituelle « je vous 
						invite à déjeuner » (“请吃饭”) 
						en « je vous invite à prendre le thé » (“请吃茶”). 
						Préoccupé également par son statut social et pensant 
						qu’une concubine l’améliorerait, il jette son dévolu sur 
						la sœur d’un de ses élèves, tentant de la prendre 
						comme 
						concubine en  |  
				échange de 
				l’annulation d’une dette. Celle-ci, 
				cependant, est amoureuse d’un autre élève ; Lao She développe 
				alors une histoire d’amours contrariées très classique, où les 
				femmes, bien sûr, finissent victimes. Mais là n’est pas l’important : ce 
				canevas sentimental n’est que le prétexte à une satire d’un 
				humour dévastateur qui s’attaque à tous les 
				travers de la société chinoise : les conditions d’éducation, 
				l’hypocrisie sociale et la sujétion des femmes, la corruption 
				des gouvernements locaux et de la police, le manque 
				d’indépendance de la presse, l’inefficience de la loi. 
				         
				Comme beaucoup de ses 
				contemporains, Lao She était indigné et affligé par l’échec des 
				nouvelles institutions nées avec la République, comme si la 
				modernisation du pays était impossible vu le poids de 
				l’éthique confucéenne 
				et de la bureaucratie ; mais les valeurs traditionnelles ne 
				pouvaient inspirer les jeunes : la tentative d’assassinat de Lao 
				Zhang par son ancien élève, vers la fin du roman, est le 
				symptôme et le symbole des frustrations de toute une génération.         
					
						| 
						2. L’histoire 
						de « Zhao Ziyue », le roman suivant, se passe 
						également à Pékin, dans les années 1920, c’est-à-dire 
						aux lendemains du mouvement du 4 mai. Si, dans le roman 
						précédent, les étudiants sont présentés comme des 
						victimes, ils sont dépeints ici comme des êtres 
						velléitaires, dont la mentalité nationaliste exacerbée 
						et occidentalisée est condamnée comme superficielle. 
						         
						Zhao Ziyue (赵子曰) 
						est le leader d’un groupe d’étudiants révolutionnaires 
						dont la principale activité est d’organiser des grèves 
						et de débiter des slogans. Divisés en d’innombrables 
						groupuscules, ils sont incapables de s’unir, sauf - 
						propension universelle - pour ne pas passer les examens, 
						et leur principal souci, in fine, est d’obtenir un bon 
						poste une fois diplômés. La passion révolutionnaire une 
						fois retombée, ne reste qu’un songe creux.          
						3. Commencé en 
						1928 et terminé l’année suivante, juste avant de quitter 
						Londres,  |  | 
						 
						« Zhao Ziyue » 
						
						《赵子曰》 |  
						« Les deux Ma » (《二马》), 
						traduit en français « Messieurs  Ma père et fils », 
				décrit le mépris, sur fond de racisme, auxquels sont confrontés 
				les Chinois en Angleterre, comme si la situation décrite dans 
				les romans précédents ne pouvait faire d’eux, partout, que des 
				citoyens de second ordre. 
				         
				Le vieux Ma se rend à 
				Londres avec son fils parce que son frère lui a légué un magasin 
				d’antiquités, mais, dès leur arrivée, ils sont confrontés aux 
				préjugés tenaces qui les font apparaître, aux yeux des Anglais, 
				comme des fumeurs d’opium, trafiquants d’armes et assassins 
				violeurs de femmes, comme tous leurs congénères. C’est grâce à 
				un missionnaire qu’ils trouvent finalement à se loger, et 
				réussissent à se faire accepter. Mais, en dépit de l’humour qui 
				nous vaut quelques scènes très drôles, le ton est amer : 
				l’incompréhension est 
				totale, même pour les missionnaires, les Chinois ne sont que des 
				âmes à sauver de l’enfer qui les guette  
				(5).  
				      
				  
				Transition : 
				Singapour 
				         
				C’est donc, 
				semble-t-il, un Lao She sans illusion qui, en juin 1929, son 
				contrat achevé, reprend le chemin de la mère patrie, mais par le 
				chemin des écoliers. Il passe d’abord par Paris où il reste 
				trois mois, mais sans réussir à trouver un travail. Il repart 
				donc, cette fois pour Singapour, poussé par son admiration pour 
				Joseph Conrad.   
				         
				Toutefois, là où Conrad 
				n’avait vu qu’un enfer pour l’homme blanc, Lao She veut montrer 
				que l’archipel a connu un développement économique dû pour 
				l’essentiel… aux Chinois. Mais il lui faut enseigner pour 
				survivre, il n’a donc pas le temps de voyager à loisir pour 
				rassembler les éléments de nature à étayer sa thèse. 
				         
				Au lieu de cela, après 
				avoir remisé un roman d’amour à moitié terminé qu’il avait 
				commencé à griffonner sur le bateau, il se met à écrire un roman 
				dont le personnage principal est un enfant, d’origine chinoise 
				vivant à Singapour : « L’anniversaire de Xiao Po » (《小坡的生日》). 
				Xiao Po est un enfant adorable, pas encore assez grand pour 
				avoir des préjugés, qui voit le monde comme une immense famille, 
				pleine de chaleur et de tendresse, ce qui lui pose des problèmes 
				pour arriver à y intégrer l’ennemi japonais ; il trouve quand 
				même une raison pour ne pas les aimer, les Japonais : la forme 
				de leurs îles…  
				         
				Le livre reflète 
				l’amour de Lao She pour les enfants : « Ce genre de livre me 
				fait sentir jeune et heureux, a-t-il dit ; j’aime les enfants, 
				il sont la lumière, une nouvelle page de l’histoire… l’espoir 
				est là. » Cela ne suffit pas pour en faire un bon roman, ce sont 
				juste quelques pages écrites le temps d’une escale, avec 
				suffisamment de bons sentiments pour que ce ne soit pas de la 
				bonne littérature. Le livre n’est pas terminé lorsque Lao She 
				reprend le bateau, au début de 1930, il l’achève à Shanghai et 
				repart pour ce qui est alors Peiping. 
				         
				1930-1937 : Retour en Chine et tâtonnements à Jinan 
				         
				En Angleterre, Lao She 
				était devenu nationaliste, mais le pays qu’il retrouve est, à 
				ses yeux, pire que celui qu’il avait quitté (6). Il est 
				maintenant polarisé en deux clans ennemis qui se livrent une 
				lutte à mort, et la confrontation entraîne à son tour la 
				polarisation du monde littéraire ; le 2 mars 1930 est 
				 
					
						|         
						 
						Ce qui reste de Cheeloo University à 
						Jinan |  | 
						créée à 
						Shanghai, sous l’égide de Lu Xun, la « Ligue chinoise 
						des écrivains de gauche » (中国左翼作家联盟) 
						à laquelle adhèrent bientôt quelque trois cents 
						écrivains. Lu Xun déclare : « C’est la politique qui est 
						la priorité, et l’art doit s’adapter en fonction 
						d’elle. »          
						Dans ce climat, 
						il n’y a pas place pour un penseur ou un écrivain 
						libéral. Pourtant, fidèle à sa ligne  |  
						de conduite, 
				Lao She évite les polémiques, et ne prend pas parti. 
				Outsider résolu, il part au Shandong, enseigner à l’université 
				Qilu (齐鲁大学), 
				à Jinan (济南) 
				(7).
				         
				Jinan, en 1930, 
				portait encore les stigmates de « l’incident » qui porte son nom 
				(済南事件), 
				encore appelé « le massacre du 3 mai (五三惨案)
				car, à cette 
				date, en 1928, 
				l’armée japonaise, alliée aux  
					
						| 
						seigneurs de 
						guerre du Nord, se heurta dans la ville aux unités de 
						l’Expédition 
						du Nord lancée contre ces derniers par le Guomindang. 
						Lao She se rend compte que les combats, qui continuèrent 
						pendant plusieurs jours, sont encore présents dans les 
						esprits ; il décide donc d’en faire la toile de fond 
						d’un roman intitulé « Daming Hu », ou ‘le lac de 
						la grande clarté’ (《大明湖》), 
						du nom d’un lac célèbre, au nord de Jinan, et l’envoie 
						une fois terminé à Shanghai, au Xiaoshuo Yuebao (小说月报)
						qui 
						avait jusqu’ici 
						 |  |          
						 
						le lac de la grande 
						clarté 《大明湖》 |  
				publié tous ses romans, 
				sous forme de feuilleton ; or, 
				justement, le journal n’avait pas encore terminé la publication 
				de « L’anniversaire de Xiao Po » ; « Daming Hu » est donc mis en 
				attente. 
						         
				Or, sur ces 
				entrefaites, le 8 janvier 1932, les Japonais bombardent 
				Shanghai ; le bâtiment du Xiaoshuo Yuebao est touché et 
				incendié, les presses sont détruites, et le manuscrit de Lao She 
				disparaît dans les flammes. Il en tirera plus tard une nouvelle, 
				intitulée « Croissant de lune » (《月牙儿》), 
				qui fait partie de ses nouvelles dénonçant les injustices 
				sociales, et en particulier celles que doivent subir les 
				femmes : c’est l’histoire des souffrances d’une jeune fille qui, 
				comme sa mère, est poussée à se prostituer par la pauvreté et 
				qui, en dépit de ses efforts pour s’en sortir, finit en prison.
				         
					
						| 
						 
						« La cité des chats »
						
						《猫城记》 |  | 
						En 1932, 
						cependant, c’est un autre roman qui 
						l’occupe : « La 
						cité des chats » (《猫城记》), 
						satire où affleure le désespoir autant que 
						l’indignation 
						devant la situation désespérée où se trouve la Chine et 
						les lâchetés et compromissions politiques qui 
						l’empêchent d’y faire face. Le livre commence comme un 
						roman de science fiction : il décrit les aventures d’un 
						astronaute chinois dont 
						l’avion 
						s’échoue en arrivant sur Mars et se retrouve devant une 
						société bizarre d’hommes-chats qui ont tous les défauts 
						de la société chinoise, soigneusement passés en revue. 
						C’est 
						d’ailleurs cet 
						étalage de maux exhaustif qui constitue la principale 
						faiblesse du livre, sans parler des longues discussions 
						politiques : la narration en est affaiblie. Le livre 
						reste une curiosité.         
						Ce roman 
						constitue cependant une transition dans l’œuvre 
						de Lao She : à partir de là, il va  |  
						se 
						concentrer sur 
				l’étude des caractères et le développement de 
				thèmes originaux dans ses histoires. En même temps, il va 
				privilégier la forme courte au roman, forme qu’il 
				considère plus aboutie et plus pure stylistiquement (voir la 
				note sur les nouvelles ci-dessous). 
				         
				En attendant, dans la 
				chaleur suffocante de l’été 1933 à Jinan, regrettant la 
				fraîcheur londonienne, il écrit encore un roman, très vite, en 
				soixante dix jours ; il y pensait depuis longtemps, il faut 
				croire que le sujet était mûr : c’est « Le divorce » (《离婚》), 
				pour lequel il renoue avec le style humoristique de ses débuts, 
				et avec Peiping.   
				         
				Le personnage 
				principal, Lao Li (老李), 
				est un jeune fonctionnaire du Bureau des Finances du 
				gouvernement local ; né au tournant du vingtième siècle, c’est 
				un jeune lettré partagé entre l’ancien et le moderne, qui mène 
				une vie tristement introvertie ; c’est aussi un jeune homme 
				frais émoulu de la campagne où il a laissé sa femme et ses 
				enfants. Cependant, son ami Zhang (张大哥) 
				le persuade de les faire venir à la capitale avec lui. Ce Zhang 
				est tout l’opposé de Lao Li : gai, sociable, il sert 
				d’entremetteur pour 
				arranger des mariages ; sa théorie est qu’il n’y aurait pas la 
				chienlit communiste si les gens étaient heureux chez eux avec 
				leur épouse : 
				
				假如人人有个满意的妻子,世界上决不会闹“共产”。张大哥深信此理。 
				  
				Evidemment, les choses 
				ne sont pas si simples : la femme de Lao Li est une paysanne 
				inculte qui a eu les pieds bandés et qu’il tente honteusement de 
				cacher à ses collègues de bureau. La vie de Lao Li devient un 
				enfer. Pris entre sa haine du bureau et celle de sa famille, et 
				ne pouvant échapper ni à l’un ni à l’autre, il est comme pris 
				entre deux murs. Après bien des aventures malheureuses, il 
				finira par retourner vivre au village, mais sa femme aura 
				beaucoup appris, pendant son séjour à la ville, et aura en 
				particulier été gagnée par les idées de libération de la femme….
				         
					
						| 
						« Le divorce » 
						est une œuvre d’un humour contrôlé où l’accent est mis 
						avant tout sur la psychologie des personnages, 
						préfigurant les grandes œuvres qui ont fait la renommée 
						de Lao She, dont « Le pousse pousse ». En 1936, 
						il est enfin à même de renoncer à ses émoluments de 
						professeur : il démissionne pour se consacrer  
						totalement à l’écriture, et 
						c’est alors qu’il écrit cette nouvelle, intitulée en 
						chinois ‘Xiangzi le chameau’ (《骆驼祥子》)
						qui est 
						l’une de ses œuvres les plus connues et les plus 
						populaires, mais qui reprend les ingrédients du roman 
						précédent, en les intégrant dans une histoire beaucoup 
						plus dramatique, celle d’une inéluctable descente aux 
						enfers : le personnage principal est un jeune tireur de 
						pousse qui économise pour pouvoir acheter son propre 
						pousse, mais qui, régulièrement détroussé et  |  | 
						 
						‘Xiangzi le chameau’
						
						《骆驼祥子》 |  
				victime des pires 
				injustices, finit par 
				perdre son optimisme et ses 
				valeurs morales dans un monde pourri.          
				Le pessimisme de Lao 
				She semble ici sans issue, reflet d’un pays à la dérive qui va 
				bientôt se retrouver en guerre et envahi. 
				         
				1937-1945 : Années de guerre et littérature militante 
				         
				Début juillet 1937 
				éclate la seconde guerre sino-japonaise, ou, comme disent les 
				Chinois, la guerre de Résistance (抗战
				). 
				Pékin et Tianjin tombent en l’espace d’un mois, Nankin en 
				décembre, le gouvernement nationaliste se replie à Wuhan qui 
				fait office de capitale pendant un an, jusqu’en décembre 1938 ; 
				à cette date, la capitale est transférée à Chongqing, jusqu’à la 
				fin de la guerre, en 1945. 
				         
				Lao She suit le 
				mouvement, comme beaucoup de ses confrères. De nombreux 
				écrivains de gauche, en particulier, refluent à Wuhan après la 
				chute de Shanghai en novembre 1937, et y fondent, le 27 mars 
				1938, la ‘Fédération nationale anti-japonaise des Ecrivains et 
				Artistes de toute la Chine’ (中华全国文艺界抗敌协会), 
				qui se substitue, en quelque sorte, à la Ligue des écrivains de 
				gauche, dissoute en 1936. 
				         
				La fédération est dotée 
				d’un comité exécutif impressionnant de quarante cinq membres, 
				dont Guo Moruo (郭沫若), 
				Mao Dun (茅盾), 
				Ba Jin (巴金), 
				Yu Dafu (郁达夫) 
				et autres célébrités. Lao She est l’un des rares écrivains 
				célèbres, parmi ceux repliés à Wuhan, qui n’ait jamais eu aucune 
				affiliation politique, ni côté communiste ni côté nationaliste. 
				C’est pour cette raison même qu’il est alors choisi comme 
				président. 
				         
				Il devient aussi 
				éditeur du journal que publie la fédération, « Littérature et 
				arts de la résistance » (《抗战文艺》), 
				le seul magazine littéraire qui paraîtra pendant toute la 
				guerre, de mai 1938 jusqu’en juin 1946, et exercera donc une 
				influence déterminante sur le monde littéraire et artistique. En 
				outre, la fédération fait de la propagande pour l’effort de 
				guerre par le biais d’une dizaine de troupes de théâtre, 
				originellement créées à Shanghai en août 1937, et envoyées dans 
				les zones encore contrôlées par les Chinois avec pour mot 
				d’ordre : « diffuser la littérature dans les villages, diffuser 
				la littérature dans 
				l’armée » 
				
				(“文章下乡,文章入伍”). 
				         
				Lao She participe à ces activités de propagande 
				anti-japonaise en 
				écrivant pièces de théâtre, poèmes et essais. Mais, des quatre 
				pièces de théâtre écrites durant ces années de guerre, aucune ne 
				survécut au conflit qui les avait fait naître.  
				         
				Transition : 
				1946-1949 aux Etats-Unis 
				         
				En 1946, Lao She est 
				invité, avec le dramaturge Cao Yu (曹禺)
				(8) 
				à donner une série de 
				conférences aux Etats-Unis ; mais, à la fin de l’année, Cao Yu 
				revient seul en Chine.          
					
						| 
						 
						« Quatre générations sous 
						un même toit »  
						《四世同堂》 |  | 
						Juste avant de 
						partir, Lao She avait commencé ce qui deviendra son 
						œuvre la plus ambitieuse, roman de la guerre et de la 
						résistance chinoise : « Quatre générations 
						sous un même toit » (《四世同堂》), 
						véritable roman-fleuve  
						d’une centaine 
						de chapitres regroupés initialement en trois 
						tomes (« Effroi »《惶惑》,  
						« Subsistance » 
						《偷生》, 
						et « Famine »《饥荒》). 
						C’est un foisonnement de descriptions et de digressions, 
						à l’exact opposé 
						de la concision et de l’humour du « Pousse-pousse », qui 
						rejoint l’art romanesque chinois traditionnel. Il nous 
						dépeint un monde clos, replié sur sa ruelle, dont la 
						situation se détériore peu à peu au fur et à mesure que 
						se prolongent les combats.         
						Mais c’est 
						aussi un roman d’amour, l’amour de Lao She pour sa ville 
						natale : c’est un exercice de mémoire, un hommage à la 
						capitale avant la fondation de la République. Comme le 
						dit si  |  
						bien Le Clézio dans 
						son introduction à la traduction parue initialement 
				dans le Mercure de France, « alors que la Chine de Mao est en 
				train de naître, « Quatre générations sous un même toit » est un 
				extraordinaire inventaire de la vie à Pékin… les goûts, les 
				odeurs, les couleurs de la rue avec ses rituels quotidiens, ses 
				musiques, ses espoirs, ses illusions… Et puis, ces instants 
				merveilleux, à la fin de l’été, quand le ciel est d’un bleu pur 
				au-dessus de la ville… » 
						 
				         
				C’est cela qui émeut et 
				retient dans ce livre, plus que l’évocation de l’horreur de la 
				guerre et de la résistance héroïque à l’envahisseur. C’est cette 
				vie de Pékin qui va tellement manquer maintenant que 
				disparaissent peu à peu les hutongs qui l’abritaient, 
				cette vie, comme l’a dit Lao She, « où l’on pouvait très 
				facilement, et par habitude, passer son temps à le gaspiller. » 
				         
				1949-1966 : Ecrivain officiel, victime de la Révolution culturelle 
				         
				C’est à l’invitation 
				personnelle de Zhou Enlai que Lao She revient en Chine après la 
				fondation de la République populaire, en décembre 1949. Membre 
				du comité éducatif et culturel du gouvernement, député au 
				Congrès national populaire, il est un personnage influent dans 
				le domaine des arts et des lettres, défendant le système 
				anti-impérialiste et luttant contre l’injustice sociale, celle 
				qu’il a fustigée toute sa vie dans son œuvre, lui qui se sentait 
				si proche des petites gens « premières victimes des massacres, 
				des pillages et des viols ». 
				         
				Il continue à écrire, 
				de nombreuses pièces de théâtre pour ‘éduquer le peuple’, dont 
				on ne peut guère retenir que la « Maison de thé » (《茶馆》), 
				mais aussi romans et nouvelles, dont les dernières, 
				autobiographiques et moins connues, que sont  « Histoire de ma 
				vie » (《我这一辈子》) 
				et « Sous la bannière rouge » (《正红旗下》), 
				cette dernière écrite en 1961-62, restée inachevée, et publiée 
				seulement en 1979. 
				         
				Et puis, survient la 
				Révolution culturelle. Dès le début, il en est inquiet, et 
				exprime son angoisse à un couple d’amis étrangers venus lui 
				rendre visite à Pékin : 
				«  Je peux comprendre 
				que Mao Zedong cherche à détruire le vieux monde bourgeois, mais 
				je ne peux écrire sur ce combat parce que je ne suis pas 
				marxiste, et que je ne peux penser et sentir comme un étudiant 
				de Pékin en 1966... Nous autres, les vieux, nous n'avons pas à 
				demander pardon pour ce que nous sommes. Nous pouvons seulement 
				expliquer pourquoi nous sommes ainsi et encourager les jeunes à 
				trouver leur voie vers le futur… » (9) 
				      
				  
				Quelques semaines plus 
				tard, accusé d’être traître et réactionnaire ("反派"),
				l’écrivain était 
				arrêté, interrogé, paradé dans la rue et battu en public par des 
				Gardes rouges. Humilié et renvoyé chez lui, il trouva sa maison 
				pillée et saccagée, ses livres et documents, en particulier, 
				jetés à terre. Trois jours plus tard, le 24 août, sa famille fut 
				informée que l’on avait trouvé son corps dans un lac de la 
				capitale, le lac Taiping (太平湖),
				et que la police 
				avait conclu au suicide (10).  
				         
				Il fut réhabilité en 
				1978. 
				        
   
				Note complémentaire 
				  
				Pourquoi Lao She n’a pas eu 
				le prix Nobel  
				  
				Selon des informations émanant de 
				son fils, maintenant apparemment confirmées, en 1968, Lao She 
				aurait été le candidat privilégié pour le Prix Nobel de 
				Littérature : c’est lui qui aurait eu le plus de votes sur les 
				cinq candidats en lice lors du vote de présélection. 
				 
				  
				C’était trente ans après que le 
				prix avait été décerné à Pearl Buck qui connaissait bien Lao 
				She. L’écrivain chinois était l’une des deux personnalités du 
				monde littéraire chinois qui avaient été invitées aux Etats-Unis 
				vingt ans auparavant dans le cadre d’un échange culturel (voir 
				ci-dessus). C’est ainsi que Pearl Buck et son mari l’éditeur 
				Richard Walsh se lièrent d’amitié avec lui et Pearl Buck 
				l’introduisit auprès de l’agent littéraire David Lloyd. Mais Lao 
				She était rentré en Chine. 
				  
				Pour tenter de localiser 
				l’écrivain dont personne n’avait de nouvelles, les autorités 
				suédoises écrivirent au gouvernement chinois, mais sans obtenir 
				de réponse : le pays était plongé en plein chaos en raison de la 
				Révolution culturelle. De toute façon, Lao She était mort depuis 
				deux ans, et le prix ne peut être décerné qu’à un auteur vivant. 
				  
				Finalement, comme le comité Nobel 
				avait l’intention, cette année-là, de décerner le prix à un 
				auteur asiatique, c’est le Japonais Kawabata Yasunari qui le 
				remporta, devenant ainsi le premier écrivain né en Asie de l’est 
				à en être le lauréat. Il était alors pratiquement inconnu en 
				Occident, et il avait été préféré à des personnalités 
				prestigieuses comme Graham Greene, Norman Mailer, André Malraux, 
				Alberto Moravia, Samuel Beckett ou encore Eugene Ionesco. 
				 
				  
				       
				        
				
				Notes 
				(1) 
				维新wéixīn
				signifiant 
				‘modernisation’ ; la réforme est aussi désignée par le terme
				戊戌变法wùxū 
				biànfǎ, ou 
				réforme de l’ère wuxu. 
				(2) « Ma mère » (《我的母亲》),
				article paru en 
				janvier 1943 dans le Shishi Xinbao ou ‘Nouveau journal de 
				l’actualité’  (時事新报)
				
				
				édité à Shanghai ; il fait partie des textes traduits dans le 
				recueil « Ecrits de la maison des rats », 
				éditions Philippe Picquier, mai 2010.  
				
				(3) Voir « Repères 
				historiques, II » 
				
				(4) Comme il l’a lui-même expliqué dans un texte écrit en 1935, 
				« Comment j’ai écrit "La philosophie de Lao Zhang" » (《我怎样写〈老张的哲学〉》) : 
				
				
				http://wenku.baidu.com/view/a7154bd97f1922791688e80a.html 
				
				(5) Sur Lao She à Londres, voir l’ouvrage : 
				
				« Lao She in London », par Anne Witchard, Hong Kong University 
				Press, août 2012, 188 p. 
				
				
				
				http://www.hkupress.org/Common/Reader/Products/ShowProduct.jsp?Pid=1&Version=0&Cid=16&Charset=iso-8859-1&page=-1&key=9789888139606  
				
				Signalons par ailleurs la publicationen 2013 chez Penguin China, 
				dans la série Modern Classics,  des traductions en anglais des 
				deux ouvrages écrits par Lao She à Londres : « Cat Country » en 
				septembre et « Mr Ma and Son » en août. 
				
				(6) Voir « Repères 
				historiques, III » 
				
				(7) Ou ‘Cheeloo university’, fondée, au tout début du vingtième 
				siècle, par des missionnaires presbytériens et anglicans. 
				C’était une université d’obédience protestante, qui fut dissoute 
				en 1952. On retrouve donc là un nouveau témoignage des liens de 
				Lao She avec le christianisme. 
				
				(8) Promoteur du 
				« théâtre parlé » (话剧)  
				sur le modèle occidental. 
				(9) Cité par Le Clézio 
				dans sa préface à « Quatre générations sous un même toit », p. 
				24. 
				(10) Voir la pièce de 
				Liu Xinwu (刘心武)
				« La mort de Lao 
				She » (《老舍之死》) 
				qui est en fait un scénario d’opéra. Traduit par Françoise Naour 
				et publié chez Bleu de Chine.         
         
				Principales œuvres 
				de Lao She en chinois :
				
				http://www.hxqw.com/wxxsgl/zgwxmz/200605/3239.html         
				Principales 
				traductions en français : 
				         
				« L’enfant du Nouvel 
				An », Gallimard 1986, Folio, mai 2003. Traduction Paul Bady et 
				Li Tche-houa 
				《离婚》« La Cage 
				entrebâillée », Gallimard 1986, Folio 2002. Traduction Paul Bady 
				et Li Tche-houa  
				 « Gens de Pékin », 
				Folio Gallimard, 1993 – recueil de nouvelles, dont « Histoire de 
				ma vie », préface Paul Bady. Traduit du chinois par 
				Paul Bady, Li Tche-houa, François Moreux, Alain Peyraube et 
				Martine Vallette-Hémery. 
				《我这一辈子》« Histoire 
				de ma vie », Folio Gallimard, janvier 2002. 
				《四世同堂》 « Quatre 
				générations sous un même toit », 
				en trois tomes : 
				Quatre générations 
				sous un même toit. I, 
				trad. Jing-Yi-Xiao, préf. J.M.G. Le Clézio, Mercure de France, 
				1996, coll. « Folio », 1998. 
				Quatre générations 
				sous un même toit. II. Survivre à tout prix, 
				trad. 
				
				Chantal Chen-Andro, 
				Mercure de France, 1998, « Folio », 2000. 
				Quatre générations 
				sous un même toit. III. La famine, trad. 
				
				
				Chantal Chen-Andro, post. Paul Bady, Mercure de France, 2000, coll. « Folio », 2001.
				 
				《猫城记》 
				« La cité des 
				chats », Presses pocket, 1997   
				《小坡的生日》« L'Anniversaire 
				de Xiaopo », éditions You Feng, 1999. Traduction Claude Payen.
				 
				《骆驼祥子》 « Le 
				pousse-pousse » 
				, Picquier poche, 1998. Traduction François Cheng et Anne Cheng. 
				《鼓书艺人》 « Les 
				Tambours », Philippe Picquier, 2001. Traduit de l'anglais par 
				Claude Payen. (1)  
				《二马》 « Messieurs 
				Ma, père et fils », Picquier poche, 2003. Traduction Claude 
				Payen, préface Paul Bady.  
				《不说谎的人》« L'homme 
				qui ne mentait jamais », 
				Picquier poche, janvier 2006. Traduction Claude Payen. 
				 
				《老张的哲学》« La 
				philosophie de Lao Zhang », Philippe Picquier, 2009. Traduction 
				Claude Payen  
				  
				(1) le livre est 
				traduit de l’anglais car la première traduction a été réalisée 
				en 1949, alors que Lao She était encore aux Etats-Unis, et c’est 
				le texte le plus proche de l’original que nous possédions : le 
				texte original a en effet disparu, et le texte chinois dont nous 
				disposons a été traduit en 1980 sur la base de cette première 
				traduction anglaise.         
         
				
				
				* Note sur les nouvelles : 
				
				       
				 
				
				Lao She a rédigé au début de 1944 un texte intitulé « comment 
				j’ai écrit mes nouvelles » dans lequel il classe celles-ci en 
				fonction de l’importance qu’il leur accorde, et surtout, 
				explique leur rapport au roman. 
				
				       
				 
				
				Il élimine ses premières nouvelles, comme ne présentant pas 
				grand intérêt : elles sont fondées sur des faits réels et cela 
				ne suffit pas pour faire une bonne histoire, dit-il. Celles du 
				deuxième groupe sont déjà mieux car elles sont basées sur des 
				histoires qu’on lui a racontées, c’est-à-dire sur le bouche à 
				oreille, il y a donc déjà là du matériau fabulé. Mais ce sont 
				celles du troisième groupe qui sont les meilleures : « Croissant 
				de lune » (《月牙儿》), 
				« Vieille tragédie ancienne pour temps modernes » 
				
				
				(《新时代的旧悲剧》), 
				« L’épée meurtrière » (《断魂枪》), « La lumière du soleil » 
				
				
				(《阳光》), 
				etc… En effet, dans ces dernières nouvelles, les faits sont 
				totalement imaginaires, et l’histoire est très souvent 
				construite sur la base d’une idée abstraite (comme dans « Li le 
				noir et Li le blanc » (《黑白李》) 
				ou « Buffle de fer et Canard malade » (《铁牛和病鸭》)qui 
				dépeignent des personnages représentant des caractères ou des 
				défauts opposés).  
				
				       
				 
				
				En dehors du fait que 
				les nouvelles étaient plus faciles à publier que des romans 
				entiers pendant la période de la guerre, il explique qu’il a 
				d’abord écrit des romans parce que les lecteurs sont plus 
				indulgents à leur égard et que le monde en général est prêt à 
				accepter des romans imparfaits, ce qui 
				
				n’est pas le cas pour 
				la nouvelle courte. Le roman lui a donc servi d’exercice 
				préparatoire, en quelque sorte.  
				
				       
				 
				
				La nouvelle demande 
				beaucoup plus d’habileté et de technique. En outre, chacune des 
				intrigues secondaires d’un roman pouvant servir de base à une 
				nouvelle, on sélectionne forcément les passages les plus 
				intéressants, ou les plus réussis. « Il vaut mieux croquer un 
				morceau d’une pêche de l’immortalité plutôt 
				que de manger tout un panier d’abricots pourris », dit-il en 
				paraphrasant un dicton.  
				
				       
				 
				
				C’est ce qui s’est 
				passé pour « Croissant de lune » 
				
				
				(《月牙儿》), qui n’était au départ qu’un épisode du roman « Daming Hu » 
				(《大明湖》), 
				disparu dans le bombardement de Shanghai, ou « L’épée 
				meurtrière » (《断魂枪》) qui 
				devait être au départ un roman de wuxia … 
				
				       
				 
				
				Ceci dit, ajoute-t-il, 
				cela demande une certaine abnégation, car un roman de quelque 
				100 000 caractères se vendra dans les 300 à 500 dollars, tandis 
				que qu’on ne pourra même pas en tirer  
				20 d’une nouvelle de 5 000 
				caractères. C’est d’ailleurs, dit-il avec son humour habituel, 
				la raison  
				pour laquelle je ne m’en suis pas toujours tenu aux 
				exigences artistiques les plus pures : se sacrifier 
				 
				pour l’art 
				est une noble cause, mais on ne peut pas demander à l’écrivain 
				de montrer l’exemple en mourant de faim. 
				       
				  
   
				À lire en complément : 
				  
				Le
				
				compte rendu de la séance du 15 janvier 2025 du Club de 
				lecture de littérature chinoise (CLLC) qui était consacrée aux 
				nouvelles de Lao She.  
				  
 
				         
				
				
				Principales adaptations au cinéma et à la télévision :         
					
						| 
						1992 Divorce《离婚》de 
						la réalisatrice 
						
						Wang Haowei (王好为) 
						2016
						
						Mr No Problem (《不成问题的问题》), 
						écrit et réalisé par
						
						Mei Feng (梅峰), 
						avec
						
						Fan Wei (范伟) 
						dans le rôle principal. 
						2024 « Successor » (《抓娃娃》), 
						de Yan 
						Fei et Peng Damo (闫非、彭大魔) 
						, inspiré de la nouvelle « Le Nouvel Émile » (《新爱弥儿》).
						 
						  
						
						
						Télévision : 
						《四世同堂》« Quatre générations sous un même toit » : Feuilleton en 
						28 épisodes, diffusé sur CCTV du 16 août au 9 septembre 
						1985.   |  | 
						
						 
						《四世同堂》 
						« Quatre générations sous 
						un même toit » |  
				        
         
				A lire en complément :         
				Son article : 
				« Qu’est-ce que l’humour ? » 《什么是幽默》     
				
				
				Le dernier jour de Lao She (page 1) 
				
				
				Le dernier jour de Lao She (page 2)(article paru dans Le Monde daté jeudi 28 juillet 2016, 
				troisième volet de la série « Il était une fois la Révolution 
				culturelle »)
 
				  
				La mini-nouvelle : 
				
						« Acheter un billet de loterie »《买彩票》   
				  
				La mini-nouvelle : 
				
				« L’échec 
				d’une femme »《她的失败》         
         
				Actualités :          
				
				
				
				
				Les derniers chapitres de « Quatre 
				générations sous un même toit » retrouvés… en anglais   
				
				« Ecrits de la maison des rats » : 
				quelques pages douces-amères pour mieux connaître Lao She 
				             
				       
				 
				  
				  
				   | 
                  
                  |