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                  | 
				
				Chen Cun 
				陈村 
				
				Présentation 
				par Brigitte Duzan, 1er août 2016    
						
							| 
							
							Dès le début des années 1980, Chen Cun a été un 
							pionnier d’une « nouvelle vague » (新潮) 
							littéraire chinoise, avant l’émergence de
							
							
							l’avant-garde
							proprement dite,
							au milieu des 
							années 1980. Il s’est créé une écriture 
							résolument non-conventionnelle, faisant appel aux 
							rêves, aux fantasmes et à l’absurde, en refusant les 
							intrigues classiques pour déstructurer ses récits en 
							épisodes déconnectés, comme dans la réalité 
							quotidienne. A la fin des années 1990, il est devenu 
							un pionnier de la littérature sur internet, en 
							gardant les mêmes exigences stylistiques, mais 
							désormais dans le domaine de la non-fiction. 
							
							  
							
							
							Ecrivain de Shanghai 
							
							  
							
							De son vrai nom Yang Yihua (杨遗华), 
							Chen Cun est d’ethnie  |  | 
							
							 
							Chen Cun en 2014  |  
					
					hui, mais cela n’a jamais eu la moindre influence sur son 
					œuvre.  
				
				  
				
				
				L’homme voûté 
				
				  
				
				Il est né à Shanghai en 1954, et ces racines-là sont bien plus 
				importantes. Il n’a jamais quitté la ville, sauf pendant quatre 
				ans, pendant la Révolution culturelle. En effet, en 1971, à sa 
				sortie du lycée, il a été envoyé dans le district de Wuwei, dans 
				l’Anhui (安徽无为). 
				Mais, ayantété victime d’une maladie rhumatologique 
				inflammatoire de la colonne vertébrale, il a pu rentrer à 
				Shanghai dès 1975.  
				
				  
				
				Si cette grave maladie, une spondylarthrite ankylosante, a eu 
				des conséquences irréversibles, elle est aussi la source d’une 
				constante autodérision qui fait mouche à tous les coups. En 
				1993, il a, entre autres, publié un texte d’un humour décapant 
				intitulé « Autoportrait d’un homme voûté » (《弯人自述》) 
				où il se pose en « incarnation de la beauté curvilinéaire », 
				semblable à la lune pendant une éclipse et à Gregor Samsa après 
				la Métamorphose.  
				
				  
				
				Le grand avantage, dit-il, une fois que vous êtes voûté, c’est 
				que vous ne manquez pas de sujets de conversation, et que, en 
				outre, votre physique est une permanente source de sagesse. Ce 
				qu’il démontre amplement, et avec un formidable brio. 
				Cela l’a aussi rapproché de 
				
				Shi Tiesheng (史铁生) 
				dont il était un ami proche. 
				
				  
				
				
				Etudes à Shanghai 
				
				  
				
				A son retour à Shanghai, il a travaillé deux ans dans une usine 
				de quartier, avec d’autres personnes handicapées. Puis, deux ans 
				plus tard, il a été admis à l’Ecole normale de Shanghai (上海师范学院) 
				dont il est sorti en 1980 avec un diplôme d’éducation politique. 
				Il a alors été nommé professeur de chinois dans une entreprise 
				de construction. Mais il a ensuite travaillé plusieurs années 
				dans les bureaux de la municipalité. 
				
				  
				
				
				Premiers pas d’écrivain 
				
				  
				
				Il a commencé à écrire pendant la Révolution culturelle, pendant 
				qu’il était à Wuwei. Mais c’est en septembre 1979 qu’il publie 
				sa première nouvelle, suivie d’une série d’autres au début des 
				années 1980. 
				
				  
				
				En 1983, il reçoit une allocation mensuelle « de création » (chuàngzuòfèi 
				创作费) 
				de l’Association des écrivains de Shanghai, ce qui lui permet de 
				quitter l’enseignement pour pouvoir se consacrerà l’écriture à 
				temps complet.  En 1985, il devient écrivain professionnel. 
				
				  
				
				
				En marge de l’avant-garde 
				
				  
				
				A ses débuts, il se distingue tout de suite par la recherche 
				d’une originalité dans la forme, alors que, au même moment, on 
				était en pleine 
				
				littérature des cicatrices, 
				et ce qui primait, c’était la ligne narrative, essentiellement 
				linéaire.    
				
				
				Deux générations 
				
				  
						
							| 
							
							 
							Chen Cun en décembre 1987 avec Xiu 
							Xiaolin 修晓林  
							(rédacteur en chef des éditions 
							Shanghai Literature and Arts)  |  | 
							
							Sa première nouvelle, « Deux générations » (《两代人》), 
							est publiée dans la revue Littérature de Shanghai (上海文学) 
							en septembre 1979. Elle estécrite à la première 
							personne, du point de vue d’un jeune garçon rebelle, 
							donc sans le narrateur omniscient de la fiction 
							réaliste socialiste, mais aussi de la majeure partie 
							de la « littérature des cicatrices », avec, en 
							revanche, une certaine ambiguïté qui tranche, 
							justement, avec les textes publiés à la même époque. |  
					
					  
				
				Le récit est conté par un jeune garçon qui décrit, pendant la 
				Révolution culturelle et ses lendemains immédiats, ses rapports 
				avec son père, un ex-écrivain célèbre devenu éditeur. Le ton est 
				posé dès les lignes introductives, où le narrateur décrit 
				comment, quand il avait douze ans, des Gardes rouges ont 
				assailli la maison familiale. Son père leur a ouvert la porte et 
				s’est laissé battre sans opposer aucune résistance, alors que 
				lui a tenté de les empêcher d’entrer.    
						
							| 
							
							Pendant tout le récit, l’adolescent adopte un ton 
							très viril, en se vantant de sa force physique, de 
							ses prouesses martiales et de son courage, opposés à 
							l’attitude de son père. En même temps, les relations 
							de son père le sauvent des situations périlleuses où 
							il ne cesse de se fourrer. A la fin de la nouvelle, 
							il est plein d’enthousiasme pour l’ère nouvelle qui 
							se profile après la mort de Mao, mais son père reste 
							toujours aussi prudent. En tant qu’éditeur, il 
							refuse des manuscrits qu’il juge trop risqués d’un 
							point de vue politique, et, en ce sens, représente 
							la génération conservatrice qui reprend le flambeau 
							dans la Chine de l’ouverture. C’est son refus d’un 
							manuscrit de la petite amie de son fils qui amène la 
							confrontation finale à la fin de la nouvelle ; le 
							jeune homme claque la porte et rompt les ponts avec 
							son père.  
							
							Chen Cun évite les datations précises, les 
							références à des événements spécifiques, son sujet 
							est la relation père-fils, qu’il développe dans un 
							style populaire, avec des expressions du registre 
							familier dans les dialogues et le récit du 
							narrateur. Mais le récit est en même temps parsemé 
							de références à la culture occidentale, qui 
							traduisent le contexte du mode de vie des 
							intellectuels à l’époque. Ainsi, quand tombe la 
							nouvelle de la chute de la Bande des Quatre, le 
							jeune garçon,tout excité, se tourne et se retourne 
							dans son lit en fredonnant le 1er 
							concerto pour piano de Tchaikovski….Il n’en est pas 
							à une contradiction près.  |  | 
							
							 
							Chen Cun et sa fille au début des 
							années 1990 (photo non datée, mais la petite 
							 
							fille est née en mai 1986) (elle tient un numéro du Yazhou Zhoukan亞洲週刊ou Asia 
							Weekly, avec en couverture le célèbre portrait du 
							jeune Mao [1935] et pour titre « sauveur ou démiurge 
							» 救星或魔星)
 |  
					
					  
						
							| 
							
							C’est le même ton de défiance et la même 
							déstructuration satirique du récit que l’on retrouve 
							dans une nouvelle comme « Quelques jeunes gens, sept 
							au total » (《少男少女,一共七个》) 
							publiée en 1984 : un portrait, en vingt chapitres, 
							de jeunes étudiants confrontés à des choix 
							difficiles après avoir raté le gaokao, 
							c’est-à-dire l’examen d’entrée à l’université. 
							
							  
							
							
							Fragmentation narrative et originalité stylistique 
							
							Chen Cun limite au maximum l’émotion, dans ses 
							nouvelles.Le meilleur exemple est la nouvelle 
							moyenne grâce à laquelle il est devenu célèbre : « Le 
							drapeau bleu » (《蓝旗》), 
							publiée en 1982 et couronnée du Prix du 4 mai 
							organisé par la revue Jeunesse de Chine (中国青年报). 
							Elle raconte la vie de deux zhiqing à la 
							campagne, pendant la Révolution culturelle, et leur 
							amitié avec deux paysans du même âge, aussi 
							désespérés qu’eux. Le ton contraste fortement avec 
							celui des  |  | 
							
							 
							Autrefois (roman) 1985 |  
					
					nouvelles de l’époque sur des sujets semblables, chargées 
					d’émotion.   
						
							| 
							
							 
							Le long de la rivière Dadu, 1986 |  | 
							
							Quand Chen Cun en laisse sourdre un peu, c’est 
							parfoisen conclusion d’un récit dont le ton est 
							extrêmement retenu jusqu’aux dernières lignes. C’est 
							le cas d’une autre nouvelle de l’époque :« J’ai 
							vécu ici auparavant » (《我曾经在这里生活》),
							 
							
							Comme souvent chez lui, c’est une narration à la 
							première personne, contée par un ancien zhiqingqui, 
							quelques années après l’avoir quitté, revient dans 
							le village où il avait été envoyé pendant la 
							Révolution Culturelle, et qui revient par nostalgie, 
							pour revoir son ex petite amie qui s’est mariée avec 
							un autre. Le passé est évoqué sans état d’âme, par 
							petits épisodes très brefs, et le suspense maintenu 
							jusqu’à la fin de l’histoire, quand le narrateur 
							apprend la réalité de la bouche de la petite fille 
							du couple, comme en passant. |    
						
							| 
							
							Un exemple de l’originalité de la forme est la 
							nouvelle « Papa » (《爹》) 
							publiée dans le recueil de 1992 « Des pas sur le 
							toit » (《屋顶上的脚步》), 
							mais écrite dans la seconde moitié des années 1980. 
							Le narrateur est ici un écrivain qui a la grippe et 
							une forte fièvre. Il se plaint de ses 
							refroidissements, et annonce son désir d’écrire une 
							lettre d’amour ; puis, dans la suite du récit, il 
							raconte en fragments épisodiques sa relation avec 
							une jeune fille qui l’appelle « papa » et avec 
							laquelle il est en contact surtout par téléphone.
							 
							
							A part le 
							thème récurrent de la maladie, le récit est illustré 
							de thèmes animaliers : la fille, tombée dans la cale 
							d’un bateau de pêche au milieu des poissons, est 
							comparée à une sirène ; le narrateur discute avec 
							elle de son désir d’écrire une nouvelle sur un 
							éléphant 
							
							
							 
							et un essai sur les chiens.    
							
							Mais c’est l’utilisation satirique de la métafiction 
							qui est ici le plus intéressant, et le plus drôle. 
							Ainsi, à un moment, la fille annonce qu’elle veut 
							partir au Tibet, mais le narrateur refuse de l’y 
							accompagner : génial pour y mourir, dit-il, car les 
							enterrements célestes sont les funérailles les plus 
							nobles, mais pas pour y vivre – exemple « son ami
							Ma Yuan » (马原) 
							y a contracté une maladie étrange, une sorte 
							d’infection solaire qui lui fait considérer Lhassa 
							comme la ville la plus merveilleuse sur terre …
							
							
							
							. 
							Le trait est bien décoché. 
							
							  
							
							
							L’avant-gardisme comme élément catalyseur 
							
							  
							
							Chen Cun n’est pas le plus célèbre des auteurs 
							classés « avant-garde » à partir de 1985, mais il 
							est régulièrement cité avec eux dans les ouvrages 
							d’histoire littéraire, bien que souvent de manière 
							ambiguë. Ses récits des années 1980 ont 
							effectivement des caractéristiques communes avec 
							celles des autres avant-gardistes : onirisme, 
							absurde, métafiction.  |  | 
							
							 
							Des pas sur le toit 1992   
							
							 
							La solitude, cette nuit 1992 |  
					
					   
				
				La plupart des analystes considèrent cependant que le mouvement 
				a été éphémère, et s’est tari dans les années 1990. Chen Cun lui 
				considère au contraire que l’avant-gardisme a été un catalyseur 
				qui a favorisé l’émergence, dans les années 1990, de styles 
				extrêmement personnels, individualisés (极端个人化写作). 
				 
				
				  
						
							| 
							
							 
							Fleurs fraîches et… 1997 |  | 
							
							L’un de ses textes les plus « avant-gardistes » est 
							justement son roman publié à Shanghai en 1997 : « Fleur 
							fraîche et » (《鲜花和》). 
							Il est écrit sous forme de journal tenu par un 
							écrivain malade, confiné chez lui, qui note ce qu’il 
							fait, mange et voit toute la journée – petits 
							détails quotidiens des plus triviaux : courses, 
							brossage des dents, bains, lettres, TV… A travers 
							ces banalités auxquelles est réduit son quotidien, 
							c’est toute la fragilité, la vulnérabilité de 
							l’homme qui transparaît. 
							
							  
							
							Chen Cun a donc continué dans le même style alors 
							que la plupart des avant-gardistes de la fin des 
							années 1980 s’étaient repliés depuis longtemps sur 
							un style néoréaliste bien plus commercialisable. Et 
							non seulement il a continué, mais, à partir de la 
							fin des années 1990, il a transféré ses recherches 
							et expériences sur internet, pour y créer un espace 
							de création littéraire, hors compromis commerciaux,
							 |  
					
					ce qui n’a pas été sans lui valoir quelques difficultés. 
				
				
				  
				
				
				Pionnier de la littérature sur internet 
				
				
				  
				
				
				Under the Banyan Tree  
				
				  
				
				En septembre 1999, il a contribué à créer, et financer au 
				départ, le site « Under the Banyan Tree » (“榕树下”网站), 
				basé à Shanghai, dont il a assuré la direction artistique.
				 
				
				  
				
				Cependant, en 2001, le 3 juillet exactement, il a posté sur le 
				forum du site, dont il était le modérateur, un article 
				critiquant l’évolution utilitariste de la littérature sur 
				internet et l’attitude des écrivains auxquels il reprochait de 
				se vendre au marché en renonçant à leurs principes et à leur 
				liberté de création ; il y exprimait sa crainte de voir ce qu’il 
				avait conçu au départ comme une niche être submergé par la vague 
				de littérature commerciale en perdant au passage ses qualités 
				distinctives.   
				
				  
				
				Son article déclencha un débat houleux sur la question, et plus 
				largement sur la culture internet, y compris sur le forum de 
				Banyan ; le Pdg, William Zhu, se déclara en totale opposition 
				avec Chen Cun, et finit par le forcer à démissionner de ses 
				fonctions. Chen Cun tira sa révérence par un autre article 
				publié sur le site le 25 octobre 2001 ; sous le titre « Tous mes 
				vœux à "Sous le Banyuan Tree" » (祝愿“榕树下”), 
				il semblait faire ses adieux en commémorant le quatrième 
				anniversaire du site, mais les dernières lignes exprimaient une 
				nouvelle fois, de façon liminaire, son argument de fond contre 
				la commercialisation des sites littéraires.  
				
				  
				
				Sa page personnelle (《看陈村看》) 
				a disparu du site en 2002. Pendant toute cette période, le site 
				a multiplié ses contacts avec des maisons d’édition, et 
				finalement, en 2003, a été acquis par le groupe Bertelsmann. 
				Dans sa nouvelle configuration, le site a fêté ses dix ans… en 
				2013, en gommant les quatre premières années.  
				
				  
				
				
				Le web comme espace d’avant-garde 
				
				  
				
				Chen Cun n’en a pas pour autant cessé ses activités internet. En 
				2004, il s’est créé, pour lui et des écrivains partageant ses 
				vues, un espace personnel de discussion sur le forum "Minority 
				Vegetable Garden" (小众菜园).
				 
				
				  
						
							| 
							
							 
							Propos fragmentaires 2003 |  | 
							
							Ce qui est intéressant, c’est que ce forum était 
							hébergé par le site 
							
							
							
							http://www.99read.com/ 
							(99网上书城) : 
							un site partageant la même philosophie que 
							Bertelsmann. C’est un éditeur et distributeur de 
							livres en lignes, mais qui a pour particularité 
							d’avoir été créé en mars 2004 par un partenariat 
							entre des particuliers et deux institutions d’Etat, 
							la librairie Xinhua et les éditions Littérature du 
							peuple. C’est donc un exemple de partenariat 
							public-privé dans le domaine de l’édition chinoise. 
							Chen Cun a été le directeur général en charge de 
							tous les forums de discussion du site, dont "Minority 
							Vegetable Garden"… jusqu’à ce que l’un des sites 
							dont il était responsable soit fermé, en août 2013, 
							et qu’il donne sa démission.    
							
							Chen Cun a donc évolué vers une conception plus 
							pragmatique des sites de littérature internet, ses 
							espaces personnels étant des niches de création et 
							discussion en marge des sites qui les hébergent. 
							Comme il l’a lui-même  |  
					
					expliqué sur le forum "Minority 
					Vegetable Garden" en septembre 2004, le terme xiaozhong
					(小众), 
					traduit par minorité, se voulait en fait opposé à celui de
					dazhong (大众), 
					c’est-à-dire un petit groupe opposé à ‘la masse’. Les 
					maraîchers (菜农) 
					venant échanger leurs vues sur le forum étaient très 
					contents de continuer à vendre leurs légumes à des happy 
					few.  
				
				  
						
							| 
							
							"Minority 
							Vegetable Garden" fonctionnait comme espace fermé, 
							où chaque nouveau candidat devait être introduit par 
							un membre existant, ses contributions étant soumises 
							à approbation préalable. Chen Cun a donc constamment 
							gardé les mêmes exigences de qualité, avec pour 
							principe celui « d’intérêt » (yǒuqù 
							有趣) 
							-c’est-à-dire de littérature non 
							
							utilitaire - qui a toujours été, en Chine, l’idéal 
							des lettrés et des esthètes. Il a créé, 
							parallèlement au forum, un espace intitulé 
							« L’avant-garde du web » (网络先锋) 
							pour sélectionner des œuvres qui ont été publiées 
							ensuite dans la revue Octobre jusqu’en 2005.     
							
							Quant à lui, il n’a jamais publié sur internet.
							
							
							Ce qu’il y écrit, dit-il, sont juste des notes 
							occasionnelles. Il utilise l’aspect interactif que 
							lui fournissent les forums en ligne. En un sens, 
							cela correspond à ce qu’il préconisait dans les 
							années 1980 : l’adoption d’un style qui permette de 
							saisir la nature fragmentaire de l’existence 
							quotidienne.  
							
							  
							
							
							Ecrivain de prose hors fiction   
							
							Depuis une dizaine d’années, Chen Cun n’écrit plus 
							de fiction, mais c’est une tendance qu’il a 
							manifestée dès la fin des années 1980, et qui est 
							liée à son concept de qù (趣) 
							comme critère distinctif de la littérature de 
							qualité. En 1987, il a publié un essai intitulé « A 
							propos de non fiction » (《非小说论》) 
							où il développe l’idée que la fiction, dans son 
							ensemble, c’est-à-dire raconter des histoires, « est 
							sans intérêt » (无趣), 
							et qu’il faut avoir l’esprit libre de toute 
							considération pratique pour écrire de la belle 
							littérature.    
							
							En janvier 2003, il publie encore un roman, une 
							histoire d’île irréelle, dans un espace-temps 
							incertain, qu’il décrit comme « totalement absurde » 
							(一个绝对荒唐的故事) : 
							« L’île des belles femmes » (《美女岛》).
							   
							
							Mais, à partir de 1992, il a commencé à publier des 
							recueils d’essais, des textes courts et incisifs, 
							souvent pleins d’humour, qui constituent désormais 
							l’essentiel de ses publications, si l’on excepte des 
							rééditions ; ce fut le cas, en particulier, en 
							octobre 2009, de « Qizi et son rêve en cinq 
							tableaux » (《起子和他的五幕梦》), 
							un recueil de ses principales nouvelles depuis la 
							première, « Deux générations », qui fut publié pour 
							le 60ème anniversaire de la fondation de 
							la République Populaire et marquait le lancement 
							d’une collection d’œuvres représentatives des 
							écrivains chinois les plus importants d’aujourd’hui.   
							
							En janvier 2006, son « Journal de bord de mes 
							cinquante ans » (《五根日记》) 
							fait écho, ironiquement, à ses deux recueils de la 
							décennie précédente, « Et soudain quarante ans » (《一下子十四个》) 
							en 1994 et « Les délires d’un homme de quarante 
							ans » (《四十胡说》) 
							début 1996. C’est une compilation des notes 
							quotidiennes pleines d’humour postées sur internet 
							tout au long de l’année de ses cinquante ans, 
							c’est-à-dire en 2004. Il a lui-même expliqué le 
							titre : les deux premiers caractères, wǔgēn 
							五根, 
							sont du dialecte shanghaïen, où 
							
							gēn 
							根 
							signifie dix ans, donc 
							
							wǔgēn 
							五根 
							
							signifie 50 ans. Le terme désignait à l’origine des 
							billets de dix yuans, et on ne sait trop comment ni 
							quand, ajoute Chen Cun, il en est venu à désigner 
							les années. C’est un petit exemple de son style, 
							dans un genre à mi-chemin entre la langue classique 
							et le shanghai hua qui est en train de se 
							développer chez les écrivains de Shanghai. 
							 
							
							  
							
							A partir de 2004, en collaboration avec
							
							
							A Cheng (阿城), 
							Chen Cun a aussi publié des recueils de dialogues 
							avec d’autres écrivains et artistes, concept qui 
							reprend celui des forums de discussion sur internet. 
							La collection a été lancée par la revue Shouhuo, 
							ou Harvest (收获), 
							qui reste la revue de l’avant-garde chinoise, ou ce 
							qu’il en reste...  |  | 
							
							 
							L’île des belles femmes 2003   
							
							 
							Journal de bord de mes cinquante ans 
							2006   
							
							 
							Et soudain, quarante ans 1994   
							
							 
							Propos divers, en bien et en mal 2010
							 |  
					
					    
				
				
				Principales publications 
				
				
				  
				
				
				Romans 
				
				
				  
				
				1985  Autrefois《从前》 
				
				1997  Fleurs fraîches et…《鲜花和》 
				
				  
				
				
				Recueils de nouvelles, courtes et moyennes 
				
				  
				
				Septembre 1986  Le long de la rivière Dadu《走通大渡河》(recueil 
				de 17 nouvelles) 
				
				Septembre 1989  Quelques jeunes gens, sept au total《少男少女,一共七个》 
				
				Décembre 1989  Le drapeau bleu 
				《蓝旗》 
				
				Décembre 1992  Des pas sur le toit 
				
				《屋顶上的脚步》 
				
				Janvier 2003 L’île des belles femmes《美女岛》; 
				
				Mai 2008  Sélection des meilleures œuvres de Chen Cun《陈村作品精选》 
				
				Octobre 2009  Qizi et son rêve en cinq tableaux 
				
				《起子和他的五幕梦》 
				
				
				  
				
				
				Recueils d’essais 
				
				  
				
				Décembre 1992 La solitude, cette nuit 
				《今夜的孤独》 
				
				Décembre 1993 Autoportrait d’un homme voûté 
				《弯人自述》 
				
				1994 Et soudain quarante ans 
				《一下子十四个》 
				
				Suivi de : janvier 1996 Les délires d’un homme de quarante ans
				《四十胡说》 
				
				Décembre 2003   Propos fragmentaires 
				《陈村碎语》 
				
				Janvier 2006   Journal de bord de mes cinquante ans 
				
				《五根日记》 
				
				Septembre 2007 Laozi, roman 
				《小说.老子》 
				
				
				  
				
				
				Séries de dialoguesChen Cun / A Cheng  
				
				- Janvier 2004   Impossible d’éviter l’amour《我们拿爱情没办法》 
				
				- Novembre 2010   Propos divers, en bien et en mal《好说歹说》 
				
				  
				
				Œuvres complètes en quatre volumes 
				
				  
				
				
				Traductions en anglais 
				
				- Footsteps on the Roof  《屋顶上的脚步》tr. 
				Hu Ying, in Chairman Mao Would Not Be Amused, 
				Fiction from Today China, Howard Goldblatted, Grove Press 1995, 
				pp. 244-261 
				
				- A Story, tr. 
				
				Robert Joe Cutter, in The Columbia Anthology of Modern Chinese 
				Literature, Joseph SM Lau and Howard Goldblatted, Columbia 
				University Press 1995, pp. 349-365 
				
				- Piano Twilight  
				《琴声黄昏》  
				tr. by Michael Day   
				
				Read Paper Republic n° 30 
				
				
				https://paper-republic.org/pubs/read/piano-twilight/ 
				
				- The Elephant  (nouvelle moyenne)  tr. 
				
				Yawtsong Lee, Shanghai, Better Link 2010 
				
				  
				
				Deux traductions in Chinese Arts and Letters Vol. 3 n° 1, May 
				2016 : 
				
				- I Used to Live Here 
				《我曾经在这里生活》tr. 
				Michael Day, pp. 114-130 
				
				- Self-Account of a Bent Man 
				《弯人自述》tr. 
				Denis Maid, pp. 155-164 
				
				  
				
				
				Bibliographie 
				
				  
				
				Internet Literature in China, by Michel Hockx. Columbia 
				University Press 2015.  
				
				
				Cf chapter 2 : Linear Innovations : Chen Cun and other 
				chroniclers. pp 59-107 
				
				
				 
				
				  
					  
 
						
						
						
						Traduction en anglais dans le 1er numéro de 2016 de 
						Chinese Arts and Letters (voir Traductions ci-dessous) 
						 
						 
						       
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