Yan Lianke lauréat du Newman Prize for Chinese Literature 2021
par
Brigitte Duzan, 3 avril 2021
Le 16 mars 2021 a été remis à Yan
Lianke (阎连科)
le prix Newman de littérature chinoise (纽曼华语文学奖)
lors d’une cérémonie tenue à Pékin, à l’université du Peuple où
enseigne l’écrivain, et relayée via visioconférence.
Un prix bien mérité
Le prix Newman de littérature chinoise est décerné tous les deux
ans et sponsorisé par l’Institute for US-China Issues de
l’université de l’Oklahoma, institut fondé en 2006 avec le
soutien financier de Harold et Ruth Newman. Cette année, il
s’agissait de la septième édition du prix dont le directeur est
Jonathan Stalling, professeur d’études internationales à
l’université de l’Oklahoma
[1].
Yan Lianke recevant la médaille du prix
Newman, aux côtés de Chen Jianlan
À Pékin, la cérémonie a été ouverte par Jonathan Stalling
parlant des Etats-Unis ; son introduction a été suivie d’un
discours de Chen Jianlan (陈剑澜),
directeur du département de littérature de l’Université du
Peuple (人民大学文学院院长),
qui a remis en mains propres à Yan Lianke la médaille
symbolisant le prix.
À Pékin : le message introductif du
professeur Stalling retransmis de l’Oklahoma
(Yan Lianke est à droite - 5ème place, devant Chen
Jianlan)
Yan Lianke avait déjà été nominé trois fois pour ce prix, en
2009, 2015 et 2017. En 2009, c’est Mo Yan (莫言)
qui lui a été préféré ; en 2015, c’est
Chu Tien-wen (朱天文)
et en 2017 Wang Anyi (王安忆).
Il concourait cette année contre Su
Tong (苏童),
Wu He (舞鹤),
Xu Xiaobin (徐小斌)
et Lung Ying-tai (龍應台)
[2].
Cérémonie de réception du prix à l’Université du peuple
Renmin daxue, à Pékin,
avec l’allocution de Chen Jianan et le discours de réception de
Yan Lianke (à 29’55)
En raison de l’impossibilité de voyager, une cérémonie séparée,
mais retransmise par visio-conférence, a été organisée le 18
mars à l’université de l’Oklahoma. Il s’agissait d’un colloque
réunissant des spécialistes américains de Yan Lianke, dont son
traducteur Carlos Rojas.
Présentations faites par chacun des intervenants :
Un superbe discours
On retiendra de la cérémonie le discours prononcé à Pékin
par Yan Lianke :
L’écrivain y rend hommage à sa principale et essentielle
source d’inspiration : son village dans le Henan, dont il
fait le centre du monde, étant au centre de la plaine
centrale qui est le centre de la Chine, elle-même, comme
chacun sait et comme son nom l’indique, centre du monde.
Ce centre ne s’entend pas comme une entité géographique,
mais comme un microcosme humain représentatif de l’humanité
entière, ce qui lui permet de fournir à l’auteur une source
d’inspiration de valeur universelle. Contrairement à ses
commentateurs américains, Yan Lianke évite ainsi les
parallèles avec les auteurs américains comme Faulkner et
Steinbeck. Pas question non plus d’allusions politiques : le
discours est une vibrante apologie de valeurs résolument
humaines, d’amour et de paix.
C’est un texte d’une grande qualité littéraire, écrit comme
une sorte de mélopée répétitive, dans une langue complexe
qui ne se laisse pas aborder ni traduire facilement. Le
discours progresse imperceptiblement d’une idée à l’autre,
pour revenir à son point de départ : le village comme centre
du monde, devenant centre de l’œuvre.
[1]
L’université de l’Oklahoma est également
le site de plusieurs sites sur la littérature chinoise
et ses traductions, dont :