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A Lai
阿来
Présentation
par Brigitte Duzan, 14 décembre
2015, actualisé 22 juillet 2018
A Lai est un
écrivain chinois connu pour son ascendance en partie
tibétaine, et une œuvre toute entière centrée sur la
culture, l’histoire, les coutumes et modes de vie
originaux de la région dont il est originaire, dans le
nord du Sichuan, et où il a vécu trente-six ans avant
d’aller s’installer à Chengdu.
Depuis la fin
des années 1980, il a écrit plusieurs romans et recueils
de nouvelles, mais, tout récemment, s’est orienté plutôt
vers la non-fiction, ainsi que vers |
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A Lai |
le cinéma ; fin 2015, il
a créé son propre studio pour le développement de scénarios,
mais lui-même a déclaré vouloir privilégier les scénarios
originaux, laissant à d’autres scénaristes le soin d’adapter ses
propres œuvres. Il est président de l’association des écrivains
du Sichuan
Berger,
instituteur et poète
Sur les chemins de
l’école
La préfecture d’Aba, au nord du Sichuan |
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A Lai est né en
1959 dans un village tibétain Jiarong, ou Gyarong (嘉绒藏族村庄)
du district de Barkham, ou Ma’erkang (马尔康县),
dans la préfecture autonome tibétaine et qiang d’Aba -
ou Ngawa (阿坝藏族羌族自治州)
.
C’est sa mère qui était tibétaine. Son père était de
nationalité hui, fils d’un marchand qui faisait du
commerce dans les zones tibétaines du nord du Sichuan.
Il est à lui seul l’image de la complexité ethnique et
linguistique de la population locale : tibétain, sans
doute, par sa mère, mais ne parlant qu’un dialecte
local, et écrivant en chinois. |
Il a grandi dans le
village, au bord de la rivière Dadu (大渡河),
au milieu d’une population composée à moitié de bergers, à
moitié de cultivateurs. Aîné d’une famille nombreuse, il doit, à
six ans, comme les autres enfants, aller garder les buffles et
les moutons. Il a sept ans au début de la Révolution culturelle,
et c’est alors qu’il va à l’école ; mais l’enseignement est en
chinois, et il ne comprend pas un traître mot de la langue. Il
lui faut trois ans avant d’y parvenir.
A la fin du
primaire, il est l’un des rares enfants de l’école à
décider de continuer ses études. Le collège est à 150
li, sept ou huit kilomètres sur un sentier de
montagne qu’il parcourt à pied, été comme hiver ; en
chemin, il ramasse des plantes médicinales et du bois,
ce qui lui paie les frais de scolarité et les livres.
En 1976, à la
fin du lycée, il revient au village, où il est accueilli
comme « le jeune intellectuel revenu au pays » ("回乡知识青年"),
mais il n’a d’autre |
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Maisons traditionnelles Gyarong de la
région de Barkham |
alternative que de travailler. Six mois
plus tard, il est engagé comme ouvrier sur le chantier de
construction d’une centrale hydro-électrique ; comme il a de
l’instruction, cependant, on l’envoie apprendre à conduire un
engin de chantier.
Instituteur de
montagne
A Lai à vingt ans |
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Mais il ne veut
pas rester au village.A la fin des années 1970, quand
les universités sont rouvertes, il est admis à l’Ecole
normale de Barkham (马尔康师范学校),
et c’est là qu’il apprend vraiment la langue chinoise.
Deux ans plus tard, il a son diplôme d’instituteur, mais
il est envoyé dans un petit hameau perdu dans les
montagnes, au bout du monde.
Comme les
élèves viennent de loin à pied, les jours de mauvais
temps, il n’y a personne à l’école. Pour meubler le
temps, il lit, des livres apportés à dos d’homme du
district. C’est le début des années 1980, les
traductions se multiplient ; le premier roman qu’il lit
est un roman d’Hemingway… il continue avec Faulkner,
Scott Fitzgerald, Walt Whitman, Pablo Neruda… en
revanche, il n’a aucun livre d’histoires tibétaines ou
chinoises. Quand il commence à écrire, de toute façon,
c’est l’expression naturelle de son univers personnel.
Il est un bon
instituteur, très apprécié, si bien qu’au bout
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d’un an il est
transféré au collège du district, pour enseigner l’histoire. Au
total il a enseigné pendant cinq ans.
La voie royale de la
poésie
Au collège, il se
retrouve avec des camarades qui écrivent des poèmes, d’autres
des articles pour les journaux, ce qui leur permet de gagner un
peu d’argent. Un jour, l’un des professeurs lui dit qu’il va y
avoir une réunion d’écrivains ("笔会")
au bureau de la culture du district, et que c’est une occasion
de manger gratis pendant deux jours. Et il explique à A Lai
qu’il s’agit d’écrire quelque chose pour pouvoir participer aux
débats.
A Lai envoie son
premier poème, écrit pour l’occasion le soir même. La réunion
est sans intérêt, mais le poème d’A Lai est bientôt publié dans
la revue « Lettres tibétaines » (《西藏文学》).
On est en 1984. A Lai a 25 ans.
C’est une grande
période pour la poésie en Chine, mais il est à l’écart du
mouvement, poète silencieux dans les réunions de poésie.
Des poèmes aux
nouvelles
Ses succès littéraires
lui valent cependant de devenir rédacteur de la revue littéraire
du bureau de la culture de la préfecture autonome d’Aba,
« Prairie nouvelle » (《新草地》).
En même temps, il fait des recherches sur la religion et
l’histoire de la région, et continue d’écrire des poèmes. Mais
il se rend compte qu’ils sont de plus en plus longs, de plus en
plus descriptifs et détaillés. En fait, ce qu’il aime, c’est
raconter des histoires, exprimer les spécificités de la culture
locale ; il veut devenir le chantre des gens de chez lui.
Finalement, dans la
seconde moitié des années 1980, il commence à écrire des
nouvelles. La première paraît en 1987 dans la revue
« Littérature du Sichuan » (《四川文学》).
C’est la période où émergent en Chine des auteurs comme Ma Yuan
(马原),
Zhaxi Dawa (扎西达娃),
Han Shaogong (韩少功),
A
Cheng (阿成)…
A Lai s’inscrit dans le même mouvement. Mais ses nouvelles
expriment sa situation particulière, son expérience personnelle
et la vie des gens dans la préfecture tibétaine où il est né et
continue de vivre.
Premier recueil de
nouvelles
Son premier
recueil de nouvelles est publié en 1989, un an avant son
premier recueil de poésie. Intitulé « Traces de sang
du passé » (《旧年的血迹》),
il comporte dix nouvelles
.
A Lai a trente ans. Il ressent le besoin de se plonger
au cœur de la vie locale et de la culture de la région.
Alors il part pendant deux mois dans les montagnes du
district de Zoige (若尔盖大草原),
tout au nord de la préfecture d’Aba, zone au climat très
dur, à 4 000 mètres d’altitude.
Cette randonnée
est un tournant dans sa carrière. Seul dans la montagne,
il se fond pleinement dans la grandeur sauvage de la
nature, et en ressent un grand bonheur. Il écrit le
poème : « En balade à trente ans sur les hautes plaines
de Zoige » (《30周岁时漫游若尔盖大草原》).
On y perçoit un formidable élan. |
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Traces de sang du passé |
Une fois rentré, il
écrit des nouvelles. Courtes, puis de plus
en plus longues,
jusqu’à son premier roman, terminé en 1997…. Il a décrit cette
période d’écriture intense :
"那一年的5月,我坐在窗前,面对着不远处山坡上一片嫩绿的白桦林,听见从村子里传来的杜鹃啼鸣声……我打开电脑,多年来在对地方史的关注中积累起来的点点滴滴,忽然在那一刻呈现出一种隐约而又生机勃勃、含义丰富的面貌。于是,《尘埃落定》的第一行字便落在屏幕上了……那是一种自然的流淌。"
« Au mois de mai,
cette année-là, je me suis assis devant la fenêtre, avec devant
moi la forêt de bouleaux blancs sur le versant de la montagne,
au loin, et, venant du village, des cris de coucous…. J’ai
allumé mon ordinateur, et les milliers de petits points
d’histoire locale accumulés pendant des années sont soudain, à
cet instant précis, venus former des visages encore indistincts,
mais pleins de vie et d’une grande richesse. La première ligne
de « Red Poppies »
s’est ainsi inscrite sur l’écran…. dans un processus
parfaitement naturel. »
Cinq mois plus tard, le
roman est terminé. Ecrit dans une langue poétique, avec un grand
lyrisme, c’est un roman qui couvre trois décennies d’histoire et
de culture tibétaines, mais l’histoire et la culture locales,
celles de Gyarong, où il est profondément enraciné.
Romancier de
Gyarong
Le tournant de 1997
L’année 1997 marquent
un grand tournant dans la carrière d’A Lai. Non seulement parce
qu’il a achevé le manuscrit de son roman, mais surtout parce
qu’il quitte le haut plateau d’Aba, où il a passé trente-six
années de son existence, pour aller s’installer à Chengdu.
Dans son grand essai
écrit dix ans plus tard, « Les échelles de la terre » (《大地的阶梯》),
il a expliqué :
"不是离开,是逃避,对于我亲爱的嘉绒,对于生我养我的嘉绒,我惟一能做的就是保存更多美好的记忆。"
« Ce n’était pas partir, c’était m’échapper. M’échapper de mon cher Aba,
qui m’avait vu naître et grandir, et dont il ne me restait plus
qu’à préserver le souvenir, d’autant plus précieux. »
Il commence, justement,
avec son premier roman.
Red Poppies
Red Poppies, édition 1998 |
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« Red
Poppies » (《尘埃落定》)
est publié en mars 1998. C’est un grand succès. A Lai y
raconte l’histoire, au début du 20ème
siècle,du district de Barkham, qui s’appelait autrefois
Situ, ou les Quatre Chefs (四土),
tu pour tusi (土司),
ces chefs coutumiers qui étaient nommés par
l’administration impériale sous les Ming et les Qing
pour administrer les zones allogènes.
Le roman
raconte justement la fin de ce système à Barkham, à
travers la rivalité du dernier tusi, le chef
Maiqi (麦其土司),
avec les trois autres chefs de la vallée de la Dadu. A
travers, surtout, l’histoire de son fils, un « idiot »
conçu un soir de beuverie, qui raconte l’histoire à la
première personne. Un idiot sublime, rabelaisien, qui
sauve le peuple de Markham de la famine, apporte la paix
et la prospérité à son territoire en devenant le premier
tusi capitaliste… mais finit assassiné après la
libération du Tibet en 1951. |
Si le personnage est
rabelaisien, son histoire est énaurme et carnavalesque, à la
limite même, parfois, des romans de wuxia de
Jin
Yong, avec, en particulier, le kidnapping de
l’idiot à la frontière, par une tusi féminine, chef des
Rongong…. Mais le roman est aussi une histoire très profonde de
quête identitaire : le tusi Maiqi ne tient pas son
autorité du centre religieux de Lhasa, à l’ouest (dominé par la
secte Gelukpa, opposée aux traditions bön et autres,
prédominantes à Gyarong), mais de ses attaches politiques avec
l’administration chinoise, à l’est, plus proche
géographiquement.
A Lai fait une
description fascinante de Gyarong comme d’une région
polyethnique, à l’extrême est du plateau tibétain, longtemps
considérée comme zone sauvage et barbare aussi bien par les
empereurs chinois que par les religieux tibétains eux-mêmes, et
peuplée par vagues successives de nouveaux arrivants : qiang au
4ème siècle, tibétains au 8ème, han au 10ème
siècle et hui au 14ème… avec, parallèlement, des
vagues similaires de religions différentes : bouddhisme
tibétain, bön, taoïsme, islam, christianisme.
Le roman est bâti sur
un réseau de symboles, à commencer du point de vue géologique,
la zone d’Aba se situant sur deux lignes de faille entre plaques
tectoniques, dont A Lai fait un symbole des tensions
sino-tibétaines. Mais le symbole le plus frappant est celui du
vaste tapis rouge de fleurs d’opium, hallucinogènes et
aphrodisiaques, qui vient couvrir les terres du chef Maiqi,
s’imposant entre les terres « des robes blanches » (l’Inde) et
les terres « des robes noires » (la Chine). Fleurs apportées par
les Chinois à Barkham à la fin des années 1930, elles sont
interdites par les communistes en même temps qu’est
définitivement supprimé le système des tusi, et
remplacées par une « utopie rouge » tout aussi hallucinatoire…
D’une étonnante
richesse, le roman n’en finit pas de susciter la réflexion.
L’aventure de la
science-fiction
A Chengdu, par
ailleurs, A Lai entre à la rédaction du grand magazine de
science-fiction édité dans cette ville, « Le Monde de la
science-fiction » (《科幻世界》)
.
Une fois son roman publié, ilse jette à corps perdu dans le
travail de rédaction du journal et le développe au cours des
années suivantes en en faisant le magazine de science-fiction le
plus lu dans le monde. En 2000, il en devient le rédacteur en
chef.
La même
année, « Red Poppies » est couronné du 5ème
prix Mao Dun - avec, entre autres, « Le chant des
regrets éternels » (《长恨歌》)
de
Wang Anyi (王安忆)
– deux romans élevés au rang de grands classiques. A 41
ans, A Lai est même alors le plus jeune lauréat de ce
prix. Il se remet à écrire.
Empty
Mountain
En 1999, il
participe à un programme d’étude intitulé « Entering
Tibet », organisé par la Yunnan People’s Press, qui lui
permet de reprendre ses voyages et de renouer avec son
inspiration. Deux ans plus tard, en mai 2001, il publie
un second recueil de nouvelles : « Le forgeron au
clair de lune »
(《月光下的银匠》).
C’est un recueil de treize nouvelles, dont la première
est celle du recueil précédent, « La vieille maison » (老房子),
mais comme un simple trait d’union, les autres sont
inédites. Le recueil a été réédité en |
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Le forgeron au clair de lune, édition
2001 |
octobre 2013, sans la première, et avec une moitié des nouvelles
différentes.
Empty Mountain, 2005, tome 1 |
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A Lai se plonge ensuite dans la rédaction d’un long
roman qui est publié en trois volumes en mai 2005 :
« Empty Mountain » ou « Hollow Mountain » (《空山》) :
la montagne vidée, la montagne creuse. C’est en fait une
série de six récits liés entre eux, deux par deux, qui
décrivent la vie du petit village tibétain de Jicun (机村)
et de ses derniers chasseurs de la fin des années 1950
au début des années 1990. Chaque récit raconte en fait
la même histoire, mais vue sous l’angle d’un personnage
différent qui n’y a pas la même place.
Le roman est
construit comme un puzzle, ou un jeu de construction
dont les pièces s’emboîtent parfaitement les unes dans
les autres – l’éditeur a comparé les six récits de
l’ensemble aux six pétales d’une fleur. Ce n’est ni une
saga ni une épopée, c’est le récit d’un village qui se
meurt, d’une montagne qui se vide, et ce n’est pas une
histoire |
tibétaine, c’est l’histoire de la
campagne chinoise sacrifiée sur l’autel de la croissance
économique et de l’urbanisation. C’est aussi une entreprise de
démythification de l’image du Tibet et du peuple tibétain, un
peuple extrêmement divers, mais surtout essentiellement rural,
dont le principal problème est son arriération. En ce sens, pour
A Lai, son histoire est celle des peuples ruraux dans leur
ensemble, la question essentielle étant identitaire. Mais il se
garde bien de se poser en porte-parole de l’ensemble du Tibet,
contestant tout aussi bien à quiconque, moine ou autre, le droit
ou la capacité de le faire.
2008 : Les Echelles
de la Terre
Le tremblement de terre
de 2008 vient comme souligner l’analyse qu’il a faite de la
symbolique des failles dans son premier roman. Il consacre une
partie de ses droits d’auteur à un fond pour financer la
reconstruction des écoles détruites à Wenchuan et dans la
région.
Puis il publie un long
essai intitulé « Les Echelles de la Terre » (《大地的阶梯》),
écrit au long de ses pérégrinations ; il y analyse les
transformations des villages tibétains, autrefois autonomes et
autosuffisants, mais devenus des rouages d’une machine
économique régie par la loi du marché et des maillons
périphériques d’une civilisation urbaine facteur de changement.
Son approche est beaucoup plus positive que beaucoup d’auteurs
tibétains : il considère les progrès des transports, de
l’éducation, l’élévation du niveau de vie en général comme de
réels progrès, et l’insertion dans la société chinoise comme un
élément positif.
2009 : King Gesar
En 2009, il
publie sa version de l’épopée du Roi Gesar (《格萨尔王》).
C’est la grande épopée tibétaine qui est un mythe en
elle-même, car transmise par voie orale depuis le
douzième siècle, par des bardes itinérants inspirés qui
en ont « hérité » d’une partie, souvent à la suite d’un
songe. Elle pose le problème des origines, de la
mémorisation, de la transmission…
A Lai a
« réécrit » l’histoire en chinois moderne, dans le cadre
d’un vaste programme de réécriture de mythes lancé par
la maison d’édition britannique Canongate dont fait
aussi partie « Binü and the Great Wall » (《碧奴》)
de
Su Tong (苏童)
publié en 2007
.
A Lai se place
à la jointure entre le mythe et la réalité, c’est-à-dire
entre l’épopée dans sa version légendaire de
glorification du héros et sa transmission par un conteur
|
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King Gesar, 2009 |
d’aujourd’hui,
avec les innombrables difficultés rencontrées dans l’exercice de cet
art menacé par les conditions de vie mêmes, l’émergence de la
télévision impliquant des transformations profondes dans la
libre transmission du mythe.
Ce que montre en fait A
Lai, à travers la fin annoncée du barde itinérant comme maillon
de transmission, c’est, à terme, l’inévitabilité de la
disparition prochaine de l’épopée de Gesar comme épopée
populaire de tradition orale, façonnée par l’imagination et la
faconde des conteurs.
C’est une mort annoncée qui tient en fait à la fin d’un mode de
vie ancestral.
2014 : Zhandui
Zhandui, 2014 |
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Après un livre
sur l’écologie végétale de la région de Chengdu et
divers recueils d’essais, A Lai a poursuivi avec un
autre ouvrage qui n’est pas non plus de la fiction, mais
qui semble en être : « Zhandui »
(《瞻对》),
publié en janvier 2014.
Zhandui est
l’ancien nom du district actuel de Jinlong, dans le
sud-ouest du Sichuan, une région à la population
historiquement connue pour être particulièrement dure, à
l’esprit indomptable : dans le dialecte local,
zhandui signifie "pierre de fer".
Le livre couvre
une période plus de 200 ans d’histoire, de 1730, pendant
le règne de l’empereur Yongzheng (雍正帝)
des Qing, à l’arrivée dans la région de l’Armée de
Libération populaire, en 1950, en passant par les
diverses révoltes et expéditions militaires sous les
Qing et pendant la |
République, et les
différents conflits de la population avec les gouverneurs.
A Lai voulait au départ
écrire un roman sur l’un des chefs légendaires d’une tribu
locale, puis il a opté pour la non-fiction car l’histoire vraie
lui offrait des histoires tout aussi intéressantes que celles
qu’il aurait pu imaginer, et en outre emblématiques car les 200
ans relatés valent bien mille ans d’histoire tibétaine au
Sichuan. Ce sont des leçons d’histoire, dans l’espoir que les
erreurs commises ne se répètent pas.
De 1730 à 1903, à la
fin du règne de l’empereur Guangxu, les Qing ont mené sept
campagnes militaires pour conquérir la région. Après la chute de
l’empire, le Guomingdang, les Tibétains et même des troupes
étrangères, dont les britanniques, ont ravagé la région en
tentant de la soumettre. Toutes les opérations militaires ont
échoué, les échecs se répétant en cycles car les causes en sont
plus complexes qu’il n’apparaît, au-delà des simples problèmes
nationaux, ethniques ou religieux auxquels elles sont souvent
réduites.
Le livre est paru en
épisodes séparés dans le magazine Littérature du peuple pendant
toute l’année 2013, et a été primé en décembre par le journal
avant d’être publié en entier en janvier de l’année suivante,
aux éditions des lettres et des arts du Sichuan.
2015 : essais et
scénarios
A Lai a encore publié
un recueil d’essais en juillet 2015, « A l’aise dans sa langue »
(《语自在》),
mais le plus intéressant développement de ses activités concerne
le cinéma.
C’est lui qui est
l’auteur du scénario du film « Tibet Sky » (《西藏天空》),
ou « Phurbu & Tenzin », réalisé par Fu Dongyu (傅东育)
et sorti en 2014.
Il a obtenu plusieurs prix pour ce scénario, dont le prix du
meilleur scénario au festival de Shanghai.
Au début de
décembre 2015, il a annoncé avoir créé un atelier, « Le
studio d’A Lai » (阿来工作室),
qui a pour vocation de devenir un véritable « incubateur
de scénarios » (剧本孵化器).
Il a vendu à la société de production sichuanaise
Kekexili Films les droits d’adaptation de sa nouvelle
« « Trois champignons chenilles » (《三只虫草》).
Mais c’est un autre scénariste qui doit écrire le
scénario. Quant à lui, il préfère s’orienter maintenant
vers l’écriture de scénarios originaux. |
|
A Lai à la cérémonie de signature de
l’achat des droits de sa nouvelle ‘Trois champignons
chenilles’, à Chengdu, fin 2015 |
Traduction en
français
- Sources lointaines,
traduit du chinois par Marie-France de Mirbeck, Bleu de Chine
2003
Texte original en ligne
:中篇小说《遥远的温泉》
http://v.yc.ifeng.com/book/ts/62220.htm
- Les pavots rouges,
traduit de l’anglais par Aline Weill, Picquier Poche 2010
Thèse et
communications
de Xiao Wei (肖薇),
axe Littératures d’Asie et Traduction de l’équipe LAT de
l’IrAsia, Aix-en-Provence.
Thèse sous la
direction de Pierre Kaser
« A Lai et le Tibet,
de la construction d’un imaginaire littéraire au voyage réel :
l’analyse de la réécriture de la mythologie tibétaine en langue
chinoise dans le roman Gesa’er
Wang », doctorat AMU. En cours.
Communications
- « Comparaison entre
deux approches pour la traduction d’un roman de l’écrivain Alai
阿来 », Attitudes
et latitudes du traducteur, Journée d’étude de
l’Institut de Recherches Asiatiques, 18 novembre 2017,
Aix-en-Provence.
- « La légende du roi
Gesar par Alai– Ecrivain tibétain de langue chinoise », Journée
des doctorants de l’Institut de Recherches Asiatiques,
23 mai 2017, Marseille.
- « Les récits de
voyage d’Alai : principaux contenus de ses récits et quelques
traductions comme exemple »,
Récits
de voyage et déambulations littéraires, Atelier
littéraire de l’axe d’Asie et traduction de l’équipe LAT de
l’IrAsia, 2 octobre 2017, Aix-en-Provence.
- « Le fantastique
dans la réécriture de l’épopée tibétaine – Gesa’er Wang d’Alai
», Fantastique,
Mythologies et Science-fiction d’Asie, Atelier
littéraire de l’axe Littératures d’Asie et Traduction de
l’équipe LAT de l’IrAsia, 6 février 2017, Aix-en-Provence.
Traductions en
anglais
Romans
- Red Poppies : a
Novel of Tibet, tr. Howard Goldblatt / Sylvia Li-chun Lin,
Houghton Mifflin 2002
- The Song of King
Gesar, tr. Howard Goldblatt, Canongate Books 2013
Nouvelles
- Aku Tonpa, tr.
Jim Weldon,
Pathlight mai 2015.
- The Hydroelectric
Station, The Threshing Machine, tr. Darryl Sterk, Pathlight 2,
2012.
- Tibetan Soul,
stories, tr. Karen Gernant / Chen Zeping, Merwin Asia Feb. 2012,
dist. by University of Hawaii Press.
- Wind over the
Grasslands, tr. Karen Gernant / Chen Zeping, ME Merwin Asia 2011
- Fish,
tr. Howard Goldblatt,
in The Columbia Anthology of Modern Chinese Literature, Joseph
S.M. Lau and Howard Goldblatt ed. Columbia University Press 2007
(pp 470-479)
Interview
- Interview with Shu
Jinyu, tr. Emily Jones, Pathlight mai 2015.
Adaptations
télévisées
« Red Poppies » :
adapté en feuilleton télévisé de 25 épisodes diffusé en janvier
2003, avec Liu Wei (刘威),
Song Jia (宋佳)
et Fang Bingbing (范冰冰).
http://www.youku.com/show_page/id_zcbfde72c962411de83b1.html
Scénarios
2014 Tibet Sky《西藏天空》
film
réalisé par Fu Dongyu 傅东育
Mais il est alors passé inaperçu ; ce n’est que lors de
la réédition du recueil en 2000 que ces nouvelles
ont attiré l’attention des critiques, à la faveur du
prix Mao Dun attribué à « Red Poppies ».
序
Préface
老房子
La vieille maison
奔马似的白色群山 Des
montagnes blanches comme des chevaux au galop
环山的雪光
L’éclat de la neige sur le cercle de montagnes
寐
Profond sommeil
旧年的血迹
Traces de sang du passé
生命
La vie
远方的地平线
L’horizon lointain
守灵夜
Une nuit de veillée funèbre
永远的嘎洛
Eternel Galuo
猎鹿人的故事 L’histoire
du chasseur de cerfs
编后记
Postface
野人
Le sauvage
槐花
Les fleurs de sophora
群蜂飞舞
Le vol de l’essaim
阿古顿巴
Agu Dunba
月光下的银匠
Le forgeron au clair de lune
格拉长大
Histoire de Gela
瘸子
L’estropié
马车夫
Le paysan à la charrette
水电站
La centrale hydroélectrique
自愿被拐卖的卓玛
Kidnappée volontaire
少年诗篇
Poème de jeunesse
蘑菇
Champignons
路
La route
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