|
Brève histoire de la
bande dessinée chinoise
IV.3 Feng Zikai et le
manhua
par Brigitte Duzan, 04
janvier 2018
Célèbre
caricaturiste, connu comme pionnier du manhua
(漫画)
en Chine
,
Feng Zikai (丰子恺)
était un artiste dont le talent ne s’arrêtait
pas là : il ne dissociait pas la littérature de ses
dessins, a « traduit » en manhua les
nouvelles de
Lu Xun (鲁迅),
et écrit lui-même de nombreux essais sur les sujets
les plus divers, y compris la musique, qu’il a
également enseignée. Mais il a aussi été traducteur,
et auteur d’essais et de contes qui restent à
découvrir.
Années de formation : Zhejiang et Japon
Originaire
de Shimenwan (石门湾),
aujourd’hui Tongxiang (桐乡),
dans le nord du Zhejiang, Feng Zikai (丰子恺)
est né en novembre 1898 dans une famille de dix
enfants dont il était le septième enfant, et le fils
aîné. Son père était un lettré réduit à se faire
teinturier pour vivre et nourrir sa nombreuse
progéniture après l’abolition des examens
mandarinaux en 1905, mais il est mort l’année
suivante. Le jeune Feng Zikai a donc été élevé par
sa mère.
|
Dessin de Takehisa Yumeji (années
1910) |
|
En 1914,
il réussit pourtant à entrer à l’Ecole normale n° 1
du Zhejiang, à Hangzhou, où il rencontre les deux
grands |
|
Feng Zikai âgé avec son chat
Li Shutong |
maîtres qui l’ont
influencé durablement : Xia Manzun (夏丏尊),
pour la langue et la littérature chinoises, et surtout Li
Shutong (李叔同),
peintre et poète, professeur de peinture et de musique,
devenu moine bouddhiste en 1917, à l’âge de 38 ans, sous le
nom de Hongyi (弘一).
Feng Zikai s’est converti au bouddhisme sous son
influence.
Il se marie en 1919.
Puis, en
1921, il
part au Japon
poursuivre sa formation ; il étudie la peinture occidentale, et,
outre le japonais, l’anglais et le violon. Surtout, il étudie
auprès du peintre et dessinateur Takehisa Yumeji (1884-1934), et
il est profondément influencé par son art du manga.
Ses finances,
cependant, ne lui permettent pas d’y rester plus de dix mois.
Rentré en Chine, il s’installe à Shanghai où il entre à la
maison d’édition Kaiming (开明出版社)
tout en enseignant la peinture et la musique dans diverses
écoles. Il se met en même temps à dessiner lui-même ses propres
mangas, rebaptisés manhua.
1925-1949 : de
Shanghai à Chongqing, célébrité et créativité
En même
temps, il commence à faire des traductions, et
dessine pour tromper l’ennui des réunions scolaires.
Certains de ses dessins ayant été publiés en 1924
dans une petite revue avec ceux de deux autres
artistes, ils attirent l’attention du rédacteur en
chef de l’hebdomadaire littéraire Wenxue zhoubao
(《文学周报》),
Zheng Zhenduo (郑振铎).
Celui-ci
commence l’année suivante à publier régulièrement
les dessins de Feng Zikai. C’est la célébrité pour
le dessinateur qui commence en même temps à écrire
des essais pour la revue. Son premier recueil
d’essais est publié en 1931, sous le titre « Essais
de la Maison des affinités » (《缘缘堂随笔》)
,
du nom de la maison qu’il se fait alors construire
dans sa ville natale et où il s’installe en 1933. Il
se consacre dès lors entièrement au dessin et à
l’écriture, publiant dans les plus grands journaux
et revues de l’époque, jusqu’au début de la guerre
sino-japonaise, en 1937. |
|
Essais de la Maison des affinités |
Ces années 1925-1937
sont la période la plus féconde de sa vie, la plus novatrice
aussi, tant du point de vue graphique que littéraire. Il devient
le grand maître du manhua tout en participant à l’essor
de l’essai.
Comme beaucoup
d’autres artistes et intellectuels de Shanghai, au début de la
guerre, Feng Zikai part vers l’intérieur, apprenant au cours de
son exode que sa maison a été détruite, et que ses illustrations
pour « La véritable histoire d’AQ » (《
阿Q正传》)
sont également parties en fumée dans le bombardement de Shanghai
(voir ci-dessous Feng Zikai illustrateur).
A partir de 1942, et
jusqu’à la fin de la guerre, il est à Chongqing, où il vit de
ses peintures et de ses dessins. Pendant cette période, il fait
de la peinture en couleur, sur des sujets reprenant des thèmes
classiques, dégageant une impression de calme paisible reflétant
plus une aspiration bouddhiste que l’atmosphère du temps.
Il revient à Shanghai
en avril 1949.
1950-1975 :
retour à Shanghai, production réduite et traductions
L’ancienne maison de Feng Zikai à
Shanghai |
|
Après
l’avènement de la République populaire, il occupe
divers postes d’enseignement à Shanghai. En
septembre 1954, il s’installe dans l’allée 39 de la
rue du Shaanxi sud (陕西南路39弄),
où son ancienne maison est aujourd’hui devenue un
musée à sa mémoire. Mais il est attaqué et critiqué.
Ses dessins sont jugés trop sombres, trop ambigus,
d’un humanisme petit bourgeois dépassé. Il se tourne
alors vers la traduction, d’ouvrages russes ou
japonais. |
Dans les années
1920-1930, il avait traduit « Premier amour » (Первая
любовь《初恋》)
et « Les mémoires d’un chasseur » (Записки
охотника《猎人笔记》)
de Tourgueniev, ou encore « The Suicide Club » (《自杀俱乐部》)
de R. L. Stevenson. Après 1950, il traduit des contes de Grimm,
dont la traduction est publiée en 1953 dans un recueil intitulé
« Cendrillon » (《灰姑娘》).
Puis il traduit des grands classiques japonais, dont « Oreillers
d’herbes » (Kusamakura《草枕》)
de Natsume Sôseki, en 1958, et, de 1961 à 1965, le grand
classique du 11ème siècle, « le Dit du Genji » (Genji
monogatari 《源氏物語》).
Il ne survivra pas à
la Révolution culturelle. Après avoir subi de violentes
attaques, il est envoyé à la campagne en 1969, non loin de
Shanghai, mais, un an plus tard, il est victime d’une pneumonie.
Il meurt d’un cancer du poumon en août 1975, à l’âge de 76 ans.
Grand
dessinateur mais aussi écrivain
Feng Zikai
n’a pas cessé d’écrire et de dessiner, l’écriture
étant chez lui indissociable du dessin, non
seulement parce qu’il « privilégie un dialogue entre
texte et image »
,
mais aussi parce qu’il est écrivain à part entière.
Outre poèmes et essais, il a aussi écrit des contes
pour enfants et même une longue nouvelle, publiée en
1957.
·
Essayiste
S’il n’a
pas innové en poésie, préférant la forme classique
pour les quelque deux cents poèmes qu’il a écrits,
il a en revanche participé au renouveau de l’essai
sanwen (散文)
dans les années 1920-1930, aux côtés de
Lu Xun (鲁迅)
et de son frère Zhou Zuoren (周作人).
Mais, chez Feng Zikai, il s’agit surtout de la forme
"au fil de la plume" (suibi
随笔)
qui |
|
Feng Zikai à sa table de travail |
correspond, par
son trait rapide et sa liberté de style, à ses manhua.
Il en a d’ailleurs
donné une correspondance étymologique intéressante, dans un
texte de 1943, « La signification des manhua » (Manhua de
yiyi《漫画的意义》) :
il rapproche le caractère man (漫)
de manhua (漫画)
- signifiant "à sa guise", "en toute liberté" - de celui
composant les termes manbi (漫笔),
l’essai libre, ou mantan (漫谈),
la conversation à bâtons rompus. Le manhua est une
« peinture au fil de la plume » au même titre que l’essai du
même nom, les deux étant rendus par le même terme de suibi
(随笔)
puisque relevant du même trait de pinceau.
Feng Zikai a écrit de
tels essais tout au long de sa vie, à partir de 1921, et ils
forment une série de six recueils, publiés de 1931 à 1946.
·
Auteur de contes pour enfants
Le professeur voit un fantôme |
|
Fasciné
par le monde de l’enfance, Feng Zikai a non
seulement traduit des contes, il en a aussi écrit
plusieurs, dans les années 1946-1948, la plupart
publiés dans la revue Ertong gushi ou
Histoires pour enfants (《儿童故事》).
Une dizaine seront regroupés dans un recueil publié
à Shanghai en 1948, sous le titre de l’un d’entre
eux : « Le professeur voit un fantôme » (Boshi
jian gui《博士见鬼》).
Feng Zikai
s’inscrit parfaitement dans la littérature pour
enfants telle qu’elle s’ébauchait alors en Chine :
ses récits ont un but moralisateur, visant à éduquer
l’enfant en l’aidant à distinguer le bien du mal et
à se forger un idéal. Ainsi, « Le professeur voit un
fantôme » est une histoire visant à lutter contre
les superstitions, tandis que, autre récit du même
recueil, « Le bol d’huile » (You
bo《油钵》)
est l’histoire, incitant à l’application et à
l’endurance dans les épreuves, d’un malheureux
condamné à transporter |
un lourd bol
d’huile rempli à ras bord sans en renverser une seule
goutte, sauf à être exécuté sur le champ.
Mais les contes de la
période ont aussi leur côté satirique, déplorant la misère du
temps dans un style rappelant
Zhang Leping (张乐平) ;
ainsi, « La parole de Cinq Yuans » (Wu yuan de hua《伍元的话》),
écrit en 1940, est un pamphlet sur la crise qui lamine le
pouvoir d’achat de la population et la réduit à la misère : le
dénommé Cinq Yuans est aussi dévalorisé que la somme
correspondante.
Récemment,
en 2011-2014, la maison d’édition Dolphin Books (海豚出版社)
a publié l’ensemble des récits pour enfants écrits
par Feng Zikai (丰子恺儿童文学全集).
C’est une édition en sept volumes distinguant
contes, essais et histoires pour enfants qui donne
toute la mesure de ces textes qui étaient jusque-là
dispersés :
- Deux
volumes de contes (童话) :
« Les aventures d’un petit billet de banque » (《小钞票历险记》)
et « Le professeur voit un fantôme » (《博士见鬼》).
- Trois
volumes d’essais pour enfants (儿童故事) :
« Pour mes enfants » (《给我的孩子们》),
« Le journal intime de Huazhan » (《华瞻的日记》)
et « Récits de collégien » (《中学生小品》).
- Deux
volumes d’histoires pour enfants (儿童故事) :
« Histoires de musique pour les jeunes » (《少年音乐故事》)
et « Histoires d’art pour les jeunes » (《少年美术故事》). |
|
Les aventures d’un petit billet de
banque |
Père et fils |
|
Les livres
sont évidemment illustrés de manhua de
l’auteur, mais le texte prime : peu nombreux, les
dessins ne sont là que pour scander le récit en
soulignant les épisodes clés du récit.
Parallèlement, il existe aussi des éditions
d’innombrables manhua sur les enfants, leurs
jeux, leur vie au quotidien, inspirés par sa propre
progéniture, comme les deux volumes « Père et fils »
(《父与子》).
|
·
Unique nouvelle
Enfin, Feng Zikai est
l’auteur d’une unique nouvelle : « Six mille yuans » (《六千元》).
Datant de 1957, dépourvue d’illustrations, elle reflète
l’idéologie du moment : c’est un pamphlet contre l’impérialisme
occidental du temps de la guerre de l’Opium, et en même temps
une fable dénonçant l’exploitation des pauvres par les nantis.
C’est pourtant un texte écrit avec l’humour typique des
manhua : une intrigue simple, pleine de verve, qui tranche
sur le propos édifiant que l’on devine plus ou moins imposé par
l’époque.
La nouvelle a été
rééditée dans le numéro de décembre 1984 de la revue Xihu
ou Le lac de l’Ouest (《西湖》),
publiée par l’Association des écrivains de Hangzhou, avec le mot
de Feng Zikai :
“一九五七年五月二十九日写毕。此乃平生第一次试作小说,游戏而已。”
« Achevé d’écrire le
19 juillet 1957. C’est là ma première tentative d’écrire une
nouvelle, et ce n’est tout au plus qu’un jeu. »
On ne peut que
regretter que Feng Zikai n’ait pas eu la possibilité, ou
l’envie, de développer librement ce genre. Il nous reste le plus
abondant de son œuvre : ses manhua, et en particulier
ceux illustrant des œuvres littéraires de ses contemporains.
Illustrateur de
nouvelles, et de poèmes et contes pour enfants
·
Caractères généraux
Pour Feng Zikai,
l’illustration est une forme de traduction : il traduit en
images, comme il l’a lui-même expliqué dans sa préface à ses
illustrations des nouvelles de Lu Xun, avec le désir d’en
faciliter la lecture au plus grand nombre, dans la même optique
que les
illustrateurs de livres
en Chine depuis les Song. Il poursuit ainsi son travail de
traducteur sous une autre forme : toujours d’une langue à une
autre, mais ici d’un langage artistique à un autre. Il recherche
la fidélité au texte, mais elle peut prendre diverses formes.
·
Illustration de nouvelles de Lu Xun
Feng Zikai en a adapté
plusieurs, à plus de dix ans d’intervalle, avec une approche
différente.
1. C’est
en 1937, un an après la mort de
Lu Xun (鲁迅),
qu’il lui rend hommage en illustrant « La
véritable histoire d’AQ » (《
阿Q正传》).
C’est une série de 54 manhua réalisés
en pleine guerre, qu’il réussit à publier en juillet
1939, aux éditions Kaiming, mais après de multiples
péripéties, car c’est la période où il s’est replié
vers l’intérieur, et il envoie ses illustrations à
des imprimeurs qui sont tour à tour bombardés : une
première série est détruite pendant l’été 1937 dans
le bombardement de l’imprimerie de Shanghai où elle
est en cours d’impression ; il recommence une autre
série au printemps suivant, dont une partie est à
nouveau |
|
AQ selon le célèbre dessin de Feng
Zikai |
détruite dans le
bombardement, à Canton cette fois, des locaux de la revue où
ils devaient être publiés…
AQ se faisant rosser pour
avoir insulté un notable
(légende : c’est de lui que je
parlais 我说他, en désignant l’enfant qui regarde en
riant) |
|
Il a
lui-même affirmé avoir recherché à la fois la
précision et la fidélité au texte. En ce sens, ses
propres recherches pour ses dessins éclairent la
nouvelle, lui donnent une autre vie, qui correspond
à sa lecture personnelle. Ainsi, selon ses propres
explications, étant lui-même originaire du Zhejiang,
mais d’une petite ville éloignée de quelque 150
kilomètres de Shaoxing, la ville natale de Lu Xun,
il n’a pas voulu se fier trop à ses souvenirs car
les us et coutumes étaient différents dans les deux
villes ; il a montré ses dessins à des amis
originaires de Shaoxing pour avoir leur avis, et ils
lui ont signalé ses erreurs factuelles.
Ses
dessins illustrent avec précision, mais concision,
le texte de Lu Xun, en ajoutant des éléments
personnels aux descriptions elles-mêmes souvent très
concises de l’auteur, avec parfois une note d’humour
,
mais en soulignant le caractère tragique du
personnage d’AQ. Il illustre des scènes spécifiques,
résumées par une phrase en quelques caractères
inscrits verticalement et insérés dans le cadre de
l’illustration, dans un vide le plus souvent en haut
à gauche. Ce n’est donc pas un lianhuanhua (连环画),
au sens où le |
texte n’est pas
illustré dans sa totalité ;
mais les scènes permettent de reconstituer le récit en le
visualisant comme par flashs, on a donc parlé de lianhuan
manhua (连环漫画) :
manhua en série.
2. Feng
Zikai a illustré encore huit autres nouvelles, parmi
les plus célèbres, de
Lu Xun :
sept tirées du recueil « L’appel aux armes » (Nahan《呐喊》)
et « Le Sacrifice du Nouvel An » (《祝福》)
tirée du recueil suivant, « Errances » (Panhuang《彷徨》).
|
Le sacrifice du Nouvel An |
|
Cette
série d’illustrations est publiée en 1950 à Shanghai
sous le titre « Nouvelles illustrées de Lu Xun » (《绘画鲁迅小说》).
Elles sont d’une conception différente des
précédentes : l’espace blanc autour du dessin où
s’inscrivait la légende a disparu, le dessin remplit
ici entièrement le cadre, le texte étant inscrit à
l’extérieur. L’illustration gagne en précision, dans
le dessin de la taverne où se passe le récit et
celui des personnages, avec un effet de mise en
scène quasi cinématographique, séquence par
séquence.
Comme les
légendes sont de brefs extraits du texte, on a ici
aussi l’idée du
lianhuanhua, mais le lecteur est obligé de se
|
|
Kong Yiji, la taverne Xian Heng 咸亨
Kon Yiji à la taverne
(on retrouve les chiens, comme éléments du décor
avec les enseignes et inscriptions) |
reporter
au texte pour reconstituer l’histoire, l’illustration est
trop elliptique pour suffire. L’édition le permet, et y
incite même : les manhua sont en pleine page, avec le
texte en regard, le lecteur peut passer de l’un à l’autre,
le dessin illustrant le texte et le texte expliquant le
dessin.
·
Illustration de contes et poèmes pour enfants
Aux lendemains du 4
mai, la littérature enfantine est en plein essor, l’enfant
devenant symbole d’avenir, avec tous les espoirs que l’on
pouvait en attendre, et non plus seulement figure emblématique
de préservation de la famille en un sens très conservateur. On
traduit des contes étrangers dès les années 1910, et, à partir
des années 1920, se multiplient les publications de contes et de
poèmes pour enfants. Feng Zikai va en écrire lui-même, mais
aussi en illustrer quelques recueils.
1.
Poèmes de Yu Pingbo (俞平伯)
Feng Zikai
commence par illustrer un recueil de 36 de ses
poèmes pour enfants intitulé « Souvenirs » (《忆》),
écrit en 1922 et publié à Shanghai en 1925. Il en
fait 18 illustrations, certaines rehaussées de
couleur, qui rendent l’esprit, l’atmosphère des
poèmes. Feng Zikai a été remercié par Yu Pingbo qui
a fait l’éloge de son travail, de même que Zhu
Ziqing (朱自清),
dans la postface qu’il a écrite pour le recueil, et
même Zhou Zuoren (周作人)
qui a dit les trouver peu banales (biezhi de
chatu
别致的插图). |
|
Poème de Yu Pingbo, la bougie rouge |
Six des
illustrations :
http://blog.sina.com.cn/s/blog_413710370100k1lb.html
2. Contes de Ye
Shengtao (叶圣陶)
Yu Pingbo (à dr.) et Ye Shengtao (à
g.) en 1980 |
|
Feng Zikai
a aussi illustré des contes pour enfants de
Ye Shengtao (叶圣陶),
un ami de Yu Pingbo, autre figure éminente du
mouvement de la Nouvelle Culture et des débuts de la
littérature pour enfants
dans les années 1920 : il a été le premier
écrivain chinois à écrire des contes pour enfants à
l’époque, le premier étant « L’épouvantail » (《稻草人》),
publié en 1923, et l’un des plus célèbres « La
statue de pierre d’un ancien héros » (《古代英雄的石像》),
en 1931. |
Feng Zikai a ainsi
réalisé deux illustrations pour ce dernier conte, dénonçant le
culte du passé et appelant à réformer la société : son héros
statufié est renversé par les pierres de son piédestal révoltées
par son arrogance.
3.
Contes de Grimm traduits par son fils
|
Les contes de Grimm traduits par Feng
Huazhan
avec les illustrations de son père
(réédition 2013) |
|
En 1951,
il illustre des contes de Grimm traduits par son
fils Feng Huazhan (丰华瞻),
dont « Le roi Grenouille » (《青蛙王子》)
ou « L’enfant de Marie » (《圣母的孩子》).
4.
Poèmes pour enfants de Zhou Zuoren (周作人)
|
Poèmes pour enfants de Zhou Zuoren
illustrés par
Feng Zikai :
Les vœux du Nouvel An (édition 1950) |
|
|
|
La statue d’un ancien héros, conte de
Ye Shengtao illustré par Feng Zikai
Poèmes pour enfants de Zhou Zuoren
illustrés par Feng Zikai
(édition 1991 avec la double signature et
en couverture Le mariage de la
souris) |
Il s’agit de 72 poèmes
écrits en 1947-1948 pendant que, accusé de collaboration avec
Wang Jingwei (汪精卫),
Zhou Zuoren (周作人)
était emprisonné à Nankin. Il sort de prison en 1949, libéré par
les Communistes, et les poèmes sont publiés en 1950, en
feuilleton dans une revue, sous le titre « Poèmes sur des
vétilles enfantines » (《儿童杂事诗》).
Feng Zikai signe 69 illustrations, donc un peu moins que la
totalité des poèmes, et reprend le format du manhua avec
légende incorporée dans l’illustration, inscrite dans la partie
supérieure laissée vide ou sur le côté, verticalement ou
horizontalement ; cette légende est le plus souvent un vers du
poème illustré.
Traduction en
français
Couleur de nuage, de
Feng Zikai, essais traduits, présentés et annotés par Marie
Laureillard, Gallimard/Bleu de Chine 2010.
A lire en
complément
Feng Zikai et le
manhua, par Yohan Radomski, juin 2013
A lire en ligne :
http://www.actuabd.com/Feng-Zikai-et-le-manhua
An Artistic Exile,
a Life of Feng Zikai, by Geremie R. Barmé, University of
California Press, 2002
A lire en ligne :
https://www.ucpress.edu/op.php?isbn=9780520208322
Voir « Feng Zikai et la littérature pour enfants »
丰子恺与儿童文学
Essayiste, poète, historien et critique (1900-1990),
l’une des grandes figures du mouvement de la Nouvelle
Culture, élève de Hu Shi (胡适)
qui critiqua ses efforts de créer une poésie populaire,
en soulignant la différence entre la théorie et la
pratique. Mais ses poèmes pour enfants sont vifs et
pleins d’humour.
|
|