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Hong Ke 红柯

1962-2018

Présentation

par Brigitte Duzan, 11 mars 2017, actualisé 25 février 2018

 

Originaire du Shaanxi, Hong Ke a vécu plus de dix ans dans le Xinjiang dont il a gardé un profond sentiment de la nature, lié au sens de l’espace et du temps. Lauréat des prix littéraires Feng Mu, Lu Xun, etc…, il est à la fois représentatif des auteurs han du Xinjiang, et des écrivains « du terroir » du Shaanxi.

 

Du Shaanxi au Xinjiang et retour

 

De son vrai nom Yang Hongke (杨宏科), Hong Ke est né en juin 1962 à l’ouest du Shaanxi, dansle bourg de Fengming du district de Qishan (岐山县凤鸣镇), un district de la juridiction de Baoji (宝鸡) où il a fait ses études.

 

Il est diplômé du département de chinois de l’Université des arts et des sciences de Baoji (宝鸡文理学院) et a été rédacteur du journal de l’université.

 

Hong Ke

 

A Dou

 

C’est en 1986 qu’il est parti au Xinjiang, comme d’autres, au même moment, en Chine, sont partis au Tibet, mais lui, après tout, n’avait qu’à suivre l’ancienne Route de la soie qui passait, justement, par Baoji avant de continuer vers Wuwei et Kashgar.

 

Il a vécu et enseigné pendant dix ansà Kuitun (奎屯), dans la préfecture autonome de l’Ili (新疆伊犁州). C’est là qu’était basée la 7ème division agricole du Corps de production et construction ou Bingtuan du Xinjiang (新疆生产建设兵团) ; c’est là que se sont retrouvés nombre d’écrivains partis au Xinjiang, volontairement à peu près en même temps que lui, ou exilés là bien avant, comme Wang Meng (王蒙) [1] ; et c’est là que d’autres, plus jeunes, sont nés, comme Li Juan (李娟).

 

Hong Ke était rentré chez lui et enseignait à l’université normale de Baoji. Il était vice-président de l’Association des écrivains du Shaanxi. Souffrant d’un problème cardiaque, il a été victime d’un infarctus et, le 24 février 2018, est décédé à Xi’an à l’âge de 56 ans.

 

Une œuvre de mémoire sur la vie au Xinjiang

 

Il a commencé à publier des nouvelles en 1983 et est entré à l’Association des écrivains en 1999. Mais il est surtout connu pour ses romans qui, sur fond de fresques historiques aux franges du désert, décrivent la vie au Xinjiang.

 

Quatre de ses romans sont particulièrement célèbres : « L’arbre de vie » (《生命树》), l’histoire d’un arbre dont la légende s’est transmise dans le désert des monts Tianshan, et les trois romans qui forment la trilogie dite « des hautes montagnes », dont chacun peut se résumer à la

 

Les pierres qui toussent

 

La tempête de sable de Kalabu

 

Le chant du phénix

 

Urho

 

confrontation d’un homme et d’un animal - « Le cavalier parti à l’ouest » (《西去的骑手》) est l’histoire d’un héros et d’un cheval, « Le grand fleuve » (《大河》) celle d’une femme et d’un ours, et « Urho » (《乌尔禾》) celle d’un jeune garçon et d’un mouton.

 

L’histoire d’« Urho » est caractéristique du croisement entre une fresque historique et une histoire d’amour entre plusieurs personnages qui forme la trame de la plupart de ses romans. L’histoire, en l’occurrence, se passe dans les années 1960 dans le bassin de Dzoungarie, au sud-ouest de l’Altaï, dans le nord du Xinjiang ; c’est là que se sont établis les Mongols Dzoungar-Oïrats entre le 17ème siècle et 1755, date à laquelle ils ont été annexés à l’Empire des Qing, sous Qianlong.

 

Le roman a pour cadre une ferme du Corps de construction du Xinjiang dont les moutons sont gardés par un ancien soldat chinois, revenu de la guerre de Corée, que les Mongols ont surnommé Hailibu comme le célèbre héros mongol qui comprenait le langage des oiseaux. Il raconte une histoire d’amour entre deux jeunes garçons, et une jeune fille nommée Yanzi…

 

Depuis son retour au Shaanxi, Hong Ke continue à écrire sur le Xinjiang, mais il a aussi publié des livres sur sa région natale, comme « Le chant du phénix », en 2013.

 

En dehors de ses romans, cependant, ses nouvelles sont empreintes d’une profonde humanité et mériteraient d’être mieux connues. C’est le cas en particulier de celle donnée en complément de cette présentation. Lui-même a expliqué sa prédilection pour les récits courts :

 

短篇小说写的是艺术,注重的是细节,短篇小说没有几个好细节,是很难撑起来的,写短篇小说是一个标点符号都不能错的,有时将一个句号写成逗号,意思就会改变,更不要说有错句和错字了。长篇小说写的是世界,叙说的是人生观,就是多写几万字,也不会太明显。写短篇就如同是写小楷,比拿着大拖把写大字要难很多。” 

Ecrire des nouvelles courtes, c’est un art, qui tient avant tout à la mise en relief des détails ; s’il n’y a pas de détails soulignés dans une nouvelle, elle n’a rien sur quoi se baser ; quand on écrit une nouvelle, même la ponctuation doit être correcte, si l’on met une virgule au lieu d’un point, cela peut changer le sens, sans parler de phrases ou de caractères erronés. En revanche, dans un roman, c’est le monde que l’on décrit, dans une perspective humaine, alors on peut aller jusqu’à écrire plusieurs dizaines de milliers de caractères. Ecrire une nouvelle, c’est comme calligraphier en petits caractères de style régulier, c’est bien plus difficile que de prendre un gros pinceau pour dessiner des gros caractères.

 

   


 

Principales publications

 

Recueil de nouvelles

 

Septembre 1998       Le beau mouton esclave 《美丽奴羊》(nouvelles courtes)

Octobre 2000           Altaï couleur d’or 《金色的阿尔泰》

Avril 2001                Les monts Tianshan au galop 《跃马天山》

Septembre 2002       La prairie dorée 《黄金草原》

Janvier 2003            Les friches de Gurt 《古尔图荒原》

Janvier 2004            Le tabac de Mohe 《莫合烟》

Mai 2004                  La germination du soleil 《太阳发芽》

Décembre 2016         La résurrection de Manas复活的玛纳斯

 

Romans

 

Janvier 1998             Rien à faire sur terre (ou A Dou) 《天下无事》又名《阿斗》

                               Réédité en mars 2002

Janvier 2002             Le cavalier parti à l’ouest 《西去的骑手》

Septembre 2002        Le tigre ! Le tigre !  《老虎!老虎!》

Avril 2003                 Les pierres qui toussent 《咳嗽的石头》

Janvier 2004             Le grand fleuve 《大河》

Avril 2007                 Urho 《乌尔禾》

Décembre 2010          L’arbre de vie 《生命树》

            (présélectionné pour le 8ème prix Mao Dun, terminé en 9ème place) 

Mai 2013                   La tempête de sable de Kalabu 《喀拉布风暴》

            (présélectionné pour le prix Mao Dun 2015)

Mai 2013                   Le chant du phénix 《百鸟朝凤》 [2]

Avril 2015                  La danseuse de Sawadeng 《少女萨吾尔登》 [3] 

                               (initialement paru dans la revue Octobre en mai 2014)

 

Le blog de Hong Ke : http://blog.sina.com.cn/yanghongke2009

 


  

Traduction en anglais

 

Urho (extrait), tr. Bruce Humes

Extrait : http://bruce-humes.com/archives/10210

 


 

A lire en complément

 

La nouvelle : « Une famille dans le désert » 《大漠人家》

 

Un commentaire de Bruce Humes concernant la nouvelle « La résurrection de Manas » (复活的玛纳斯), publiée avec cinq autres dans le recueil éponyme sorti en décembre 2016 :

 

« Cette nouvelle, qui, a priori, n’a pas encore été traduite, m’a intrigué pour deux raisons. D’une part,en raison de la référence à l’ancienne épopée kirghize de Manas et d’autre part le fait que le récit est situé au début des années 1960, à une époque où le Kazakhstan soviétique faisait tout son possible pour attirer les habitants du Xinjiang (essentiellement kazakhs et ouïghours) et les inciter à franchir la frontière. On pense que jusqu’à 60 000 personnes ont effectivement quitté la Chine. Je ne connais pas très bien les détails de ce mouvement de masse ni ses aspects politiques, mais il n’a pas été oublié en Chine

 

La résurrection de Manas

populaire. On trouve des mentions de cet exode dans plusieurs œuvres : en particulier la nouvelle « Sidik Golden MobOff » (《斯迪克金子关机》) et le roman « Zuilian » (《时间悄悄的嘴脸》) de l’auteur ouïghour Alat Asem (阿拉提·阿斯木) que j’ai tous deux traduits [4]. Alat Asem fait constamment allusion à l’attrait qu’a exercé sur de nombreux Ouïghours, à l’époque, la perspective d’aller vivre au Kazakhstan, mais ses personnages parlent souvent des émigrés avec mépris. »

 

(ma traduction, texte original : http://bruce-humes.com/archives/11815 )

 

 


[2] Littéralement ‘Cent oiseaux se prosternent devant le phénix’, air virtuose de suona, voir le film de Wu Tianming dont c’est le thème principal : http://www.chinesemovies.com.fr/films_Wu_Tianming_Song_of_the_Phoenix.htm

[3] Le sawadeng est un cycle de chants des Mongols Oirat destinés à accompagner des danses.

[4] Extrait de la traduction en anglais par Bruce Humes : http://bruce-humes.com/archives/11723

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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