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				Hao Ran  
				浩然 
				1932-2008 
				I. Présentation 
				par Brigitte Duzan, 4 mai 2018 
				  
						
							| 
							La 
							meilleure introduction à Hao Ran est celle que nous 
							a laissée Michelle Loi
							dans sa préface aux « Enfants de Xisha », 
							écrite en décembre 1975
							 : 
							  
							« Hao 
							Ran est l’écrivain le plus célèbre de la Chine 
							d’aujourd’hui [donc fin 1975], …un écrivain 
							« professionnel » qui ne ressemble pas à ceux 
							d’hier : c’est un écrivain du peuple, un écrivain 
							qui est paysan, un paysan qui est écrivain. Comme 
							des milliers et des milliers d’autres, non pas 
							unique, mais exemplaire. » 
							  
							Au début de 
							la même préface, pour mieux faire comprendre ce 
							caractère exemplaire, elle définit ce qu’il faut 
							entendre par écrivain du peuple : 
							  
							
							« L’écrivain du peuple, ouvrier, paysan ou soldat, 
							est  |  | 
							
							 
							Hao Ran |  
					né sur le 
					passage de l’Armée Rouge, puis dans les 
					zones des soviets 
					qu’elle libérait. La politique culturelle de la République 
					populaire de Chine lui donne son statut et le met au premier 
					rang après 1949, les « Cent Fleurs » et le Grand Bond lui 
					permettent une avancée triomphante où l’on devine qu’il va 
					passer dans les « professionnels », les « spécialistes » de 
					la littérature. Mais c’est la Révolution culturelle 
					seulement qui lui donne les conditions d’une existence 
					massive. C’est le mouvement de critique contre Lin Biao et 
					contre Confucius
					, 
					prolongé dans la lutte « contre le droit bourgeois », qui 
					assure sa victoire et lui donne un caractère dont il semble 
					bien qu’il soit définitif. »  
				  
				L’écrivain du peuple 
				n’est pas un spécialiste de l’écriture, c’est celui qui y est 
				venu « de toute sa bonne volonté militante » pour tenir 
				au mieux sa place dans les luttes du front culturel, entendues 
				comme un aspect des luttes sur le front politique.  
				  
				Tel est Hao Ran, 
				écrivain du peuple par excellence, et tellement exemplaire qu’il 
				est devenu une sorte de mythe : le seul écrivain à avoir été 
				publié pendant la Révolution culturelle. Il n’est pourtant pas 
				unique, mais bien écrivain modèle à l’instar des opéras modèles, 
				comme l’a dit 
				Mao 
				Dun (茅盾) 
				qui a parlé d’une période dominée par « huit œuvres modèles et 
				un écrivain » (“八个样板戏一个作家”). 
				  
				Légende dorée 
				  
				Petit paysan pauvre…
				 
				  
				De son vrai nom Liang 
				Jinguang (梁金广), 
				Hao Ran était fils de paysan pauvre. Né en 1932, il perd son 
				père à l’âge de neuf ans, et va vivre avec sa mère chez un 
				oncle, dans un village du district de Ji (Jixian 
				蓟县), dans le Hebei – nom qui dénote d’ailleurs la pauvreté originelle de 
				l’endroit, 
				
				jì 
				signifiant "chardon". 
				  
				Il a eu juste le temps 
				d’étudier trois ans dans la petite école locale quand sa mère 
				meurt ; il a douze ans. L’année suivante, en 1945, il s’engage 
				aux côtés des troupes de Mao quand celles-ci traversent la 
				province. En 1946, à l’âge de quatorze ans, il devient chef de 
				la Ligue des enfants et participe à la Réforme agraire dans son 
				village.  
				  
				Il devient membre du 
				Parti en novembre 1948. Un an plus tard, c’est l’avènement de la 
				République populaire. Il va désormais être nourri et éduqué par 
				le Parti. Mais il n’est pas tout de go formé pour être écrivain, 
				il travaille d’abord comme « militant dans les rangs du 
				mouvement de masse pour la production », dira-t-il lui-même dans 
				l’un de ses nombreux articles autobiographiques.
				 
				  
				… promu écrivain 
				  
				Or, un soir, c’est à la 
				porte de ce jeune militant paysan que frappe le responsable 
				local du Parti, pour lui faire part d’un projet de « semaine de 
				propagande » visant à promouvoir le mouvement de masse pour la 
				production ; et il demande au jeune garçon éberlué d’écrire un 
				petit sketch à interpréter en public.  
				  
				Hao Ran est un paysan 
				inculte ; il n’a même pas lu le texte fondateur de 1942 des 
				Causeries du Forum de Yan’an (il ne le lira qu’en 1952) ; mais, 
				avec trois ans d’école primaire, il est le plus instruit des 
				paysans autour de lui. C’est surtout, certainement, l’un des 
				plus actifs des militants locaux ; c’est à ce militant que 
				s’adresse le chef venu frapper à sa porte, et c’est en paysan 
				que Hao Ran comprend intuitivement ce qu’il veut.  
				  
				Il est pourtant 
				aussitôt inquiet et réticent : comment écrire une pièce quand on 
				connaît juste quelques caractères ? Réticence que le chef balaie 
				du revers de la main : l’ignorance n’a jamais été une excuse 
				valable pour un militant ou un combattant ; pour les besoins de 
				la révolution, on doit apprendre ce qu’on ne sait pas faire. 
				Voilà donc Hao Ran promu écrivain du peuple.  
				  
				Il se décrit, le jour 
				suivant, assis en tailleur sur son kang, griffonnant la 
				première ébauche de sa pièce : une description de la lutte dont 
				il a lui-même été le témoin dans son village, entre les 
				combattants de la production et les saboteurs de toutes sortes, 
				agissant à visage découverte ou en secret. Le surlendemain, avec 
				trois de ses camarades, il construit une petite plateforme de 
				terre sur laquelle ils jouent la pièce, lui-même interprétant le 
				rôle d’une jeune héroïne : triomphe. 
				  
				Non seulement la pièce 
				attire les paysans des villages alentour, mais elle s’enrichit 
				des discussions qu’elle fait naître et qui viennent éclairer des 
				points obscurs.  
				  
				L’expérience le pousse 
				à continuer, en affinant son écriture. Il multiplie dès lors les 
				pièces de théâtre, les poèmes et les nouvelles ; ses textes sont 
				récités, joués, affichés sur les journaux muraux dans les 
				villages. Il décide de consacrer sa vie à la littérature, mais 
				c’est pour continuer le combat avec les paysans ; il ne songe 
				pas à écrire pour écrire, mais pour « unir et éduquer ». 
				Ecrivain du peuple
 
				  
				Années 1950 : de la 
				Révolution aux Cent fleurs et au Grand Bond 
				  
				A l’automne 1949 est 
				fondé le Journal de la jeunesse du Hebei (《河北青年报》) : Hao Ran en est nommé correspondant et c’est dans ce journal que 
				paraissent ses premiers textes, dans lesquels il dépeint avec 
				fougue et passion les mille et un détails de la vie autour de 
				lui. Puis il est envoyé poursuivre ses études au chef-lieu du 
				district, à l’Ecole de la Ligue de la jeunesse du Hebei. 
				 
				  
				En 1953, il est nommé à 
				un poste d’enseignant à l’Ecole du Parti de la préfecture de 
				Tongxian (通县). En 1954, il devient journaliste au Quotidien du Hebei (《河北日报》) 
				et publie dans le supplément des lettres et des arts (文艺副刊) de ce journal.  
				  
				En même temps, il 
				participe aux réformes rurales : mise en place de la politique 
				d’achats groupés, des groupes d’entraide et des coopératives 
				agricoles – autant d’expériences qui seront une riche source 
				d’inspiration par la suite.  
				   
						
							| 
							En 
							septembre 1956, il est transféré à Pékin, comme 
							journaliste du Journal de l’amitié (《友好报》). 
							C’est la période des « Cent fleurs », mouvement de 
							libéralisation lancé en mai 1956, confus et complexe 
							dans ses tendances et ses manifestations, dont Deng 
							Xiaoping dira fin 1957 dans son « Rapport sur le 
							mouvement de rectification » : « Dans le grand débat 
							des « Cent fleurs », nous avons allumé un brasier 
							pour consumer à la fois nos ennemis et nos propres 
							faiblesses. ».    
							Toute la 
							Chine se met à écrire, dit Michelle Loi
							, 
							les groupes de création littéraire se multiplient 
							dans les communes, les usines, les écoles. Hao Ran 
							est de ceux que le mouvement aide à sortir de 
							l’ombre. C’est alors qu’il publie sa première 
							nouvelle, dans le numéro de novembre 1956 du 
							Journal des lettres et des arts de Pékin (《北京文艺》) 
							dont 
							
							Lao She (老舍) 
							est le rédacteur en chef : « Les pies sur la 
							branche » (《喜鹊登枝》). 
							Cette nouvelle est suivie d’une série d’autres 
							dépeignant la vie dans les villages. |  | 
							 
							Les pies sur la branche (1ère 
							publication, numéro de novembre 1956 du Journal
							 
							des lettres et des arts de Pékin) |  
					   
						
							| 
							
							 
							Les pies sur la branche  
							(édition décembre 1959) |  | 
							Mais ce 
							n’est pas sans retour de bâton, lorsque les sommités 
							des cercles littéraires et du monde de l’édition, 
							effarés par l’afflux de manuscrits, reprennent 
							quelque autorité. Hao Ran prépare un grand roman, on 
							lui dit qu’il n’a pas le niveau technique pour cela. 
							Il rentre dans son village profondément ébranlé dans 
							ses certitudes. Il est alors réconforté par le chef 
							de sa coopérative qui s’occupe de diffuser ses 
							écrits avec les moyens à sa disposition : sur les 
							tableaux noirs et les journaux muraux.   
							A la chute 
							de la « ligne noire », il peut être édité : son 
							premier recueil de nouvelles est publié le 1er 
							mai 1958, sous le titre de la première, « Les pies 
							sur la branche ». C’est le début du Grand Bond en 
							avant, qui donne une impulsion nouvelle aux 
							écrivains du peuple. |    
				Hao Ran est consacré. 
				En 1961, il est nommé rédacteur du supplément des lettres et des 
				arts de la revue Drapeau rouge (《红旗》).
				 
				1960-1965 : Jours ensoleillés
   
						
							| 
							A la fin de 
							1962, il entreprend l’écriture de son grand roman en 
							trois volumes basé sur sa vie et son expérience du 
							mouvement de coopérative agricole dans le district 
							de Changle, dans le Shandong (山东省昌乐县) : « Jours ensoleillés » (《艳阳天》).  
							Le premier volume est publié en 1964, les deux 
							autres en 1965. Entre-temps, en octobre 1964, il est 
							entré à l’Association des écrivains chinois et il 
							est devenu écrivain professionnel. 
							  
							Mais il 
							avait en fait commencé l’écriture du roman dès 1957, 
							sans cependant parvenir à maîtriser son sujet. Ce 
							n’était pourtant pas la matière qui lui manquait. Il 
							part d’une histoire vécue : une nuit, des paysans 
							« moyens-aisés » avaient forcé la serrure du grenier 
							de la coopérative pour voler des grains, mais ils 
							avaient été stoppés par des paysans qui montaient la 
							garde et les avaient mis en fuite.  |  | 
							
							 
							Jours ensoleillés,  
							édition originale en deux volumes |  
					Hao Ran écrit le 
					brouillon d’une nouvelle, et, comme à son habitude, le fait 
					lire à ses camarades, qui restent de marbre. Il multiplie 
					les brouillons sans plus de succès. Le secrétaire de la 
					cellule du Parti lui dit que les ennemis, dans son récit, ne 
					sont pas assez agressifs et le peuple pas assez fort.  
				  
				Ce n’est qu’en 1962 
				qu’il trouve ce qui lui fait défaut, lorsque Mao, reprenant les 
				rênes du pouvoir après le désastre humanitaire provoqué par le 
				Grand Bond en avant, prononce sa fameuse phrase « N’oubliez 
				jamais la lutte des classes » à la 10ème session 
				plénière du Comité central du VIIIème Congrès. De 1957 à 1962, 
				Hao Ran avait écrit une centaine de nouvelles, publiées en une 
				douzaine de recueils, en pensant que ce dont il avait besoin, 
				c’était d’améliorer ses techniques d’écriture et son niveau 
				artistique. En 1962, il reprend la plume avec un outil 
				idéologique supplémentaire : les contradictions au sein du 
				peuple et la lutte des classes.   
						
							| 
							
							 
							Jours ensoleillés en 
							
							lianhuanhua |  | 
							L’histoire 
							se passe au moment de la moisson de l’été 1957, dans 
							un village proche de Pékin, Dongshanwu (东山坞), 
							qui venait d’être organisé en coopérative. Avant la 
							moisson, deux conceptions opposées s’affrontent pour 
							partager la récolte : les uns veulent partager le 
							blé proportionnellement à la quantité de terre 
							possédée, les autres en proportion de la quantité de 
							travail de chacun. De manière typique dans les 
							récits postérieurs à 1962, le promoteur de la 
							première conception est un ennemi de classe masqué 
							qui ne soutient les 
							masses 
							qu’en apparence, ne pensant qu’à  |  
					ses profits 
					personnels et voulant en réalité restaurer le capitalisme. 
					Il est soutenu en secret par l’ancien propriétaire foncier. 
					C’est à cette situation typique de la lutte des classes 
					qu’est confronté le jeune secrétaire de la cellule du Parti 
					du village, Xiao Changchun (萧长春), 
					également chef de la coopérative.  
				  
				« Jours ensoleillés » 
				est le dernier grand roman à être publié avant la Révolution 
				culturelle, et le premier à être réédité après (neuf rééditions 
				de 500 000 exemplaires en quatre ans). Il était tellement 
				populaire qu’on l’offrait dans les communes en signe d’amitié, 
				enveloppé dans du satin ou de la soie rouge. 
				  
				1966-1976 : la 
				Révolution culturelle 
				  
				Au début de la 
				Révolution culturelle, nous disent ses biographes, Hao Ran est 
				nommé vice-président du Comité préparatoire de la Révolution 
				culturelle de Pékin. Puis, lorsque celui-ci est dissous, il est 
				envoyé à la campagne pour y être « rééduqué ». En fait, il 
				semble n’avoir pas pris une part active aux événements et être 
				resté un peu à l’écart du mouvement. Quoi qu’il en soit, il 
				cesse d’écrire pendant cinq ans, et, quand il reprend la plume, 
				c’est sous l’influence de l’idéologie nouvelle, et c’est une 
				nouvelle étape dans son œuvre, marquée par un nouveau roman. 
				  
						
							| 
							En 1970, il 
							va travailler six mois dans la commune de 
							Zhoukoudian (周口店), 
							près de Pékin, et, à son retour dans la capitale, 
							commence à écrire le premier des quatre volumes de 
							ce second roman : « La grande voie radieuse » 
							(《金光大道》) ; 
							il est publié en mai 1972 et il s’en vend plus de 
							quatre millions d’exemplaires la première année.  Il 
							sera baptisé « roman modèle de la Révolution 
							culturelle ».   
							  
							Hao Ran y 
							reprend les grands thèmes de « Jours ensoleillés », 
							la collectivisation des années 1950 et les conflits 
							des années 1960, mais avec un accent particulier sur 
							le thème de la lutte des classes. Il y a toujours, 
							comme dans les nouvelles de l’époque, quelque ennemi 
							caché et fourbe, nostalgique du passé « féodal » et 
							complotant dans l’ombre pour faire échouer les 
							nobles tentatives des paysans attachés à la 
							Révolution, y compris en sabotant les récoltes.
							   
							En même 
							temps, il recourt de manière encore plus 
							systématique que pour ses récits précédents aux 
							conseils et avis de ses « camarades paysans ». 
							Ecrivain et lecteur doivent plus que jamais s’unir 
							pour mieux servir la révolution. Hao Ran fait 
							circuler ses brouillons dans les  |  | 
							
							 
							La grande voie radieuse, en 4 volumes |  
					communes rurales 
					et dans les usines aussi bien que parmi les écrivains de 
					l’Association. Il reçoit commentaires et critiques, discute 
					avec ses interlocuteurs. Son roman – a-t-il expliqué 
					- reflète la réflexion collective, et le désir de chacun de 
					rester fidèle à la vérité de leur histoire : celle du 
					triomphe de la Révolution, nécessitant un combat vigilant 
					pour la défendre et la protéger.  Les villages deviennent 
					ses « bases », de réflexion, d’écriture et de partage.  
				  
						
							| 
							
							.jpg) 
							La grande voie radieuse en 
							
							lianhuanhua |  | 
							L’œuvre 
							littéraire prend ainsi une autre dimension, en 
							dépassant la subjectivité de l’auteur, son 
							imaginaire personnel. L’écrivain se fait penseur et 
							politologue, mais au service de la classe 
							révolutionnaire. Il est frappant de voir ainsi 
							l’œuvre de Hao Ran évoluer avec l’idéologie du 
							moment, avec des étapes décisives correspondant à 
							des tournants politiques : après 1952 et la 
							découverte du discours de Yan’an, 1956 et les Cent 
							Fleurs, 1962 et l’appel à ne pas oublier la lutte 
							des classes, 1970 est l’année du mouvement Yida 
							sanfan (一打三反), 
							soit « une chose à abattre,  |  
					trois à 
					combattre » - une des campagnes peu connues de la période, 
					menée une fois encore contre l’anarchie généralisée dans la 
					production, surtout industrielle, les trois choses à 
					combattre étant la corruption, les détournements et le 
					gaspillage ; elle a mené à l’arrestation officielle de 
					quelque trois cent mille « renégats, agents spéciaux et 
					contre-révolutionnaires ». 
					    
				C’est cette atmosphère 
				délétère de chasse aux sorcières que reflète le livre, dans le 
				contexte rural, et c’est l’un des attraits de la narration pour 
				le lecteur, comme une sorte de suspense. Mais l’autre attrait 
				vient du style, de la langue utilisée, en particulier dans les 
				dialogues : la langue reste du putonghua, mais réussit à 
				capturer des accents de dialectes des plaines du nord, malgré la 
				langue de bois marxiste par ailleurs.    
						
							| 
							En même 
							temps, Hao Ran écrit aussi des nouvelles, ainsi que 
							des histoires pour enfants. En 1974, il publie « Les 
							enfants de Xisha » (《西沙儿女》), 
							autre sommet de son art narratif, cette fois dans la 
							veine nationaliste : le récit reflète l’exaltation 
							patriotique née de l’invasion des îles de Xisha (ou 
							archipel des Paracels) le 15 janvier 1974 par les 
							troupes de Saïgon – invasion aussitôt repoussée par 
							les soldats chinois.  
							  
							Le récit 
							est en deux parties, deux 
							
							
							
							
							nouvelles moyennes :
							Zhengqi (“正气篇”) 
							et Qizhi (“奇志篇”). 
							La première des deux parties est publiée en juin 
							1974, mais le manuscrit a été achevé à la fin du 
							mois de mars, ce qui traduit bien la fièvre dans 
							laquelle il a été écrit, que l’on sent dans le 
							style, vif et rapide. Hao Ran a pourtant pris le 
							temps d’étudier les lieux et les événements, et ses 
							descriptions de la végétation tropicale, par 
							exemple, montrent bien le travail qu’il a fait pour 
							se documenter.  |  | 
							
							 
							Les enfants de Xisha |    
				C’est l’histoire d’une 
				guérilla, et, comme dans ses deux grands romans précédents, le 
				récit est construit autour d’une figure de héros, le jeune Cheng 
				Liang, en butte à la rapacité et à la cruauté des 
				patrons-pêcheurs. La lutte des classes est encore le thème 
				principal, sur fond de patriotisme et de résistance aux 
				réactionnaires du Guomingdang aussi bien qu’à l’envahisseur, 
				anglais, japonais ou vietnamien. Car tous ces patriotes sont 
				unis en pensée, sous la constellation de la Grande Ourse, par 
				leur proximité de… Yan’an, là où se trouve « le timonier du 
				peuple chinois, le sauveur des pauvres ».  
				  
				Hao Ran est au sommet 
				de sa carrière. Le 1er octobre 1974, à Pékin, 
				témoigne Michelle Loi,
				 
				« j’ai vu les 
				derniers romans de Hao Ran s’envoler dans toutes les mains, sur 
				les comptoirs de vente installés dans les parcs pour offrir les 
				nouveautés, pris d’assaut. Dans les salles de cinéma, la foule 
				des petits et des grands admirait les héros de « Jours 
				ensoleillés ». Dans la grande salle de réception de l’Assemblée 
				nationale, une place, cependant, restera vide … : celle de Hao 
				Ran, écrivain et député du peuple chinois. Il est resté, me 
				dit-on, passer les fêtes dans une de ses « bases », avec les 
				paysans ses camarades. » 
				  
				En 1976, il est le seul 
				représentant des cercles littéraires parmi les deux cents 
				membres du Comité funéraire admis à veiller la dépouille du 
				président Mao.  
				  
				Après la Révolution 
				culturelle 
				  
				Au lendemain de la 
				chute de la Bande des Quatre, cependant, il traverse une période 
				difficile. En 1978, accusé d’avoir été un suppôt de la Bande des 
				Quatre, il est disqualifié comme représentant du peuple à la 
				séance d’ouverture du Vème Congrès.  
				   
						
							| 
							
							.jpg) 
							Le monde ordinaire |  | 
							Mais cela 
							ne dure pas. Dès 1979, il participe à la 4ème 
							Conférence nationale des écrivains et, dans les 
							années suivantes, voyage dans toute la Chine pour 
							des rencontres avec paysans et représentants du 
							gouvernement.    
							Pendant 
							l’hiver 1986, il s’installe avec sa femme dans la 
							ville-district de Sanhe, dans le Hebei (河北省三河市). 
							Nommé vice-gouverneur puis, à l’automne 1987, 
							gouverneur du bourg de Duanjialing (段甲岭镇), il y gagne une nouvelle expérience de la vie à la campagne et 
							continue à écrire. En 1987, il publie un roman, « Le 
							monde ordinaire » (《苍生》), 
							qui reflète les grands changements intervenus dans 
							l’agriculture et la société rurale chinoises dans 
							les années 1980. En février 1990, le roman est 
							couronné du prix littéraire décerné par la 
							municipalité de Pékin dans le cadre des célébrations 
							du 40ème anniversaire de la fondation de 
							la République populaire. |  
					  
				Cette même année 1990, 
				Hao Ran est nommé, à sa création, Président de la Fédération des 
				lettres et des arts de Sanhe. En 1991, il lance une revue 
				trimestrielle : « Littérature du Monde ordinaire » (《苍生文学》).
				   
						
							| 
							En 1999, le 
							roman « Jours ensoleillés » figure parmi les cent 
							meilleurs romans du siècle sélectionnés par la revue 
							hongkongaise « Asia Weekly », pour sa peinture 
							vivante et en profondeur de la vie rurale en Chine. 
							En 2000, gravement malade, Hao Ran dicte son « Autobiographie 
							orale » (《浩然口述自传》), 
							qui vient compléter sa trilogie autobiographique : 
							« Une terre heureuse » (《乐土》), « Les sources de la vie » (《活泉》) et « Un rêve devenu réalité » (《圆梦》).
   
							En juin 
							1993, il avait eu un premier accident vasculaire 
							cérébral. Le 11 novembre 2002, il en a un second, 
							très grave ; il est hospitalisé dans le coma et ne 
							s’en remettra pas. Il meurt le 20 février 2008, à 
							l’âge de 76 ans. Mais la légende survit. |  | 
							
							 
							Autobiographie orale |  
					   
 
				   
				Textes de référence 
				et publications 
				  
				Un blog (en chinois) 
				consacré à l’auteur et à son œuvre : 
				
				
				http://blog.sina.com.cn/s/articlelist_2795939023_0_1.html 
				  
				Publications par ordre 
				chronologique (nouvelles, recueils et romans) 
				
				
				
				http://blog.sina.com.cn/s/blog_4db0545b01019m1n.html 
				  
 
				  
				Traductions en 
				français 
				  
				- Toujours le 
				premier à la tâche, in Littérature chinoise 1974.1, pp. 
				38-58 
				- Les enfants de 
				Xisha, trad. Liang Paitchin, préface de Michelle Loi, Alfred 
				Eibel éditeur, coll. La Chine d’aujourd’hui, Lausanne 1976 
				- Ma plume au 
				service du prolétariat, Alfred Eibel éditeur, coll. La Chine 
				d’aujourd’hui, Lausanne 1976 
				- Nouvelles de la 
				campagne chinoise, recueil de douze nouvelles, trad. notes 
				et présentation de Claire Jullien, Claude Lafue et Chantal 
				Séguy, préface de Michelle Loi, éditions Mazarine 1980. 
				  
   
						
							| 
							
							Adaptations cinématographiques 
							  
							Deux films 
							réalisés par Lin Nong (林农) au 
							Studio de Changchun 
							长春电影制片厂 
							:  
							 
							- 
							Bright Sunny Skies 
							《艳阳天》1973 
							- The 
							Golden Road 
							《金光大道》coréalisé 
							avec 
							Sun Yu (孙羽), 1975 
							  
							Un film réalisé 
							par Shui Hua (水华) au Studio de Pékin 北京电影制片厂- Children of Xisha 《西沙儿女》1976
 
							  
   
							II. Les nouvelles de Hao Ran
 
							
							
							III. La figure du héros chez Hao Ran
 |  | 
							
							 
							Bright Sunny Skies, le film (1973) |  
					  
   
				A lire en complément 
				Brève histoire de la littérature 
				pendant la Révolution culturelle
 
       | 
                  
                  |