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Diao Dou 刁斗

Présentation

par Brigitte Duzan, 9 juillet 2020

 

Diao Dou est un écrivain chinois considéré comme l’un des meilleurs satiristes chinois aujourd’hui, un satiriste plein d’humour pour qui l’écriture est le plus important dans la vie.

 

De la poésie aux nouvelles

 

De son vrai nom Diao Tiejun (刁铁军) [1], il est né en 1960 à Shenyang, dans le Liaoning, la même année que Yu Hua (余华), mais il est aussi de la même génération que ces écrivains dits « arrivés sur le tard » (晚生代), comme Han Dong (韩东) ou Zhu Wen (朱文), avec lesquels il partage un même sens de l’humour et de l’absurde… et aujourd’hui le même crâne rasé.

 

Diao Dou

(photo Leeds Centre for New Chinese Writing)

 

Fils d’un professeur de philosophie, Diao Dou a fait des études de journalisme à l’Université de radiodiffusion de Pékin (北京广播学院) [2] et une fois diplômé, en 1983, a travaillé d’abord comme journaliste. Il est entré à l’Association des écrivains en 1995.

 

Pendant longtemps, il a été connu pour une chanson qu’il a écrite alors qu’il était étudiant et qui est devenue un hit sur les campus chinois dans les années 1980 : « Traces de pas » (《脚印》). C’était une période où tout le monde écrivait de la poésie. Diao Dou le premier. Il avait alors les cheveux longs.

  

Traces de pas [3]

 

Il s’est en effet d’abord fait connaître grâce à un recueil de poèmes, « Chroniques de l’amour » (《爱情纪事》), puis, en 1996, a publié un premier recueil de nouvelles et, deux ans plus tard, un premier roman. Il a continué à un rythme soutenu avec un pic de publications en 2002 : deux romans et deux recueils de nouvelles. Fin 2003, il a été l’un des dix lauréats du prix littéraire Zhuang Zhongwen (庄重文文学奖). Depuis 2014, il se consacre surtout à l’écriture de nouvelles, dont il a publié un nombre impressionnant de recueils.

 

Humour et absurde

 

Il s’est dit influencé par Robbe-Grillet et Italo Calvino, mais on pense aussi à Kafka en lisant sa propre « Métamorphose » (变形记). Il cultive dans ses écrits une vision de l’absurde empreinte d’humour particulièrement sensible dans ses nouvelles. Ses histoires sont étranges et drôles ; le quotidien est un peu inquiétant (plein de blattes et autres cafards), et les nuits, surtout dans la chaleur de l’été, sont propices aux vols et aux incidents. Dans l’une de ses nouvelles, pour lutter contre cette délinquance urbaine, les mesures prises obligent les citoyens, après cinq heures du soir, à ne plus se mettre debout, mais à rester accroupis – ce qui évoque aussitôt l’image d’un univers à l’arrêt, un univers figé comme celui de la Belle au bois dormant, figé par ordre des autorités, comme mesure préventive.

 

C’est drôle, mais l’humour grince un peu, et d’autant plus que c’est la réalité que Diao Dou se dit dépeindre. En général, ses histoires commencent comme une sorte de farce, mais dégénèrent en récits où affleure l’étrange et suinte l’angoisse car, dit-il, aussi terne que soit une existence, elle ne manque jamais de faits étranges, et si on ne les voit pas toujours, on ne peut que blâmer l’érosion de notre pouvoir d’observation. Le fantastique, dit-il encore, est comme une rencontre romantique, on la trouve si on veut bien la chercher. Pu Songling n’est jamais loin en Chine aujourd’hui.

 

L’exemple-type de l’imagination créatrice de Diao Dou fondée sur la réalité est la ville de Zhangji qui apparaît dans sa nouvelle « En allant à Zhangji » (去张集). Un univers où la maîtresse du narrateur est une sorcière, comme on est couturière, institutrice ou journaliste, et comme un double fictionnel de la Tante Julia (et le Scribouillard) de Vargas LLosa. C’est un univers plein de chemins de traverse qui se coupent et se recoupent en ramenant au centre de l’histoire : le Dictionnaire de la fiction mondiale, emblème ironique de la création littéraire.

 

Activité éditoriale

 

 

Les règles du jeu

 

En fait, c’est un appel au secours

 

La vie et l’imagination d’un romancier

Diao Dou est également rédacteur de la revue « Critique des écrivains contemporains » (《当代作家评论》) ainsi que de la revue de l’Association des écrivains du Liaoning « Le fleuve Yalu » (《鸭绿江》杂志).

 


 

Principales publications

 

Romans

1998 Dossier personnel 《私人档案》

1999 Témoignage 《证词》

2002 Les règles du jeu 《游戏法》

2003 Désir 《欲罢》

2008 Mon frère Diao Bei, une vie 《我哥刁北年表》

2011 Proche 《亲和》

 

Recueils de nouvelles

1996 Ascension solitaire《独自上升》

1996 Un coup de dés 《骰子一掷》

1997 Une soirée de larmes 《痛哭一晚》

2001 A faire frissonner 《为之颤抖》

2002 L’amour, ça sort d’où ? 《爱情是怎样制造出来的》

2006 En fait, c’est un appel au secours 《实际上是呼救》

2010 Test de sadomasochisme《虐恋考》 (en deux tomes)

2014 Lettres d’amour 《情书考》 

2015 Origine 出处

 

Essais

Les livres et moi 《我与书》

2012 La vie et l’imagination d’un romancier   《一个小说家的生活与想象》

 


 

Traductions en anglais

(short stories)

 

- Squatting 《蹲着》, tr. Brendan O’Kane, in Shi Cheng: Urban Stories from Urban China, Comma Press, April 2012, pp. 139-167.

- Points of Origin, recueil de dix nouvelles dont la précédente, tr. Brendan O’Kane, Comma Press, Nov. 2015 :

Cockroaches 《蟑螂》/ Vivisection 活体解剖/ Metamorphosis 变形记/ Old-Fashioned Romance 古典爱情/ Imagining the Possibilities 想像的可能/ The Last Shot 最后一枪/ Going to Zhangji 去张集/ Points of Origins 出处.

 


 

Traductions en français

 

Quatre recueils chez Bleu de Chine 

- Solutions 《解决》, 2003, 126 p.

- Nid de coucou, 2004, 128 p.

Trois nouvelles typiques : un père dépossédé de son enfant, contraint au meurtre, une femme enceinte réputée stérile et un homme face à un autre lui-même qui prend tranquillement à sa place.

- La Faute, trad. Véronique Jacquet-Woillez, 2004, 131 p.

- Rêves, trad. Prune Cornet, 2006, 131 p.

 

Dans la revue Jentayu 

- Les Blattes 《蟑螂》, nouvelle trad. par Catherine Charmant et Deng Xinnan, Jentayu, numéro spécial covid19, juillet 2020, pp. 33-45.

 


 

[1] Tiejun : l’armée de fer – un nom caractéristique de la période du Grand Bond en avant.

Mais son nom de plume ne quitte pas le vocabulaire militaire car autrefois, un diaodou était une sorte de poêle en fonte, munie de trois pieds, utilisé par les soldats le jour pour faire cuire le riz, mais que l’on frappait la nuit, comme des percussions, pour sonner les patrouilles.

[2] Devenu aujourd’hui Université des communications de Chine (中国传媒大学)

 

Diaodou, sens ancien

 

 

 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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