| 
                  
                  | 
				Can Xue 残雪
				 
				Présentation 
				par Brigitte Duzan, 7 septembre 
				2013, actualisé 8 avril 2021 
				          
				     
				       
					
						| 
						Née dans les 
						premières années de la République populaire, Can Xue (残雪) 
						a souffert dès son enfance des absurdités de la 
						politique maoïste. C’est l’univers intérieur que cette 
						expérience a créé que reflètent ses premiers récits, 
						publiés à partir de 1985, qui ont surpris par un ton et 
						un style totalement novateurs dans la littérature 
						chinoise de l’époque, et qui le restent encore 
						aujourd’hui. 
						  
						Can Xue s’est 
						mise – entre autres - à l’école de Kafka et de Borges, 
						plus récemment d’Italo Calvino, pour produire une œuvre 
						originale et personnelle, reflet de son univers mental, 
						un univers intime entre cauchemar et rêve éveillé, 
						peuplé d’êtres fantomatiques et traversé de visions 
						oniriques.  
						  |  | 
						 
						Can Xue |  
						Brodant sans 
						discontinuer sur des thèmes similaires, elle a cependant 
				beaucoup évolué. Longtemps incomprise et se moquant de l’être, 
				elle a délaissé sa tour d’ivoire et prend aujourd’hui un 
				soin particulier à expliquer ses récits qui doivent aussi se 
				lire à la lumière des analyses des œuvres de ses auteurs favoris 
				qu’elle a publiées depuis une douzaine d’années. 
				  
				Une jeunesse 
				sous Mao 
				  
				De son vrai nom 
				Deng Xiaohua 
				(邓小华), 
				Can Xue (残雪) 
				est née en mai 
				1953 à Changsha, dans le Hunan (湖南长沙). 
				Son nom de plume est un jeu de mots révélateur sur l’adjectif 
				cán 残 
				qui signifie défectueux, et donc laissé de côté, restant ;
				
				cánxuě 残雪, 
				c’est la neige qui reste, celle qui ne fond pas, mais à la fois 
				la neige sale, piétinée par les passants, qui reste sur le 
				bas-côté de la route, et celle, pure et brillante, qui forme les 
				neiges éternelles sur les plus hauts sommets des montagnes.
				 
				  
				Can Xue se définit 
				ainsi dès l’abord comme un être dont les pieds foulent la fange, 
				mais dont les yeux sont résolument tournés vers le ciel, en 
				quête d’absolu et de pureté, dans un mouvement instinctif qui 
				n’a rien de religieux. Il s’agissait peut-être au départ tout 
				simplement d’un réflexe de survie. 
				  
				Les traumatismes de 
				l’enfance 
				  
					
						| 
						 
						Can Xue enfant |  | 
						En effet, elle 
						n’a encore que quatre ans quand, en 1957, se déchaîne le 
						mouvement anti-droitiers qui détruit l’univers familial. 
						Ses parents travaillaient tous deux au journal du 
						Nouveau Hunan (新湖南报社), 
						à Changsha, dont son père – né en 1916 et entré au Parti 
						en 1938 - était directeur de la publication. Ils sont 
						déclarés droitiers et condamnés à la rééducation par le 
						travail. En 1958, la mère est envoyée travailler dans la 
						région du mont Heng (衡山), 
						non loin de Changsha, mais coupée de sa famille, tandis
						
						
						que le père est muté à l’Ecole normale de Changsha, dans 
						les faubourgs de la ville : il y est balayeur, puis 
						gribouilleur dans la bibliothèque. 
						
						  
						
						Toute la famille déménage alors dans un deux-pièces-cuisine 
						dans une grande maison partagée entre cinq familles, au 
						pied du mont Yuelu (岳麓山), 
						sur la rive ouest de la rivière Xiang (湘江). 
						Ils sont neuf, avec le père et la grand-mère, car Can 
						Xue a deux sœurs aînées, deux  |  
				
				
				frères aînés, et deux cadets, nés en 1954 et 1955. Quand 
				survient la Grande Famine, à partir de 1959, la famille peine à 
				survivre. La grand-mère emmène les enfants ramasser des racines, 
				des champignons, des feuilles de chanvre sauvage supposées 
				calmer la faim en les mâchant, mais Can Xue et ses deux frères 
				cadets attrapent la tuberculose, et la grand-mère meurt de faim 
				en 1960. 
				
				  
					
						| 
						
						C’est l’année où Can Xue entre à l’école primaire. 
						Heureusement, sa mère revient deux ans plus tard, en 
						1962 ; dans le climat de légère ouverture de la période, 
						elle reprend son travail au journal et la famille 
						déménage dans un logement de l’entreprise ; en 1963, Can 
						Xue est admise à l’école élémentaire des enfants des 
						employés du journal.  
						
						  
						
						Elle n’ira pas plus loin que le primaire dans ses études, car, 
						quand elle s’apprête à entrer dans le secondaire, en 
						1966, c’est le début de la Révolution culturelle, les 
						collèges sont fermés et les élèves envoyés travailler à 
						la campagne.    
						
						Sa vie tourne au cauchemar : l’un de ses petits frères se 
						noie, son père est envoyé en prison par le Comité 
						révolutionnaire de l’Ecole normale, et sa mère 
						transférée dans une Ecole de cadres du 7 mai, pour être 
						à nouveau  |  | 
						 
						Can Xue jeune |  
				
				
				rééduquée. Le reste de la famille est dispersé. Can Xue 
				elle-même est renvoyée au dortoir de l’Ecole normale avec 
				permission de rendre visite à son père de temps en temps. Mais 
				il est souvent paradé dans les rues par les Gardes rouges, et 
				soumis à toutes sortes d’humiliations.  
				
				  
				
				Le 
				travail au quotidien 
				
				  
				
				En 1970, grâce l’une de ses sœurs aînées, Can Xue est admise 
				dans un poste médical de la banlieue de Changsha et devient 
				médecin aux pieds nus ; elle apprend l’acupuncture, les soins de 
				base, et va ramasser des herbes dans la montagne. L’année 
				suivante, elle est transférée dans une usine métallurgique et 
				passe les sept années suivantes à travailler comme ouvrière de 
				base à divers postes : fraisage, assemblage, tournage. 
				
				  
					
						| 
						
						 
						Can Xue avec son frère cadet en 2004 |  | 
						
						En 1977, elle rencontre son futur époux, Lu Yong (鲁庸) : 
						il revient alors à Changsha avec le frère aîné de Can 
						Xue, Deng Xiaomang (邓晓芒), 
						dont il était un ancien camarade de classe et avec 
						lequel il était parti comme « jeune instruit » à la 
						campagne où il était devenu menuisier. Le mariage a lieu 
						l’année suivante.  
						
						  
						
						Can Xue devient adjointe d’enseignement dans une école 
						élémentaire. Ses parents sont réhabilités en 1979. Une 
						page est tournée. |  
				
				  
				
				La 
				littérature enfin 
				
				  
				
				La période de vaches maigres n’est pas terminée pour autant, 
				mais la situation s’améliore radicalement. En 1981, son père est 
				nommé secrétaire général adjoint du Comité de la Conférence 
				politique consultative populaire du Hunan, et Can Xue va vivre 
				avec lui, dans les locaux du Parti, avec son mari et son fils de 
				deux ans. En même temps, elle apprend à coudre avec son mari et, 
				en 1982, ils ouvrent une petite boutique de tailleur. Le 
				quotidien est assuré.    
					
						| 
						
						Pendant ce temps, Can Xue se remet aussi aux études 
						littéraires qu’elle n’a jamais pu mener à bien ; elle a 
						dû se borner à lire ce qui lui tombait sous la main, en 
						particulier à la bibliothèque de son usine. Elle repart 
						de la littérature chinoise, 
						
						
						Lu Xun (魯迅) 
						et 
						
						
						Xiao Hong (萧红)
						en particulier, pour se tourner 
						très vite vers la littérature occidentale dont de 
						nombreux textes sont alors traduits, dans une atmosphère 
						d’effervescence intellectuelle et culturelle. 
						 
						
						  
						
						Et, en 1983, elle prend la plume et commence à écrire sa 
						première nouvelle : « La rue de la Boue jaune » 
						(《黄泥街》), 
						reflet d’un univers onirique et fantasmatique, émanation 
						de son moi le plus profond .
						 
						
						  
						Un 
						univers onirique et fantasmatique 
						  
						Can Xue se 
						présente d’emblée comme un ovni dans le 
						
						
						paysage littéraire chinois du début des 
				années 1980,
						 |  | 
						 
						Rue de la Boue jaune, 1ère édition 1996 |  
				car elle se place 
				résolument dans une optique très personnelle, choisissant de 
				dépeindre son univers propre, dans un style influencé par 
				certains oeuvres occidentales où elle trouve un écho. 
				  
				Les sources 
				personnelles 
				
				  
				
				Quand elle commence à écrire, elle est conditionnée par son 
				passé récent et les histoires qu’elles couchent sur le papier 
				sont celles venues de son inconscient. Cette rue de la Boue 
				jaune est une rue misérable en bordure de la ville, proche sans 
				doute de celle de la banlieue de Changsha où elle a vécu pendant 
				des années, avec même une usine d’assemblage de machines comme 
				celle, sans doute, où elle a travaillé.  
				
				  
					
						| 
						
						Il règne un climat paranoïaque, dans cette rue où chacun épie 
						son voisin dans l’obsession d’un complot et où se 
						multiplient les morts et disparitions mystérieuses. 
						Décrivant un monde en décomposition, le récit de Can Xue 
						se déroule entre une certaine réalité et la vision 
						hallucinée de cette réalité, sans que l’on sache où se 
						trouve la frontière entre les deux ; il n’y en a pas 
						vraiment. On devine les angoisses de l’enfant, puis de 
						l’adolescente prise dans les méandres d’une histoire 
						absurde qui soudain envoie ses parents en prison, en 
						rééducation, sans logique évidente. L’avenir est 
						incertain, et d’autant plus sombre que le monde autour 
						d’elle est sans raison. 
						
						  
						
						A cela s’ajoute l’influence de la grand-mère qui l’a élevée un 
						temps, pendant la Grande Famine, en l’absence de sa 
						mère. C’était sa grand-mère maternelle (外祖母),
						un 
						personnage étrange, dont elle a décrit les lubies, les 
						coutumes tirées du vieux fond de taoïsme populaire
						
				
				du  |  | 
						 
						Dialogues au Paradis (1988) |  
				
				petit peuple chinois, 
				superstitieux et croyant aux esprits de toutes sortes. Alors 
				l’enfant est prise de peur, le soir, en entendant le bruit du 
				vent, et voit pulluler dans ses rêves  insectes, 
				rats et chauve-souris que l’écrivain ensuite jette sur sa page 
				blanche.    
				Les influences 
				littéraires 
				
				  
				
				Si Can Xue a tout de suite trouvé un style original, c’est 
				grâce à ses lectures, et à la découverte de Kafka et Borges. 
				Elle dira qu’elle a pratiqué une sorte de transplantation, comme 
				pour une plante : elle a pris un style et l’a transplanté en 
				terre chinoise avec ses racines.   
				
				  
				
				Ce n’est pas une imitation, ni vraiment une influence. Ce que 
				Kafka et Borges lui apportent, c’est plutôt un univers parallèle 
				qui ressemble au sien, un univers spirituel avec lequel elle se 
				sent en symbiose.  
				
				  
				
				Une 
				écriture instinctive 
				
				  
					
						| 
						
						Mais tout reste extrêmement instinctif dans ses nouvelles des 
						débuts, et ce sont les plus célèbres, celles qui 
						continuent à être considérées comme ses œuvres 
						représentatives : outre « La rue de la Boue jaune » 
						publiée en 1987, « Dialogues 
						en Paradis » (《天堂里的对话》) 
						publiée en 1988, 
						
						« Old Floating Cloud » 
						(《苍老的浮云》) 
						publiée d’abord au Japon en 1989, et 
						« Five 
						Spice Street » (《五香街》), 
						roman publié d’abord à Hong Kong en 1990 sous le titre 
						de « Breakthrough 
						Performance » (《突围表演》), 
						puis en Chine continentale en 2002.
						   
						Si 
						
						
						« La rue de la Boue jaune » est l’œuvre où se révèlent 
						son univers et ses thèmes récurrents, 
						« Five Spice 
						Street » représente l’apogée de cette période, une sorte 
						d’achèvement dans l’absurde, mais un absurde bien 
						personnel qui tient de l’évanescence de la réalité. Le 
						personnage principal est une femme arrivée un jour dans 
						la rue aux cinq épices, où elle tient une petite 
						boutique avec son époux.    
						On ne sait 
						rien d’elle, même pas son nom ni son âge véritable, ce 
						qui attise d’autant plus la curiosité et les fantasmes 
						des habitants de la rue. Elle est méprisée et désirée, 
						adulée et vouée aux gémonies. Le roman entier est un jeu 
						sur les apparences et les rumeurs, et, pour brouiller 
						encore plus les pistes, Can Xue prétend que c’est son 
						autobiographie.   
						En quelques 
						années, elle a défini son univers et son style, mais, 
						quand on lui demande comment elle écrit, et ce que ses 
						histoires peuvent bien vouloir dire, elle répond qu’elle 
						ne sait pas, qu’elle écrit pour exister, parce qu’elle 
						n’existe que lorsque ses histoires sont là, sur le 
						papier, et qu’elles lui ouvrent la possibilité d’une 
						nouvelle existence. 
						  
						Can Xue 
						l’insaisissable   |  | 
						 
						Old Floating Cloud (2001) 
						  
						 
						Five Spice Street (2002) |  
				C’est alors – en 1992 
				- que sa traductrice française 
				
				Françoise Naour, qui 
				venait de traduire « Dialogues en Paradis », a fait tout le 
				chemin jusqu’à Changsha pour la rencontrer, arrivant avec trois 
				heures de retard, en fin de journée, dans un aéroport où 
				personne ne l’attendait : Can Xue inaccessible, dans une ruelle 
				introuvable, dans un quartier où personne ne la connaissait… et 
				finalement localisée grâce au Comité d’Education du quartier.  
				  
				La traductrice un peu 
				perdue se retrouve face à une jeune Chinoise très maigre, qui 
				habite un rez-de-chaussée sombre éclairé aux néons, comme 
				partout à l’époque. Ce qu’elle constate, c’est que l’univers en 
				décomposition des nouvelles de Can Xue est là, devant ses yeux, 
				rien n’est inventé : la pièce est dans une obscurité permanente 
				depuis qu’on a construit un immeuble qui lui cache le soleil ; 
				dans la touffeur de l’été, le plancher moisit, et grouille de 
				petits vers ; il y a les bruits du voisinage, mais surtout les 
				odeurs terribles des latrines publiques apportées par le vent… 
				C’est la rue de la Boue jaune, dans la chaleur infernale de 
				l’été de Changsha. 
				  
				Alors Can Xue se 
				dévoile, dit que les gens la méprisent et la jalousent parce 
				qu’elle touche son salaire d’écrivain professionnel, comme un 
				fonctionnaire, alors que son plus grand désir, c’est « qu’on la 
				laisse tranquille, qu’on l’ignore ». Elle emmène sa traductrice 
				au marché, lui montre les serpents, ses animaux favoris, comme 
				les chauves-souris, les lézards et les rats. C’est encore 
				l’univers de ses nouvelles, impossible de dissocier le réel de 
				la fiction.  
				  
				Elle fait encore un 
				détour par la maison du Mont Yuelu qui est toujours là, adossée 
				à la montagne, toujours partagée entre cinq familles, et 
				toujours aussi misérable. Même si la bâtisse est maintenant 
				perdue au milieu d’immeubles, elle reflète toujours la solitude 
				qui fut celle de l’enfance de Can Xue, et qu’elle cultive 
				désormais, en fuyant les autres et leurs regards. 
				  
				On comprend que, 
				confrontée à une réalité aussi pesante, elle ait eu besoin de 
				s’évader, de se libérer de tout cela : elle dit écrire pour 
				elle, pas pour être lue – sauf peut-être à l’étranger. Elle dit 
				aussi vouloir trouver son propre style, sans être influencée : 
				elle déclare ne plus lire, alors qu’elle a beaucoup lu quand 
				elle a commencé à écrire, dix ans auparavant, en 1983.   
					
						| 
						Peu à peu, 
						cependant, elle s’est ensuite remise à la lecture. A 
						partir de 1999, elle publie même des livres sur les 
						œuvres de ses auteurs favoris pour en donner son 
						interprétation, qui est autant un éclairage sur ses 
						propres écrits. A partir de là, Can Xue relève la tête, 
						prend de l’assurance, elle n’est plus du tout celle qui 
						ne se souciait pas de savoir si on la lisait et comment. 
						Elle explique aussi comment on doit lire ce qu’elle 
						écrit… 
						  
						Le 
						tournant du millénaire 
						  
						En 1999, elle 
						publie un ouvrage sur Kafka qui reste son auteur de 
						référence : « Le 
						château de l’âme 
						–  
						Comprendre Kafka » (《灵魂的城堡一理解卡夫卡》). 
						Dès lors, tout au long des années 2000, elle multiplie 
						les publications : plusieurs livres d’elle paraissent 
						chaque année, alliant essais littéraires et œuvres de 
						fiction, les uns venant éclairer les autres. Mais ce 
						travail de recherche  |  | 
						
						 
						Le château de l’âme (1999, rééd. 2008) |  
				et d’analyse 
				littéraire se reflète aussi dans l’évolution de son écriture.
				 
				  
				Rencontre de Calvino 
				  
					
						| 
						 
						La revanche de l’art (2003)  |  | 
						Ses deux 
						auteurs fétiches restent Kafka et Borges. 
						Aussitôt après le livre sur Kafka, elle en a écrit un 
						sur Borges, paru en 2000 : « Décryptage de la lecture de 
						Borges » (《解读博尔赫斯》). 
						On passe subtilement du 
						理解
						
						lǐjiě 
						du premier 
						titre – analyser pour comprendre en profondeur – au
						解读
						
						jiědú
						du 
						second – déchiffrer un texte et l’interpréter. 
						 
						  
						Ce sont ensuite 
						Shakespeare, Goethe et Dante qu’elle « décrypte », en 
						2003 et 2004. Elle cherche délibérément à se replacer 
						dans le contexte de la grande littérature classique et 
						explore aussi le fonds commun d’imaginaire des anciens 
						mythes et légendes, en partant des mythes de la Grèce 
						ancienne et des épopées d’Homère, tout cela, de son 
						propre aveu, pour dépasser la seule culture chinoise.
						 |  
				Elle publie d’ailleurs 
				un ouvrage sur le sujet, en 2006 : « Les trésors des contes et 
				légendes » (《传说中的宝藏》). 
				  
					
						| 
						Mais l’auteur 
						qui est pour elle une révélation et marque un tournant 
						dans son œuvre : c’est Italo Calvino, auquel elle 
						commence à s’intéresser dès 2002 et sur lequel elle 
						publie un premier ouvrage en 2005. Qualifié de « doux 
						tisseur » (温柔的编织工), 
						comme on dit doux rêveur, Italo Calvino lui apporte la 
						révélation d’un univers proche du sien, mais, en même 
						temps, elle découvre une œuvre beaucoup plus construite 
						et subtile, par la profondeur des lectures allégoriques 
						et symboliques qu’elle permet : une autre manière 
						d’écrire l’irrationnel. 
						  
						Elle ne cesse 
						de l’approfondir, publiant un autre ouvrage sur Calvino 
						en 2009 : « La brillante fission » (《辉煌的裂变》). 
						Ses propres écrits prennent alors une autre tournure. 
						Ce n’est plus l’écriture instinctive, inconsciente, dont 
						elle se targuait à ses débuts et qui risquait de 
						s’enliser dans une voie sans issue, en répétant à 
						l’infini les mêmes thèmes et fantasmes.  |  | 
						 
						Œuvres choisies (2004) |  
				  
					
						| 
						
						 
						Can Xue avec son traducteur japonais 
						Kondo Naoko,  
						en octobre 2004 à Beida |  | 
						Mais sa 
						réflexion se poursuit aussi avec son frère aîné, le 
						philosophe Deng Xiaomang (邓晓芒), 
						avec lequel elle a publié plusieurs ouvrages et dont on 
						sent une certaine influence en particulier dans 
						l’évolution de ses conceptions littéraires et 
						artistiques. 
						  
						Elle souligne 
						en particulier le rôle de la raison comme contrepoids à 
						l’irrationnel. Elle continue à se vouloir 
						« une 
						romancière qui écrit sous la dictée de l’inconscient » (靠发动潜意识来写作的小说家) 
						mais refuse l’idée que l’inconscient ne soit pas 
						contrôlé par la raison. Elle pense au 
						contraire que
						 |  
				l’inconscient est le 
				fruit d’une raison poussée à ses extrêmes, et que l’esprit de 
				raison au cœur de la philosophie occidentale est étroitement lié 
				à l’imaginaire en littérature. L’imagination ne peut naître, 
				selon elle, que de la raison (« 有理性才有幻想,没有理性也没有幻想。») : 
				c’est quand on parvient à en briser les limites que naît 
				l’imagination. 
				  
				  
				Un style en 
				évolution   
					
						| 
						Fruits de cette 
						réflexion et de ces recherches, ses nouvelles et romans 
						reprennent bien toujours les mêmes thèmes 
						fantasmatiques, mais leur style a évolué. Ce ne sont 
						plus des histoires ancrées dans le souvenir d’un passé 
						glauque et douloureux, mais des récits plus universels 
						qui traduisent plutôt l’absurdité du monde, et 
						l’impossibilité de le comprendre et d’y trouver sa 
						place. Ses personnages se meuvent dans des lieux 
						improbables, impossibles à localiser, souvent 
						souterrains ou au contraire suspendus dans les airs, 
						cherchant des issues qui n’existent pas ou changent à 
						l’infini, sans but évident et ni logique apparente.
						 
						  
						Le pire est que 
						l’irrationnel, justement, semble réglé par un ordre 
						rationnel que la raison s’épuise à chercher, ou encore 
						que l’irrationnel côtoie le rationnel sans que la 
						frontière entre les deux soit clairement définie. Le 
						monde du rêve peut alors devenir un monde salvateur – 
						comme dans la nouvelle de 2007 « Danse sous la lune » (《月光之舞》) 
						où un malheureux personnage s’épuise à creuser le sol 
						comme un ver de terre, et entouré de vers de terre, ne 
						remontant qu’occasionnellement à la surface pour aller 
						voir le lion qui l’obsède, et revenant creuser, 
						peut-être à la recherche de son grand-père, qui est 
						peut-être vivant… victime de ses obsessions, il ne 
						semble revenir à un semblant de réalité reposante que 
						lorsque, fourbu, il s’endort et rêve. 
						  
						Depuis une 
						dizaine d’années, au long de ses récits, Can Xue a 
						construit tout un bestiaire fantastique peuplé de ses 
						animaux favoris (serpents, chauves-souris, crocodiles, 
						vers de terre…) et tout un réseau d’allégories 
						récurrentes et de lieux incertains où errent ses 
						personnages, dont la quête est indéterminée, et donc 
						illusoire – comme dans la nouvelle « Le marécage »
						(《沼泽地》), 
						ou plutôt « L’endroit marécageux », endroit indéfini qui 
						pourrait être sous la ville, quelque part derrière une 
						porte, ou dans l’obscurité en haut d’un escalier, et 
						auquel cherche à accéder un homme qui se dit maçon mais 
						que l’on prend pour un marchand de cobras … cela tient 
						de la quête du Graal, mais un Graal plus qu’illusoire, 
						un Graal inexistant, le rêve d’un Graal. 
						  
						  
						
						Approfondissement des thèmes 
						  
						Son roman de 
						2008, « La Frontière » (《边疆》), 
						est caractéristique de la recherche stylistique que mène 
						aujourd’hui Can Xue, au-delà du pur irrationnel. C’est 
						un chef 
						d’œuvre surréaliste, mais qui plonge ses racines dans la 
						culture de l’ancien Etat de Chu (qui couvrait les 
						provinces actuelles du Hubei/Hunan). Pour l’écrire,
						 |  | 
						 
						Nuit noire (2006) 
						  
						
						 
						La frontière (2008) 
						  
						 
						Beauty (2009) |  
				Can Xue dit avoir été 
				influencée par les « chants de Chu » (楚辞) 
				aussi bien que par les cinéastes Bunuel et Antonioni (dans leur 
				jeu sur le rêve et l’absurde).  
				  
					
						| 
						 
						La jeune Lü Fangshi (2011) |  | 
						Le roman décrit 
						la vie mystérieuse d’une inconnue nommée Liu Jin (六瑾) 
						dans une étrange « petite ville de pierre » à la 
						frontière, ou une frontière. Des années 
						auparavant, ses parents étaient venus là à la recherche 
						de l’amour, mais pour finalement se rendre compte que 
						c’est un endroit où tout est irréel. Adulte, Liu Jin 
						décide de revenir sur les traces de ses parents. Elle y 
						rencontre toutes sortes d’êtres et animaux plus ou moins 
						fabuleux, et la ville de pierre devient alors pour elle 
						une sorte de « terre pure » (le « paradis de l’ouest » 
						des textes bouddhiques, mais hors connotation 
						religieuse). 
						  
						Can Xue en a 
						fait le pendant fictionnel de son livre de souvenirs 
						publié la même année, comme, dit-elle, deux volets yin 
						et yang du même thème (« 一部写实,一部虚构,俨然一对阴阳版 ») : 
						« Exercice d’héliotropisme -
						retour à l’univers spirituel 
						de mon enfance » (《趋光运动——回溯童年的精神图景》).
						 |  
				  
					
						| 
						Transition ? 
						  
						Ces dernières 
						années, elle a surtout publié des livres de critique 
						littéraire et des textes divers sur l’art et la 
						littérature qui témoignent de la poursuite de sa 
						réflexion et de ses recherches. Elle semble de plus en 
						plus opter pour des publications groupées, œuvre de 
						fiction/essai. Elle semble en outre opérer une 
						transition vers un style différent. 
						  
						Récemment, 
						faisant suite au roman de 2011 « La 
						jeune Lü Fangshi » 
						(《吕芳诗小姐》),
						son roman  
						« Histoires 
						d’amour du 21è siècle 
						
						» (《新世纪爱情故事》), 
						publié 
						en juin 2013, semble préfigurer une orientation 
						différente, plus axée vers une réflexion sur la société 
						moderne, en l’occurrence le besoin universel d’amour.
						 
						  
						Un auteur 
						avide de se faire comprendre |  | 
						 
						La boule de roses en cristal (2010) |  
				  
					
						| 
						
						 
						Sonder l’abîme du ciel (2011) |  | 
						Can Xue a 
						profondément évolué. Elle n’a plus rien de la jeune 
						femme sauvage et solitaire qu’a rencontrée Françoise 
						Naour en 1992, ni de l’écrivain instinctif qu’elle se 
						voulait être, en refusant de se préoccuper de ses 
						lecteurs. Le papillon est sorti de sa chrysalide. Vingt 
						ans plus tard, Can Xue est sortie de sa réserve et a 
						surmonté ses frayeurs maladives d’antan. En ce sens, 
						l’écriture a bien eu l’effet salutaire dont elle parlait 
						elle-même quand elle disait écrire pour changer sa vie. 
						  
						Elle s’affirme 
						aujourd’hui comme un écrivain sûr de son talent, et qui, 
						loin de mépriser ses lecteurs, prend un soin extrême à 
						expliquer son œuvre pour éviter les incompréhensions. 
						Elle a même un blog où l’on trouve nombre de ses 
						interviews. Dans l’un de ces entretiens, elle répond à 
						un journaliste qui lui demandait comment elle pouvait 
						justifier vouloir dicter aux lecteurs sa propre 
						interprétation de récits pourtant énigmatiques, et
						
				qu’il  |  
				conviendrait 
				donc peut-être mieux de laisser à l’interprétation de chacun. 
				  
					
						| 
						Elle répond, de 
						façon caractéristique, par une analyse de la différence 
						entre l’écrivain classique et l’écrivain contemporain, 
						et débouche sur une explication générale de sa réflexion 
						actuelle sur sa propre création :
						 
						  
						Dans la 
						littérature classique, la conscience du moi n’était pas 
						très développée. Le courant dominant du réalisme dans la 
						littérature moderne n’a guère été qu’une réaction à la 
						création conceptuelle… Et tout le style de notre époque 
						peut se résumer en gros à un mode de « description 
						objective », l’écrivain se posant en observateur 
						extérieur décrivant une histoire laissée au jugement du 
						lecteur, formé selon une approche formelle semblable à 
						la méthode kantienne qui appuie l’analyse sur de mots 
						clés… mots-clés fournis par les critiques…
						Mais les 
						temps ont changé, il y a personnalisation de l’œuvre 
						littéraire, l’écrivain et sa création ne font plus 
						qu’un. La création littéraire est caractérisée par un
						 |  | 
						 
						Histoires d’amour des  
						temps nouveaux (2013) |  
				haut degré de 
				conscience 
				individuelle qui est le 
				garant de la vérité humaine de l’œuvre ; la littérature tend à 
				rendre l’essence des choses. En raison même de cette conscience 
				exacerbée de l’ego dans la littérature moderne, un auteur ne 
				peut refuser d’écrire des critiques de ses propres œuvres, mais 
				aussi d’écrivains passés à la postérité, comme Kafka, Dante, 
				Borges, etc… Il n’y a plus tellement de différence entre 
				création littéraire et critique…. 
				  
				Can Xue s’inscrit 
				résolument comme une voix originale dans la littérature moderne. 
				  
				Une auteure de 
				nouvelles avant tout 
				  
				Sa première 
				publication, en 1988, celle qui l’a fait connaître, « Dialogues 
				en Paradis » (《天堂里的对话》), est un recueil de treize nouvelles courtes. Au total, entre 
				1988 et 2020, elle a écrit et publié 23 recueils de nouvelles, 
				contre neuf romans entre 1990 et 2019. Bien plus important, ce 
				sont ses nouvelles qui ont contribué à forger son style et son 
				univers si particulier. Les années 2000 sont une période 
				particulièrement prolifique, jusqu’en 2006. À part un recueil en 
				2009, il faut attendre 2014 pour retrouver des publications de 
				nouvelles, mais c’est alors une série de quatre recueils qui 
				sont publiés d’un coup dans l’année, suivis encore de trois de 
				2016 à 2020. 
				
				  
				
				C’est 
				un recueil de seize nouvelles traduites en anglais – 
				
				I Live in 
				the Slums (《贫民窟是我的家》) 
				- qui lui vaut une nomination pour l’International 
				Booker Prize annoncée en mars 2021. 
				
				  
				
				
				Parallèlement, il est intéressant de voir l’entrelacs de 
				publications de textes de fiction et d’essais sur les auteurs 
				qu’elle étudie, et qui l’influencent, à partir de 1999. 
				 
				  
 
				  
				Principales 
				publications en chinois 
				  
				1988年《天堂里的对话》,作家出版社  
				 
				 Dialogues 
				en Paradis, recueil de nouvelles 
				1989年《苍老的浮云》,日本河出书房新社     
				 
				           
				Old Floating Cloud, 
				publié au Japon 
				1990年《突围表演》,香港青文书屋    
				 
				 Breakthrough Performance, 
				titre initial de « Five Spice Street, publié à Hong Kong 
				 
				《种在走廊上的苹果树》,台湾远景出版社 
				1994年《思想汇报》,湖南文艺出版社      
				 
				  Rapport 
				idéologique (recueil de nouvelles) 
				1995年《辉煌的日子》,河北教育出版社    
				 
				  Jours 
				de gloire (recueil de nouvelles) 
				1996年 
				《黄泥街》,长江文艺出版社 
				       
				 
				  Rue 
				de la Boue jaune (1ère édition en Chine) 
				1998年《残雪文集》(四卷),湖南文艺出版社
				 
				  Anthologie 
				en 4 volumes, aux éditions du Hunan 
				1999年《灵魂的城堡一理解卡夫卡》(评论),上海文艺出版社 
				        
				   Le Château de l’âme 
				–Comprendre Kafka   
				2000年《解读博尔赫斯》(评论),人民文学出版社   
				 
				  
				Décryptage de la 
				lecture de Borges  
				《奇异的木板房》,云南人民出版社      
				 
				           
				Une étrange cabane de 
				bois (recueil de nouvelles) 
				《美丽南方之夏日》,云南人民出版社
				 
				  
				Jours d’été dans le 
				sud somptueux (mémoires) 
				《残雪散文》,浙江文艺出版社     
				 
				  
				Recueil d’essais, aux 
				éditions du Zhejiang 
				2001年《黄泥街》,长江文艺出版社 
				        
				 
				  Rue 
				de la Boue jaune 
				2002年《五香街》,海峡文艺出版社   
				 
				            
				Five Spice Street 
				(roman), réédité en 2011 aux éditions des Ecrivains 
				《松明老师》,海峡文艺出版社     
				 
				  Recueil 
				de nouvelles et une pièce de théâtre 
				2003年《地狱的独行者》(评论),北京三联书店  
				 
				           Promeneur 
				solitaire en enfer (essai sur Shakespeare et Goethe) 
				《艺术复仇》(评论),广西师大出版社
				 
				  
				La revanche de l’art 
				(essais littéraires) 
				《残雪访谈录》,湖南文艺出版社      
				 
				  
				Recueil d’interviews 
				2004年《残雪自选集》,海南出版社    
				 
				  
				Œuvres choisies 
				(nouvelles courtes et moyennes) 
				《永生的操练:解读但丁 
				》(评论),北京十月文化出版社 
				           
				Préparation à la vie 
				éternelle, décryptage de Dante      
				2005年《双重的生活》,台湾木马文化     
				 
				  
				Vie double, publié 
				à Taiwan 
				《温柔的编织工:残雪读卡尔维诺与波黑士》(评论),台湾边城出版社 
				           
				 Le doux tisseur, 
				lecture d’Italo Calvino par Can Xue, publié à Taiwan 
				《最后的情人》(长篇),花城出版社  
				  Le 
				dernier amant (roman) 
				2006年《传说中的宝藏》,春风文艺出版社      
				 
				 Trésors 
				de contes et légendes 
				《暗夜》,华文出版社         
				 
				 Nuit 
				noire (recueil de nouvelles)  
				《末世爱情》,上海文艺出版社     
				 
				 Amour 
				fin de siècle (recueil de nouvelles) 
				2007年《残雪文学观》,广西师范大学出版社 
				 
				  
				Les idées de Can Xue 
				sur la littérature 
				          《把生活变成艺术-我的人生笔记》
				,时代文艺出版社 
				         
				
				  La vie comme art – notes sur ma vie (recueil d’essais) 
				2008年
				《趋光运动——回溯童年的精神图景》,上海文艺出版社 
				
				            
				Exercice 
				d’héliotropisme – retour à l’univers spirituel de mon enfance 
				        
				 《边疆》,上海文艺出版社                   
				 
				  
				La Frontière (roman) 
				2009年《黑暗灵魂的舞蹈:残雪美文自选集》,文汇出版社 
				            La danse 
				d’une âme obscure : textes choisis sur l’art et la littérature 
				          《辉煌的裂变》
				,上海文艺出版社       
				 
				  
				La brillante fission (réflexions sur Italo Calvino) 
				         
				《美人》
				,河南文艺出版社                 
				 
				  
				Beauté (recueil de nouvelles)  
				2010年《玫瑰水晶球:残雪散文》,鹭江出版社     
				 
				  
				La boule 
				de roses de cristal (essais littéraires) 
				2011年《吕芳诗小姐》,上海文艺出版社     
				            La 
				jeune Lü Fangshi (roman) 
				          《于天上看见深渊》,上海文艺出版社 
				            Sonder l’abîme du ciel (dialogues avec 
				Deng Xiaomang 
				邓晓芒) 
				2013年《新世纪爱情故事》,作家出版社    
				 
				  Histoires 
				d’amour du 21e siècle (roman) 
				2014年 
				4 recueils de 
				nouvelles aux éditions du Hunan 
				
				湖南文艺出版社 
				 《侵蚀》 Corrosion  
				 《情侣手记》 
				Notes 
				d’amoureux  
				 《垂直的阅读》 Lecture 
				verticale  
				 《紫晶月季花》 Les 
				fleurs de la rose d’améthyste  
				2015年/2017年 
				《黑暗地母的礼物》,湖南文艺出版社 
				            
				Le Cadeau de la sombre 
				terre-mère (roman en deux volumes) 
				2016年 
				《神秘列车之旅》,漓江出版社 
				
				            
				Voyage dans un train 
				fantôme (recueil de cinq nouvelles zhongpian) 
				2019年 
				《一株柳树的自白》,中国工人出版社  
				 
				             Monologue 
				d’un saule pleureur (recueil de nouvelles) 
				           《赤脚医生》,湖南文艺出版社 
				   Médecin aux pieds nus (roman) 
				2020年 
				《茶园》(残雪全新小说自选集),山东文艺出版社 
				            
				La 
				Plantation de thé (sélection de 17 nouvelles choisies par 
				l’auteure) 
				  
   
				Traductions en 
				français 
				  
				
				- La 
				petite cabane dans la montagne, in : 
				Les 
				meilleures œuvres chinoises 1949-1989, 
				éditions Littérature chinoise, coll. Panda, Beijing 1989, pp. 
				364-368. 
				
				- 
				Dialogues en Paradis,
				traduit par 
				
				Françoise Naour. Gallimard, janvier 1992. 
				
				- La 
				Rue de la Boue Jaune, 
				traduit par Geneviève Imbot-Bichet. Bleu de Chine, avril 2001. 
				  
   
				Traductions en 
				anglais 
				  
				
				
				- Dialogues in Paradise 
				《天堂里的对话》, 
				Collection of thirteen short stories.  
				Translated by 
				Ronald R. Janssen and Jian Zhang. Northwestern University Press, 
				1989. 
				
				
				- Old Floating Cloud: Two Novellas  
				
				
				  (Yellow Mud Street 
				《黄泥街》/ 
				Old Floating Cloud 
				《苍老的浮云》).
				 
				Translated by 
				Ronald R. Janssen and Jian Zhang. Northwestern University Press, 
				1991. 
				
				
				- The Embroidered Shoes 
				《绣花鞋》.
				 
				Translated by 
				Ronald R. Janssen and Jian Zhang. Henry Holt, NY 1997. 
				
				
				- Blue Light in the Sky and Other Stories. 
				Translated by Karen 
				Gernant and Chen Zeping. 
				New Directions Books, 
				New York 2006.  
				Recueil de 14 nouvelles 
				datant de 1992-2006.  
				Extrait numérisé de la 
				première nouvelle (Blue Light in the Sky) et de la postface : 
				
				
				http://www.amazon.fr/Blue-Light-Sky-Other-Stories/dp/0811216489/ref=sr_1_10?s=english- 
				
				
				books&ie=UTF8&qid=1378362892&sr=1-10&keywords=can+xue#reader_0811216489 
				
				
				- Five Spice Street 
				《五香街》.
				 
				Translated by Karen 
				Gernant and Chen Zeping. Yale University Press, 2009. 
				
				
				- Vertical Motion. 
				Collection of short stories. 
				Translated by Karen 
				Gernant and Chen Zeping. Open Letter, 2011. 
				Excellente critique :
				
				http://quarterlyconversation.com/vertical-motion-by-can-xue 
				- The Last Lover
				《最后的情人》,
				 
				Translated by
				Annelise 
				Finegan Wasmoen, 
				Yale University 
				Press, 2014. 
				- Frontier 
				《边疆》,
				translated 
				by Karen Gernant and Chen Zeping, Open Letter, 2017. 
				- 
				Love in the New 
				Millenium 《新世纪爱情故事》,
				 
				translated by
				Annelise 
				Finegan Wasmoen, foreword by Eileen Myles, Yale University 
				Press, Nov. 2018, 
				  
 
				     
				
				 
				A lire en complément
				 
				     
				
				 
				
				
				Histoires d’amour du 21è siècle, notes de 
				lecture. 
				
				
				
				I 
				Live in the Slums, sélection International Booker Prize   
					
					
 
 
						 
						 
						
						
						
						
						C’est ce qu’elle déclare dans la postface au recueil 
						« The Blue Light in the Sky » (《天空里的蓝光》).
						 
						 
						
						
						
						
						Borges, et non García Márquez, car celui-ci, dit-elle, 
						décrit le monde extérieur, ce qui ne l’intéresse pas. 
						 
						
						
						
						
						La nouvelle a été publiée dans le numéro 13 d’avril 2013 
						du magazine Chutzpah/Tian Nan 天南, 
						pp 171-188. Elle se prêtait particulièrement bien à 
						l’illustration du thème du numéro : « A suivre » (没完成),
						
						évoquant une sorte de mouvement perpétuel à jamais 
						inachevé, et célébrant l’inachèvement et l’incertitude. 
						
						
						
						https://www.douban.com/group/topic/39221685/ 
						 
				  
				  | 
                  
                  |