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France-Chine : nouveaux regards 法国-中国 : 新眼光

Premières rencontres littéraires franco-chinoises 首届中法文学论坛

Par Brigitte Duzan, 30 novembre 2009

 

De gauche à droite : Tie Ning, Wang Hongjia, Muriel Detrie, François Jullien et Jean-Noël Pancrazi.
Source :
中国新闻网

 

Mercredi 25 et jeudi 26 novembre derniers, sept écrivains chinois et huit écrivains français se sont rencontrés pour une série de débats, ouverts au public, à la Société des Gens de Lettres et à l'Institut de France, à Paris, sous la présidence conjointe de la présidente de l’Association nationale des écrivains chinois, madame Tie Ning, et de Jean-Pierre Angrémy, de l’Académie française, qui était déjà le président des années croisées France-Chine, en 2004-2005.

  

Regards croisés sur la littérature contemporaine

  

C’est en effet, comme il l’a souligné dans son discours introductif, à la suite du succès de ces années croisées, année de la Chine en France et année de la France en Chine, qu’une volonté de poursuivre ce mouvement d’échange d’idées et de dialogue s’est manifestée des deux côtés et a donné naissance à ces premières rencontres littéraires, en français et en chinois, occasion de nouveaux regards croisés.

 

Ces rencontres étaient organisées par le service culturel de l'Ambassade de Chine en France, l'Association nationale des écrivains de Chine et Culturesfrance (1), en partenariat avec la Société des Gens de Lettres, l'Institut de France, le Centre national du livre et le service culturel de l'Ambassade de France en Chine.

 

Ce sont les « premières » car il est prévu un dialogue continu d'une année sur l'autre pour faire découvrir les réalités de la création littéraire des deux pays, avec en retour un prochain rendez-vous, dans le courant de l'année 2010, à Pékin.

 

Les questions abordées lors de ces premières rencontres littéraires ont porté sur une certain nombre de sujets qui touchent particulièrement les écrivains aujourd’hui : le problème de l’engagement en littérature, les figures de la femme dans la littérature contemporaine, les liens entre la littérature et le spirituel, les problèmes de traduction d'une langue à l'autre, les rapports de l’écriture et de la création littéraires avec internet, et les questions d’identités dans le contexte de la mondialisation. Chaque sujet était traité tour à tour par un écrivain chinois, puis par son homologue français, avant une ébauche de dialogue dans le temps imparti.

 

Volonté de compréhension mutuelle

 

On retiendra de ces deux journées de brillantes allocutions par les diverses personnalités présentes, qui avaient été sélectionnées en fonction de leurs affinités avec les sujets à débattre. En introduction, Tie Ning a bien exprimé l’esprit général qui présidait à ces rencontres, en soulignant le rôle primordial de la littérature comme pont entre deux cultures et élément fondamental de compréhension entre deux peuples, avec la responsabilité qui en découle pour l’écrivain.

 

François Jullien, pour sa part, avec le brio qui lui est propre, nous a livré une base de réflexion sur les conditions de ce dialogue entre les cultures : nécessité de reconnaître d’abord l’écart exprimé par le ‘dia’ – écart plutôt que différence menant trop aisément à l’in-différence - pour formuler ensuite un « plan commun d’intelligibilité » sur la base du ‘logos’, ce qui exclut à la fois l’unanimisme et le renfermement sur soi, tous deux trop faciles aujourd’hui. Ce qu’il importe donc de créer, c’est un espace de « réflexivité » dans la compréhension.

 

Côté français, cela se traduit, directement et pratiquement, par la nécessité d’accroître les efforts pour diffuser une littérature chinoise contemporaine encore mal connue en France, en en facilitant la compréhension.

 

Découverte des auteurs chinois présents

 

On peut déjà commencer par les auteurs chinois qui étaient présents à ces rencontres : si Tie Ning (铁凝) est relativement connue, c’est surtout pour avoir succédé à Ba Jin (巴金) à la présidence de l’association des écrivains, et les autres, pour leur part, le sont encore moins ; il s’agit de Xu Kun徐坤, Jiang Yun  蒋韵, Zhang Yu  张宇, Wang Hongjia  王宏甲, Chen Kaihong  陈开红 et Hu Ping  胡平, le dernier, Wu Yuetian  吴岳添, étant traducteur et chercheur, spécialiste de la littérature française.

 

Dans les jours qui viennent, on trouvera donc sur ce site, pour chacun d’entre eux, une notice biographique détaillée et, pour ceux qui en ont écrit, des extraits de nouvelles, en chinois et en français selon le principe retenu ici, qui fut d’ailleurs celui des rencontres elles-mêmes : c’est bien la meilleure base de ce « plan commun d’intelligibilité » dont parlait François Jullien, montrant d’ailleurs, au passage, l’apport inestimable que peut fournir aujourd’hui internet à la littérature, contrairement à la défiance exprimée par les deux auteurs qui se sont exprimés sur le sujet lors des rencontres (2). Car internet peut être finalement, comme le langage lui-même selon Esope, la meilleure et la pire des choses.

 

(1) L’opérateur des ministères des Affaires étrangères et européennes et de la Culture et de la Communication pour les échanges culturels internationaux.

(2) Marc Lambron et Zhang Yu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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