| 
                  
                  | 
				Tie Ning 铁凝 
				Présentationpar Brigitte Duzan, 29 mai 2012
          
					
						| 
						Réélue en novembre 2011, 
						Tie Ning (铁凝) est depuis 2006 la présidente de 
						l’Association des écrivains de Chine. Elle a été la 
						première femme à accéder à cette fonction, à l’âge de 
						quarante neuf ans.  
						       
						Elle était non 
						seulement la première femme, mais aussi la plus jeune 
						élue à la présidence de cette association. C’était un 
						immense honneur, qui la plaçait à un rang comparable à 
						Mao Dun et Ba Jin, ses prédécesseurs. Mais c’était aussi 
						une lourde charge à laquelle elle a sacrifié son œuvre 
						littéraire. On ne peut pas dire qu’elle n’écrit plus, 
						comme on le dit souvent, mais il est vrai que 
						l’essentiel de son œuvre de fiction date d’avant 2006. 
						Heureusement, elle avait commencé à écrire jeune…       
						Ecrivain 
						précoce |  | 
						
						 
						Tie Ning en 2006 |        
				Tie Ning est née en 
				1957 à Pékin, dans une famille originaire de Zhaoxian (赵县), 
				dans la province du Hebei. Ses parents étaient tous deux des 
				artistes : son père est Tie Yang (铁扬),
				peintre 
				connu pour ses aquarelles et des peintures à l’huile où se 
				reflète l’influence de Cézanne, mais aussi diplômé de 
				l’Institut national 
				d’art dramatique (中央戏剧学院) ; 
				sa mère était professeur de musique, diplômée du conservatoire 
				de Tianjin.  
				        
				Première nouvelle à 
				la fin du lycée 
				     
				   
					
						| 
						
						 
						Un paysage de Tie Yang |  | 
						En 1961, quand 
						Tie Ning a quatre ans, ils reviennent dans le Hebei, à 
						Baoding (保定) ; 
						
						c’est là qu’elle 
						fait toute sa scolarité, perturbée par la Révolution 
						culturelle. A l’issue de ses études secondaires, en 
						1975, elle est envoyée travailler à la campagne (1) dans 
						le cadre du mouvement des Jeunes instruits, mais 
						toujours dans le Hebei, dans une ferme au sud de 
						Baoding, à Boye (博野县). 
						        
						Elle a dix-huit 
						ans et a déjà commencé à écrire : elle vient de publier 
						sa première nouvelle, « La faucille volante » 
						(《会飞的镰刀》), 
						dans la Revue des lettres et des arts de Baoding |  
				 (《保定文艺》). 
				Elle continue à écrire tout en travaillant à la ferme. Elle 
				publie quelques nouvelles : « Nuit » (《夜晚》), 
				« Funérailles » (《丧事》), 
				« Un cadeau non désiré » (《不受欢迎的礼物》)… 
				       
				En 1979, elle est 
				affectée, comme assistante de rédaction pour la rubrique 
				littéraire, à la revue La Montagne fleurie (《花山》), 
				publication de la Fédération des lettres de Baoding (保定文联). 
				Pendant 
				l’hiver, elle participe 
				au Congrès de la littérature pour enfants.  
				       
				En 1980, elle participe 
				à l’atelier littéraire organisé par la province du Hebei, puis 
				publie la nouvelle « Histoire de fourneau » (《灶火的故事》) 
				dans le supplément littéraire du quotidien de Tianjin. Son 
				premier recueil de nouvelles sort cette année-là. 
				       
				Premier succès à 
				vingt-cinq ans 
				        
					
						| 
						En 1982, la 
						nouvelle « Ah, Neige parfumée » (《哦,香雪》)
						
						fait sensation : elle est couronnée du Prix des 
						meilleures nouvelles de Chine pour 1982 (全国优秀短篇小说奖). 
						Elle est en général considérée, dans les biographies de 
						Tie Ning, comme le point de départ de son œuvre. 
						        
						Neige parfumée 
						(香雪)
						
						est le nom d’une jeune fille d’un village reculé où le 
						passage du train en provenance de la capitale est 
						l’événement de la journée. Les petites villageoises, 
						parées de leurs plus beaux atours, y découvrent des 
						nouveautés formidables et échangent œufs et jujubes 
						contre des menues choses introuvables au village : 
						boites d’allumettes, 
						spaghettis, épingles à cheveux, voire, luxe suprême, des 
						bas de nylon. Montée dans un wagon, Neige parfumée y 
						découvre un jour un plumier extraordinaire, avec une 
						fermeture aimantée, et réussit à l’échanger pour son 
						panier d’œufs, laissé à une étudiante pékinoise qui n’en 
						a que faire et lui aurait volontiers fait  |  | 
						
						 
						Ah Neige Parfumée |  
						
						cadeau d’un objet pour elle sans grande valeur… 
				Descendue à l’arrêt suivant, Neige parfumée doit ensuite faire 
				trente lis à pied dans la nuit pour rentrer au village avec son 
				trésor. 
				        
				Cette nouvelle est un 
				parfait exemple du style et de la thématique de Tie Ning à ses 
				débuts, dans les années 1980 : empreint d’un sentiment très 
				profond pour la vie rurale né de son expérience personnelle, ce 
				récit décrit avec une émotion discrète la simplicité naïve de 
				jeunes villageoises rattachées au monde extérieur par le frêle 
				cordon ombilical des rails du train, et émerveillées par 
				« l’accent de Pékin » et les gadgets de la capitale considérés 
				comme trésors quasiment magiques.  
				       
				Le style est d’un 
				réalisme teinté de poésie, loin de la littérature engagée, au 
				même moment, d’un écrivain comme Bai Hua (白桦),
				par 
				exemple 
				(2). Tie Ning 
				va, de là, évoluer vers 
				un réalisme plus tranché, décrivant le sort malheureux des 
				femmes dans la société chinoise, mais sans jamais tomber dans la 
				critique,et encore moins la dénonciation : elle a une position 
				de plus en plus officielle et ses nouvelles font l’objet 
				d’adaptations cinématographiques et télévisées qui les rendent 
				encore plus populaires. 
				       
				Années 1980 : 
				Popularité croissante et position de plus en plus officielle 
				       
				Peintre du monde 
				féminin rural       
					
						| 
						 
						Le chemisier rouge déboutonné |  | 
						En 1983 paraît 
						dans la revue Octobre (《十月》) 
						sa première longue nouvelle (中篇小说) : 
						« Le chemisier rouge déboutonné » (《没有纽扣的红衬衫》). Nommée en 1985 dans la liste des meilleures nouvelles de l’année, elle 
						est, cette même année, adaptée au cinéma par une 
						réalisatrice dont la carrière n’a malheureusement été 
						au-delà de 1989,  
						Lu Xiaoya (陆小雅) : 
						le film sera couronné des prix  
						
						du Coq d’or et des Cent fleurs (3). 
						        
						En 1984, la 
						nouvelle « Sujet de conversation de juin » (《六月的话题》), 
						publiée dans La montagne fleurie (《花山》), est 
						adaptée à la télévision. Cette année-là, Tie Ning est 
						élue vice-présidente de la Fédération des 
						lettres du Hebei (河北省文联副主席).        
						Début 1985, 
						lors du quatrième Congrès de l’Association des écrivains 
						de Chine, elle est élue membre du conseil de |  
					
						| 
						
						 
						La meule de paille de blé |  | 
						l’association. 
						En mai, elle fait partie de la délégation 
						d’écrivains 
						chinois envoyée aux Etats-Unis pour participer à 
						un colloque littéraire à l’université Columbia.
						       
						En 1986, une 
						autre longue nouvelle est publiée dans la revue 
						littéraire Shouhuo (《收获》) : 
						« La meule de paille de blé » (《麦秸垛》).
						C’est 
						encore une histoire de femmes, et toujours à la 
						campagne. La nature y est dépeinte sur un ton qui reste 
						idyllique ; mais c’est aussi une description de mœurs 
						paysannes qui n’évoluent pas, où les femmes sont 
						toujours assujetties aux mêmes contraintes sociales et 
						familiales, sans échappatoire. Tie Ning, cependant, ne 
						se fait pas défenseur des droits des femmes : elle 
						décrit sans prendre parti des mentalités et des modes de 
						vie qui font obstacle au développement social. 
						 |        
					
						| 
						L’année 
						suivante, en 1987, est publiée une autre longue 
						nouvelle, « La route me ramène à la maison » 
						(《村路带我回家》),
						
						qui est adaptée l’année suivante au cinéma. Dans cette 
						nouvelle, une jeune veuve, ancienne « jeune instruite » 
						qui n’a plus de hukou urbain pour pouvoir revenir en 
						ville, est partagée entre deux hommes qui souhaitent 
						l’épouser, son 
						choix pouvant lui permettre de quitter la campagne. Tie 
						Ning continue ici dans sa ligne thématique : elle oppose 
						un monde masculin complice de l’idéologie du pouvoir, et 
						un monde féminin plus subjectif, guidé par ses désirs et 
						ses envies. 
						        
						Le tournant 
						de 1988       
						En 1988 paraît
						son premier roman, « La porte des |  | 
						 
						La route me ramène à la maison |  
					
						| 
						roses » 
						(《玫瑰门》),
						
						aux éditions de l’Association des écrivains. Il marque un tournant dans 
						son style : elle passe ici d’un ton poétique pour 
						décrire le monde rural, à la description plus sombre de 
						destinées de femmes sur plusieurs générations, doublée 
						d’une réflexion sur l’histoire et la culture qui se 
						prolonge dans l’écriture d’essais et de critiques d’art. 
						        
						
						L’année suivante, en 1989, est publiée dans la revue 
						Littérature du peuple (《人民文学》) une autre longue nouvelle qui forme avec le roman de 1986 comme le second 
						volet d’un diptyque : « Le tas de fleurs de 
						coton » (《棉花垛》).
						       
						L'histoire se 
						déroule dans la Chine des années 1930, toujours à la 
						campagne. La culture du coton forme la base de toute la 
						vie, pour les adultes dont le statut est proportionnel à 
						la qualité des fleurs qu’ils produisent, mais aussi pour 
						les enfants qui 
						jouent au marchand de coton.  |  | 
						
						 
						Rose Gate |  
					
						| 
						Le récit est centré sur 
						l’histoire tragique de deux jeunes couples, une histoire 
						qui se déroule en même temps que la guerre contre le 
						Japon, avec tous les drames que comporte une guerre. 
						Quarante-cinq ans plus tard, un voyage en train rappelle 
						ses souvenirs du passé au dernier survivant. Tie Ning 
						joue sur la nostalgie pour atténuer la dureté de son 
						récit, mais fait aussi une peinture, par touches 
						successives, de l'éveil du désir chez ses jeunes 
						adolescents, trait récurrent dans ses nouvelles. 
						       
						Les événements 
						de 1989 n’affectent en rien sa production, qui ne fait 
						au contraire qu’accélérer. En 1990, sa nouvelle « Ah, 
						Neige parfumée » est adaptée au cinéma, et le film 
						tourné au Studio des films pour enfants.        
						Années 
						1990 - 2000 : Consécration  |  | 
						 
						Le tas de fleurs de coton |        
				Encore deux romans
				       
					
						| 
						
						 
						La ville sans pluie |  | 
						Tie Ning publie 
						son second roman en 1994 : « La ville sans 
						pluie » (《无雨之城》). Mais elle est de plus en plus prise par ses fonctions officielles. 
						    
						
						   
						En 1995, elle 
						participe à un voyage officiel aux Etats-Unis où elle 
						parcourt treize Etats en prononçant autant de discours. 
						Pendant l’été, elle est à Taiwan et en septembre un 
						recueil de ses nouvelles est publié à Tokyo. En octobre 
						1996, à l’âge de 
						trente-neuf ans, elle est élue présidente de
						l’Association des écrivains du Hebei, et 
						parallèlement à la vice-présidence de l’Association des 
						écrivains à l’échelon national.  
						    
						  
						En 1997 est 
						publiée une autre nouvelle qui sera adaptée au cinéma un 
						peu plus tard : « La soirée d’Andrei » (《安德烈的晚上》). La nouvelle est par 
						ailleurs primée par l’équivalent chinois du Reader’s 
						Digest, tandis qu’un  |  
					
						| 
						recueil d’essais, « Les 
						nuits blanches d’une femme » (《女人的白夜》), est couronné du prix Lu 
						Xun, premier prix Lu Xun à être décerné. Et elle 
						continue les voyages officiels : en février 1998 à Hong 
						Kong, en mars en Israël, en mai en Corée, cette fois 
						avec son père, pour participer un colloque sur l’art.       
						Au début du 
						nouveau millénaire, elle publie cependant son 
						troisième roman : « Femmes au bain » 
						(《大浴女》), 
						qui a également été adapté en série télévisée.
						
						Le récit couvre la vie de trois femmes, deux sœurs et 
						leur amie d’enfance, sur une période d’une quarantaine 
						d’années, de leurs jeunes années, au début du régime 
						maoïste, à leur maturité dans les années 1990, en 
						passant par leur adolescence pendant la Révolution 
						culturelle. Chacune d’entre elles se débat au sein de 
						difficiles relations, familiales et sentimentales, tout 
						en cherchant à conquérir finalement sa liberté. Le titre 
						est emprunté aux célèbres Baigneuses de Cézanne, sans 
						doute sous l’influence de son père, mais avec une 
						connotation symbolique :  |  |                 
						
						 
						Femmes au bain |  
					
						| 
						il 
						s’agit du bain de l’âme (“灵魂的洗浴”), 
						a expliqué Tie Ning.       
						En 2001, la 
						longue nouvelle « L’éternité, c’est loin ? » (《永远有多远》) reçoit une seconde fois 
						le prix Lu Xun, ainsi que le prix Lao She et plusieurs 
						autres prix de revues littéraires. La nouvelle est 
						adaptée en 2002 en une série télévisée en quinze 
						épisodes. Tie Ning publie encore un recueil de 
						nouvelles, traduit en français,
						« La douzième nuit » 
						(《第十二夜》), 
						puis multiplie les compilations d’essais, nouvelles et 
						textes divers, dont un recueil de nouvelles et autres 
						textes, dont des critiques d’autres auteurs, avec une 
						vingtaine de photos d’elle depuis l’enfance : « Qui peut 
						m’intimider ? » (《谁能让我害羞》).       
						
						
						Un quatrième roman différent |  | 
						 
						Femmes au bain, la série télévisée |        
				Enfin, en 2005 sort son
				quatrième roman, sur lequel, selon ses propres dires, 
				elle a travaillé six ans : « [Le village de] Benhua »
				(《笨花》).
				C’est une saga villageoise dans la lignée de ses trois précédents 
				romans, mais plus complexe -
				il 
				comporte plus de quatre-vingt dix personnages, et surtout ce 
				sont en majeure partie des personnages masculins : le monde 
				habituel de Tie Ning a basculé, et son regard est résolument 
				tourné vers la peinture de l’histoire, de la culture et des 
				coutumes locales.       
					
						| 
						 
						Le village de Benhua |  | 
						Le titre même 
						est significatif, Tie Ning l’a longuement expliqué lors 
						de ses interviews à la sortie du livre : les deux 
						caractères 笨花
						bènhuā 
						signifient normalement ‘fleur d’idiot’, mais ils ont ici 
						un sens dialectal. Le terme désigne le coton cultivé 
						localement (花 
						huā 
						étant pris pour
						棉花), 
						opposé à  洋花 
						yánghuā
						le 
						coton importé.  
						        
						Tie Ning 
						revient ici à la région d’où est originaire sa 
						famille et où son grand-père était cultivateur de coton, 
						d’où 
						l’importance du 
						thème dans son œuvre. L’histoire se passe en effet dans 
						la plaine de Jizhong (冀中平原), 
						dans le Hebei,
						
						des débuts de la République de Chine, vers 1912, à la 
						fin de la guerre contre le Japon, vers 1945. Elle 
						retrace les événements historiques vus localement, à 
						travers l’histoire 
						d’une famille 
						du village de Benhua.        
						Mais il ne 
						s’agit pas d’un roman historique : l’attention est
						 |  
				portée sur la 
				description des coutumes locales, et l’analyse des modes de vie, 
				avec une saveur locale transmise par des expressions 
				dialectales, et même de plusieurs dialectes du Hebei. On sent 
				cependant l’écriture retenue, la 
				touche se fait ici discrète sur les sentiments des personnages, 
				et surtout sur leurs émois sexuels. Elle a dit avoir 
				effectivement bridé son langage « pour ne pas détourner 
				l’attention de l’essentiel », 
				l’essentiel étant le caractère éthique de ses personnages, leur 
				préservation des grandes valeurs morales même au sein de la 
				guerre et de l’adversité. On ne peut s’empêcher de voir là un 
				discours très officiel.  
				        
				Présidente de 
				l’Association des écrivains       
					
						| 
						En novembre 
						2006, à l’issue du septième congrès de 
						l’Association 
						des écrivains de Chine, elle fut élue présidente de 
						l’Association.  
						        
						Elle était non 
						seulement la première femme, mais aussi la plus jeune 
						élue dans l’histoire de cet organisme créé 
						cinquante-sept ans auparavant. Elle succédait à deux des 
						écrivains les plus importants de la littérature chinoise 
						moderne, 
						Mao Dun (茅盾) 
						et 
						Ba Jin (巴金). 
						Elle fut saluée comme un espoir de changement. En tant 
						que présidente de l’Association 
						des écrivains du Hebei pendant une dizaine 
						d’années, elle 
						s’était créé une image de sérieux et de pragmatisme et 
						avait ses preuves. 
						       
						Elle a été 
						confirmée à ce poste en novembre 2011, à l’issue du 
						huitième congrès de l’Association.       |  | 
						 
						Recueil de nouvelles 2006 |  
				On peut néanmoins 
				regretter qu’elle ait été élue si jeune à une présidence aussi 
				lourde : sa créativité 
				s’en est trouvée 
				bridée. Ses prédécesseurs avaient été élus à un âge plus avancé 
				(Ba Jin à  
				quatre-vingts ans, Mao 
				Dun à cinquante-trois ans, mais dans des circonstances 
				politiques différentes). Tous deux avaient une œuvre importante 
				déjà derrière eux. Il est vrai que Tie Ning a commencé à écrire 
				très jeune, mais c’est dans les années 1990 qu’elle a vraiment 
				commencé à mûrir son style.  
				        
					
						| 
						
						 
						Recueil d’essais 2007 |  | 
						Sa position 
						officielle a non seulement limité son temps libre pour 
						l’écriture, mais l’a obligée à des compromis sur les 
						thèmes, le style et le ton de ses écrits. Elle continue 
						à publier à peu près une nouvelle par an qui fait 
						aussitôt partie de la sélection du recueil des 
						meilleures nouvelles de l’année. Mais elles restent 
						assez décevantes. La dernière en date, publiée en 
						septembre 2011, dans la revue littéraire de l’Association 
						des écrivains, justement, en est un exemple.  
						        
						Son titre, 
						 « Le distillateur volant » (《飞行酿酒师》), 
						peut être un clin d’œil à celui de sa toute première 
						nouvelle, « La faucille volante » (《会飞的镰刀》), 
						mais l’analogie s’arrête là. 
						
						Il s’agit d’une nouvelle « urbaine » satirique, qui se 
						moque de la nouvelle passion des Chinois aisés pour le 
						vin ; l’histoire est celle d’un soi-disant créateur d’un 
						vin chinois qui cherche un investisseur. On lit les sept 
						ou huit pages en appréciant quelques traits amusants, 
						mais en se  |  
						
						demandant comment 
				cela va se terminer ; et la fin n’est pas à la hauteur d’une 
				nouvelle vraiment réussie (4).
				       
				Ses essais critiques et 
				réflexions « au fil de la plume » sont finalement ce qu’elle 
				écrit aujourd’hui de plus intéressant. Mais il ne faut pas 
				négliger pour autant le reste de son œuvre. 
				        
				Tie Ning reste 
				l’écrivain de la ruralité chinoise et a toujours été une voix 
				très orthodoxe, Bonnie Mc Dougall parle même de son « orthodoxie 
				fondamentale » (5). Ce n’est pas un défaut rédhibitoire, il faut 
				juste le savoir pour ne pas chercher dans ses écrits ce qu’on ne 
				peut y trouver et se concentrer sur leurs qualités propres, 
				celles de la tradition littéraire chinoise la plus classique. 
				        
				Un mot sur ses 
				nouvelles 
				        
				Tie Ning est une 
				spécialiste de la nouvelle, c’est d’ailleurs un genre pour 
				lequel, dit-elle, elle a un  « penchant quasiment monomaniaque » 
				(“近乎偏执的喜爱”).
				 
				        
				On n’écrit 
				pas un roman comme on écrit une nouvelle, et, dans son cas, la 
				différence est nette :  
				“当我写作长篇小说时,我经常想到的两个字是‘命运’;当我写作中篇小说时,我经常想到的两个字是‘故事’…” 
				Quand j’écris un roman, je pense généralement "destin" ; quand j’écris 
				une nouvelle, je pense plutôt  "histoire" …  
				        
				      
				
				Notes 
				(1) Comme il est dit 
				dans sa brève présentation dans le recueil de 1989 de la 
				collection Panda où a été publiée la traduction de « Ah, Neige 
				parfumée » : elle est partie « appréhender la campagne au lieu 
				d’entrer à 
				l’université ».  
				(2) L’attaque contre 
				l’adaptation cinématographique de sa nouvelle « Un douloureux 
				amour » (《苦恋》) 
				avait été le signal d’une campagne qui se poursuivit pendant 
				tout l’année 1982. 
				Voir : 
				
				
				Repères historiques, les années 1980. 
				(3) Il s’appelle « La 
				fille en rouge » (《红衣少女》) : 
				c’est un exemple des très bons films chinois des années 1980 qui 
				ont été éclipsés par la vogue de la cinquième génération.  
				
				Voir sur chinese movies : ….à venir… 
				(4) 
				On trouve le texte en ligne : 
				
				
				http://read.360buy.com/10915/523604.html 
				(5) The Literature 
				of China in the Twentieth Century, Bonnie S. McDougall-Kam 
				Louie, Columbia University Press, 1997, p. 419. 
				De manière 
				significative, Tie Ning ne figure pas dans le Petit précis à 
				l’usage de l’amateur de littérature chinoise contemporaine, de 
				Noël Dutrait (1976-2006), Philippe Picquier, 2ème 
				édition, 2006.       
 
				        
				Traductions en 
				français 
				    
				   
				Ah, Neige Parfumée (《哦,香雪》), 
				in Les meilleures oeuvres chinoises 1949-1989, Littérature 
				chinoise, collection Panda, Pékin 1989, p. 267 
				Le corsage rouge (《没有纽扣的红衬衫》), 
				Editions en langues étrangères, janvier 1991 
				Fleur de coton (《棉花垛》), 
				traduit du chinois par Véronique Chevaleyre, Bleu de Chine, 
				janvier 2004 
				La douzième nuit (《第十二夜》), 
				traduit du chinois par Prune Cornet et Yan Liu, Bleu de Chine, 
				mars 2004* 
				       
				A noter :  
				Un numéro spécial de 
				la revue Littérature chinoise, 4ème trimestre 1988 : 
				Tie Ning, Femme écrivain.       
       
				* Notes sur « La 
				douzième nuit » 
				Il s’agit d’un recueil 
				de cinq nouvelles qui sont parmi les meilleures de Tie Ning, et 
				parmi les plus  
				connues : 
				-         
				La 
				douzième nuit (《第十二夜》) ; 
				-         
				La 
				solitude [de Chang’E] (《寂寞嫦娥》) : 
				-         
				Le 
				sourire du papillon (《蝴蝶发笑》) ; 
				-         
				La soirée 
				d’Andrei (《安德烈的晚上》) 
				– traduit « Amitié, coton et raviolis »  
				-         
				Petit 
				Millet glutineux (《小黄米的故事》) 
				        
				1. La douzième nuit       
					
						| 
						Divisée en sept 
						« nuits », cette nouvelle, écrite à la première 
						personne, a le petit côté satirique habituel chez Tie 
						Ning : satire des nouvelles mœurs citadines, de 
						l’affairisme paysan, de l’engouement pour la peinture 
						contemporaine chinoise… On sent une histoire vraie, 
						racontée à l’auteur ou plus ou moins autobiographique ; 
						c’est un drame de village synthétisé en quelques pages, 
						sur fond de coutumes, de non-dits, de 
						préjugés, et un superbe portrait d’une vieille femme, à 
						peine suggéré. 
						        
						Première 
						nuit : 
						une jeune femme peintre arrive dans un village de 
						campagne à une petite heure de la ville où elle habite 
						parce qu’elle y a acheté une vieille maison. Le village 
						a déjà attiré quelques peintres, dont son ami Lao Qin a 
						été le précurseur :  
						
						用老秦的话说,农民正一步步挪下山来向城市靠拢,城里人却渴望一步步奔出城去要在山上占领一席之地。也算是当下的一种时髦吧。 
						Selon Lao 
						Qin, les paysans quittent la montagne 
						 |  | 
						 
						La douzième nuit |  
						pour se rapprocher peu à 
				peu de la ville tandis que de plus en plus de citadins meurent 
				d’envie de quitter la ville pour aller s’installer à la 
				campagne. C’est une sorte de mode, à l’heure actuelle. 
				       
				Lao Qin est devenu 
				l’agent immobilier du village. Tout le monde sait que ces 
				transactions sont illégales car les paysans n’ont pas le droit 
				de vendre les terres, elles appartiennent à l’Etat, mais 
				personne ne veut rater une affaire. La narratrice a jeté son 
				dévolu sur une maison, le propriétaire a fait traîner la 
				négociation, mais Lao Qin a fini par emporter l’affaire pour 
				douze mille yuans.  
				        
				Au moment de payer, 
				cependant, le propriétaire, Ma Laomo (马老末), 
				n’est pas là ; l’acheteuse passe la nuit chez Lao Qin en 
				attendant.  
				        
				Deuxième nuit : 
				le lendemain matin, quand apparaît Ma Laomo, c’est pour annoncer 
				qu’on vient de lui offrir quinze mille yuans pour sa maison. Le 
				prix est finalement négocié à treize mille. Une fois la 
				transaction terminée et réglée, cependant :  
				当他把钱装进一只粗布小面口袋时,他说还有个事儿,他说他的大姑眼下还在那院里住着。 
				不过老太太七十好几,一直病着,已经活不了多大工夫了,她一死,我立刻就能搬进去。 
				Après avoir mis 
				l’argent dans un sac de farine en toile grossière, [Ma Luomo] 
				annonça qu’il y avait encore un problème : sa tante habitait 
				toujours la maison. 
				Mais elle avait plus 
				de soixante-dix ans, était malade depuis une éternité et n’en 
				avait plus pour très longtemps ; je pourrais emménager dès 
				qu’elle serait morte. 
				       
				Voyant l’air désemparé 
				de ses interlocuteurs, Ma Laomo les emmène voir la vieille femme 
				pour qu’ils voient qu’il ne ment pas : elle est bien mourante. 
				La narratrice s’endort apaisée, en pensant aux toiles qu’elle va 
				bientôt pouvoir commencer de peindre dans sa nouvelle maison. 
				        
				Troisième nuit :
				le 
				lendemain, la narratrice va voir « sa » maison, et a la surprise 
				de trouver la vieille femme assise sur son kang, en train 
				de se peigner. « Bah, dernier sursaut de vie, » dit Ma Luomo. 
				        
				Quatrième nuit :
				Ce 
				matin-là, la vieille tante est fièrement assise sur les marches 
				devant la porte quand la narratrice arrive.  Des jeunes du 
				village, élèves de Lao Qin, lui apprennent son histoire. La 
				vieille tante, dans sa jeunesse, était tombée amoureuse d’un 
				facteur d’orgue venu réparer celui du village ; elle était la 
				plus jolie fille du coin, Il repartit en la laissant enceinte ; 
				l’enfant ne vécut que trois jours, mais elle resta fidèle toute 
				sa vie sans se marier. 
				        
				Pendant la guerre, elle 
				fabriqua comme les autres des chaussures pour les soldats de la 
				8ème Armée ; les siennes étaient les plus belles, 
				avec une croix brodée sur la semelle, pour porter chance, mais : 
				
				到了交鞋的时候,大姑也怀抱鞋包袱兴冲冲地去交军鞋,村妇救会主任举着大姑的鞋对在场的妇女们说:“咱们能让前方的战士穿‘破鞋’1做的鞋吗?咱们不能啊!”于是,新鞋被扔回到大姑怀里,从此她再也没有开口说过一句话。她在娘家度过了一生,她本是那院子真正的房主。 
				1. 
				破鞋 
				pòxié 
				chaussure abîmée, usée – au sens figuré : femme dépravée, 
				dévergondée 
				Quand arriva le 
				moment de remettre les chaussures, la tante s’en fut, toute 
				joyeuse, un gros paquet dans les bras, apporter les siennes ; 
				mais la responsable du Comité de sauvegarde nationale des femmes 
				du village brandit l’une des chaussures de la tante devant les 
				femmes réunies là en leur disant : « Pouvons-nous permettre que 
				nos combattants, sur le front, portent des chaussures fabriqués 
				par une dévergondée ? Non, ce n’est pas possible. » La femme lui 
				avait remis son paquet de chaussures dans les bras, et la tante 
				n’avait plus jamais ouvert la bouche. Elle avait passé le reste 
				de sa vie dans la maison de ses parents, en devenant ainsi la 
				véritable propriétaire. 
				        
				Sur ces entrefaites, la 
				narratrice doit s’absenter quelques jours, mais le drame entrevu 
				dans le passé de la tante a changé sa perception des choses. 
				        
				Dixième nuit :
				quand la 
				narratrice revient, elle apprend que la tante s’est remise à 
				coudre des chaussures, en continuant de broder des étoiles sur 
				les semelles. 
				Onzième nuit :
				la 
				narratrice tente d’annuler la transaction et de récupérer son 
				argent, mais il a déjà été investi, dans une mine de fer. 
				Douzième nuit :
				la 
				narratrice va voir la vieille femme pour lui dire qu’elle ne 
				veut plus de la maison, 
				qu’elle préfère la voir 
				en bonne santé, au milieu de ses arbres superbes. La tante 
				continue de piquer ses semelles sans broncher… et meurt quelques 
				instants plus tard. Le sort de la maison reste irrésolu… 
				       
				Texte chinois :
				
				www.shuku.net:8080/novels/tiening/tiening03.html 
				       
				2. La solitude de 
				Chang’E       
				Voilà un autre superbe 
				portrait de femme et un autre clin d’œil ironique sur la société 
				chinoise. Chang’E (《嫦娥》) est 
				une jeune paysanne devenue veuve un an après son mariage, et 
				restée avec un  
					
						| 
						enfant à élever. Elle 
						part travailler en ville chez un écrivain qui finit par 
						l’épouser, attirée par sa robuste santé et son teint 
						épanoui. Rejetée par la famille et par l’entourage de 
						l’écrivain sans 
						que cela semble trop la perturber, elle fait la 
						connaissance d’un vendeur de fleurs, divorce et se 
						remarie avec lui ; ils fondent ensemble une pépinière 
						florissante sur un terrain initialement destiné à la 
						construction d’un musée… La solide personnalité de 
						Chang’E finit par s’imposer.  
						        
						Texte chinois :
						
						www.shuku.net:8080/novels/tiening/tiening15.html 
						        
						3. Le 
						sourire du papillon       
						Cette nouvelle 
						a été publiée en Chine en 1999 dans un  
						recueil 
						bilingue : « Selected Stories by Tie Ning », mais elle
						reste 
						assez rare dans les recueils de l’auteur. Tie Ning y 
						fait, pour une fois, le portrait d’un homme, d’un 
						tempérament poète, excentrique et un peu fou, condamné 
						dans une société où la norme ne permet guère de 
						fantaisie. |  |            
						
						 
						Selected stories of Tie Ning  
						(bilingue anglais-chinois) |        
				4. La soirée 
				d’Andrei 
				        
					
						| 
						Cette nouvelle 
						est l’une des plus célèbres de Tie Ning. Le personnage 
						principal est un ancien ouvrier d’une conserverie qui 
						réussit brillamment sa reconversion au moment de
						« l’ouverture », quand sa vieille usine de conserves est 
						condamnée à fermer ses portes. C’était une vieille usine 
						« offerte » par les Soviétiques du bon temps de l’amitié 
						avec le grand frère, l’usine, mais aussi tout le 
						quartier autour, et jusqu’au nom d’Andrei – en quelques 
						lignes, Tie Ning dresse le tableau d’une époque, le 
						début des années 1950 : 
						
						安德烈1姓安,名叫德烈。安德烈的出生年月大概是1954年3月左右。安德烈这名字是父亲为他所起,名字本身也是当年中苏友好的一种体现。安德烈的父母就是响应政府的号召,由上海搬入这里支援城市建设的,他们都是中学教师。父亲穿过苏联印花布衬衫,母亲也穿过苏式“布拉吉”1。当年他们都向往过苏联老大哥的美妙生活,他们也希冀着小安德烈长大之后能够去苏联留学。 
						1. 安德烈 
						Āndéliè 
						 et 
						布拉吉 
						Bùlājí 
						 sont des
						 |  | 
						
						 
						La soirée d’Andrei |  
				transcriptions 
				phonétiques de termes russes, le premier du prénom Andrei (Андрей) 
				et le second de plat’ie (платье), 
				robe traditionnelle à petites manches, en tissu imprimé très 
				coloré.  
				Andrei, nom An, 
				prénom Delie, né en 1954, vers le mois de mars. Si son père lui 
				avait donné ce nom, c’était en une sorte d’hommage à l’amitié 
				sino-soviétique de l’époque*. Tous deux professeurs de collège, 
				ses parents avaient répondu à l’appel du gouvernement et 
				déménagé de Shanghai pour venir là aider au développement de la 
				ville. Tous deux étaient habillés à la mode soviétique, son père 
				portant des chemises en tissu imprimé, et sa mère des robes 
				dites 
				« plat’ie ». Ils 
				aspiraient alors à mener la vie merveilleuse du grand frère 
				soviétique, et espéraient pourvoir envoyer un jour le petit 
				Andrei étudier là-bas. 
				* le traité d’amitié ou pacte sino-soviétique a été signé en février 
				1950 ; malgré les frictions, 
				l’amitié entre les deux peuples a été renforcée par la visite de 
				Krouchtchev, en 1954, justement. 
				       
				Andrei était un fort en 
				récitation, en classe, mais sa vie est réduite au travail à 
				l’usine, avec de lourdes responsabilités familiales, sa femme 
				étant cardiaque et sa petite fille également affectée d’une 
				cardiopathie. La seule personne dont il se sente proche est son  
				inséparable ami d’enfance, Li Jingang (李金刚). 
				      
				A l’usine même, son 
				monde est restreint à l’ouvrière qui travaille en face de lui, à 
				la chaîne, Yao Xiufen (姚秀芬). 
				Au fil des ans, ils ont fini par tout savoir l’un de l’autre, 
				mais leur relation s’arrête là. Jusqu’au jour où, l’usine devant 
				fermer, et au moment de quitter les lieux, premier ouvrier à se 
				« reconvertir », Andrei ait un pincement au cœur à l’idée de ne 
				plus jamais la revoir. Li Jingang est encore là pour lui donner 
				les clés de son appartement, et lui fournir trois heures 
				d’intimité. 
				       
				Mais, arrivant avec 
				Xiufen, Andrei, brusquement troublé, ne retrouvera jamais la 
				porte ; ils seront réduits à manger dehors, dans la nuit, les 
				raviolis que Xiufen avait apportés dans une vieille gamelle… 
				Promu chroniqueur dans la station de radio locale, il gardera le 
				souvenir de cette soirée qui aurait pu être et n’avait jamais 
				été : 
				他骑上车往家走,车把前的车筐里摆着姚秀芬那只边角坑洼的旧铝饭盒1。安德 
				烈准备继续用它装以后的午饭。他觉得生活里若是再没了这只旧饭盒,或许他就被 
				这个城市彻底抛弃了。 
				1. 铝饭盒 
				lǚfànhé gamelle en 
				aluminium 坑洼
				kēngwā 
				trou (dans une route, 
				etc…) 
				2. 抛弃
				pāoqì 
				abandonner 
				Il enfourcha son 
				vélo pour rentrer chez lui, avec, dans le panier à l’avant, la 
				vieille gamelle en aluminium aux coins cabossés de Yao Xiufen. 
				Andrei avait décidé de la garder pour transporter son déjeuner. 
				Il pensait que, sans cette vieille gamelle, il se serait senti 
				complètement abandonné dans cette ville.                  
				Texte chinois :
				
				www.shuku.net:8080/novels/tiening/tiening14.html 
				        
				5. Petit millet 
				glutineux 
				        
				Petit Millet glutineux 
				est le nom d’une jeune fille de dix-sept ans qui monnaye ses 
				charmes aux clients d’un petit restaurant, sur le bord d’une 
				route. Passe un photographe qui cherche des modèles plus 
				naturels que ceux qu’il trouve en ville. Il ne se passe rien : 
				il repart en ayant gâché sa pellicule et Petit Millet a raté son 
				coup…       
				        
				Texte chinois
				:
				
				www.shuku.net:8080/novels/tiening/tiening12.html 
				      
 
				        
				A lire en complément 
				Une nouvelle de 2005 : 
				
				« Au pied de l’arbre » (《树下》)                         | 
                  
                  |