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Han Shaogong couronné du prix Newman de littérature chinoise
2011
韩少功荣获2011年美国纽曼华语文学奖
par Brigitte Duzan, 14
octobre 2010
Le prix Newman
de littérature de l’année 2011 a été décerné à
Han Shaogong (韩少功)
le 8
octobre dernier.
Ce prix
est attribué tous les deux ans par l’Institute for
US-China Issues de
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l’université de
l’Oklahoma (俄克拉荷马大学)
(1) à des œuvres d’auteurs
chinois encore vivants dont les œuvres sont un reflet de la
condition humaine.
Il est accordé
selon un processus de sélection en deux temps : un jury
de cinq experts littéraires procède d’abord à la
nomination de cinq candidats, dans le courant de l’été,
ces candidats étant distingués pour une œuvre
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spécifique ; puis le
gagnant est nommé à l’issue d’un vote à plusieurs tours, début
octobre. Précisons que l’œuvre retenue est jugée par sa
traduction en anglais, et présentée par le traducteur.
A Dictionary of Maqiao |
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Cette année,
les cinq auteurs présélectionnés étaient, outre
Han Shaogong :
Ge Fei (格非)
pour
« Peach Blossom Beauty » (《人面桃花》2004),
Li Ang (李昂)
pour « Garden
of Labyrinths » (《迷园》1991)
(1), Yu
Hua pour « Chronicle of a blood
merchant » (《许三观卖血记》,
en français « Le vendeur de
sang », 1996), et
Su Tong pour
« The Boat to Redemption » (《河岸》2008).
Toutes ces
œuvres ont directement ou indirectement pour thème
l’histoire moderne : la fin des Qing et la révolution de
1911, la brutalité ordinaire sous la Révolution
culturelle, ou les traumatismes vécus sous le règne du
Guomingdang à Taiwan.
L’œuvre de
Han Shaogong qui
a été primée peut être vue, pour sa part, comme
l’histoire troublée de la Chine du vingtième siècle
racontée à travers les personnages plus ou |
moins fictifs et les
expressions dialectales d’un village perdu du Hunan : il s’agit
du « Dictionnaire de Maqiao » (《马桥词典》)
dont la
traductrice anglaise, Julia Lovell, était l’un des cinq membres
du jury.
Le directeur de
l’Institute for US-China Issues, Peter Gries, a souligné
le caractère innovant de l’œuvre, et sa parfaite
adéquation avec le thème retenu pour le prix, explorant
le local pour dépeindre l’universel de la condition
humaine. Ce qui, par ailleurs, nous ramène au thème
fondamental des écrivains du jingpai, et en
particulier à
Shen Congwen
dont il explore sous un autre angle l’univers hunanais.
Comme l’a
souligné Julia Lovell en commentant le choix du livre :
« Han
Shaogong est un auteur chinois qui
entrelace avec une dextérité et une originalité
exceptionnelles les perspectives humaines du local et du
global […]. Mêlant fiction, essai et souvenirs, le
« Dictionnaire de Maqiao » est un livre étonnant : pour
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Julia Lovell |
l’humour et l’humanité dont est
empreinte la narration, pour son attachement dénué de
sentimentalité à dépeindre la vie des paysans pauvres, pour
l’art subtil avec lequel il conte les tragédies de la Chine
moderne, pour la forme expérimentale de son texte, enfin, ainsi
que ses considérations sophistiquées sur la culture, la langue
et la société chinoises. »
Le prix est accompagné
d’une invitation à l’université de l’Oklahoma en mars 2011 :
Han Shaogong y recevra dix mille dollars et
animera un colloque. Par ailleurs, l’université publiera à
l’automne 2011 un numéro spécial de sa revue « World Literature
today » consacré à son œuvre.
Notes
(1) L’institut a été
créé en août 2006 grâce au soutien financier de Harold J. et
Ruth Newmann, le prix étant nommé en leur honneur.
(2) Femme écrivain
taiwainaise née en 1952. Son roman《迷园》est paru en traduction française sous le titre « Le jardin des
égarements » aux éditions Philippe Picquier (2003).
Note subsidiaire : il
s’agit du deuxième prix Newman. Le premier a été attribué à
Mo Yan, il y a deux ans,
pour son roman « Le supplice du santal » (《檀香刑》),
qui avait par ailleurs été couronné du prix Ding Jun ((鼎钧文学奖)
en 2003, deux ans avant le roman de
Ge Fei
qui concourrait cette année pour le prix Newmann…
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