Tian Nan,
un magazine littéraire qui réfléchit sur son
temps
par Brigitte Duzan, 17 juin 2011
Lancé le 1er
avril 2011, Tian Nan (《天南》)
a fait une entrée remarquée dans le monde de la presse
littéraire chinoise : c’est un des
nouveaux magazines littéraires
apparus au début de l’année qui annonçaient une
révolution en douceur dans un monde jusqu’ici tranquille
et feutré.
Un
bimensuel qui affiche sa liberté de ton
Le magazine
affiche tout de suite son image et ses ambitions dans
son double titre : Tian Nan (《天南》).Chutzpah !
La première
partie signifie ‘le sud du ciel’. C’est en effet
là que Tian Nan est édité : dans le Guangdong
(l’adresse est à Canton). Or, le Sud, en Chine,
représente une tradition |
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1er numéro |
d’ouverture et de
liberté ; dans l’histoire récente, c’est là
qu’a été lancée la
politique de réforme et
d’ouverture. En même
temps, Canton a toujours été un port ouvert sur le monde, et
Tian Nan se replace dans cette tradition.
Photo de couverture originale |
|
D’abord le
magazine est indépendant des réseaux institutionnels
chinois, et en particulier des associations officielles,
de la presse et des écrivains. Il est publié par un
groupe qui a racheté en 2005 la licence de publication
d’une autre revue, créée en 1982. L’idée initiale était
d’en faire un magazine consacré à des critiques de
livres étrangers, mais surtout anglais, intitulé
« Modern Book Review ». Tian Nan est bien autre
chose, mais a conservé une partie de ce projet initial. |
En effet, une partie
importante du magazine est consacrée à des critiques de livres
récemment traduits en chinois, ainsi qu’à des traductions de
textes d’auteurs étrangers, et il y a même un « magazine dans le
magazine » (刊中刊),
intitulé « Peregrine », qui donne des traductions en anglais de
certains des textes publiés dans le magazine.
Cette image de
liberté et d’ouverture est soulignée encore par la
seconde partie du titre :
Chutzpah !
Il s’agit, étonnamment, d’un terme yiddish, dérivé de
l’hébreu, qui signifie libre, insolent, audacieux. Le
terme, popularisé par le cinéma, la littérature et la
télévision américains, a pris une connotation positive,
voire admirative, alors qu’en hébreu il était un cri
d’indignation devant quelqu’un qui dépasse les bornes.
On peut y voir une note symbolique dans le contexte
chinois, où il s’agit avant tout d’éviter l’indignation
qui provoquerait illico un sursaut de la censure, tout
en conservant une liberté de ton propice à la création.
Le terme est donc remarquablement bien choisi.
La rédaction,
cependant, est à Pékin, et en particulier le
rédacteur en chef, l’écrivain
A
Yi (阿乙).
En ce sens, on peut dire que le magazine illustre
symboliquement |
|
A Yi |
le chengyu
"天南地北"
tiānnándìběi,
alliant le nord
au sud, et ayant vocation à couvrir tous les sujets et à
s’ouvrir sur les horizons les plus divers.
Un magazine qui
reflète la personnalité de son fondateur, Ou Ning
Comme c’est la tendance
aujourd’hui, Tian Nan allie ainsi à la littérature les
disciplines artistiques les plus variées, photographie, dessin,
architecture, cinéma et autres, traitées par des auteurs et
artistes chinois et étrangers, et regroupées par thèmes
représentant des sujets de réflexion sur des questions actuelles
de société. C’est là le principe de base du magazine : chaque
numéro est conçu et agencé selon un thème spécifique (特别策划) qui est
annoncé sur la couverture, en anglais et en chinois.
Un thème pour chaque
numéro
Arundhati Roy |
|
Le thème choisi
pour le premier numéro était ainsi « Agrarian Asia »
(“亚细亚故乡”).
Il annonçait
vouloir couvrir
l’histoire et la réalité actuelle de l’Asie
rurale, ainsi
que, plus spécifiquement, les divers
mouvements de
participation des intellectuels au développement rural.
Il faisait la
part belle à un texte d’Arundhati Roy, célèbre
romancière et militante indienne, Booker Price 1997 pour
son livre « God
of Small Things », devenu best-seller mondial, et prix
Sydney de la Paix en 2004 pour son engagement social et
pacifiste. Elle a beaucoup d’affinités avec nombre
d’intellectuels chinois, et en particulier pour
sa critique de
« ce que nous avons fait de la démocratie », préconisant
un rajustement structurel pour diminuer la part de
représentativité et augmenter celui de démocratie
véritable. |
Son texte était
annoncé par la photo de couverture, représentant un
personnage marchant à grands pas sur les rives
désertiques du Gange, près de la vieille ville de
Varanasi (anciennement Bénarès) :
l’antithèse de
l’image traditionnelle et touristique de la ville.
Le deuxième
numéro, celui de juin 2011, a pour thème « Universal
Narratives » (“星际叙事”)-
le titre chinois se traduisant littéralement par
« histoires interplanétaires », et même plus exactement
« interstellaires ». Ce qui explique les traductions de
textes d’auteurs
anglais et américains de science-fiction, ou, plus généralement,
de « littérature de
l’imaginaire ».
Mais la teneur
de ce numéro est annoncée par la photo de couverture et
plus spécifiquement énoncée par la rubrique « Archive »
(档案)
que l’on pourrait aussi traduire par
|
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Country Driving |
« Dossier ». Elle
comporte deux textes : l’un intitulé
« L’architecture du futur : l’espace imaginaire
d’"Archigram" » (《构筑未来:“建筑电讯”的空间想像》)
et l’autre « Walking Cities » (《步行城市》).
-
Le second, « Walking Cities », est de Ron
Herron, architecte futuriste, membre du mouvement
britannique d’architecture visionnaire et utopique
« Archigram », né au début des années 1960 et disparu en
1974.
Inspiré du pop’art et réagissant contre la société de
consommation, il cherchait à replacer la vie au cœur de
la cité, mais une vie désormais itinérante, suivant les
flux
de l’information et de la communication ; le projet « Walking
Cities » (1965) de Ron Herron
imagine ainsi des
villes zoomorphiques
nomades qui se déplacent et
s’interconnectent. |
|
2ème numéro |
-
Le premier texte est d’Ou Ning (欧宁),
créateur et éditeur du magazine : il y explique et
commente le mouvement
« Archigram »,
la photo de couverture étant une illustration du projet
de Ron Herron.
On peut donc
voir dans cette rubrique une application à
l’architecture de la narration imaginaire dont les
textes du magazine sont d’autres illustrations. Mais
c’est aussi un thème qui reflète |
|
Ron Herron « A walking city »
|
les intérêts propres à
Ou Ning. On voit ainsi peu à peu s’esquisser un magazine qui,
bien qu’il soit
l’œuvre d’une équipe, se
présente comme un reflet de sa personnalité.
Le reflet de la
personnalité d’Ou Ning
Ou Ning |
|
Né dans le
Guangdong en 1969,
Ou Ning (欧宁)
a fait ses études à l’université de Shenzhen dont il est
sorti en 1993. Ses intérêts sont ceux d’un humaniste de
la Renaissance, comme il le dit lui-même, allant de la
littérature, au graphisme, à l’édition et au cinéma, en
passant par
l’organisation
d’expositions et manifestations artistiques diverses.
On peut résumer
(très) rapidement sa carrière en deux lignes. En 1999,
il a créé U-thèque, une organisation pour promouvoir la
réalisation de films indépendants. Puis il est devenu le
directeur d’une biennale artistique dépendant
d’une fondation
de Hong kong, la Shao Foundation : Get It Louder
(大声展),
dont il a déjà organisé trois manifestations, en 2005,
2007 et 2010. En outre, |
en 2009, il a été le conservateur
de la biennale d’architecture et d’urbanisme des deux villes de
Shenzhen et de Hong Kong.
En tant
qu’artiste et cinéaste, il s’est particulièrement
intéressé à des projets de recherche urbaine. En 2003,
le projet Sanyuanli (《三元里》),
commissionné par la Biennale de Venise, était une étude
d’un quartier en déshérence de Canton, un quadrilatère
urbain à problèmes, qui s’est traduit concrètement par
un film expérimental de 45 minutes. En 2006, ensuite, Ou
Ning a filmé, avec une équipe d’une dizaine de cinéastes
de la U-thèque, le processus de démolition d’un vieux
quartier derrière Tian’anmen, le quartier de Dazhalan (大栅栏地区).
On retrouve donc cet intérêt dans le récent numéro de
Tian Nan.
Mais cet
artiste foisonnant a en fait commencé sa carrière par
l’édition. En 1999, il a été commissionné par le studio
cinématographique Emei (峨嵋电影制片厂),
un groupe basé à Chengdu, pour créer la maquette d’un
magazine de |
|
Sanyuanli |
cinéma. Mais ce fut
d’abord une déception, car le contenu n’allait guère au-delà de
potins sur les acteurs et actrices, et d’articles sur les films
commerciaux et officiels. Il réussit à faire évoluer le projet
initial et à y inclure une certaine couverture du cinéma
indépendant. A la satisfaction générale.
Il avait commencé par
écrire de la poésie, y avait renoncé après 1989, pour se lancer
dans l’étude du graphisme. Finalement, il revient maintenant, en
superbe mouvement cyclique, à ses débuts dans la littérature et
l’édition, mais en y incluant tout les domaines qu’il a abordés
entre temps, et en particulier les recherches sur deux thèmes
liés : la société et la ville, et leurs rapides transformations
dans le monde actuel.
On peut vraiment dire
que Tian Nan
est le
magazine d’Ou
Ning. Avec la cinéaste et vidéaste expérimentale Cao Fei
(曹婓),
également basée dans le Guangdong, il a créé une plate-forme
pour diverses pratiques culturelles et artistiques qu’ils ont
baptisée ‘Alternative Archive’
(别馆).
Tian Nan peut être considérée comme en étant une vitrine.
Pour les amateurs de
littérature, enfin, le magazine est tout simplement une mine, en
particulier pour ce qui concerne les nouvelles, et ce quel que
soit le thème retenu. Cette spécificité est certainement due au
rédacteur en chef,
A Yi (阿乙),
lui-même auteur de deux recueils de nouvelles récents.
Un riche contenu
de nouvelles
Jusqu’ici, Tian Nan
a publié quatorze nouvelles d’auteurs chinois, sept dans
chaque numéro, certaines étant en outre traduites en anglais, et
les traductions publiées dans le « magazine dans le magazine »
Peregrine.
Les deux tables des
matières détaillées ci-dessous donnent une idée de la richesse
des textes des deux numéros sortis. Nous avons ajouté les
traductions des titres en français et des notes explicatives.
Pour les nouvelles accessibles sur internet, il suffit de
cliquer sur les liens. Deux d’entre elles feront l’objet
d’une analyse lexicale
doublée d’une traduction.
1er
numéro
Entrance|入口
柏桦
诗二首 un poème de Bai Hua
Special Space|特别策划
Agrarian Asia|亚细亚故乡
Interventions|介入
阿兰达蒂•洛伊《印度的死亡在乡村》
Arundhati Roy : « L’Inde se meurt dans les campagnes »
欧宁《乡村乌托邦:清迈的艺术实验》
Ou Ning « Utopie villageoise : l’expérience artistique de Chiang Mai »
熊琦《吃米的人:小川绅介与日本乡村》
Xiong Qi : « Les
mangeurs de riz : Shinsuke Ogawa et la campagne japonaise » (1)
Documentary|纪事
梁鸿
《行动在大地》
Liang Hong :
« Action rurale » (« Agrarian action ») (2)
Memoir |记忆
李锐《底家河春秋》
Li Rui : « Les
annales des printemps et automnes de Dijiahe » (3)
吴音宁《台湾时间》
Wu Yinning :
« Heure de Taiwan » (4)
Hyperreality
|超现实
阿乙《杨村的一则咒语》
A Yi :
« La malédiction du village de Yang »
唐棣《芬芳》
Tang Di
郑小驴《弥天》
Zheng Xiaolü
徐则臣《夜归》 Xu Zechen
Trois nouvelles ayant
pour thème la vie rurale, avec des illustrations de Cai Yuanhe
(蔡远河)
Imagery |影像
赖武《乡人》
Lai Wu :
« Campagnards »
Regular Space|自由组稿
Biography|个人史
蒋蓝《伤口的纯光迫使黑暗显形:晚年陈子庄》
Jiang Lan : « Les dernières années de Chen Zizhuang » (5)
Fiction|虚构
顾前《梦境》
Gu Qian :
« Mondes de rêve »
曹寇《鞭炮齐鸣》
Cao Kou : « Salve de
pétards »
贺彬《口琴》
He Bin : « L’harmonica »
Reading
|深读
刘铮《深处的中国:评海斯勒<寻路中国>》
Liu Zheng :
« La Chine profonde : critique du livre de Peter Hessler
"Country Driving" » (6)
小浪《镜厅里,碎片状的性与死:
评纳博科夫的<劳拉的原型>》
Xiao Lang :
« Critique du livre de Nabokov "The Original of Laura" » (7)
Parasite|刊中刊
(Magazine
dans le magazine)
Peregrine,
an English Companion to Chutzpah Magazine
Ou
Ning Agrarian Utopia translated by Shumei Roan
Li
Rui
The
Annals of Dijiahe
translated by Dinah Gardner
A Yi The Curse
translated by Julia Lovell
Gu
Qian Dream Worlds translated by Anna Holmwood
Liu
Zheng Driving Deep in China translated by Lucy Johnston
Exit
|出口
廖伟棠
诗二首
deux poèmes de
Liao Weitang
(1)
Shinsuke Ogawa (小川绅介,
1935-1992), réalisateur japonais de film documentaires.
Pour tenter de
bien comprendre la vie des paysans japonais, Ogawa et son équipe
sont parties à Magino, dans la préfecture de Yamagata vers 1970, et
ont passé plusieurs décennies à filmer la vie quotidienne des
paysans de la région, en travaillant avec eux. La série des
films dits "Magino"sont ainsi devenus un modèle de démarche
documentaire, basée sur la conviction que l’on ne peut vraiment
rendre la réalité qu’en s’immergeant totalement dedans.
(2) Documentaire
consistant en une série d’entretiens réalisés dans les provinces
du Fujian et du Henan. Extrait :
(3) « Printemps et automnes » (《春秋》) est le terme consacré pour les chroniques
historiques les plus anciennes, dérivant de la plus ancienne,
les « Annales des Printemps et Automnes », chronique des
règnes des souverains de l'État de Lu (鲁国),
de 722 à 481 avant Jésus-Christ.
La tradition en
attribuant la compilation à Confucius, au début du cinquième
siècle avant Jésus-Christ, l’ouvrage est considéré comme l'un
des Cinq Classiques chinois.
Dijiahe (底家河)
se trouve dans le district de Pu (蒲县)
de la ville de Linfen (临汾市),
dans la province du Shanxi (山西省).Li
Rui a passé
plusieurs années dans la région pendant la Révolution
culturelle. Ses nouvelles traitent des difficultés de la vie
paysanne.
(4) Wu Yinning est une
ancienne journaliste qui a publié un premier livre en 2001 :
« Une enquête sur
l’armée de libération zapatiste ». Ecrivain
engagée, elle a correspondu avec l’activiste taiwanais Yang
Rumen emprisonné, publiant leur correspondance en 2007 sous le
titre « Le riz n’est pas une bombe ». Elle a aussi publié une
« Observation sur l’agriculture taiwanaise » en 2007.
(5) Chen Zizhuang
(1913-1976) : peintre de paysage, originaire du Sichuan, dont
les œuvres inspirées de styles traditionnels sont devenues
célèbres après sa mort.
(6) A la fin de ses
études à Princeton, Peter Hessler est entré dans le Peace Corps
en 1996 et a été envoyé en Chine pour deux ans pour enseigner
l’anglais dans la petite ville de Fuling, dans le Sichuan. Il
est ensuite resté en Chine comme reporter freelance, puis
correspondant étranger du New Yorker de 2000 à 2007.
Ses deux livres les
plus connus sur la Chine :
-
River Town: Two Years
on the Yangtze
(2001),
- Oracle Bones: A
Journey Between China's Past and Present (2006).
A suivi en
2010 : Country Driving: A
Journey Through China from Farm to Factory, un voyage des
villages du Nord de la Chine aux usines du Sud.
(7) Livre posthume de
Nabokov sur lequel il travaillait à sa mort, en 1977, et qu’il a
laissé inachevé. Il a été publié contrairement aux souhaits de
l’écrivain qui avait demandé que ses manuscrits inachevés soient
détruits après sa mort.
A lire en
complément :
Cao Kou :
« Salve de pétards »
曹寇《鞭炮齐鸣》
A Yi : « La
malédiction du village de Yang »
阿乙《杨村的一则咒语》
2ème
numéro
Entrance|入口
翟永明
诗二首《哀书生》《上书房,下书房》
Deux poèmes de Zhai
Yongming
Special Space|特别策划
Universal
Narratives|星际叙事
Report|报道
困困《仍有人仰望星空》 Kun
Kun :
« Il y a
toujours des gens qui regardent les étoiles »
Chinese Works|中文作品
韩松《最后一响》 Han
Song :
« Le
dernier son »
飞氘《沧浪之水》 Fei
Dao : « Les eaux de la rivière Canglang »
陈楸帆《开窍》
Chen Qiufan :
« Eveil »
杨平《山民纪事》 Yang
Ping : « Chronique de montagnards »
English Works|英文作品
William Gibson
威廉·吉布森《斯金纳的房间》(黄秀铭译)
Neal Stephenson
尼尔·斯蒂芬森《吉珮和偏执狂芯片》(毕建国译)
Paolo Bacigalupi
保罗·巴茨加洛皮《六号泵》(姚向辉译)
Jeff Noon
杰夫·努恩《马赛克脸》(朱绩崧译)
[auteurs britanniques
et américains, spécialistes de « littérature de l’imaginaire »
(speculative fiction), science fiction et autre]
Chronicle|简史
李家沂《午夜,在儒勒凡尔纳大街上》
Li Jiayi :
« Minuit,
boulevard Jules Verne »
Archive|档案
欧宁《构筑未来:“建筑电讯”的空间想像》
Ou Ning :
« L’architecture du futur : l’espace imaginaire d’"Archigram" »
朗·赫伦《步行城市》
Ron Herron :
“Walking Cities”
Regular Space|自由组稿
Astrology|星文学
邓小桦《幽深无际,花气袭人:双鱼座的胡兰成》
Deng
Xiaohua : « La double signification du signe astrologique de Hu
Lancheng » *
[* le
premier mari de
Zhang Ailing, né
sous le signe du poisson (双鱼座)].
Fiction|虚构
董启章《涤净我灵魂》
Dong Qizhang : « Purification »
北村《嗜睡者》 Bei
Cun : « Somnolence »
张楚《骆驼》
Zhang Chu : « Le
chameau »
Reading
|深读
(critiques de livres)
刘铮《在更高的维度上:侯世达<集异璧之大成>》及附录
Liu Zheng :
critique du livre de Douglas R. Hofstadter
《哥德尔•艾舍尔•巴赫:集异壁之大成》
[traduit en français « Gödel,
Escher, Bach : les brins d’une guirlande éternelle » (prix
Pulitzer 1980) ]
俞冰夏《死亡空洞里的绵长人生:波拉尼奥<2666>》
Yu Bingxia :
critique du livre de Paula Antonio “2666”.
Parasite|刊中刊
(magazine dans le magazine)
Peregrine :
An
English Companion to Chutzpah Magazine
Kun Kun “But
Some of Us are Looking at the Stars” translated by
Lucy
Johnston
Liu Cixin “The
Thinkers” translated Joel Martinsen
Han Song “All the
Water in the World” translated by Anna Holmwood
Fei Dao “The
Butterfly Effect” translated by Nicky Harman
Exit
|出口
王小妮
组诗 《致六月的威尔士》
Série de poèmes de
Wang Xiaoni
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