Vice-président de l’Association des écrivains
chinois de Pékin et professeur à l’Université de
Pékin (Beida
北大),
Cao Wenxuan est l’un des auteurs chinois de
littérature pour enfants les plus populaires
aujourd’hui. Des titres comme « La Chaumière » (《草房子》)
et « Bronze et Tournesol » (《青铜葵花》)
sont mondialement célèbres. Cao Wenxuan a obtenu la
plupart des prix décernés en Chine aux auteurs de
livres pour enfants ; il a en outre été couronné en
avril 2016 du prix Hans Christian Andersen : c’était
la première fois que le prix, remis par la reine
Margrethe II du Danemark, était décerné à un auteur
chinois.
Un écrivain marqué par son Jiangsu natal
Cao Wenxuan est né en janvier 1954 à Yancheng (盐城),
dans le Jiangsu. Pour lui comme beaucoup d’autres de
sa génération, la littérature a été le moyen de
sortir de la misère
et des travaux de la campagne. Il a publié ses
premiers récits pour enfants à l’âge de 17 ans, en
1971, mais, en 1974, il a ensuite réussi à entrer à
l’Université de Pékin pour faire des études de
langue et littérature chinoises.
Ruralité et pauvreté dans la Chine des années
1950-60
Il commence à publier en 1983, une nouvelle
‘moyenne’ intitulée « Des bœufs sans cornes » (《没有角的牛》).
Puis, en 1985, il publie un premier roman : « La
vieille muraille » (《古老的围墙》).
Le second, sorti en 1991, « Les chèvres ne mangent
pas l’herbe du ciel » (《山羊不吃天堂草》),
est couronné du prix Song Qinling, comme le
quatrième, publié en 1997, « La chaumière » (《草房子》).
Ses histoires ont généralement pour cadre la Chine
des années 1950 et 1960, c’est-à-dire celle de sa
jeunesse. En même temps, si elles sont typiquement
des histoires chinoises, de l’époque, elles sont
aussi des histoires universelles qui touchent tout
le monde, et ont même souvent la qualité de fables
en mettant en scène des enfants et des animaux, dans
des cadres ruraux de légendes.
Cao Wenxuan, en outre, est marqué par son Jiangsu
natal : l’eau, la pluie, les rivières jouent un rôle
important dans son œuvre.
La Chaumière
Publié en 1997, « La Chaumière » (《草房子》)
est l’un de ses romans les plus connus
[1].
Il se passe au début des années 1960. Sang Sang (桑桑)
a quatorze ans, il est le fils du directeur de
l’école du petit village de Youmadi (油麻地).
Son meilleur ami est chauve – donc surnommé Grue
chauve (秃鹤)
- et cette caractéristique nourrit nombre
d’aventures, tout comme la rivalité des écoles du
voisinage et des représentations théâtrales. La
beauté du village, Bai Que (白雀)
ou Moineau blanc, est courtisée par un professeur
joueur de flûte ; une idylle sans avenir malgré les
efforts de Sang Sang qui joue les intermédiaires…
Le roman a été couronné du prix littéraire
Bing Xin (冰心文学大奖)
et a marqué une étape importante dans l’essor de la
littérature pour enfants en Chine.
Bronze et Tournesol
Publié en avril 2005, « Bronze et Tournesol »
(《青铜葵花》)
est sans doute l’un de ses romans les plus
représentatifs. Il se passe pendant la Révolution
culturelle, à
Cao Wenxuan
La vieille muraille
La chaumière
L’enfant et l’oiseau
Bronze et Tournesol
la fin des années 1960 et au début des années 1970,
dans un petit village au bord d’une rivière.
Tournesol est une petite fille de sept ans. Son père
était
sculpteur, connu pour ses statues de tournesols en
bronze, et envoyé en rééducation à la campagne, dans
une « Ecole des cadres du 7 mai ». Père et fille se
retrouvent dans un village perdu au milieu des
barques et des roseaux : un village typique du « sud
du fleuve », le Jiangnan (江南水乡农村).
Mais son pèrese noie. La petite Tournesol est
adoptée par la famille la plus pauvre du village ;
le fils, Bronze, muet, n’avait pour ami qu’un
buffle, il a maintenant Tournesol.
Sont évoqués la vie du village, les inondations, les
sauterelles, la famine, et les efforts de la famille
pour survivre, et gagner un peu d’argent pour faire
soigner la grand-mère. Finalement, Bronze et
Tournesol doit œuvrer ensemble pour survivre, et
l’amour dont est entourée Tournesol dans sa nouvelle
famille est son meilleur viatique pour surmonter les
épreuves.
Et la guerre
Cao Wenxuan a mis dix ans à terminer le roman « Marqué
au fer rouge » (《火印》) qui
a été publié en 2015, l’année de la commémoration du
70ème anniversaire de la victoire du
peuple chinois dans sa guerre de résistance contre
le Japon. Le héros du récit est un cheval qui a été
sauvé tout petit d’une meute de loups par un enfant
nommé Powa. Mais, quand les Japonais envahissent le
village, ils emmènent le cheval après l’avoir marqué
au fer rouge. Le cheval est indigné et humilié. Il
refuse de laisser les soldats japonais le monter, il
est donc forcé de tirer de lourds chariots
d’armements. A la fin il est à nouveau sauvé par
Powa, mais il ne peut effacer sa marque au fer
rouge.
La guerre est souvent le contexte historique des
nouvelles de Cao Wenxuan, et elles se terminent
souvent de manière dramatique, un autre exemple
étant « Le roi des chapeaux » (《帽子王》)
qui se passe pendant la guerre sino-japonaise. Un
petit garçon et son grand-père – un magicien qui
fait des tours avec des chapeaux – subissent des
malheurs successifs : d’abord les parents de
l’enfant meurent dans le camp où ils ont été
emprisonnés, puis, quand l’enfant et le grand-père
réussissent à s’enfuir du camp, ils n’ont plus de
maison où retourner.
Reconnaissance internationale
En avril 2016, Cao Wenxuan a été le premier lauréat
chinois du prix Hans Christian Andersen, ce qui
montre bien l’émergence de la littérature pour
enfants chinoise sur la scène internationale, une
littérature qui a encore une
histoire relativement courte.
Dans l’annonce faite dans la cadre de la Foire du
livre pour enfants à Bologne, en Italie, le jury
international qui lui a décerné le prix – tout en
décernant en même temps un prix à l’illustratrice
Rotraut Susanne Berner - a souligné la beauté
d’une écriture décrivant des vies d’enfants
difficiles, devant affronter de grands périls, et la
profondeur de récits inspirés de la propre enfance
de l’auteur.
Lors de la cérémonie de remise du prix, à Auckland,
en Nouvelle Zélande, le 20 août 2015, Cao Wenxuan a
prononcé
Le Livre du grand roi (tome II)
Marqué au fer rouge
Le roi des chapeaux
un discours de réception publié le jour même dans le
Wenhuibao (文汇报)
et intitulé « La littérature :
Annonce du prix Hans Christian
Andersen
à la Foire de Bologne (Cao Wenxuan à
g.)
une autre manière de construire sa maison » (《文学:另一种造屋》)
[2].
En 2009, les éditions Littérature du peuple ont
publié les œuvres complètes de Cao Wenxuan en 14
volumes. Mais le prix Hans Christian Andersen a
suscité toute une vague de nouvelles publications.
Principales publications
Romans
1985 La vieille muraille
《古老的围墙》
1991 Les chèvres ne mangent pas l’herbe céleste
《山羊不吃天堂草》
1997 Tuiles rouges et tuiles noires
《红瓦黑瓦》
1997 La chaumière
《草房子》
1999 L’enfant et l’oiseau
《根鸟》
2000 La maison aux tuiles rouges
《红瓦房》
2005 Un riz très léger
《细米》
2005 Bronze et Tournesol
《青铜葵花》
2005 La cuillère céleste
《天瓢》
2014 A Cool Bird Wawa
2014 Fenglin Ferry
《枫林渡》
2015 Marqué au fer rouge
《火印》
2016 Les yeux de la libellule
《蜻蜓眼》
La série de Dingding et Dangdang
2012 Dingding et Dangdang, l’idiot et l’imbécile 《丁丁当当,黑痴白痴》
2013 Dingding et Dangdang, l’éléphant-fourmi 《丁丁当当,蚂蚁象》
La série met aux prises un roi magicien nommé Xi (魔王西)
qui règne sur le monde de Tarsylia (塔希里亚世界).
Quand il ordonne que soient brûlés tous les livres, le « Livre
du grand roi » échappe aux flammes, et il est ramassé par un
jeune berger du nom de Mang (放羊的孩子茫).
A la tête d’une armée, celui-ci entreprend de lutter contre Xi.
2007 Le Livre du grand roi : les tuiles ambrées
《大王书:黄琉璃》
2008 Le Livre du grand roi : la lanterne rouge
《大王书:红纱灯》
《紫河车》
La fabrique de papier blanc《白纸坊》
2016 Le chêne de feu
《火橡树》
Le 1er / 2ème
sac magique
《第一只磨袋》
Pierre femelles
《母石头》
La porte noire
《黑门》
Nouvelles moyennes
1983 Des buffles sans cornes
《没有角的牛》
1988 Une petite maison enfouie dans la neige
《埋在雪下的小屋》
1988 Le temple des ancêtres envahi par les ombres du soir
《暮色笼罩的祠堂》
1998 The Grass House
《草房子》
réalisé par Xu Geng (徐耿),
studio de Nankin
Prix du meilleur film pour enfants au 19ème Festival
du Coq d’or en 1999.
The Grass House
(non sous-titré) :
Les deux romans
"Marqué au fer rouge" et "Bronze et Tournesol"
vont être prochainement adaptés respectivement à
l’écran et au théâtre. L’annonce a été faite à un colloque à
Pékin en juin 2016 et Cao Wenxuan l’a ainsi commentée : « Les
œuvres littéraires sont comme des bombes atomiques dont
l’explosion fournit de splendides scénarios. On peut ensuite les
porter à l’écran, les mettre en scène au théâtre, en faire des
livres illustrés ou des jeux vidéo : ils peuvent être développés
à l’infini. »
Traduction en français
Bronze et Tournesol, traduit par
Brigitte Guilbaud, Philippe
Picquier janvier 2010, 286 pages
Traductions en anglais
- Bronze and Sunflower / A Very Special Pigeon, tr. Helen Wang,
the Writing Chinese project, University of Leeds, pub. by Walker
Books September 2015.
-
Legends of the Dawang Tome : The Amber Tiles, tr. Nicholas
Richards, Better Chinese, California, 2015.
- The Straw House, tr. Sylvia Yu, Julian Chen and Christopher
Malone, Long River Press 2005.
A lire en complément
Un témoignage d’une romancière chinoise qui vit maintenant en
Angleterre, Stéphanie Gou (勾尧) :
Comment « Bronze et Tournesol » a ouvert une brèche à mes
souvenirs :
« Dans un essai qui figure au dos de l’édition chinoise de
« Bronze et Tournesol », Cao Wenxuan dit : "les parents pensent
souvent qu’ils aident leurs enfants en évitant les histoires
douloureuses du passé. Mais, ce faisant, en tentant de protéger
leurs enfants aujourd’hui, ils éludent leurs sentiments, éludent
leur passé."
En lisant « Bronze et Tournesol », j’ai revécu l’enfance de mes
parents, en ressentant tout ce qu’ils ont souffert… Je les ai
vus comme des enfants que j’avais envie de caresser et consoler,
et pardonner pour leur personnalité dominante et leurs
imperfections. On a besoin de se comprendre. »
[3]
Voir Le livre du grand roi, par Liang Wendao
梁文道
:
[4]
Endroit historique de l’université de Pékin où étaient
placées des grands tableaux d’affichage en 1956, au
moment du mouvement des Cent Fleurs. Il a été de nouveau
lieu au centre des protestations dans les années 1980,
et en particulier en 1989.
[5]
Qui n’est pas sans rappeler le roman de 2015 de
Yan Lianke (阎连科)
Rixi (《日熄》)
ou « Quand la lumière s’est éteinte ».