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Prix Nobel de
littérature 2012 : on reparle de Mo Yan…
par Brigitte Duzan, 26 août 2012
Cela va bientôt
faire douze ans que le prix Nobel de littérature a été
décerné à
Gao Xinjian (高行健), à la stupéfaction générale et au grand dam des autorités chinoises.
Surprise et
polémique
On attendait
depuis longtemps qu’un écrivain chinois soit enfin
couronné de ce prix, mais Gao Xinjian ne figurait pas
parmi les auteurs pressentis et favoris : ce furent
longtemps
Bei Dao (北岛)
et Li Rui (李锐),
la candidature de
Shen Congwen ayant dû être annulée en
raison de son décès, le prix ne pouvant être décerné à
titre posthume.
Depuis 2000, la
polémique n’a pas cessé : d’une part, parce que le choix
de Gao Xinjian laissait planer un soupçon de
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Mo Yan en tête des pronostics |
considérations
politiques, et non purement littéraires, dans les critères de
sélection du lauréat ; d’autre part en raison du rôle de premier
plan joué par le traducteur suédois,
Göran Malmqvist,
dans la décision de l’Académie, dont il fait lui-même partie.
Enfin, lui-même
n’avait pas été informé, au moment de l’annonce du
lauréat, que Gao Xinjian avait été naturalisé français
plusieurs mois auparavant : dans ces conditions, peut-on
vraiment parler d’un prix Nobel chinois ?
Pronostics
2012
Alors que les
dix-huit membres de l’Académie vont débuter leurs
réunions, traditionnellement en septembre, pour discuter
des qualités et défauts respectifs des quelques nominés
auxquels est désormais réduite la liste des deux cents
dix candidatures initiales pour le prix 2012, le monde
littéraire bruit à nouveau de diverses rumeurs
alimentées par le mystère qui entoure le processus de
sélection : les noms des nominés ne peuvent être
divulgués que cinquante ans plus tard, et l’on ne sait
rien des discussions, hormis quelques rares
indiscrétions et les supputations habituelles. |
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Göran Malmqvist |
Remise du prix Nobel de littérature,
décembre 2000 |
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Celles-ci
comportent les pronostics des sociétés de paris
britanniques qui font tous les ans paraître leurs
prévisions à la fin du mois d’août. Or, les deux plus
importantes, Unibet et Ladbrokes, ont cette année des
pronostics très semblables ; elles parient soit sur un
écrivain chinois soit sur un écrivain japonais pour
remporter le prix :
Mo Yan (莫言)
et Haruki Murakami (l’auteur du bestseller mondial
IQ84).
C’est Mo Yan
qu’Unibet place en tête de ses pronostics, à 6,5 contre
1, devant Haruki Murakami, à 8 contre 1, et le
Hollandais Cees Nooteboom, à 10 contre 1.
Ladbrokes, en
revanche, place Mo Yan en seconde position, à 12 contre
1, à égalité avec Cees Nooteboom, derrière Haruki
Murakami, à 10 contre 1. Il faut souligner que Mo Yan et
Nooteboom sont nouveaux dans la liste de Ladbrokes. En
outre, l’an dernier, le lauréat du prix, le poète
suédois Tranströmer, était second dans les pronostics de
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société, Haruki
Murakami arrivant en troisième position. En revanche, en 2010,
le lauréat péruvien Mario Vargas Llosa ne figurait même pas
parmi les vingt premiers…
Des choix à
relativiser
Les paris sont
donc ouverts. Tout dépendra de la notoriété des deux
auteurs à l’étranger, en particulier sur le marché
américain, mais aussi de la qualité des traductions
suédoises : il faut encore souligner que le prix Nobel
de littérature est attribué à des auteurs dont seules
des traductions sont connues de la majorité des membres
de l’Académie, et de douze sur treize pour ce qui
concerne la littérature chinoise.
Cela relativise
la qualité intrinsèque, du point de vue littéraire, des
choix réalisés. Pour ce qui est de la littérature
chinoise, cela donne une importance non négligeable aux
deux traducteurs suédois spécialisés dans la littérature
chinoise,
Göran Malmqvist et son
ancienne élève, Anna Gustafsson Chen, dont
la carrière a débuté, justement, par une traduction du
premier grand succès de Mo Yan,
« Le Clan du
sorgho » (《红高粱家族》)… |
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Haruki Murakami |
En cas de victoire de
Mo Yan, on ne pourrait que difficilement contester le choix du
point de vue littéraire, mais la polémique reprendrait
certainement sur les arrières plans politiques dans la sélection
du prix… Cela incitera peut-être les académiciens suédois à
choisir Murakami. Après tout, le dernier Nobel de littérature
japonais remonte à Kenzaburo Oe, en 1994…
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