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Sortie du n° 4 de la
revue Jentayu : un numéro très riche sur le thème Cartes et
Territoires
par Brigitte Duzan, 7 juillet 2016
C’est un
numéro consacré à la perception du territoire et de
l’espace, aux voyages et aux frontières dans les
littératures contemporaines d’Asie.
Frontières
éphémères, titre le journal dans son éditorial, car
constructions intellectuelles, arbitraires, illusoires,
qui se font et se défont, frontières physiques et
frontières dans les esprits, frontières qui |
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Jentayu |
tentent de définir une
nation, avec ses signes distinctifs : passeports, cartes et
drapeaux.
C’est de tout cela
qu’il est question dans ce numéro qui rassemble pas moins de
quatorze auteurs, dont cinq écrivant en mandarin qui nous font
parcourir une bonne partie des territoires d’expression
chinoise : Taiwan, Hong Kong, Xinjiang, Tibet et le territoire
imaginaire de la science-fiction chinoise.
Jentayu, n° 4
(avec le dessin de Public Child) |
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La littérature
de Taiwan est représentée par l’écrivain « écologique »,
observateur de la nature, Liu Ka-shiang (劉克襄)
dont Marie Laureillard a traduit des extraits des
« Lettres familiales du microcoulier » (山黃麻家書),
recueil publié en 2012.
Hong Kong est
représenté par un écrivain aussi prolifique que doué,
Dung Kai-cheung (董啟章),
qui écrit des romans philosophiques extrêmement
littéraires, et dont le magnum opus est consacré à une
évocation historique de Hong Kong en forme de
cartographie: « Atlas, archéologie d’une ville
imaginaire » (《地图集》).
Ce sont sept extraits de ce roman
qu’a traduits Gwennaël Gaffric.
Aux marges
occidentales de la Chine,
Li Juan (李娟)
est l’une des plus jeunes représentantes de la
littérature du Xinjiang.
Ecrivain
han dans une région kazakhe, elle se distingue par une
voix d’une extrême sensibilité et des écrits d’une
grande poésie, comme la courte nouvelle choisie pour
Jentayu : |
l’évocation de la
fragilité de la vie aux franges du désert, où les sources sont
des secrets bien gardés, à l’écart du monde, et où les routes
ont des tracés incertains.
En contrepoint,
Jentayu présente un extrait des « Notes du Tibet » (《西藏笔记》)
de Tsering Woeser (茨仁唯色),
mais aussi un entretien avec elle par le traducteur, Filip
Noubel ; elle y parle, justement, de la beauté des cartes, mais
de leur caractère illusoire, aussi, étant donné la segmentation
du territoire et la difficulté de définir son identité dans un
pays où, comme dit un de ses amis, « l’identité est la poésie ».
Enfin, c’est la
science-fiction qui représente un autre territoire de rêve et
d’illusion dans ce numéro de Jentayu. Elle est représentée par
Han
Song (韩松),
voix originale de la science-fiction chinoise dont Loïc Aloiso a
fait son sujet de thèse doctorale. Il a choisi une nouvelle
intitulée « Grandes Murailles » qui part de la découverte de
tronçons de la fameuse Grande Muraille … aux Etats-Unis, ce qui
est une autre manière de poser le problème de la rivalité entre
les deux grandes puissances mondiales que l’on retrouve comme
fil récurrent dans l’œuvre de Han Song.
Et parallèlement, on
peut comparer les thèmes ainsi traités à ceux des autres auteurs
asiatiques du numéro, et vérifier que, si les styles sont très
variables, les inspirations ne sont pas si éloignées : il y a
vraiment une communauté de pensée, et de sensibilité. C’est ce
qui fait la richesse de tous ces numéros de Jentayu, quatre
déjà.
A noter :
ce numéro 4 est illustré par une dessinatrice taïwanaise qui a
fait ses classes, entre autres, à l’Ecole Pivaut de Nantes, et a
été sélectionnée au concours Jeunes Talents du Festival
international de la bande dessinée d’Angoulême : Public Child.
Voir les détails sur le site de la revue :
http://editions-jentayu.fr/
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