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Sortie du numéro
deux de la revue Jentayu avec des textes de Chine continentale
et de Taiwan
par
Brigitte Duzan, 27 juin 2015
Le second
numéro de la revue semestrielle Jentayu
qui vient de sortir en cette fin du mois de juin 2015
est consacré
aux diverses représentations de la
violence dans les littératures urbaines d’Asie.
C’est en effet la mission que s’est fixée cette revue :
faire connaître – par des traductions de textes courts
ou extraits de romans, voire de poèmes - les
littératures de régions et pays d’Asie au-delà du cercle
généralement connu qui monopolise la plupart des
traductions (Chine, Japon, Inde et Corée). C’est un
moyen de mettre en regard des traditions et formes
narratives qui ont bien des points communs, mais dont
les différences mêmes sont instructives.
Le choix de la violence urbaine comme thème de ce numéro
montre bien l’intérêt de l’exercice, avec des textes
allant de Singapour à Séoul et Taipei, et de Dacca à
Surabaya et Bangkok. La violence semble bien être un
facteur commun |
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Jentayu n°2, Villes et violence |
aux villes asiatiques, petites et grandes, même si les
formes qu’elle prend peuvent être différentes. Le choix
de textes montre en outre que ce n’est pas un phénomène
récent, amenant à se demander si ce n’est pas la ville
elle-même qui est source de violence (et pas seulement
en Asie) …
Pour ce qui concerne le domaine chinois, au sens large,
ce numéro de Jentayu propose quatre textes, chacun étant
introduit, selon l’excellent principe de la revue, par
une présentation de l’auteur et du contexte.
- « L’îlot résidentiel » est un texte de
l’écrivain taïwanais
Hwang
Chun-ming (黃春明)
tiré de son recueil d’essais « Les pensées de Mao Mao »
(《毛毛有話》),
où Mao Mao est un bébé dont le regard « frais mais
lucide » révèle les tares et tensions de la capitale
taïwanaise dans les années 1990. |
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Les pensées de Mao Mao (le recueil) |
Splendeur fin de siècle (le recueil) |
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- Autre texte taïwanais, « Splendeur fin de siècle »
(《世纪末的华丽》)
est tiré du recueil de nouvelles éponyme de la
romancière
Chu Tien-wen (朱天文).
Bien qu’ayant été récemment couronné du prix Newman de
littérature, le recueil date de 1990, et c’est donc une
autre perspective sur les tensions nées de la
confrontation entre tradition et modernité, et entre
générations, dans la ville de Taipei. La nouvelle qui a
donné son titre au recueil est la plus connue, et
certainement la plus réussie, du recueil.
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- Côté Chine continentale, la violence est abordée sous
un aspect original dans la nouvelle « Smog » (《霾》)
de
Chen Qiufan (陈楸帆),
l’un des meilleurs auteurs de la jeune génération de la
science-fiction chinoise.
Ecrit en 2010, « Smog » touche un sujet encore peu
médiatisé à l’époque, la qualité de l’air, qui a depuis
lors atteint des proportions telles que c’est devenu
l’un des problèmes majeurs affectant les centres urbains
chinois. Chen Qiufan |
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Smog (ill. Jentayu) |
en fait un sujet de science-fiction qui se prête très bien au
caractère fantasmatique que prend l’ampleur du phénomène, le
brouillard gagnant les esprits, la mémoire et l’imaginaire
autant que le paysage.
L’assassin (ill. Jentayu) |
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- Enfin, c’est du Tibet que nous vient une nouvelle de
2005 de
Tsering Norbu (次仁罗布) :
« L’assassin » (《杀手》).
Histoire de double rédemption sans meurtre, c’est un
récit qui relativise la violence en dépassant les
schémas ordinaires de vengeance rituelle sur un mode
spécifiquement tibétain, mais qui pourrait s’appliquer à
tous les pays que couvre Jentayu. |
Présentation des textes et des auteurs sur le site de la revue
(avec possibilité d’achat en ligne) :
http://editions-jentayu.fr/category/numero-2/#auteurs
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