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Sun Huifen
孙惠芬
Présentation
par
Brigitte Duzan, 12 janvier 2019
Née en 1961 à Zhuanghe, district de Dalian (大连庄河),
dans le Liaoning, au nord-est de la Chine, Sun
Huifen habite toujours à Dalian ; elle est
vice-présidente de l'Association des écrivains du
Liaoning et rédactrice en chef de la revue Haiyan
(《海燕》).
Entre ville et campagne
Elle a travaillé à la campagne et en usine avant de
pouvoir faire des études. En 1986, elle est sortie
diplômée en littérature chinoise de l’université du
Liaoning, mais elle a commencé à publier à partir de
1982. Elle est devenue membre de l’Association
nationale des écrivains en 1991.
En 1997, sa nouvelle courte « Marches » (《台阶》)
a été primée par la revue Nouvelles choisies (《小说选刊》).
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Sun Huifen |
Avec Lin Nabei (à g.) en 2011 |
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En 2002, sa nouvelle "moyenne" « Les deux femmes du
manoir du repos des chevaux » (《歇马山庄的两个女人》)
a obtenu le prix de la meilleure nouvelle de
l’année, mais elle a aussi décroché le prix Lu Xun.
Quant au roman, « Le manoir du repos des chevaux » (《歇马山庄》),
il a été couronné du prix Cao Xueqin (曹雪芹长篇小说奖)
décerné par la province du Liaoning. En 2000 et
2002, par ailleurs, ses deux nouvelles "moyennes"
« Conte de printemps » (《春天的叙述》)
et « Le mingong » (《民工》)
ont été primées par la revue Dangdai (《当代》杂志).
Début 2004 est sorti un gros recueil de récits et
nouvelles d’elle : « Entre ville et campagne »
(《城乡之间》).
C’est l’un des volets d’une trilogie avec deux
autres recueils de nouvelles de femmes, dans la même
collection des éditions Kunlun (昆仑出版社),
l’un de
Xu Kun (徐坤)
et l’autre de Qiu Shanshan (裘山山). |
Partant de portraits de personnages modestes de la campagne et
de la ville en puisant dans son expérience personnelle, Sun
Huifen s’est ensuite plus spécialement orientée vers la peinture
de la condition féminine en Chine aujourd’hui, et surtout dans
les régions rurales et les classes défavorisées.
Le manoir du repos des chevaux |
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Entre ville et campagne |
Les femmes, entre vie et mort
Fin 2010, elle publie « La femme Bingde » (《秉德女人》) :
l’histoire d’une femme, en 1905, dans un petit
village du sud du Liaoning, au bord de la mer. Wang
Nairong (王乃容)
est une jolie fille qui n’a pas encore été mariée ;
un jour, elle voit une carte du monde qui lui donne
envie de partir à sa découverte. Mais elle est
kidnappée par des bandits et devient la femme du
bandit Bingde, ce qui change sa vie ; mais elle
garde son énergie et sa vitalité envers et contre
tout….
Sun Huifen a poursuivi cette thématique avec son
recueil de six nouvelles publié en septembre 2012 :
« Nouvelles de la campagne de Sun Huifen » (《孙惠芬乡村小说》).
C’est de ce recueil qu’est tirée la nouvelle
Baomu
(《保姆》)
– dont le titre a été traduit « Cousine Perle » par
la traductrice Xiaomin Giafferri, à partir du prénom
du personnage |
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La femme Bingde |
principal,
Huizhu
(惠珠),
signifiant perle de bienveillance, ou de grande bonté (comme
dans le propre
Cousine Perle |
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prénom de
l’auteure).
La traduction a été réalisée en octobre 2014,
pour les 3èmes Rencontres littéraires
franco-chinoises qui se sont tenues à Paris dans le
cadre du 50ème anniversaire des relations
diplomatiques entre la France et la Chine,
rencontres auxquelles a participé Sun Huifen. La
nouvelle ainsi traduite
a ensuite été publiée aux Nouvelles éditions
de l’Aube en janvier 2019.
Dans cette histoire, un professeur cherchant une
bonne pour s’occuper de son épouse malade, la
narratrice lui présente une lointaine cousine qui a
quitté leur village après la mort de son mari pour
aller travailler en ville. Elle s’occupe avec
dévouement et énergie de l’épouse et tombe amoureuse
du professeur, en croyant naïvement qu’elle va
pouvoir partager sa vie. Mais le professeur se
remarie, la ramenant ainsi à la réalité. Huizhu
passe alors d’un ménage à une autre, ses brus
refusant de la reprendre dans la maison familiale au
village : une veuve n’y a pas sa place. Aussi
dévouée que crédule, Huizhu apparaît victime de la
tradition |
autant que de la vie, un peu comme la veuve Xianglin (祥林嫂)
de la nouvelle
« Le
Sacrifice du Nouvel An » (《祝福》)
de
Lu
Xun. En fin de compte, les choses n’ont
pas tellement changé pour les femmes dans la société
chinoise.
Sun Huifen apporte son témoignage sur le sujet dans
« Dix conversations sur la vie et la mort » (《生死十日谈》),
recueil publié en avril 2013 aux éditions
Littérature du peuple. Avec ces textes qui tiennent
de la littérature de reportage (报告文学),
elle part des mesures prises depuis 1911 et la fin
de l’empire pour lutter contre les pratiques
inégalitaires de la société traditionnelle chinoise,
étroitement patriarcale, et continue après 1978 et
la politique de réforme et d’ouverture, pour montrer
que les inégalités de genre persistent, surtout dans
les régions rurales pauvres. L’écrivaine étudie plus
particulièrement un phénomène en expansion : le
suicide en milieu rural, qui touche en majorité les
femmes. Certaines violences et pratiques
discriminatoires reflètent des traditions bien
établies, mais la vie contemporaine continue de
dévaloriser et marginaliser les femmes, dont
l’émancipation est loin d’être achevée. |
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Dix conversations sur la vie et sur
la mort |
Depuis des années maintenant, Sun Huifen nous parle de son
terroir, et des femmes qui l’habitent. Et chaque nouveau récit
apporte une pierre supplémentaire à cet édifice très personnel.
Traduction en français
Cousine Perle (Baomu《保姆》),
trad.
Xiaomin Giafferri-Huang,
Nouvelles éditions de l’Aube, coll. Regards croisés, janvier
2019, 126 p.
Traduction en anglais
The Women from Horse Resting Villa and Other Stories (《歇马山庄的两个女人》),
Sun Huifen et autres auteurs (dont Jia Pingwa, Wang Zengqi, Zhou
Daxin), tr. Vivian H. Zhang, Long River Press, Jan. 2012, 270 p.
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