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Chen Yuanbin
陈源斌
Présentation
par
Brigitte Duzan, 05 février 2015
Chen Yuanbin doit à Zhang Yimou la notoriété dont il
jouit aujourd’hui : il est l’auteur de la nouvelle dont
est adapté le célèbre film « Qiu Ju, une femme
chinoise » (《秋菊打官司》) :
« La famille Wan va en justice » (《万家诉讼》).
Un écrivain peu connu…
Chen Yuanbin est né le 29 décembre 1955 à Tianchang,
dans l’Anhui (安徽天长).
Diplômé de l’université de Pékin, il a été « jeune
instruit » envoyé à la campagne pendant la Révolution
culturelle. Il a ensuite travaillé à la Poste, été
juriste et rédacteur littéraire avant de devenir
écrivain professionnel.
Il a commencé à publier des nouvelles en 1978 et, en
1986, a été admis à l’Association des écrivains chinois. |
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Chen Yuanbin |
Une de ses peintures de paysages |
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Ses œuvres ont obtenu divers prix, dont le prix
littéraire Zhuang Zhongwen (庄重文文学奖)
de l’association des écrivains.
En 2005, avec
Mo Yan (莫言),
Wang Anyi (王安忆),
Jiang Zilong (蒋子龙),
Chen Jiangong (陈建功),
He Jianming (何建明)
et autres, il a fait partie du groupe d’écrivains
chinois sélectionnés par la revue « Ecrivains de Chine »
(中国作家杂志)
comme étant ceux ayant exercé le plus d’influence au
cours des vingt années précédentes.
Pourtant, en 1990, il était encore relativement peu
connu. Il avait publié des nouvelles, sur des sujets
utilisant pour la plupart des intrigues relevant de cas
judiciaires, mais aucune n’avait rencontré un grand
succès.
Et soudain, le
destin en décida autrement, d’une manière tout à fait
étonnante : en commençant par une catastrophe, comme il
l’a lui-même raconté
.
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… Et soudain la célébrité
A la fin de l’année 1990, alors qu’il était dans un village à
quelques centaines de km de là, il apprend que sa maison a
brûlé. Venu aussitôt sur les lieux, il ne trouve que des ruines.
Tout a disparu dans l’incendie, y compris sept bibliothèques de
livres et tous ses manuscrits. Il en est réduit à prendre une
chambre à l’hôtel, il n’a même plus ni serviette de toilette ni
brosse à dent.
Pourtant, dit-il, la catastrophe le laisse dans un état de
sérénité comme il en avait rarement éprouvé. Il pense que, dans
ces circonstances éprouvantes, ce qu’il lui reste de mieux à
faire est d’écrire une nouvelle.
Dès le lendemain, dans la chambre de l’hôtel, il prend du papier
et un stylo et commence à écrire. Juste à ce moment-là, passe à
l’hôtel une responsable du bureau de la culture de la province,
chargée d’exprimer le soutien de ces autorités aux victimes du
sinistre. En voyant Chen Yuanbin absorbée dans l’écriture de sa
nouvelle, elle est affolée en pensant qu’il était devenu fou.
En fait il était très calme. Il avait imaginé une
histoire simple inspirée d’un cas juridique qui lui
était cher : une paysanne porte plainte contre le chef
du village, devant les instances du bourg, du district,
de la ville, puis finalement au tribunal, et finit par
avoir gain de cause en seconde instance. Il voulait
rendre le récit le plus vivant, et le plus attrayant
possible, en collant à la réalité de la vie au village,
simple mais colorée. Le récit était terminé dix jours
plus tard.
Sur ces entrefaites, il reçoit une lettre d’une
rédactrice de la revue « Ecrivains de Chine » (《中国作家》),
Zhao Hong (赵虹) ;
elle n’était pas au courant de l’incendie, mais lui
demandait une nouvelle originale, dans le genre
populaire, facile à comprendre, mais avec un sens
profond de la psychologie et des sentiments, et une
histoire actuelle, basée sur la vie d’aujourd’hui, de
nature à captiver et émouvoir, bref à ne laisser
personne insensible. Suivirent une dizaine de lettres de
relance précisant ces termes… Chen Yuanbin révisa
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La famille Wan va en justice |
sa nouvelle, l’intitula « La famille Wan va en justice » (《万家诉讼》)
et elle parut dans le numéro de mars 1991 de la revue. Elle fut
ensuite reprise dans le numéro d’août de la revue « Le mensuel
de la nouvelle » (《小说月报》).
Chen Yuanbin (à gauche) avec l’un des
acteurs,
Zhang Yimou (2ème à partir de la dr) et
Liu Heng (à dr) |
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Cette nouvelle lui permit de surmonter le plus gros de
ses difficultés financières, mais elle lui changea aussi
totalement la vie quand Zhang Yimou tomba dessus par
hasard alors qu’il était à Chongqing, en repérages pour
un film qui aurait dû être l’adaptation d’une nouvelle
de
Liu Zhenyun (刘震云),
« Des plumes de poulet partout » (《一地鸡毛》).
Il abandonna le projet pour adapter celle-ci, et cela
donna le chef d’œuvre qu’est « Qiu Ju, une femme
chinoise » (《秋菊打官司》),
Lion d’or à la Biennale de Venise en 1992. |
Les nouvelles de Chen Yuanbin gagnèrent au passage une
telle célébrité qu’elles furent traduites en plusieurs
langues… mais seule « La famille Wan va en justice »
continue à faire couler de l’encre, et toujours à propos
du film…
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Signatures de Zhang Yimou,
Gong Li et Chen Yuanbin
sur l’enveloppe
philatélique commémorative du film |
Les 5 chapitres et la préface (texte chinois) :
www.kanunu8.com/book4/9253/
Traduction en anglais
The Story of Qiu Ju, Recueil de quatre nouvelles (The Story of
Qiu Ju, Celestial River《天河》,
Heaven’s Course《天行》,
The Drowning of Jiuzhou City《九州一溺》),
Chinese Literature, Panda Books, 1995
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