Auteurs de a à z

 
 
 
     

 

 

Baoshu 宝树

Présentation

par Brigitte Duzan, 15 novembre 2018 

 

Baoshu est un auteur de nouvelles et de romans de science-fiction qui ont été couronnées de sept prix Nebula à partir de la création du prix, en 2010, le septième lui ayant été décerné lors de la 9ème édition de ce prix, en novembre 2018, pour sa nouvelle courte « Souvenirs de Chengdu » (《成都往事》).

 

Baoshu (宝树) est le nom de plume de Li Jun (李峻) [1], né en 1980, et diplômé de philosophie de l’université de Pékin (Beida). Après avoir poursuivi ses études à l’université catholique de Louvain, il est devenu écrivain de science-fiction à part entière en 2012. Il était un passionné des récits de Liu Cixin (刘慈欣) depuis 2000, mais il n’a commencé à écrire des histoires de science-fiction qu’en 2010, pendant qu’il étudiait à Louvain.

 

Baoshu en 2014

 

Les 3 Corps X

 

C’était après la sortie en Chine du troisième volet de la trilogie des « Trois corps » (《三体》) [2]. Un ami le lui a photocopié et envoyé par mail page par page. Fasciné par le roman, Baoshu écrivit alors, comme en réponse, une suite de cent mille caractères, « Les Trois Corps X : Eternité de contemplation » (三体X•观想之宙), et publia le texte sur internet, trois semaines après la sortie du roman. Le récit de Baoshu complète le roman original en comblant un « trou » dans l’histoire d’un personnage (Yun Tianming) qui disparaît à un moment, pour reparaître de manière abrupte à un moment crucial.

 

Il attira l’attention des fans de l’auteur car il répondait aux questions que tout le monde se posait, sur l’aspect des Trisolariens, ou ce à quoi peut ressembler un univers à quatre dimensions, et Liu Cixin en autorisa la publication en 2011, aux éditions de Chongqing [3].  C’est ainsi que fut

lancée la carrière d’auteur de science-fiction de Baoshu. Mais il s’est vite dégagé de l’influence de son mentor pour devenir un auteur original, aux confins de la science-fiction et de genres voisins, en explorant principalement la notion de temps et sa nature d’une manière où transparaît sa formation de philosophe : comment le temps agit sur notre conscience, ou comment il façonne notre expérience. 

 

En 2014, le prix Nebula a été décerné à son premier roman, « Les Ruines du temps » (《时间之墟》), publié en novembre 2013 [4], sur un thème apocalyptique emprunté à la science-fiction occidentale, mais modelé sur un mode très chinois : l’histoire se déroule dans un monde qui se retrouve enfermé dans une boucle du temps infranchissable à cause d’une expérience qui a mal tourné ; mais un étudiant, aidé d’une fille mystérieuse, parvient à briser la boucle et à restaurer la normalité.

 

Autre signe distinctif, Baoshu est aussi célèbre pour ses nouvelles que ses romans car elles sont originales. Ainsi, l’une de ses nouvelles moyennes, une novella écrite en 2015, relève plutôt du genre de l’histoire alternative que de la science-fiction à proprement parler. Le récit traite de faits historiques réels mais en les prenant à l’envers : il commence de la Chine d’aujourd’hui et remonte dans le temps, à la Révolution culturelle, à la guerre de Corée, puis

 

Les ruines du temps

à la guerre contre le Japon. En raison du caractère sensible de certains des passages, la version originale du récit a été publiée seulement sur deux forums internet, sous le titre « La grande époque » (Da Shidai 《大时代》). Il a reçu un accueil enthousiaste, mais il a été effacé de l’un des forums. Il était évident qu’aucun éditeur chinois ne voudrait le publier.

 

Garuda

 

Alors Ken Liu l’a traduit en anglais et publié dans le numéro de mars/avril de la revue américaine Fantasy and Science-Fiction, sous le titre « What has Passed Shall in Kinder Light Appear » et, dans cette traduction, elle a été élue meilleure nouvelle de SF de l’année 2015 par le site BestSF.

 

Dans une interview [5], Ken Liu a écarté la question du contenu politique du récit pour le décrire plutôt comme l’histoire d’un individu qui fait son possible pour préserver son humanité à une époque de turbulence politique, totalement en dehors de son contrôle. En ce sens, c’est une histoire qui touche tout le monde en Chine. En même temps, on est loin de la science-fiction traditionnelle, plutôt dans une réflexion sur le temps historique.

 

Baoshu est l’un des auteurs sous contrat avec Guo Jingming (郭敬明) et publie dans Zuinovel.

 

Il est l’un des auteurs les plus intéressants de la nouvelle génération des auteurs de science-fiction chinoise, justement parce qu’il dépasse les limites du genre.

 


 

Principales publications

 

Romans

2011 Les Trois Corps X : L’univers de l’esprit三体X•观想之宙

2013 Les ruines du temps 《时间之墟》

2014 Deux volumes d’une série (天众龙众) :

Garuda 《金翅鸟》

Maharoga 《伏地龙》

 

Recueil de nouvelles

2012 Le Chant de la Terre de jadis 《古老的地球之歌》

2015 Sommes de divagations sur le temps 《时间狂想故事集》

Nouvelle courte

2018 Souvenirs de Chengdu《成都往事》

 

Autres : https://baike.baidu.com/item/%E5%AE%9D%E6%A0%91/62324

 


 

Traductions à lire en ligne

 

The Lighthouse Girl, tr. by Andy Dudak, Clarkesworld n° 136, January 2018

http://clarkesworldmagazine.com/bao_01_18

 

Everybody Loves Charles, tr. by Ken Liu, Clarkesworld, January 2016

http://clarkesworldmagazine.com/bao_01_16/

 

Preserve Her Memory, tr. by Ken Liu, Clarkesworld, September 2015

http://clarkesworldmagazine.com/bao_09_15/


 

 


[1] Baoshu (arbre précieux) est en fait le nom d’un moine du quatrième roman de Jin Yong (金庸), « Flying Fox of Snowy Mountain » (《雪山飞狐》). Au début du récit, un groupe de bretteurs découvrent un trésor et commencent à se battre pour l’avoir. Sur quoi arrive ledit Baoshu, lui-même expert en arts martiaux, qui leur ordonne de se rendre illico au manoir du pic du Pinceau de jade pour aider le propriétaire à mettre en fuite un ennemi redoutable, le fameux Renard volant…

Voir : http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Jin_Yong.htm

[2] Traduit en français, par Gwennaël Gaffric, « La mort immortelle », Actes Sud, octobre 2018.

[3] Ken Liu l’a traduit, sous le titre : “The Redemption of Time, a Three-Body Problem Novel” – à paraître en juillet 2019. Les détails concernant la fascination de Baoshu pour Liu Cixin et « Les trois corps » sont tirés de la préface à cette traduction.

 

     

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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