I. Le mont
Wudang
Origines
historiques |
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Le mont Wudang |
Le mont Wudang
ou
Wǔdāng Shān
(武当山)
est l’une des quatre montagnes sacrées du taoïsme
,
située au nord-ouest du Hubei, au sud de la ville de
Shiyan (十堰),
les monastères et temples du centre taoïste se trouvant
plus spécialement dans le district de Danjiangkou (丹江口).
Associé au dieu
Xuanwu…
L’autel du dieu Xuanwu |
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Ce complexe de
monastères est associé, pour des raisons historiques, au
dieu taoïste Xuanwu (玄武),
" le sombre (ou mystérieux) combattant ", encore appelé
Zhenwu Dadi, " le grand empereur vraiment martial " (真武大帝),
un dieu très puissant, capable de contrôler les éléments
et réputé maîtriser toutes sortes de pratiques magiques,
donc particulièrement vénéré par les adeptes d’arts
martiaux.
Selon la
tradition la plus ancienne, il était un prince, dans le
nord du Hebei, du temps |
de l’empereur
Jaune. En grandissant et vieillissant, il ressentit de
plus en plus de compassion à l’égard des gens du peuple
et de leur vie misérable. Alors il décida de se retirer
sur une montagne lointaine pour cultiver le Dao.
Une version
ultérieure a ajouté des détails supplémentaires, en
faisant un boucher ressentant au cours des jours
tellement d’affliction et de remords à l’idée de tous
les animaux qu’il avait tués qu’il se retira sur une
haute montagne, la suite étant mêlée d’éléments
bouddhistes, dont l’apparition de Guanyin venue lui
remettre ses péchés.
Xuanwu est
représenté comme un guerrier en habit impérial,
serrantune épée dans la main droite. Cette épée, il
l’aurait emprunté à Lü Dongbin (吕洞宾),
l’un des Huit Immortels du panthéon taoïste, pour
subjuguer un terrible démon. Ayant constaté la puissance
de l’arme, il n’a pas voulu la rendre. Et comme elle
revient automatiquement à son propriétaire dès qu’on la
relâche sa prise, Xuanwu est obligé de continuer à la
tenir bien serrée.
…
et à l’empereur Yongle
Les origines de
l’association du dieu avec le mont Wudang datent de la
dynastie des Ming, mais les premiers bâtiments sont bien
plus anciens. Le premier temple, celui des Cinq Dragons
(五龙宫),
a été érigé là par l’empereur Taizong (唐太宗).
D’autres ont été rajoutés sous les Song et les Yuan,
mais le complexe le plus important a été construit par
l’empereur Yongle, troisième empereur de la dynastie des
Ming (永乐帝).
Il avait
initialement accepté le choix, par son père, de son
jeune neveu |
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Les ruines du temple des Cinq Dragons
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Zhu Yunwen (朱允炆)
comme successeur sur le trône. Mais, quand celui-ci,
devenu l’empereur Jianwen (建文帝),
commença à éliminer ses oncles et à favoriser les
lettrés confucéens, il se rebella, supprima son rival et
monta sur le trône en 1402, proclamant l’an 1 de
l’ « ère du Bonheur éternel » (永乐年号).
Bien qu’il soit
réputé pour avoir favorisé également taoïsme,
confucianisme et bouddhisme, et qu’il soit aussi réputé
avoir été un fervent bouddhiste, l’empereur Yongle
pensait devoir sa victoire sur son neveu à la protection
et à l’aide du dieu Zhenwu. Il a donc fait construire un
vaste ensemble de bâtiments sur le mont Wudang, à
l’endroit où le dieu était supposé avoir atteint
l’immortalité.
Association
avec les arts martiaux
Le mont Wudang
est traditionnellement associé à une forme d’arts
martiaux liés au taoïsme appelée wudangquan (武当拳),
relevant des pratiques dites « internes » ou neijia
(內家).
Le wudangquan
Le
wudangquan
regroupe divers
styles dont les trois principaux sont : le taijiquan
(太极拳),
le xingyiquan (形意拳)
et le baguazhang (八卦掌),
à quoi il faut ajouter l’art de l’épée ou wudangjian
(武当剑).
La statue de Zhang Sanfeng
sur le mont Wudang |
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Chacune de ces
écoles découle de l’enseignement d’un fondateur plus ou
moins légendaire, mais le plus intéressant,
historiquement, est le premier. Selon la légende, en
effet, le taijiquan aurait été créé par un ermite
taoïste nommé
Zhang Sanfeng
(张三丰),
disciple du maître Xu Xuanping (許宣平),
poète ermite de la dynastie des Tang, que Li Bai (李白)
dit avoir cherché en vain à rencontrer sans parvenir à
le trouver.
Xu Xuanping
aurait mis au point des pratiques de contrôle du souffle
dites daoyin (导引),
précurseurs du qigong, qu’il aurait transmises à
son élève.
Quant à
celui-ci, il est probable qu’il n’ait jamais existé,
mais on le trouve, en particulier, dans le neuvième
roman de
Jin Yong (金庸),
« The Heavenly Sword and Dragon Sabre » (《倚天屠龙记》).
Il y est présenté d’abord comme un disciple de Shaolin,
né le 9 avril 1247, soit à la fin de la dynastie des
Song, et aurait ensuite quitté Shaolin pour aller
s’établir sur le mont Wudang où il aurait eu sept
disciples. |
Le neijia
C’est cela
même qui le rend intéressant : il aurait créé les
pratiques « internes » neijia en opérant une
synthèse des pratiques bouddhistes chán de
Shaolin avec ses propres pratiques taoïstes
daoyin.
Le
neijia
est basé sur la maîtrise de la force interne ou
neijing (內劲),
et en particulier du souffle qi (气),
opposé aux pratiques dites externes ou waijing (外劲)
propres à Shaolin. Le neijia et donc une pratique
intérieure, mentale, qui ne se limite pas à des
techniques de combat.
Une
illustration en est donnée dans le film d’Ang Lee
« Tigre
et dragon » (《卧虎藏龙》)
.
La jeune Yu Jiaolong (玉娇龙)
du film a été formée à l’école de Wudang
par sa maîtresse, interprétée par Cheng Pei-pei. Elle
est convaincue avoir tellement bien assimilé ces
pratiques que l’épée Green Destiny lui revient de droit.
Mais elle n’a intégré en fait que les aspects
techniques ; il lui reste à acquérir le plus important,
la dimension psychologique et morale de cet
enseignement, le xiayi (侠义),
la droiture et l’intégrité qui font partie de la sagesse
taoïste, du Dao.
II. Le
monastère Shaolin
(à suivre)