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Chengyu : « La
hache magique d’un artisan divin », en référence à Zhuangzi
par
Brigitte Duzan, 1er juillet 2020
Le titre d’un recueil de contes fantastiques
modernes de
Yang Dian (杨典)
– « La hache magique » (《鬼斧集》)
- renvoie au chengyu « La hache magique d’un
artisan divin » (shén
gōng guǐ fǔ
神工鬼斧)
qui symbolise un art raffiné, un talent tel qu’il
n’en paraît pas humain.
L’expression vient d’un chapitre du
« Zhuangzi »,
le 12e des chapitres extérieurs : |
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Zi Qing taillant sa pièce de bois |
Dá shēng
(《庄子·達生/达生》),
ou « Pleine compréhension de l’existence »
.
Ce chapitre dépeint la manière d’atteindre à la perfection
de la nature humaine, en nourrissant son souffle et son
pouvoir vital, et en développant ce qui, en soi, est un don
du Ciel. Surtout l’important est de se concentrer sur
l’objectif que l’on s’est fixé, et le but à atteindre. Le
Zhuangzi cite ici Confucius disant à ses disciples :
用志不分,乃凝於神
…
Quand la volonté n’est pas entamée, l’esprit est concentré…
Le chapitre cite ensuite une suite d’anecdotes venant illustrer
son propos. L’une d’elles est l’histoire de l’ébéniste Zi Qing :
“梓庆削木为鐻
,鐻成,见者惊忧鬼神。”
Zi Qing tailla du bois pour sculpter un support de cloche
musicale. Tout ceux qui virent [son travail] s’exclamèrent de
surprise en croyant y voir l’œuvre d’un esprit [et non d’un
homme tellement c’était parfait]
Un ensemble de cloches montées sur
leur support
comme évoqué dans le chapitre du
Zhuangzi |
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Les commentateurs ont ensuite parlé d’artisan divin
(神工)
et de hache magique (鬼斧).
Lui cependant, dit le
Zhuangzi,
expliqua qu’il avait jeûné trois jours pour parvenir
à la concentration parfaite et que c’était cette
concentration extrême qui était la clé de sa
réussite, non une quelconque intervention divine ou
magique
.
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Devant une œuvre exquise, une réalisation parfaite, on peut donc
dire que cela semble fait « par la hache magique d’un artisan
divin » (象是鬼神制作出来的,
神工鬼斧制作的),
ce qui est même temps l’exact opposé de ce que voulait dire
Zhuangzi…
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