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The Cultural
Revolution on Trial : une analyse du procès de la Bande des
quatre, par Alexander C. Cook
par
Brigitte Duzan, 7 juillet 2017
Publié en 2016, « The Cultural Revolution on Trial »
d’Alexander C. Cook
est une
analyse du procès de la Bande des quatre, événement
qui marque le début de la période de transition
post-maoïste, événement mis en scène comme tous les
grands procès politiques en Chine, pour bien en
marquer les attendus et les conclusions : il
s’agissait non tant de signifier urbi et orbi le
retour à l’ordre après le chaos de la Révolution
culturelle, mais bien de réaffirmer l’autorité du
Parti communiste, et en particulier sa légitimité à
rendre un verdict sur le passé récent du pays.
Cet ouvrage est un document fascinant tant par le
fond que par la méthode : il fallait pallier le
manque de sources, les seules disponibles et
accessibles étant des transcriptions « partiellement
rédigées » des minutes du procès, donc posant le
problème du jargon officiel et de son
interprétation. L’auteur a donc concocté une mise en
parallèle – en chapitres alternés – de documents
légaux et minutes du procès, et d’œuvres littéraires
de styles très variés allant de la |
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The Cultural Revolution on Trial:
Mao and the Gang of Four |
littérature de reportage au réalisme, en passant par les
mémoires.
Cette double analyse est l’un des grands intérêts de l’ouvrage.
Comme le souligne Man He dans sa critique du livre parue sur le
site Moderne Chinese
Literature and Culture
de l’université de l’Ohio
:
Cook dévoile de manière succincte les significations juridiques,
politiques et culturelles cachées dans les narrations
socialistes tant légales que littéraires, ainsi que les vastes
implications politiques et sociales du procès. En d’autres
termes, c’est en lisant les documents légaux comme des textes
littéraires, et les textes littéraires comme des documents
politiques, que Cook démontre aux observateurs,tant extérieurs
qu’intérieurs, qu’il y a quelque-chose d’intrigant et d’une
grande portée dans ce qui apparaît comme un simulacre de procès.
Rappel des faits
Accusés d’être les instigateurs de la Révolution culturelle, ou
du moins de ses pires excès, le groupe surnommé « Bande des
quatre » (四人帮)
fut arrêté le 6 octobre 1976, un mois après la mort de Mao, et
ses membres démis de leurs fonctions, auxquelles ils avaient
accédé lors du 10ème Congrès du Parti en 1973. Ils
étaient alors intervenus pour s’opposer à l’action de Zhou Enlai
et Deng Xiaoping, et se positionner « contre
le rétablissement du capitalisme sous toutes ses formes ».
La Bande des quatre lors de leur
procès |
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Selon Marie-Claire Bergère, cette faction radicale
tenait son pouvoir de la « faveur personnelle de Mao
Zedong vieillissant ». Le groupe était mené par son
épouse Jiang Qing (江青).
Les autres sont : Wang Hongwen (王洪文),
Zhang Chunqiao (张春桥)
et Yao |
Wenyuan (姚文元).
Ils ont été exclus du Parti en juillet 1977, et leur procès
s’est tenu en novembre 1980, avec six autres personnes, cinq
officiers proches de Lin Biao et Chen Boda (陈伯达),
secrétaire particulier de Mao.
Ils servirent en fait de boucs émissaires au Parti dans sa
tentative de redorer son blason et de se trouver une nouvelle
légitimité au lendemain de la Révolution culturelle.
Après leur procès, ils furent emprisonnés dans la prison de
Qincheng (秦城监狱),
celle réservée, entre autres, aux membres déchus du Parti. Jiang
Qing s’est pendue dans sa cellule en 1991. Wang Hongwen est mort
de maladie en prison en 1992, Zhang Chunqiao des suites
d'un cancer en avril 2005, Yao Wenyuan des complications d'un
diabètele 23 décembre 2005. Chen Boda, condamné à 18 ans de
prison mais libéré pour raisons de santé, est décédé en 1989.
Interprétation
Cook interprète le procès en termes de “justice de transition”,
terme légal apparu dans les années 1990 pour décrire le
processus au terme duquel, à l’époque, les pays d’Amérique
latine, d’Europe centrale et d’ailleurs se sont éloignés de
régimes de type autoritaire. Cependant, contrairement à ce qui
s’est passé dans ces pays, le procès de la Bande des quatre, en
Chine, s’est terminé sans résultats concluants.
Cook y voit la poursuite du vieux débat entre scientisme et
humanisme qui a dominé la Chine depuis la fin du 19ème
siècle,
et qu’il analyse dans son ouvrage dans ses aspects légaux et
littéraires : tandis que la perspective scientiste rendait la
corruption des individus au pouvoir responsable des excès de la
Révolution culturelle, la critique humaniste a dénoncé le manque
de valeurs humaines en politique comme source première de ces
excès. Or c’est le courant scientiste qui est devenu le discours
dominant, avec pour résultat, conclut Cook, que la Chine
socialiste a été privée de son âme révolutionnaire.
L’ouvrage est en six chapitres :
Chapitre 1
Du règlement de compte à la justice de transition
Définitions et acte d’accusation
De 1976 à 1980, pendant la période de transition post-maoïste et
la montée en puissance de Deng Xiaoping, le sens du terme de
"faction" ou "clique" (bāng
帮)
a évolué, explique Cook, pour passer de "clique factionnelle"
entendue comme une sorte de secte (xiǎozōngpài
小宗派)
à celui, plus mafieux, du "gang" de "Gang of Four » (四人帮)
ou "Bande des quatre" en français : un véritable « syndicat du
crime contre-révolutionnaire », tenu responsable de centaines de
milliers de persécutions et de dizaines de milliers de morts,
selon des statistiques incroyablement précises.
L’acte d’accusation, délivré le premier jour du procès, le 20
novembre 1980, reposait sur des principes d’ordre légal plutôt
que d’ordre moral. Il était question de nouveaux modes de
« penser la loi, dire la loi, et appliquer la loi » (想法,
说法,
做法),
de jeter les bases d’un gouvernement par la loi qui restera l’un
des objectifs du gouvernement chinois par la suite, comme
alternative à la démocratisation.
Procédure et mise en scène
Cook analyse en détail l’organisation de la salle d’audience, la
lecture publique de l’acte d’accusation, puis les procédures du
procès, et la haine viscérale témoignée à l’égard de Jiang Qing,
mais sans élaborersur les raisons de cette haine, en restant
dans le factuel. Toute l’analyse tend à aller dans le sens d’une
mise en scène, en particulier du témoignage de Jiang Qing.
Cette mise en scène spécifique appelle une réflexion, chez Cook,
sur le concept de "loi" appliqué ici : loi du regard (看法)
et loi de lecture (读法). Mais,
justement, la grille de lecture donnée par les documents
juridiques laissait un vide, que Cook s’empresse de tenter de
combler par des textes littéraires.
Chapitre 2
Premier texte littéraire
Les textes appelés en renfort sont une incitation à la réflexion
et au questionnement.
1. Le premier cité est celui de
Liu Binyan (刘宾雁)
« Entre hommes et monstres » (《人妖之间》)
qui date de 1979
.
Cook donne trois raisons de coupler ce texte avec
l’acte d’accusation en ouverture du procès :
- d’une part, il s’agit d’un genre littéraire qui se
propose de « chercher la vérité dans les faits » (实事求是) ;
- d’autre part, pour les réformateurs de la période
post-maoïste, l’enquête de Liu Binyan sur la
corruption gouvernementale dans le Heilongjiang
était un élément qui confirmait leur diagnostic de
la Révolution culturelle en tant que
« méconnaissance volontaire de la réalité des
conditions sociales » ;
- et enfin le texte de Liu Binyan, tout comme l’acte
d’accusation, était une critique d’un mode
spécifique « d’établissement de la vérité des faits
sur la base du délire paranoïaque, du mensonge et de
la distorsion des faits. » |
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Entre hommes et monstres |
Wang Shouxin condamnée |
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Cependant, bien que les deux textes soient basés sur
des faits, Cook trouve l’approche littéraire de Liu
Binyan plus pessimiste que l’approche légale dans le
procès. Liu Binyan attribue la responsabilité des
méfaits et atrocités commis pendant la Révolution
culturelle à des "monstres", non des criminels. Wang
Shouxin (王守信),
la femme cadre condamnée dans le livre, est non
seulement emblématique des « monstres » qui ont
gouverné pendant la Révolution culturelle, mais elle
représente aussi Jiang Qing.
Cook relève une différence essentielle entre le
procès et le propos de Liu Binyan : la mise en
accusation de Jiang Qing et sa bande et la mise en
scène de leur procès avaient pour but de
« refermer » les blessures béantes laissées par la
Révolution culturelle ; Liu Binyan laissait
entendre, lui, que les blessures étaient loin d’être
cicatrisées et qu’elles mettraient longtemps à
l’être. |
Chapitre 3
Témoignages des accusés et mode narratif légal
Cook distingue ici quatre stratégies narratives de la défense :
- le mode de la confession, adopté par Wang Hongwen, Chen Boda
et les généraux liés au cas Lin Biao,
- le mode de la contestation, celui de Yao Wenyuan,
- le mode du mutisme, adopté par Zhang Chunqiao,
- et le mode de la transcendance développé par Jiang Qing.
Les deux premiers, bien qu’avec des approches différentes, en
appelaient à une peine réduite, voire réduite à zéro, en
insérant leurs propres narrations dans le cadre plus général du
procès. Le silence distancié de Zhang Chunqiao était une menace
beaucoup plus directe pour l’ordre de la procédure : c’était une
manière de dénoncer la violence inhérente à cette procédure tout
en ménageant une possibilité d’ouverture d’une brèche dans la
contrainte des témoignages, c’est-à-dire d’un espace de critique
à l’intérieur de la salle d’audience.
Ce silence de Zhang Chunqiao n’a cependant changé ni la teneur
ni le ton volontairement dédramatisé du procès. La presse
officielle l’a considéré comme une admission de culpabilité.
C’est le
mode transcendant adopté par Jiang Qing qui a posé
un défi à l’autorité de la cour en dépassant le
cadre imposé de l’accusation, en faisant appel à
l’Histoire, donc à une autorité judiciaire
supérieure : « Si je suis coupable, qu’en est-il de
vous ? » Ce faisant, elle mettait en question
l’autorité de la cour à faire le procès de la
Révolution. Selon Cook, elle faisait figure de
« démone aux os blancs », comme dans « Le Voyage
vers l’Ouest »
,
en tant qu’incarnation de la Révolution culturelle,
mais sa quête de transcendance pour échapper à la
force contraignante de la loi en faisait aussi une
émule du Roi Singe Sun Wukong (孙悟空),
dans ses efforts pour se libérer de l’emprise des
cinq doigts du Bouddha
.
Cependant, les minutes du procès mentionnent des
réactions du public reconnaissant leur respect pour
son attitude de défi |
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Le Roi Singe et la Démone aux os
blancs |
et la validité de ses prétentions, ce qui suggère une faille
dans la narration légale.
Chapitre 4
Parallèles avec le roman de Dai Houying « L’humanité ah,
l’humanité ! »
Dans ce chapitre, Cook analyse le témoignage littéraire de
Dai
Houying (戴厚英)
dans son roman « L’humanité ah, l’humanité ! »
(Ren a,ren
《人啊,人》)
publié en 1980
.
Ren a, ren ! |
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Dans ce roman, Cook cherche un témoignage littéraire
« venant contester la conception d’une justice
rationnelle, impersonnelle et objective », telle que
promise par le procès. Cook trouve des parallèles
stylistiques entre les narrations multiples du roman
et celles des témoignages lors du procès.
Plus important, selon l’analyse de Cook : la
priorité donnée dans le roman de Dai Houying aux
ressorts psychologiques plutôt qu’à l’intrigue, aux
émotions plutôt qu’aux faits. Il s’agit là d’un
retour au réalisme psychologique : la romancière
s’attache aux sentiments intérieurs de ses
personnages, et à leurs réactions émotionnelles à
l’aliénation du quotidien.
La mise en pratique d’une justice de transition ne
pouvait pas s’appuyer seulement sur une histoire de
rétribution (à travers un procès). Il était besoin
de faire intervenir les |
sentiments (人情).
Et sa redécouverte des sentiments au lendemain de la Révolution
culturelle est ce que décrit Dai
Houying dans l’essai
ajouté en postface au roman
:
[ Il fut un temps où je croyais avec ferveur que tout dans
le monde était déterminé par la lutte des classes… J’en suis
finalement arrivée à penser que j’avais été le dindon d’une
gigantesque farce. J’étais une idiote qui croyait être la
créature la plus libre du monde, alors que j’avais en fait été
privée du droit de penser…. J’ai vécu la moitié de mon existence
sans avoir une idée claire de ma vie, mais je me suis dégagée de
ce rôle et suis partie en quête de moi-même. ]
一个大写的文字迅速地推移到我的眼前:“人”!一支久已被唾弃、被遗忘的歌曲冲出了我的喉咙:人性、人情、人道主义!
我如梦初醒。…
Très vite, un mot s’est inscrit en lettres capitales devant mes
yeux : Humanité ! Les paroles d’un chant décrié et oublié
depuis longtemps ont afflué dans ma gorge : Humanité, Sentiments
humains, Humanisme.
Je me suis réveillée comme d’un rêve…
»
C’est l’histoire de sa génération, le contenu émotif étant tout
entier dans l’exclamation A entre les termes en miroir du
titre du roman. Cook, pour sa part, oppose tout ce que ce A
(啊)
contient de subjectif et émotionnel, mais aussi de vide (虚),
au contenu réel, factuel, et plein (实),
des témoignages lors du procès.
Le critique Man He reproche à Cook de donner trop de poids, dans
son analyse, au A et aux sentiments intérieurs, en
analysant le roman comme une restauration d’un réalisme
psychologique en déshérence depuis les années 1930. Mais il est
intéressant de voir Cook attribuer à la littérature en général
une fonction essentielle de mise en forme et maîtrise des
sentiments alors que le procès, lui, cherchait à éluder cette
complexité en la résolvant dans un jugement définitif.
Chapitre 5
Le verdict
Comme l’acte d’accusation, le verdict final a connu trente
révisions avant d’aboutir à sa formulation définitive. Il a
également été accompagné du document fondamental publié en juin
1981 : « Résolution sur certaines questions concernant
l’histoire du Parti depuis la fondation de l’Etat »
Le verdict déclarait que les crimes de la Bande des quatre
étaient des violations de la loi (法律)
tandis que la résolution de juin 1981 faisait retomber la
responsabilité de la « décennie de chaos » sur le manque
d’expérience du Parti et la violation des lois objectives de
l’histoire (规律).
Le procès a redéfini la violence de la Révolution culturelle non
plus comme un problème de discipline interne du Parti (纪律),
mais comme un problème légal, d’application de la loi, tandis
que la Résolution redéfinissait la loi comme loi de l’histoire.
Le procès et son verdict final ont redonné au Parti une aura et
une pensée scientifiques, Mao apparaissant en contrepoint comme
une « arme magique », une sorte de talisman de type taoïste (法宝).
Chapitre 6
Effets à long terme de la Révolution culturelle
Dans ce chapitre, les effets à long terme de la
Révolution culturelle sont jaugés en termes de
capacité du Parti à rendre un jugement. La question
est posée sur la base des mémoires de
Yang Jiang (杨绛)
publiées en 1981 : « Six récits de l’école des
cadres » (《干校六记》)
.
Les six récits relatent l’expérience de l’auteur
dans une « école de cadres » du Henan où elle a
passé quatre ans avec son époux, de 1969 à 1972.
Plutôt que littérature de reportage comme l’ouvrage
de Liu Binyan, le récit de Yang Jiang s’inscrit dans
le courant de « littérature introspective » du début
des années 1980, orientée vers une critique de la
Révolution culturelle.
Dans un avant-propos, Qian Zhongshu fait allusion à
un élément manquant dans ces récits : non la
campagne politique, précise Cook, mais la honte (chǐ
耻)
ressentie par tous ceux qui ont fait l’expérience de
la Révolution culturelle. |
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Six récits de l’école des cadres |
Six chapitres au fil inconstant des
jours |
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Le livre relate les menus faits quotidiens de la vie
du camp, mais ces récits fragmentés, incomplets, aux
multiples lignes de fuite, reflètent bien la
transition post-maoïste, contrairement aux verdicts
du procès et déclarations sommaires de la Résolution
datée de la même année qui ne font que déshumaniser
davantage encore le quotidien.
Cook poursuit avec une analyse comparée des « Six
récits » de Yang Jiang et des « Six chapitres au
fil inconstant des jours » (《浮生六记》)
de Shen Fu (沈復)
.
Partant du concept de « déchet » développé par Yang
Jiang (à qui a été confiée la tâche de surveiller
les précieux excréments de l’école pour qu’ils ne
soient pas volés par les paysans du coin), Cook
décrit la Révolution culturelle comme « une vaste et
funeste entreprise de gestion des ressources
humaines ». Les récits de Yang Jiang ont une
ambiguïté contraire à la clarté voulue (pour avoir
sa pleine efficacité) du verdict du procès.
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En ayant ainsi recours aux oppositions humanité/loi,
littérature/loi, subjectivité personnelle/agenda collectif, Cook
montre que le discours légal est incapable à lui seul de rendre
compte des conséquences traumatiques de la Révolution
culturelle.
Conclusion
Cook remarque que le procès a eu pour effet de raviver un vieux
débat sur le mode de modernisation : doit-il être
rationnellement motivé ou inspiré par des objectifs humanistes
de renouvellement spirituel ? Le procès a été la réponse
rationnelle instrumentale aux problèmes politiques de la Chine à
la suite de la Révolution culturelle ; mais la position
humaniste a continué à animer un débat dans les journaux
académiques et les revues littéraires ainsi que dans les médias
officiels.
Le débat a été court-circuité par la campagne de 1983 contre la
pollution spirituelle qui a réduit « les impératifs moraux du
socialisme » en les soumettant à l’autorité du Parti au nom de
la loi et l’ordre. Le socialisme chinois a survécu à la
Révolution culturelle, mais ce qu’il en est resté est une
idéologie dénuée de valeurs humaines en lesquelles croire et
s’assimiler.
La littérature ne peut certes pas se réduire à une modalité
pratique de décharge d’émotions difficiles à gérer, et
l’approche binaire loi//littérature adoptée par Cook a ses
limites. Mais elle est novatrice, et suggère une lecture
contrastée des faits et des textes qui pourrait sans doute être
étendue.
The Cultural Revolution on Trial: Mao and the Gang of
Four, by
Alexander C. Cook, Cambridge University Press, 2016,
277p.
Célèbre texte de « littérature de reportage » (报告文学)
sur les injustices et les souffrances subies par le
peuple, à travers l’histoire d’un cadre corrompu d’une
mine de charbon du nord de la Chine dont le portrait
était suffisamment universel pour que tout le monde
puisse s’assimiler à lui. C’est le texte qui, à sa
publication en 1979, suscita une vive polémique dans
tout le pays et déclencha la publication de toute une
série d’œuvres dénonçant les abus de la Révolution
culturelle en termes de "reportage" plutôt que de
fiction.
Le texte chinois, à lire en ligne :
http://www.liubinyan.com/selectedworks/demon.htm
La Démone (ou Esprit) aux os blancs ou Baigujing
(白骨精) :
personnage du classique « Le voyage vers l’Ouest » (《西游记》)
dont la forme véritable est celle d’un squelette. Elle
désirait manger la chair du moine Xuanzang.
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