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				Wang Jinkang 
				王晋康 
				
				Présentation 
				par 
				Brigitte Duzan, 10 juin 2017, actualisé 23 juillet 2025   
						
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							Wang Jinkang est un auteur de science-fiction 
							chinois 
							très 
							populaire en Chine, auteur d’une quinzaine de romans 
							et de plus de 80 nouvelles 
							
							
							, 
							plusieurs fois lauréat du prix de science-fiction 
							chinois de la Voie lactée (银河奖) 
							et du prix américain Nebula (星云奖), 
							mais encore peu traduit. Le
							
							
							prix Jingdong, qui lui a été 
							décernéen mai 2017 pour son roman « Père céleste, 
							mère terrestre » (《天父地母》), 
							l’a mis justement à l’honneur en le faisant sortir 
							de l’ombre de 
							
							Liu Cixin (刘慈欣). 
							
							  
							
							
							Carrière d’ingénieur pétrolier 
							
							  
							
							Wang Jinkang (王晋康) 
							est né en novembre 1948 à Nanyang dans le Henan (河南南阳) 
							et a terminé ses études secondaires en 1966, au 
							début de la Révolution culturelle. A partir de
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							Wang Jinkang |  
					
					1968, il a donc passé trois ans dans une commune populaire 
					du district de Xinye (新野五龙公社), 
					à Nanyang, avant d’être envoyé travailler dans une fonderie 
					à Yunyang (云阳), 
					dans la municipalité de Chongqing, puis dans une usine de 
					moteurs diesel à Nanyang.   
				
				  
						
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							Cette expérience pratique lui a permis, en 1978, 
							d’entrer à l’Université des communications de Xi’an 
							(Xi’an Jiaotong daxue 
							
							西安交通大学). 
							Diplômé en 1982, il est ensuite devenu l’un des 
							principaux ingénieurs d’exploitation des gisements 
							de pétrole du Henan à Nanyang (河南油田), 
							dans le sud-ouest du Henan 
							
							
							.
							 
							
							  
							
							
							Auteur prolifique de science-fiction 
							
							  
							
							Wang Jinkang a commencé à écrire au début des années 
							1990, la quarantaine venue. En mai 1993, il publie 
							sa première nouvelle, « Le retour d’Adam » (《亚当回归》), 
							dans le mensuel Science-Fiction World (SWF ou 
							Kehuan 
							Shijie 
							《科幻世界》)
							
							
							
							, 
							et devient vite populaire.   
							
							C’est une histoire qu’il avait imaginée l’année 
							précédente pour son fils qui avait alors dix ans et 
							l’avait bien aimée, ce qui l’avait incité à 
							l’écrire : une histoire d’astronaute revenant sur 
							terre en 2253, avec deux siècles d’exploration 
							extra-terrestre ; seul survivant de la mission, il 
							est fêté à son retour, mais se rend compte que les 
							hommes ont été munis de software d’intelligence 
							artificielle, bref qu’ils sont devenus des robots…
							   
							
							Il envoya son texte à l’éditeur de la revue 
							Science-Fiction World parce que c’était le seul 
							qu’il connaissait, l’éditeur fut impressionné et en 
							demanda d’autres. 
							
							  
							
							
							Ethique et biologie 
							
							  
							
							Beaucoup de ses récits, publiés dans la même revue, 
							croisent les thèmes de l’éthique et de la biologie, 
							en jouant sur des fantasmes et des débats 
							d’actualité.  |  | 
							
							 
							Père céleste, mère terrestre   
							
							 
							The Beekeeper (ed. 1998) |  
					
					   
						
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							Le Léopard |  | 
							
							C’est le cas, par exemple, de la nouvelle 
							‘moyenne’« Le Léopard » (《豹》), 
							publiée en juillet 1998, qui traite du thème du 
							dopage sportif. Wang Jinkang y raconte l’histoire 
							d’un athlète dont le contrat stipule que ses gains 
							seront proportionnels à ses victoires ; il bat des 
							records mais créé ensuite un scandale en violant 
							l’une de ses fans – l’enquête révèle qu’il a été 
							dopé avec des gênes de léopard, et a ainsi été 
							transformé en une sorte d’être hybride assez 
							effrayant.  
							
							  
							
							La nouvelle traduite par Carlos Rojas (voir 
							ci-dessous), « Le géant réincarné » (《转生的巨人》), 
							publiée en décembre 2005, continue sur un sujet 
							semblable en renversant le thème tel qu’il est 
							traité par Isaac Asimov dans sa nouvelle « The 
							Bicentennial Man » 
							
							
							 : 
							un millionnaire excentrique lutte pour avoir le 
							droit de continuer à être reconnu sous son identité 
							première alors que son corps est peu à peu l’objet 
							de manipulations et interventions de génie 
							biologique pour remplacer les éléments défectueux. |    
						
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							C’est aussi une histoire de robot, mêlée à une 
							intrigue pseudo-policière, qui constitue le fil 
							narratif du roman « Le Chant de la vie » (《生命之歌》) 
							publié en novembre 2011. Il est question d’un 
							savant, le professeur Kong Zhaoren (孔昭仁), 
							qui a fabriqué un petit robot qu’il a appelé 
							Yuanyuan (元元) 
							et élève chez lui comme son fils. Mais, quand il 
							atteint l’âge de cinq ans, le robot cesse de grandir 
							et le professeur s’en désintéresse. Alors le gendre 
							du professeur, Pu Chongzhe (朴重哲), 
							lui aussi un chercheur sur la vie, continue les 
							recherches de son beau-père ; mais, alors que 
							celui-ci tente de l’en empêcher, Pu Chongzhe est tué 
							dans une mystérieuse explosion…  
							
							  
							
							
							L’histoire comme uchronie 
							
							  
							
							Mais Wang Jinkang s’est aussi attaqué à l’histoire, 
							traité à travers une expérience dystopique de la 
							réalité qu’il a  |  | 
							
							 
							Le Chant de la vie (ed. 1998)   |  
						
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							Sept couches d’une coquille (ed. 
							1997)   |  | 
							
							élargie
							avec des récits entrant dans le genre des dystopies 
							anglo-saxonnes, en explorant le domaine de la 
							réalité virtuelle, ou plutôt du caractère virtuel de 
							la réalité.   
							
							Il a commencé avec la nouvelle « Les sept couches 
							d’une coquille » (《七重外壳》), 
							publiée en juillet 1997, où il dépeint un Chinois en 
							visite aux Etats-Unis, soumis à sept niveaux de 
							simulation de la vie américaine ; rentré chez lui, 
							en Chine, il se demande s’il n’est pas l’objet d’une 
							autre illusion.   
							
							Son expérience personnelle de la Révolution 
							culturelle, telle qu’il la revisite dans le roman « Né 
							de fourmis » (《蚁生》), 
							publié en 2007, est une autre vision uchronique : un 
							scientifique profite de son exil forcé dans un coin 
							perdu pour mettre au point un « sérum de 
							l’altruisme » dont il a extrait les composants de 
							fourmis ; injecté à des humains, le sérum est 
							supposé produire une société idéale, mais en fait, 
							la politique s’en mêlant, il mène à l’anarchie.
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							Les terreurs nées de l’actualité    
							
							Wang Jinkang joue à plaisir des peurs, des 
							fantasmes, des phobies que l’actualité et son 
							traitement par les médias contribuent à faire 
							naître. C’est le cas en particulier du problème de 
							la gestion des armes nucléaires, avec des projets 
							d’enfouissement menacés par les risques de 
							tremblement de terre ou le danger de leur 
							récupération par des terroristes.   
							
							Le sujet du terrorisme est par ailleurs au cœur du 
							roman « La Croix » (《十字》), 
							publié en 2009, dont l’intrigue est fortement 
							imprégnée du souvenir des attaques terroristes du 11 
							septembre 2001 aux Etats-Unis : dans cette histoire, 
							des fanatiques ont mis au point une arme biologique, 
							dite « du 12 septembre », qui non seulement anéantit 
							la population américaine, mais s’étend bientôt au 
							monde entier. |  | 
							
							 
							Né de fourmis |    
						
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							La Croix   |  | 
							
							En 2014, Wang Jinkang a repris le thème dans un 
							roman qui a également une intrigue de roman à 
							suspense et a été traduit en anglais par Jeremy 
							Tianget publié en janvier 2016 sous le titre 
							« Pathological », littéralement « Panique niveau 
							4 » (《四级恐慌》). 
							Il est question d’un ultime virus de la variole qui 
							a survécu aux recherches conduites pendant la Guerre 
							froide par un groupe de recherche soviétique; en 
							Chine, une jeune chercheuse qui a son propre 
							institut, va se marier et a une vie bien remplie car 
							elle a créé un orphelinat pour aider des filles à la 
							rue, veut utiliser cette dernière souche du virus 
							pour produire un vaccin, mais une épidémie se 
							déclare dans l’orphelinat, tandis qu’au même moment 
							une autre est déclenchée dans une école américaine…
							   
							
							Ce qui distingue Wang Jinkang, c’est le naturel de 
							ses histoires : elles plongent directement dans 
							l’actualité quotidienne, sans inventer de 
							technologies tirées par les  |  
						
							| 
							
							cheveux. Il crée des possibilités infinies pour 
							l’univers, mais surtout dans les esprits. D’ailleurs 
							il a dit que la science-fiction n’avait pas pour but 
							d’imaginer le monde futur, mais d’ouvrir les 
							esprits, et de réfléchir à des moyens de faire 
							progresser notre civilisation, et d’abord en 
							empêchant qu’elle soit anéantie par des forces 
							incontrôlables, humaines surtout.  
							
							  
							
							« Je suis impuissant devant un désastre. Alors 
							j’essaie de construire des fortifications pour 
							protéger l’humanité de désastres. » dit un vieux 
							professeur dans son premier récit. C’est ce que l’on 
							retrouve dans les romans et nouvelles de Wang 
							Jikang.   
							
							Les textes de 34 de ses romans et nouvelles les plus 
							célèbres sont à lire en ligne :  
							
							
							
							http://www.kanunu8.com/files/writer/6619.html |  | 
							
							 
							Panique niveau 4 |    
   
				
				
				Traductions en anglais 
				
				
				  
				
				Deux nouvelles traduites par Carlos Rojas : 
				
				- The Reincarnated Giant 
				《
				转生的巨人》 
				Renditions 77/78 
				(Spring/Autumn 2012)
				
				
				: 173-209. 
				
				- The Beekeeper 
				
				《养蜂人》   
 
				  
				
				Adaptation au cinéma 
				  
				- « Double 
				Helix » (《生命之歌》), 
				court métrage de 
				
				Qiu Sheng 
				(仇晟) 
				adapté de la nouvelle « Song of Life » (《生命之歌》), 
				sorti en juin 2021. 
				  
				  
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