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Lin Xi
林希
Présentation
par
Brigitte Duzan, 24 juillet 2017
Lin Xi est un écrivain de Tianjin connu pour ses
nouvelles écrites dans les années 1980-1990 : elles
dressent un tableau extraordinairement vivant de la
ville dans les années 1920 et 1930, avec tout un
cortège de personnages hauts en couleurs sur fond
d’histoire locale, où Yuan Shikai tout comme les
seigneurs de la guerre apparaissent comme des
personnages à part entière, aussi vivants et
loufoques que les voleurs et les devins du cru.
Eléments biographiques |
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Lin Xi |
Lin Xi est né en 1935 à Tianjin et continue activement à écrire
et publier.
Il s’appelait Hou Hong’e (侯红鹅),
c’est-à-dire ‘le cygne rouge’. La famille de son père était une
famille de compradors, son père travaillait dans une firme
japonaise et sa mère venait d’une famille de lettrés.
Lin Xi termine ses études en 1952 à l’Ecole normale de Tianjin
et devient enseignant. Il n’a que 17 ans, mais a déjà un talent
de poète reconnu.
En 1955, il se trouve impliqué sans raison dans le « cas Hu
Feng » (“胡风案”)
;
on lui colle l’étiquette « Elément Hu Feng » (“胡风分子”)
simplement parce qu’il était en très bons termes avec le poète A
Long (阿垅)
et qu’A Long avait lui-même été taxé d’« Elément Hu Feng ».
En 1957, alors qu’il est rédacteur de la revue de Tianjin « Le
nouveau port » (《新港》),
Lin Xi est déclaré « droitier » (“右派”),
ce qui le met au ban de la société ; il est envoyé travailler
dans les champs et à l’usine, il est tireur de pousse et
balayeur les rues. Pendant la Révolution culturelle, il est
envoyé enseigner aux mineurs dans la mine Linxi (林西矿)
à Tangshan ; c’est le nom de la mine qui lui inspire son
pseudonyme de Lin Xi (林希).
Il est réhabilité en 1979 et se remet à écrire des
poèmes, sous son nouveau nom de plume. Il écrit
alors de longs poèmes dont « La rivière anonyme » (《无名河》)
qui obtient deux prix en 1981, dont le prix de la
nouvelle poésie, lors de la seconde édition de ce
prix. Puis, en 1989, il se tourne vers l’écriture de
nouvelles et de romans.
En 1982 il devient écrivain professionnel et membre
de l’Association des écrivains chinois. Il atteint
sa maturité dans les années 1990, avec une série de
nouvelles très connues, dont certaines sont adaptées
au théâtre et à la télévision. Sa nouvelle ‘moyenne’
« Petit garçon » (《小的儿》)
obtient le prix Lu Xun lors de la première édition
du prix, en 1995-96
.
Nouvelles et ouvrages sur Tianjin
Nouvelles |
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Le Physiognomoniste Wufeizi |
Lin Xi a publié plusieurs dizaines de nouvelles,
mais les plus célèbres sont celles écrites dans les
années 1990, qui forment un tableau satirique de la
ville et de la société de Tianjin dans les années
1920-1930. La ville est observée au niveau de la
rue, les personnages du peuple se mêlant aux
personnages vrais, seigneurs de guerre, généraux et
élite au pouvoir, en un monde coloré et dangereux où
les voleurs ont leur hiérarchie comme dans « Au bord
de l’eau » et les devins leur rôle à jouer dans
l’ascension et la chute des ambitieux dans les
coulisses du pouvoir.
La toile de fond est la période de troubles qui suit
la Révolution de 1911, l’ascension au pouvoir de
Yuan Shikai, puis, après sa mort, la rivalité entre
les seigneurs de la guerre qui se disputent le
pouvoir. Tianjin est comme un eldorado. Mais Lin Xi
se joue de l’histoire officielle, et en dépeint le
revers, avec brio, en contant des anecdotes qui
semblent plus vraies que la réalité, ou du moins
semblent l’éclairer. |
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Le vieux Tianjin illustré |
Cent ans de souvenirs |
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Ses récits sont autant de portraits de personnages
peu ordinaires de la vie courante, à Tianjin à
l’époque, dont
Feng Jicai (冯骥才)
poursuivra le modèle en l’apurant et en le
raffinant. Ils sont superbement menés, entrant de
plain-pied dans le présent, mais avec des
flash-backs pour expliquer comment son personnage en
est arrivé où il en est, avant de reprendre son
histoire où il l’a laissée, avec des digressions
décrivant certains quartiers de la ville et brossant
au passage tel ou tel trait de la culture urbaine.
On rit souvent en voyant épinglés, avec une ironie
qui fait mouche, Yuan Shikai ou les seigneurs de
guerre.
La plus étonnante, sans doute, de ses histoires est
celle du
physiognomoniste dit wufeizi (相士无非子),
soit infaillible, et sans égal. Le récit commence
comme un petit traité sur les différentes catégories
de devins de la ville, des miséreux dans la rue, à
quelques yuans la consultation, à ceux ayant pignon
sur rue, et traitant uniquement des questions
cruciales de |
l’heure, celles déterminant le destin d’un aspirant au
pouvoir.
La nouvelle est précisément datée : printemps 1915,
soit la phase transitoire où Yuan Shikai prépare sa
proclamation comme empereur à vie. Tianjin est en
pleine tourmente, et la situation est très
dangereuse pour un devin réputé recherché par les
seigneurs de guerre rivaux qui attendent de lui la
divination clé leur permettant de vaincre leurs
rivaux.
Lin Xi imagine le devin pris en otage, jouant sur
les caractères de ses prédictions pour leur faire
dire le contraire du sens usuel alors qu’il a commis
une grave erreur, et parvenant ainsi à sauver sa
peau.
On comprend que l’on ait voulu adapter le récit au
théâtre : c’est vif et brillant comme un vaudeville.
Ouvrages sur Tianjin
A partir du début des années 2000, Lin Xi s’est
tourné vers |
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Le dialecte de Tianjin |
une réflexion sur la ville, son histoire et sa culture. Il a
publié plusieurs ouvrages en partant de ses souvenirs. L’un
des derniers en date est une étude et une sorte de manuel du
dialecte de Tianjin.
Publications
Romans
Complainte de Beiyang
《北洋遗怨》
Amour, haine et hostilité
《爱、恨、仇》
Le désert de l’amour
《爱的荒原》
Pêches et abricots
《桃儿杏儿》
Une famille de compradors
《买办之家》
(première partie de la trilogie « Cent ans de Tianjin »
《天津百年》)
Nouvelles
Octobre 2010 Petit garçon《小的儿》
Recueil de nouvelles
Juillet 2013
Le Physiognomoniste
Wufeizi
《相士无非子》,
(Editions Baihua lettres et arts, coll. Histoires fleurant
Tianjin
《津味小说》)
Recueil de six nouvelles représentatives des années 1990, dont,
outre la nouvelle-titre, « Le Maître des Criquets » (《蛐蛐四爷》),
« Un oisif de Tianjin » (《天津闲人》)
« Fin de chou, début de yin » (《丑末寅初》)
[chou : 2ème branche terrestre, yin : 3ème
branche terrrestre], « Le Maître des voleurs » (《高买》),
« La Tante ivre » (《醉月婶娘》).
Ouvrages sur Tianjin
1998 Le vieux Tianjin : souvenirs du passé
《老天津
:
津门旧事》
Nov. 2003 Le vieux Tianjin illustré
《老天津画传》
Illustrations de Li Faming
李法明
Nov. 2010 Le vieux Tianjin, la rue Jinrong
《老天津,金融街》
(la
rue des banques et sociétés financières)
Janv. 2015 Le dialecte de Tianjin (édition révisée)《天津话逗你玩(增订本)
》
Sept. 2015 Cent ans de souvenirs
《百年记忆》(les
souvenirs de sa famille)
Adaptations
Adaptations au théâtre huaju
« Le Maître des Criquets » (《蛐蛐四爷》)
et « Le Physiognomoniste Wufeizi » (《相士无非子》).
Adaptation à la télévision
Adaptation de son 5ème roman en une série
télévisée de 20 épisodes de 45 minutes, diffusée en
juillet 2003:
« Une famille de compradors »
《买办之家》avec
Zhou Xun (周迅),
Chen Kun (陈坤),
etc. |
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Une scène de la pièce Le
Physiognomoniste Wufeizi |
1er épisode :
https://www.youtube.com/watch?v=u-y71_0VIRU
(les autres suivent)
Adaptations au cinéma
Adaptation des deux nouvelles « Un oisif à Pékin »《天津闲人》et
« La tante ivre »
《醉月婶娘》.
Deux films réalisés par Zheng Dasheng (郑大圣) dans sa
série d’adaptations littéraires, sortis en 2012.
1. An Idler in Tianjin, ou Useless Man
《天津闲人》
2. Adaptation de la seconde nouvelle sous le titre
« Love in a Falling City »《危城之恋》,
ou « Falling City »
《危城》.
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Falling City (film) |
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An Idler in Tianjin (film) |
Traduction en français
Les Aventuriers de Tianjin, préface de Shao Yanxiang (邵燕祥),
Editions littérature chinoise, coll. Panda 1995 – les deux
nouvelles : Les "Mains habiles"
《高买》
et Monsieur Infaillible le Physiognomoniste
《相士无非子》.
Traduction en anglais
- King of the Wizards, CLP Panda 1998.
[les deux mêmes nouvelles que celles des Aventuriers de Tianjin]
- Selected Stories by Lin Xi (Gems of Chinese Literature),
bilingual
edition, ed. by Du Xia, Foreign Languages Teaching & Research
Press, Jan. 1999.
Hu Feng (胡风)
s’est opposé à Mao dès Yan’an sur la question du
réalisme. En 1954, il a publié un « Rapport sur la
pratique et l'état de l'art et de la littérature ces
dernières années » (关于几年来文艺实践情况的报告),
également appelé « Lettre de 300 000 mots » (三十万言书),
qui lui a valu, l’année suivante, d’être arrêté, et
condamné à la prison comme contre-révolutionnaire. Il ne
sera libéré qu’en 1979, et réhabilité en 1980. Mais il
avait perdu la raison, fera plusieurs tentatives de
suicide et mourra en 1985.
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