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Kan Yao-ming 甘耀明
Présentation
par
Brigitte Duzan, 11 février 2017
D’origine hakka, né en février 1972 dans le district
de Miaoli (苗栗),
au nord-ouest de Taiwan, Kan Yao-ming est diplômé du
département de chinois de l’université Tunghai.
Avant de devenir écrivain à plein temps, il a
d’abord travaillé comme professeur de collège,
reporter, et comme dramaturge pour un petit théâtre.
Il est célébré à Taiwan comme l’un des écrivains
majeurs du courant « néo-nativiste », l’une des
caractéristiques de son écriture étant de mêler
légendes populaires taïwanaises et récits
historiques locaux pour créer un univers
magico-réaliste très particulier. On parle aussi de
« nouvelle littérature du terroir » (新乡土文学),
pour la mettre dans la continuité de la
« littérature |
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Kan Yao-ming |
du terroir » des années 1970, celle des écrivains taïwanais
de souche qui, déjà, prônaient un retour aux sources rurales
authentiques.
Des nouvelles
Récits contés à mes funérailles |
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Kan Yao-ming s’est d’abord rendu célèbre avec deux
recueils de nouvelles : « Le train
mystérieux » (《神秘列车》)
et « L’école del’esprit de l’eau et la loutre qui a
perdu sa mère » (《水鬼学校和失去妈妈的水獭》),
publiés respectivement en 2003 et 2005. Ces
nouvelles lui ont valu de nombreux prix, dont deux
fois le Open Book Award for Best Chinese Writing du
China Times.
Entre les deux, il a publié un recueil d’essais :
« Une école sans murs : un paradis éducatif hors
système » (《没有围墙的学校:体制外的学习天空》).
Cinq ans plus tard, en 2010, sortun troisième
recueil de nouvelles, « Récits contés à mes
funérailles » (《丧礼上的故事》),
publié en 2010. C’est une suite de récits que se
racontent, à son enterrement et pour répondre à sa
dernière volonté, des parents et amis d’une vieille
dame qui adorait |
en raconter et y voyait son meilleur remède contre la
maladie. Le schéma est classique, les récits le sont moins.
Entre-temps, Kan Yao-ming a publié un premier roman qui a
beaucoup fait parler de lui.
Deux romans
C’est en 2009 qu’est publié son premier roman,
« Liquider les fantômes » (《殺鬼》)
qui a très vite été traduit en anglais (voir
ci-dessous). Il est parfaitement représentatif de ce
courant néo-nativiste qui mêle en même temps tous
les langages de l’île, du mandarin au japonais et au
hakka en passant par les dialectes taïwanais. Il
traite de sujets politiques et historiques sérieux
sous des dehors de fable absurde, d’une imagination
débridée.
L’histoire se passe dans les années 1940 dans la
campagne taïwanaise, avant et après le régime
colonial japonais, et a pour personnage central un
garçon très grand pour son âge, qui semble avoir des
pouvoirs spirituels quasi divins. Il évolue dans un
monde étrange où les trains marchent sans rails, où
les enfants soldats se déplacent en portant la stèle
familiale sur le dos, et où un vieil homme défie les
Japonais en s’enterrant vivant, mais, ce faisant,
donne naissance à une forêt. |
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Liquider les fantômes |
Le roman a défrayé la chronique taïwanaise à sa sortie en 2009 :
roman historique, il traite de la question des identités
taïwanaises résultant de cinquante ans d’occupation japonaise et
du régime autoritaire du Guomingdang après la guerre, avec pour
toile de fond le mouvement Kominka (le mouvement d’assimilation
forcée lancé par les Japonais) et la loi martiale imposée en
1947 à la suite de « l’incident 228 », et en vigueur jusqu’en
1987. Il a été choisi comme Livre chinois de l’année par
Books.com, la plus importante librairie en ligne de Taiwan.
Mo Yan
a écrit une recommandation enthousiaste pour le livre, en le
louant pour son pouvoir « de remuer ciel et terre ».
Ce premier roman a été lauréat du China Times Open Book Award
2009 et du
Taipei Book Fair Award
en 2010
.
La jeune pangcah |
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En 2015, Kan Yao-ming a ensuite publié son second
roman, « La jeune pangcah » (《邦查女孩》),
qui dépeint le quotidien des communautés aborigènes
pangcah, au cœur des montagnes de l’île
et qui a été couronné du Taiwan Literary Award.
L’histoire commence dans les années 1970 à Hualien (花蓮),
sur la côte est de Taiwan. Une jeune serveuse dans
un restaurant décide de partir avec un garçon
qu’elle connaît à peine. Elle le suit en montagne où
elle découvre qu’il est bûcheron (le roman a été
traduit en anglais « The Girl and the Woodcutter »).
Tous deux redonnent vie à la communauté locale en
reconstruisant la vieille école, et ils découvrent
en même temps les blessures laissées par l’histoire.
Mais ils finissent par être confrontés à eux-mêmes
et aux raisons qui les ont emmenés là. |
Le roman mêle encore réel et fantastique pour dépeindre la dure
réalité des communautés qui vivent dans les montagnes de l’île à
un moment de rapides changements socio-économiques
.
Kan Yao-ming est aujourd’hui l’un des auteurs les plus en vue de
la littérature taiwanaise.
Traductions en anglais
- Killing Ghosts
《殺鬼》,
roman traduit par Howard Goldblatt et Lin Lichun, Aquarius 2009.
- Tales at the Funeral
《丧礼上的故事》,
nouvelles traduites par David van der Peet, Aquarius 2010.
- The Girl and the Woodcutter
《邦查女孩》,
roman traduit par David van der Peet, Aquarius 2015.
Traduction en français
- La prodigieuse histoire du bol de riz au lard »
《神奇的豬油拌飯》
sixième des récits du recueil « Récits contés à mes
funérailles », traduit par Coraline Jortay,
Jentayu n°5, hiver
2016-2017, pp. 75-84.
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