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Hao Jingfang 郝景芳
Présentation
par Brigitte Duzan, 23 août 2016, actualisé 19 août 2021
Auteure de science-fiction, Hao Jingfang est soudain
devenue célèbre lorsque, le 21 août 2016, lui a été
décerné le
prix Hugo pour sa nouvelle « Folding Beijing »
(《北京折叠》).
Née en juillet 1984 à Tianjin, elle a commencé des études de
physique de l’université de Tianjin. Après
l’obtention de son diplôme, en 2006, elle a
poursuivi ses études de physique à l’université
Qinghua à Pékin, mais elle y a aussi préparé un
doctorat d’économie et |
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Hao Jingfang |
gestion, obtenu en 2012. Comme beaucoup d’auteurs de
science-fiction, elle a donc un bagage scientifique,
mais n’a pas fait d’études littéraires en parallèle.
Elle a commencé à écrire dès le début des années
2000, et, en 2002, a remporté le premier prix du
concours New Concept Writing (新概念作文大赛).
Errance entre Mars et la Terre |
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Entre 2011 et 2016, elle a publié trois romans, dont
le premier définit les traits principaux de son
univers romanesque. Il a un titre un peu ésotérique,
qui renvoie à l’histoire qu’elle y raconte en jouant
sur les caractères : « Errance entre Mars et la
Terre » (《流浪玛厄斯》) – ou Ma- et -Esi représentent les
transcriptions phonétiques des termes anglais
(Mars/Earth). Cela évoque Jules Vernes et « De la
Terre à la Lune », mais l’idée est différente : il
s’agit d’une réflexion sur le choc de deux mondes.
L’humanité est divisée en deux mondes complètement
différents et sans contacts : Mars et la Terre. L’un
est régi par un système strictement totalitaire, aux
règles strictes, l’autre est comme un jardin (à
l’anglaise), merveilleusement divers et d’une grande
profusion. Un groupe de jeunes nés sur Mars ont
grandi sur la Terre où ils sont arrivés à 13 ans
comme étudiants étrangers. Ils |
reviennent sur Mars cinq ans plus tard, à 18 ans et
commencent à tout remettre en question…
C’est plus proche du roman d’anticipation que de
science-fiction à proprement parler. C’est le cas
aussi de la nouvelle qui lui a valu le prix Hugo.
« Folding
Beijing » (《北京折叠》).
Elle y décrit un monde en stagnation économique où
se développe la robotisation du travail, un monde
divisé par les inégalités sociales au point d’être
formé de sphères fonctionnant comme des ghettos, des
« plis » de l’espace urbain définis en fonction du
statut social, sans communication entre eux.
C’est le principal sujet de réflexion de Hao
Jingfang aujourd’hui, et celui sur lequel elle
travaille dans sa vie quotidienne. Car elle n’écrit
qu’à ses moments de loisir. Elle travaille pour la
Fondation de recherche sur le développement de la
Chine, où elle est entrée après avoir obtenu son
doctorat d’économie. C’est un organisme indépendant
et sans but lucratif, qui a été fondé par le Centre
de recherche sur le développement du Conseil d’Etat
chinois. Certaines des recherches sont
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Retour à Charon
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commissionnées par le gouvernement chinois, d’autres par des
sociétés privées. Un des volets
Voyageurs stellaires
(dessin de couverture de Hao
Jingfang)
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du travail de recherche concerne l’amélioration des
conditions de vie des enfants dans les parties les
plus reculées et les plus pauvres de la Chine.
Hao Jingfang est ainsi passée de la fable politique
à une fable sociale prolongeant sa réflexion, et son
travail, sur l’inégalité. Elle dit maintenant
vouloir écrire une histoire de l’inégalité, vaste
sujet qui la préoccupe depuis longtemps ; quand elle
était étudiante de physique, déjà, elle a tenté de
résoudre les courbes de distribution de revenus aux
Etats-Unis en appliquant des formules de physique.
Elle s’est demandé comment on pouvait expliquer
l’origine de l’inégalité et si c’était un problème
universel. Selon elle, l’histoire de la Chine
impériale peut être analysée en termes de luttes
contre les inégalités, avec réformes récurrentes
visant à les atténuer, constamment remises en cause
par la nature même des forces économiques. |
L’insondable profondeur de la
solitude
The Lonely Depths |
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En attendant, elle multiplie les publications, de
recueils de nouvelles en particulier ; le prix Hugo
en a fait un auteur recherché par les éditeurs, dès
sa nomination.
Des traductions devraient suivre … mais aussi des
adaptations cinématographiques. La première est une
adaptation de « Folding Beijing », annoncée lors
d’une conférence de presse à Hong Kong en mai 2017.
Le film a été réalisé par le scénariste américain
Josh Kim qui l’a approchée par l’intermédiaire de
Ken Liu. Il a ajouté des personnages et des détails
supplémentaires à la ligne narrative et l’histoire
ne se passe plus à Pékin, mais dans une ville
imaginaire du futur. Le film a déjà été tourné, on
attend sa sortie pour la fin de 2021 ou 2022.
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Publications
Romans
Avril 2011 Errance entre Mars et la Terre 《流浪玛厄斯》
Août 2012 Retour à Charon 《回到卡戎》
Juin 2016 Errance sous le firmament 《流浪苍穹》
Recueils de nouvelles
Septembre 2011 Voyageurs stellaires 《星旅人》 nouvelles écrites
entre 2005 et 2010
Juillet 2016 Partir au loin 《去远方》 nouvelles primées
L’insondable profondeur de la solitude《孤独深处》 nouvelles écrites
entre 2010 et 2016
Recueil d’essais sur la culture 文化散文
Avril 2012 L’Europe dans le temps《时光里的欧洲》
Traductions en anglais
- The Last Brave Man
《最后一个勇敢的人》,
tr. Poppy Toland.
- Invisible Planets《看不见的星球》,
tr. Ken Liu, Light Speed magazine n° 2, dec. 2013
À lire en ligne
http://www.lightspeedmagazine.com/fiction/invisible-planets/
- Folding Beijing
《北京折叠》,
tr.
Ken Liu, Uncanny magazine, dec. 2015
À lire en ligne :
http://uncannymagazine.com/article/folding-beijing-2/
La nouvelle fait partie d’une anthologie de science-fiction
éditée et traduite par Ken Liu, sous le titre « Invisible
Planets ».
- Limbo
《生死域》,
tr. Ursula D. Friedman.
Nouvelle publiée dans The Lonely Depths (《孤独深处》),
Nanjiing, Jiangsu wenyi, 2016.
À lire en ligne :
https://u.osu.edu/mclc/online-series/limbo/#_ftn2
Traduction en français
-
L'insondable profondeur de la solitude
《孤独深处》,
11 nouvelles traduites par Michel Vallet,
Fleuve éditions (coll. Outre fleuve), mai 2018, 368 p.
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