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Chen Hengzhe 陈衡哲

1890-1976

Présentation

par Brigitte Duzan, 2 février 2019

 

Pionnière de la littérature chinoise en vernaculaire à la fin des années 1910, Chen Hengzhe a été une figure de proue du mouvement de la Nouvelle Culture, et la première femme à être professeure dans une université chinoise.

 

Etudes aux Etats-Unis

 

Elle est née en 1890 à Wujin (武进), dans le Jiangsu, dans une famille de lettrés originaire du Hunan. Refusant d’épouser le mari que lui avait choisi son père, elle fut recueillie par une tante paternelle qui, en l’absence d’école où elle puisse étudier, lui donna des cours.

 

En 1911, elle part étudier l’anglais à Shanghai. Puis, en 1914, lorsque l’université Qinghua organise des examens à Shanghai pour sélectionner des étudiants afin qu’ils aillent étudier aux Etats-Unis grâce aux bourses du

 

Chen Hengzhe

programme des indemnités Boxer [1], elle passe l’examen et elle est reçue : c’est ainsi qu’elle part étudier l’histoire au Vassar College. Après avoir obtenu un BA, elle va préparer un master à l’université de Chicago.  

 

Avec son mari H.C.Ren

 

Avec son mari et Hu Shi en août 1920 à Nankin

 

En 1916, elle rencontre Hu Shi (胡适) à l’université Cornell où il étudiait la philosophie, ainsi que son futur mari H. C. Zen (ou Ren Hongjun 任鸿隽) qui y faisait des études de chimie [2]. Elle est influencée par l’article que fait paraître Hu Shi en janvier 1917 dans le journal Nouvelle Jeunesse (新青年) fondé par Chen Duxiu (陈独秀) : « Suggestions pour une réforme de la littérature » (《文学改良刍议》) ; il y préconise l’utilisation de la langue vernaculaire (baihua 白话) à la place de la langue classique considérée comme langue « morte » et incompréhensible d’une grande majorité de la population.

 

Pendant son séjour à Cornell, un jour que les trois amis étaient allés faire du bateau sur le lac Cayuga, qui se trouve au nord-ouest du campus de l’université, son futur mari composa un poème en langue classique que Hu Shi critiqua comme une suite d’expressions mortes, datant de plus de trois mille ans. Chen Hengzhe ne participa pas à la discussion, mais elle se mit à écrire en baihua.

  

Le Duli Pinglun

 

Gouttes de pluie, éd. 1928

 

En juin 1917, outre des poèmes, elle publie « Un jour » (《一日》) dans le journal des étudiants chinois de l’université (le Chinese Students’ Quarterly) : c’est véritablement la première nouvelle à avoir été écrite en baihua, près d’un an avant « Le Journal d’un fou » (《狂人日记》) de Lu Xun censé être le premier texte en baihua, fondateur de la littérature moderne chinoise. Mais la nouvelle de Chen Hengzhe a été publiée dans un journal d’étudiants américain, et elle raconte juste un jour dans la vie d’étudiantes étrangères dans une université américaine. Il est certain que le texte lui-même n’a pas la même qualité littéraire que celui de Lu Xun, mais il en est le précurseur.

 

Elle publie aussi la nouvelle « Gouttes de pluie » (《小雨点》) dans le journal Nouvelle Jeunesse, nouvelle qui sera reprise dans un recueil en 1928.

 

Et retour en Chine

 

Elle revient en Chine en 1920 et devient professeure d’histoire occidentale à l’université de Pékin : elle est la première femme à accéder à un tel poste dans une université chinoise. Elle travaille un temps à la Commercial Press, et publie des essais dans les principaux journaux représentatifs de la Nouvelle Culture. En mai 1932, avec Hu Shi, elle fait partie des huit fondateurs du journal de critique littéraire et politique « Critique indépendante » (Duli Pinglun 《独立评论》).

 

Quand son mari devient président de l’université du Sichuan, en 1935, elle y enseigne brièvement, mais ses essais critiques sur le Sichuan qu’elle publie dans le Duli Pinglun sont mal appréciés. Elle rentre à Pékin, pour fuir à Shanghai au début de la guerre, puis à Hong Kong, à Kunming, et finalement à Chongqing.

 

A la fin de la guerre, elle revient à Shanghai avec son

 

Autobiographie d’une femme chinoise

mari. Il mourra en 1961, mais elle souffrira beaucoup pendant la Révolution culturelle. Elle est décédée en 1976 à Shanghai.

 


 

Publications

 

1917 Un jour 《一日》

1917 Gouttes de pluie 《小雨点》nouvelle publiée dans Nouvelle Jeunesse,

1928 Gouttes de pluie 《小雨点》recueil de nouvelles publié dans Xin Yue

1927  Le Grand Canal et le Yangtse《运河与扬子江》 publié dans Nouvelle Jeunesse

1932 Histoire de la Renaissance《文艺复兴史》

         Histoire de l’Occident《西洋史》rééd. 2007  

1938 Recueil d’essais 《衡哲散文集》

1947 Autobiographie d’une femme chinoise《一个中国女人的自传》

         (publiée aux Etats-Unis)

 


 

Traduction en anglais

 

One Day, tr. Amy D. Dooling, in : Writing Women in Modern China, an Anthology of Women’s Literature from the Early 20th Century, Columbia University Press, 14998, pp. 87-100.

 

 

 


[1] Fond créé en 1908 par les Etats-Unis pour reverser à la Chine une partie des sommes versées comme indemnités à cause des dommages causés par la révolte des Boxers.  C’est le président Theodore Roosevelt qui décida d’établir ce programme de bourses afin de promouvoir les réformes en Chine en éduquant la jeune génération et d’améliorer ainsi les relations entre les deux nations.

[2] A son retour en Chine, il sera vice-président de l’université de Nankin de 1923 à 1925, et président de l’université du Sichuan de 1935 à 1937. Il fut l’un des membres fondateurs de la société des Sciences de Chine dont il fut le président de 1914 à 1923. Ils se marieront à leur retour en Chine, en septembre 1920.

 

 

 

     

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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