Auteurs de a à z

 
 
 
     

 

 

Bao'erji Yuanye 鲍尔吉・原野

Présentation

par Brigitte Duzan, 17 janvier 2017

 

Bao'erji Yuanye est un écrivain d’origine mongole, aujourd’hui vice-président de l’association des écrivains du Liaoning (辽宁省作协副主席). Il a une telle aura qu’il est connu, dans la sphère culturelle mongole, comme l’un des « trois chevaliers de la prairie » (草原三剑客), avec le peintre Chao Ge (朝戈) et le chanteur Teng Ge’er (腾格尔). Mais il a aussi été classé parmi les « dix grands essayistes chinois des années 1990 » (“90年代中国十大散文家) : il est vraiment un maître du sanwen.

 

Lointain descendant de la Horde d’or, il est né à Hohhot en juillet 1958, et a grandi à Chifeng (赤峰市), dans le sud-est de la Mongolie intérieure, en bordure du Liaoning. Il se souvient, enfant, avoir été bercé des histoires que lui racontait sa grand-mère, qui lui chantait des épisodes de l’épopée tibétaine du roi Gesar (《格萨尔王》) et des Maximes de Gengis Khan (《成吉思汗箴言》).

 

Bao'erji Yuanye

 

C’est à Chifeng qu’il a fait ses études, en terminant par l’Ecole normale locale. Il travaille aujourd’hui au Bureau de la Sécurité publique du Liaoning (辽宁省公安厅), dont il édite le journal « Tranquillité » (《平安》杂志).

 

Il a commencé à publier en 1981, et a signé depuis lors - outre des poèmes et un roman - un nombre impressionnants de recueils de nouvelles mais surtout d’essais, dont la principale caractéristique commune est de refléter sa vision de la bonté de la nature humaine.

 

Ainsi, l’un de ses recueils les plus connus, publié en avril 1995, comporte 80 courts essais et une postface regroupés en six parties et il est intitulé « La bonté est un arbre tout petit » (《善良是一棵矮树》). C’est une image symbolique qui parcourt son œuvre et qu’il explique ainsi :

 

邪恶之树茂盛,绿叶如盖,果实鲜艳。善良之树生长缓慢,不引人注目,有时没有果实”...邪恶之树尽管疯长,但颓衰也过于迅速了。罂粟花不也极美丽吗?然而消失得也迅速

« L’arbre du mal est florissant, couvert de feuilles vertes et de fruits brillamment colorés ; l’arbre de la bonté, lui, pousse lentement et n’attire pas le regard ; parfois, il ne donne même pas de fruits » … « bien que l’arbre du mal pousse à toute allure, son déclin est tout aussi rapide. La fleur de pavot n’est-elle pas d’une extrême beauté ? Et pourtant elle est vite passée… »

 

La bonté est un arbre tout petit

 

Ses autres recueils sont un peu sur le même modèle : des textes courts, rassemblés en plusieurs parties, ou sous plusieurs thèmes. Ainsi le recueil « En route avec des pauvres » (《跟穷人一起上路》), publié en décembre 2005 est un recueil de 70 textes fondés sur des souvenirs, qui dessinent un tableau de la génération des jeunes post’80 et de leur vision de l’avenir à travers le portrait de dix d’entre eux [1].

 

Bao'erji Yuanye est généralement considéré comme ayant donné un tour et un ton personnels au genre de l’essai sanwen. Pour lui, bien écrire un sanwen nécessite de porter une attention particulière à deux aspects essentiels : l’esprit (心灵) et la langue (语言).

好散文要表达出作者丰富的、敏感的、纯粹的、博爱的心灵。表现出这些内容,需要生动、准确的语言。这也是文学的核心密码。

Un bon essai (sanwen) doit exprimer la richesse, la sensibilité, la pureté et l’amour de l’humanité de son auteur. Et pour exprimer tout cela, il faut une langue vivante et précise. Mais c’est aussi le secret fondamental de toute littérature.

 

C’est un genre difficile, mais qui n’exclut pas l’humour, ou du moins, chez Bao'erji Yuanye, un sourire tranquille qui traduit à la fois vivacité et compassion. C’est une écriture qui vient du cœur.

 

A une époque (deuxième moitié des années 2010) où le xiao xiaoshuo tend à adopter des formes proches du sanwen, Bao'erji Yuanye est d’autant plus intéressant [2].

 


 

A lire en complément

 

My Great-Uncle (《大姑姥爷》), traduit par Natascha Bruce, Chinese Arts and Letters 2016 vol. 3 n° 2, pp. 161-167.

Un sanwen de 1993, hommage à un grand-oncle haut en couleur, original parlant aux abeilles et aux fleurs que l’auteur nous dépeint avec ses exclamations familières, comme embaumé dans le souvenir ; texte représentatif de cet humour très fin se traduisant tout au plus par un sourire à peine esquissé, et jamais très loin d’une larme furtive…

 

Deux courts textes représentatifs :

Un clair de lune comme un mouchoir月光手帕

Une carte de vœux dans la neige 《雪地贺卡》

 

 


[2] Et toujours aussi actuel ; dans le numéro de janvier 2016 de la revue Octobre (《大姑姥爷》), il a publié un texte empreint de sensibilité et de poésie : La pluie du printemps ne fait pleurer personne 没有人在春雨哭泣

http://www.360doc.com/content/16/0201/20/440216_532157510.shtml

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

© chinese-shortstories.com. Tous droits réservés.