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				Chinese Arts and 
				Letters 2018 (1) : Ye Mi à l’honneur 
				par Brigitte 
				Duzan, 26 août 2018 
				
				  
					
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						Le premier numéro de l’année 2018 de la revue
						
						
						Chinese Arts and Letters (CAL) 
						apporte son lot de nouveautés et de surprises. 
						
						  
						
						
						Classiques revisités 
						
						  
						
						Comme l’explique le rédacteur en chef Yang Haocheng (杨昊成) 
						dans sa note éditoriale, parallèlement à une rubrique 
						Culture et héritage dont le premier article, par 
						Yang Haocheng lui-même, traite de la calligraphie, ce 
						numéro lance une nouvelle rubrique : Echos des 
						classiques (Echoes of Classics). Il s’agit 
						des grands classiques de l’histoire littéraire chinoise, 
						des Analectes de Confucius aux chefs d’œuvre de la 
						littérature du 4 mai en passant par ceux, connus et 
						moins connus, des grandes périodes historiques, œuvres 
						des Sept Sages de la Forêt de bambous (竹林七贤), 
						drames de la période Yuan, fiction des Ming et des Qing, 
						la liste est longue.  |  | 
						
						 
						CAL 2018.1 |  
				
				  
				
				La rubrique commence avec le Daodejing ou 
				« Livre de la Voie et de la Vertu » (《道德经》) 
				selon la traduction de référence de Stanislas Julien 
				
				
				
				. 
				C’est un ouvrage abondamment traduit, en français comme en 
				anglais, dont le texte est tellement elliptique, tellement beau 
				dans sa simplicité, qu’on le redécouvre à chaque traduction qui 
				en est en fait, notes et commentaires à l’appui, une nouvelle 
				interprétation.  
				
				  
					
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						Bill Porter / Red Pine (photo Jordan 
						Smith)  |  | 
						
						La traduction en anglais choisie pour ce numéro de CAL 
						n’est pas la plus connue ; c’est celle de Bill Porter, 
						nom de plume Red Pine (赤松), 
						spécialiste des textes bouddhistes et taoïstes qui 
						aurait pu figurer parmi les Sept Sages mentionnés plus 
						haut. L’anglais de son « Taoteching » 
						
						
						
						 
						a paru correspondre le mieux à l’esprit du texte, tout 
						en étant d’une fluidité propre à le rendre accessible au 
						lecteur moderne. Précédé de quatorze pages d’Introduction 
						à Laozi et son Daodejing, les seize extraits de la 
						traduction sont superbement présentés en regard du texte 
						chinois en vertical.  |  
				
				  
				
				
				Ye Mi à l’honneur 
				
				  
					
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						Ces pages du Daodejing sont particulièrement 
						bienvenues après celles consacrées à l’écrivaine à 
						l’honneur dans ce numéro de la revue et que les lecteurs 
						de chinese shortstories auront plaisir à 
						retrouver : 
						
						Ye Mi 
						(叶弥). 
						Bienvenues, car Ye Mi – et son œuvre – évoluent dans un 
						monde en marge qui s’apparente à celui de Lao Zi, un 
						monde qui était autrefois celui des ermites et des 
						reclus dans les montagnes. Elle est elle-même une ermite 
						du monde moderne, qui vit à l’écart, à la campagne, en 
						élevant une cohorte d’animaux et en « cultivant son 
						jardin » comme disait Voltaire.  
						
						  
						
						Les deux essais qui accompagnent les traductions des 
						trois nouvelles sélectionnées soulignent ce trait de 
						caractère et ce mode de vie qui éclairent l’écriture de 
						l’écrivaine. Le premier (pp. 63-80) est de Zhang Xuexin 
						(张学昕), 
						un spécialiste de la nouvelle que l’on a déjà rencontré 
						dans les pages de CAL. Son analyse part de la première 
						nouvelle "moyenne" publiée  |  | 
						
						 
						Ye Mi avec ses chiens en novembre 2016 
						(entretien avec Zhang Xuexin, Wenhuibao) |  
				
				par Ye Mi, en 1997 - « Métamorphose », ou littéralement 
				« grandir, c’est muer » (《成长如蜕》) 
				– en soulignant que ce récit ouvre la voie à une série d’autres 
				sur le thème de la croissance, mais en traitant ce thème sous 
				l’angle de la complexité de destins soumis aux répercussions de 
				circonstances historiques dramatiques. Ye Mi a cependant un art 
				particulier de la narration, qui ne suit aucune tendance des 
				décennies traversées. Elle reste elle-même, et si influences il 
				y a, elles viennent de temps reculés, dans sa manière de 
				transmettre la beauté. 
				
				  
				
				L’interview qui suit (pp. 81-93), de Jin Ying (金莹), 
				retrace avec détails et anecdotes les particularités de la 
				jeunesse de Ye Mi qui ont influé sur son écriture : les 
				nombreuses lectures, et une vie instable, de maison en maison 
				(quatre familles différentes quand elle était à l’école 
				primaire), où la lecture, justement, constituait un élément à la 
				fois d’ancrage et d’évasion. Ce sont ces lectures précoces qui 
				ont contribué à former son mode de pensée, et une tendance à la 
				distanciation du monde ambiant qui est aussi source de tensions.
				 
				
				  
				
				Elle est l’un des rares auteurs à avoir échappé à la 
				médiatisation qui suit une adaptation d’une œuvre à l’écran, et 
				pourtant, dans son cas, le réalisateur n’était autre que Jiang 
				Wen (姜文)
				
				
				
				. 
				 Elle continue – depuis 2008 - à vivre dans un endroit rural 
				isolé, où pendant longtemps on pouvait observer la lune, la 
				nuit, sans être gêné par l’éclairage urbain – la lune revient 
				comme un leitmotiv dans ses nouvelles. Mais, dit-elle à la fin 
				de l’entretien, « je n’aime plus cet endroit, il devient trop 
				bruyant, trop animé ; on n’y entend plus le coassement des 
				grenouilles, il n’y a plus de rizières, il ne va bientôt même 
				plus y avoir de jardins potagers. La nuit, les lumières 
				électriques ont obscurci la lueur de la lune. Mais je ne sais 
				pas où je vais maintenant pouvoir aller – sur une île isolée 
				peut-être… » 
				
				  
				
				CAL a sélectionné pour ce numéro trois nouvelles représentatives 
				des publications récentes de Ye Mi, les deux premières traduites 
				par Ella Schwalb, la troisième par Natascha Bruce (pp. 7-62) : 
				
				  
				
				-   Le 
				Monastère de la Clarté lunaire (Bright Moon Temple 
				
				《明月寺》), 
				2003  
				
				-   Méditation 
				sur les flocons de neige (Snowflake Meditation 
				
				《雪花神》), 
				2015  
				
				-   Le 
				mont Xianglu (Mount Xianglu 
				
				《香炉山》), 
				2009. 
				
				  
				
				
				Et aussi….   
				
				Avant de conclure avec un essai de Shen Li (沈黎) 
				sur les peintures de Lin Fengmian (林風眠), 
				ce numéro est complété : 
					
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						-   par 
						une nouvelle de Pang Yu (庞羽), 
						jeune écrivaine présentée comme l’un des espoirs de la 
						génération post’90 : « Wealth, Blessings and Longevity » 
						(《神禄寿》). 
						C’est encore une écriture très verte, qui fonctionne 
						plus selon le principe du coq à l’âne que de l’ellipse, 
						et dont on attend avec curiosité de voir comment elle va 
						évoluer (p. 155-176)  |  | 
						
						 
						Fei Zhenzhong |  
				
				-   par 
				deux essais de Fei Zhenzhong (费振钟) 
				: « Les allées pavées de pierre bleue » (《青石小街》) 
				et « La pluie dans le vieux village » (《小村的雨》) 
				(pp. 177-184 ) 
				
				-   et 
				par des poèmes de Hu Xian (胡弦) 
				présentés en version bilingue chinois/anglais (pp.185-194). 
					
 
 
						
						
						 
						Tao te king - ou le livre de la Voie et de la Vertu traduit 
						par Stanislas Julien (en 1842) et annoté par Catherine 
						Despeux, Éditions Mille et une nuits, 1996 (édition 
						bilingue) 
						 
						       
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