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Publication chez
Gallimard/Bleu de Chine d’un recueil de nouvelles de Cao Kou
par
Brigitte Duzan, 13 novembre 2015, actualisé
5 janvier 2016
Ce vendredi 13 novembre sort chez
Gallimard/Bleu de Chine
un recueil de traductions de trois longues nouvelles de
Cao Kou (曹寇).
Le nom seul est intrigant : qui a entendu parler de Cao
Kou ?
Cao Kou est un représentant de la "génération
intermédiaire" des écrivains chinois (“中间代”),
celle entre les "post-50-60" et les "post-80", celle que
l'on a longtemps ignorée, oubliée dans un coin, avant de
découvrir ces auteurs quand on a commencé à se lasser un
peu des "post-80".
Cao Kou, c'est un recalé du boom, comme ses personnages,
tout un petit monde en marge qui vit dans un univers à
la Li Hongqi (李红旗).
Li Hongqi ? Un
maître de l’absurde en terre chinoise et ami d’enfance
de Cao Kou, qui dit tourner un film comme on joue aux
échecs, mais uniquement dans le but de voir ses pions
éliminés.
Cao Kou, c’est une écriture comme nulle autre, que le
critique |
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Continue à creuser, au
bout c'est l'Amérique |
Chen Xiaoming (陈晓明)
a eu l'idée géniale
de qualifier de "réalisme de l'ennui" (“无聊现实主义”).
Mais c'est un ennui très riche, l'ennui
selon Cao Kou, un ennui peuplé d'inventions incongrues nées
d'une imagination fantastique. Il dit que l'art de la nouvelle
n'est pas de raconter des histoires (小说并非讲故事的艺术),
mais de dire, dire des choses (而是说事儿的文体),
des trucs qui vous passent par la tête sans qu’on n’y prenne
garde, mais qui, au total, font une petite tranche de vie, petite
tranche de réalité et mince tranche de Chine, quelque part aux
confins de nulle part....
Cao Kou est un nom à retenir.
Continue à creuser, au
bout c'est l'Amérique
Trad. du chinois par Brigitte
Duzan et Zhang
Xiaoqiu
Notes de Brigitte Duzan
Gallimard/Bleu de Chine,
13/11/20105, 160 p.
Trois nouvelles zhongpian :
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Continue à creuser, au bout c'est l'Amérique
《挖下去就是美国》
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Scène de nuit dans un petit bourg
《小镇夜景》
-
Zhao Qinghe
《赵清河》
Réécouter l'émission Sous l'arbre à
Palabres du 29/11/2015 sur Europe 1 :
A lire en
complément
L'article de Gérard Guégan dans Sud-Ouest (27/12/2015)
Gérard Guégan dit :"Un titre ironique et éclairant. Un titre que
Gilles Deleuze, dans son « Abécédaire », aurait pu ranger dans
ces fameux « percepts » par lesquels un artiste prouve son
authenticité. La dernière des trois nouvelles, « Zhao Quinghe »,
en est une indéniable démonstration.
Et il avance une comparaison qui semble lumineuse quand on a lu
le récit :
"En somme, cette nouvelle est en raccourci ce que « L'Éducation
sentimentale », de Flaubert, a été au roman. La pusillanimité
amoureuse, chez Zhao et chez Frédéric, n'est pas étrangère à
leur désarroi politique. Elle l'engendre autant qu'elle en
découle. ..."
http://www.sudouest.fr/2015/12/27/faux-pas-fausse-route-2228384-4692.php
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