|
Yan Lianke au Salon du
Livre, à Paris, pour présenter son dernier livre traduit en
français
par Brigitte Duzan, 6 avril 2010
Au Salon du
Livre, qui a fermé ses portes mercredi dernier 31 mars,
l’atmosphère n’était pas franchement à la joie, avec une
fréquentation en baisse, et des absents dans les rangs
des éditeurs, dont le principal, Hachette. Mais tout le
monde n’était pas morose.
Cette année,
pour son trentième anniversaire, le Salon avait renoncé
à sa thématique habituelle : il n’y avait aucun pays à
l’honneur, l’accent était mis sur les écrivains. Il y en
avait quatre-vingt dix d’invités autour du thème
« Raconter le monde » : soixante français et trente
étrangers. Et parmi ces derniers ne figurait qu’un seul
auteur chinois :
Yan Lianke (阎连科)
(1).
C’était une
sorte de revanche pour lui qui n’avait pas
|
|
|
eu
l’autorisation des autorités chinoises de se rendre l’an dernier, en
octobre, à la Foire du Livre de Francfort qui célébrait pourtant
la littérature chinoise. Il a été mis à l’honneur, participant à
deux débats (sur l’innovation stylistique, et sur l’exil et la
censure), et offrant une lecture d’extraits d’un de ses
meilleurs récits, « Les jours, les mois, les années »
(《年月日》)
ainsi que deux
séances de dédicace.
|
|
Interviewé par
Rfi, il en a aussi profité pour relativiser les
propos du sinologue allemand
Wolfgang Kubin qui n’arrêtent pas
d’alimenter la controverse en Chine, où il sont
maintenant intitulés ironiquement:
‘中国文学垃圾论’,
la théorie de la littérature chinoise comme m… Yan
Lianke a suggéré gentiment que le désormais célèbre
professeur était certainement remarquable dans son
domaine de prédilection, celui de la poésie chinoise,
mais qu’il n’avait peut-être pas une connaissance aussi
approfondie de la littérature contemporaine…
Mais Yan Lianke
était surtout là, sur le stand de son éditeur français,
Philippe Picquier, pour présenter le dernier de ses
livres à être traduit en français, qui va sortir dans
quelques jours en librairie et était déjà disponible en
avant-première : « En songeant à mon père » (《想念父亲》). |
Il ne s’agit
plus de fiction, comme les livres de lui qui ont été
traduits jusqu’ici, mais d’un recueil de souvenirs,
comme l’indique le titre du recueil qui est celui de
l’un des récits qu’il comporte, une vingtaine au total,
sur une quarantaine publiés en chinois sous le titre
《没有边界的跨越》 :
sans franchir la frontière, c’est-à-dire celle de
l’enfance, celle du village où elle s’est déroulée,
celle du souvenir où elle est préservée.
On peut se
faire une idée du livre en consultant le site de
l’éditeur qui permet de lire trois extraits numérisés de
la traduction, trois récits intitulés : « Qui
suis-je ? » (《我是谁》),
« La bicyclette bleue » (《一辆邮电蓝自行车》)
et « J’ignorais tout du thé » (《我本茶盲》littéralement :
je suis aveugle en matière de thé).
www.editions-picquier.fr/medias/cat_1270028299_2.pdf |
|
|
On pourrait résumer ces
récits par le titre de l’un de ceux qui n’a pas été traduit :
回忆是对往事的微笑,
se souvenir est adresser un sourire au passé… Un sourire
doucement nostalgique, comme celui de Proust grignotant sa
madeleine.
(1)
Voir sa
présentation.
|
|