Lu Xun « Propos sur "
tāmāde
" »
(1)
鲁迅《论『他妈的』》〔1〕
par Brigitte Duzan, 29
octobre 2010
Introduction
Cet article a
été publié pour la première fois le 27 juillet 1925 dans
l’hebdomadaire « Fils de discours »
(《语丝》周刊),
qui avait été fondé en novembre 1924 à Pékin.
Ces « propos »
sur un juron devenu classique sont un texte plein
d’humour où, à travers le prétexte
d’une analyse
lexicologique,
Lu Xun s’amuse à
dénoncer les travers de la société chinoise, et les
origines possibles de l’expression. |
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Lu Xun |
Texte et
traduction
无论是谁,只要在中国过活,便总得常听到“他妈的”或其相类的口头禅。我想:这话
的分布,大概就跟着中国人足迹之所至罢;使用的遍数,怕也未必比客气的“您好呀”会更
少。假使依或人所说,牡丹是中国的“国花”,那么,这就可以算是中国的“国骂”了。
Il suffit de vivre en
Chine pour entendre fréquemment « tāmāde » ou autre
expression courante du même acabit. Je pense que ce juron s’est
répandue dans toutes les contrées où des Chinois ont mis les
pieds, et j’ai bien peur que sa fréquence d’utilisation ne soit
pas forcément moindre que le plus courtois « nín hǎo »
(bonjour). Si, comme certains le prétendent, la pivoine est la
« fleur nationale » de la Chine, on peut dire, de même, que « tāmāde »
en est le « juron national ».
我生长于浙江之东,就是西滢先生之所谓“某籍”〔2〕。那地方通行的“国骂”却颇
简单:专一以“妈”为限,决不牵涉余人。后来稍游各地,才始惊异于国骂之博大而精微:
上溯祖宗,旁连姊妹,下递子孙,普及同性,真是“犹河汉而无极也”〔3〕。而且,不特
用于人,也以施之兽。前年,曾见一辆煤车的只轮陷入很深的辙迹里,车夫便愤然跳下,出
死力打那拉车的骡子道:“你姊姊的!你姊姊的!”
Je suis né à l’est du
Zhejiang, ce que monsieur Xiying appelle « une certaine
contrée » (2). Dans cette région, la forme courante du « juron
national » en est une variante simplifiée, réduite à « mā »
(mère), sans implication de tierce personne. Ce n’est que
lorsque j’ai commencé à voyager de côté et d’autre que j’ai eu
la surprise de découvrir toute la richesse et la subtilité de
ses variantes : elles peuvent remonter aux ancêtres, partir en
ligne latérale vers les sœurs, descendre vers les enfants et
petits-enfants, voire
englober tous les membres d’une famille portant le même
patronyme ; c’est vraiment « sans limites, comme la Voie
lactée » (3). En outre, ce n’est pas limité aux humains, mais
peut être étendu aux animaux. Il y a deux ans, j’ai vu une
charrette transportant du charbon dont les roues s’étaient profondément
enfoncées dans une ornière ; le conducteur en descendit furieux,
et se mit à fouetter violemment le mulet en lui criant : « nǐ
zǐzǐ de ! » (4).
别的国度里怎样,我不知道。单知道诺威人Hamsun有一本小说叫《饥饿》〔5〕,粗野的口吻是很多的,但我并不见这一类话。Gorky所写的小说中多无赖汉,就我所看过的而言,也没有这骂法。惟独Artzybashev在《工人绥惠略夫》里〔6〕,却使无抵抗主义者亚拉借夫骂了一句“你妈的”。[…]
这骂的翻译,在中国原极容易的,别国却似乎为难,[…]。
Je ne saurais dire ce
qu’il en est dans d’autres pays. Je sais cependant que
l’écrivain norvégien Hamsun a écrit un roman intitulé « La
faim » (5) dans lequel on trouve nombre de vulgarités, mais je
n’y ai pas trouvé de juron semblable. Dans les romans et
nouvelles de Gorky, il a pas mal de canailles, mais pas de
jurons, tout au moins pas dans les livres que j’ai lus. Il n’y
a guère que dans la nouvelle d’Artzybachev « Le travailleur
Chevirov » que j’ai trouvé un juron semblable, dans la bouche du
pacifiste Aladev (6). […] Son juron est facile à traduire en
chinois, plus difficile dans d’autres langues […].
那么,俄国也有这类骂法的了,但因为究竟没有中国似的精博,所以光荣还得归到这边
来。好在这究竟又并非什么大光荣,所以他们大约未必抗议;也不如“赤化”之可怕,中国
的阔人,名人,高人,也不至于骇死的。但是,虽在中国,说的也独有所谓“下等人”,例
如“车夫”之类,至于有身分的上等人,例如“士大夫”之类,则决不出之于口,更何况笔
之于书。“予生也晚”,赶不上周朝,未为大夫,也没有做士,本可以放笔直干的,然而终
于改头换面,从“国骂”上削去一个动词和一个名词,又改对称为第三人称者,恐怕还因为
到底未曾拉车,因而也就不免“有点贵族气味”之故。那用途,既然只限于一部分,似乎又
有些不能算作“国骂”了;但也不然,阔人所赏识的牡丹,下等人又何尝以为“花之富贵者
也”?
Ainsi, les Russes ont
le même genre de juron, mais ils n’ont ni la variété ni le
raffinement de ce qu’on trouve en Chine, l’honneur est donc bien
dans notre camp. Mais ce n’est pas véritablement un très grand
honneur, ce n’est donc pas la peine qu’ils protestent ; rien
n’est plus effrayant que la « soviétisation ». Les gens
fortunés, célèbres ou haut placés n’ont pas non plus à être
indûment choqués. Il est vrai qu’il n’y a que les gens des
« classes inférieures », comme on dit, pour proférer ce genre de
chose en Chine, les conducteurs de pousse, par exemple, les
personnalités des classes supérieures, ministres (dafu)
et lettrés (shi), n’iraient jamais jusqu’à dire une chose
pareille, et encore moins à l’écrire. Mais moi qui suis "né trop
tard", qui ai raté la dynastie des Zhou, n’ai pas été dafu,
n’ai même pas atteint le niveau de shi, je peux bien
l’écrire, ce juron national. La seule chose, je l’ai un peu
modifié, j’ai enlevé un verbe et un nom, et l’ai mis à la
troisième personne (1), tout cela parce que, il faut bien le
dire, je n’ai jamais tiré un pousse de ma vie, alors j’ai comme
un zeste de noblesse. Ceci dit, avec cette utilisation tronquée,
il est possible qu’on ne puisse plus le considérer comme
véritablement « juron national » ; mais pas nécessairement : les
gens du commun ne disputent-ils pas le rang de « plus noble des
fleurs » à la pivoine, pourtant si appréciée des riches ?
这“他妈的”的由来以及始于何代,我也不明白。经史上所见骂人的话,无非是“役
夫”,“奴”,“死公”;较厉害的,有“老狗”,“貉子”;更厉害,涉及先代的,也
不外乎“而母婢也”,“赘阉遗丑”〔7〕罢了!还没见过什么“妈的”怎样,虽然也许
是士大夫讳而不录。但《广弘明集》〔8〕(七)记北魏邢子才“以为妇人不可保。谓元景
曰,‘卿何必姓王?’元景变色。子才曰,‘我亦何必姓邢;能保五世耶?’”则颇有可
以推见消息的地方。
Quant aux origines de
ce terme, je dois dire que je n’en sais rien. Dans les textes
historiques, les jurons les plus courants sont « larbin » (“役夫”
yìfu), « esclave » (“奴”
nú), «
charogne » (“死公”
sǐgōng),
pire : « vieille carne » (“老狗”
lǎogǒu),
ou « rat » (“貉子”
háozi) ; mais pires
encore sont les jurons qui se rapportent aux ancêtres, le summum
étant « descendant de mère esclave » (“而母婢也”
érmǔbìyě
), et
surtout « sale rejeton d’eunuque » (“赘阉遗丑”
zhuìyān yíchǒu) (7) ! Je n’ai jamais
vu de « māde » (1), ou quelque chose d’approchant, c’est
sans doute que les ministres et lettrés le considéraient comme
tabou. Dans le livre sept du
Guanghongmingji
(《广弘明集》)
(8), cependant,
il est noté que Xing Zicai, des Wei du Nord, qui n’avait pas grande
confiance dans les femmes, a demandé un jour à son ami
Yuanjing : « Est-ce que tu dois vraiment t’appeler Wang ? »
Yuanjing a blêmi. Alors Xing Zicai lui a dit : « Moi c’est
pareil, est-ce que je dois vraiment m’appeler Xing ? Est-ce que
je peux assurer ma lignée sur cinq générations ? » Il y a là
quelque chose à creuser.
晋朝已经是大重门第,重到过度了;华胄世业,子弟便易于得官;即使是一个酒囊饭
袋,也还是不失为清品。北方疆土虽失于拓跋氏〔10〕,士人却更其发狂似的讲究阀阅,区
别等第,守护极严。庶民中纵有俊才,也不能和大姓比并。至于大姓,实不过承祖宗余荫,
以旧业骄人,空腹高心,当然使人不耐。但士流既然用祖宗做护符,被压迫的庶民自然也就
将他们的祖宗当作仇敌。邢子才的话虽然说不定是否出于愤激,但对于躲在门第下的男女,
却确是一个致命的重伤。势位声气,本来仅靠了“祖宗”这惟一的护符而存,“祖宗”倘一
被毁,便什么都倒败了。这是倚赖“余荫”的必得的果报。
La dynastie des Jin
était déjà une époque où la lignée comptait pour beaucoup,
beaucoup trop même. Les rejetons des familles nobles accédaient
facilement aux postes officiels, même s’ils étaient totalement
incompétents (9). Les frontières nord avaient été envahies par
les Tuoba (10), mais les lettrés étaient d’autant plus
passionnément attachés à la stricte préservation des honneurs et
distinctions sociales. Même les gens les plus talentueux, s’ils
étaient issus des couches populaires de la population, n’avaient
aucune chance de se mesurer d’égal à égal avec les membres des
grandes familles. Quant aux grandes familles, elles se
reposaient sur le prestige de leurs ancêtres et la fortune
familiale pour se montrer arrogantes, elles avaient peu de
talent mais beaucoup d’ambition (空腹高心 kōngfù
gāoxīn), ce qui, bien sûr, était difficilement supportable pour
les autres. Mais, si les lettrés utilisaient leurs ancêtres
comme des talismans (护符
hùfú),
les gens du peuple opprimés les considéraient naturellement
comme leurs ennemis. Les propos de Xing Zicai n’étaient pas
forcément motivés par l’indignation ou la colère, mais c’était
quand même un coup sévère porté à tous ceux qui se protégeaient
derrière leur statut familial. Le pouvoir, la position sociale
et la réputation, tout cela était fondé sur la seule base des
« ancêtres ». Si ceux-ci étaient anéantis, tout le reste
disparaissait avec. C’est le prix à payer par ceux qui vivent
ainsi dans « l’ombre » protectrice de leur famille.
同一的意思,但没有邢子才的文才,而直出于“下等人”之口的,就是:“他妈的!”
要攻击高门大族的坚固的旧堡垒,却去瞄准他的血统,在战略上,真可谓奇谲的了。最
先发明这一句“他妈的”的人物,确要算一个天才,——然而是一个卑劣的天才。
唐以后,自夸族望的风气渐渐消除;到了金元,已奉夷狄为帝王,自不妨拜屠沽作卿
士,“等”的上下本该从此有些难定了,但偏还有人想辛辛苦苦地爬进“上等”去。[…]
Si quelqu’un sans le
talent de Xing Zicai, quelqu’un issu des couches populaires,
avait voulu dire la même chose, il aurait dit « tāmāde ! ».
Si l’on veut attaquer
le vieux bastion solide de la noblesse, prendre pour cible ses
lignages est vraiment une stratégie astucieuse. La première
personne à avoir inventé l’expression « tāmāde » peut
être considéré comme un génie, mais c’est un génie méprisable.
Après les Tang, la
coutume de se targuer de sa lignée disparut peu à peu. Avec la
dynastie des Jin, puis celle des Yuan, les barbares (11)
sont montés sur le trône, tandis que bouchers et
camelots purent accéder aux rangs de ministres et lettrés ; le
« rang », désormais, était une notion difficile à définir, et
pourtant il y avait toujours des gens qui s’entêtaient contre
vents et marées à vouloir accéder aux « rangs supérieurs ». […]
“下等人”还未暴发之先,自然大抵有许多“他妈的”在嘴上,但一遇机会,偶窃一
位,略识几字,便即文雅起来:雅号也有了;身分也高了;家谱也修了,还要寻一个始祖,
不是名儒便是名臣。从此化为“上等人”,也如上等前辈一样,言行都很温文尔雅。然而愚
民究竟也有聪明的,早已看穿了这鬼把戏,所以又有俗谚,说:“口上仁义礼智,心里男盗
女娼!”他们是很明白的。
于是他们反抗了,曰:“他妈的!”
[…]
Avant que quelqu’un des
« rangs inférieurs » ait fait fortune, il aura généralement
proféré bon nombre de « tāmāde », mais si l’occasion s’en
présente, qu’il arrive subrepticement à un poste important et
apprenne vaguement quelques caractères, il va afficher le vernis
raffiné du lettré (文雅
wényǎ) ; il va se
donner un nom raffiné, grimper dans la hiérarchie sociale,
soigner sa généalogie et se chercher quelque lointain ancêtre, à
défaut d’un érudit célèbre un ministre célèbre. Ainsi transformé
en personnage de « rang supérieur », comme tous ses éminents
prédécesseurs, il joindra le geste suave à la parole raffinée (温文尔雅
wēnwén'ěryǎ).
Cependant, même
les masses ignorantes (愚民 yúmín)
sont suffisamment intelligentes pour ne pas se laisser prendre à
ce vil manège, de là vient l’adage populaire : « sages et
policés en paroles, voleurs et catins en fait. » Ils ont tout
compris.
Alors, dans un esprit
de résistance, ils disent : « tāmāde ! ».
[…]
中国人至今还有无数“等”,还是依赖门第,还是倚仗祖宗。倘不改造,即永远有无声
的或有声的“国骂”。就是“他妈的”,围绕在上下和四旁,而且这还须在太平的时候。
但偶尔也有例外的用法:或表惊异,或表感服。我曾在家乡看见乡农父子一同午饭,儿
子指一碗菜向他父亲说:“这不坏,妈的你尝尝看!”那父亲回答道:“我不要吃。妈的你
吃去罢!”则简直已经醇化为现在时行的“我的亲爱的”的意思了。
A l’heure actuelle, il
y a toujours en Chine d’innombrables « rangs », qui reposent sur
le statut familial ou
s’appuient sur le
prestige des ancêtres. Tant que cela ne changera pas, se
perpétuera ad vitam aeternam ce « juron national », proféré de
vive voix ou non. C’est ainsi que nous sommes environnés de tous
côtés et à tout bout de champ de « tāmāde ! », et qui
plus est même en temps de paix.
Il y a cependant
occasionnellement des utilisations exceptionnelles, pour
exprimer l’étonnement, voire
l’émotion. Je me
souviens par exemple d’un paysan en train de déjeuner avec son
fils, dans le village
d’où je viens ; le fils
dit à son père en lui montrant un bol de légumes : « C’est pas
mauvais, tu devrais fichtrement (tāmāde) goûter ». Le
père lui répondit : « Ça ne me dit rien, tāmāde tu peux
le finir. » Dans ce cas, le tāmāde a atteint un niveau de
raffinement qui en fait quelque chose d’équivalent à
l’expression
aujourd’hui à la mode « mon chéri ».
一九二五年七月十九日。
19 juillet 1925
Notes explicatives
Ces notes concernent à la fois le texte chinois et la traduction
proposée (le texte chinois ne renvoie donc qu’à certaines
d’entre elles).
(1) Le juron
« national » dont il est question (“他妈的!”
tāmāde)
- ou, dans sa
forme courte māde (妈的)-
est
l’équivalent de l’anglais « fuck ! », en français tout
simplement « m… ! » (ou, plus vulgairement, « n… ta mère » en
argot des banlieues). Mais l’expression est aussi utilisée en
forme adjectivale, auquel cas elle correspond à « ce foutu… »,
« cet enfoiré de… », ou adverbiale (fichtrement, bougrement…).
Lu Xun ironise en notant les variations possibles en changeant
le 妈mā
(mère) en
divers membres de la famille… Il explique aussi un peu plus loin
qu’il a modifié la forme vulgaire « en enlevant un verbe [操cào]
et un nom [屄bī],
et en la mettant à la troisième personne » (soit « sa » mère, au
lieu de « ta » mère, ce qui est moins agressif). C’est
aujourd’hui la forme usuelle, au moins en littérature.
(2) Chen Xiying (陈西滢)
ou Chen
Yuan (陈源),
1896-1970. Homme de lettres contemporain de Lu Xun, époux de
Ling Shuhua, il eut un différend
qui dégénéra en controverse publique peu de temps avant la
publication du présent article, et qui eut pour cadre
l’Université normale de femmes de Pékin (北京女子师范大学).
La directrice de l’établissement, Yang Yinyu (杨荫榆),
ayant expulsé des étudiantes qui avaient manifesté contre la
répression sanglante d’une manifestation, Chen Xiying prit
parti pour le ministre de l’éducation qui défendit la position
de la directrice.
Lu Xun,
lui, était en contact avec l’une des étudiantes, Xu
Guangping, qui devait plus tard devenir son épouse, et en faveur
des activistes. Les deux écrivains échangèrent des diatribes
dans des articles publiés dans la presse ; c’est dans celui de
Chen Xiying, intitulé « Digressions » (《闲话》)
et publié dans la revue « Critique contemporaine » (《现代评论》),
que figurait le terme méprisant « une certaine contrée » (某籍)
pour
désigner la région natale de
Lu Xun
(le Zhejiang
浙江).
Chen Xiying était par ailleurs originaire de la même ville que
Yang Yinyu, détail que
Lu Xun
ne manqua pas de souligner… ce qui fait ressembler toutes ces
affaires à des querelles de clocher.
(3)
La citation est tirée du premier chapitre des « chapitres internes » (內篇)
du Zhuangzi (《庄子》),
intitulé 《逍遥游》Xiāoyáoyóu,
que Lin
Yutang traduit par « A happy excursion ».
“犹河汉而无极也” 语见《庄子·逍遥游》:“吾惊怖其言,犹河汉而无极也。”
(4)
姊姊
zǐzǐ
désigne la sœur
aînée ;
你姊姊的nǐ zǐzǐ de
serait plutôt ici à prendre en forme adjectivale, pour exprimer quelque
chose comme « foutu animal ».
(5) Hamsun(1859-1962) :
son roman
« Sult » est l’une de ses œuvres les plus célèbres, publiée en
1890.
(6) Artzybashev
[Mikhaïl Pétrovitch Artsybachev
Михаи́л Петро́вич
Арцыба́шев
1878-1927] :
« le travailleur Chebirov » (Рабочий Шевырев), nouvelle de
1905. Le personnage nommé Adalev (Аладьев)
est un propriétaire. A un moment il s’écrie furieux : « Пошли
к
черту
(allez au diable),
мать
вашу!
(tāmāde !).
.. »
Texte de la nouvelle :
http://az.lib.ru/a/arcybashew_m_p/text_0110.shtml
Dans ce passage, j’ai
supprimé une phrase où Lu Xun explique le contexte dans lequel
le juron est prononcé, et, à la fin, le détail des explications
concernant les difficultés de traductions dans d’autres langues,
qui sont d’un intérêt plus marginal.
(7) Toutes ces injures
sont tirées d’anciens classiques et typiques de l’époque féodale
où le pire était le statut d’esclave ou d’eunuque, voire les
deux :
-
役夫 yìfu
est tiré du « Zuozhuan » ou « Commentaire de Zuo » (《左传》),
5ème siècle avant J.C.
-
死公sǐgōng
du « Livre
des Han postérieurs (ou orientaux) »
(《后汉书》).
-
老狗 lǎogǒu
de « L’histoire de l’empereur Xiaowu des Han » (《汉孝武故事》)
de
Ban Gu (班固)
-
貉子háozi
des « Anecdotes contemporaines et nouveaux propos » (《世说新语》), 5ème siècle.
-
而母婢也érmǔbìyě
des « Stratégies des Royaumes combattants » (《战国策》),
3ème-1er siècle avant J.C.
-
赘阉遗丑zhuìyān
yíchǒu
d’un traité du 3ème siècle.
Note :
“貉子”hàozi,
est un chien viverrin ; comme il est difficile d’insulter
quelqu’un en le traitant de ‘chien viverrin’, j’ai traduit par
« rat », qui n’est pas très éloigné parce que le chien viverrin
est généralement décrit comme ressemblant à un raton laveur.
(8) Le
Guanghongmingji
(《广弘明集》)
est un texte bouddhique qui a été compilé pendant la dynastie
des Tang. Il contient des textes de quelques cent trente auteurs
allant de la période des Jin (晋朝)
jusqu’au début de la dynastie des Tang.
Xing Zicai et Wang Yuanjing étaient deux amis, originaires l’un
du Hebei, l’autre du Shandong, qui furent officiers dans l’armée
des Wei de l’Est (东魏)
dans la première moitié du 6ème siècle.
(9)
酒囊饭袋
jiǔnángfàndài qui n’est bon à rien, qu’à manger et à boire
(10) Les Tuoba (拓跋/拓拔):
un clan des nomades Xianbei (鲜卑族)qui
établit la dynastie des Wei du Nord (北魏,
386-536) , sur des territoires au nord du fleuve Jaune, capitale
Pingcheng (平城), à
l’emplacement de l’actuelle Datong (大同).
(11)
夷狄yídí :
les Yi et les Di, les barbares de l’Est et du Nord, les ennemis
jurés de l’Empire chinois depuis l’aube des temps.
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