Au chapitre 78 du Hongloumeng ou « Rêve
dans le pavillon rouge » (《红楼梦》),
on trouve, rapportée au cours d’une réunion
littéraire entre amis, l’histoire tragique d’une
héroïne martiale du début de la dynastie des
Qing : Lin Siniang (林四娘).
Or, une Lin Siniang apparaît aussi dans les
« Contes
du Liaozhai » (《聊斋志异》)
de Pu Songling (蒲松龄)
et dans plusieurs autres récits de la même
époque, mais ce n’est pas une glorieuse héroïne
morte en ferraillant : c’est un fantôme
mélancolique revenant hanter les ruines de son
passé, dans la ligne des « contes de l’étrange »
prisés des lettrés chinois à la fin du 17ème
siècle.
C’est bien la même Lin Siniang, les détails
biographiques concordent ; mais elle n’est pas
envisagée dans la même optique. Comment est-on
passé, en un peu moins d’un siècle, de la
poétesse fantôme à l’héroïne martiale ?
Lin Siniang dans le « Rêve dans le pavillon
rouge »
C’est au chapitre 78 que le vieux
Jia Zheng (贾政)
raconte l’histoire de Lin Siniang à ses deux
fils, Jia Huan (贾环)
et Jia Lan (贾兰),
et à son petit-fils Jia Baoyu (贾宝玉)
pour qu’ils écrivent chacun un poème sur ce
sujet digne d’être noté pour la postérité.
Le récit de Jia Zheng
Sous la dynastie des Ming, en 1499,
raconte-t-il, le prince Heng (衡王)
fut nommé responsable de la sécurité de Qingzhou
(青州),
dans l’actuel Shandong ; pour satisfaire en même
temps sa double passion pour les femmes et les
arts
Lin Siniang dans le Hongloumeng
martiaux, il forma une troupe de femmes (娘子军)
qu’il fit s’exercer régulièrement.
Parmi
ces femmes, il y en avait une du nom de Lin, nommée
Siniang ou « la quatrième » en raison de son rang,
d’une beauté sans égale, et renommée pour ses talents
martiaux, qu’elle avait commencé à apprendre très jeune
avec son père. Celui-ci ayant été jeté en prison et sa
mère étant morte peu après, n’ayant d’autres ressources,
elle était entrée dans une maison close.
La voyant un jour s’entraîner aux arts martiaux qu’elle
continuait de pratiquer, touché par sa beauté et ses
talents, le prince Heng la prit pour concubine, en la
nommant chef de sa troupe féminine avec le titre de
général : elle devint « l’adorable général » (guǐhuà
jiāngjūn
姽婳将军).
Or, l’année qui suivit la prise de fonction du prince à
Qingzhou, une horde de brigands vint dévaster et piller
toute la province du Shandong. Méprisant cette engeance
et ne leur accordant que peu de crédit, le prince crut
suffisant de partir à la tête d’une légère escorte de
cavalerie. Les bandits décimèrent la petite troupe, le
prince fut vaincu et tué, ce qui sema la panique parmi
les autorités, tant civiles que militaires, de Qinzhou
et parmi la population.
Alors, à la tête sa troupe de femmes, Lin Siniang
partit venger le prince et défendre la ville. Elle fut
victorieuse car elle réussit à décapiter le chef des
bandits, mais ce fut au prix de sa vie, et de celle de
toute sa troupe. Les rebelles furent plus tard soumis
par l’armée impériale, mobilisée et stimulée par
l’héroïsme de ces femmes
[1].
Un récit devenu célèbre
Illustration de Lin Siniang (guǐhuà
jiāngjūn) dans une édition du Hongloumeng
Dans le chapitre 78 du roman, le récit se situe
dans le contexte d’une réunion littéraire entre
amis, dans la demeure des Jia, et l’objet de la
réunion est d’immortaliser par des poèmes le
souvenir de l’héroïne Lin Siniang dont Jia Zheng
vient de lire l’histoire. Tandis qu’il parle,
l’un des lettrés présent a été chargé de prendre
son pinceau pour noter fidèlement son récit, sa
transcription devant servir de préface aux
poèmes. Le reste de la réunion consiste ensuite
en critiques et commentaires des poèmes
composés.
Celui qui restera dans les annales est celui de
Baoyu, l’ode à « l’adorable général »,
guǐhuàci
(诡画词).
Or, peu auparavant dans le même chapitre, Baoyu
a appris la mort de la jeune servante Qingwen
qu’il aimait. Il n’a pas eu le temps d’aller se
recueillir devant son cercueil, son grand-père
l’ayant fait appeler. C’est au sortir de la
réunion, et après avoir composé l’ode à la
mémoire de Lin Siniang,
qu’il passe devant l’étang aux lotus associé à
la mémoire de Qingwen, et qu’il compose
alors une élégie qui exprime toute sa douleur,
l’« élégie à une fleur de lotus » (fúrónglěi
芙蓉诔).
Les deux poèmes sont liés et se répondent. Si l’ode est
si belle, c’est qu’elle reflète indirectement
l’affliction de Baoyu qui vient d’apprendre la mort de
Qingwen, l’ombre de celle-ci venant planer sur
l’évocation de Lin Siniang. C’est ce que traduit
l’intitulé du chapitre :
老学士闲征诡画词痴公子杜撰芙蓉诔
« Le vieux lettré à un moment de loisir demande une ode
à la belle héroïne,
Le jeune garçon fou d’amour compose une élégie à la
fleur de lotus »
Il est certain que c’est la beauté de ce texte qui a
ensuite immortalisé Lin Siniang en héroïne martiale
mourant l’arme à la main. C’est ce personnage héroïque
qui a inspiré des opéras et qui est resté dans les
mémoires. Par la grâce du talent de Cao Xueqin (曹雪芹),
il est venu éclipser l’image délicate du fantôme
mélancolique des contes de Pu Songling et de ses
contemporains.
Lin Siniang dans les contes de la fin du seizième
siècle
Lin Siniang était toute autre auparavant, dans les
« Contes du Liaozhai », dans les contes analogues de
Wang Shizhen (王士祯)
et dans plusieurs autres récits de la même période, qui
présentent des versions légèrement différentes de la
même histoire
[2].
C’est
la plus célèbre histoire de fantôme du début de la
période Qing.
Lin Siniang dans les Contes du Liaozhai
« Lin Siniang » (《林四娘》)
est le 40ème récit du second volume
des « Contes de l’étrange » de Pu Songling (蒲松龄)
[3].
Il se situe dans le Shandong, au lendemain de la
chute de la dynastie des Ming.
Pu Songling présente son personnage principal en
neuf caractères : « Chen Baoyao, originaire du
Fujian, était intendant à Qingzhou. » (青州道陈公宝钥,闽人。).
Et introduit tout de suite l’histoire, en neuf
autres caractères : « Une nuit qu’il était assis
seul, une jeune fille entra en soulevant la
tenture. » (夜独坐,有女子搴帏入。)
Onze caractère supplémentaires complètent le
tableau : « Il la regarda : elle lui était
inconnue, mais d’une grande beauté, vêtue d’une
robe de cour à longues manches. » (视之,不识;而艳绝,长袖宫装。)
C’est à la fois des plus concis et très précis,
visuellement même. La nouvelle venue lui propose
tout de suite de lui tenir compagnie, il la
soupçonne d’être une revenante, mais elle est
d’une élégance telle et d’une conversation si
raffinée qu’il n’en a cure, il finit par céder à
ses charmes. Elle part au chant du coq après lui
avoir juste révélé son nom, Lin Siniang, et son
âge, vingt ans.
Lin Siniang, la revenante
Elle revient ensuite toutes les nuits, et lui dévoile
peu à peu ses talents musicaux, en lui chantant des airs
de pays lointains d’une grande tristesse, reflets de son
âme. Les chants attirent toute la maisonnée, y compris,
un jour, la femme de Chen Baoyao qui, prise de panique à
l’idée d’avoir affaire à une revenante, presse son mari
de rompre, mais en vain.
Lin Siniang finit par lui raconter qu’elle est « une
ancienne femme du palais du prince Heng, morte
accidentellement dans sa dix-septième année » (“妾衡府宫人也。遭难而死,十七年矣。).
Elle lui affirme être venue par admiration pour lui, et
prête à repartir s’il doute de ses bonnes intentions… ce
qui n’est évidemment pas le cas. Elle continue à lui
raconter ses souvenirs, en pleurant parfois, discute de
poésie avec lui, et se lève la nuit pour réciter des
soutras.
Trois ans plus tard, elle vient lui faire tristement ses
adieux car ses prières lui ont valu d’être envoyée
renaître dans une autre famille. Elle passe ensuite la
nuit à boire avec lui, en chantant tout en étouffant ses
pleurs. Puis, à l’aube, au moment de partir, lui laisse
un poème qu’elle a écrit pour lui.
Elle sort alors « en se cachant le visage derrière sa
manche » (掩袖而出),
et, accompagnée jusqu’à la porte par Chen Yaobao,
« s’évanouit soudain à ses yeux » (湮然没)
[4].
L’entrée du palais du prince Heng
à Qingzhou aujourd’hui
C’est un superbe texte, écrit dans un style
d’une concision aussi subtile qu’un poème Tang,
qui suggère plus qu’il ne raconte. C’est en
filigrane que l’on voit se dessiner le contexte
de l’histoire : les troubles de la fin de la
dynastie des Ming (évoqués en deux caractères :
zāonàn
遭难),
le palais du prince Heng où elle vivait, au
milieu des dames de la cour, et sa mort à
dix-sept ans, mais sans que la raison exacte en
soit expliquée – et certainement pas un
quelconque combat.
Dans ce récit,
Lin Siniang n’est pas une héroïque combattante formée
aux arts martiaux par son père et devenue général en
dentelles. Chez Pu Songling, elle est une de ces femmes
de cour cultivées à l’ancienne, dont le domaine était le
chant et la poésie, et non les armes
[5].
L’histoire, ses variantes et ses thèmes
Si l’histoire se passe dans le Shandong, c’est pour une
raison d’affinité géographique des auteurs. Mais
Qingzhou avait en soi de quoi nourrir l’imagination des
lettrés au début des Qing : la ville était alors le site
des ruines du palais du prince Heng. Septième fils de
l’empereur Ming Chenghua (明成化),
le premier prince Heng, avait, avec son titre, reçu le
fief de Qingzhou en 1487 et, en 1499, s’était fait bâtir
ce palais dans le quartier de Yidu (益都),
selon le modèle d’une résidence princière de Pékin, et
il était devenu le siège du gouvernement de Qingzhou,
Au moment de la chute de la dynastie des Ming, en 1644,
le dernier prince fut emmené captif et exécuté, et le
palais détruit. Il n’en resta plus que des ruines qui
ont inspiré les loyalistes Ming du Shandong au début des
Qing. Elles n’ont jamais été totalement rasées, mais il
n’en reste plus aujourd’hui que l’entrée de pierre
superbement sculptée, préservée dans un parc de
Qingzhou.
On trouve pas moins de six récits contant
l’histoire du fantôme de Lin Siniang datant de
la fin du 17ème siècle, ce qui montre
à quel point l’histoire était sensible pour les
écrivains, les éditeurs et les lecteurs du
milieu de l’ère Kangxi (1662-1700). Outre celui
de Pu Songling, deux autres récits sont très
connus : l’un de son contemporain et voisin au
Le recueil de Lin Yunming
Shandong, Wang Shizhen (王士祯),
auteur d’un recueil de récits proches de ceux du
Liaozhai
[6],
et l’autre, « Chronique de Lin Siniang » (《林四娘记》)…
d’un ami du précédent, Lin Yunming (林云铭).
Lin Yunming est le seul à ne pas avoir été originaire du
Shandong, il était du Fujian, comme Chen Baoyao. Mais il
a passé le degré jinshi (进士)
– le plus élevé - des examens mandarinaux en 1658, en
même temps que Wang Shizhen ; ils se sont rencontrés à
cette occasion et ont conservé des liens étroits
d’amitié. Le récit de Lin Yunming est le seul où le
fantôme n’est pas une femme du palais, mais une fille
talentueuse de bonne famille ; c’est aussi la seule
version qui ne comporte pas de poème, et la seule qui
soit dépourvue de sentiments loyalistes. Par ailleurs,
le récit de Lin Yunming a la particularité de se
présenter comme authentique, lui ayant été rapporté
directement par Chen Baoyao, originaire comme lui du
Fujian, vers 1667-1668
[7].
A part quelques exceptions marginales de ce genre, tous
les récits s’accordent sur trois points fondamentaux :
la date et l’endroit où se passe l’histoire, et les
identités des deux personnages – le fantôme d’une jeune
femme belle et talentueuse appelée Lin Siniang, revenue
hanter un jeune fonctionnaire nommé Chen Baoyao (陈宝钥),
après sa prise de fonction à Qingzhou (青州)
au début des années 1660, environ vingt ans après la fin
du règne des Ming au Shandong,
Il s’agit d’une période où les souvenirs des violences
ayant marqué la chute de la dynastie ont été ravivés par
de nouveaux troubles : d’une part, en 1661, la rébellion
de Yu Qi (于七)
contre le pouvoir mandchou dans le nord du Shandong, qui
fut brutalement réprimée en 1662
[8] ;
et d’autre part la nouvelle de la suppression du dernier
bastion des Ming dans le sud en 1662, et l’exécution en
juin, en Birmanie où il s’était enfui, de Zhu Youlang (朱由榔),
l’empereur Yongli (永历帝),
dernier prétendant Ming au trône. Le pouvoir des Qing
était stabilisé.
C’était le premier poste de Chen Baoyao qui avait été
nommé assistant du commissaire chargé de la surveillance
du circuit d’une nouvelle division de défense maritime
et militaire dontles bureaux étaient situés au siège du
gouvernement préfectoral, à Yidu, non loin du palais du
prince Heng. Cette proximité des bureaux et du palais
est cruciale dans la naissance de la légende de Lin
Siniang, identifiée comme une femme au service du palais
dans la plupart des récits.
Cultivée, formée à la vie de courtisane, elle exprime
par la poésie et le chant ses lamentations sur le monde
qu’elle a perdu. Contrairement à l’héroïne du
Hongloumeng, c’est ici un personnage nostalgique et
mélancolique. Sa mort est directement associée aux
guerres de transition dynastique, la triste réalité de
l’époque étant déguisée sous des dehorsromantiques
esthétisants.
Comment la nostalgique survivante fantomatique d’une
époque révolue a-t-elle pu devenir l’héroïne martiale du
« Rêve dans le pavillon rouge » ?
Du fantôme à l’héroïne : réécriture hagiographique de
l’histoire
C’est le contexte qui a amené Jia Zheng à demander le
poème qui éclaire sur ses motivations véritables, et sur
la nature du récit qui ressort du chapitre. Jia Zheng
explique les circonstances officielles dans lesquelles
il a pris connaissance de l’histoire quand celui qui
vient de transcrire son récit lui tend son texte.
Tout vient d’un décret impérial qui a été promulgué pour
demander aux services concernés de rechercher dans les
archives dynastiques des cas de mérites exceptionnels
dignes d’être notés pour la postérité. Un bref rapport
devait être envoyé au Bureau des rites. L’histoire de
Lin Siniang rapportée par Jia Zheng provenait du rapport
envoyé par son propre département, qui suggérait l’idée
d’un poème commémorant « l’héroïque loyauté » de Lin
Siniang.
Le Furenji (Sur les
femmes) de Chen Weisong 陈维崧
(Lin Siniang apparaît dans une
préface)
Il n’y pas « retour du fantôme », c’est ce qu’il
faut au contraire éviter, mais
institutionnalisation de la mémoire par la
machine bureaucratique impériale, excluant toute
faille dans le système qui permettrait à des
esprits errants de la dynastie précédente de
revenir hanter les vivants.
On a bien affaire au même personnage, mais
considéré dans deux optiques différentes, et à
deux points différents de sa vie. Les récits du
siècle précédents mettent l’accent sur la
nostalgie de la dynastie disparue, exprimée par
une revenante qui en a vécu les derniers
moments. Ses faits d’armes éventuels ne sont pas
l’important dans cette optique, ni la manière
dont elle est morte.
A la fin du 18ème siècle (le roman est publié
en 1791), le récit du Hongloumeng
montre le processus de réécriture officielle de
l’histoire passant par la canonisation d’une martyre
plus ou moins obscure qui s’est sacrifiée pour mettre
fin aux derniers sursauts de révolte contre la dynastie
nouvelle, lui permettant ainsi de consolider son
pouvoir.
Il faut noter ici que Lin Siniang n’est pas une nüxia
au sens strict du terme : la nüxia mène un combat
individuel, très souvent de vengeance personnelle, comme
la
Xia Nü de Pu Songling ;
or, si Lin Siniang a voulu venger le prince Heng, elle a
surtout voulu défendre la ville et ses habitants. La Lin
Siniang du récit de Jia Zheng est plutôt à rapprocher
des grandes figures de combattantes, des guerrières au
service d’un souverain, souvent pour le compte d’un père
ou d’un mari, comme les femmes générales légendaires.
Elle est héroïne et non vraiment nüxia : la
nüxia reste un élément éminemment individualiste, et
par là-même dangereux, qui n’entre pas dans les
hagiographies officielles. La nüxia fait rêver si
la combattante est un exemple. Or Lin Siniang fait
rêver.
Il reste donc qu’elle a les caractéristiques initiales
de la nüxia, formée aux arts martiaux dès son
plus jeune âge, et continuant à s’entraîner ensuite.
C’est l’héroïne, immortalisée par le poème de Jia Baiyu,
qui est restée la plus célèbre, et a inspiré les
dramaturges et librettistes d’opéra, mais sous un aspect
de nüxia classique. Elle est ainsi, entre autres,
l’un des grands rôles
de
Shang Xiaoyun (尚小云),
l’un des quatre grands dan
旦
du 20ème siècle (1900-1976).
Mais il avait d’abord étudié les rôles de wusheng
(武生),
dont il a conservé l’aspect martial et énergique dans
ses rôles de dan ; il a créé Lin Siniang (林四娘)
en 1928, et on en conserve l’image, maniant l’épée, qui
rappelle beaucoup les nüxia des Tang et leurs
incarnations à l’opéra :
Lin Siniang par
Shang Xiaoyun (5’55/8.37)
Eléments bibliographiques
- The Phantom Heroine : Ghosts and Gender in
Seventeenth-Century Chinese Literature, Judith T.
Zeitlin,
University of Hawai‘i Press 2007 (chapitre3 :
Ghosts and Historical Times)
- Etude (en chinois) sur les différentes versions de Lin
Siniang, et comparaison avec Lü Siniang
[1]
Lin Siniang est un personnage historique : elleserait
née en 1629, à la fin de la dynastie des Ming,
dans une famille pauvre de militaires, et serait
morte en septembre 1646, à l’âge de dix-sept
ans.
[2]
Dans le chapitre 3 (Ghosts
and Historical Times)
de son ouvrage de référence, « The
Phantom Heroine » (voir bibliographie
ci-dessous), Judith T. Zeitlin en dénombre six,
dont quatre constituent les principales
variantes.
Traduit « Poème de revenante »
par André Levy, Contes de l’étrange, Philippe
Picquier 1996, dernier des contes traduits, p.
559 (édition de poche).
[4]
Double image : celle de l’actrice d’opéra
concluant une scène dramatique d’adieux, et
celle de la nüxia disparaissant soudain à
la fin d’un chuanqi.
[5]
Les armes deviendront une mode
chez les femmes lettrées comme signe
d’émancipation, mais bien plus tard. Voir Qiu
Jin (《秋瑾》) :
à venir….
[7]
Il a en fait publié lui-même plusieurs versions
différentes, dont l’une commence par présenter
le fantôme sous les traits d’un monstre
effrayant que Chen Yaobao veut éliminer, puis,
quand un visiteur fait remarquer au spectre
qu’au lieu de terrifier tout le monde, elle
ferait mieux de se présenter sous des dehors
plus amènes, elle se change en la jolie femme
des autres versions. Subtilité supplémentaire
qui assimile l’histoire à la pacification du
territoire par le nouvel intendant, après sa
prise de fonction, menée par la clémence plutôt
que les représailles.
[8]
Yu Xiaoxi (于小喜),
dit Yu le Septième (于七)
[1609-1702], fomenta une première rébellion au
Shandong en 1648, puis une seconde en 1661, qui
fut écrasée dans le sang l’année suivante. C’est
la même rébellion dont il est question dans un
autre conte du Liaozhai, qui se passe juste
après : « Gongsun
Jiuniang » (《公孙九娘》).
Il
rend compte indirectement de la dureté de la
répression en relatant
le « mariage » dans le royaume
des ombres de l’héroïne du titre avec un lettré
auquel elle fait promettre de lui donner une
sépulture convenable. Quand il revient dans le
monde des humains, le lettré tente de remplir sa
promesse, mais il se perd au milieu de milliers
de tombes sans inscriptions sans pouvoir trouver
la bonne…