| 
				
				郁达夫《春风沉醉的晚上》 
				Yu Dafu  « Enivrantes 
				nuits de printemps » 
				par Brigitte Duzan, 19 août 2010    
				Présentation   
					
						| 
						« Enivrantes 
						nuits de printemps » est une nouvelle de  
						
						
						
						Yu Dafu 
						(郁达夫)
						datée de 
						juillet 1923, c’est-à-dire l’une de ses premières 
						nouvelles publiées à Shanghai, à son retour du Japon.
						 
						  
						C’est une 
						nouvelle écrite à la première personne, visiblement 
						influencée par le style autobiographique du 
						shishôsetsu japonais, le « roman du moi », qui 
						était alors en vogue au Japon ; elle se distingue 
						cependant nettement du style des précédentes nouvelles 
						de l’auteur, celles qui ont établi sa réputation 
						d’écrivain à scandale par leur liberté d’écriture et les 
						thèmes traités, « Noyade » (《沉沦》) 
						tout particulièrement.   
						  
						Rien de tout 
						cela dans cette nouvelle. Le narrateur, « je », est un 
						pauvre écrivain qui vit dans les bas-fonds de Shanghai 
						en tentant de vendre quelques traductions, dans un 
						taudis où il a juste la place de s’asseoir, sur l’une 
						des  |  | 
						 
						Couverture du livre |  
				deux piles de livres 
				écornés qui sont les seuls « meubles » qui lui restent. Faute de 
				vêtement décent, il ne sort plus que la nuit, et le manque de 
				sommeil et de nourriture l’a affaibli au point qu’il a même du 
				mal à se concentrer sur un livre.    
				Son seul lien avec 
				le monde extérieur est une jeune ouvrière d’une fabrique de 
				cigarettes qui vit dans la chambre contiguë à la sienne ; elle 
				représente une sorte d’ange de pureté dans un monde de fange 
				qu’il respecte envers et contre tout, et surtout ses propres 
				pulsions. Il y a une sorte de romantisme attardé dans la 
				description de cet univers misérable mais pur, logé dans une 
				soupente sous les toits comme ‘la bohême’ de Murger.    
				La solidarité, fondée 
				sur leur commune misère sociale, entre la jeune ouvrière et 
				l’écrivain obscur, entraînant une sorte de connivence entre eux, 
				est aussi un reflet des idées socialistes dans l’air du temps à 
				l’époque ; comme dit la jeune Ermei : « Ah, mais vous êtes donc 
				comme moi ! » (“唉!你也是同我一样的么?”). 
				Elle, cependant, a un travail tandis que lui n’en a pas…  
				L’abyme de classe est toujours là.   
					
						| 
						 
						Le manuscrit |  | 
						Les 
						« enivrantes nuits de printemps » du titre – dont 
						l’expression apparaît dans la troisième partie - ne sont 
						finalement qu’un bref épisode d’excitation fébrile due à 
						l’arrivée du printemps, mais sans lendemain : la 
						nouvelle se termine par une réflexion sans illusion sur 
						l’avenir, et la 
						description d’un ciel d’une infinie tristesse. En fait 
						d’ivresse, « Enivrantes nuits de printemps » est 
						l’histoire d’une déchéance dont aucune issue ne semble 
						possible, et qui va bien au-delà d’une frustration des 
						aspirations  |  
				individuelles, comme on le 
						présente souvent. 
				C’est une crise 
				existentielle née de 
				l’opposition frontale à la société, et, comme telle, 
				insoutenable. 
				  
				« Enivrantes nuits de 
				printemps » se termine sur l’errance nocturne du personnage, 
				sans dénouement, comme la plupart des nouvelles de Yu Dafu.
				 
				  
				  
				Note : les passages 
				entre crochets sont simplement résumés.   
   
				Texte : 
				  
				一 
				在沪上1闲居了2半年,因为失业的结果,我的寓所迁移了三处3。最初我住在静安寺路4南的一间同鸟笼5似的永也没有太阳晒着的自由的监房里6。这些自由的监房的住民,除了几个同强盗小窃7一样的凶恶裁缝8之外,都是些可怜的无名文士,我当时所以送了那地方一个Yellow 
				Grab Street9的称号。在这Grub 
				Street10里住了一个月,房租忽涨了价,我就不得不拖了几本破书, 
				搬上跑马厅11附近一家相识的栈房12里去。后来在这栈房里又受了种种逼迫13,不得不搬了,我便在外白渡桥14北岸的邓脱路15中间,日新里对面的贫民窟里16,寻了一间小小的房间,迁移了过去。 
				  
				
				邓脱路的这几排房子,从地上量到屋顶,只有一丈几尺高17。我住的楼上的那间房间,更是矮小得不堪18。若站在楼板上升一升懒腰19,两只手就要把灰黑的屋顶穿通的。从前面的衖里20踱进了那房子的门,便是房主的住房。在破布洋铁罐21玻璃瓶旧铁器堆满的中间,侧着身子走进两步,就有一张中间有几根横档跌落的梯子22靠墙摆在那里。用了这张梯子往上面的黑黝黝23的一个二尺宽的洞里一接,即能走上楼去。黑沉沉的这层楼上,本来只有猫额那样大,房主人却把它隔成了两间小房,外面一间是一个N烟公司的女工住在那里,我所租的是梯子口头的那间小房,因为外间的住者要从我的房里出入,所以我的每月的房租要比外间的便宜几角小洋24。 
				  
				[我的房主,是一个五十来岁的弯腰老人。他的脸上的青黄色里,映射着一层暗黑的油光25。两只眼睛是一只大一只小,颧骨26很高,额上颊上27的几条皱纹里满砌着煤灰28,好像每天早晨洗也洗不掉的样子。他每日于八九点钟的时候起来,咳嗽一阵29,便挑了30一双竹篮出去,到午后的三四点钟总仍旧31是挑了一双空篮回来的,有时挑了满担回来的时候,他的竹篮里便是那些破布破铁器玻璃瓶之类。像这样的晚上,他必要去买些酒来喝喝,一个人坐在床沿上瞎骂出许多不可捉摸的话来32] 
				  
				我与间壁的同寓者33的第一次相遇,是在搬来的那天午后。春天的急景已经快晚了的五点钟的时候,我点了一枝蜡烛34,在那里安放几本刚从栈房里搬过来的破书。先把它们叠成了两方堆35,一堆小些,一堆大些,然后把两个二尺长的装画的画架覆36在大一点的那堆书上。因为我的器具都卖完了,这一堆书和画架白天要当写字台,晚上可当床睡的。摆好了画架的板,我就朝着了这张由书叠成的桌子,坐在小一点的那堆书上吸烟,我的背系朝着梯子的接口的。我一边吸烟,一边在那里呆看放在桌上的蜡烛火,忽而听见梯子口上起了响动。回头一看,我只见了一个自家的扩大的投射影子37,此外什么也辨不出来,但我的听觉分明告诉我说:“有人上来了。” 
				  
				我向暗中凝视了38几秒钟,一个圆形灰白的面貌39,半截纤细的40女人的身体,方才映到我的眼帘上来41。一见了她的容貌39我就知道她是我的间壁的同居者了33。因为我来找房子的时候,那房主的老人便告诉我说,这屋里除了他一个人外,楼上只住着一个女工。我一则喜欢房价的便宜,二则喜欢这屋里没有别的女人小孩,所以立刻就租定了的。等她走上了梯子,我才站起来对她点了点头说:“对不起,我是今朝才搬来的,以后要请你照应42。” 
				  
				
				她听了我这话,也并不回答,放了一双漆黑43的大眼,对我深深的看了一眼,就走上她的门口去开了锁,进房去了。我与她不过这样的见了一面,不晓44是什么原因,我只觉得她是一个可怜的女子。她的高高的鼻梁45,灰白长圆的面貌,清瘦不高的身体,好像都是表明她是可怜的特征46,但是当时正为了生活问题在那里操心47的我,也无暇48去怜惜这还未曾失业的女工,过了几分钟我又动也不动的坐在那一小堆书上看蜡烛光了。 
				
				在这贫民窟里过了一个多礼拜,她每天早晨七点钟去上工和午后六点多钟下工回来,总只见我呆呆的对着了蜡烛或油灯坐在那堆书上。大约她的好奇心被我那痴不痴呆不呆的态度49挑动了罢。有一天她下了工走上楼来的时候,我依旧50和第一天一样的站起来让她过去。她走到了我的身边忽而停住了脚。看了我一眼,吞吞吐吐51好像怕什么似的问我说:“你天天在这里看的是什么书?”  (她操的是柔和的苏州音51,听了这一种声音以后的感觉,是怎么也写不出来的,所以我只能把她的言语译成普通的白话。) 
				我听了她的话,反而脸上涨红了53。因为我天天呆坐在那里,面前虽则54有几本外国书摊着,其实我的脑筋昏乱55得很,就是一行一句也看不进去。有时候我只用了想像在书的上一行与下一行中间的空白里,填些奇异的模型进去56。有时候我只把书里边的插画翻开来看看,就了那些插画演绎些不近人情的幻想57出来。我那时候的身体因为失眠与营养不良58的结果,实际上已经成了病的状态了。况且又因为我的唯一的财产的一件棉袍子59已经破得不堪,白天不能走出外面去散步和房里全没有光线进来,不论白天晚上,都要点着油灯或蜡烛的缘故60,非但61我的全部健康不如常人,就是我的眼睛和脚力,也局部的非常萎缩了62。在这样状态下的我,听了她这一问,如何能够不红起脸来呢?所以我只是含含糊糊的63回答说:  “我并不在看书,不过什么也不做呆坐在这里,样子一定不好看,所以把这几本书摊放着的” 
				  
				
				她听了这话,又深深的看了我一眼,作了一种不解的形容64,依旧的走到她的房里去了。 
				  
				那几天里,若说我完全什么事情也不去找什么事情也不曾干,却是假的。有时候,我的脑筋稍微清新一点65,也曾译过几首英法的小诗,和几篇不满四千字的德国的短篇小说,于晚上大家睡熟66的时候,不声不响的出去投邮67,在寄投给各新开的书局68。因为当时我的各方面就职的希望,早已经完全断绝了69,只有这一方面,还能靠了我的枯燥70的脑筋,想想法子看。万一中了他们编辑先生的意71,把我译的东西登了出来72,也不难得着几块钱的酬报73。所以我自迁移到邓脱路以后,当她第一次同我讲话的时候,这样的译稿已经发出了三四次了。 
				  
				Vocabulaire I : 
				  
				01 
				沪
				hù 
				(滬
				en caractère non 
				simplifié) : autre nom de Shanghai qui vient du nom d’un ancien 
				village de pêcheurs, 
				沪渎 
				(Hùdú), qui était, sous les Tang, au confluent de Suzhou Creek, 
				ou Wusong River (苏州河/吴淞江),
				et le
				Huangpu (黄浦江). 
				
				
				扈
				
				hù (que l’on trouve dans la partie droite 
				du caractère non simplifié滬) 
				désignait une sorte de 
				clôture en bambou utilisée autrefois pour pêcher (捕鱼的竹栅).
				 
				02
				
				闲居 
				
				xiánjū       
				rester chez soi 
				sans travailler 
				
				03 
				迁移寓所 
				
				qiānyíyùsuǒ  
				changer d’adresse
				 
				
				
				04 
				静安寺  
				
				
				Jìng'ānsì 
				
				
				le temple de Jing’an, au centre de Shanghai, à l’ouest de la 
				boucle du Huangpu, aujourd’hui près de la station de  métro du 
				même nom, sur la ligne 2 : 
				
				
				http://maps.google.fr/maps?hl=fr&source=hp&q=%E9%9D%99%E5%AE%89%E5%8C%BA&rlz=1R2GGIE_fr&um=1&ie=UTF8&hq= 
				
				
				&hnear=%E4%B8%AD%E5%9B%BD%E4%B8%8A%E6%B5%B7%E5%B8%82%E9%9D%99%E5%AE%89%E5%8C%BA&gl=fr&ei 
				
				
				=mCz9SpLqHYqK4Qayps31Cw&sa=X&oi=geocode_result&ct=image&resnum=1&ved=0CAoQ8gEwAA 
				05 
				鸟笼   
				niǎolóng 
				cage 
				d’oiseau 
				06 
				监房   
				jiānfáng    
				cellule de prison 
				07 
				
				强盗/小窃   
				qiángdào/xiǎoqiè  brigands et petits voleurs   
				08 
				裁缝   
				cáiféng      
				tailleur            
				凶恶 
				xiōng'è  terrible 
					
						| 
						09 Yellow Grab 
						Street : jeu de mots sur Huangpu 
						
						黄浦 (黄
						huáng 
						jaune + 
						
						捕
						bǔ,
						
						quasi homophone de 
						
						浦
						pǔ,
						
						 signifiant ‘saisir’, ‘to grab’ , évoquant les voleurs 
						de l’endroit, 
						
						强盗/小窃) 
						qui entraîne le jeu de mots suivant : 
						10 Grub 
						Street : référence à une rue de Londres qui, au Moyen 
						Age, longeait un fossé servant d’égout, d’où le nom 
						(dérivé du hollandais). L’endroit, extrêmement pauvre, 
						lieu de résidence de petits écrivains et penseurs 
						miteux, devint à partir du milieu du 17ème 
						siècle une métaphore décrite ainsi dans le dictionnaire 
						de Samuel Johnson : "[where] 
						writers of small histories, dictionaries and temporary 
						poems [live], whence any mean production is called 
						grubstreet." Aux Etats-Unis, un « grubstreeter » est un 
						(aspirant) écrivain se battant pour joindre les deux 
						bouts, comme celui de la présente nouvelle. 
						 
						11
						
						
						跑马厅  
						pǎomǎtīng  
						le club 
						hippique, ou Shanghai Race Club (aussi dans le quartier 
						du Huangpu) |  | 
						
						 
						tour à l’horloge |  
				Note : créé en 1862, 
				c’était à l’origine un club privé pour propriétaires de 
				chevaux.  Il fut rénové en 1934, et la dernière course eut lieu 
				en 1940. C’est à l’emplacement de l’ancien champ de courses que 
				se  
					
						| 
						trouve 
						maintenant… la Place du Peuple (人民广场). 
						Un des derniers 
						vestiges du champ de courses : la ‘tour à l’horloge’
						 
						12 
						
						栈房    
						zhànfáng  
						
						dialectal : auberge 
						13 
						
						逼迫    
						bīpò 
						forcer, 
						contraindre 
						14 
						
						白渡桥  
						bàidùqiáo  
						le « pont du 
						ferry blanc », un pont célèbre à l’embouchure de Suzhou 
						Creek. 
						15 
						
						邓脱路  
						dèngtuōlù   Dengtuo 
						lu ou Dent Road  
						Note : 
						
						邓脱路就是如今的丹徒路
						
						
						(c’est aujourd’hui la rue Dantu)  |  |   
						 
						pont ‘du ferry blanc’ par Gong Zhengru 
						龚铮如 |  
				16 
				贫民窟 
				pínmínkū  
				
				quartier très pauvre, 
				taudis    
				日新里 
				Rìxīnlǐ 
				nom du quartier 
				Note : 
				
				日新里就在今唐山路416弄 
				(Rixinli 
				est aujourd’hui au niveau de l’allée 416 de la rue de Tangshan)
				 
				
				Carte 
				
				
				http://maps.google.fr/maps?hl=fr&q=%E4%B8%8A%E6%B5%B7%E5%94%90%E5%B1%B1%E8%B7%AF& 
				
				
				um=1&ie=UTF8&hq=&hnear=China+Shanghai+Tang+Shan+Lu&gl=fr&ei=GJprTLrPEN3NjAfIp83iAQ&sa= 
				
				
				X&oi=geocode_result&ct=image&resnum=1&ved=0CBoQ8gEwAA 
				
				17 
				丈/尺  
				zhàng/chǐ 
				deux unités de longueur : un zhàng = 1m1/3 / un chǐ
				=1/3m 
				18 
				不堪   
				bùkān      
				(en fin de 
				phrase) extrêmement 
				19 
				升懒腰 
				
				shēnglǎnyāo   
				s’étirer en élevant 
				les bras 
				
				20 
				衖=弄      
				lòng
				allée 
				 
				21 
				洋铁罐 
				
				yángtiěguàn  
				boîte en fer blanc  
				(洋铁
				sorte de fer 
				galvanisé autrefois importé,  
				
				d’où 
				洋
				
				yánɡ) 
				22 
				横档   
				héngdàng  
				barreau 
				(d’échelle : 
				梯子 tīzi)   
				
				跌落 
				diēluò 
				tomber  
				23 
				黑黝黝 
				hēiyǒuyǒu  
				noir comme 
				du charbon  
				24 
				
				角      jiǎo 
				
				1/10 d’unité monétaire 
				   
				小洋 
				
				xiǎoyánɡ
				 1/10 dollar d’argent  
				Note : en 1914, une 
				ordonnance établit le dollar d’argent comme monnaie de la 
				République de Chine. 
				25 
				映射   
				yìngshè    
				
				éclairer/ 
				émettre (光 guāng 
				éclat, 
				 lueur…)
				 
				
				26 
				颧骨   
				
				quángǔ     
				pommettes 
				 
				
				27 
				额/颊  
				é/jiá 
				front / joue 
				 
				28 
				皱纹   
				
				zhòuwén     
				ride        
				
				砌 
				qì 
				
				bâtir   
				
				煤灰 
				
				méihuī  
				cendres, poussière de 
				charbon 
				
				29 
				咳嗽一阵 
				késouyízhèn 
				avoir une quinte de toux 
				30 
				
				挑      tiāo 
				ici : porter 
				avec une palanche 
				31 
				总仍旧 
				zǒngréngjiù  
				toujours, 
				régulièrement (pour une action répétée, habituelle) 
				32 
				不可捉摸 
				bùkězhuōmō  
				difficile à saisir, à comprendre           
				瞎 
				xiā  
				aveugle/en vain/sans raison 
				33 
				间壁   
				
				jiànbì       
				voisin (dans 
				la pièce d’à côté)   
				
				同寓(居)者 
				tóngyù(jū)zhě 
				co-résident 
				34 
				点一枝蜡烛 
				
				diǎn yìzhī làzhú 
				allumer une 
				bougie 
				
				35 
				叠成两方堆 
				diéchéng liǎngfāngduī
				
				 entasser en deux 
				piles, deux tas 
				
				36 
				画架   
				
				huàjià       
				chevalet /ici : 
				planche à dessiner       
				覆 
				fù couvrir
				 
				37 
				自家   
				zìjiā
				son propre 
				       
				投射 
				tóushè 
				projeter (影子 
				yǐngzi 
				une ombre) 
				38 
				凝视   
				níngshì    
				
				regarder fixement, 
				scruter 
				
				39 
				面貌 
				/容貌  
				miànmào/róngmào   
				traits (du visage) 
				
				40半截    
				bànjié      
				une moitié 
				       
				纤细 
				xiānxi 
				fin, ténu 
				41 
				方才   
				fāngcái    
				juste, 
				seulement       
				映到眼帘 
				yìngdào 
				yǎnlián 
				 (litt) s’offrir au 
				regard 
				42
				 今朝   
				jīnzhāo    
				ce matin             
				     
				
				照应       
				zhàoyìng  
				 prendre 
				soin de /entretenir de bonnes relations (avec ses voisins) 
				
				43 
				漆黑   
				
				qīhēi         
				noir comme l’encre 
				(comme de la laque) 
				
				44 
				
				晓      xiǎo
				
				ici : savoir/dire 
				
				45 
				鼻梁   
				bíliáng    
				arête du nez  
				46 
				特征   
				tézhèng    
				(trait) 
				caractéristique  
				47 
				为..
				
				操心  
				wèi.. cāoxīn 
				
				se faire du souci pour… 
				
				48 
				无暇   
				wúxiá       
				ne pas avoir 
				le temps, le loisir de… 
				49 
				大约   
				dàyuē       
				
				ici : probablement   
				        
				好奇心 
				hàoqíxīn
				
				curiosité    
				
				呆痴 
				 dāichī  idiot 
				
				50  
				依旧   
				yījiù
				
				comme auparavant, 
				toujours 
				
				51 
				吞吞吐吐 
				tūntūntǔtǔ  
				balbutier
				 
				52 
				
				操      
				cāo  
				ici : parler         
				柔和 
				róuhé 
				doux 
				53 
				反而   
				fǎn’ér       
				
				au contraire, au lieu 
				de      
				
				涨红(脸上) 
				zhànghóng  
				rougir (visage) 
				54 
				虽则   
				suīzé         
				
				bien que 
				
				55 
				脑筋   
				nǎojīn      
				
				cerveau, esprit  
				
				昏乱 
				hūnluàn
				
				 confus, embrouillé 
				
				56 
				填空白 
				tiánkōngbái
				 remplir un 
				vide   
				模型 
				móxíng 
				 modèle          
				
				奇异 
				qíyì 
				
				étrange, étonnant 
				
				57 
				不近人情 
				bújìnrénqíng   
				
				déraisonnable, 
				contraire au bon sens         
				幻想 
				 huànxiǎng 
				
				illusion 
				
				58 
				营养不良 
				
				yíngyǎngbùliáng  
				
				 malnutrition, sous-alimentation 
				59 
				棉袍子 
				miánpáozi 
				robe ouatée 
				60 
				缘故   
				yuángù    
				cause, raison 
				61非但    
				fēidàn      
				
				non seulement 
				
				62 
				局部   
				júbù 
				local, partiel     
				萎缩 
				wěisuō 
				s’affaiblir, 
				s’atrophier 
				63 
				含含糊糊
				hánhánhuhu 
				équivoque, vague, évasif 
				64 
				不解的 
				bújiěde   
				
				incompréhensible, mystérieux  
				形容
				
				xíngróng         
				un air, une mine 
				 
				65 
				稍微   
				shāowēi   
				
				un (tout petit) 
				peu            
				清新 
				qīngxīn
				
				 pur et frais 
				
				66 
				睡熟   
				shuìshú    
				
				être profondément 
				endormi  
				
				67 
				投邮   
				tóuyóu     
				poster du 
				courrier 
				68 
				书局   
				
				shūjú         
				maison d’édition 
				
				69 
				断绝   
				
				duànjué    
				interrompre, briser
				 
				
				70 
				枯燥   
				kūzào       
				
				desséché 
				 
				
				71 
				万一   
				wànyī       
				
				si par chance    
				中
				zhòng atteindre sa cible     
				编辑
				biānjí 
				 éditer/-eur 
				72 
				登出来 
				dēngchūlái 
				
				être publié 
				
				73 
				酬报   
				chóubào    
				récompense, bonus, rétribution 
				  
				Traduction I : 
				  
				J’ai vécu six mois à 
				Shanghai sans trouver de travail, et, comme je n’avais pas de 
				travail, j’ai déménagé trois fois. J’ai d’abord habité, rue du 
				temple Jing’an, une cellule qui n’avait jamais vu le soleil, 
				prison semblable à une cage d’oiseau sans grillage. 
				Hormis quelques 
				tailleurs à l’aspect aussi féroce que des brigands, la plupart 
				des voisins de cette prison sans barreaux étaient de misérables 
				lettrés totalement inconnus ; j’avais donc appelé l’endroit 
				« Yellow Grab Street ». Je suis resté un mois dans ce « fossé » 
				(voir jeux de mots voc. 9 et 10) ; le loyer ayant alors 
				brusquement augmenté, j’ai été obligé de déménager mes quelques 
				livres écornés pour aller loger dans une petite auberge que je 
				connaissais près du champ de courses. Mais diverses contraintes 
				m’ont ensuite forcé à déménager de nouveau, pour prendre une 
				toute petite chambre rue Dengtuo, sur la rive au nord du pont 
				Baidu, dans le quartier misérable en face de Xinrili. 
				 
				  
				Du sol jusqu’au toit, 
				ces quelques rangées de maisons de la rue Dengtuo ne faisaient 
				même pas deux mètres de haut. Ma chambre, à l’étage, était 
				tellement basse que, si j’avais voulu me lever pour m’étirer, 
				mes deux mains seraient passées à travers le plafond noir de 
				poussière. Quand on pénétrait là en venant de la ruelle, on 
				entrait d’abord dans la pièce où vivait le propriétaire. Il 
				fallait alors se faufiler au milieu de tas de tissus, de boîtes 
				en fer blanc, de bouteilles de verre et rebus de métal pour 
				atteindre, au bout de quelques pas, une échelle appuyée contre 
				le mur à laquelle manquaient quelques barreaux et qui permettait 
				de monter jusqu’à l’étage, par un trou sombre de quelque 
				soixante centimètres de large. 
				L’étage, sombre, était 
				de la taille d’un mouchoir de poche ; pourtant, le propriétaire 
				l’avait divisé en deux pièces minuscules : celle donnant sur 
				l’extérieur était louée à une ouvrière qui travaillait à l’usine 
				de cigarettes N., la mienne étant la première où l’on accédait 
				par l’escalier ; comme il fallait passer par là pour entrer dans 
				l’autre pièce ou en sortir, mon loyer était quelque peu diminué.
				 
				  
				[suit la description 
				du propriétaire, un homme d’une cinquante d’années, au dos 
				voûté, au teint jaune, au visage ridé comme imprégné de 
				poussière de charbon, qui partait tous les matins, palanche à 
				l’épaule, pour revenir 
				le soir chargé des déchets qu’il entassait chez lui ; son seul 
				plaisir était de boire un peu de vin, assis seul sur le bord de 
				son lit] 
				  
				Ma première rencontre 
				avec ma voisine de la chambre mitoyenne eut lieu l’après-midi 
				même de mon déménagement. Au printemps, le crépuscule tombe très 
				vite, et, vers cinq heures, j’allumai une bougie pour ranger les 
				quelques livres racornis que je venais d’apporter avec moi de 
				l’auberge. Je commençai par en faire deux piles, une petite et 
				une plus grande, puis couvrit la plus grande de deux planches à 
				dessin d’une soixantaine de centimètres de long. Comme j’avais 
				vendu tous mes meubles, cette pile de livres avec les planches 
				dessus me servirait d’écritoire pendant la journée, et, le soir, 
				pourrait faire office de lit. Après avoir arrangé les planches à 
				dessin, je m’assis, pour fumer une cigarette, sur la plus petite 
				des piles de livres, devant la table faite avec l’autre tas de 
				livres, en tournant le dos à l’ouverture où débouchait 
				l’échelle. Tout en fumant, je regardais fixement la flamme de la 
				bougie, lorsque j’entendis soudain un mouvement du côté de 
				l’échelle, sous la trappe. Tournant la tête, je ne vis que mon 
				ombre allongée qui se projetait là, sans pouvoir distinguer rien 
				d’autre, mais ce que j’entendais me disait que quelqu’un était 
				en train de monter. 
				  
				Après avoir scruté 
				l’obscurité quelques secondes, je vis apparaître l’ovale d’un 
				visage blême, puis le buste ténu d’un corps de femme. Je compris 
				aussitôt qu’il s’agissait de ma voisine de l’étage. En effet, 
				alors que je cherchais à me loger, le propriétaire m’avait 
				expliqué que, à part lui, la maison n’avait qu’une ouvrière pour 
				tout habitant, à l’étage. Ce qui m’avait plu, c’était d’une part 
				le prix modéré du loyer, mais aussi le fait qu’il n’y avait à 
				cette adresse ni femme ni enfants, j’avais donc tout de suite 
				pris la chambre. Lorsque ma voisine fut arrivée en haut de 
				l’échelle, je me levai et lui dit en inclinant la 
				tête : « Excusez-moi, je viens d’emménager ce matin, j’espère 
				que nous vivrons en bonne amitié. 
				  
				Elle ne répondit rien, 
				se contentant de me jeter un regard insistant de ses deux yeux 
				aussi noirs que du jais, puis s’avança jusqu’à sa porte, ouvrit 
				le verrou et entra. Nous n’avions échangé qu’un regard, mais, 
				sans bien savoir pourquoi, je pensai qu’elle inspirait la pitié. 
				L’arête haute de son nez, l’ovale très pâle de son visage, sa 
				stature, petite et maigre, tout semblait caractériser quelqu’un 
				de pitoyable, mais, à cette époque, j’avais suffisamment de 
				soucis à me faire pour ma propre subsistance sans aller 
				m’apitoyer sur une ouvrière qui avait, elle, du travail ; alors, 
				au bout de quelques minutes, je revins m’asseoir sans bouger sur 
				la petite pile de livres, à regarder la lueur de la bougie. 
				  
				Un peu plus d’une 
				semaine s’écoula ainsi ; elle partait travailler tous les matins 
				très tôt, à sept heures, et rentrait une fois le travail 
				terminé, à un peu plus de six heures ; elle me voyait toujours 
				assis sur ma pile de livres à regarder fixement la chandelle ou 
				la lampe à huile. C’est sans doute mon attitude qui attira sa 
				curiosité quant à mon état mental. Un jour, alors qu’elle 
				revenait du travail, je me levai comme d’habitude pour la 
				laisser passer lorsque, en arrivant à ma hauteur, elle s’arrêta 
				brusquement. Me jetant un regard, elle me demanda en bégayant, 
				comme si quelque chose l’effrayait : « Quel livre est-ce que 
				vous lisez comme ça, tous les jours ? »  
				(elle avait l’accent 
				très doux de Suzhou, ce qui suscita en moi une sensation 
				indéfinissable, je ne peux que transcrire ses paroles en langage 
				ordinaire.) 
				  
				En entendant sa 
				question, cependant, je me sentis rougir, car, si je passais mes 
				journées stupidement assis là, quelques livres étrangers ouverts 
				devant moi, j’avais en fait l’esprit tellement confus que je 
				n’arrivais à rien 
				retenir, ni une ligne ni même une phrase. A certains moments, 
				j’utilisais mon imagination simplement pour peupler de figures 
				étranges les espaces entre les lignes. A d’autres moments, je me 
				contentais de feuilleter les illustrations insérées dans le 
				texte, et en tirais des fantasmes illusoires. A cette époque-là, 
				en raison du manque de sommeil et de nourriture, j’étais devenu 
				quelque peu maladif. En outre, comme le seul bien que je 
				possédais, ma robe ouatée, était élimée au dernier degré, je 
				n’osais pas sortir me promener en plein jour, et comme, dans ma 
				chambre, ne filtrait pas la moindre lumière, j’étais obligé 
				d’allumer une bougie ou une lampe à huile à toute heure de la 
				journée, nuit et jour, alors non seulement mon corps s’était 
				affaibli, mais mes yeux aussi.  
				  
				Comment, dans ces 
				conditions, en l’entendant me poser cette question, aurais-je pu 
				ne pas rougir ? Je lui répondis donc de manière très évasive : 
				« Je ne lis pas, je ne fais rien, mais, si je reste juste assis 
				ici, sans rien faire, j’aurai l’air idiot, alors j’étale ces 
				livres devant moi. » 
				Sur ce, elle me 
				regarda longuement, l’air intrigué, puis, comme d’habitude, 
				partit dans sa chambre. 
				  
				Je ne peux pas dire, 
				cependant, que, tous ces jours-là, je ne suis pas allé chercher 
				du travail et que je 
				n’ai strictement rien 
				fait, ce serait faux. Par moments, il m’est arrivé d’avoir 
				l’esprit un peu plus clair, alors j’ai traduit quelques courts 
				poèmes anglais et français, ainsi que quelques nouvelles 
				allemandes, de moins de quatre mille caractères, et, la nuit, 
				quand tout le monde dormait profondément, je suis allé les 
				expédier, sans faire de bruit, à de nouvelles maisons d’édition. 
				Comme j’avais, depuis longtemps déjà, perdu tout espoir de 
				trouver un travail, il ne me restait que la possibilité 
				d’utiliser mon  cerveau desséché pour tenter d’imaginer une 
				solution. Si mes traductions plaisaient à un éditeur, et si 
				elles étaient publiées, cela me vaudrait une petite rétribution. 
				Aussi, depuis mon déménagement rue Dengtuo, lors de cette 
				première conversation avec elle, j’avais déjà posté trois ou 
				quatre traductions. 
				  
				
				二   
				  在乱昏昏的上海租界1里住着,四季的变迁和日子的过去是不容易觉得的。我搬到了邓脱路的贫民窟之后,只觉得身上穿在那里的那件破棉袍子一天一天的重了起来,热了起来,所以我心里想:“大约春光也已经老透了罢!” 
				 
				    
				 
				但是囊中很羞涩的我2,也不能上什么地方去旅行一次,日夜只是在那暗室的灯光下呆坐。在一天大约是午后了,我也是这样的坐在那里,间壁的同住者忽而手里拿了两包用纸包好的物件走了上来,我站起来让她走的时候,她把手里的纸包放了一包在我的书桌上说: 
				“这一包是葡萄浆3的面包,请你收藏着,明天好吃的。另外我还有一包香蕉4买在这里,请你到我房里来一道吃罢!” 
				  
				[我替她拿住了纸包,她就开了门邀我进她的房里去,共住了这十几天,她好像已经信用我是一个忠厚的人5的样子。我见她初见我的时候脸上流露出来的那一种疑惧6的形容完全没有了。我进了她的房里,才知道天还未暗,因为她的房里有一扇朝南的窗7,太阳反射的光线从这窗里投射进来8,照见了小小的一间房,由二条板铺成的一张床,一张黑漆的半桌,一只板箱,和一条圆凳9。床上虽则没有帐子10,但堆着有二条洁净的青布被褥11。半桌上有一只小洋铁箱摆在那里,大约是她的梳头器具,洋铁箱上已经有许多油污的点子了12。她一边把堆在圆凳上的几件半旧的洋布棉袄13,粗布裤等收在床上,一边就让我坐下。我看了她那殷勤待14我的样子,心里倒不好意思起来,所以就对她说:                          
				 
				“我们本来住在一处,何必15这样的客气。” 
				
				“我并不客气,但是你每天当我回来的时候,总站起来让我,我却觉得对不起得很。” 
				
				这样的说着,她就把一包香蕉打开来让我吃。她自家也拿了一只,在床上坐下,一边吃一边问我说: 
				“你何以15只住在家里,不出去找点事情做做?” 
				
				“我原是这样的想,但是找来找去总找不着事情。” 
				
				“你有朋友么?” 
				
				“朋友是有的,但是到了这样的时候,他们都不和我来往了。” 
				
				“你进过学堂么?” 
				
				“我在外国的学堂里曾经念过几年书16。” 
				
				“你家在什么地方?何以不回家去?”] 
				
				                                        
				
				她问到了这里,我忽而感觉到我自己的现状了17。因为自去年以来,我只是一日一日的萎靡18下去,差不多把“我是什么人?”“我现在所处的是怎么一种境遇19?”“我的心里还是悲还是喜?”这些观念都忘掉了。经20她这一问,我重新把半年来困苦的情形一层一层的想了出来。所以听她的问话以后,我只是呆呆的看她,半晌21说不出话来。她看了我这个样子,以为我也是一个无家可归的流浪人22。脸上就立时起了一种孤寂的表情23,微微的叹着说: 
				  “唉!你也是同我一样的么?” 
				  
				[微微的叹了一声之后,她就不说话了。我看她的眼圈上有些潮红起来24,所以就想了一个另外的问题问她说: 
				
				“你在工厂里做的是什么工作?” 
				
				“是包纸烟的。” 
				
				“一天作几个钟头工?” 
				
				“早晨七点钟起,晚上六点钟止,中午休息一个钟头,每天一共要作十个钟头的工。少作一点钟就要扣钱的25。”
				 
				“扣多少钱26?” 
				
				“每月九块钱,所以是三块钱十天,三分大洋一个钟头27。” 
				
				“饭钱多少?” 
				
				“四块钱一月。” 
				
				“这样算起来,每月一个钟点也不休息,除了饭钱,可省下五块钱来。够你付房钱买衣服的么?” 
				“哪里够呢28!并且那管理人要……啊啊!我……我所以非常恨工厂的。你吃烟的么?” 
				“吃的。” 
				
				“我劝你顶好还是不吃29。就吃也不要去吃我们工厂的烟。我真恨死它在这里。” 
				  我看看她那一种切齿怨恨30的样子,就不愿意再说下去。把手里捏着的半个吃剩31的香蕉咬了几口,向四边一看,觉得她的房里也有些灰黑了,我站起来道了谢,就走回到了我自己的房里。她大约作工倦了32的缘故,每天回来大概是马上就入睡的,只有这一晚上,她在房里好像是直到半夜还没有就寝33。]从这一回之后,她每天回来,总和我说几句话。我从她自家的口里听得,知道她姓陈,名叫二妹,是苏州东乡人,从小系在上海乡下长大的,她父亲也是纸烟工厂的工人,但是去年秋天死了。她本来和她父亲同住在那间房里,每天同上工厂去的,现在却只剩了她一个人了。她父亲死后的一个多月,她早晨上工厂去也一路哭了去,晚上回来也一路哭了回来的。她今年十七岁,也无兄弟姊妹34,也无近亲的亲戚35。她父亲死后的葬殓等事36,是他于未死之前把十五块钱交给楼下的老人,托这老人包办的37。她说: 
				
				“楼下的老人倒是一个好人,对我从来没有起过坏心,所以我得同父亲在日一样的去作工,不过工厂的一个姓李的管理人却坏得很,知道我父亲死了,就天天的想戏弄我38。” 
				她自家和她父亲的身世39,我差不多全知道了,但她母亲是如何的一个人?死了呢还是活在哪里 ?假使40还活着,住在什么地方?等等,她却从来还没有说及过。 
				  
				Vocabulaire II : 
				  
				01 
				租界   
				zūjiè 
				
				concession 
				 
				
				Note : territoires 
				chinois sous contrôle étranger, les concessions furent établies 
				à partir du milieu du 19ème siècle. 
				
				02 
				囊中羞涩 
				nángzhōnɡxiūsè       
				être 
				embarrassé de n’avoir pas un sou en poche = être pauvre 
				03 
				葡萄浆    
				pútáojiāng 
				sirop/pulpe de 
				raisin  
				04 
				香蕉   
				xiāngjiāo 
				banane 
				05 
				信用   
				xìnyòng     
				créditer quelqu’un de (qualités…)          
				忠厚 
				zhōnghòu
				loyal et 
				sincère 
				06 
				疑惧   
				yíjù  
				appréhensions, 
				craintes 
				07 
				一扇窗 
				yíshànchuāng 
				une fenêtre 
				08 
				反射 
				/投射  
				fǎnshè/tóushè   
				
				refléter/projeter, darder         光线 
				guāngxiàn
				la lumière, 
				des rayons  
				09 
				一条圆凳 
				yìtiáo 
				yuándèng 
				      un tabouret rond   
				10 
				帐子   
				zhàngzi    
				rideaux de 
				lit 
				11 
				洁净   
				jiéjìng      
				propre     
				
				青布qīngbù
				 tissu noir
				
				被褥 
				bèirù 
				 literie, couette     
				12 
				
				油污的点子  yóuwūde 
				diǎnzi         
				tache 
				de graisse 
				13
				
				棉袄   
				mián’ǎo    
				  
				veste 
				ouatée, molletonnée  
				14 
				殷勤   
				yīnqín      
				attentionné, 
				courtois                   
				待 
				dài 
				 s’occuper, prendre soin de.. 
				15 
				
				何必/何以   hébì/héyǐ  
				pourquoi, à quoi bon / pourquoi, comment se fait-il ?   
				16 
				念书            
				niànshū    étudier  
				17 
				感觉到 
				gǎnjuédào 
				prendre 
				conscience de          现状 
				xiànzhuàng 
				 situation actuelle, présente 
				18 
				萎靡   
				wěimǐ       
				abattu, 
				déprimé 
					
						| 
						19 
						
						境遇    
						jìngyù      
						
						circonstances, 
						situation 
						
						20 
						
						
						经      
						jīng  
						ici : après que, à la suite de 
						21 
						
						半晌    
						bànshǎng 
						
						longtemps, un long moment  
						22 
						
						流浪    
						liúliàng   
						
						errer, ne pas avoir d’attaches fixes 
						23 
						
						立时    
						lìshí
						
						
						immédiatement                   
						
						孤寂 
						gūjì  
						désolé 
						24 
						
						潮红    
						cháohóng 
						
						rougir  
						26 
						
						扣      
						kòu   
						ici : 
						déduire       
						
						扣钱 
						kòuqián  
						faire une retenue (sur le salaire) 
						27 
						
						大洋    
						dàyàng    
						
						dollar d’argent : monnaie de la République de Chine – 
						les pièces furent frappées à 
						l’effigie de 
						Yuan Shikai après 1915 
						28 
						
						哪里    
						nǎli  
						comment 
						est-ce que cela pourrait … ? (sous entendant la 
						négation) 
						29 (你)顶好 
						
						dǐnghǎo   
						il vaudrait 
						mieux, vous feriez mieux de… 
						30 
						
						切齿 怨恨   
						qièchǐ 
						yuànhèn         
						serrer les 
						dents (grincer des dents) de haine, de ressentiment
						 
						31 (吃)剩  
						(chī)shèng 
						ce qui reste (à manger)  
						32 
						
						倦      
						juàn 
						fatigué 
						33 
						
						寝      
						qǐn   
						dormir
						 
						34 
						
						兄弟姊妹 
						xiōngdì zǐmèi    
						frères et 
						sœurs  (姊 
						zǐ
						sœur 
						aînée = 
						
						姐) 
						
						35 
						
						
						近亲的亲戚  
						jìnqīnde
						qīnqi  
						parents proches 
						36 
						
						葬殓    
						zàngliàn    
						mettre en bière et enterrer          等事 
						děngshì 
						
						et autres 
						(choses du même genre) |  |  
						 
						 exemple de pièce 
						Yuan Shikai des années 20 |  
				
				37 
				托… 
				包办   tuō… 
				bāobàn   
				confier (à..) la charge de…       (包办 
				bāobàn 
				s’occuper seul 
				d’une affaire) 
				38 
				戏弄   
				xìnòng     
				taquiner, 
				importuner 
				39 
				身世   
				
				shēnshì     
				expérience (vécue)
				 
				40 
				假使   
				
				jiǎshǐ        
				si 
				  
				Traduction II : 
				  
				Quand on vit à 
				Shanghai dans la sombre confusion des Concessions, il n’est pas 
				facile de remarquer les changements de saison ou le passage des 
				jours. Après mon déménagement rue Dengtuo, j’eus simplement 
				l’impression que ma robe ouatée toute élimée pesait chaque jour 
				davantage, se faisait chaque jour un peu plus chaude, alors je 
				me dis en moi-même : « Le printemps doit être là depuis déjà un 
				bout de temps ! » 
				  
				Mais, sans un sou en 
				poche, je ne pouvais aller nulle part ; j’étais bien forcé de 
				rester assis nuit et jour dans l’obscurité de ma chambre, à la 
				lumière de la lampe. Un jour, ce devait être en fin 
				d’après-midi, que j’étais assis ainsi, ma voisine rentra en 
				tenant dans les mains deux paquets enveloppés dans du papier ; 
				comme je m’étais levé pour la laisser passer, elle posa l’un des 
				paquets sur ma table en me disant : 
				« Ce paquet est un 
				pain aux raisins pour vous, mettez-le de côté, vous le mangerez 
				demain. J’ai aussi acheté des bananes, je vous invite à venir 
				les manger dans ma chambre. » 
				  
				[Elle semble avoir 
				abandonné sa méfiance initiale. La chambre est ensoleillée, 
				simple mais propre. Pendant qu’ils mangent, la jeune fille pose 
				des questions : pourquoi restez-vous ici ? pourquoi ne 
				cherchez-vous pas du travail ? n’avez-vous pas d’amis, de 
				famille ?...] 
				  
				Ces questions me 
				firent brusquement prendre conscience de ce qu’était devenue mon 
				existence. Parce que j’avais été chaque jour un peu plus 
				déprimé, j’avais fini par oublier les notions fondamentales du 
				genre : « Qui suis-je ? », « Quel genre de vie est maintenant la 
				mienne ? », « Suis-je, au fond, heureux ou malheureux ? ». C’est 
				lorsqu’elle me posa ses questions que je revis en moi-même, jour 
				après jour, les conditions de vie misérables qui avaient été les 
				miennes les six mois précédents, et je ne pus que rester bouche 
				bée, sans pouvoir articuler un mot. En me voyant ainsi, elle dut 
				penser que j’étais un pauvre hère sans famille et sans toit. Une 
				expression de triste solitude se peignit aussitôt sur son 
				visage, et elle me dit avec un soupir imperceptible : 
				« Ah ! Alors, vous 
				êtes comme moi ? » 
				  
				[C’est à lui de poser 
				les questions : elle raconte qu’elle travaille à l’usine de 
				cigarettes, dix heures par jour, gagne neuf yuans par mois, en 
				dépense quatre pour la nourriture, ce qui lui permet tout juste 
				de payer son loyer ; elle hait l’usine et lui demande de cesser 
				de fumer. Sur quoi le narrateur revient dans sa chambre.] 
				  
				…A partir de ce 
				soir-là, elle me dit un mot chaque fois qu’elle rentrait, le 
				soir. J’appris ainsi qu’elle 
				s’appelait Chen Ermei, 
				était originaire de la région à l’est de Suzhou, mais avait 
				grandi dans un des villages de la périphérie de Shanghai ; son 
				père travaillait à l’usine de cigarettes, mais était mort 
				l’automne précédent. 
				Elle vivait avec son père dans cette chambre, et, tous les 
				jours, ils partaient ensemble à l’usine ; sa mort l’avait 
				laissée terriblement seule. Le premier mois, quand elle partait 
				de bonne heure travailler, elle pleurait tout le long du chemin, 
				et le soir, elle pleurait à nouveau tout le chemin du retour. 
				Elle avait dix sept ans, cette année, et n’avait ni frères ni 
				sœurs ni parents proches. Avant de mourir, son père avait donné 
				quinze yuans au vieil homme du bas, pour qu’il s’occupe de ses 
				funérailles, et il l’avait fait.  
				« C’est un homme bon, 
				dit-elle, il n’a jamais eu de mauvaises intentions à mon 
				égard, j’ai donc pu continuer à travailler comme quand mon père 
				était vivant ; à l’usine, par contre, il y a un contremaître du 
				nom de Li qui, lui, est mauvais : sachant que mon père est mort, 
				il cherche constamment à abuser de moi. »  
				J’appris ainsi à peu 
				près tout de sa vie, la sienne et celle de son père ; en 
				revanche, qu’en était-il de sa mère ? Etait-elle morte, encore 
				vivante ? Et dans ce cas, où était-elle ? Cela, elle ne m’en 
				parla jamais. 
				  
				
				三 
				  
				
				天气好像变了。几日来我那独有的世界,黑暗的小房里的腐浊的空气1,同蒸笼里的蒸气2一样,蒸得人头昏欲晕3,我每年在春夏之交要发的神经衰弱的重症4,遇了这样的气候,就要使我变成半狂。所以我这几天来到了晚上,等马路上人静之后,也常常想出去散步去。一个人在马路上从狭隘5的深蓝天空里看看群星,慢慢的向前行走,一边作些漫无涯涘的空想6,倒是于我的身体很有利益。当这样的无可奈何,春风沉醉的晚上,我每要在各处乱走,走到天将明的时候才回家里。我这样的走倦了7回去就睡,一睡直可睡到第二天的日中,有几次竟要睡到二妹下工回来的前后方才起来,睡眠一足,我的健康状态也渐渐的回复起来了。平时只能消化半磅8面包的我的胃部,自从我的深夜游行的练习开始之后,进步得几乎能容纳9面包一磅了。这事在经济上虽则是一大打击,但我的脑筋,受了这些滋养10,似乎比从前稍能统一。我于游行回来之后,就睡之前,却做成了几篇Allan 
				Poe 
				
				式的短篇小说,自家看看,也不很坏。我改了几 
				次,抄了几次,一一投邮寄出之后,心里虽然起了些微细的希望,但是想想前几回的译稿的绝无消息,过了几天,也便把它们忘了。 
				  
				
				邻住者的二妹,这几天来,当她早晨出去上工的时候,我总在那里酣睡11,只有午后下工回来的时候,有几次有见面的机会,但是不晓是什么原因,我觉得她对我的态度,又回到从前初见面的时候的疑惧状态12去了。有时候她深深的看我一眼,她的黑晶晶,水汪汪的眼睛里,似乎是满含着责备我规劝我的意思13。 
				 
				[我搬到这贫民窟里住后,约莫14已经有二十多天的样子,一天午后我正点上蜡烛,在那里看一本从旧书铺里买来的小说的时候,二妹却急急忙忙的走上楼来对我说: 
				
				“楼下有一个送信的在那里,要你拿了印子去拿信15。” 
				
				她对我讲这话的时候,她的疑惧我的态度更表示得明显,她好像在那里说:“呵呵!你的事件是发觉了啊!”我对她这种态度,心里非常痛恨16,所以就气急了一点16,回答她说: 
				
				“我有什么信?不是我的!” 
				她听了我这气愤愤的回答17,更好像是得了胜利似的,脸上忽涌出了18一种冷笑说: 
				
				“你自家去看罢!你的事情,只有你自家知道的!” 
				同时我听见楼低下门口果真19有一个邮差似的人在催着说20: 
				“挂号信21! 
				  
				
				我把信取来一看,心里就突突的跳了几跳,原来我前回寄去的一篇德文短篇的译稿,已经在某杂志上发表了,信中寄来的是五圆钱的一张汇票22。我囊里正是将空的时候,有了这五圆钱,非但23月底要预付的来月的房金可以无忧23,并且付过房金以后,还可以维持24几天食料,当时这五圆钱对我的效用的扩大,是谁也能推想得出来的。 
				 
				 
				 
				
				第二天午后,我上邮局去取了钱,在太阳晒着的大街上走了一会,忽而觉得身上就淋出了许多汗来。我向我前后左右的行人一看,复向我自家的身上一看,就不知不觉的把头低俯25了下去。我颈上头上的汗珠,更同盛雨似的,一颗一颗的钻出来了26。因为当我在深夜游行的时候,天上并没有太阳,并且料峭的春寒27,于东方微白的残夜28,老在静寂的街巷中留着,所以我穿的那件破棉袍子,还觉得不十分与节季违异29。如今到了阳和的春日晒着的这日中,我还不能自觉,依旧穿了这件夜游的敝bì袍30,在大街上阔步31,与前后左右的和节季同时进行的我的同类一比,我哪得不自惭形秽ì呢32?我一时竟忘了几日后不得不付的房金,忘了囊中33本来将尽的些微的积聚,便慢慢的走上了闸路的估衣铺去34。好久不在天日之下行走的我,看看街上来往的汽车人力车,车中坐着的华美的少年男女,和马路两边的绸缎铺35金银铺窗里的丰丽的陈设36,听听四面的同蜂衙似的嘈杂的人声37,脚步声,车铃声,一时倒也觉得是身到了大罗天上的样子。我忘记了我自家的存在,也想和我的同胞一样的欢歌欣舞起来38,我的嘴里便不知不觉的唱起几句久忘了的京调来了。这一时的涅槃幻境39,当我想横越过马路,转入闸路去的时候,忽而被一阵铃声惊破了。我抬起头来一看,我的面前正冲来了一乘无轨电车40,车头上站着的那肥胖的机器手,伏出了半身,怒目的大声骂我说:            
				 
				“猪头三!侬(你)艾(眼)睛勿散(生)咯!跌杀时,叫旺(黄)够(狗)来抵侬(你)命噢!”41 
				
				我呆呆的站住了脚,目送那无轨电车尾后卷起了一道灰尘,向北过去之后,不知是从何处发出来的感情,忽而竟禁不住42哈哈哈哈的笑了几声。等得四面的人注视我的时候,我才红了脸慢慢的走向了闸路里去。 
				  
				我在几家估衣铺里,问了些夹衫43的价线,还了他们一个我所能出的数目,几个估衣铺的店员,好像是一个师父教出的样子,都摆下了脸面,嘲弄着说: 
				
				“侬(你)寻萨咯(什么)凯(开心)!马(买)勿起好勿要马(买)咯!” 
				
				一直问到五马路边上的一家小铺子里,我看看夹衫是怎么也买不成了,才买定了一件竹布单衫44,马上就把它换上。手里拿了一包换下的棉袍子,默默的走回家来。一边我心里却在打算: 
				“横竖45是不够用了,我索性45来痛快的用它一下罢。”同时我又想起了那天二妹送我的面包香蕉等物46。不等第二次的回想我就寻着了一家卖糖食的店,进去买了一块钱巧格力香蕉糖鸡蛋糕等杂食。站在那店里,等店员在那里替我包好来的时候,我忽而想起我有一月多不洗澡了,今天不如顺便也去洗一个澡罢。 
				  
				
				洗好了澡,拿了一包棉袍子和一包糖食,回到邓脱路的时候,马路两旁的店家,已经上电灯了。街上来往的行人也很稀少47,一阵从黄浦江上吹来的日暮48的凉风,吹得我打了几个冷噤48。我回到了我的房里,把蜡烛点上。向二妹的房门一照,知道她还没有回来。那时候我腹中虽则饥饿得很,但我刚买来的那包糖食怎么也不愿意打开来。因为我想等二妹回来同她一道吃。我一边拿出书来看,一边口里尽在咽唾液下去49。等了许多时候,二妹终不回来,我的疲倦不知什么时候出来战胜了我,就靠在书堆上睡着了。]
				 
				  
				Vocabulaire III : 
				  
				01 
				
				腐浊的空气  
				fǔzhuóde kōngqì       
				air vicié, 
				confiné               (腐浊
				fǔzhuó 
				pourri + trouble) 
				02 
				蒸笼   
				
				zhēnglóng  
				 étuve pour la cuisson 
				des aliments  
				蒸气
				
				zhēngqì 
				vapeur 
				03 
				昏欲晕 
				hūnyùyùn  
				être pris de 
				vertige 
				04 
				神经衰弱 
				shénjīng 
				shuāiruò 
				 neurasthénie  
				重症
				zhòngzhèng
				 maladie 
				05 
				狭隘   
				xiá'ài       
				
				étroit 
				
				06 
				漫无涯涘 
				mànwúyásì 
				 libre, sans restreinte/borne 
				    
				空想
				kōngxiǎng 
				songe creux, rêverie 
				07 (走)倦  
				(zǒu)juàn  
				être fatigué (à force de marcher) 
				08 
				
				磅      bàng 
				livre 
				(anglaise) = environ 450 g. 
				09 
				容纳   
				róngnà    
				contenir / 
				tolérer 
				10 
				滋养   
				zīyǎng  
				nutritif 
				11 
				酣睡   
				hānshuì 
				dormir à 
				poings fermés 
				12 
				疑惧   
				yíjù  
				 appréhension, 
				inquiétude 
				13 
				
				责备/规劝   
				zébèi/guīquàn  
				 blâmer et exhorter 
				14 
				约莫   
				yuēmo 
				
				à peu près 
				
				15 
				拿印子 
				ná yìnzi 
				prendre son sceau, son cachet  (pour accuser réception de la lettre) 
				16 
				痛恨   
				tònghèn 
				détester  
				
				气急
				qìjí  
				s’énerver, se mettre en colère 
				17 
				气愤愤 
				qìfènfèn  
				indigné, 
				furieux, exaspéré 
				18 
				涌出   
				yǒngchū 
				jaillir / 
				surgir, émerger 
				19 
				果真   
				guǒzhēn    
				effectivement 
				20 
				邮差   
				yóuchāi 
				
				 facteur             
				催
				cuī  
				presser, activer 
				21挂号信  
				guàhàoxìn 
				lettre 
				recommandée 
				22 
				汇票   
				huìpiào  
				mandat 
				23 
				非但   
				fēidàn      
				non 
				seulement          
				无忧 
				wúyōu  
				sans souci / sans problème 
				24 
				维持   
				wéichí 
				conserver / 
				suffire à, permettre de payer… 
				25 
				低俯   
				dīfǔ   
				 incliner bas, 
				baisser (la tête…) 
				26 
				
				颗      kē  
				ici 
				classificateur pour les gouttes de sueur (汗珠 
				hànzhū)
				
				钻出
				zuānchū 
				percer, traverser 
				27  
				料峭   
				liàoquiào 
				 plutôt froid, derniers froids (du début du printemps : 
				春寒
				chūnhán) 
				28 
				残夜   
				cányè  
				dernières heures de 
				la nuit, petit matin 
				29 
				与节季违异 
				yújiéjì wéiyì  ici : 
				ne pas être habillé conformément à la saison   (违异
				wéiyì 
				 enfreindre) 
				30 
				
				敝      bì 
				usé 
				31 
				阔步   
				kuòbù  
				marcher à grands 
				pas 
				32 
				自惭形秽 
				zìcánxínghuì 
				avoir honte 
				de sa saleté = de soi, avoir un sentiment d’infériorité 
				33 
				囊中   
				nángzhōnɡ
				 en poche
				 
				34 
				闸路   
				zhálù  
				la rue de l’écluse    
				估衣铺 gūyībù  boutique de 
				vêtements d’occasion 
				Note : Le quartier de 
				Zhabei (闸北区, 
				soit le quartier ‘au nord de l’écluse’) était un quartier 
				industriel, pauvre, du nord de Shanghai, à l’est de Hongkou. 
				            
				
				        
				35 
				绸缎   
				chóuduàn 
				 soieries 
				36 
				陈设   
				chénshè 
				meubler, 
				arranger 
				37 
				蜂衙   
				fēngyá 
				 ruche (=蜂房)           
				
				嘈杂 
				cáozá  
				bruyant 
				38同胞    
				tóngbāo 
				 germain 
				(frère, cousin…) / compatriote  
				     
				欢歌欣舞 
				  huāngē 
				xīnwǔ   
				chanter et danser de joie 
				39涅槃    
				nièpán 
				nirvâna  
				    幻境 
				huànjìng 
				monde illusoire/imaginaire 
				40无轨电车 
				
				wúguǐdiànchē   
				trolleybus 
				41猪头三 !  
				zhūtóusān 
				(injure 
				calquée sur la manière de former un prénom) enfoiré, 
				espèce de crétin !  
				Note : les expressions 
				dialectales, transcrites en mandarin, sont typiques du langage 
				populaire = très imagées :  
				叫旺(黄)够(狗)来抵侬(你)命 
				 
				叫
				jiào 
				aboyer       
				抵命dǐmìng
				 hypothéquer 
				son destin, son sort 
				42 
				
				竟/禁不住   jìng/ 
				jǐnbúzhù  
				contre toute attente /ne pas pourvoir s’empêcher de 
				43 
				夹衫   
				jiáshān 
				veste 
				doublée             
				单衫 
				dānshān 
				veste non doublée 
				44 
				竹布   
				  zhúbù 
				tissu de 
				coton léger, bleu pâle, pour faire des vêtements d’été  
				 
				45 
				横竖   
				héngshù 
				de toutes 
				façons               
				我索性
				wǒsuǒxìng 
				je ferais 
				aussi bien de…  
				46 
				香蕉   
				xiāngjiāo 
				banane
				 
				47 
				稀少   
				xīshǎo 
				rare 
				48 
				日暮   
				rìmù  
				 soir, 
				crépuscule     
				打个冷噤 
				dǎ gèlěngjìn 
				 frissonner 
				49 
				咽唾液 
				yàntuòyè 
				avaler sa 
				salive  
				  
				Traduction III : 
				  
				Le temps, semble-t-il, 
				avait changé. Ces derniers jours, l’air confiné de ma petite 
				chambre obscure, ce monde solitaire qui était le mien, était 
				devenu une véritable étuve, au point de me donner des vertiges 
				et me faire sentir mal ; à chaque changement de saison, quand la 
				fin du printemps annonce l’été, je souffre d’une nervosité 
				pathologique : je deviens à moitié fou. C’est pourquoi, ces 
				jours-là, à la tombée de la nuit, une fois calmée l’animation de 
				la journée, j’avais envie de sortir me promener. Seul dans l’avenue, j’avançais 
				lentement devant moi en contemplant la foule d’étoiles qui 
				brillaient dans l’étroite bande de ciel bleu foncé au-dessus de 
				moi, tout en laissant mon esprit vagabonder en toute liberté; 
				cela me faisait beaucoup de bien.  Livré à l’aventure, pendant 
				ces nuits enivrantes de printemps, je marchais sans but et ne 
				rentrais qu’au point du jour. Epuisé, je m’endormais aussitôt, 
				jusqu’au lendemain midi ; il arriva même plusieurs fois que je 
				dormais encore quand Ermei me réveilla en rentrant du travail, 
				et je ne me levai qu’alors ; dormant à satiété, je vis ma santé 
				s’améliorer peu à peu. Alors que, jusque là, mon estomac ne 
				supportait guère qu’une demi-livre de pain, avec l’exercice que 
				je faisais pendant mes randonnées nocturnes, je pus bientôt en 
				avaler une livre entière. Dans ma situation financière, c’était un coup 
				sévère, mais mon cerveau, bien nourri, pouvait bien mieux se 
				concentrer. Aussi, une fois rentré, avant de m’endormir, 
				j’écrivais quelques nouvelles dans le genre d’Edgar Poe que, à 
				la relecture, je trouvais assez bien. Après les avoir revues et 
				recopiées plusieurs fois, je les postais, puis, bien que chaque 
				fois plein d’un infime espoir, je les oubliais vite au bout de 
				quelques jours en repensant au nombre de traductions que j’avais 
				envoyées sans en avoir ensuite aucune nouvelle.  
				  
				Quand ma voisine Ermei 
				partait travailler, tous ces jours-là, je dormais profondément, 
				ce n’est que lorsqu’elle rentrait, en fin de journée, que 
				j’avais l’occasion de la voir, mais, sans trop savoir pourquoi, 
				j’eus l’impression 
				qu’elle en était revenue à sa première attitude de suspicion 
				envers moi. Elle me regardait parfois longuement, et, dans ses 
				yeux noirs et limpides, il y avait comme une lueur de reproche 
				et d’exhortation.  
				  
				[Un jour, elle monte 
				précipitamment lui annoncer que le facteur l’attend en bas : 
				c’est une lettre recommandée – un mandat de cinq yuans pour une 
				traduction qui a été publiée. Mais, quand il sort – au grand 
				jour - pour aller l’encaisser, il réalise qu’il fait une chaleur 
				insupportable, et décide de s’acheter une robe légère. Tout 
				joyeux et absorbé dans ses pensées, il manque se faire renverser 
				par un trolley… Après ses emplettes, il n’a à nouveau plus 
				l’argent du loyer, il décide donc d’en profiter jusqu’au bout, 
				et achète avec ce qui lui reste des friandises pour partager 
				avec Ermei. Il s’endort sur le coin de sa table en l’attendant…] 
				  
				四
 [二妹回来的响动把我惊醒的时候,我见我面前的一枝十二盎司1一包的洋蜡烛已经点去了二寸的样子,我问她是什么时候了?她说:
 “十点的汽管刚刚放过。”
 “你何以今天回来得这样迟?”
 “厂里因为销路大了,要我们作夜工。工钱是增加的,不过人太累了。”
 “那你可以不去做的。”
 “但是工人不够,不做是不行的。”
 她讲到这里,忽而滚了两粒眼泪出来,我以为她是作工作得倦了,故而动了伤感,一边心里虽在可怜她,但一边看她这同小孩似的脾气,却也感着了些儿快乐。把糖食包打开,请她吃了几颗之后,我就劝她说:
 “初作夜工的时候不惯,所以觉得困倦,作惯了以后,也没有什么的。”
 她默默的坐在我的半高的由书叠成的桌上,吃了几颗巧格力,对我看了几眼,好像是有话说不出来的样子。我就催她说:
 “你有什么话说?”
 她又沉默了一会,便断断续续的问我说:
 “我……我……早想问你了,这几天晚上,你每晚在外边,可在与坏人作伙友么?”
 
 我听了她这话,倒吃了一惊,她好像在疑我天天晚上在外面与小窃恶棍混在一块2。她看我呆了不答,便以为我的行为真的被她看破了,所以就柔柔和和的3连续着说:
 “你何苦4要吃这样好的东西,要穿这样好的衣服。你可知道这事情是靠不住的。万一被人家捉了去,你还有什么面目做人。过去的事情不必去说它,以后我请你改过了罢。……”
 我尽是张大了眼睛张大了嘴呆呆的在看她,因为她的思想太奇怪了,使我无从辩解起5。她沉默了数秒钟,又接着说:
 “就以你吸的烟而论,每天若戒绝了不吸,岂不可6省几个铜子。我早就劝你不要吸烟,尤其是不要吸那我所痛恨的N工厂的烟,你总是不听。”
 
 她讲到了这里,又忽而落了几滴眼泪。我知道这是她为怨恨N工厂而滴的眼泪,但我的心里,怎么也不许我这样的想,我总要把它们当作因规劝我而洒的。我静静儿的想了一回,等她的神经镇静下去之后,就把昨天的那封挂号信的来由说给她听,又把今天的取钱买物的事情说了一遍。最后更将我的神经衰弱症7和每晚何以必要出去散步的原因说了。她听了我这一番辩解,就信用了我,等我说完之后,她颊上忽而起了两点红晕8,把眼睛低下去看看桌上,好像是怕羞似的说:
 
 “噢,我错怪你了9,我错怪你了。请你不要多心,我本来是没有歹意的10。因为你的行为太奇怪了,所以我想到了邪路里去11。你若能好好儿的用功,岂不是很好么?你刚才说的那——叫什么的——东西,能够卖五块钱,要是每天能做一个,多么好呢?”
 我看了她这种单纯的态度,心里忽而起了一种不可思议12的感情,我想把两只手伸出去拥抱她一回,但是我的理性却命令13我说:
 “你莫再作孽了14!你可知道你现在处的是什么境遇,你想把这纯洁的处女毒杀了么?恶魔,恶魔,你现在是没有爱人的资格的呀!15”
 
 我当那种感情起来的时候,曾把眼睛闭上了几秒钟,等听了理性的命令以后,我的眼睛又开了开来,我觉得我的周围,忽而比前几秒钟更光明了。对她微微的笑了一笑,我就催她说:
 “夜也深了,你该去睡了吧!明天你还要上工去的呢!我从今天起,就答应你把纸烟戒下来吧。”
 她听了我这话,就站了起来,很喜欢的回到她的房里去睡了。
 
 她去之后,我又换上一枝洋蜡烛,静静儿的想了许多事情:
 “我的劳动的结果,第一次得来的这五块钱已经用去了三块了。连我原有的一块多钱合起来,付房钱之后,只能省下二三角小洋来16,如何是好呢!“就把这破棉袍子去当吧17!但是当铺里恐怕不要。]
 
 “这女孩子真是可怜,但我现在的境遇,可是还赶她不上,她是不想做工而工作要强迫她做,我是想找一点工作,终于找不到。就去作筋肉的劳动吧!啊啊,但是我这一双弱腕,怕吃不下一部黄包车的重力。
 “自杀!我有勇气,早就干了。现在还能想到这两个字,足证我的志气还没有完全消磨尽哩18!
 “哈哈哈哈!今天的那天轨电车的机器手!他骂我什么来?
 “黄狗,黄狗倒是一个好名词。
 “………”
 我想了许多零乱断续19的思想,终究没有一个好法子,可以救我出目下的穷状来。听见工厂的汽笛,好像在报十二点钟了,我就站了起来,换上了白天那件破棉袍子,仍复吹熄了蜡烛20,走出外面去散步去。
 
 贫民窟里的人21已经睡眠静了。对面日新里的一排临邓脱路的洋楼里22,还有几家点着了红绿的电灯,在那里弹罢拉拉衣加23。一声二声清脆24的歌音,带着哀调24,从静寂的深夜的冷空气里传到我的耳膜上来25,这大约是俄国的飘泊26的少女,在那里卖钱的歌唱。天上罩满了灰白的薄云27,同腐烂的尸体似的沉沉的盖在那里。云层破处也能看得出一点两点星来,但星的近处,黝黝28看得出来的天色,好像有无限的哀愁蕴藏着的样子29。
 
 
				Vocabulaire IV :
				 
				  
				01 
				盎司   
				àngsī   once  
				02 
				小窃   
				xiǎoqiè 
				petit voleur 
				/ 
				恶棍
				ègùn  vaurien, canaille 
				混在一块 
				hùn zàiyíkuài
				 se mêler à 
				03 
				柔柔和和 
				róuróuhéhé 
				 doux, 
				souple, accommodant 
				04 
				何苦   
				hékǔ  
				 à quoi bon ?
				 
				05 
				无从   
				wúcóng  
				ne pas 
				savoir comment 
				
				辩解 
				biànjiě
				
				 s’expliquer, se justifier 
				06 
				若... 
				岂不... ruò … qǐbù… si… ne 
				serait-ce pas…  ? 
				07 
				衰弱症 
				shuāiruò 
				faible     
				
				症 
				zhèng 
				 maladie 
				 
				08 
				红晕   
				hóngyùn 
				rouge (sur 
				le visage) 
				09 
				错怪   
				cuòguài 
				blâmer à 
				tort 
				10 
				歹意   
				dǎiyì  
				une mauvaise 
				idée, une pensée mauvaise 
				11 
				邪路里去 
				
				xiélùlǐqù 
				prendre la mauvaise voie, mal tourner 
				12 
				不可思议 
				bùkěsīyì 
				incroyable, 
				inimaginable 
				13  理性   
				lǐxìng 
				raison           
				命令 
				mìnglìng  
				ordre 
				14
				
				作孽   
				zuòniè 
				
				
				commettre un péché  
				15
				 恶魔   
				èmó   
				diable, démon   
				资格 zīgé
				 capacités 
				16
				
				小洋   
				
				xiǎoyánɡ 
				  1/10 dollar d’argent  (voir première partie, voc. 24) 
				17 
				当/当铺 
				dàng/dàngpù  
				ici : mettre 
				en gage/ mont de piété 
				18 
				足证   
				zúzhèng 
				suffire à 
				montrer  
				志气
				zhìqì  
				volonté   
				消磨
				xiāomó  user, miner, épuiser 
				19 
				零乱   
				língluàn  
				désordonné, 
				épars 
				断续 duànxù 
				discontinu, 
				sans suite 
				20 
				吹熄   
				chuīxī 
				souffler, éteindre 
				21 
				贫民窟 
				pínmínkū 
				quartier 
				pauvre, de taudis  (voir description en première partie) 
				22 
				洋楼   
				yánglóu 
				bâtiment, 
				immeuble à l’occidentale 
				23 
				
				罢拉拉衣加  
				bàlālāyījiā  
				balalaïka  
				24  
				清脆   
				qīngcuì 
				mélodieux          
				哀调
				āidiào 
				 air triste, 
				mélancolique 
				25 
				耳膜   
				ěrmó   
				tympan  
				26 
				飘泊   
				piāobó
				( =
				
				漂泊) 
				litt. 
				‘flottante’ :
				émigrée 
				27 
				薄云   
				báoyún 
				de minces, 
				légers nuages  
				28 
				黝黝   
				yǒuyǒu 
				très sombre 
				29 
				哀愁   
				āichóu 
				tristesse
				
				                       
				蕴藏 
				yùncáng 
				contenir 
				  
				Traduction IV : 
				  
				[Ermei 
				rentre très tard, à dix heures du soir parce qu’elle a dû faire 
				des heures supplémentaires. En grignotant les chocolats qu’il a 
				rapportés, elle finit par expliquer son attitude : elle a cru 
				qu’il s’était mis à fréquenter les voleurs et la racaille des 
				bas quartiers, et que c’est pour cela qu’il sortait la nuit et 
				s’était acheté une 
				robe neuve. Sidéré, il lui explique qu’il a reçu cinq yuans pour 
				une traduction… Sur quoi elle se répand en excuses, d’un air si 
				candide que le narrateur se sent pris d’un violent désir de la 
				serrer dans ses bras, mais il se reprend et la renvoie dans sa 
				chambre. Resté seul, il fait le point sur son existence et la 
				trouve sans espoir…] 
				  
				« C’est vrai que cette 
				pauvre fille fait pitié, mais moi, maintenant, je suis dans une 
				situation pire que la sienne ; elle n’aime pas son travail, et 
				le fait contrainte et forcée ; moi, j’aurais bien aimé en trouvé 
				un, mais, finalement,  je n’y suis pas parvenu. Faire un travail 
				manuel, alors ? Ah ah, mais je n’aurais même pas la force de 
				tirer un pousse.  
				« Je pourrais me 
				suicider. Mais si j’en avais eu le courage, je l’aurais fait 
				depuis longtemps. Pourtant, puisque je viens d’en évoquer 
				l’idée, cela prouve qu’il me reste encore un peu de volonté. 
				« Ah ah ah ! Ce 
				conducteur de trolley, aujourd’hui ! Comment m’a-t-il appelé, 
				déjà ? 
				« Chien jaune. En 
				fait, ce n’est pas mal du tout, comme appellation ! 
				« …….. » 
				  
				J’étais ainsi assailli 
				d’une foule d’idées désordonnées et décousues, mais qui, en fin 
				de compte, ne 
				m’apportaient aucune 
				solution qui pût me sauver de la pauvreté. J’entendis la sirène 
				de l’usine, il devait être minuit ; je me levai alors, remis ma 
				vieille robe élimée, soufflai la chandelle, et sortis me 
				promener. 
				  
				Dans ce quartier 
				vétuste, les gens dormaient, tout était calme. Dans la rangée 
				d’immeubles modernes bordant la rue Dengtuo, face à Xinrili, 
				quelques lampes colorées étaient encore allumées çà et là, et,
				 
				là-bas, quelqu’un 
				jouait de la balalaïka. Dans l’air froid de la nuit, des bribes 
				d’un chant mélodieux, un air mélancolique, me parvenaient dans 
				le profond silence ; c’était probablement une jeune émigrée 
				russe qui chantait pour gagner de l’argent. Le ciel était 
				couvert de nuages grisâtres qui s’effilochaient par endroits, 
				tels la chair en putréfaction de cadavres entassés là. Aux 
				endroits où se déchirait la couverture nuageuse apparaissaient 
				quelques étoiles, mais, tout autour, le ciel sombre semblait 
				recéler une tristesse sans bornes. 
				  
				
				1923年7月15日 
				15 juillet 1923   
 
				  
				Un mot sur le film 
				de Lou Ye 
				  
					
						| 
						Le cinquième 
						film du réalisateur Lou Ye 
						(娄烨), 
						sorti en mai 2009, au festival de Cannes, a repris le 
						titre chinois de la nouvelle de Yu Dafu, mais en le 
						traduisant différemment : « Nuits d’ivresse 
						printanière ».   
						Ce n’est 
						cependant pas une adaptation de la nouvelle. Lou Ye en 
						fait juste lire un passage à l’un des personnages dans 
						le courant du film. Il a en fait surtout utilisé la 
						référence 
						à un auteur 
						qui a fait scandale en son temps pour sa liberté 
						d’expression 
						et qui est emblématique d’une période d’intense 
						fermentation intellectuelle liée à la libération 
						spirituelle en cours dans les années 1920-1930. Dans un 
						entretien publié dans l’hebdomadaire Shidai Zhoukan
						(时代周刊), 
						Lou Ye a mis l’accent sur ce legs historique, en 
						rattachant son film à une tradition d’individualisme 
						propre à cette époque. Cela va bien au-delà. |  | 
						 
						Affiche du film |  
				  
				Yu Dafu s’est rendu 
				célèbre pour ses écrits décrivant, avec luxe détails pour 
				l’époque, des expériences intimes à caractère érotique, et ce, 
				dès 1921, avec la publication de son premier livre. Zhou 
				Zuoren (周作人), 
				le frère de Lu Xun, 
				l’a alors défendu en 
				disant que l’érotisme du roman avait pour but artistique de 
				lutter contre la morale conventionnelle, et que les théories de 
				Freud faisaient de la sexualité un élément créatif de première 
				importance. Il est symptomatique que la répression sexuelle, 
				pour Yu Dafu et ses amis, allait de pair avec la répression 
				sociale et économique qui prévalait à l’époque en Chine, et que 
				lutter contre elle équivalait à dénoncer l’hypocrisie de la 
				société chinoise. 
				  
				Lou Ye se place donc 
				dans une optique similaire, transposée à notre époque, 
				c’est-à-dire en allant beaucoup plus loin dans les exigences de 
				libération sexuelle, et sociale en général. Mais il est ironique 
				qu’il ait choisi pour symboliser ce thème une nouvelle où, 
				justement, il est absent, et qui traite de tout autre chose.
				 
				  
				  
				  
				  |