Voyage en Chine, été 2024 :
découvertes, rencontres, réflexions.
par Brigitte
Duzan, 30 août 2024
I. Tourisme et
opéra
II.
Rencontres
III. Synthèse
I.
Parcours touristique et culturel
1. Pékin :
24-26 juillet
[Retour à
Pékin après plusieurs années, cette fois au 5ème
périphérique alors que la dernière fois j’habitais dans le
quartier de Dongzhimen (东直门),
au 2ème périphérique, non loin du centre-ville (chéng
nèi
城内).
L’appartement où je loge cette fois-ci est dans un bloc
d’immeubles typique de Pékin aujourd’hui : bâtis autour d’un
espace vert commun constituant un xiao qu (小区)
où l’on retrouve le calme des hutong d’autrefois. Le seul
problème est que la station de métro la plus proche, sur la
ligne 13, est assez loin et oblige à prendre un taxi.]
o
Première visite (le 25) consacrée au Musée national de la
littérature chinoise moderne (中国现代文学馆),
Wenxueguan Lu, Chaoyang. Premier musée de la littérature en
Chine, il a été initié par Ba Jin dès 1985 mais n’a ouvert ses
portes au public qu’en mai 2000. Sur trois étages, il comporte
également une annexe où ont lieu des expositions temporaires.
Comme les principaux musées nationaux, l’entrée est gratuite et
ouverte à tous.
Il y a
beaucoup d’enfants, avec leurs parents, mais aussi des groupes
venus avec un professeur ; un groupe vient du Yunnan, en voyage
de classe. Les enfants ont des petits cahiers à remplir, offerts
par le musée.
Dans
l’annexe : exposition sur « l’année ‘53 », pour à la fois le 70e
anniversaire de la fin de la guerre de Corée, ou plutôt la
guerre contre les Etats-Unis (Kàngmei zhàn
抗美战),
et le 130e anniversaire de la naissance de Mao. Le
thème rappelle un film de propagande sorti récemment : « The
Battle at Lake Changjin » (《长津湖》).
Les Etats-Unis sont dans la ligne de mire. Mais ici, il n’y a
personne.
oVisite
complétée par deux autres :
1/ La
maison de Lao She (Lao She guju
老舍故居),
dans l’un des rares hutongs encore préservés au centre de Pékin
(le Fengfu hutong
丰富胡同).
Les portes du hutong sont presque toutes fermées, la
seule ouverte donne sur une cour abandonnée, avec tout un
bric-à-brac de vieilles choses qui semblent avoir perdu jusqu’à
leur âme, mais une autre, entrebâillée, laisse entrevoir un
intérieur cossu, rénové avec goût et décoré avec soin…
justifiant a posteriori le nom du hutong : fengfu, riche.
Deux images contrastées comme les deux extrêmes de la richesse
en Chine.
Fengfu hutong
丰富胡同
Dans la maison
de Lao She, siheyuan classique par ailleurs, belle
rétrospective de la vie et de l’œuvre du grand écrivain. La
surprise : un vieux gramophone qui égrène les cours de chinois
qu’il donnait quand il était à Londres. La tristesse : son
suicide n’est toujours pas reconnu, ou ne l’est qu’à demi-mots…
Aucune mention – ici ni dans aucun des autres musées visités –
de la Révolution culturelle. Elle plane sur les biographies et
l’histoire comme un grand trou noir.
Les
leçons de chinois de Lao She
La mort de Lao She
2/ Enfin
visite d’une maison où l’on a récemment découvert qu’a vécu Cao
Xueqin (曹雪芹),
l’auteur du Hongloumeng. En fait, il n’en restait rien,
la maison a été entièrement reconstruite.
Temps de plus
en plus lourd. Le soir, orage et brusque mini-tornade. Le
lendemain retour du soleil et de la chaleur.
o
Retour à Dongzhimen
pour actualiser mes souvenirs. Le hutong a disparu,
remplacé par des petits immeubles derrière un mur qui fait
croire que le hutong est toujours là ; reste le canal,
couvert de lotus et transformé en promenade agréable sous les
saules.
oLe
soir, opéra : Hua Mulan (《花木兰》)
dans une version en opéra du Henan (yùjù
豫剧).
Le vieux
théâtre est derrière Qianmen. C’est l’occasion de faire un tour
dans le quartier, après avoir passé un contrôle de sécurité
(passeport, carte d’identité). Pas une seule tête étrangère, la
foule ordinaire des touristes chinois. On pousse jusqu’à
Liulichang, ou ce qui était Liulichang (琉璃厂文化街).
Il n’en reste rien : leur clientèle a disparu, les boutiques
sont fermées, on trouve juste une vieille maison de thé au bout
de la rue, où l’on prend un thé en terrasse, au premier étage,
avant de continuer jusqu’au théâtre.
C’est au
Beijing Huguang Huiguan (北京湖广会馆)
qu’est donné
ce Hua Mulan.
Encore appelé
Huguang Guild Hall, il a été construit en 1807 et compte parmi
les « Quatre grands théâtres » de la capitale. Salle à
l’ancienne, avec balcons et tables en parterre.
Ambiance
chaleureuse dès l’entrée : les spectateurs sont pour beaucoup
des gens du Henan qui connaissent l’opéra par cœur. Certains
chantent les airs, les applaudissements fusent… Pour les ignares
comme moi, il y a un sous-titrage très clair en putonghua.
La troupe est une troupe familiale, le directeur la présente à
la fin : c’est la mère de l’actrice qui interprète Hua Mulan qui
s’occupe de son costume et de son maquillage ; elles sont deux
sœurs spécialisées dans le rôle, qui le jouent en alternance. Le
changement de costume entre les trois actes est fait sur le côté
de la scène, devant les spectateurs, ce qui ajoute un élément de
familiarité. C’est l’opéra traditionnel dans sa plus grande
beauté : proche du peuple auquel il est destiné.
Opéra yuju :
la salle – le changement de costume de Hua Mulan sur le côté de
la scène
Le soir :
valise, départ le lendemain matin pour le xibei (西北),
le nord-ouest… terme qui garde quelque chose de mystérieux et de
magique.
2. Ningxia
et Gansu
(une semaine : 27 juillet-4 août),
Beijing-Yinchuan par avion. Le reste en train rapide. Retour de
Dunhuang en avion.
.
A)Ningxia (région autonome hui
宁夏回族自治区)
:
o
Capitale
Yinchuan (银川) :
mosquées, rue du bœuf (Niujie
牛街),
jardin privé – la ville vaut surtout par les personnages
rencontrés (voir Rencontres).
Et tout
autour :
- Gravures
rupestres : pétroglyphes deHelanshan (贺兰山岩画),
dont le célèbre « dieu du soleil »,
- Nécropole
impériale de la dynastie Xixia (Xixia wangling
西夏王陵)
ou empire Tangut (1038-1227)[1] :
pyramides de terre battue et tombes témoignant d’une riche
civilisation, mais éphémère car l’empire a été conquis par les
Mongols de Gengis Khan au bout de deux siècles. C’est l’une des
découvertes les plus impressionnantes du voyage. (voir
Rencontres)
- Musée Han
Meilin à Helanshan (银川韓美林艺术馆),
car les gravures rupestres et leurs animaux l’ont inspiré dès sa
première visite. Musée impressionnant, lové dans le site, et
superbe collection donnée par l’artiste.
- Climat
semi-aride et pourtant : vignobles, formidable travail
d’irrigation et de mise en valeur agricole, paysages de verdure
et de fleurs en bordure du désert.
B)Gansu (甘肃省) :
o
Lanzhou (兰州) :
le fleuve Jaune, la mosquée Xiguan (西关清真寺),
les pâtes « étirées » (Lanzhoulamian
兰州拉面)
et la soupe aux pâtes et au bœuf (Lanzhou niurou
lamian兰州牛肉拉面),
spécialité hui.
Ville
universitaire, dont Université agricole du Gansu (甘肃农业大学),
fondée en 1958, et faculté de médecine traditionnelle.
Carrefour de
cultures, nombreux groupes ethniques. (voir Rencontres)
- Musée
provincial du Gansu (甘肃省博物馆)
avec le célèbre « Flying Horse » (铜奔马ou
马踏飞燕)
et l’histoire de la Route de la soie. Superbes poteries du
néolithique et statuettes Han.
A nouveau,
ici, beaucoup d’enfants, qui disposent de toute une série de
jeux interactifs pour les familiariser avec les pièces du
musée : puzzles géants et écrans interactifs. Dans tous les
musées, de manière générale, formidable travail pédagogique,
pour tous âges et toutes classes sociales confondues. Répondant
et/ou suscitant une véritable « fièvre » muséale (博物馆热).
Il y a des foules partout, parents et enfants.
Puzzles géants
et écrans tactiles au musée du Gansu
- Nouveau :
Musée des lamelles de bambou ou Gansu Jiandu Museum (甘肅简牘博物馆) [2],ouvert en septembre 2023 : sur les 60 000 lamelles
découvertes dans la province, 40 000 sont dans ce musée, la
plupart datant de la dynastie des Han, 10 000 sont exposées).
Présentation et esthétique soignées, explications claires.
Remarquable.
oDétour
par la ville de Xining (西宁市),
capitale du Qinghai voisin, pour voir le monastère tibétain
Ta’er Si. Ville détruite par un tremblement de terre en
1927. En 1929, fief du seigneur de la guerre hui Ma
Bufang (马步芳),
allié du Guomingdang. 1965 : ouverture d’un camp de laogai
où ont été détenus des milliers de Tibétains.
- Le
monastèreTa’er Si (塔尔寺)
ou Kumbum Jampaling par transcription du tibétain : dans
le bourg de Losar (Lushaer
鲁沙尔镇) à
25 km du centre-ville. L’un des grands monastères de l’école
gelugpa, fondé en 1560 par Sonyam Gyatso (devenu 3ème
dalaï-lama) – c’est sur ce site qu’est né Tsongkhapa, fondateur
de cette école, celle du dalaï-lama. Alexandra David-Néel y
séjourna de juillet 1918 à février 1921 et assista à la fête des
tormas de beurre, mais d’autres aussi : le père Evariste
Huc (en 1845), Ella Maillart (années 1930) et Paul Pelliot.
Véritable
ville de temples derrière le grand chörten (stupa) à l’entrée,
dont : temple de la longévité, grand pavillon de la méditation
avec grande salle de prière à colonnades, grand pavillon à toit
d’or, pavillon de Maitreya, etc et tout en haut pavillon de
Dafanzhang Il abrite aujourd’hui 400 moines (contre 3 000
avant 1958).
Premier aperçu
du tourisme de masse chinois. C’est immense, la foule se presse
de temple en temple, de pavillon en pavillon…
Un moine
psalmodie un sutra pour les touristes.
Mais, là,
soudain, voilà une femme toute seule, absorbée dans sa prière,
sans se soucier du reste. L’âme du lieu.
31 juillet,
16h : départ pour Zhangye, voyage le long des monts Qilian
(Qilian shan
祁连山),
qui bordent le sud du corridor du Hexi depuis Dunhuang, en
formant la frontière entre Qinghai et Gansu.
o
Zhangye (张掖市) :
« ville d’or » sur la Route de la soie, au centre du corridor du
Hexi (河西走廊),
autrefois appelée Ganzhou (甘州).
Ancienne ville évoquée dans les « Mémoires
historiques » de Sima Qian
ainsi que dans les Annales géographiques du « Livre des Han » (《汉书·地理志》 ) :
« L’empereur Zhuanxu [règne] à l’Ouest jusqu’à Liusha… » (《帝颛顼……西至于流沙》),
à « Liusha » se situe Zhangye.
- Le matin :
parc géologique national de Zhangye Danxia (张掖丹霞国家地质公园),
au pied des contreforts des monts Qilian au nord. Célèbre pour
ses formations de roches sédimentaires colorées, grès rouge et
autres minéraux, Danxia étant le nom générique de ce type de
relief (dānxiá dìmào
丹霞地貌,
littéralement : relief de nuages pourpres) – terme introduit en
1928 par le géologue Feng Jinglan (冯景兰)[3]
d’après l’exemple-type : celui de Shaoguan, dans le Guangdong.
Geopark UNESCO depuis 2019.
Tourisme
de masse avec navettes et chemins balisés pour canaliser la
foule. Tours à dos de chameaux.
Bonheur de
retrouver l’atmosphère de la vieille ville en fin de matinée.
- Temple du
Grand Bouddha (Zhangye Dafo si
张掖大佛寺) :
le plus grand bouddha couché en bois à l’intérieur d’un bâtiment
(35 m). Bouddha couché (卧佛) :
motif iconographique important du bouddhisme, représentant le
bouddha historique Shakyamuni lors de sa dernière maladie, sur
le point d’entrer dans le parinirvâna. Il est allongé sur le
côté droit, la tête reposant sur son avant-bras replié, soutenue
par sa main. Drapé de sa robe décoré de motifs de couleur.
Influence de l’art du gandhara.
La statue date
du début du 12e siècle, c’est-à-dire de l’empire des
Xixia qui ont conquis Zhangye, alors appelée Ganzhou, en 1028,
avant de conquérir la totalité du corridor du Hexi. Ces
empereurs ont construit des temples et fait traduire des textes
bouddhiques. L’empire atteint son apogée à la fin du 11e
siècle/début du 12e siècle, époque à laquelle le
temple fut construit. Il a été détruit en 1372 par les armées
Ming, et reconstruit à partir de 1411. Il a été restauré en
2005/6. On a découvert des textes bouddhiques cachés derrière un
mur.
L’immense
statue est en argile sur structure en bois.
Les yeux semblent vivants!
Le bouddha est entouré de ses dix disciples. Une fresque murale
dépeint l’histoire de Xuanzang représenté sur son cheval, avec
Sun Wukong à genoux par terre.
- Derrière le
temple : grand stupa.
- En face du
temple : musée du Dafosi. Intéressantes explications sur
l’histoire de la ville, point stratégique important de défense
de la frontière fondé en 121 avant J.C. par Han Wudi (汉武帝),
et surtout explication de son nom actuel et de son symbolisme :
§
Zhang (张) :
de Zhang Qian (张骞),
explorateur et envoyé officiel de l’empereur Han Wudi mort en
113 avant J.C., dont les voyages d’exploration en Asie centrale
sont décrits dans les « Mémoires historiques » de Sima Qian.
Capturé par les Xiongnu, il resta leur prisonnier pendant dix
ans mais revint ensuite avec des informations inédites. Il est
considéré comme l’initiateur de la Route de la soie.
§Ye (掖)
[soutenir en tendant le bras] : tiré d’une phrase concernant le
général Huo Qubing (霍去病),
contemporain du précédent, général légendaire de l’empereur Han
Wudi qui mena campagne contre les Xiongnu, remporta sur eux des
victoires décisives et mourut à 23 ans en – 117. Ses faits
d’armes ont été immortalisés dans un poème de Ban Gu (班固),
dans le « Livre des Han ». La phrase en question :
“张国臂掖,以通西域”(tendant
le bras, il a connecté le pays avec les territoires de l’ouest)
marque la volonté d’expansion impériale vers le bassin du Tarim
et reste le symbole de Zhangye comme point névralgique sur la
Route de la soie.
Dans le musée,
également : trois poèmes de Li Bai (李白).
Car Li Bai a
été banni lors des purges du printemps 758, l’empereur Tang
Suzong (唐肅宗)
l’ayant soupçonné d’avoir assisté son jeune frère,
Li Lin (李璘),
prince de Yong (Yong wang
永王),
qui avait tenté d’établir son propre royaume au sud du Yangzi en
janvier 757. Li Bai a alors échappé à une condamnation à mort et
a été exilé, mais au Guizhou, puis amnistié au printemps 759.
Cependant, la famille de Li Bai aurait été originaire du « pays
de Longyou » (陇右),
c’est-à-dire le Gansu, ce qui incitera Du Fu (杜甫)
à s’y installer lorsqu’il choisira un exil volontaire en août
759. Il y écrira une centaine de poèmes…[4]
Le soir (1er
août) : train pour Jiayuguan.
o
Jiayuguan (嘉峪关) :
fort qui marque l’extrémité occidentale de la Grande Muraille
des Ming, à l’opposé de Shanhaiguan (山海关)
dans le Hebei, à l’est.
- Fort
entièrement reconstruit, comme un décor de feuilleton télévisé.
Avec reconstitution des engins de guerre du temps des Han.
- Autre
attraction : la « muraille suspendue » (xuánbi chángchéng
悬壁长城),
qui monte vers deux tours de surveillance haut perchées. Il
s’agit juste d’arriver en haut.
3 août : train
pour Dunhuang.
(dans le
train, discussion avec un couple qui n’a pas réussi à avoir de
billets pour les grottes, ils vont tenter les billets de
dernière minute)
o
Dunhuang (敦煌市) :
Dunhuang est d’abord une grande ville, ville-oasis au milieu du
désert autrefois appelée Shazhou (沙州),
la préfecture du sable, érigée en 111 avant J.C. par l’empereur
Han Wudi après les campagnes de Huo Qubing contre les Xiongnu.
Au 2e siècle, elle comptait déjà 76 000 habitants !
- Les
grottes de Mogao (莫高窟),
à 27 km au sud-est de la ville : les premières creusées en 353.
Le souvenir de Paul Pelliot est omniprésent.
Malheureusement, alors que le site avait été protégé pendant la
Révolution culturelle, il a été défiguré par une tentative de
préservation consistant en une coulée de
béton grisâtre sur la façade,
« stabilisation » de la façade souffrant de l’érosion par le
vent et le sable commencée en 1966 [5].
L’afflux de touristes qui se succèdent en groupes compacts
accentue le sentiment de malaise. Le plus intéressant est
finalement le double film documentaire qui sert de préambule à
la visite.
- Attraction
populaire dans un grand théâtre aux portes de la ville : un
spectacle « immersif , interactif » par une disciple et
collaboratrice de Zhang Yimou, Wang Chaoge (王潮歌),
co-directrice du spectacle d’ouverture des Jeux olympiques de
Pékin en 2008 qui s’est spécialisée comme lui dans les grands
shows spectaculaires du genre « Impressions de… », intitulés
« Encore… ».
« Encore
Dunhuang » (《又见敦煌》大型歌舞剧)
est un voyage dans le temps évoquant 2000 ans d’histoire de
Dunhuang et des hommes qui l’ont faite, voyage qui demande aux
spectateurs de se déplacer eux-mêmes dans l’espace (du théâtre).
La deuxième séquence pose un thème principal : l’absolution
donnée par Guanyin elle-même au moine Wang Yuanlu (王圆箓)
très longuement dépeint bourré de remords d’avoir « par
ignorance » vendu aux étrangers (et en particulier à Paul
Pelliot) les trésors de la grotte murée (藏经洞).
Les surprises initiales font long feu ; en dépit des prouesses
techniques, on finit par s’ennuyer.
Le spectacle a
cependant tellement de succès qu’il est maintenant donné de
trois à cinq fois par jour, à partir de 15 heures [6],
et que le théâtre, qui vaut lui-même le déplacement,
initialement appelé « Aqua Blue » (湖蓝剧场),
comme un gigantesque mirage bleuté dans le désert, a été
rebaptisé « Théâtre Encore Dunhuang » (又见敦煌剧场).
C’est ainsi que se crée et se revendique, à force d’images
high-tech, une « culture de la route de la soie » (丝路文化),
de la même eau que le Moyen-Age recréé par les spectacles
« historiques » son-et-lumière qui se multiplient en France.
- Autre
attraction populaire, à quelques encablures de la ville : les
dunes de Mingsha, les « dunes qui chantent » (鸣沙山),
et la Source du Croissant de lune (月牙泉).
On propose des « bottes » en plastique orange fluo à enfiler
par-dessus ses baskets pour marcher dans le sable et aller
jusqu’à la source où se trouve un petit pavillon, sur le site
d’un ancien monastère détruit pendant la Révolution culturelle.
Tous les week-ends, la dune est envahie par une foule compacte
de promeneurs qui viennent pour un concert nocturne en plein air
(演唱会),
avec jeux de laser et lancer de montgolfière ; des milliers de
petites lumières scintillent dans la nuit sur la dune, et les
gens reprennent en chœur les chansons dont les paroles sont
projetées devant eux. Impressionnante atmosphère de liesse
populaire, comme si toute la « civilisation » de la Chine
moderne se trouvait incarnée là.
Le soleil se
couche sur les dunes, la foule arrive en rangs serrés, monte et
prend place pour le concert
- Au sud-ouest
de la ville : immense centrale solaire photovoltaïque, le plus
grand parc solaire de Chine.
oAu-delà
de Dunhuang : les passes de Yumenguan (玉门关)
et Yangguan (阳关).
Ce sont les
vestiges, érodés par le vent, de la muraille des Han, la portion
la plus occidentale de la Grande Muraille, et c’est le plus
formidable, en plein désert.
La muraille
Han
汉长城/Danggu
Beacon Tower
当谷燧
大方盘城
Yumenguan,
la « passe de jade » (ainsi nommée parce que passaient là les
caravanes des marchands de jade venant de Khotan), est à environ
80 km de Dunhuang. Yangguan, la « passe du soleil », à 75
km, et les deux passes sont à quelque 70 km de distance l’une de
l’autre. C’étaient des postes de garde et d’observation créés
par l’empereur Han Wudi. Yumenguan était la dernière
porte pour les caravanes qui partaient pour l’Inde et l’empire
romain, jusqu’au 6e siècle. Les soldats postés là
disposaient d’un entrepôt, de vivres et de fourrage, dont il
reste des vestiges, comme une sorte d’ultime forteresse dans le
désert : da fang pan cheng
大方盘城).
Devant les ruines de la muraille : un arbre mort…
C’est une sorte de peuplier nommé húyáng (胡杨)
, symbole de résistance.
胡杨千年不死了,
死了千年不倒,
倒了千年不腐。
(Le huyang de mille ans ne meurt,
Une fois mort de mille ans ne tombe,
Une fois tombé de mille ans ne s’altère.)
La frontière a inspiré un genre poétique : les poèmes de la
frontière
边塞诗
biānsài shī ….
4 août, le
soir : Retour en avion Dunhuang-Pékin (aéroport de Daxing, le
plus récent, mais très éloigné, il faut plus de deux heures en
voiture pour regagner le 5ème périphérique).
Deux jours à
Pékin, puis départ pour le Hunan (Yiyang et Changsha).
3. Deux
jours à Pékin (5-6 août)
oLe 5 :
je vais seule dans le quartier de Wangfujing. Je m’assois
un instant devant la cathédrale, et repars… en oubliant mon
téléphone (noir sur le banc noir). Perdre son téléphone est la
hantise de tout Chinois, et même tout simplement être à court de
batterie. Donc on a toujours un chargeur avec soi et il y a
maintenant des chargeurs de batteries aux portes des restaurants
et même de beaucoup de sites touristiques.
Mon téléphone
est réduit à sa plus simple expression, n’étant lié ni à un
compte en banque ni à des données personnelles. Et pourtant je
suis démunie : je ne peux même pas appeler un taxi. Donc arrivée
à la dernière station de métro, je demande à un agent de la
sécurité de téléphoner pour moi….
Quant à mon
téléphone, un agent de nettoyage l’a trouvé, il suffit d’aller
le chercher ! C’est l’occasion d’apprendre un nouveau chengyu :
shíjīnbùmèi
拾金不昧.il
a trouvé l’argent et ne l’a pas subtilisé.
Double leçon :
les gens sont foncièrement honnêtes (même si les caméras de
surveillance y sont pour beaucoup, dit-on), et on ne laisse pas
traîner son téléphone impunément, sauf à se retrouver « lost in
Beijing », bien pire que dans le film de
Li Yu (李玉).
Le musée est
tout récent : il a été ouvert fin décembre 2023, et se trouve
dans le parc forestier du district de Tongzhou, dans un nouveau
centre de bâtiments culturels
à l’est de la capitale(au 6ème
périphérique), dont la nouvelle bibliothèque (北京城市副中心的图书馆).
Il a la forme symbolique d’un bateau, d’où son nom : le « Bateau
du canal » (运河之舟).
Il retrace
l’histoire de Pékin à travers celle du canal, dont l’origine
remonterait aux Royaumes combattants et au Premier Empire, Cao
Cao (曹操)
l’ayant développé ensuite du temps des
Trois Royaumes,
pour des raisons stratégiques. Le Grand Canal a joué un rôle non
négligeable pour relier le nord et le sud de la Chine.
Mais la grande
attraction, en ce mois d’août, est l’exposition Sanxingdui. On
se souvient de la fabuleuse exposition qui s’est tenue à l’Hôtel
de Ville, à Paris, d’octobre 2003 à fin janvier 2004. Depuis
lors, de nouvelles fouilles ont permis d’exhumer de nouvelles
pièces, les dernières en 2019 et 2021. Mais cette culture reste
toujours mystérieuse… et attire donc les foules.
265 pièces sont exposées,
la plupart en bronze, certaines pour la première fois. La
surprise : les nombreux rapprochements faits avec les
descriptions d’animaux du « Livre des monts et des mers » (le
Shanhaijing《山海经》).
4. Hunan
(7-9 août)
Train pour
Changsha. Puis taxi pour Yiyang (益阳),
la ville natale de Sheng Keyi (盛可以),
au bord de la rivière Lanxi.
o
Yiyang :
rencontre avec Sheng Keyi, visite de son « village » et de sa
nouvelle maison où habite sa mère et dont elle a décrit les
mille tribulations de la construction dans un essai qui a été
publié aux éditions du peuple du Hunan.
La maison,
dessinée de sa main, est décorée de nouveaux tableaux. Teinte
dominante : le vert.
Le lendemain,
sur le chemin de Changsha, détour par la maison de Mao…
oLa
maison de Mao (“毛泽东同志故居”)
à Shaoshan (韶山)
: Keyi y était allée dix ans auparavant et n’avait pas pensé que
ce serait devenu un tel point névralgique du tourisme de masse
local. Elle se souvenait de visiteurs en pleurs, d’autres
priant. Plus personne ne pleure plus aujourd’hui.
Cette visite
impromptue donne surtout l’occasion de faire l’expérience d’un
système D parfaitement rodé.
Nous sommes
happées (kidnappées) avant même d’être arrivées par un homme en
scooter électrique qui a remarqué notre voiture à un croisement
et propose de nous éviter les queues monstrueuses … à condition
que nous déjeunions dans son boui-boui familial. Marché conclu :
nous partons avec un molosse dans la voiture qui nous sert à la
fois de sauf-conduit et de garant. Pas de queue ni de navette,
effectivement, contre un discours admiratif sur Mao, y compris
un récit de miracles : on ne pleure plus, on prie, dit notre
guide.
La maison
elle-même n’a que peu d’intérêt, c’est clean et ne respire pas
la pauvreté. En fait, la maison avait été détruite en 1929 par
le Guomingdang ; elle a été reconstruite en 1950, restaurée en
1989 et à nouveau fin 2004. L’inscription « Ancienne résidence
de Mao Zedong » est de la main de Deng Xiaoping.
Inutile de
dire que le parcours est rapide, tout comme le déjeuner. A deux
pas, une construction qui ressemble à un théâtre attire l’œil :
c’est le théâtre où est donné l’inévitable spectacle de Zhang
Yimou, qui ne figure pas dans les sept top « Impressions » (《印象》)
qui sont des performances en plein air. Le spectacle, dont la
première a eu lieu fin 2021, est intitulé « Souvenirs
inoubliables de Shaoshan » (《最忆韶山冲》)[7].
Les murs du
restaurant sont tapissés des images et affiches du show.
Le
théâtre du spectacle Mao de Zhang Yimou
Keyi servant le thé sous l’affiche du show
o
Changsha (长沙),
immense mégapole de plus de dix millions d’habitants.
Superbe hôtel
décoré avec un goût raffiné, avec jardin intérieur : il n’est
normalement pas ouvert aux étrangers. A côté, restaurant chic
pour dîners officiels.
- Le soir :
Changsha de nuit. Impressionnant spectacle qui fait oublier
la grisaille et l’insupportable chaleur moite de la journée :
les immeubles sur les bords de la Xiang (湘江)
– fleuve qui a pour particularité de couler du sud au nord, et
de se jeter dans le lac Dongting [8]
- sont illuminés comme un décor futuriste dont les lumières
palpitent et changent d’une minute à l’autre. Mais dans la rue
la foule qui attendait le soir pour sortir est dense. Retour à
l’hôtel comme un havre de paix.
Le lendemain :
1/ Le musée
provincial (湖南省博物馆),
inauguré en 1956 mais fermé pour reconstruction en 2012 et
réouvert au public en 2017. Riches collections illustrant les
découvertes archéologiques dans la province.
Mais ce qui
attire les foules en ce mois d’août, comme l’exposition
Sanxingdui à Pékin, c’est la grande exposition Mawangdui,
« L’art de la vie » (生命艺术——马王堆汉代文化沉浸式数字大展)
– exposition « immersive » qui marque le 50e
anniversaire de la découverte de la tombe de Xin Zhui (辛追),
la marquise de Dai (principauté qui avait été créée par
l’empereur Gaozu pour son fils Liu Heng). Exposition dite
immersive car les objets ne sont pas seulement exposés, ils sont
interprétés et expliqués dans des vidéos qui en décortiquent les
éléments et en décryptent le symbolisme, et en particulier la
fameuse bannière (dont cependant n’est exposée qu’une
reproduction).
Le titre « Art
de la vie » est bien choisi car c’est en effet toute la vie de
la « marquise » qui apparaît ainsi, à travers ses objets
funéraires – en particulier ses suivantes et serviteurs, et ses
diverses poteries.
Nota :
l’empereur Han Wendi (汉文帝)
avait exigé que l’on ne dépense plus des sommes astronomiques
pour les funérailles, donc il n’y avait aucun objet précieux
dans la tombe, ni jade, ni or ni métal précieux, même les objets
pour la table sont des poteries en terre, mais dans de
somptueuses couleurs.
la
suite des serviteurs
une
servante habillée
les
poteries
Le clou de
l’exposition, à la fin, est une reconstitution grandeur nature
des quatre cercueils de la marquise et, en contre-plongée, comme
dans une fosse, une image en 3D de sa momie, plus vraie que
nature.
On est en
pleine fièvre de culture han (han wenhua re
汉文化热)
de même que, dans le Gansu, le grand modèle était l’empereur Han
Wudi : modèle d’empire florissant et expansionniste.
Nota : Les
trois tombes de Mawangdui ont été découvertes en 1968. Les
premières recherches sur le site ont été menées à partir de
janvier 1972, avec le soutien de Zhou Enlai.
2/ L’Institut
d’études Yuelu shuyuan (岳麓书院)
fondé en 976 (sous les Song du Nord), au pied de la montagne du
même nom. Il devient université en 1903 et université du Hunan
en 1926.
Il consiste en
une série de bâtiments et pavillons étagés à flanc de colline au
milieu d’une forêt luxuriante, avec en bas un grand hall de
réunion où Zhu Xi a donné des conférences, et tout en haut un
temple et des tombes.
La foule se
raréfie au fur et à mesure que l’on monte ; on se retrouve
seules dans une salle sur le côté du temple : salle de
méditation où se trouve une pile de petits fascicules rouges :
le texte du Sutra du lotus (Miào fǎ lián huá jīng
妙法莲华经,
avec transcription en pinyin ! Un cadeau de Guanyin…
Cadeau de
départ : le lendemain matin, retour à Pékin.
Un taxi nous
emmène à la gare, le chauffeur nous raconte sa vie sans se faire
prier : il a une trentaine d’années, a fait des études de
musique (faute de mieux) à l’université à Changsha, il est au
chômage, la société où il travaillait a fait faillite, il est
chauffeur de taxi pour gagner de quoi survivre dans l’immédiat,
comme beaucoup d’autres. Le nombre de chauffeurs de taxi
« amateurs », mais enregistrés, a cru de manière exponentielle
ces derniers mois ; il suffit d’avoir une voiture et un permis
de conduire, et de s’inscrire sur une appli. C’est ce qu’on
appelle « ride-hailing » services : le marché est proche de la
saturation [9].
Notre chauffeur reste malgré tout confiant : Mao est son modèle,
il finira comme lui par s’en sortir !
5. Retour à
Pékin (10 août)
On arriveen début d’après-midi, après cinq heures de train,le
temps de rentrer, se reposer un peu, prendre une douche, se
changer et repartir… à l’opéra !
o
L’opéra, cette fois-ci, est au Grand Théâtre de Pékin (Guojia
da juyuan
国家大剧院),
superbe réalisation de titane et de verre de Paul Andreu.
Le spectacle
est dans la petite salle, en deux parties :
- d’abord un
morceau relativement court, « La fée céleste répand les fleurs »
(Tiannü san hua《天女散花》),
extrait d’un opéra que Mei Lanfang a créé en 1917 et qui l’a
rendu célèbre.
Tiannü san hua
- en
deuxième partie, l’opéra de Pékin « Qingguan ce »
(《清官册》)
: l’histoire d’un magistrat honnête et droit (qīngguān)
qui parvient à démasquer des personnages malhonnêtes. L’opéra
est fondé sur des histoires traditionnelles de conteurs dans le
genre pingshu (评书),
et en particulier le récit « L’affaire de Shi Gong » (《施公案》)
du conteur Shan Tianfang (单田芳) [10].
Qingguan ce
On était là
aux antipodes du « Hua Mulan » vu deux semaines plus tôt : peu
d’applaudissements, un auditoire assez froid. À se demander si
l’opéra n’avait pas été choisi pour son thème : lutte contre la
corruption et la malhonnêteté des élites au pouvoir….
Les deux jours
suivants : sur les traces de Cao Xueqin (曹雪芹)
et du Hongloumeng (《红楼梦》) …
oVisite
du parc créé sur le modèle de celui du « Rêve dans le pavillon
rouge », le Da guan yuan (大观园) :
créé en 1984 au sud-ouest de Pékin pour y tourner la célèbre
série télévisée diffusée en 1987.
Le parc a été ouvert au public en 1986.
Il comporte
une douzaine de sites correspondant aux demeures des principaux
personnages :
-
L’Enclos égayé de rouge ou Yihong yuan (怡红院)
de Jia Baoyu ;
-Le
Chalet des deux rivières ou Xiaoxiang guan (潇湘馆)
de Lin Daiyu ;
-Le
Pavillon décoré de brocart ou Zhui jin ge (缀锦阁)
de Jia Yingchun :
-La
Demeure des fraîcheurs automnales ou Qiu shuang zhai (秋爽斋)
de Jia Tanchun ;
-Le
Couvent enclos de verdure ou Long cui’an (陇翠庵)
de la nonne Miaoyu (妙玉)
-Le
Pavillon aux perspectives grandioses ou Da guan lou (大观楼),
le bâtiment principal.
Dans le
Yihong yuan, un groupe d’enfants encadré par leurs mères
écoute attentivement un conteur leur brosser l’histoire du
Hongloumeng. On les retrouve plus tard, écoutant l’histoire
savoureuse de Liu laolao (刘姥姥).
Cela fait partie de la « fièvre muséale » mais aussi de la
compétition féroce pour être les meilleurs en classe.
Autre mode
favorisée par la fièvre culturelle populaire : les boutiques « wenchuang »
(文创店)
sur les principaux sites touristiques – c’est-à-dire « boutiques
de création culturelle », pour des cadeaux dépassant la
bimbeloterie usuelle. Le plus réussi, en général, ce sont les
glaces, de vraies reproductions en couleurs pastel ! On
regretterait presque de les manger.
Mais, ici, la
boutique dépasse les « créations » habituelles : elle offre en
outre un service de location de robes « hongloumeng »
doublé d’un salon de coiffure où, postiches aidant, on vous
concocte longuement une coiffure adéquate, très recherchée, le
tout pour des photos-souvenirs.
Da
guan yuan : un baton glacé wenchuang
(sur
le modèle du pailou du da guan lou)
Le
salon de coiffure wenchuang
oLe
lendemain, poursuite de la recherche des traces de Cao Xueqin à
Pékin : au jardin botanique des Collines parfumées (Xiangshan
zhiwuyuan香山植物园),
au nord-ouest de la capitale (district de Haidian), dont les
origines remontent en fait à la fin du 12e siècle
(dynastie des Jin).
- Au cœur du
parc : l’ancienne demeure de Cao Xueqin devenue musée en 1984 (北京植物园的曹雪芹纪念馆).
On ne peut malheureusement qu’en voir l’extérieur et se
recueillir devant sa statue, dans la cour, car elle a été fermée
en avril 2017, pour restauration. Mais un pavillon latéral
abrite une exposition qui donne des explications sur l’écrivain
et son œuvre, avec une carte des différents lieux où la famille
a vécu à Pékin, la demeure des Xiangshan étant la dernière.
Mais le parc
botanique abrite aussi des temples et des tombes.
- Outre le
Temple des nuages azurés (Bìyún Sì
碧云寺),
on trouve aussi dans le parc l’un des plus anciens temples de
Pékin : le Temple du
Bouddha couché (Wofo
si
卧佛寺),
dont l’histoire remonte à la dynastie des Tang. Détruit et
reconstruit plusieurs fois, la structure actuelle date du 18e
siècle. Contrairement à celui de Zhangye, le Bouddha couché de
la dernière des trois salles du temple est une statue de bronze
de cinq mètres de long, qui a remplacé la statue initiale de
grès au début du 14e siècle, sous la dynastie des
Yuan. C’est l’un des deux temples de Pékin abritant un Bouddha
couché, l’autre étant celui de Houhai (后海).
Au-dessus de
l’entrée de la première salle : une inscription de la main de
l’impératrice Cixi :
Xing yuè
héng míng
性月恒明
Le bouddha est
de la nature de la lune, ses lumières sont éternelles.
- Enfin, hors
des sentiers battus : la tombe de Liang Qichao (梁启超墓),
comme un mausolée solitaire dans la forêt…
Retour au xiao qu, la nuit tombe… Les lumières des
appartements s’allument une à une.
Autant de vies
comme dans des cubes superposés, c’est la vie mode d’emploi….
[6]Il dure 90
minutes, mais il peut être donné
toutes les heures,
en
commençant dans les salles libérées par les spectateurs.
Le timing est impressionnant.
[7]En
fait « Impressions de Mao Zedong » (《毛泽东印象》)
est un livre publié en 2003 par Ding Xiaoping (丁晓平) :
un recueil d’articles sur la vie et les luttes
« révolutionnaires » de Mao écrits par des journalistes
chinois et étrangers dans les années 1930 et 1940.
[8]Outre
la légende des « déesses de la Xiang » (Xiangshui zhi
shen
湘水之神),
filles de l’empereur Yao et épouses de son successeur
Shun (帝舜)
qui, ne pouvant supporter la mort de leur époux, se
seraient suicidées en se jetant dans ses eaux. Leurs
pleurs sur les feuilles de bambou ont donné naissance au
« bambou tacheté » (斑竹).