Littérature pour la jeunesse

 
 
 
     

 

 

Bing Xin « La petite lanterne en peau de mandarine »

冰心《小橘灯》

par Brigitte Duzan, 22 décembre 2016  

 

Bing Xin a écrit cette histoire au début du mois de janvier 1957 : elle lui était vraiment arrivée en 1945, à la veille de la Fête du Printemps, alors qu’elle se trouvait à Chongqing, et elle revenait la hanter depuis lors à la même époque, tous les ans.

 

C’est l’une des histoires les plus célèbres de Bing Xin. Nombreux sont les enfants, en Chine, qui ont un jour, à l’école, fabriqué leur petite lanterne en peau de mandarine. L’une de ces écolières, devenue grande, a eu l’idée,en souvenir, de lui dédier un lianhuanhua. Et elle a

 

La petite lanterne en peau de mandarine

pour cela fait des recherches qui lui ont fait rencontrer la fille de Bing Xin, Wu Qing, et l’ont ramenée avec elle sur les pas de sa mère, à Chongqing, pour retrouver l’histoire derrière l’histoire… 

 

Le lianhuanhua est paru en 2012, près de soixante ans plus tard. C’est l’un des plus beaux hommages rendu au talent de Bing Xin.

 

L’histoire

 

在一个春节前一天的下午,我到重庆郊外去看一位朋友。她住在那个乡村的乡公所楼上1。走上一段阴暗的仄仄的楼梯2,进到一间有一张方桌和几张竹凳、墙上装着一架电话的屋子,再进去就是我的朋友的房间,和外间只隔一幅布帘。她不在家,窗前桌上留着一张条子,说是她临时有事出去,叫我等着她。

1. 乡公所 xiānggōngsuǒ bureaux des autorités locales d’une commune (rurale)

2. 仄仄 zèzè étroit et raide

 

La veille de la Fête du Printemps, un après-midi, je suis allée dans un village des faubourgs de Chongqing voir une amie qui habitait dans un bâtiment de l’administration communale. Après être montée par un escalier sombre, raide et étroit, je suis arrivée dans une première pièce où une table carrée et quelques tabourets de bambous étaient disposés devant un mur sur lequel était accroché un téléphone ; en continuant, on entrait dans la pièce où habitait mon amie, qui n’était séparée de la première que par un rideau de tissu. Elle n’était pas chez elle, et m’avait laissé un mot sur la table, devant la fenêtre, me demandant de l’attendre car un problème imprévu l’avait obligée à sortir.

 

  我在她桌前坐下,随手拿起一张报纸来看,忽然听见外屋板门嘎吱地一声开了1。过了一会,又听见有人在挪动那竹凳子。我掀开帘子,看见一个小姑娘,只有八九岁光景,瘦瘦的苍白的脸,冻得发紫的嘴唇,头发短短的,穿一身很破旧的衣裤,光脚穿一双草鞋,正在登上竹凳子想去摘墙上的听话器,看见我似乎吃了一惊,把手缩了回来。我问她:你要打电话吗?她一面爬下竹凳,一面点头说:我要××医院,找胡大夫,我妈妈刚才吐了许多血!我问:你知道××医院的电话号码吗?她摇了摇头说:我正想问电话局……”我赶紧从一旁的电话本子里找到医院的号码,就又问她:找到了大夫,我请他到谁家去呢?她说:你只要说王春林家里病了,她就会来的。

1. 嘎吱 gāzhī (onomatopée) craquement

 

Je me suis donc assise devant la table et me suis mise à lire un journal qui s’y trouvait lorsque, soudain, j’ai entendu le plancher craquer dans la pièce à côté, puis quelqu’un déplacer l’un des tabourets. J’ai soulevé le rideau, et aperçu une petite fille d’environ huit ou neuf ans, le visage émacié et blême, les lèvres bleuies par le froid ; elle avait les cheveux coupés très court, des vêtements usés jusqu’à la trame, et les pieds nus dans des sandales de paille. Elle était montée sur le tabouret de bambou pour décrocher le téléphone, mais elle a eu peur en me voyant et a retiré sa main. « Tu veux téléphoner ? » lui ai-je demandé. Sautant du tabouret, elle me répondit en opinant de la tête : « Il faut que je téléphone à l’hôpital xx, au docteur Hu, maman vient de cracher beaucoup de sang ! » Je lui ai demandé si elle connaissait le numéro de l’hôpital. « Non, » me dit-elle en secouant la tête « je pensais demander au standard… » J’ai aussitôt cherché le numéro dans l’annuaire à côté du téléphone, et lui ai encore posé une question : « Quand j’aurai le médecin, qui dois-je lui demander de venir voir ? » - « Il suffit de lui dire de passer chez Wang Chunlin voir la malade, » me dit-elle, « elle saura. »

 

  我把电话打通了,她感激地谢了我,回头就走。我拉住她问:你的家远吗?她指着窗外说:就在山窝那棵大黄果树下面,一下子就走到的。说着就登登登地下楼去了。

 

Une fois la communication terminée, elle me remercia avec gratitude, puis tourna les talons pour partir, mais je la retins et lui demandai : « Tu habites loin ? ». « Non, » répondit-elle en me montrant par la fenêtre, « c’est dans la montagne, là-bas, sous le grand arbre aux fruits jaunes, j’y suis en un rien de temps. » Sur quoi elle descendit l’escalier, ses pas résonnant sur les marches.

 

  我又回到屋里去,把报纸前前后后都看完了,又拿起一本《唐诗三百首》来,看了一半,天色越发阴暗了,我的朋友还不回来。我无聊地站了起来,望着窗外浓雾里迷茫的山景,看到那棵黄果树下面的小屋,忽然想去探望那个小姑娘和她生病的妈妈。我下楼在门口买了几个大红的桔子,塞在手提袋里,顺着歪斜不平的石板路,走到那小屋的门口。

 

Je revins alors dans l’appartement, lus le journal de a jusqu’à z, puis ouvris un recueil de poèmes des Tang et en parcourus la moitié ; peu à peu, la nuit tombait et mon amie n’était toujours pas rentrée. Je me levai et, pour me distraire, m’approchai de la fenêtre pour observer la montagne qui disparaissait dans la brume ; j’aperçus la petite maison sous le grand arbre aux fruits jaunes et eus soudain envie d’aller jusque là-bas voir la petite fille et sa mère malade. En bas de l’escalier, j’achetai quelques grosses mandarines bien rouges que je fourrai dans mon sac et, par un sentier tortueux aux pierres inégales, m’en fus jusqu’à la petite maison.

 

  我轻轻地扣着板门,发出清脆的"咚咚",刚才那个小姑娘出来开了门,抬头看了我,先愣了一下,后来就微笑了,招手叫我进去。这屋子很小很黑,靠墙的板铺上,她的妈妈闭着眼平躺着,大约是睡着了,被头上有斑斑的血痕,她的脸向里侧着,只看见她脸上的乱发,和脑后的一个大髻。门边一个小炭炉1,上面放着一个小沙锅2,微微地冒着热气。小姑娘把炉前的小凳子让我坐了,她自己就蹲在我旁边,不住地3打量我。我轻轻地问:大夫来过了吗?她说:来过了,给妈妈打了一针……她现在很好。

1. 炭炉 tànlú poêle/fourneau ou réchaud à charbon 

2. 沙锅 shāguō pot ou marmite de terre cuite

3. 不住地 bùzhùdi de façon répétée, continue

 

Je frappai tout doucement à la porte et entendis aussitôt un bruit de pas sonore dong dong dong ; sur quoi la petite fille ouvritla porte, et, levant la tête et me voyant, resta bouche bée un instant. Puis elle me sourit et me fis signe d’entrer. L’intérieur était exigu et sombre ; les yeux fermés, sa mère était allongée sur un lit de bois placé contre le mur et semblait dormir, le haut de sa couverture maculé de taches de sang ; elle avait le visage tourné vers le mur si bien que l’on ne voyait que ses cheveux en désordre, attachés en un gros chignon dans la nuque. A côté de la porte était un petit réchaud à charbon sur lequel était posée une marmite de terre d’où sortait une légère vapeur. La petite fille me fit assoir sur un tabouret devant le réchaud, et elle-même s’accroupit à mes côtés, en m’observant avec insistance. « La doctoresse est venue ? » lui demandai-je doucement. « Oui, » me dit-elle, « elle a fait une piqûre à maman… maintenant elle va beaucoup mieux. »

 

  她又像安慰我似地说:你放心,大夫明早还要来的。我问:她吃过东西吗?这锅里是什么?她笑说:红薯稀饭1,我们的年夜饭。我想起了我带来的桔子,就拿出来放在床边的小矮桌上。她没有作声,只伸手拿过一个最大的桔子来,用小刀削去上面的一段皮,又用两只手把底下的一大半轻轻地揉捏着。

1. 红薯 hóngshǔ patates douces  稀饭 xīfàn gruau

 

我低声问:你家还有什么人?她说:现在没有什么人,我爸爸到外面去了……”她没有说下去,只慢慢地从桔皮里掏出一瓤一瓤的桔瓣来2,放在她妈妈的枕头边。

2. ráng pulpe  / júbàn quartier de mandarine

 

Puis elle ajouta comme pour me rassurer : « Ne vous faites pas de souci, la doctoresse va revenir demain matin. »

« Ta maman a mangé? » lui demandai-je. « Qu’y a-t-il dans la marmite ? »

« Du gruau de patates douces, » répondit-elle en souriant, « c’est notre repas de Nouvel An. »

Je pensai alors aux mandarines que j’avais apportées, les sortis de mon sac et les posai sur la petite table à côté du lit. Elle ne dit rien, se bornant à tendre le bras pour prendre la plus grosse des mandarines ; avec un petit couteau elle en pela une partie, puis se mit à en malaxer doucement l’autre moitié des deux mains.

 

- Qui d’autre y a-t-il dans ta famille ?  lui demandai-je.

- A l’heure actuelle, il n’y a personne d’autre, dit-elle. Mon papa n’est pas là… 

Tout en parlant, elle a doucement enlevé un à un les quartiers de la mandarine de la peau et les a posés à côté de l’oreiller de sa mère.

 

  炉火的微光,渐渐地暗了下去,外面更黑了。我站起来要走,她拉住我,一面极其敏捷地1拿过穿着麻线的大针,把那小桔碗四周相对地穿起来,像一个小筐似的2,用一根小竹棍挑着,又从窗台上拿了一段短短的洋蜡头,放在里面点起来,递给我,说:天黑了,路滑,这盏小桔灯照你上山吧!

1. 极其敏捷 jíqí mǐnjié extrêmement adroit, habile. 

2. kuāng panier

 

我赞赏地接过,谢了她,她送我出到门外,我不知道说什么好,她又像安慰我似地说:不久,我爸爸一定会回来的。那时我妈妈就会好了,一定!”她用小手在面前画一个圆圈,最后按到我的手上:我们大家也都好了!显然地,这大家也包括我在内。泪水在我眼中打转……

 

Dans le petit réchaud, le feu éclairait encore, mais sa lueur s’assombrissait peu à peu et, dehors, il faisait bien plus noir. Comme je me levais pour partir, la fillette me retint ; d’une main extrêmement habile, elle enfila un fil de chanvre dans une aiguille, et passa le fil en quatre points opposés de la petite coupe que formait la peau de la mandarine, on aurait dit un petit panier ; elle attacha les fils à un petit bâton de bambou, puis, prenant sur le rebord de la fenêtre un morceau de bougie, elle l’alluma, le posa au milieu de la peau de la mandarine et me donna le tout en me disant : « Il fait nuit, le chemin est glissant, cette petite lanterne de mandarine vous éclairera en redescendant d’ici. »

 

J’ai pris la petite lanterne en l’admirant, et j’ai remercié la fillette qui m’a raccompagnée à la porte, mais je ne savais trop que lui dire de gentil, alors c’est elle qui m’a dit, comme pour me réconforter, de nouveau : « Mon papa sera bientôt de retour, c’est sûr. Alors, maman ira mieux, forcément. » De sa petite main, elle dessina un grand cercle devant elle, et termina en me pressant la main : « On ira tous beaucoup mieux ! » De toute évidence, elle m’incluait moi aussi dans ce « tous ». Je suis partie les larmes aux yeux. 

 

  我提着这灵巧的小桔灯,慢慢地在黑暗潮湿的山路上走着。这朦胧的桔红的光,实在照不了多远,但这小姑娘的镇定、勇敢、乐观的精神鼓舞了我,我似乎觉得眼前有无限光明!

 

  我的朋友已经回来了,看见我提着小桔灯,便问我从哪里来。我说:……从王春林家来。她惊异地说:王春林,那个木匠,你怎么认得他?去年山下医学院里,有几个学生,被当做共产党抓走了,以后王春林也失踪了,据说他常替那些学生送信……”

 

Tenant à la main l’ingénieuse petite lanterne, je suis redescendue lentement dans le noir, par le sentier humide. La lueur rougeâtre de la minuscule lanterne n’éclairait pas très loin, il est vrai, mais le calme, le courage, l’optimisme de la petite fille m’avaient remonté le moral ; il me semblait que devant moi la lumière s’étendait à l’infini.

 

Mon amie était rentrée ; en me voyant arriver avec ma petite lanterne en peau de mandarine, elle me demanda d’où je venais. « De… de chez Wang Chunlin, » lui dis-je. Stupéfaite, elle m’expliqua : « Wang Chunlin, le menuisier, mais comment le connais-tu ? L’an dernier, à l’école médicale d’en bas, dans la vallée, des étudiants communistes ont été arrêtés, après quoi Wang Chunlin, lui aussi, a disparu; on dit qu’il portait souvent des lettres pour ces étudiants … ». 

 

  当夜,我就离开那山村,再也没有听见那小姑娘和她母亲的消息。

 

  但是从那时起,每逢春节,我就想起那盏小桔灯。十二年过去了,那小姑娘的爸爸一定早回来了。她妈妈也一定好了吧?因为我们大家了!

 

J’ai quitté ce village de montagne cette nuit-là, et je n’ai plus jamais eu de nouvelles de la petite fille et de sa mère.

 

Mais, depuis ce jour-là, chaque année, lors de la Fête du Printemps, je repense à cette petite lanterne en peau de mandarine. Douze années se sont écoulées, le papa de cette fillette est certainement rentré depuis longtemps. Alors sa maman va forcément mieux, n’est-ce pas ? Parce que nous « tous », nous « allons mieux » !

 

  写于1957年1月3

Ecrit le 3 janvier 1957.

 


 

L’histoire derrière l’histoire

 

L’idée d’un lianhuanhua adapté de cette histoire a germé au début des années 2010 dans l’esprit d’une créatrice de l’atelier de livres illustrés Pupulan (蒲蒲兰绘本馆). Elle en a raconté la genèse sur le blog de Pupulan, avec des photos des lieux revisités.

 

原创绘本《小橘灯》幕后

Petite histoire de la création du livre illustré « La petite lanterne en peau de mandarine », par Li Bo (李波)

(mars 2012)

 

提起小橘灯,小学时学到这篇课文时的情景就浮现在了脑海。课前,老师让学生们每人从家里带来大橘子、小蜡烛头、小棍子、小刀子和针线。学完课文,老师带着大家一起制作小橘灯——像文中的小女孩那样,把橘子削去一段皮,掏出橘瓣,把四周用针线串起来,放入小蜡烛头,再用小棍子挑起来。记得当一根根蜡烛在大家亲手做好的小橘灯中

 

Le Lianhuanhua

被点亮的时候,大家都欢欣雀跃起来。那时,我们可能并不懂得“小橘灯”的真正含义,却因此而深深地记住了小女孩的聪明、坚强和善良,记住了“小橘灯”那动人的“光芒” 

 

Aujourd’hui encore, quand j’évoque l’histoire de « La petite lanterne en peau de mandarine », me revient aussitôt à l’esprit l’émotion ressentie à l’école, alors que j’étais enfant et que nous avons découvert ce texte. La veille, le maître avait demandé à chacun des élèves de la classe d’apporter une grosse mandarine, un bout de bougie, un petit bâton, un petit couteau, ainsi que du fil et une aiguille. A la fin de la leçon, il nous a appris à fabriquer une petite lanterne avec la peau de la mandarine – comme la petite fille dans l’histoire : on pèle une partie de la mandarine, on enlève les quartiers, on passer un fil dans quatre points opposés de la peau et on les noue, on met le bout de bougie au milieu et on attache les fils au petit bâton pour pouvoir porter le tout. Je me rappelle la joie et l’enthousiasme de la classe quand on a allumé les bougies des petites lanternes. A l’époque, nous n’avons sans doute pas compris toute la signification de cette histoire, mais nous avons gardé le souvenir de l’intelligence, de la force et de la bonté de cette petite fille, et, au plus profond de nous, nous avons gardé en mémoire l’ « éclat lumineux » si émouvant de « la petite lanterneen peau de mandarine ».

……

[La dessinatrice une fois choisie [1], et une fois le projet défini, il manquait le matériau de base pour concevoir les dessins. C’est alors que Li Bo et sa dessinatrice ont réussi à entrer en contact avec la fille de Bing Xin, Wu Qing (吴青), et son mari, Chen Shu (陈恕). Ils se sont passionnés pour le projet, et ont accepté d’aller avec elles à Chongqing pour revenir sur les lieux de l’histoire.]

 

去年四月底,我们和吴青老师、陈恕老师、张冬彧女士一起来到重庆。适逢重庆遭遇高温,每日的最高温度达到了三十七八度。吴老师、陈老师和我们一起顶着高温徒步而行,精神矍铄,令我们这些年轻人感慨不已,也不由得加快了步子。在吴老师、陈老师以及当地热心人的指引下,我们找到了位于歌乐山山腰上的当年的“乡公所”所在的老街,可惜世事变迁,当年的“乡公所”已经不复存在。幸运的是,老街上还保留着许多老房子。在征求了房主的同意后,我们走进一处处人家,亲眼看到了“阴暗的仄仄的楼梯”、“方桌”、“竹凳”、农家睡觉的“板床”……淳朴热情的当地人,还纷纷向我们介绍那些老物件的用途和年头。

 

 

Wu Qing et son mari avec la dessinatrice et l’initiatrice du projet de lianhuanhua

 

 

A la fin du mois d’avril, l’an dernier [soit en avril 2011], Zhang Dongyu et moi sommes parties à Chongqing avec Wu Qing et son époux Chen Shu. Il se trouve que Chongqing connaissait alors une vague de fortes chaleurs, il faisait chaque jour jusqu’à 37 ou 38°. Bravant la canicule, nous sommes partis explorer les lieux avec exaltation, partagés entre l’émotion attristée du souvenir et la joie spontanée qui nous faisait accélérer le pas. En suivant les indications de Wu Qing et Chen Shu, mais aussi celles des résidents locaux, enthousiastes, nous avons retrouvé la vieille rue, à flanc de montagne, où était alors le « bâtiment de l’administration communale » [décrit par Bing Xin]. Malheureusement, le bâtiment lui-même n’était plus là ; en revanche, il restait encore de nombreuses vieilles maisons. Avec l’accord des propriétaires, nous sommes entrés dans chacune d’entre elles, et avons pu voir des « escaliers sombres, raides et étroits », et des « tables carrées » avec des « tabourets de bambous », de même que les « lits de bois » sur lesquels dorment les paysans... Les habitants nous ont aussi expliqué avec joie l’utilisation de tous ces vieux objets, avec les dates où ils étaient en usage.

 

继续向山中走,经过几番确认,我们在林立的树木和丛生的杂草中找到了当年冰心先生居住的大致位置。可惜,那山窝里大黄果树下的小女孩的家早已不在,无处查找了。

 

 

A la recherche de la vieille maison « sous le grand arbre aux fruits jaunes »

 

 

Nous avons poursuivi nos recherches dans la montagne, après avoir vérifié nos données, et là, au milieu d’une profusion d’arbres et d’herbes folles, nous avons trouvé l’emplacement décrit par Bing Xin. Malheureusement nous avons eu beau chercher la « maison de la petite fille » sous le grand arbre aux fruits jaunes, à flanc de montagne, elle est restée introuvable, elle a disparu.

 

第二天,我们去了重庆市内的几处老街,然而城市的发展使这些老街旧貌换新颜,找不到太多当年的痕迹了。只是那些随处可见的大黄果树,挺立在那里,看着城市的发展变迁。我们又来到重庆博物馆,从一幅幅图片和展品中,看到了那个时代的点点滴滴——街道、服饰、电话、桌椅……这些看似不起眼的细节,都是绘本创作的宝贵素材。

 

Le lendemain, nous sommes allés marcher dans les vieilles rues de Chongqing, mais, avec le développement de la ville, elles ont fait peau neuve, on ne peut plus guère trouver de traces du passé. Il ne reste que quelques « grands arbres aux fruits jaunes », qui sont toujours là, à observer les changements de la ville. Nous sommes aussi allés au musée de Chongqing, où les photos et documents exposés nous ont donné des indications supplémentaires sur le passé : les rues, les vêtements, les téléphones, les tables et les chaises… autant de petits détails anodins, mais précieux pour recréer le contexte de l’histoire.

 

[mais la ville avait tellement changé qu’il était difficile de retrouver l’atmosphère des années où Bing Xin y était ; la dernière étape a donc été de visiter un village qui a conservé cette atmosphère… un vieux village perdu dans la brume, sous une petite pluie fine… comme une peinture de paysage à l’ancienne].

 

« La petite lanterne en peau de mandarine » n’en finit pas de résonner en nous, comme si elle était arrivée dans un passé lointain, ou comme si elle était arrivée hier. Elle a l’étoffe d’un conte tout en ayant la fraîcheur de l’authentique. C’est ce qui lui confère sa couleur immémoriale.

 

( Source : http://blog.sina.com.cn/s/blog_661a25820102dxoi.html )


 


[1] Il s’agit de Zhang Dongyu (张冬彧).



 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

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