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Expression de la
gratitude
II. Chengyu : la
gratitude de la source pour une goutte d’eau
par Brigitte Duzan, 17 mai 2020
“滴水之恩,涌泉相报”
Grâce d’une goutte d’eau, reconnaissance de la source.
Origine
L’expression est tirée des « Préceptes de maître
Zhu », d’un ouvrage intitulé
Zeng. Guangxian Wen,
littéralement « Edition complétée des "Ecrits pour
encourager à la vertu" (《增广贤文·朱子家训》),
ouvrage datant de du début de la dynastie des Qing.
L’auteur, Zhu Yongchun (朱用纯),
originaire de Bailu (柏庐),
dans le district de Kunshan (昆山县),
dans le Jiangsu, est né à la toute fin de la
dynastie des Ming, en l’an 45 de l’ère Wanli, soit
en 1617.
Les « Préceptes de maître Zhu » sont un recueil de
proverbes et leçons dans le style des ouvrages
confucéens destinés à l’enseignement moral des
familles. Il est à replacer dans le contexte du
renouveau néo-confucéen de l’ère Wanli,
période marquée par une emprise croissante des codes
rigides de la doctrine néo-confucéenne. La conduite
morale en conformité avec les « livres » dominait,
au moins formellement, la vie privée comme la vie
officielle. |
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Le Zeng Guangxian wen
(nouvelle édition) |
Les préceptes de Maître Zhu |
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Le présent chengyu est un exemple type, dont
le sens est évidemment à prendre au figuré : il ne
faut pas oublier un bienfait, aussi minime soit-il,
savoir montrer de la gratitude est l’un des
principes fondamentaux dans la vie.
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Texte
Texte original
原文:昔赵宣孟子将上之绛,见骫桑之下有饿人卧不能起者,宣孟止车,为之下食,蠲而餔之,再咽而後能视。宣孟问之曰:“女何为而饿若是?”对曰:“臣宦於绛,归而粮绝,羞行乞而憎自取,故至於此。”宣孟与脯二朐,拜受而弗敢食也。问其故,对曰:“臣有老母,将以遗之。”宣孟曰:“斯食之,吾更与女。”
乃复赐之脯二束,与钱百,而遂去之。处二年,晋灵公欲杀宣孟,伏士於房中以待之。因发酒於宣孟。宣孟知之。中饮而出。灵公令房中之士疾追而杀之。一人追疾,先及宣孟之面,曰:“嘻!君舆!吾请为君反死。”宣孟曰:“而名为谁?”
反走对曰:“何以名为?臣骫桑下之饿人也。”还斗而死。宣孟遂活。
Traduction en chinois
moderne et commentaire
从前,赵盾要上国都绛邑去,看见一棵弯曲的桑树下,有一个饥饿的人躺在那里起不来。赵盾就停下车,给他东西吃。赵盾喂了他几次后,他慢慢能睁开眼看了。赵盾对他说,“你为什么饿到这种地步?”他回答说:“我在绛邑给人做小差吏,回家的路上断了稂,羞于去乞讨,又厌恶私自拿取别人的食物,所以才饿到这种地步。”赵盾给了他两块干肉,他既拜着接受了而不肯吃。问他为什么,他回答说:“我家有老母亲,我想把这些干肉送给她。”赵盾说:“你全都吃了它,我另外再给你。”于是又赠给他两捆干肉和一百枚钱,就离开了。
过了二年,晋灵公想杀死赵盾,在房中埋伏了兵士,等待赵宣子到来。灵公于是请赵盾饮酒,赵宣子知道了灵公的意图,洒喝到一半就走了出去。灵公命令房中的士兵赶快追上去杀死他。有一个人追得很快,最先追到赵盾,他说:“喂,您快上车逃走,我愿为您回去拼命。”赵盾说:“你叫什么名字?”那人避开回答说:“何必打听我的名字?我是桑下饿倒的那个人啊。”他返回身去与灵公的兵士搏斗而死。赵盾于是得以活命。
为了一餐饭而付出生命,是不是很傻。今天的人什么都用利益来衡量,而忘了做人的准则和底线,这才是真傻,因为他失去的是生命中更宝贵的东西。懂得感恩,才是生命应该具有的道德准则。
Traduction
Un jour
que Zhao Dun se rendait à la capitale
,
il aperçut, étendu sous un mûrier tout noueux, un
homme tellement affamé qu’il ne parvenait plus à se
lever. Zhao Dun arrêta son chariot pour lui donner à
manger. Après avoir avalé quelques bouchées, l’homme
réussit à ouvrir les yeux. « Comment se fait-il que
tu en sois arrivé à ce point d’inanition ? » lui
demanda Zhao Dun. « Je suis un petit fonctionnaire
en poste dans la capitale, répondit l’homme, en
rentrant chez moi, j’ai épuisé mes provisions de
céréales et j’ai eu honte de mendier, ne voulant pas
m’approprier la nourriture de quelqu’un d’autre.
C’est ainsi que j’en suis arrivé là. » Zhao Dun lui
ayant donné deux morceaux de viande séchée, l’autre
les accepta, mais ne les mangea pas. Comme Zhao Dun
lui demandait pourquoi, il répondit : « J’ai encore
ma vieille mère à la maison, alors cette viande, je
la garde pour elle. » « Mange tout, dit Zhao Dun, je
vais t’en donner d’autre pour ta mère. » Il lui
donna deux autres morceaux ainsi qu’une bonne somme
d’argent, et repartit. |
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Version légèrement différente
du chengyu :
"受滴水之恩 当涌泉相报"
Calligraphie de Jiang Zhaowu 蒋兆武 |
Deux ans plus tard, voulant assassiner Zhao Dun, le duc Ling de
Jin alla chez lui (en son absence), posta des hommes en
embuscade et attendit son retour. Il lui offrit alors à boire.
Sachant quelle était l’intention du duc, Zhao Dun but la moitié
du verre et sortit. Le duc ordonna alors à ses hommes de
l’arrêter et de le tuer. Un homme se précipita, s’empara avant
tous les autres de Zhao Dun et lui dit : « Enfuis-toi vite, je
vais revenir et faire mon possible pour te sauver. » - « Comment
t’appelles-tu ? » demanda Zhao Dun. « Que t’importe mon nom ?
répondit l’autre, je suis l’homme qui mourait de faim sous le
mûrier. » Puis il tourna les talons et revint affronter les
hommes du duc Ling. Il y trouva la mort et c’est ainsi que Zhao
Dun survécut.
N’est-il pas stupide de sacrifier sa vie pour un morceau de
viande ? Aujourd’hui, on mesure tout à l’aune de ses intérêts
personnels, en oubliant les valeurs fondamentales de l’homme ;
c’est cela, vraiment, qui est stupide car on perd là ce qu’il y
a de plus précieux dans la vie. Bien comprendre la gratitude,
voilà le code moral qui est nécessaire dans l’existence.
Histoire
Il s’agit là d’une version d’un épisode de la vie de Zhao Dun (赵盾),
également connu par son nom posthume de Zhao Xuanzi (赵宣子),
premier ministre du duc Ling de l’Etat de Jin (Jin Linggong
晋灵公),
pendant la période des Printemps et Automnes.
Zhao Dun était l’héritier d’une grande famille qui avait servi
la famille ducale depuis plusieurs générations : son père avait
épousé la fille du duc Wen de Jin (Jin Wengong
晋文公)
dont il était le ministre ; puis, à la mort du duc Wen en 627
avant Jésus-Christ, il était passé au service du duc Xiang (Jin
Xianggong
晋襄公).
Zhao Dun succéda en 621 avant Jésus-Christ à son père au service
du successeur du duc Xiang, son fils le duc Ling. Mais celui-ci
était loin d’avoir les qualités de ses ancêtres.
L’histoire prise en illustration du chengyu ci-dessus est très
célèbre ; elle est contée au chapitre 7, « Duc Xuan de Lu » (Lu
Xuangong
鲁宣公)
du « Commentaire de Zuo » ou Zuo
zhuan (《左传》),
principal commentaire des Annales
des Printemps et Automnes (《春秋》).
Voir : Duc Xuan de Lu, 2ème année (607 avant J.C.) :
Le duc Ling de Jin n’était pas
un bon souverain (晋灵公不君).
Jiang (绛),
capitale de l’Etat de Jin, pendant les Printemps et
Automnes, où Zhao Dun était premier ministre.
Aujourd’hui district de Yichang (翼城县),
au sud du Shanxi.
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