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Yang Fu-min
楊富閔
Présentation
par Brigitte Duzan, 19 octobre 2016
Ecrivain taïwanais né en 1987 à Tainan, Yang Fu-min
a publié en 2010 un recueil de nouvelles intitulé
« Le garçon de soixante ans » (《花甲男孩》)
qui a connu un grand succès auprès de la jeunesse
taïwanaise. Il y dépeint avec un humour dévastateur
certaines coutumes traditionnelles et éléments de
culture populaire, mais aussi l’empreinte de la
modernité et les problèmes sociaux qu’elle entraîne,
comme partout. Dans ces récits, il mêle mandarin,
taïwanais, voire chinglish, suonas et gongs des
processions funéraires aux chansons pop, le tout
dans une joyeuse cacophonie. La langue qu’il utilise
est en fait le vivant portrait de la diversité de la
société taïwanaise moderne.
Dans l’un de ces récits, sans doute le plus célèbre,
« Bibi » (《逼逼》),
Yang Fu-min dépeint une grand-mère, Shuilang, qui
revient à bicyclette dans son village natal pour
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Yang Fu-min |
« Le garçon de
soixante ans » (《花甲男孩》) |
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annoncer la
mort de son mari. La nouvelle montre comment un
village lui-même mourant intègre la tradition au
sein de la vie moderne en brossant un portrait haut
en couleur d’une femme taïwanaise d’origine rurale.
Dans la nouvelle, Bibi est le nom de la maîtresse du
défunt, et le texte est bâti autour de plusieurs
jeux de mots autour de ce même caractère bi
逼
qui signifie approcher, presser, forcer à, mais est
aussi une onomatopée pour les bips de tous genres et
les klaxons de voiture. Quand la fameuse Bibi part
un jour avec une bonne somme d’argent du grand-père,
elle le « pousse à la mort » (bīsǐ
逼死),
et il meurt alors qu’approche la Fête des esprits (bījìn
逼近) ;
quand la grand-mère part à bicyclette, elle est
frôlée par des voitures qui klaxonnent au passage (逼..逼..逼..逼),
etc… Bibi est omniprésente, une obsession.
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« Bibi » a décroché le 1er prix aux Lin
Rongsan Awards en 2009.
A lire en complément
« Bibi »
《逼逼》traduit
par Marie Laureillard
Traduction publiée dans
Jentayu
hors-série Taiwan, octobre 2016, pp. 49-76.
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